La région du Pacifique Nord est le théâtre d'une des plus connues des pêcheries hauturières aux filets dérivants. Ces pêcheries visent principalement le saumon du Pacifique (Oncorhyncus spp.), l'encornet ou le calmar volant (Ommastrephes bartrami) et diverses espèces de thons (Scombroidei). Les principaux pays concernés par cette pêcherie sont le Japon, la Corée et Taïwan (Province de Chine).
L'histoire du développement des pêcheries japonaises aux filets dérivants dans le Pacifique Nord est floue. Il est Clair que le Japon et la Chine par exemple, utilisent le filet dérivant depuis plusieurs siècles pour la capture d'espèces variées. Il est difficile de préciser à quel moment ces pêcheries se sont déplacées vers le large, ou ont utilisé suffisamment de filets pour être considérées comme hauturières ou pélagiques. Suzuki (1990) établit par exemple que la pêche de thons aux filets dérivants à grandes mailles qui se pratique maintenant dans le Pacifique Nord central remonte à une centaine d'années, mais est restée confinée aux eaux côtières jusqu'au milieu des années 70. La pêcherie pélagique de saumons aux filets dérivants date de toute évidence de plusieurs décennies. Il a été établi (Anon 1989) que dés les années 1930, les pêcheurs d'Alaska avaient remarqué la présence de fileyeurs hauturiers Japonais à la recherche de saumons au large de la baie de Bristol. La pêcherie d'encornets est sans aucun doute la plus récente des trois principales pêcheries aux filets dérivants, puisqu'elle a commencé à la fin des années 70. Chacune de ces trois pêcheries est examinée dans les paragraphes suivants.
Il existe en fait plusieurs pêcheries de saumons aux filets dérivants dans le Pacifique Nord mais de loin les plus grandes sont japonaises. La pêche côtière aux filets dérivants est pratiquée par des navires américains et canadiens dans les eaux côtières et les estuaires de l'Etat de Washington à l'Alaska. Ces pêcheries sont soumises à de nombreuses réglementations portant sur les engins et l'effort de pêche. Un millier de bateaux participent à cette pêche bien que la plupart ne soient autorisés à n'utiliser qu'environ 500 m de filets (O'Hara et al. 1986, Douglas 1989).
Les principales pêcheries sont japonaises, dont deux importantes: une pêcherie basée à terre qui opère dans les eaux nord-ouest du Japon (Figure 1) et une pêcherie basée en mer qui opère plus loin des eaux japonaises et qui est maintenant limitée aux eaux internationales du Pacifique Nord et de la mer de Bering (Figure 2). La pêcherie basée en mer est pratiquée par des navires de capture (et navires de reconnaissance) qui sont accompagnés d'un grand navire usine (bateau principal) traitant les captures à bord et assistant les navires de capture. Chaque navire usine assure le soutien d'environ 40 bateaux de capture.
L'effort de pêche de la pêcherie à navires usines s'est accru après la deuxième guerre mondiale, ce qui a conduit à sa réglementation par la Commission internationale des pêches du Pacifique Nord et à la conclusion d'un traité bilatéral URSS-Japon. Depuis la prise d'effet de réglementation en 1952, le nombre de navires (bateaux de capture) participant à la pêcherie à navires usines a atteint son maximum en 1956, puis a baissé plus ou moins régulièrement jusqu'en 1988 (Figure 3a). Plusieurs restrictions importantes ont été imposées à la flottille pendant cette période.
Figure 1. Les zones de pêche de la pêcherie japonaise basée à terre
Figure 2. Les zones de pêche de la pêcherie japonaise à bateaux usines
Dans les toutes premières années de la réglementation de la CIPPN, la pêcherie a été exclue des eaux situées à l'ouest du 175°E approximativement, afinde protéger le saumon originaire d'Amérique (Gulland 1983). On s'est aperçu par la suite que le saumon d'origine américaine occupait une zone géographique plus étendue qu'on ne le pensait à l'origine. Le traité CIPPN a été renégocié en 1978 de façon à limiter le nombre de bateaux participants. De 1978 à 1986, 72 pour cent en moyenne de l'effort de pêche japonais s'est déroulé à l'intérieur des Etats-Unis (ZEE). Pendant cette période, les prises accessoires de mammifères marins sont devenues un élément important de la réglementation sur la pêche.
Dans les années 60, plusieurs publications (passées en revue par Ohsumi 1975) ont signalé que des quantités importantes de marsouins de Dall (Phocoenoides dalli) étaient tuées tous les ans dans la pêcherie japonaise aux filets dérivants. Après la publication de l'Acte américain sur la protection des mammifères marins (APMM) en 1972, il a été fait obligation aux pêcheries japonaises opérant dans les eaux américaines d'obtenir des permis pour la capture incidente de mammifères marins sous législation américaine. Après la renégociation du traité CIPPN en 1978, des observateurs américains ont été placés à bord des navires usines opérant dans la ZEE américaine pour vérifier les taux de captures. En 1980, les observateurs ont été autorisés à embarquer sur plusieurs bateaux de capture et, depuis 1981, la couverture par les observateurs est devenue plus complète, environ 2 pour cent des opérations étant observées hors de la ZEE américaine et 6–12 pour cent à l'intérieur de cette ZEE (Jones 1984, Anon 1988a). Depuis 1981, un permis de capture des mammifères marins est accordé à la flotte japonaise l'autorisant à capturer un nombre spécifié d'animaux. De 1981 à 1986, le quota des prises accessoires de marsouins de Dall dans la ZEE américaine était fixé à 5 500 par an. En 1987, ce quota a été substantiellement réduit (Anon 1988a). La pêche à l'intérieur de la ZEE américaine n'a été autorisée que jusqu'à l'intérieur de la ZEE marins soit atteint.
Outre ces restrictions, le traité CIPPN a été modifié en vue d'éliminer la pêche de saumons par filet dérivant de la zone nord du 56°N à partir de 1994. En 1988, de nouvelles restrictions ont été imposées. Premièrement, 1'URSS a réduit ses quotas de saumon, qui sont passés de 87 000 tonnes en 1957 à 3 276 tonnes en 1988, soit une diminution de 96 pour cent. Deuxièmement, sur décision de justice de la Cour américaine à la suite d'une requête déposée par des pêcheurs d'Alaska et des groupes de protection de la nature placés sour l'égide de l'APPM, aucun permis pour la capture de mammifères marins n'a été délivré en 1988, et les pêcheries japonaises aux filets dérivants se son trouvées exclues de facto de la ZEE américaine. La structure globale de la réglementation concernant la pêcherie aux filets dérivants à bateaux usines est donc complexe, mais elle a abouti à une réduction considérable de l'effort de pêche depuis les années 50, comme l'indique la Figure 3b.
L'effort de pêche se mesure en termes de nappes posées. Une nappe est une pièce de filet dont la longueur varie avec le type de filet et la façon dont il est gréé. Les nappes caractéristiques de la pêcherie de saumons aux filets dérivants peuvent mesurer entre 45 et 50 m, longueur prise le long de la ligne de flotteurs. Il convient de noter que dans d'autres pêcheries où différentes tailles de mailles sont utilisées et où le gréement est différent, les nappes peuvent ne mesurer que 33 m. Si l'on compare les taux de capture à l'intérieur d'une même pêcherie au cours des années et les zones de pêche, il est justifié de mesurer l'effort de pêche en termes de nombre de nappes posées. Mais si l'on compare les taux de capture des espèces accessoires entre des pêcheries qui utilisent des types de filets et des tailles de nappes différents, il est plus approprié de convertir l'effort en d'autres unités de mesure de longueur. Dans le présent rapport, le nombre de nappes utilisées est donné quand ce chiffre est disponible. Pour faciliter les comparaisons interpêcheries, des conversions ont été faites afin d'indiquer une longueur approximative de filets déployés en km, quand cela est utile.
Figure 3. La pêcherie japonaise à bateaux usines de saumon aux filets maillants
Aux termes de la dernière réglementation de la CIPPN et des accords bilatéraux URSS-Japon, la pêcherie de saumons aux filets dérivants est subordonnée à certaines saisons de pêche et soumise à des restrictions de zones de pêche. Globalement, la pêcherie opère du 31 mai au 31 juillet, ou jusqu' à ce que soit rempli le quota américain de mammifères marins, la première limite atteinte étant d'application.
Or depuis 1988, avec un quota réel nul pour l'intérieur des eaux américaines, cette dernière stipulation est sans objet bien que des observateurs japonais aient continué à contrôler le taux de mammifères marins capturés hors de la ZEE américaine. Les zones exploitées sont illustrées à la Figure 2.
En 1988, 43 bateaux de capture ont opéré dans le Pacifique Nord et dans la mer de Bering, posant quelques 482 000 nappes à eux tous, ce qui équivaut à 21 690 km de filet sur une période de 8 semaines. A la Figure 4, est indiquée la répartition saisonnière de l'effort (nombre de nappes posées) par période de dix jours pendant l'année 1988, et à la Figure 5, l'effort est indiqué par carré de 1° de côté pour la campagne de 1988. Cette année-là, la pêche s'est terminée le 20 juillet et s'est concentrée dans les deux zones hauturières du Pacifique Nord (de 170°E à 175°E et 48°N) et de la mer de Bering (175°E–179°E et 56°–57°N). La pêche dans cette deuxième zone sera probablement éliminée en 1994.
A la Figure 6, on peut comparer la zone actuelle de cette pêche avec celle de 1986, c'est-à-dire avant l'exclusion de la flottille des eaux américaines. L'effort de pêche était encore plus dispersé avant la renégociation du traité CIPPN en 1978. Peterson (1974) a établi des cartes de capture et d'effort de la pêcherie à bateaux usines dans les années 60. Ces cartes montrent que l'effort allait de 47°N à 60°N et de 160°E à175°W.
