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Deuxième partie: Le feu et le domaine forestier


Réaction des formations végétales
Réaction des espèces végétales


Réaction des formations végétales


Les forêts denses
Les forêts denses ombrophiles
Les forêts denses sèches et fourrés climaciques
Les galeries forestières
Les forêts claires et savanes
Les steppes et divers


La réaction au feu courant varie selon les diverses formations végétales et les circonstances.

Les forêts denses

Très variées dans leur composition, on peut les regrouper en trois catégories principales selon le climat de la région et leur répartition dans le relief.

Les forêts denses ombrophiles

Elles sont généralisées sous climat équatorial bien que fortement entamées et souvent dégradées, parfois remplacées par des savanes guinéennes. Elles y jouissent d'un climat chaud et pluvieux. Les forêts de montagne se développent sous un climat plus froid mais connaissent une humidité de l'air et du sol constante. Le couvert épais laisse filtrer trop peu de lumière pour qu'existe une réelle strate graminéenne. La végétation basse et clairsemée ne se dessèche pas tandis que la litière reste toujours fraîche et se décompose activement.

Le feu n'y est pratiqué qu'en vue de la préparation des cultures, les arbres abattus étant incinérés après une période de dessication. Les jachères non incendiées régulièrement se reboisent vite. En Afrique de l'Ouest des forêts denses humides semi-décidue ont cependant connu de nombreux incendies après la grave sécheresse de 1982 suivie d'une saison sèche exceptionnelle en 1983 au cours de laquelle l'harmattan souffla paradoxalement durant plusieurs mois avec un taux hygrométrique de l'air descendu de 80 à 50 pour cent sous le couvert forestier (B. Mallet, 1987). Ces incendies ont sévi de la Guinée Conakry au Cameroun.

Les forêts denses sèches et fourrés climaciques

Ces formations se sont imposées lors de la dernière période pluviale et constituent encore le climax actuel même si le climat a fortement changé depuis lors. Très sensibles au feu, elles ont fortement régressé au cours des derniers siècles et même disparu de certaines régions.

Leur structure et l'origine de leur flore rappellent la forêt guinéocongolaise avec, toutefois, une puissance moindre et une proportion plus grande d'espèces caducifoliées.

En principe, elles ne brûlent pas, même en région tropicale, bien que leurs constituants soient très sensibles au feu, surtout les jeunes semis, passage quasi obligatoire de leur régénération.

Contrairement à ce qu'ont pu affirmer certains observateurs, il n'y a pratiquement aucune espèce végétale commune à ces groupements et aux formations ouvertes. Mais on rencontre souvent de vieux arbres de forêt dense se maintenant en forêt claire, sans s'y reproduire, et des noyaux de reforestation au sein des peuplements ouverts peu parcourus par l'incendie. De même des arbres de forêt claire peuvent survivre quelque temps à l'envahissement par les éléments pionniers de climax.

La régression de la forêt dense sèche s'opère de deux façons. La plus brutale est le défrichement suivi, après abandon de la culture et d'incendier répétés. La régénération par semis devient impossible tandis que les rejets de souche, fréquents chez les espèces pionnières, s'épuisent.

L'autre possibilité est l'action directe du feu. Tout d'abord, il peut pénétrer dans le sous-bois et s'y propager par les feuilles et bois morts jonchant le sol, en suivant les ouvertures faites par l'homme, le gros gibier et le bétail. Les dégâts sont alors peu importants. Venant de l'extérieur, l'incendie de début de saison sèche est sans grand effet. Généralement il s'éteint de lui-même à quelque distance de la lisière, en atteignant la bordure végétale maintenue fraîche par l'ombrage latéral projeté par le massif. Plus tard, cette auréole protectrice se dessèche comme le sous-bois du peuplement ouvert voisin et lorsque le feu la parcourt, il attaque la forêt dense ou le fourré selon le processus suivant:

* inclinées par le vent, les flammes lèchent les végétaux de bordure, buissons, lianes et arbustes fermant le peuplement. Ce mur végétal est tué et présente bientôt un amas de feuilles et rameaux morts;
* un nouvel incendie tardif parcourant le secteur, l'année suivante, trouve donc un mur de végétaux morts et secs occupant la lisière du peuplement. Cette fois, les flammes consument ces bois morts pouvant monter jusqu'au faîte de la forêt par les lianes tuées;
* ce faisant, le feu détruit une nouvelle tranche de végétation qui brûlera l'année suivante et ainsi de suite.

