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Introduction

Le riz pluvial est cultivé sans irrigation sur des parcelles plates ou en pente, entourées ou non de diguettes, ayant un bon drainage naturel et ne présentant pas d'accumulation d'eau superficielle. Il y a 148,3 millions d'hectares de riz dans le monde (tableau 1), dont environ 19,1 millions d'hectares (13 pour cent) de riz pluvial répartis sur trois continents: Asie (10,7 millions d'hectares), Amérique latine (3,7 millions d'hectares) et Afrique (2,3 millions d'hectares). Plus de 50 pour cent du riz pluvial asiatique est cultivé en Asie du Sud, où il représente environ 13,4 pour cent des superficies totales consacrées au riz. La riziculture pluviale est prépondérante en Amérique latine et en Afrique de l'Ouest, où elle représente, respectivement, 75 et 50 pour cent des superficies cultivées en riz. Les rendements moyens sont en général faibles, se situant entre 0,5 et 2 tonnes/ha en Asie, 0,5 et 1,5 tonnes/ha en Afrique, et 1 et 3 tonnes/ha en Amérique latine.

TABLEAU 1

Superficie cultivée en riz, production et rendement dans différents pays

Région/pays

Superficie cultivée en riz (1 000 ha)

Rendement (t/ha)

Production (1 000 ha)

Pourcentage consacré au riz pluvial

Asie

133 251

3,6

477 267

8

Afghanistan

173

1,9

335

0

Bangladesh

10 940

2,6

28 575

9

Bhoutan

2fl

1,6

43

-

Cambodge

1 A00

1,3

2 400

25

Chlne

33 100

5,6

187 450

2

Inde

42 200

2,6

110 945

15

Indonésie

10 187

4,3

44 321

14

Iran, République islamique d'

585

3,6

2 100

0

Iraq

83

1,5

125

0

Japon

2 049

5,8

12 005

2

Corée, Rép. pop. dém. de

680

7,5

5 100

13

Corée, République de

1 209

6,2

7 478

 

