Cette étude a pour objet de donner un aperçu du rôle que joue la communication dans le développement rural. Elle est surtout destinée à fournir une orientation et des directives à ceux qui ont la responsabilité d'identifier et d'élaborer des projets et des programmes de développement agricole et rural.
L'étude porte sur les aspects conceptuels de la communication pour le développement, sur les problèmes qui peuvent être résolus par un programme de communication bien conçu et bien exécuté. Elle contient aussi une liste de rappel pour ceux qui doivent formuler des projets de développement rural. On trouvera dans les annexes des renseignements plus techniques concernant la planification de la communication et les différents médias habituellement utilisés pour le développement rural.
L'utilisation de la communication pour le développement pose en prémisse que le succès du développement rural suppose la participation active et consciente de ceux qui doivent en bénéficier, et cela à tous les stades du processus de développement; en dernière analyse, le développement rural ne peut pas se réaliser sans un changement de mentalité et de comportement de la population concernée.
Il s'agit donc d'utiliser de façon systématique et organisée la communication au moyen de relations interpersonnelles, d'auxiliaires audio-visuels et de mass-médias:
La communication pour le développement peut contribuer à ce que la conception et le plan d'action d'un projet de développement tiennent vraiment compte des mentalités, des besoins perçus et des capacités de la population à laquelle ce projet est destiné. Nombreux sont les projets qui ont échoué dans le passé à cause d'erreurs d'analyse sur la volonté et la capacité que peut avoir une population rurale d'absorber une nouvelle technologie et des infrastructures de développement et de les intégrer dans sa façon de vivre et de travailler. Les projets d'irrigation et de colonisation abandonnés, l'équipement en panne, l'acceptation très lente des nouvelles variétés végétales montrent combien il est difficile de modifier les mentalités et les comportements.
La communication pour le développement, en complétant l'analyse de situation qui est habituellement effectuée pour l'élaboration d'un projet, contribue à identifier les attitudes, les besoins ressentis, les capacités et les obstacles à l'acceptation d'un changement. Par le dialogue et la consultation, les bénéficiaires sont tout naturellement amenés à participer au développement.
Exemple d'utilisation de la communication pour la planification participative dans le cadre d'un projetDans les années 60, un grand projet intitulé «Plan La Chontalpa» a été lancé dans l'Etat de Tabasco au Mexique: il s'agissait de mettre en valeur des marécages tropicaux à l'aide de réseaux de drainage, de routes, de ponts et autres infrastructures, ainsi que par l'établissement de nouveaux villages. Or, ce plan a échoué à cause de la mauvaise volonté que montrèrent les communautés locales à suivre les plans établis à leur intention par les autorités. Ainsi, des sommes énormes ont été investies dans des infrastructures qui n'ont été ni utilisées ni entretenues correctement. Aujourd'hui, le Programme gouvernemental de développement rural intégré pour les marécages tropicaux (PRODERITH) - qui reçoit le soutien de la Banque mondiale et de la FAO en ce qui concerne la communication pour le développement - a créé un système d'information rurale afin d'essayer d'éviter les erreurs du Plan La Chontalpa qui avait, en fait, construit des cathédrales dans le désert. Ce système aide le PRODERITH à instaurer un consensus avec les communautés locales sur les actions de développement à engager. Dans la pratique, avant d'entreprendre des activités de développement dans une communauté, le PRODERITH charge son équipe de communication d'assurer les premiers contacts. Un film vidéo sur le PRODERITH et son travail est présenté à la communauté; c'est seulement par la suite qu'on lui demande si elle désire coopérer avec le Programme. Si la réponse est affirmative - elle ne l'est pas toujours -, on invite la population à désigner 10 à 12 personnes pour la représenter aux réunions de planification qui ont lieu pendant les semaines suivantes. Ces réunions utilisent abondamment les films vidéo et les enregistrements pour déclencher et stimuler un débat interne sur le passé de la communauté, sa situation actuelle, les problèmes auxquels elle doit faire face et les initiatives de développement susceptibles d'être soutenues par le PRODERITH. On aboutit ainsi à un plan de développement local (qui fait aussi l'objet d'un film vidéo) transmis à la direction du PRODERITH. Par la suite, les interventions du PRODERITH sont fondées sur ce plan de développement local, établi en collaboration avec la communauté et résultant d'un processus de communication largement facilité par l'usage des films vidéo. La Banque mondiale considère que le PRODERITH est un des projets les plus réussis qu'elle ait soutenus. Elle a publiquement déclaré que ce succès est largement dû au système de communication rurale. |
Si un projet de développement rural a été établi avec le concours des bénéficiaires, leur participation et leur mobilisation sont presque toujours assurées. Pourtant, dans tous les cas, une aide apportée à la communication pendant toute la durée du projet contribue à informer les gens, à les mobiliser et à inciter les plus conservateurs à agir. Cela est surtout vrai quand la communication (par exemple sous la forme de programmes audio-visuels) est utilisée pour faire connaître les succès obtenus par certaines communautés ou certains individus dans le domaine du développement; ces informations sont bien évidemment destinées aux communautés et aux individus non encore mobilisés.
Par ailleurs, même le meilleur des projets, établi en collaboration avec les bénéficiaires, doit évoluer: en cours de route, il devient inévitablement nécessaire d'affiner les activités et d'introduire des modifications. Un bon système de communication permet de maintenir le dialogue entre tous ceux qui sont intéressés par un projet de développement, réglant ainsi les problèmes à mesure qu'ils surgissent. Un flux continu d'informations peut aussi aider à assurer une bonne coordination et une bonne orchestration des apports et des services.
La communication pour le développement diffuse des informations sur les actions réussies afin de stimuler les autres, maintient le dialogue entre tous ceux qui sont concernés par un projet et facilite sa mise en œuvre.