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Seuls les grands arbres survivent à ces attaques et se retrouvent donc isolés dans la formation ouverte qui prend possession du terrain au fur et à mesure du recul des éléments sensibles de la forêt dense. De l'autre côté du massif, dans la zone qu'il abrite des vents dominants, une certaine protection contre l'incendie permet souvent une extension du peuplement fermé. Ainsi, le bosquet se déplace lentement, attaqué et régressant du côté des vents dominants de saison sèche et progressant de l'autre. C'est ce déplacement qui fait que, d'une part, des éléments âgés de la forêt-climax se retrouvent isolés en forêt claire et, de l'autre, des arbres de celle-ci survivent quelque temps au sein des massifs denses en reconstitution. Le cas fut observé souvent et permet de retracer l'histoire du couvert végétal d'une région en tenant compte de l'âge de chacun de ces éléments.

Lorsqu'on examine le cas de vastes zones de forêt dense, on remarque que le feu ne sévit que dans les larges clairières et pour autant qu'il soit allumé dans chacune d'elles. S'ils sont tardifs et activés par grand vent, ces divers incendies élargissent les ouvertures et progressent le long des chemins. Il est un stade critique à partir duquel la déforestation connait une accélération dangereuse. Lorsque les clairières, en s'agrandissant, finissent par se joindre, un seul incendie venant de l'une d'elles s'étend aux autres en profitant des passages ouverts entre elles. On passe alors d'une forêt continue mais ouverte de trouées isolées à un ensemble de massifs isolés entre les mailles d'une jeune savane herbeuse. Une seule allumette peut mettre le feu à ce maillage, atteignant et faisant reculer les lisières de tous ces bosquets.

Sans procéder à aucune observation sérieuse et sous la seule impression de vraisemblance, des auteurs ont affirmé que les derniers massifs de forêt dense sèche se maintenaient dans des conditions exceptionnellement favorables des points de vue du sol et du climat: sol riche, profond, à nappe aquifère accessible, microclimat plus chaud et humides. Et de citer même les assises géologiques les plus propices (Duvigneaud, 1958). Il n'en est rien et une analyse sur le terrain prouverait plutôt le contraire. En fait c'est le hasard et la protection contre le feu qui expliquent leur survivance et leur localisation. La photo aérienne ci-après fait apparaître bosquets de forêt dense clirnacique à Entandrophragma delevoyi et Diospyros hoyleana subsp. hoyleana respectés lors d'une exploitation de bois de feu en forêt claire, aux environs de Lubumbashi (S.-E. du Zaïre). Ils sont répartis sur le promontoire, à l'écart des vallées plus fraîches et fertiles de deux ruisseaux. Cette interfluve est faite d'un sol pauvre, souvent latéritique et superficiel. Pareil terrain ne connait pas de défrichement agricole et porte une végétation herbacée peu fournie et souvent interrompue par des affleurements rocailleux.

En cas de défrichement, la forêt dense sèche soudano-zambézienne se reconstitue aisément pour autant qu'il subsiste des semenciers ou des souches vivantes de ses éléments et que le feu ne sévisse pas. Les espèces pionnières sont des lianes et des arbustes sarmenteux pour la plupart. Elles rejettent vigoureusement de souche et leurs tiges rampantes s'enracinent au contact du sol ou se propagent par éclatement des fruits comme chez Sapium ou grâce à la propagation de leurs fruits recherchés par les animaux (Sorindeia) ou transportés par le vent (Combretum). Les espèces arborescentes et arbustives se régénérant activement par semis, sous couvert relevé, sans nécessiter une longue préparation du milieu par une succession de formations secondaires comme la forêt équatoriale.

Ces massifs à grande affinité guinéenne abritent une faune spécifique également apparentée au même domaine: oiseaux, singes, petites antilopes, rongeurs, etc. Ces derniers sont frugivores et souvent arboricoles tandis qu'en forêt claire et en savane, ils sont fouisseurs et se nourrissent principalement d'éléments végétaux souterrains. Le passage fréquent de ces animaux d'un massif à l'autre, facilite la dissémination des graines.

