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V. Accès aux facteurs de production, aux marchés et aux services


L'utilisation des semences améliorées, des engrais, des pesticides et autres inputs technologiques est restreinte dans toutes les régions en développement et est souvent l'apanage d'une minorité. Des politiques et des stratégies sont nécessaires pour mettre au point et promouvoir des technologies qui fassent davantage appel à des inputs plus productifs et assurent une meilleure utilisation de la main-d'œuvre, ainsi que pour améliorer la distribution des inputs et des services aux petits exploitants et aux coopératives de paysans et assurer des marchés stables et -des prix équitables, les infrastructures essentielles, des équipements publics adéquats et des services sociaux et économiques améliorés dans les zones rurales.

Pour atteindre ces objectifs de productivité et d'équité accrues, les gouvernements devraient envisager les mesures suivantes:

A. INPUTS ET SERVICES

i) Adopter et aménager les politiques de prix, les taux d'intérêt et autres politiques connexes en vue d'encourager une utilisation accrue et plus efficace, notamment par les petits agriculteurs et par leurs groupements, des moyens de production agricole achetés.

ii) Créer et renforcer les dispositifs locaux et régionaux de livraison des facteurs de production et des services sociaux et économiques, en y associant directement et de plus en plus les groupements organisés de petits exploitants et autres groupements de ruraux pauvres de manière à garantir à ces derniers un accès équitable aux approvisionnements et de justes prix.

iii) Assurer en temps voulu et de façon coordonnée la gamme complète des services: crédits, facteurs de production, vulgarisation, formation agro-technique, commercialisation, ainsi que l'intégration effective du dispositif de livraison à l'échelon local

iv) Expérimenter diverses méthodes de fourniture de services de vulgarisation en vue de mettre en place les systèmes les mieux adaptés à chaque pays ou à chaque région d'un pays; d'une manière générale réorienter la vulgarisation en fonction des besoins des petits exploitants et des coopératives, et pour ces programme utiliser les médias, y compris les auxiliaires audio-visuels.

v) Concevoir des programmes et des institutions pour accroître l'apport des facteurs de production aux agriculteurs de subsistance et aux autres petits exploitants et coopératives, à des prix préférentiels, s'il y a lieu, par l'intermédiaire de réseaux de commercialisation modifiés et de dispositifs non commerciaux

vi) Faciliter l'accès des populations rurales aux services sociaux appropriés, en particulier à ceux qui touchent à la santé et à la nutrition, et concevoir des programmes spéciaux pour mettre de tels services à la portée des groupes vulnérables.

B. CRÉDIT ET MARCHÉS

i) Créer et renforcer des villes de marché, des installations communes et des centres de services ruraux pour faciliter un plus large accès aux facteurs de production et aux services, permettre des économies d'échelle et comprimer le plus possible les coûts des réseaux de livraison.

ii) Améliorer la commercialisation, l'entreposage et le transport des produits agricoles, en particulier ceux des petits exploitants, en utilisant les marchés locaux non officiels, les coopératives d'exploitants et des organismes semi-autonomes.

iii) Concevoir des programmes de crédit institutionnel qui accroissent le volume de crédits mis à la disposition des paysans producteurs par l'intermédiaire d'établissements publics et privés de prêt et qui réorientent leurs pratiques afin de fournir aux petits exploitants les prêts au logement, à la consommation et à la production nécessaires ainsi que les sommes dont ils ont besoin pour rembourser leurs créanciers traditionnels.

iv) Constituer des fonds de subvention pour compenser l'augmentation des frais et des risques de crédit et le coût plus élevé de la livraison aux petits exploitants des facteurs de production et autres services.

v) Constituer des fonds de garantie pour indemniser les établissements de crédit des pertes occasionnées par le non -remboursement des prêts qu'elles ont consentis aux petits exploitants et aux producteurs à bas revenu.

vi) Prendre des mesures pour garantir aux producteurs des profits équitables, et atténuer les variations saisonnières et fluctuations excessives d'une année sur l'autre des prix des produits et facteurs de production agricoles.

vii) Elaborer, dans la mesure du possible, des plans d'assurance, de financement compensatoire et de soutien des prix visant à réduire au minimum le préjudice que risquent de causer aux petits exploitants les pertes de récoltes et les fluctuations des prix des produits.

viii) Etendre et améliorer l'infrastructure rurale nécessaire à la livraison des inputs et à la commercialisation de la production (moyens de transport et énergie, marchés, centres de services ruraux, etc.) grâce à une augmentation des crédits publics et à la mobilisation de ressources locales.

ix) Concevoir et adopter des politiques de prix qui, dans le contexte des possibilités de commerce extérieur d'un pays, assurent une répartition appropriée des ressources entre les cultures destinées à la consommation intérieure et les cultures d'exportation et permettent de satisfaire les besoins alimentaires et nutritionnels nationaux.

