2.1. Logique de la planification
Le schéma de planification de l'éducation nutritionnelle, développé sur un plan théorique par ailleurs (4), comporte quatre phases: la conception, la formulation, la mise en oeuvre et l'évaluation.
La conception des interventions
La première phase du processus de planification est surtout une phase d'analyse. Le problème qui va faire l'objet de l'intervention doit être analysé de façon à identifier les facteurs sur lesquels pourrait porter l'intervention.
Il s'agit en vérité d'une attitude commune à la plupart des promoteurs de projets dans les domaines de la nutrition et de l'éducation pour la santé.
Dans les pages qui suivent, nous nous référons à une méthode qui a fait ses preuves en matière de diagnostic nutritionnel : l'analyse causale (7). Elle consiste à construire un arbre des facteurs de l'état nutritionnel dans un contexte donné. Cet arbre est un modèle hypothétique sur lequel l'équipe chargée de la réalisation du projet va s'appuyer pour choisir les objectifs de l'intervention.
Dans l'arbre des causes d'un problème nutritionnel, il se trouve toujours des conduites humaines qui pourraient faire l'objet de l'intervention. Si tel est le cas, l'intervention pourra être considérée comme éducative. Il conviendra donc d'étudier avec soin les facteurs qui influencent ces conduites, ces pratiques, ces habitudes que l'on souhaite modifier. C'est l'étape identifiée par GREEN et al. (18) comme le diagnostic éducatif. Elle aboutit à une vision claire des facteurs sur lesquels il faudra agir pour espérer modifier les conduites en cause.
Enfin, au terme de cette phase de conception de la stratégie d'éducation nutritionnelle, il faudra avoir identifié les canaux de communication, les relais, les personnes influentes, les réseaux au travers desquels les messages de l'éducation nutritionnelle pourront être diffusés.
La formulation
Formuler une stratégie, c'est d'abord définir des objectifs clairs : objectif général, objectifs spécifiques, objectifs opérationnels. C'est un passage obligé.
Ces objectifs doivent être définis par rapport aux diverses catégories de publics-cibles, voire même par rapport aux différents segments de chaque public-cible.
Vient ensuite l'élaboration des messages et des supports, facilitée par une vision claire de l'enchaînement des facteurs qui expliquent les conduites à modifier, une vision qui s'est construite pendant la phase de conception. Les messages comme leurs supports devront être prétestés à l'aide de méthodes qui font appel à la participation de la population.
Les supports ne peuvent être élaborés qu'à partir du moment où les médias ont été choisis. Ce choix est une autre étape cruciale du processus de planification : il s'appuie sur l'étude des canaux réalisée pendant la phase de conception et il vise à assurer la meilleure synergie entre les intervenants.
Au cours de ce travail s'élabore patiemment un plan multimédia, qui va intégrer chaque activité de communication dans une démarche d'ensemble cohérente.
La mise en oeuvre
Les supports dont l'élaboration a été assurée durant la phase de formulation sont maintenant produits sur une large échelle. La difficulté consiste à assurer cette production selon le meilleur rapport qualité/prix. Quelle que soit l'étendue du projet, il est toujours nécessaire de recourir à des supports de communication, qui viendront renforcer la parole, support naturel de la communication interpersonnelle.
La mise en oeuvre d'une intervention de communication se poursuit par une étape de formation des intervenants. Il s'agit en fait d'un perfectionnement ou d'un recyclage, qui doit conduire les acteurs des activités de communication à les mener à bien dans leurs secteurs respectifs. Qu'ils soient agents de santé, enseignants, vulgarisateurs agricoles, acteurs de la communication à divers titres, ces intervenants doivent connaître les messages et la façon de les transmettre. Ils doivent être informés de leur rôle dans la stratégie d'ensemble.
La communication avec la population peut alors commencer, selon des modalités fixées lors des étapes précédentes.
L'évaluation
L'évaluation doit être considérée comme une activité de soutien, comme un instrument de régulation des activités de communication.
A cette fin, elle sera participative, c'est-à-dire qu'elle associera les principaux partenaires de l'intervention: les promoteurs de l'intervention (réunis dans un comité de planification), les communicateurs, les bailleurs de fonds et la population elle-même (via ses représentants)..
Cette évaluation devra répondre à deux questions fondamentales :
2.2. Schéma général de planification
2.3. Comment gérer le processus de planification ?
La première activité consiste à mettre en place un comité de planification qui réunisse des représentants de toutes les parties prenantes.
Quelles seront les attributions de ce comité de planification ?
Assurer le suivi de toutes les opérations depuis la conception jusqu'à l'évaluation de l'intervention.
Veiller au respect des étapes de la planification.
Recruter les techniciens pour la réalisation des opérations.
Assurer une bonne intégration de cette intervention de communication dans les programmes de développement du pays, de la région ou de la localité concernée.
Qui devrait faire partie de ce comité de planification ?
La réponse diffère dans la forme, mais pas dans le fond, selon que l'intervention se déroule au niveau national, au niveau régional, ou au niveau local.
Au niveau national, on peut imaginer un comité composé d'un représentant du Ministère du Plan, de techniciens représentant les Ministères déjà actifs dans le domaine de l'éducation nutritionnelle, les grandes ONG travaillant dans le pays, certaines sociétés privées (p.ex.des sociétés assurant la production et/ou la commercialisation de produits alimentaires) et les bailleurs de fonds, ainsi que des représentants légitimes de la population. La désignation des techniciens doit aboutir à une composition multidisciplinaire du comité : il doit inclure au moins un nutritionniste et un spécialiste de la communication. Il est nécessaire qu'un participant au moins ait été formé à la communication sociale en nutrition : il sera la principale personne ressource durant tout le processus de planification. (Ce dernier participant peut aussi être un expert venu de l'extérieur.)
A l'opposé, au niveau local, la représentation intersectorielle et interdisciplinaire pourra être assurée par la présence de l'instituteur, de l'agent de santé, du vulgarisateur agricole, de l'animatrice du groupement féminin local, d'un animateur d'ONG, etc. Là aussi, la présence de représentants légitimes de la population garantira une modalité de la participation de celle-ci aux décisions la concernant. Là aussi, un participant au moins doit avoir été formé à la communication sociale en nutrition.
Le niveau régional est un niveau intermédiaire : on voit qu'il est possible de constituer un comité de planification sur le même modèle que ceux que nous venons de présenter.
Une intervention peut se dérouler à plusieurs niveaux en même temps. Il serait alors opportun de faire fonctionner des comités de planification à ces différents niveaux, tout en assurant une coordination entre eux.