Laos

640

2,2

1 400

49

Malaisie

635

2,4

1 550

12

Myanmar

4 830

2,7

13 201

15

Népal

1 432

2,5

3 600

3

Pakistan

2 060

2,4

4 901

0

Philippines

3 423

2,8

9 670

12

Sri Lanka

860

2,8

2 397

7

Thaïlande

10 000

2,0

20 040

3

Turquie

44

4,5

200

0

Viet Nam

6 295

3,1

19 428

7

Afrique

6 607

1,9

13 066

35

Angola

18

1,0

18

-

Bénin

7

1,2

8

54

Burkina Fasoc

15

3,4

50

13

Burundi

13

2,9

39

-

Cameroun

18

5,0

90

-

Tchad

48

1,7

86

-

Côte d'Ivoire

572

1,2

690

93

Egypte

433

7,3

3 152

0

Gambie

14

1,4

21

15

Ghana

95

1,6

151

97

Guinée

650

0,9

628

58

Guinée-Bissau

60

1,9

118

40

Kenya

16

3,7

60

-

Libéria

140

0,8

110

89

Madagascar

1 100

2,0

2 200

19

Mali

250

1,8

445

5

Mauritanie

14

3,6

52

0

Mozambique

107

0,5

56

-

Niger

30

2,3

71

0

Nigéria

1 642

1,9

3 185

22

Sénégal

68

2,3

160

50

Sierra Leone

357

1,1

386

65

Tanzanie, République-Unie de

369

1,8

664

26

Togo

25

1,3

34

72

Ouganda

46

1,4

64

-

Zaïre

411

0,9

365

90

Amérique latine

6 266

2,7

17 231

59

Costa Rica

52

3,7

193

-

Cuba

143

3,0

430

0

République dominicaine

75

4,0

303

2

El Salvador

16

3,7

61

-

Guatemala

15

2,8

42

-

Haïti

50

2,4

120

-

Honduras

21

2,6

56

-

Mexique

88

4,0

354

5,9

Nicaragua

57

2,4

140

-

Panama

85

2,1

180

-

Argentine

86

4,0

347

0

Bolivie

117

2,2

257

-

Brésil

4 143

2,3

9 503

76

Chili

30

3,9

117

-

Colombie

435

4,0

1 739

35

Equateur

252

3,3

841

10

Guyana

76

3,3

250

5

Paraguay

38

2,6

99

-

Pérou

158

5,1

814

16

Suriname

55

3,4

190

0

Uruguay

120

4,5

540

0

Venezuela

142

4,3

608

10

Etats-Unis

1 113

6,3

7 006

0

Reste du monde

1 129

4,7

5 299

-

MONDE

148 366

3,5

519 869

13

ENVIRONNEMENT CLIMATIQUE

Le riz (Oryza sativa) est une culture semi-aquatique. Le climat, notamment la pluviosité, est un facteur déterminant de sa productivité. La pluviométrie, soit le volume et la répartition des pluies, détermine la période de culture du riz pluvial. Le riz résistant mal au stress hydrique, la distribution des pluies importe plus que la quantité saisonnière totale. La riziculture pluviale est soumise à trois grands régimes tropicaux de précipitations: une répartition généralement régulière pendant toute l'année, un cycle avec un seul pic annuel (unimodal) et un cycle avec un double pic annuel (bimodal).

L'intensité des pics du cycle bimodal est variable alors que le degré de sécheresse entre les pics détermine le choix du système de culture. Les variétés de riz pluvial sont souvent choisies pour leur cycle de croissance ou leur sensibilité à la photopériode afin que les stades critiques de croissance concordent avec une répartition bimodale. La variabilité des pluies pendant la période de culture est extrêmement importante pour la productivité du riz pluvial, et la technologie agronomique destinée à ces zones est élaborée en conséquence. La pluviosité et le rapport sol-eau régissent l'implantation, les stades critiques de la croissance et la récolte du riz pluvial qui a besoin d'environ 92 mm de précipitations mensuelles.

Outre la pluviosité, les radiations solaires et la température ont une forte influence sur la croissance et le rendement du riz pluvial. La température de l'air est un facteur très important dans les zones où, en raison de la latitude ou de l'altitude, ou des deux à la fois, les températures nocturnes peuvent descendre au-dessous des limites acceptables. Des températures basses, par exemple de 14 à 18 °C, pendant l'initiation florale, la méiose et le développement du pollen ont des effets négatifs sur la culture.

RELIEF ET SOLS

Le riz pluvial est cultivé sur des terrains dont la topographie peut être plane, légèrement onduleuse ou onduleuse, et même sur des pentes de plus de 30 pour cent. En Asie du Sud et du Sud-Est, 38 pour cent du riz pluvial (environ 4 millions d'hectares) est cultivé sur des terres planes à légèrement onduleuses (de 0 à 8 pour cent). En Asie du Sud-Est, la plus grande part du riz pluvial est cultivée sur des terres vallonnées et montagneuses dont la pente varie de 0 à plus de 30 pour cent. Deux millions d'hectares sont cultivés sur des pentes de plus de 30 pour cent.

En Afrique de l'Ouest, où la topographie vallonnée a des pentes qui peuvent atteindre 15 pour cent, le riz pluvial est cultivé sur les collines de la zone humide et les terres planes de la zone sujette à la sécheresse ou de la forêt dense humide.

L'essentiel du riz pluvial d'Amérique latine (Brésil) se trouve sur des terres planes ou légèrement onduleuses (pentes de 0 à 8 pour cent) et sa culture est mécanisée.

SOLS DE LA RIZICULTURE PLUVIALE

La majeure partie du riz pluvial est cultivée sur les sols suivants: alfisols, ultisols, oxisols et inceptisols.

Dans les alfisols, l'horizon B contient plus d'argile que l'horizon A et la saturation en cations est élevée. Le sous-ordre des ustalfs est très important pour le riz pluvial. Anciennement dénommés latérites, les ustalfs se rencontrent couramment dans les zones tropicales et subtropicales où les pluies sont saisonnières.

Ce sont les principaux sols de riz pluvial en Inde et dans la zone sèche du Sri Lanka. En Asie du Sud-Est, on les rencontre dans des zones peu étendues. En Afrique, on les trouve dans les zones de savanne et de forêt sèche où les précipitations annuelles se situent entre 600 et 1 500 mm. Sur les ustalfs bien drainés, la culture du riz pluvial est itinérante.

Dans les ultisols, il y a transport et accumulation d'argile dans le sous-sol. La saturation en cations du sous-sol est inférieure à celle des alfisols. Le pH du sous-sol est bas. Ils sont fréquents dans les zones à forte pluviométrie et occupent 31 pour cent (3 millions d'hectares) des zones de riz pluvial en Asie du Sud et du Sud-Est. Plus de 50 pour cent du riz pluvial de l'Asie tropicale est cultivé sur des alfisols et des ultisols. Les ultisols sont fréquents à Sumatra (Indonésie) et en Thaïlande. On les trouve également en Afrique et en Amérique tropicale. Dans les ultisols, le sous-ordre des udults est très courant pour le riz pluvial. Les udults se rencontrent le plus souvent sur des hautes terres onduleuses ou fortement pentues, avec une grande variété de roche-mère moyennement acide ou acide. La culture du riz pluvial sur udults est souvent itinérante. Les couches d'argile peu profondes du sous-sol et les pentes fortes rendent ces sols sujets à l'érosion.