La diminution de l'effort de pêche des bateaux usines qui s'exerce depuis les années 50 s'est accompagnée d'un rétrécissement du rayon d'action de la flotte et d'un raccourcissement de la campagne de pêche qui est passée de 3 mois dans les années 70 à 8 semaines aujourd'hui. Les captures des principales espèces cibles concernées ont également considérablement diminué, et il est certain que les captures d'espèces accessoires ont suivi la même tendance.
Les captures actuelles des 5 espèces cibles sont présentées dans le Tableau 1. Les captures totales par unité d'effort sont indiquées à la Figure 7 pour les années entre 1983 et 1989. L'interprétation des séries de CPUE est difficile du fait des grands changements de zones de pêche pendant cette période.
Figure 4. La pêcherie japonaise à bateaux usines de saumon aux filets maillants. Répartition saisonnière de l'effort en 1988 (Nombre de poses par période de dix jours)
Figure 5. Répartition de l'effort de pêche en 1988 (milliers de nappes posées)
Figure 6. Répartition de l'effort de pêche en 1986 (milliers de nappes posées)
1986 | 1987 | 1988 | |
---|---|---|---|
Rouge | 729 473 | 667 139 | 224 702 |
Rose | 390 195 | 966 191 | 55 930 |
Keta | 1 925 303 | 1 822 013 | 891 836 |
Argenté | 64 863 | 35 248 | 117 |
Roya | 60 369 | 39 163 | 26 488 |
Toutes espèces | 3 170 203 | 3 529 754 | 1 199 133 |
1986 | 1987 | 1988 | |
---|---|---|---|
Rouge | 1 545 938 | 1 366 252 | 477 984 |
Rose | 482 159 | 1 257 692 | 68 814 |
Keta | 4 075 536 | 4 064 809 | 1 917 780 |
Argenté | 149 767 | 76 900 | 383 |
Roya | 214 043 | 132 459 | 85 865 |
Toutes espèces | 6 467 443 | 6 898 112 | 2 550 826 |
Figure 7. La pêcherie japonaise à bateaux usines de saumon aux filets maillants. Captures par unité d'effort (tonnes de saumons par milliers de nappes) 1983–1989
Figure 8. La pêcherie japonaise de saumon aux filets maillants basée à terre. Effort pêche (milliers de poses effectuées) 1952–1988)
Les filets maillants utilisés par la pêcherie à bateaux usines sont faits de nylon monofilament avec une taille de maille étirée de 121 à 130 mm. Les filets sont à environ 8 m de profondeur et pêchent depuis la surface. Deux ou trois sections peuvent être posées, avec un maximum de 330 nappes, soit environ 15 km. Les navires de capture opèrent à 8 km au moins les uns des autres, les filets étant déployés parallèlement à 20° ou 200° dans la ZEE américaine. Les filets sont posés au crépuscule et virés aux environs de l'aurore, pêchant entre 9 et 10 heures (Anon 1988a).
La pêcherie japonaise basée à terre est un peu moins bien documentée, tout au moins en anglais. Le nombre de navires participants a diminué depuis les années 70. Deux types de navires opèrent dans la pêcherie basée à terre: des petits navires cêtiers (<,30 TJB) et des bateaux hauturiers de taille moyenne (>30 TJB). Pendant la période 73–77, quelque 1 400 bateaux côtiers opéraient, mais ce chiffre est tombé à 678 au cours de la période 78–88. Il y avait quelque 330 bateaux hauturiers basés à terre en 1973–78, mais on n'en comptait plus que 209 pendant la période 78–86, et 156 en 1989 (Anon 1989, Suzuki 1990). L'effort de pêche de la pêcherie basée à terre pendant les années 1952–87 est indiqué à la Figure 8. La zone générale où opère la pêcherie fait l'objet de la Figure 1. A la Figure 9, l'effort de pêche en 1988 de la pêcherie basée à terre est indiqué par carré de 1° de côté. Les principales zones de pêche se trouvent entre 43°N et 45°N, et entre les 157°E et 172°E. La pêcherie opère actuellement entre fin mai et fin juin. L'effort de pêche (en nappes standard de filets posés) par intervalle de dix jours entre 1986–1988 est illustré à la Figure 2 avec les captures des cinq principales espèces de saumons. Les captures de la pêcherie basée à terre ont récemment chuté de 20 342 tonnes en 1983 à 7 700 tonnes en 1989 (Suzuki 1990). La durée des campagnes de pêche a elle aussi diminué, passant de mai, juin et juillet en 1962, à mai et juin seulement en 1988. Les zones de pêche ont été modifiées dans les années 60, et la pêcherie basée à terre s'est très récemment rapprochée de la pêcherie à bateaux usines (Anon 1988a).
Les filets utilisés par la pêcherie basée à terre sont similaires à ceux qu'emploie la pêcherie à bateaux usines, mais la taille des mailles est plus petite, entre 110 et 117 mm. Les bateaux sont également plus petits. Les unités de jauge inférieure à 10 TJB sont limités à 10 km de filets alors que les bateaux hauturiers peuvent poser jusqu'à 15 km. Les filets sont séparés de 6 km au lieu de 8 km pour chacune des deux zones de pêche de la pêcherie basée à terre.
La réduction de l'effort de pêche et la baisse des captures de chacune des flottilles de fileyeurs japonais observées pendant les deux ou trois dernières décennies se sont accompagnées de niveaux de capture exceptionnels de saumon dans les pays d'origine. Il semblerait donc que les pêcheries japonaises de saumon aux filets dérivants n'auraient pas un impact très élevé sur les espèces cibles (FAO 1990).
Espèces non visées
Les captures accidentelles d'espèces non visées dans les pêcheries ont été observées de près et bien documentées depuis plusieurs décennies. Les données sur la pêche commerciale se sont enrichies d'informations émanant de navires de recherche employant aussi bien des filets identiques aux filets maillants que des modèles différents.
Figure 9. Répartition de l'effort (milliers de nappes posées) de la pêcherie basée à terre en 1988
1986 | 1987 | 1988 | |
---|---|---|---|
Fin mai | 91 728 | 131 670 | |
Début juin | 308 279 | 293 960 | 310 741 |
Mi-juin | 556 153 | 384 520 | 289 935 |
Fin juin | 410 679 | 339 305 | 60 390 |
Début juillet | 160 841 | 47 075 |
1986 | 1987 | 1988 | |
---|---|---|---|
Rouge | 138 396 | 139 580 | 113 892 |
Rose | 6 345 369 | 6 067 844 | 3 399 574 |
Keta | 939 753 | 936 087 | 723 687 |
Argenté | 477 583 | 459 151 | 290 187 |
Roya | 76931 | 74 196 | 46171 |
Toutes espèces | 7 978 032 | 7676 858 | 4 573 511 |
Une grande variété d'espèces non visées sont concernées par la pêcherie de saumon aux filets dérivants. Il s'agit des mammifères, des oiseaux, des poissons et des calmars. Aucune capture accidentelle de tortue n'a été signalée bien que les codes numériques de saisie employés par l'Institut des pêches du Japon pour la capture d'espèces par des bateaux de recherche sur le saumon prévoient un code spécial pour Chelonia mydas, la tortue verte. Cette espèce est cependant généralement considérée comme une espèce tropicale, et la tortue cuir (Dermochelys coriacea) se rencontre plus fréquemment dans ces eaux du Pacifique Nord.
Parmi les mammifères, le marsouin de Dall (Phocoenoides dalli) est l'espèce la plus fréquemment capturée. Mizue et Yoshida (1965) font état de captures de 0,88 marsouins par pose de filet en 1964. Ces données ont été relevées volontairement à partir de la flottille à bateaux usines aux filets dérivants. En supposant 330 nappes de filets par pose et 45 m par nappe, ce coefficient équivaut à 59,35 marsouins par 1 000 km de filets posés.
Oshumi (1975) indique des taux de capture de marsouins et d'autres cétacés mesurés lors d'embarquements sur des navires de recherche. Parmi 52 individus identifiés, se trouvaient 48 marsouins de Dall, un marsouin commun (Phocoena phocoena), un dauphin pilote (Globicephala spp.), et deux baleines à bec de Baird (Beradius bairdii). Les taux de capture entre 1962 et 1971 se sont élevés en moyenne à 0,48 cétacé ou 0,46 marsouin de Dall par 1 000 nappes, ce qui équivaut à 10,67 cétacés ou 10,22 marsouins de Dall par 1 000 km de filets posés. Oshumi a constaté une augmentation des taux de capture (nombre d'individus par pose) au cours de l'année, d'avril à novembre, et n'a observé aucune tendance dans l'évolution des CPUE pendant la période étudiée.
Jones (1984, 1990) a fait brièvement état de données plus récentes sur les taux de capture (nombre d'individus par pose) de marsouins de Dall dans la pêcherie basée à terre et la pêcherie à bateaux usines. A des fins de comparaison, les taux de capture ont été convertis en taux de capture par 1 000 km de filets posés. Les résultats sont présentés dans le Tableau 3. Il est intéressant de noter la tendance, entre 1978 et 1987, à un accroissement des taux de capture de la flotte à bateaux usines. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette tendance. Premièrement, la population de marsouins a sans doute augmenté. Deuxièmement, les changements dans la zone d'action de la pêcherie décrits ci-dessus ont peut-être eu pour résultat d'étendre une part plus importante de l'effort de pêche dans des zones à densité de marsouins relativement plus forte. Troisièmement, l'efficacité du sytème de recueil des données s'est probablement amélioré au cours de cette période.
Cette dernière hypothèse se trouve étayée par le fait qu'après 1980, quand les données des observateurs américains ont été utilisées pour évaluer les taux de capture de façon indépendante, les estimations japonaises et américaines ont fait apparaître une certaine convergence (Tableau 4a). On peut supposer que les retombées du système d'observation américain ont amélioré l'efficacité du recueil de données pour la flotte dans son ensemble.