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Les galeries forestières

Souvent confondues avec les forêts denses climaciques, les galeries forestières ou forêts-galeries en ont la structure mais en différent par leur composition floristique. Elles recherchent l'humidité permanente du sol des fonds de vallées. Plusieurs espèces de plateau de la zone équatoriale s'y rencontrent, compensant l'aridité saisonnière de l'air par une proximité de la nappe aquifère.

Figure 7 - Coupe au travers d'un ravin boisé près de Lubumbashi

Elles échappent souvent à la destruction car les agriculteurs les défrichent rarement pour y cultiver. Quant au feu, il peut en atteindre les lisières et les attaquer comme il le fait pour le massifs de forêt-climax. Lorsqu'elles occupent des vallées quelque peu encaissées, les sujets touchés par l'incendie survivent généralement et se reconstituent car leur base est à l'abri du feu. En vallées plus profondes, les talus des berges sont colonisés par des franges de forêt climacique que seules une observation attentive et une analyse floristique permettent de distinguer. D'où les fréquentes confusions entre les deux groupements. Parfois, la bordure de forêt dense sèche s'étend au-delà de la vallée proprement dite. La même végétation climacique occupe les ravins très encaissés creusés par des ruisseaux à cours saisonnier dont le sol peut être relativement sec en saison sèche. Le drainage en est très actif.

Dans le schéma de la figure 7, les vents dominants de saison sèche poussent l'incendie jusqu'à une lisière faite d'arbres, arbustes et lianes qui sont enracinés au bas du surplomb d'une dalle latéritique érodée. Leur pied échappe donc aux atteintes du feu. Cette bordure forestière exposée est régulièrement entamée par les feux tardifs mais peut se reconstituer lors d'incendiés moins violents. L'autre lisière est protégée du feu poussé par les vents dominants, par le massif lui-même. Pour l'atteindre, le feu doit progresser à contrevent et perd donc de sa violence. Le massif boisé peut ainsi s'étendre sans grande difficulté.

Les forêts claires et savanes

Installées et maintenues grâce au feu, la forêt claire aussi bien que la savane réagissent davantage à la violence du feu qu'à sa simple existence. Il faut donc bien faire la distinction entre brûlage tardif, brûlage précoce et protection absolue.

Surtout s'il est accidentel, le feu tardif survient le plus souvent par temps chaud et sec et par grand vent. Il est violent, parcourt de grandes distances, si rien ne s'oppose à sa progression, et peut durer plusieurs jours. Attaquant en profondeur les souches cespiteuses des graminées et des cypéracées, il peut tuer les bourgeons de remplacement cachés entre les bases persistantes des chaumes et feuilles inférieures. D'autres espèces les remplaceront, souvent annuelles, transformant progressivement la savane en une steppe. Des dégâts sont aussi causés aux autres espèces dont les bourgeons sont localisés près du sol, aux jeunes semis et aux rejets de souche. La réduction de la strate herbacée favorise les divers modes d'érosion.

Pour ce qui est des arbres, ils ne subissent de dégradation directe qu'au niveau des plaies basses comme les cicatrices d'écorçage. Mais survenant après la reprise de la végétation, en fin de saison sèche, le feu tardif détruit la jeune feuillaison et parfois la floraison. Obéissant à son rythme saisonnier, l'arbre produira de nouvelles feuilles avant même le retour des pluies, épuisant ainsi ses réserves. Si l'accident se répète plusieurs années de suite, l'épuisement ira en s'accentuant au point que la couronne dépérira. Le tronc encore vivant émet quelques rejets puis finit aussi par se dessécher. Bientôt seule la souche rejette avant de mourir à son tour. C'est ce processus que mettent à profit certains éleveurs afin de rabattre le niveau des rameaux et les mettre à la portée du bétail. C'est faire preuve d'une politique à court terme et ignorer l'évolution dangereuse qu'une telle pratique déclenche au niveau des herbes. Dans les régions déjà menacées par la désertification, la répétition des feux tardifs accélère le phénomène.

Le brûlage précoce préventif ou feu hâtif organisé présente l'énorme avantage d'une pratique aisée et peu onéreuse tout en rendant impossible le passage d'un feu quelque peu violent durant la même saison. Il n'atteint que les parties végétales mortes et épargne une partie des semis et des graines. Il est sans effet sur les arbres qui entrent en période de repos végétatif et accélère la chute des feuilles qui ont terminé leur fonction et couvriront le sol pendant la fin de la saison sèche.