Les oxisols sont des sols très altérés, en général de couleur rougeâtre et jaunâtre. Ils sont vieux et se sont formés sur des paysages stables. Les oxysols sont très acides avec une très faible capacité d'échange cationique (CEC) ainsi qu'une saturation en aluminium et une sorption de phosphate élevées. Ils ont généralement un profil profond avec une capacité de rétention hydrique modérément favorable et une faible sensibilité à l'érosion. Les oxisols sont profonds et bien drainés; ils n'offrent pas d'obstacles physiques au développement des racines. Leur structure granulaire permet le passage de tracteurs peu de temps après la pluie. En Amérique latine, 45,3 pour cent des sols sont des oxisols et 19,1 pour cent des ultisols. Au Brésil, la riziculture pluviale est surtout pratiquée sur des oxysols où elle est mécanisée.

Les inceptisols sont des sols jeunes avec un profil peu développé. Les andepts (andosols), sous-ordre des inceptisols, sont très importants pour le riz pluvial. Ils sont en général de couleur noire avec une fraction argileuse dominée par un matériau amorphe, une densité apparente inférieure à 0,85 pour cent g/cc et des couches arables contenant une matière organique abondante. Environ 1 pour cent du riz pluvial en Asie se trouve sur des andepts; il est cultivé sur des andepts d'origine volcanique en Indonésie et aux Philippines, ainsi qu'en Amérique centrale et andine. Les andepts sont très poreux et constituent un excellent milieu d'enracinement. Ils ont une teneur élevée en matière organique et en azote, une grande capacité de sorption du phosphate et une CEC fortement dépendante du pH. Gérés correctement, ils sont très productifs. Une structure appropriée du sol est indispensable pour la croissance et la productivité du riz pluvial.

Disponibilité de l'eau

Dans les zones de riziculture pluviale comme les sols de savanne de l'Afrique de l'Ouest, les sols de cerrado dans le centre du Brésil et les sols latéritiques de l'Asie du Sud, la disponibilité d'eau dans le sol est le facteur limitant le plus important pour les rendements. Même dans les zones humides, la sécheresse peut fortement réduire les rendements, notamment au stade reproductif. En général, les sols argileux ont une capacité de rétention hydrique plus grande que les sols sableux, où le risque de sécheresse est supérieur, excepté lorsque la distribution des précipitations est régulière pendant toute la campagne rizicole. La teneur en matière organique influe également sur la capacité de rétention hydrique. Certains sols volcaniques des Philippines et d'Indonésie ont un taux élevé de matière organique et une bonne capacité d'emmagasinement de l'eau. La matière organique stabilise les agrégats du sol, augmente la porosité et réduit la densité apparente, ce qui améliore le milieu d'enracinement du riz pluvial.

La qualité du milieu d'enracinement est importante car le riz pluvial est souvent intercalé avec du maïs, du manioc, des haricots et d'autres cultures qui ont besoin d'un bon développement racinaire pour utiliser l'humidité des couches inférieures du sol.

Réaction des sols

Le riz pluvial est cultivé sur des sols dont les pH sont très variables mais se situent en général entre 4,5 et 6,5, valeurs qui conviennent plus ou moins à la production du riz. Le pH des oxisols est généralement inférieur à celui des alfisols. Des éléments comme l'aluminium et le manganèse deviennent toxiques si le pH du sol est bas (pH 4).

CONTRAINTES DE PRODUCTION DU RIZ PLUVIAL

Contraintes relatives au sol

Les contraintes en matière de sol sont d'ordre à la fois chimique et physique. Leur nature et leur gravité diffèrent selon les sols.

Contraintes physiques. La rétention de l'humidité du sol est importante parce que le riz pluvial dépend avant tout de l'eau de pluie. La quantité et la variabilité des précipitations peuvent constituer des contraintes majeures pour la production du riz pluvial. Les sols grossiers ou moyens à grossiers ont une faible capacité au champ.