ZEE américaine* | Mer de Bering | Toutes zones (Bateaux usines) | Navires de recherche | Pêcherie basée à terre | |
---|---|---|---|---|---|
1978 | 3,96 | 2,1 | 2,59 | 12,1 | 1,8 |
1979 | 6,00 | 0,88 | 4,44 | 11,55 | 0,79 |
1980 | 7,53 56,971 157,572 | 2,40 | 5,87 | 28,41 | 0,88 |
1981 | 6,83 7,88-29,093 | 3,08 | 5,46 | 12,27 | 4,31 |
1982 | 12,53 17,58–58,183 | 8,45 | 10,84 | 24,84 | 11,09 |
1983 | 11,7 22,42-33,943 | 9,66 | |||
1984 | 11,40 | 9,48 | |||
1985 | 11,66 | 10,43 | |||
1986 | 11,24 | 10,23 | |||
1987 | 6,97 | 5,72 |
+ Donnés d'après Jones (1984) converties de nombres par 1 000 poses, ensupposant qu'une pose consiste en 330 nappes; une nappe est ici censéemesurer une longueur standard de 50 m.
* ZEE américaine, sauf indication contraire.
1 18 pêches aux filets dérivants d'après des observateurs américains.
2 10 pêches aux - bateaux de recherche américains.
3 Eventail des taux de capture d'après des observateurs américains dansla ZEE américaine.
Reportées | Estimées+ | Coefficient de fiabilité 95 % | |
---|---|---|---|
1981 | 1 361 | 2 862 | (2 100–3 109) |
1982 | 3 190 | 5 903 | (4 924–6 879) |
1983 | 2 986 | 4 280 | (3 562–4 997) |
1984 | 2 670 | 3 355 | (2 636–3 973) |
1985 | 2 747 | 3 239 | (1 856–4 349) |
1986 | 1 856 | 1 719 | (1 224–2 160) |
1987 | 801 | 1 011 | (739–1 244) |
+ Sur la base des observations américaines
Reportées | Estimation des captures 1 | Estimation des captures 2 | |
---|---|---|---|
1981 | 696 | 1 940 | 2 936 |
1982 | 1 691 | 1 778 | 6 010 |
1983 | 1 291 | 1 868 | 4 429 |
1984 | 813 | 1 957 | 3 356 |
1985 | 78 | 1 465 | 2 979 |
1986 | 404 | 864 | 1 392 |
Estimation 1: Fondée sur un taux de capture supposé de 0,22 par 1 000 nappes (d'après Ito, 1986)
Estimation 2: Fondée sur le taux de capture observé dans la pêcherie à bateaux usines
Ito (1986) a également fait état d' une augmentation des taux de prise de marsouins de Dall entre 1962 et 1984. Avant 1978 cependant, et comme le souligne Ito, dans le décompte des animaux emmêlés ne figuraient pas forcément les animaux tombant du filet ou relâchés vivants, de sorte que là encore, il faut voir dans cette tendance le résultat des changements dans la procédure de collecte des données. De plus, il n'est pas clair si oui ou non les navires ont changé de zones d'opérations pendant cette période, ce qui pourrait également influer sur les taux de capture de marsouins, comme il est dit plus haut. Les taux de capture indiqués par Ito ont été combinés avec les taux de capture signalés par des navires japonais de recherche entre 1985 et 1987. Les données combinées sont présentées à la Figure 10.
Les estimations des captures totales de marsouins de Dall ont été faites par extrapolation d'estimations de taux de capture et à partir des taux de capture indiqués par la pêcherie à bateaux usines. Jones (1990) présente un tableau des captures estimées, fondé sur les taux de capture de cette pêcherie (1981–1987). Ces données, figurent dans le Tableau 4a; on constatera qu'il y a convergence entre les deux estimations. Ito (1986) signale que le taux moyen de capture, selon les données des observateurs américains, est de 0,47 marsouin par pose (équivalent à 31,65 par 1 000 km de filets) alors que le taux de capture réalisé par les navires de recherche japonais était pratiquement le même, soit 0,46 marsouins par pose (équivalent à 30,98 par 1000 km de filets). Cette convergence laisse supposer que les estimations de captures totales fondées sur des observations sont peut-être plus fiables que celles établies d'après des statistiques de pêche.
Les captures de la pêcherie basée à terre sont moins faciles à estimer. Les prises signalées sont indiquées dans le Tableau 4b de même que les estimations de captures fondées sur les taux de capture observés dans la pêcherie à bateaux usines (de Jones 1990). Ito (1986) considère que, sur la base des taux de capture réalisés par les navires de recherche, les taux de capture dans la pêcherie basée à terre sont inférieurs à ceux enregistrés dans la pêcherie à bateaux usines. Ito signale une moyenne de 0,2 marsouin par pose dans la zone de la pêcherie basée à terre (13 par 1 000 km). Les estimations de capture de marsouins par cette pêcherie établies à partir des taux les moins élevés sont également présentées dans le Tableau 4b.
Il ressort clairement des différentes études qui ont été faites sur l' interaction entre les prises de marsouins de Dall et la pêcherie de saumons aux filets dérivants, que des facteurs saisonniers et géographiques ont pu influer sur les taux de capture, bien que ces facteurs n' alent pas encore été tout à fait assimilés (Ito 1986).
Les captures d' autres mamifères marins ont été moins bien étudiées. Des captures moins importantes d' otaries à fourrure septentrionales (Callorhinus ursinus), de marsouins commun (Phocoena phocoena) et lions de mer de Steller (Eumatopias jubatus) ont été signalées (Anon 1988a). O'Hara et al. (1986) ont établi que 400 à 1 000 otaries sont capturées chaque année, et ajoutent des dauphins du nord (Lissodelphis borealis) et des lagénorhynques à flancs blancs du Pacifique (Lagenorhyncus obliquidens) à la liste des espèces prises occasionnellement. Oshumi (1975) a signalé des dauphins pilotes et des baleines à bec. Les données quantitatives sur ces prises sont rarement publiées. Les captures des navires japonais de recherche sur le saumon sont indiquées dans le Tableau 5. Les autres espèces comprennent également des baleines de Cuvier à bec d'oie (Ziphius cavirostris) et l' orque épaulard (Orcinus orca). Les captures d'otaries ont été légérement inférieures à la moitié de celles de marsouins de Dall, mais il faut se rappeler que l'engin et l'aire de prospection des navires de recherche peuvent être très différents de ceux de la flottille commerciale. Le nombre d' autres mammifères marins est si peu élevé que toute estimation des taux de capture est impossible. Les captures enregistrées dans la pêcherie à bateaux usines pendant la période 1985–1986 se sont limitées à 11 otaries (dont 6 vivantes) et un marsouin commun.
Figure 10. Taux de capture de marsouins de Dall par les filets maillants des missions de recherche sur le saumon.
A | B | C | D | E | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Date des missions | 1962–71 | 1979–84 | 1985 | 1986 | 1987 | Total | Taux global |
Otarie à fourrure | + | 74 | 3 | 7 | 3 | 87 | 5,48* |
Phoque à rubans | - | 1 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0,06* |
Lion de mer | - | 1 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0,06* |
Marsouin de Dall | 518 | 211 | 39 | 24 | 16 | 808 | 11,38 |
Marsouin commun | 1 | 1 | 1 | 2 | 0 | 5 | 0,07 |
Dauphin du Nord | 0 | 3 | 1 | 0 | 0 | 4 | 0,06 |
Lagénorhynque à flancs blancs du Pacifique | 0 | 2 | 0 | 0 | 2 | 4 | 0,06 |
Dauphin commun | 0 | 4 | 0 | 0 | 0 | 4 | 0,06 |
Orque épaulard | 0 | 0 | 1 | 0 | 0 | 1 | 0,01 |
Dauphin pilote | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0,01 |
Baleine à bec de Cuvier | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 | 1 | 0,01 |
Baleine de Baird | 2 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2 | 0,03 |
Effort total: km de filets | 55 111 | 12 005 | 1 703 | 1 299 | 859 | 70 977 | |
Nappes | 1 102 228 | 240 102 | 25 982 | 34 066 | 17 056 | 1 419 434 |
A: Ohsumi (1975).
B: Ito (1986).
C: FAJ (1986).
D: FAJ (1987).
E: FAJ (1988)
+ Pinnipèdes non enregistrés.
-Colonnes B-E uniquenment.
Au moins 23 espèces d'oiseaux de mer auraient été capturées dans la pêcherie de saumon aux filets dérivants du Pacifique Nord (Jones et DeGange 1988). Les captures d'oiseaux ont été étudiées par King et al. (1979) d'après des opérations de recherche sur les filets maillants dans la zone de la pêcherie à bateaux usines entre 1977 et 1981, par Ogi (1984) sur la base de missions de recherche sur le saumon entre 1977 et 1981, par Ainley et al. (1981) sur la base de recherches sur les filets maillants dans la zone de la pêcherie à bateaux usines en 1977, par Sano (1978) sur la base de recherches embarquées sur le saumon conduites dans la zone de la pêcherie basée à terre, et par DeGange et al. (1985) sur la base de rapports d'observateurs américains sur la flottille de la pêcherie à bateaux usines dans la ZFCI américaine. Ces études ont été passées en revue par Jones et DeGange (1988) et sont résumées ci-dessous.
D'après Sano (1978), la mortalité d'oiseaux dans la pêcherie basée à terre en 1977 se serait située entre 113 000 et 232 000 (toutes espèces confondues). L'effort de pêche a ensuite été réduit de telle sorte que les captures ont elles aussi diminué. Jones et DeGange (1988) donnent une estimation plus récente du nombre d'oiseaux tués dans la pêcherie basée à terre. Leurs données sont reproduites dans le Tableau 6. Ces estimations sont fondées sur les taux de capture observés en 1977, mais l'année d'application des estimations de capture n'est pas précisée.