La protection absolue contre le feu est davantage un mythe qu'une alternative dans l'aménagement forestier en régions à saison sèche sévère. Elle fut tentée, à grands frais, pour la protection de plantations et en vue de la reforestation naturelle de savanes mais les échecs ne se comptent plus. Comme nous le détaillerons plus avant, dans des parcelles expérimentales surveillées et protégées par des coupe-feu larges et soigneusement désherbés, des incendies accidentels, souvent tardifs, sont inévitables. Et leur passage même s'il n'a lieu qu'une fois, fait perdre plus que le gain de plusieurs années de réussite.

Durant la défense intégrale, le sol s'encombre d'herbes mortes anciennes, de déchets ligneux tandis feuilles et brindilles mortes s'accumulent dans les fourches des ramifications. Les lianes herbacées restent accrochées aux troncs après leur mort, pendant plusieurs années. Un incendie tardif trouve donc une quantité considérable de combustible tant sur le sol qu'aux niveaux supérieurs et gagne les cimes autant que les strates basses.

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Caractéristiques des feux

Principalement en savanes, les feux peuvent prendre des allures différentes parmi lesquelles Monnier (1981) reconnaît:

* les feux de fauche ou de surface, les plus fréquents et violents. Ils exigent un matériau abondant et continu et avancent régulièrement dans toute l'épaisseur de la strate herbacée et même buissonnante, progressant parfois un peu plus vite au niveau des inflorescences graminéennes, une fois disparues les traces de rosée. Plus bas, la densité est plus forte et le renouvellement de l'air plus difficile, en absence de vent. Le feu y est plus intense mais devient très réduit au ras du sol;

* les feux occultes ou d'humus s'observent difficilement. Ils sévissent dans les peuplements fermés mais également en savanes et steppes un peu tourbeuses établies en situations saisonnièrement mouilleuses.

Le Sénégal connaît en années de sécheresse des feux en profondeur dans les dépôts de tourbe des dépressions interdunaires appelées "niayes" s'étalant sur 150 kilomètres le long de la côte Nord entre Dakar et Saint-Louis.

Ces dépressions humides dans lesquelles poussent des Elaeis guineensis, bordées parfois de Casuarina equisetifolia plantées de mains d'hommes pour empêcher leur envahissement par les sables, sont transformées en lacs au cours de la saison des pluies.

Les gisements de tourbe de la zone sud des niayes (Kayar-M'Boro) et ceux du Nord (M'Boro-Saint-Louis) renferment respectivement 8 et 7 millions de m³ et une grande quantité de bois fossiles.

Les feux dans les dépôts de tourbe se manifestent par des émissions de fumées noires très âcres avec dégagement de fortes chaleurs. Les populations locales qui ne connaissaient pas ce type d'incendies les attribuèrent évidemment au diable. C'est le Service des mines qui a déterminé qu'ils sont provoqués soit par les feux de défrichement qui se communiquent à la tourbe sèche soit par les fortes chaleurs dégagées par les tourbières. Après une bonne pluviométrie les niayes ne connaissent pas de feu de tourbe.

Les feux de cimes et de buissons sont signalés dans la zone de bush où les buissons de Guiera et de diverses Combretacées se transforment en de véritables torches. Au Shaba, un tel feu monte à l'assaut des hautes termitières boisées.

Vitesse de propagation

On a souvent fortement exagéré la vitesse de progression des incendies de brousse et, parfois même, parlé de la rapidité d'un galop de cheval. Il n'en est rien. Selon leur nature, les feux avancent de façon très différente, ceux de fauche ou surface étant les plus rapides. Monnier (1981) cite des vitesses de 360 à 1 800 m/heure et jusqu'à 5 km/h par temps très venteux. La progression à l'assaut de fortes pentes bien enherbées peut être deux fois plus rapide qu'en terrain plat, dans les mêmes conditions. Lebrun (1947) parle de 100 à 300 m/h lorsque le vente souffle.

Les feux de feuilles sont beaucoup plus lents (8 m/h) et progressent irrégulièrement en formant des boucles et s'attardant aux endroits les plus enherbés.