L'érosion est une contrainte majeure dans les ultisols et les alfisols lorsque la texture de la couche arable est grossière. Dans les topographies onduleuses, les fortes pluies accélèrent considérablement l'érosion qui est un problème particulièrement inquiétant là où la culture itinérante est pratiquée. Lorsque la couverture végétale qui protège le sol est défrichée, l'érosion enlève la couche arable ainsi que de nombreux éléments nutritifs, ce qui oblige les agriculteurs à défricher de nouvelles parcelles après une ou deux campagnes pour avoir une bonne récolte.

Contraintes chimiques. La plupart des sols de riziculture pluviale sont acides et peu riches en azote, en phosphore, en soufre et en fer. Les fortes pluies lessivent les bases et rendent les sols acides. La fixation du phosphore est associée à l'acidité du sol et réduit la faculté de la plante d'absorber les éléments nutritifs et de les utiliser efficacement. Dans les sols acides l'aluminium et le manganèse sont souvent toxiques. La toxicité due à l'aluminium peut être un sérieux inhibiteur de croissance lorsque le pH approche de 4.

Contraintes de pluviométrie

La quantité et la variabilité des pluies sont deux contraintes importantes pour la production du riz pluvial. Le riz de plateau asiatique a été classé en quatre principaux écosystèmes selon la durée de la saison des pluies et la fertilité inhérente des sols. La durée de la période de croissance est régie par le nombre de mois dans l'année pendant lesquels les précipitations dépassent de 20 pour cent l'évapotranspiration potentielle; les sites sont classés en fonction de périodes de croissance longues (cinq à 12 mois) ou courtes (un à quatre mois):

Dans les 15 pour cent de cas de période de croissance longue sur sols fertiles, les rendements sont élevés et la technologie moderne peut être utilisée. Les sols acides, fortement lessivés ou peu profonds sont des obstacles importants à l'adaptation et à la productivité du riz pluvial, même lorsque la période de croissance est longue, alors que dans les régions avec une période de croissance courte, une maturité précoce est essentielle pour que les variétés ne subissent pas le stress grave que provoquerait la sécheresse au stade reproductif au moment où la mousson s'atténue. En conséquence, les caractères permettant d'éviter la sécheresse et la capacité de récupération sont indispensables.

Contraintes biologiques

Ravageurs. Le riz pluvial souffre en général plus durement des attaques de ravageurs, qui comprennent insectes, maladies, nématodes, rongeurs, oiseaux et autres animaux.

Adventices. Les adventices sont des concurrents pour les éléments nutritifs, l'eau et la lumière. Pour le riz pluvial, la concurrence des adventices peut être si forte que, sans une lutte efficace en temps voulu, la récolte serait complètement anéantie. Les adventices diminuent les rendements et la qualité du produit ainsi que l'efficacité de la récolte, et ils intensifient les problèmes de maladies, d'insectes et d'autres ravageurs en leur servant d'hôtes. Les graminées, les carex et les adventices annuelles à grandes feuilles constituent la flore indésirable du riz pluvial.

La riziculture pluviale exige, pour être réussie, l'emploi de technologies et de pratiques culturales adaptées au sol et au climat de la région. Celles-ci comprennent: systèmes durables de culture; préparation du sol et manipulation des semences et des plantules effectuées correctement; application d'engrais; lutte par façons culturales et produits chimiques contre les adventices, les maladies et les ravageurs; gestion des stress; utilisation de variétés résistantes; et travaux de récolte et d'après-récolte exécutés convenablement.

Principales maladies du riz

Maladies fongiques

Pyriculariose du riz


Pourriture à sclérotes de la gaine

Helminthosporiose du riz

Udbatta Ephelis oryzae

Pourriture de la gaine

Faux charbon

Echaudage des feuilles

Glumes tachées

Bactérioses

Flétrissement bactérien du riz

Maladie des stries bactériennes

Viroses

Tungro du riz


Nanisme herbacé


«Hoja blanca» virose

Bigarrure jaune

Principaux insectes et autres ravageurs du riz

Phase végétative

Mouches des plantules

Chenilles légionnaires

Spodoptera litura


Tordeuses

Mineuses du riz

Foreurs de tiges (Diopsis sp.)

Cochenilles

Phase reproductive

Chenilles

Hespérides du riz

Delphacides Laodelphax Striatella

Punaises du riz

Issus du sol

Fourmis

Termites

Vers blancs


Coléoptères

Courtilières

Grillons des champs


Pucerons des racines

Autres ravageurs

Nématodes (issus du sol), rongeurs, oiseaux, autres animaux


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