D'après King et al. (op cité), la mortalité d'oiseaux dans la pêcherie à bateaux usines se serait élevée à 75 000–232 000 (toutes espèces), Ainley et al. (1981) donnent un total de 266 500, et Ogi (1984) indique une fourchette de 130 000 à 180 000 entre 1977 et 1981. Cependant, ces estimations ont été calculées à partir des données de missions de recherche au cours desquelles des filets maillants d'une sélectivité différente de celle des filets commerciaux peuvent avoir été utilisés. Ailey et al. ont ajusté leurs données en fonction de cette éventualité. Des résultats plus fiables devraient être obtenus à partir d'observations sur les taux d'emmêlement sur des bateaux commerciaux. Jones et DeGange (1988) ont utilisé les taux de capture observés dans la pêcherie commerciale à l'intérieur de la ZEE américaine pour estimer les captures totales entre 1981 et 1984. Leurs résultats sont reproduits dans le Tableau 7.
Les captures principales sont composées de puffins fuligineux et de puffins à queue courte (Puffinus griseus et P. tenuirostris), mais aussi de plusieurs espèces d'alcidés. Ces deux groupes sont des chasseurs et sont généralement pris dans les deux mètres supérieurs du filet. Les charognards et les prédateurs de surface ne sont que rarement pris (King 1984).
Très peu d'informations ont été publiées sur les captures non visées de poissons et de calmars dans la pêcherie de saumon aux filets dérivants. Il semblerait que les seules informations disponibles consistent en des données collectées sur des poissons et calmars pris dans les filets des navires japonais de recherche sur le saumon. Ces données sont soumises tous les ans au CIPPN par l'Institut des pêches du Japon. Les données de 1988 sont résumées dans le Tableau 8.
Espèces | Pourcentage des captures | Prise annuelle estimée |
---|---|---|
Puffine à queue courte | 30,6 | 38 210 |
Puffin non identifié | 21,7 | 27 115 |
Macareux à aigrettes | 20,9 | 26 090 |
Guillemot de brünnich | 11,4 | 14 175 |
Macareux starik | 4,7 | 5 958 |
Macareux unicorne | 3,3 | 4 108 |
Guillemot de troïl | 1,5 | 1 850 |
Puffin fuligineux | 1,3 | 1 643 |
Pétrel áqueue courte | 1,3 | 1 643 |
Pétrel fulmar | 1,1 | 1 438 |
Macareux cornu | 0,8 | 1 025 |
Albatros de Laysan | 0,7 | 822 |
Guillemot colombin | 0,3 | 410 |
Macareux huppé | 0,1 | - |
Labbé pomarin | 0,1 | - |
TOTAL | 124 479 |
a D'après DeGange, Forsell et Jones (1985). Données recueilliesen 1977.
Espèce | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | Xa |
---|---|---|---|---|---|
Albatros de Laysan | 228 | 0 | 0 | 114 | 86 |
Pétrel fulmar | 3 398 | 1 682 | 2 846 | 1 483 | 2 352 |
Puffin fuligineux | 62 | 2 164 | 370 | 399 | 749 |
Puffin à queue courte | 9 901 | 67 597 | 176 069 | 60 977 | 78 636 |
Puffin non identifié | 60 108 | 2 672 | 1 584 | 0 | 16 091 |
Pétrel à queue fourchue | 1 350 | 828 | 1 014 | 626 | 954 |
Pétrel cul blanc | 194 | 0 | 123 | 57 | 94 |
Labbé pomarin | 25 | 25 | 0 | 13 | 16 |
Mouette tridactyle | 153 | 165 | 62 | 0 | 95 |
Dovekie | 0 | 1 | 0 | 0 | >1 |
Guillemot de troïl | 1 474 | 1 352 | 1 755 | 1 004 | 1 396 |
Guillemot de brünnich | 651 | 4 715 | 12 726 | 2 729 | 5 205 |
Guillemot non identifié | 2 388 | 6 810 | 239 | 97 | 2 205 |
Guillemot colombin | 25 | 0 | 25 | 0 | 13 |
Petit guillemot antique | 415 | 2 323 | 2 428 | 968 | 1 533 |
Macareux de Cassin | 249 | 290 | 618 | 57 | 304 |
Macareux starik | 290 | 688 | 830 | 525 | 583 |
Macareux pygmée | 25 | 290 | 357 | 207 | 219 |
Macareux huppé | 12 528 | 2 228 | 7 219 | 285 | 5 565 |
Petits alcidés non identifié | 1 245 | 352 | 364 | 224 | 546 |
Macareux unicorne | 50 | 25 | 0 | 0 | 19 |
Macareux à aigrettes | 26 302 | 73 192 | 35 328 | 19 581 | 38 600 |
Macareux cornu | 5 479 | 13 187 | 7 222 | 7 108 | 8 249 |
Macareux non identifié | 2 367 | 0 | 0 | 0 | 592 |
Oiseaux non identifiés | 877 | 290 | 62 | 0 | 307 |
Total ± | 129 784± | 180 875± | 251 426± | 96 397± | 164 621 |
Intervalle de confiance 95 % | 122 628 | 63 297 | 80 181 | 27 670 |
a Moyenne calculée sur les quatre années.
ESPECE | NOMBRE TOTAL |
---|---|
Decapode non identifiés | 6 |
Onychoteuthis borealijaponica | 507 |
Moroteuthis robusta | 3 |
Gonatidae non identifiés | 3 |
Gonatopsis borealis | 1 128 |
Berryteuthis magister | 2 |
Ommastrephes bartrami | 1 199 |
Petrmyzonidae non identifiés | 1 |
Lamnidae non identifiés | 2 |
Lamna ditropis | 23 |
Isurus glaucus | 2 |
Glyphis glaucus | 79 |
Squalus acanthus | 8 |
Mustelus manazo | 2 |
Triakis scyllia | 1 |
Salvelinus malma | 94 |
Osmerius dentex | 1 |
Clupea pallasi | 103 |
Sardinops melanosticta | 25 727 |
Engraulis japonica | 116 |
Myctophidae non identifiés | 57 |
Tarletonbeania taylori | 49 |
Myctophum californiense | 13 |
Synodus spp. | 30 |
Anotopterus pharao | 8 |
Alepisaurus borealis | 20 |
Cololabis saira | 27 347 |
Gasterosteus aculeatus | 19 |
Prognichthys agoo | 3 |
Thunus alalunga | 18 |
Katsuwonidae non identifiés | 41 |
Scomber japonicus | 820 |
Macaira mitsukurii | 2 |
Xiphias gladius | 1 |
Brama raii | 5 296 |
Nealotus tripes | 1 |
Naucrates ductor | 2 |
Seriola aureovittata | 4 |
Cubicepes gracilis | 1 |
Blenninae non identifiés | 1 |
Zaprora silenus | 2 |
Navodon tessellatus | 4 |
Sebastes schlegeli | 2 |
Erilepis zonifer | 1 |
Pleurogrammus azonus | 1 |
Pleurogrammus monopterygius | 6 140 |
Theragra chalcogramma | 2 048 |
Icosteus aenigmaticus | 1 |
Poissons non identifiés | 17 |
Exception faite des huit espéces de salmonidés, quelque 52 espéces de poissons et de calmars ont été comptées pendant les missions de recherche de 1988. La plupart d' entre elles ont été capturées en très petit nombre. Certaines ont cependant été prises assez fréquemment. L'orphie du Pacifique a été capturée en grandes quantités, tout comme la brême de ruys, la sebaste, la morue et trois espèces de calmar. Cependant, les quantités importantes de sardine prises devraient inciter à la prudence lorsqu'il s'agit d'extrapolation concernant l'ensemble des pêcheries. Etant donné que les sardines atteignent une taille maximale de 25 cm (Kamohara 1967), il semble peu probable qu'elles puissent être capturées en de telles quantités par des filets maillants à saumon dont la taille des mailles est de 110–130 mm. Ces captures donnent davantage une idée de la taille des mailles des filets utilisés par des navires de recherche. Ainsi, et comme cela a été indiqué auparavant, les taux de capture des filets maillants de recherche ne reflètent pas ceux de la pêcherie commerciale.
La pêcherie de calmar aux filets dérivants dans le Pacifique Nord concerne trois pays: le Japon, Taïwan (Province de Chine) et la Corée. L'utilisation de filets maillants pour capturer des calmars a été lancée par des bateaux japonais en automne 1978 dans les eaux du Pacifique Nord-Ouest. A cette époque, la pêche était restreinte aux eaux au large de Hokkaido et Honshu, eaux situées à l'ouest du 150°E. Le rendement de cette pêche a été jugé supérieur à celui de la pêche à la turlutte, ce qui a provoqué quelques conflits entre les flottilles de fileyeurs et celles pêchant au leurre. En conséquence, le Gouvernement japonais a restreint la pêcherie aux filets dérivants aux eaux nord du 20°N et ouest du 170°E après le ler janvier 1979 (FAJ 1982a).
En dépit de cette réglementation, la pêcherie a continué de se développer et, en 1981, des mesures supplémentaires ont été introduites pour maîtriser l'effort de pêche des bateaux japonais. En vertu de ce régime, le Gouvernement japonais limite le nombre de bateaux autorisés à pêcher le calmar avec des filets maillants et restreint la pêcherie à une aire limitée par le 20°N, 46°N, 145°Wet 175°E. En plus de ces restrictions spatiales, la limite nord de pêche autorisée est déplacée tout au long de la saison de pêche pour limiter les captures de saumon dans les zones les plus nord. Les réglementations sur la pêche dans la partie nord de la zone sont résumées dans le Tableau 9.