Quelques exemples de projets ayant utilisé la communication pour la mobilisation et le dialogue pendant leur exécution
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Ces dernières années, la formation à la base est devenue une priorité essentielle. En même temps, la technologie de la communication s'est améliorée; elle est devenue moins coûteuse et son utilisation en milieu rural est de plus en plus facile. Les moyens audio-visuels permettent:
Si la communication pour le développement est appliquée à la vulgarisation et à la formation en milieu rural, l'efficacité et l'impact de ces dernières augmentent. Les meilleures informations techniques disponibles sont fournies de manière uniforme.
Quelques exemples d'utilisation réussie de la technologie de communication pour la formation en milieu rural
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Une campagne regroupe toutes les fonctions de communication décrites ci-dessus sur une période d'action intensive assez courte, ne dépassant pas quelques mois. Elle vise à promouvoir des objectifs bien définis, par exemple l'adoption de techniques améliorées pour une culture donnée ou la lutte contre un ravageur.
La campagne ne peut réussir que si la technologie proposée est bien adaptée aux besoins socio-économiques de la population et si les intrants et les services agricoles requis sont disponibles.
La campagne doit reposer sur une analyse attentive faite en collaboration avec la population rurale afin de déterminer les connaissances, les mentalités et les pratiques de cette dernière par rapport aux innovations proposées et de savoir quels canaux d'information elle utilise et trouve crédibles, quels autres groupes sont susceptibles de l'influencer, etc.
La campagne elle-même a recours à toute une gamme de voies d'information pour apporter à son public les mêmes messages de base sous des formes légèrement différentes. Les agents de terrain, qui ont reçu une formation spéciale et sont motivés, jouent un rôle essentiel dans les relations interpersonnelles et ils sont soutenus par l'utilisation bien orchestrée des médias de groupe et de masse. L'impact des activités est constamment évalué et les erreurs sont corrigées de façon à affiner le contenu et la forme des messages.
Les campagnes de ce type, qui reposent largement sur les techniques de marketing, ont été fort utiles pour fournir à la population les informations de base dont elle a besoin pour changer son attitude et son comportement.
Un élément de communication est habituellement bénéfique à toute initiative de développement dont la réussite dépend des changements d'attitude et de comportement de la population rurale et qui utilise des connaissances et des techniques nouvelles. Il en est de même pour les projets de nature multidisciplinaire, c'est-à-dire qui font intervenir un certain nombre de ministères et de services spécialisés, et qui sont donc difficiles à gérer. La communication peut dans ce cas assurer les liaisons qui rendent possible une direction coordonnée.
Pas nécessairement. Il existe également des projets autonomes de communication pour le développement. Par exemple, une assistance peut être fournie pour mettre en place des institutions: création ou renforcement d'une unité de communication pour le développement rural, ou bien aide à la radiodiffusion en milieu rural. Souvent, ces institutions peuvent fournir dans un pays un appui en communication à bon nombre de projets de développement agricole et rural.
Une stratégie bien définie, une planification systématique et une direction rigoureuse sont nécessaires pour que les apports en communication pour le développement donnent de bons résultats. L'expérience n'a que trop clairement montré que l'introduction d'apports ad hoc - par exemple la mise à disposition d'équipements audio-visuels ou la production isolée de matériel imprimé ou audio-visuel - a rarement un impact mesurable.
Il est également manifeste que les activités de communication doivent atteindre une certaine masse critique - de ressources, d'intensité, de durée - pour réaliser tout leur potentiel de mobilisation en faveur du développement et se poursuivre de façon autonome. Cela explique les maigres résultats obtenus lorsque, dans un projet, on inclut de l'équipement et une expertise en communication à titre purement symbolique.
Le plan de communication doit toujours être adapté aux conditions particulières à affronter. Les variables humaines, culturelles et physiques sont telles qu'un plan de communication qui a bien fonctionné, par exemple pour le développement de l'irrigation d'une zone aride dans un pays donné, ne peut jamais être transféré tel quel dans un autre pays. Même si les principes ne changent pas, les situations particulières appellent des différences.
La planification de la communication, domaine hautement spécialisé, requiert du personnel qui, tout en connaissant les processus et les techniques, comprenne bien les objectifs du développement et soit familiarisé avec la situation des pays en développement.
Souvent, les planificateurs en communication pour le développement peuvent être mis à disposition par les organismes internationaux de développement, qui font appel soit à leurs propres agents soit à des consultants.
Ces planificateurs peuvent aussi être recrutés sur place, dans le pays en développement. Le nombre d'universités et d'instituts qui s'intéressent à la question augmente sans cesse et on peut également y recruter des experts. Enfin, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) des pays en développement disposent d'experts en communication auxquels on peut faire appel.
Si vous êtes chargé d'élaborer un projet de développement agricole et rural, vous jugerez peut-être bon de poser les questions ci-dessous au cours de votre travail, afin de vérifier s'il est nécessaire de prévoir des apports en communication et de savoir comment ils peuvent être mis en œuvre, le cas échéant.
Si les réponses à ces cinq premières questions montrent que des apports en communication sont nécessaires, il faudra poser d'autres questions pour savoir comment planifier ces apports et les mettre en œuvre.
(Il est souhaitable d'avoir un équipement compatible avec celui qui est disponible dans le pays, surtout pour l'entretien et les réparations.)
(En règle générale, un agent du siège ou un consultant a besoin de trois semaines environ pour planifier l'élément communication. Toujours en règle générale, il faut prévoir provisoirement 10 pour cent du budget du projet pour la communication tant que les apports en communication n'auront pas été formulés en détail, car l'expérience a montré qu'un élément de communication bien organisé absorbe de 8 à 15 pour cent du budget total d'un projet.)