Les feux d'humus sont moins rapides encore, très irréguliers et difficiles à observer.

Quant aux feux de cimes, ils progressent par à-coups passant d'un buisson au suivant en prenant l'allure d'un feu de feuilles.

Les steppes et divers

On a caractérisé les steppes, qu'elles soient boisées, suffrutescentes ou simplement herbeuses, par la strate herbacée de petite taille (moins de 80 cm), aux herbes filiformes par leurs limbes foliaires enroulés sur eux-mêmes et aux touffes distantes. Elles sont donc peu favorables à la progression du feu sauf par vent assez fort et en début de saison sèche lorsque les espèces annuelles sont encore sur pied.

Dans les steppes relativement boisées d'Acacia du Sahel et bien que la pratique en soit sévèrement punie, les pasteurs entaillent la base des branches pour les rabattre à la portée des chèvres et moutons. Un peu de sève continue à monter mais les branches ainsi traitées finissent par se dessécher. Le feu peut donc les embraser, encerclant et tuant le tronc qui, normalement aurait pu rejeter de souche.

D'un arbustre à l'autre, le feu progresse grâce aux brindilles sèches qui jonchent le sol.

Au sujet du Sahel, il y a peu encore verdoyant, Chleq et Dupriez (1986) attribuent la destruction de la forêt au défrichement agricole, au surpâturage et à l'incendie. Et d'ajouter que les feux sauvages sont absolument inutiles et toujours très destructeurs. Ils brûlent les graines des plantes annuelles, le pied et l'écorce des arbres qu'ils font mourir, détruisent la litière, favorisent la latéritisation, provoquent le colmatage des sols, le ruissellement et une moindre recharge des nappes. Par contre, bien conduits, les feux pastoraux occasionnent peu de dégâts.


Réaction des espèces végétales

Le comportement des espèces végétales vis-à-vis du feu dépend de leur sensibilité propre mais aussi de l'intensité de l'incendie.

Températures atteintes lors des incendies

Ces températures sont généralement mesurées à l'occasion de feux tardifs assez violents, au niveau du sol, à 2 cm au-dessous du niveau du sol et à plusieurs hauteurs au-dessus du niveau du sol. Ces températures dépendent bien sûr des conditions ambiantes ainsi que de la végétation soumise au feu. Le tableau I donne une idée des températures atteintes lors d'expériences menées par A. Pitot et H. Masson, au Sénégal et reprises par H. Masson au Mali, ainsi que des observations faites par Monnier en 1981 sur savane à Imperata cylindrica.

Des enregistrements magnétiques indiquent un maximum de chaleur dégagé de près de 600°C à la hauteur de 45 cm dans une savane à dominance de Loudetia et de 675°C environ, au même niveau et dans les mêmes circonstances, en savane à Hyparrhenia. A 5 cm au-dessus du sol, les températures n'ont pas dépassé la température ambiante de plus de 30 et 40°C seulement.

Toutefois, il ne faut apporter trop d'importance à ces chiffres. Lors d'essais anciens, nous avons utilisé des pâtes thermo-indicatrices servant généralement au contrôle de la cuisson des céramiques. Elles ont indiqué une température ne dépassant guère 300°C, tandis qu'au même endroit, une fine plaquette d'aluminium fondait et indiquait donc une valeur légèrement inférieure à 600°C.

La différence provient de la rapidité de réaction de l'indicateur et du fait que les pâtes furent étalées sur des morceaux de terre cuite qui s'échauffent lentement. Or dans le cas cité ci-dessus, l'appareillage utilisé a des réactions immédiates qui s'écartent fort de celles d'une branche d'arbre, protégée par une écorce. La température de 675°C atteinte au coeur de la masse d'Hyparrhenia n'était plus que de 520°C, 15 secondes avant et après l'instant le plus chaud, et environ 250°C, 30 secondes avant et après ce même moment. La brièveté du passage du feu fait que la chaleur dégagée influence peu le sol à faible profondeur. ainsi en est-il sans doute pour le cambium caché sous l'écorce épaisse des essences pvrophiles et des ébauches foliaires et florales protégées par les écailles des bourgeons. On pourrait en dire autant pour les bourgeons de remplacement enfouis profondément dans les souches cespiteuses des graminées.


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