Deux catégories de bateaux dans la flottille japonaise de pêche de calmars aux filets dérivants peuvent être distinguées: les bateaux de jauge entre 60 et 100 TJB, et ceux entre 100 et 500 TJB. Il y a également deux types d'autorisation gouvernementale pour les bateaux pêchant le calmar aux filets dérivants, le premier autorisant 7 mois d'opérations, du ler juin au 31 décembre, et l'autre 4 mois entre le ler août et 30 novembre. Le nombre de bateaux opérant dans la flotte japonaise pendant la période 1981 à 1989 est indiqué au Tableau 10. Les bateaux font des campagnes de pêche de 30 à 70 jours en général, et congèlent leurs captures à bord. Le débarquement est autorisé dans 37 ports japonais désignés, mais chaque bateau ne peut débarquer que dans trois ports choisis. Le débarquement dans d'autres ports ou le transbordement des captures en mer sont interdits. Les captures de truites et de saumons sont également interdites, et les bateaux et filets doivent porter une signalisation réglementée par l' Institut des pêches du Japon. L'effort de pêche en 1988 est illustré à la Figure 11.
JAPON | TAIWAN | COREE | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Dates | Ouest de 170°E | 170°E-170°W | 170°W-145°W | Ouest de 170°E | 170°E- 145°W | 160°E-170°W | 170°E-145°W |
janv-avr. | Fermée | Fermée | Fermée | 36N | 20N | 26N | Fermée |
mai | Fermée | Fermée | Fermée | 38N | 34Na | 38N | 37N |
juin | Fermée | 40N | 40N | 40Nd | 40N | 40N | 40N |
juillet | Fermée | 42N | 43Nb | 42Nd | 42N | 42N | 42N |
août | Fermée | 45Nc | 46Nc | 44Nd | 44N | 44N | 44N |
sept. | Fermée | 46N | 46N | 46Nd | 46N | 46N | 46N |
oct. | Fermée | 44N | 44N | 44Nd | 44N | 44N | 44N |
nov. | Fermée | 42N | 42N | 42Nd | 42N | 42N | 42N |
déc. | Fermée | 40N | 40N | 40Nd | 40N | 40N | Fermée |
a - Filets à grandes mailles (à thons) uniquement
b - A été changée par les Japonais de 42°N à 43°N en 1988
c - Ont été toutes deux déplacées vers le nord à partir de 44°N parles Japonais en 1988
d - Les règlements taïwanais ont limité cette pêcherie au 39°N en 1985
Année | Bateaux (nb.) | Captures (tonnes) | Effort jours de pêche | Captures par bateau | Captures par jour |
---|---|---|---|---|---|
Japon | |||||
1978 | N.D. | 46 308 | |||
1979 | N.D. | 47 652 | |||
1980 | N.D. | 119 000 | |||
1981 | 534 | 104 000 | 194,76 | ||
1982 | 529 | 158 722 | 300,04 | ||
1983 | 515 | 215 778 | 32 685 | 418,99 | 6,60 |
1984 | 505 | 123 719 | 32 645 | 244,99 | 3,79 |
1985 | 502 | 197 715 | 35 192 | 393,85 | 5,62 |
1986 | 492 | 152 226 | 35 549 | 309,40 | 4,38 |
1987 | 478 | 208 319 | 29 613 | 435,81 | 7,03 |
1988 | 463 | 157 773 | 31 998 | 340,76 | 4,93 |
Corée | |||||
1979 | 3 | N.D. | 34 | N.D. | N.D. |
1980 | 14 | 4 694 | 684 | 335,29 | 6,86 |
1981 | 34 | 22 899 | 1 374 | 673,5 | 16,67 |
1982 | 60 | 22 197 | 6 370 | 381,62 | 3,59 |
1983 | 99 | 47 962 | 10 004 | 484,46 | 4,79 |
1984 | 105 | N.D. | 16 362 | N.D. | N.D. |
1985 | 104 | 71 132 | 16 473 | 683,96 | 4,32 |
1986 | 107 | 59 023 | 18 764 | 551,62 | 3,15 |
1987 | 130 | N.D. | N.D. | N.D. | N.D. |
1988 | 141 | N.D. | N.D. | N.D. | N.D. |
Taïwan | |||||
1980 | 12 | 908 | N.D. | 75,6 | N.D. |
1981 | 44 | 10 719 | N.D. | 243,61 | N.D. |
1982 | 88 | 21 868 | N.D. | 248,5 | N.D. |
1983 | 129 | 14 257 | N.D. | 110,52 | N.D. |
1984 | 148 | 27 553 | N.D. | 186,17 | N.D. |
1985 | 124 | 21 807 | N.D. | 175,86 | N.D. |
1986 | 114 | N.D. | N.D. | N.D. | N.D. |
1987 | 97 | N.D. | N.D. | N.D. | N.D. |
1988 | 166 | N.D. | N.D. | N.D. | N.D. |
1989 | N.D. | N.D. | N.D. | 173,39 | N.D. |
N.D. = Données non disponibles
Figure 11. Répartition de l'effort de la pêche japonaise de calmar aux filets dérivants (nbr. de nappes posées) en 1988
L'engin utilisé est construit avec du fil nylon monofilament No.9 ou No.10 (environ 0,5 mm de diamètre). La taille des mailles est réglementée et doit être supérieure à 100 mm et inférieure à 135 mm. Les filets font de 9 à 10 m de profondeur et pêchent depuis la surface. Des mailles de 115 à 120 mm sont normalement utilisées. Quatre cent cinquante à 1 100 nappes de filet peuvent être posées par jour. Chaque nappe a une longueur totale étirée se situant entre 72 et 90,9 m mais la longueur opérationnelle après gréement définitif est d'environ 46 pour cent de la longueur étirée (FAJ 1985) de telle façon que dans cette pêcherie, la longueur des nappes est comprise entre 33 et 42 m. Le rapport mentionné (0,46) peut aussi être appelé taux de suspension horizontal (El). Fridman (1986) indique que les filets dérivants sont généralement construits avec un taux de suspension horizontal compris entre 0,5 et 0,7 alors que des valeurs aux alentours de 0,3 pourraient être choisies pour l'emmêlement. Le taux de suspension employé dans la pêcherie japonaise aux filets dérivants peut ainsi avoir un effet supplémentaire d'emmêlement en plus de sa fonction maillante.
La quantité de filets déployés peut être comparée à celle d'autres pêcheries par conversion du nombre de nappes utilisées en unités du système métrique. En supposant que 450 à 900 nappes sont posées par navire et par jour, comme établi ci-dessus, et que les nappes mesurent entre 33 et 42 m, chaque bateau poserait entre 14,85 et 37,8 km de filets par jour. Cependant, Tsunoda (1989) a indiqué que les navires japonais sur lesquels il a travaillé comme observateur en 1986 ne déployait que 24 nm de filets, ce qui équivaut à 44,45 km. Les rapports des observateurs du programme commun Japon-Etats-Unis-Canada (1989) indiquent que sur les 1 042 filets maillants posés, le nombre moyen de nappes était de 1 186, ce qui devrait correspondre à une longueur de filets entre 39 et 50 km, en fonction de la longueur des nappes dans cette pêcherie. Les filets du bateau de Tsunoda étaient posés en fin d'après-midi (opération qui durait jusqu'à trois heures) puis étaient virés 3h30 à 4 heures avant le lever du soleil (opération d'une durée de 6h30 à 10h30) après une durée minimale de pêche de 6h30.
Des navires coréens ont rejoint la pêcherie de calmar aux filets dérivants en 1979 (3 unités) et ont rapidement augmenté leur nombre jusqu'en 1984 (Tableau 10). La plupart des bateaux de la flottille coréenne jaugent environ 350 TJB mais 11 au moins peuvent jauger plus de 400 TJB (Gooder 1989). Les autorités coréennes n'ont pas restreint l'aire ou la durée de la pêche jusqu'en 1989, mais les captures incidentes de saumons devaient être rejetées (Anon 1989). Les restrictions coréennes imposées depuis 1989 sont indiquées dans le Tableau 9. La saison de pêche débute fin avril dans une zone comprise entre 36°N et 43°N, et entre 160°W et 170°W, et continue dans cette même zone jusqu'à la fin juillet début août. D'août à la mi-décembre, des calmars plus petits sont capturés sur les “zones Est” situées environ entre 36°N et 43°N, et entre les longitudes 143°E et 169°E (Gooder 1989).
Les navires coréens emploient des filets de mailles comprises entre 86 et 155 mm bien que d'après ce que l'on sait, la plupart utilisent des mailles de 96 à 155 mm (Anon 1988a). Gooder (1989) a constaté que, sur les bateaux où il a effectué ses observations, les plus grands calmars étaient pêchés sur les zones ouest avec des mailles de 105 mm et quelques filets avec mailles de 115 mm, alors que sur les zones est, la plupart des filets avaient des mailles de 86 mm et quelques-uns de 96 mm. Les filets font environ 9 m de profondeur et sont posés en unités “poks”, panneaux de filets équivalant aux nappes japonaises, qui mesurent environ 50 m d'après les rapports. Le nombre de poks déployés aurait été porté de 200 en 1980 à 540 en 1983 et 1 000 en 1987 (Anon 1989). Il a été estimé que c'était là un maximum sur le plan opérationnel, soit environ 50 km par bateau (un pok = 50 m).
Figure 12. Captures de calmar (en tonnes) par les trois pays pêchant le calmar aux filets dérivants de 1978 à 1988 (les données de capture sont incomplètes pour Taiwan (Province de Chine) et al Corée)
Cependant, Gooder (1989) a signalé que le bateau sur lequel il était observateur et qui jaugeait 430 TJB (plus gros que la moyenne) posait, 1 400 poks par opération, ce qui équivaudrait à 70 km. Gooder note qu'il y avait une grande différence entre la longueur estimée et la distance parcourue entre le début et la fin de la pose, distance mesurée par les marques de reconnaissance et qui était apparemment de l'ordre de 40 à 50 km.
La flottille taïwanaise opérant dans la pêcherie aux filets dérivants du Pacifique Nord, qui était de 12 bateaux en 1980, est passée à 166 en 1988 (Tableau 10). La plupart des unités de la flotte jaugent en moyenne 390 TJB (47 m). Les informations sur la flottille taïwanaise sont éparses. Des filets de nylon monofilament seraient utilisés avec des mailles de 94 mm. Le nombre de nappes par bateaux serait passé de 250-500 à plus de 1 000 au cours des années 80. La saison de pêche dure généralement de mai à octobre. Les zones de pêche se sont étendues vers l'ouest à travers le Pacifique durant ces dernières années (Anon 1988a).
Des statistiques de pêche de calmar des trois flottilles ne font pas l'object d'une large diffusion. Quelques-unes des données disponibles sont résumées dans le Tableau 10 et sont illustrées en Figure 12. Les captures japonaises viennent largement en tête.
Quelques caractéristiques intéressantes se dégagent du Tableau 10. Premièrement, les captures par bateau varient beaucoup entre les trois flottilles. Ceci est probablement dû en partie à des différences dans la durée des saisons de pêche, les bateaux coréens ayant pêché jusqu'à 175 jours en moyenne en 1986 alors que les bateaux japonais n'ont pêché qu'en moyenne 72 jours la même année. Aucune donnée sur l'effort de pêche de la flotte taïwanaise n'a pu être obtenue. Aucune tendance claire n'apparaît dans les captures journalières de la flottille japonaise entre 1983 et 1988, mais les captures par nappe de la flotte coréenne ont sans doute baissé bien que les données recueillies soient éparses.
Les captures d'espèces non visées
A la suite des préoccupations qu'avait suscité, dans les années 80, la pêche de calmar aux filets dérivants, accusée de mettre en danger les ressources marines et notamment le saumon originaire des eaux américaines, le Gouvernement américain a promulgué en 1987 le “Drifnet Impact Monitoring, Assessment and Control Act”. Cet acte stipule que les Etats-Unis doivent négocier avec chacun des gouvernements pratiquant ou autorisant ses ressortissants à pratiquer la pêche aux filets dérivants qui se traduit par une prise de ressources marines des Etats-Unis dans les eaux du Pacifique Nord àl'extérieur de la zone économique exclusive et les eaux territoriales d'un quelconque pays, dans le but de conclure des accords visant à contrôler et à évaluer en coopération, sur une base statistiquement fiable, les quantités de ressources marines des Etats-Unis tuées et récupérées, rejetées ou perdues par les navires de pêche aux filets dérivants de gouvernements étrangers. Le fait pour un pays de ne pas conclure de tels accords l'exposerait à être dénoncé pour non respect du “Fisherman's Protective Act” de 1967.
Après la promulgation de l'Acte de 1987, un programme d'observation a été établi entre tous les pays concernés. Avant 1989, des bateaux de pêche au calmar aux filets dérivants avaient été observés par des scientifiques américains (Cary et Burgner 1983, Ignell et al. 1986, Tsunoda 1989, Gooder 1989). Des scientifiques japonais ont également effectué des observations sur 10 fileyeurs en 1988 (FAJ 1989a). En 1989, le premier programme commun d'observation a été lancé et des données détaillées de captures ont été recueillies (Gjernes et al. 1990).
Outre ces observations sur des navires de pêche commerciaux, des scientifiques américains, canadiens et japonais ont également recueilli des données sur les captures d'espèces accessoires au cours de missions de recherche. Les pêcheurs japonais sont par ailleurs invités à signaler leurs captures de mammifères marins et ces données sont soumises tous les ans au CIPPN.
Les navires japonais de recherche sur le calmar utilisent des mailles de tailles très diverses, bien plus grandes ou bien plus petites, que celles adoptées par la pêcherie aux filets dérivants. Comme il est dit plus haut au sujet de la recherche sur le saumon, il est donc difficile d'interpréter les données sur les captures d'espèces accessoires en ce qui concerne la pêcherie commerciale.
Certains indices permettent de penser que les filets “non commerciaux” utilisés lors de missions de recherche, et notamment ceux à larges mailles, capturent davantage de mammifères marins que les filets standards “commerciaux” à mailles de 115 mm. Par exemple, Murata et al. (1988) ont signalé la prise de 8 otaries à fourrure et de 2 marsouins de Dall en 45 opérations de pêche aux filets dérivants en 1987. Au total, 15 tailles différentes de mailles, allant de 33 à 197 mm, ont été utilisées lors de chaque opération. Tous les mammifères marins ont été pris dans des mailles de 197 mm, à l'exception d'une otarie à fourrure prise dans une section de filet de mailles de 157 mm.
D'autres recherches sur les captures de mammifères marins au cours de missions de recherche sont brièvement évoquées ci-après. Murata (1987) a signalé la prise de 16 otaries à fourrure et de 2 marsouins de Dall en 42 pêches aux filets dérivants en 1986. Les marsouins ont été capturés dans des nappes de filets de 110 mm de taille et les otaries à fourrure dans des mailles de 48 mm, 63 mm, 110 mm (x3), 115 mm (x4), 121 mm, 157 mm (x3) et 197 mm (x7).
Lors d'une mission effectuée en 1989, Kawasaki et al. (1989) ont observé 29 poses de filets, la moitié avec des tailles de mailles commerciales (115 mm) et l'autre moitié avec une série de tailles de mailles expérimentales. Quatre otaries à fourrure, 3 dans les filets de type “commercial”, et une dans un filet expérimental ont été prises, ainsi que 3 lagénorhynques à flancs blancs du Pacifique, tous dans des filets expérimentaux, et 18 puffins, dont 16 dans des filets de type “commercial”.
Yatsu (1989) fournit des données sur les animaux capturés au cours de 33 pêches aux filets maillants en 1989. Au total, 1 650 nappes (soit 82,5 km si l'on prend 50 m par nappe) de filets expérimentaux et 1 650 nappes de filets de type “commercial” ont été posés. Six mammifères marins ont été capturés, tous dans des filets expérimentaux. Les résultats de Yatsu sont reproduits dans le Tableau 11. Trois espèces d'oiseaux et 13 espèces de poissons et de calmars ont également été recensées.
Murata et al. (1989) ont enregistré la capture de 5 otaries à fourrure, 1 marsouin de Dall, 2 dauphins communs et 2 dauphins de Thétis au cours de 3 missions de recherche en 1988 sur un total de 73 pêches pour 7 260 nappes de filets utilisés (e. 363 km). Parmi ces 10 mammifères marins capturés, 1 otarie à 100 mm, 2 dauphins de Thétis dans des filets de 115 mm de mailles, et les 6 restants dans des filets à mailles de tailles supérieures (121 mm x 2, 138 mm et 157 mm x 3).
Sur la base de ces seules données, il n'est pas possible d'apprécier l'efficacité relative des différentes tailles de maille pour la capture des mammifères marins, mais il semble qu'il s'agisse la plupart du temps de mailles de grande taille. Ces données permettent aussi d'avoir quelques indications sur la fréquence avec laquelle des mammifères marins peuvent être capturés dans des filets dérivants dans la zone de pêche de calmars. Un résumé des résultats obtenus lors des missions de recherche de 1986–88 figure dans le Tableau 12.
En supposant que chaque nappe équivaut à 50 m de filet, on peut calculer un taux approximatif d'emmêlement en termes de mammifères par 1 000 km de filets. La longueur réelle d'une nappe expérimentale n'est pas indiquée, et quelques nappes commerciales peuvent ne pas dépasser 33 m, de sorte que le taux d'emmêlement est une valeur plutôt prudente. Il faut rappeler que ces résultats ne sont pas strictement comparables avec ceux des pêcheries commerciales, car un peu plus de la moitié des filets employés avaient des tailles de mailles différentes. Bien que les quantités de filets déployés n'étaient pas très importantes, les taux de capture semblent être plus élevés que la plupart de ceux observés dans la pêcherie commerciale (voir ci-dessous).
Des missions de recherche canadiennes ont été effectuées pendant plusieurs années dans le but d'examiner les possibilités d'interception de salmonidés dans la pêcherie de calmars. Les résultats sont donnés par Bernard (1986), LeBrasseur, Ridell et Gjernes (1987), LeBrasseur et al. (1988) et McKinell et al. (1989). Des nappes standards de 50 m et de mailles monofilaments de 155 mm ont été utilisées au cours de ces missions. Les captures de mammifères marins signalés pendant ces 4 missions sont résumées dans le Tableau 13.
Jones (1988) a examiné les observations faites par les Américains en 1986 et 1987. Ses résultats sont reproduits ci-dessous dans le Tableau 14.
Des opérations expérimentales de pêche au calmar ont également été conduites par le Département canadien des pêches et des océans. Six d'entre elles ont été menées entre 1979 et 1988. Des calmars volants étaient présents dans les eaux canadiennes en quantités suffisantes pour une pêche commerciale. Au cours des quatre premières opérations, peu de mammifères marins ont été capturés (3 en 1983 et 6 en 1985). Cependant, en 1986, au total, 50 mammifères ont été emmêlés, dont 3 ont été relâchés vivants. En 1987, 90 mammifères ont été pris. Les captures de mammifères marins sont indiquées dans le Tableau 15 d'après Jamieson et Heritage (1988). Là encore, les taux de capture concernent le nombre d'individus par 1 000 km de filets pour faciliter les comparaisons. La pêcherie a été arrêtée en 1987 en raison du trop grand nombre de mammifères marins capturés.
Filet expérimental | Filet de type commercial | Captures totales | Taux de capture (par 1 000 km de filets posés) | |
---|---|---|---|---|
Quantité totale de filets posés: nombre de nappes nombre de km en supposant des nappes standards de 50 m | 1 650 82,5 | 1 650 82,5 | 3 300 165 | |
Encornet volant | 1 570 | 527 | 2 097 | 12 700 |
Encornet crochu | 200 | 1 | 201 | 1 220 |
Encornet pieuvre | 62 | 0 | 62 | 376 |
Autres encornets | 4 | 0 | 4 | 24 |
Castagnole | 5 290 | 2 988 | 8 278 | 50 200 |
Orphie | 127 | 0 | 127 | 770 |
Poissons volants | 12 | 0 | 12 | 73 |
Germon | 22 | 43 | 65 | 395 |
Listao | 16 | 68 | 84 | 509 |
Sériole | 1 | 0 | 1 | 6 |
Grand requin bleu | 22 | 15 | 37 | 227 |
Requin saumon | 3 | 3 | 6 | 36 |
Saumon keta | 32 | 95 | 127 | 770 |
Saumon argenté | 3 | 1 | 4 | 24 |
Autres poissons | 11 | 12 | 23 | 139 |
Lagénorhynque à flancs blancs du Pacifique | 2 | 0 | 2 | 12 |
Otarie à fourrure septentrionale | 4 | 0 | 4 | 24 |
Albatros à pieds noirs | 1 | 0 | 1 | 6 |
Albatros de Laysan | 0 | 1 | 1 | 6 |
Puffin à bec fin | 1 | 0 | 1 | 6 |
Puffins non identifiés | 1 | 0 | 1 | 6 |
Tortues marines | 0 | 0 | 0 | 0 |
TOTAUX | 7 391 | 3 756 | 11 147 |
Otarie à fourrure | Marsouin de Dall | Dauphin du nord | Lagénorhynque àflancs blancs | Dauphin commun | Estimation de l'effort tatal | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Morte | Vivante | Total | Taux total | Nappes | Km (à raison de 50 m par nappe) | |||||
19891 | - | - | 4 | (24) | 0 | 0 | 2 (13) | 0 | 3 300 | 165 |
19892 | 2 | 3 | 5 | (14) | 1 (3) | 2 (6) | 0 | 2 (6) | 6 980 | 349 |
19893 | 4 | 0 | 4 | (28) | 0 | 0 | 3 (21) | 0 | 2 900 | 145 |
19874 | 4 | 4 | 8 | (38) | 2 (10) | 0 | 0 | 0 | 4 155 | 208 |
19865 | 4 | 10 | 14 | (66) | 2 (9) | 0 | 0 | 0 | 4 222 | 211 |
(Les chiffres entre parenthèses sont des taux approximatifs de capture par 1 000 km de filet à des fins de comparaison) |
1 Yatsu (1989).
2 Murata et al.. (1989).
3 Kawasaki et al. (1990).
4 Murata et al. (1988).
5 Murata (1987).
Année | Nombre de pêches | Nombre de nappes | Longueur totale de filet (km) | Lagénorhynque à flancs blancs | Dauphin commun | Marsouin de Dall | Otarie à fourrure |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1986 | 15 | 185 | 9,25 | 1 | 0 | 0 | 0 |
1987 | 11 | 618 | 30,9 | 0 | 0 | 1 | 1* |
1988 | 8 | 50–60 | 20–24 | 0 | 0 | 0 | 0 |
1989 | 11 | 55 | 30,25 | 0 | 2 | 0 | 0 |
1986 | 1987 | Total | Taux de capture total par 1 000 km de filets posés | |
---|---|---|---|---|
Nombre de pêches observées: | 102 | 104 | 206 | |
Longueur approximative de filet (km): | 1531,1 | 424,7 | 1955,8 | |
Marsouin de Dall | 9 | 8 | 17 | 8,69 |
Otarie à fourrure | 18(14) | 12(8) | 30(22) | 15,34(11,25) |
Lagénorhynque à flancs blancs | 16 | 0 | 16 | 8,18 |
Dauphin du nord | 47 | 1 | 48 | 24,5 |
Dauphin commun | 1 | 2 | 3 | 1,53 |
(Les chiffres entre parenthèses représentent le nombre d'otaries à fourrure effectivement tuées)
On dispose des données recueillies par deux autres observateurs. Tsunoda (1989) a fait des observationsà bord d'un fileyeur japonais en 1986. Les captures de mammifères étaient constituées de 43 dauphins du nord (2 vivants), 8 lagénorhynques à flancs blancs du Pacifique, 7 marsouins de Dall (1 vivant), 16 otaries à fourrure (2 vivantes) et 1 dauphin de Thétis. Trente poses de filets ont été observées, chacune d'environ 44 km.
Gooder (1989) a observé à bord d'un bateau coréen de pêche au calmar aux filets dérivants en 1988, 22 poses au total, chacune utilisant environ 70 km de filets. Quinze dauphins du nord, 1 marsouin de Dall et 2 otaries à fourrure ont été capturés. Les deux otaries ont été relêchées vivantes.
En 1988, ll observateurs japonais ont embarqué sur 10 bateaux japonais de pêche au calmar aux filets dérivants et ont signalé 464 poses de filets concernant 533 618 nappes standardisées d'une longueur de 50 m chacune, équivalant à 26 681 km de filets. Les prises accessoires relevées se sont composées d'otaries à fourrure, de lagénorhynques à flancs blancs, de dauphins du nord et de marsouins de Dall. Les résultats figurent dans le Tableau 16.
Nombre de mammifères capturés | Taux de capture total par 1 000 km de filets posés | ||||
---|---|---|---|---|---|
ESPECES | 1983 | 1985 | 1986 | 1987 | |
Marsouin de Dall | 3 | 1 | 33 | 58 | 7,49 |
Dauphin pilote à nageoires courtes | 1 | 0 | 5 | 3 | 0,71 |
Lagénorhynque à flancs blancs | 0 | 1 | 3 | 16 | 1,57 |
Marsouin commun | 2 | 0 | 0 | 1 | 0,24 |
Dauphin du nord | 0 | 0 | 4 | 9 | 1,02 |
Orque épaulard | 0 | 0 | 2 | 0 | 0,16 |
Baleine à bec de Cuvier | 0 | 0 | 1 | 0 | 0,07 |
Otarie à fourrure septentrionale | 0 | 1 | 0 | 1 | 0,16 |
Lion de mer de Steller | 0 | 0 | 0 | 1 | 0,07 |
Non identifiés | 0 | 0 | 2 | 1 | 0,24 |
TOTAL MAMMIFERES MARINS | 6 | 3 | 50 | 90 | |
Longueur totale de filets posés: (km) | 1 473,7 | 2 475,1 | 4 307,5 | 4 417,0 |
Enfin, des observations ont été faites en 1989 sur 32 unités japonaises dans le cadre du programme d'observation en coopération établi sur la base d'accords bilatéraux entre le Japon et le Canada, et entre le Japon et les Etats-Unis. Ce programme s'est poursuivi en 1990 et 1991, des observateurs ayant également embarqué sur des navires taïwanais et coréens. Les résultats des observations faites en 1989 ont été récemment publiées (Gjernes et al.. 1990). Les captures enregistrées figurent au Tableau 16. Au total, 1 427 225 nappes ont été observées (1 402 opérations). Cette série d'observations a donc permis de recueillir le volume de données le plus important jamais obtenu par ce type de pêche.
Espèce | 1988 | 1989 |
---|---|---|
Encornet volant | 1 349 758 | 3 119 061 |
Otaries à Perdues | - | 28 |
faurrure: Vivantes | 91 | 128 |
Mortes | 43 | 52 |
Total | 134 | 208 |
Marsouin de Dall | 57 | 141 |
Dauphin du nord | 114 | 455 |
Lagénorhynque à flancs | 77 | 254 |
Dauphin commun | 5 | 12 |
Total dauphins: | 253 | 914 |
Tortues non identifiées | 3 | 13 |
Tortues cuir | - | 9 |
Total tortues: | 3 | 22 |
Albatros à pieds noirs | 27 | 126 |
Albatros de Laysan | 64 | 331 |
Autres/Albatros non | 0 | 82 |
Total albatros | 91 | 539 |
Puffin noir | 1 796 | 8 438 |
Puffin à pattes claires | 22 | 26 |
Puffin de Nouvelle-Zélande | 11 | 32 |
Pétrel fulmar | 40 | 38 |
Total puffins | 1 869 | 8 534 |
Macareux à aigrettes | 31 | 5 |
Macareux cornu | 33 | 20 |
Pétrel cul blanc | 2 | 17 |
Autres oiseaux de mer | 0 | 58 |
Salmonidés | 84 | 79 |
Castagnole | 327 842 | 1 433 496 |
Germon | 32 408 | 59 060 |
Sériole | 3 138 | 10 495 |
Listao | 21 026 | 7 155 |
Requin bleu | 14 315 | 58 100 |
Autres poissons | - | 11 683 |
Les différentes estimations des taux de capture de mammifères marins sont résumées dans le Tableau 17 pour les 5 plus importantes espèces. Il est clair que les donnèes différentes des observations effectuées ne concernent que des longueurs de filets relativement faibles et il ne faut donc pas leur donner à toutes la même valeur statistique. Les données les plus récentes émanant d'observation nippo-américaines et nippo-canadiennes de 1989 sont les plus complètes. Néanmoins, il y a probablement eu des changements dans les taux de prise selon les années et selon les zones de pêche, si bien que toute comparaison avec des données d'observations précédentes ne sera utile que lorsque des analyses plus détaillées s'étendant sur plusieurs années seront disponibles et lorsque les variations saisonnières et régionales pourront être prises en compte. Les observations précédentes confirment au moins que des dauphins du nord sont assez souvent capturés dans les filets, de même que des lagénorhynques à flancs blancs du Pacifique.
En 1989, les eaux du Pacifique Nord dans la zone de pêche de calmars ont été inhabituellement chaudes, de sorte que l'on peut s'attendre à des différences entre les taux de capture de 1989 et ceux des années précédentes. Il est intéressant de noter que toutes les missions n'ont pas signalé des captures de lagénorhynques à flancs blancs plus fréquentes que pour d'autres espèces, et que certaines ont enregistré de plus importants taux de capture d'otaries à fourrure et de marsouins de Dall. Des observations japonaises effectuées en 1988 sur plus de 26 000 km de filets font apparaître des taux de capture d'otaries à fourrure et de marsouins de Dall vivant le plus au nord comparativement plus importants des taux de capture de dauphins du nord et de lagénorhynque à flancs blancs relativement moins élevés.
Les taux de capture peuvent être utilisés pour obtenir quelques estimations faites concernant les prises totales. Mais il faut pour cela avoir une idée des quantités de filets déployés. Comme indiqué plus haut, il y a des différences entre les méthodes de pêche des pays concernés. Par exemple, les captures moyennes par bateau entre 1980 et 1986 des navires taïwanais, japonais et coréens ont été respectivement de 173, 310 et 518 tonnes. Ces chiffres traduisent, en partie, des différences dans la durée des saisons de pêche, mais aussi sans doute des différences dans la taille moyenne des bateaux et les quantités de filets déployés.
En 1988, la flottille japonaise aurait posé au total 36 055 567 nappes de filets équivalant à 50 m par nappe, à environ 1,8 million de km, soit encore à 3 900 km de filets par bateau pour toute la campagne intéressant 463 navires. La quantité de filets déployés par les 141 bateaux coréens et les 166 bateaux taïwanais n'est pas connue. Si l'on admet que les écarts entre les captures déclarées sont une indication des différences dans l'effort de pêche, alors les bateaux taïwanais ont peut-être posé 0,56 × 3 900 km de filets par campagne et les bateaux coréens, 1,67 × 3 900 km. Une très grossière approximation sur cette base de la quantité de filets déployés se situerait aux alentours de 3 millions de km de filets pour la campagne 1988. Des estimations très approximatives de captures de mammifères marins pour la campagne 1989 ont été faites en supposant un même niveau d'effort de pêche et en utilisant les taux de capture fournis dans le cadre du programme commun d'observations de 1989. Les estimations arrondies sont présentées dans le Tableau 17.
Otarie à fourrure | Marsouin de Dall | Dauphin du nord | Lagénorhynque à flancs blancs | Dauphin commun | Longueur totale de filets (km) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Morte | Vivante | Perdue | Total | ||||||
19891 | 0,73 | 1,79 | 0,39 | 2,9 | 1,98 | 6,38 | 3,56 | 0,17 | 71 361 |
19882 | 1,61 | 3,41 | - | 5,02 | 2,14 | 4,27 | 2,89 | 0,19 | 26 681 |
19883 | 0 | 1,29 | 0 | 1,29 | 0,65 | 9,74 | 0 | 0 | 1 540 |
19874 | - | - | - | 0,22 | 13,13 | 2,04 | 3,62 | 0 | 4 417 |
19875 | 18,82 | 9,41 | - | 28,23 | 18,82 | 2,35 | 0 | 4,70 | 425 |
19866 | 9,14 | 2,61 | - | 11,75 | 5,88 | 30,69 | 10,45 | 0,65 | 1 537 |
19864 | - | - | - | 0,23 | 7,66 | 0,92 | 0,69 | 0 | 4 307 |
19854 | - | - | - | 0,40 | 0,40 | 0 | 4,40 | 0 | 2 475 |
19834 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2,03 | 0 | 0 | 0 | 1 473 |
Estimation des captures annuelles (en se basant sur les taux de capture observés en 1989 et en supposant 3 millions de km de filets posés) | |||||||||
2 200 | 5 400 | 1 200 | 8 700 | 6 000 | 19 000 | 11 000 | 500 |
1 Résultats du programme commun d'observation (Gjernes et al. 1990)
2 Rapport d'observateur FAJ (1899a)
3 Gooder (1989)
4 Jamieson et Heritage (1988)
5 Résultats d'études américaines - d'après Jones (1988)
6 Résultats d'études américaines - d'après Jones (1988), (inclut Tsunoda,1989)
Note: Les données des missions de recherche canadiennes et japonaises ne sont pas comprises pr suite du très faible niveau de l'effort de pêche (<50 km de filets) ou de maillages différents.
Sur la base des hypothèses mentionnées ci-dessus, au moins 2 200 otaries à fourrure, 19 000 dauphins du Nord, 6 000 marsouins de Dall et 11 000 lagénorhynques à flancs blancs pourraient avoir été capturés en 1989. Il faut rappeler que ces estimations sont entièrement fonction des taux de capture observés en 1989, qui ne sont pas forcément représentatifs de la flottille dans son ensemble.
Divers oiseaux ont également été pris dans les filets dérivants au calmar. Jamieson et Heritage (1987, 1988) ont signalé des albatros, des puffins fuligineux, des puffins à bec fin, des pétrels tempêtes, des sternes, des macareux et autres alcidés. Gooder (1989) a noté des puffins noirs, des albatros à pieds noirs et de Laysan, et un macareux cornu. Tsunoda (1989) a également signalé des albatros à pieds noirs et de Laysan, des puffins fuligineux, des puffins à pattes claires et des puffins à queue courte. Murata et al. (1989) ont compté des macareux cornus, des puffins à aigrettes et des guillemots de brünnich. Dans le Tableau 18 figurent les taux de capture de 20 espèces par année et par auteur. Une nouvelle fois, on observe une certaine variation selon les années et les observateurs mais là encore le programme commun de 1989 fournit des données plus complètes. Les résultats de ce programme sont donc utilisés pour estimer le nombre approximatif d'oiseaux de mer susceptibles d'avoir péri dans les filets dérivants au calmar en 1989, en supposant que 3 × 106 km de filets ont été déployés et que les taux de capture rapportés s'appliquent de façon uniforme à tout cet effort de pêche.
On ne signale que peu de captures de tortues, dont l'espèce est malheureusement rarement spécifiée. Trois tortues non identifiées ont été capturées en 1989 (observateurs du FAJ) en 464 opérations impliquant 27 000 km de filets (0,1 par millier de km). Gjernes et al. (1990) ont identifié 9 tortues cuir, 1 tortue verte, et 1 tortue ridley du Pacifique parmi les 22 tortues prises, les 11 restantes n'étant pas identifiées. Cela représente un taux de capture plus élevé (0,31 par 1 000 km). Si ce taux est considéré comme représentatif de celui de la pêcherie 1989, alors 900 tortues ont peut-être été emmêlées cette année là. Au moins 6 des 22 tortues étaient des tortues cuir qui se sont noyées (3 autres tortues cuir ont été relâchées vivantes). Si 27 pour cent seulement des tortues prises étaient des tortues cuir qui se sont noyées, alors on peut dire que 250 tortues cuir ont péri noyées en 1989. Si quelques-unes des 13 tortues non identifiées étaient aussi des tortues cuir, alors le total de tortues cuir a sans doute été supérieur à ce chiffre.
Comme dans la pêche de saumon aux filets dérivants, une grande variété de poissons est capturée dans la pêche au calmar. La plus abondante des prises accessoires est la castagnole. Des requins bleus sont également capturés en grand nombre, ainsi qu'une variété de thons. Les taux de capture pour quelques unes des espèces de poisson sont indiqués au Tableau 19, accompagnés d'une estimation des captures totale établie d'après les taux de capture signalés par Gjernes et al. (1990).
Espèces: | 1987 | 1987 | 1988 | 1989 | Capture totale estimée pour 1989 |
---|---|---|---|---|---|
A | B | C | D | E | |
Albatros à pieds noirs | 11 | 1,01 | 1,77 | 5 300 | |
Albatros de Laysan | 14 | 2,39 | 4,64 | 13 500 | |
Albatros non identifiés | 1 | 1,15 | 3 400 | ||
Puffin fuligineux | 40 | 96 | 59,85 | 118,24 | 355 000 |
Puffin à queue courte | 7,45 | ||||
Puffin à pattes claires | 0,82 | 0,36 | 1 000 | ||
Puffin de Nouvelle-Zélande | 0,41 | 0,45 | 1 300 | ||
Puffin à bee fin | + | ||||
Pétrel fulmar | 1,50 | 0,53 | 1 600 | ||
Macareux à aigrettes | 3 | 1,16 | 0,07 | 200 | |
Macareux cornu | 6 | 1,23 | 0,28 | 800 | |
Macareux de Cassin | 6 | ||||
Macareux unicorne | + | ||||
Guillemot de Troïl | + | ||||
Guillemot de brünnich | 3 | ||||
Autres alcidés | + | ||||
Pétrel cul blanc | 0,07 | 0,24 | 700 | ||
pétrel tempête | 8 | ||||
Sternes | 5 | ||||
Non identifiés | 54 | ||||
Longueur totale de filets (km) | 349 | 4 417 | 26 681 | 71 361 |
A Murata et la.
B Jamieson et Heritage (1987, 1988)
C Observateurs japonais
D Gjernes et al. (1990)
E En nombre, d'après la colonne D en supposant 3,106 km de filetsposés en tout.
Taux de capture (par 1 000 km de filets posés) | Estimation des captures totales en 1989 | ||
---|---|---|---|
1988 | 1989 | ||
Salmonidés | 3,15 | 1,12 | 3 × 103 |
Castagnoles | 12 287 | 20 088 | 60 × 106 |
Germon | 1 215 | 828 | 2,48 × 106 |
Sériole | 118 | 147 | 440 × 103 |
Listao | 788 | 100 | 300 × 103 |
Requin bleu | 536 | 814 | 2,44 × 106 |
“Autres poissons” | - | 164 | 491 × 103 |
Longueur totale de filets posés | 26 681 | 71 361 | 3 × 106 |
Cette estimation des captures totale d'espèces de poissons, tortues, oiseaux et mammifères doit être considérée comme une approximation. Il est évident qu'une analyse plus détaillée des taux de capture par zone de pêche et par mois ou année, accompagnée peut-être de données océanographiques, pourrait expliquer certains des écarts observés dans les chiffres des taux de capture signalés. Un coefficient de fiabilité pourrait alors être appliqué à certaines des estimations. Dans l'intervalle, les chiffres présentés ci-dessus pourraient servir à illustrer l'ampleur probable de certaines des captures, et, comme tels, sont examinés de nouveau dans la section 3 ci-dessus, en corrélation avec l'importance connue des populations et leur impact sur les espèces en cause.