C. RECHERCHE

i) Porter la part des crédits affectés aux recherches sur les problèmes ruraux à un niveau correspondant à l'importance du secteur rural dans l'économie nationale et définir des objectifs précis pour l'utilisation de ces crédits.

ii) Revoir les priorités de recherche, de vulgarisation et déformation en fonction du développement rural et de l'atténuation de la misère et les réorienter en vue d'adapter et d'améliorer les techniques utilisables par les petits producteurs et les coopératives et adaptées aux conditions géographiques.

iii) Intensifier les recherches sur les problèmes spéciaux de 1 agriculture pluviale, de l'agriculture de subsistance et de l'agriculture nomade, ainsi que des pertes survenant pendant et après la récolte, et de l'emmagasinage.

iv) Coordonner et intégrer la recherche agronomique et technologique avec la recherche dans le domaine des sciences sociales connexes sur une base interdisciplinaire, compte tenu en particulier des incidences socio-économiques de l'évolution technologique.

v) Encourager la recherche et les innovations technologiques en vue d'exploiter les ressources naturelles avec un minimum de risques et de déséquilibres écologiques.

vi) Appuyer la recherche sur les techniques de construction à bon marché des bâtiments de ferme, habitations et autres aménagements et correspondant aux besoins des masses rurales pauvres.



VI. Expansion des activités rurales non agricoles


Une expansion de la production agricole et une répartition plus équitable des revenus créeront un marché de masse et une demande solvable de biens industriels et de services. Pour être viable, le développement rural nécessitera à son tour l'industrialisation. Nombre d'industries peuvent être implantées dans des régions rurales. Le développement rural intégré exige la croissance rapide des activités économiques et des possibilités d'emplois non agricoles en particulier grâce à la création d'industries rurales et à une amélioration des équipements nécessaires à la fourniture d'énergie, aux transports et aux communications, au logement, aux systèmes d'adduction d'eau, aux installations de commercialisation et d'entreposage, compte dûment tenu des techniques à employer et de l'ampleur à donner à ces mesures pour que les ruraux pauvres en soient les bénéficiaires. Ces mesures devraient réduire l'exode rural et ralentir la prolifération des taudis dans les villes.

Dans les stratégies de développement des activités non agricoles en zone rurale, les gouvernements devraient envisager les mesures suivantes:

A. INDUSTRIALISATION RURALE

i) Aménager les systèmes de stimulants fiscaux offerts en particulier à la petite et moyenne industrie et organiser l'implantation de services publics en vue de favoriser la décentralisation des activités industrielles dans les zones rurales.

ii) Affecter aux régions rurales une part plus grande des services et autres équipements publics, en particulier dans les domaines des services de santé et d'éducation, de l'eau, de l'énergie, des routes, des transports et des communications.

iii) Encourager les ruraux à créer des industries, y compris des industries familiales, en mettant sur pied des coopératives ou d'autres institutions et organisations appropriées.

iv) Créer et renforcer les installations, centres de services et institutions chargées au niveau local de fournir des moyens de production, de crédit, une formation professionnelle et des services d'information et de commercialisation.

B. PROGRAMMES DE TRAVAUX RURAUX ET AUTRES ACTIVITÉS NON AGRICOLES

i) Organiser des programmes de travaux ruraux bien intégrés dans les plans de développement rural, en particulier pendant la morte-saison par l'intermédiaire d'administrations locales et avec la participation de la population.

ii) Utiliser l'aide alimentaire, entre autres, pour appuyer des programmes communautaires de travaux ruraux dont les paysans sans terre et les petits exploitants seront les bénéficiaires, en veillant à ne pas porter préjudice à la production alimentaire locale.

iii) Développer l'agro-industrie en encourageant la production locale d'inputs et le traitement surplace des matières premières du secteur agricole, ce qui renforcera les liaisons agro-industrielles profitables à la population rurale.

iv) Promouvoir des activités forestières auxquelles participeront les populations locales et soutenir la foresterie de village pour protéger l'environnement et couvrir les besoins locaux en bois de feu, produits dérivés du bois et aliments pour le bétail.

v) Développer et améliorer l'aménagement des pêcheries et de l'aquaculture, en mettant l'accent sur les besoins des petits producteurs, et en prévoyant notamment l'exploitation de nouvelles ressources, la mise au point de produits halieutiques, la diminution du gaspillage et la protection contre la pollution.



VII. Education, formation et vulgarisation


Des services d'éducation, y compris l'éducation préscolaire et primaire, de formation et de vulgarisation sont des instruments indispensables tant au développement humain qu'à l'expansion et à la modernisation des économies rurales. Apprendre à lire, à écrire et à compter à tous les enfants, notamment aux jeunes ruraux, et leur assurer un enseignement gratuit, est un impératif hautement prioritaire. Il n'est pas moins vital de créer et de renforcer des systèmes de formation et de vulgarisation pour les hommes et pour les femmes en vue d'améliorer les qualifications, la productivité et, partant, les revenus. Il est nécessaire aussi d'établir des liaisons effectives entre la vulgarisation et la recherche appliquée. Devant l'urgence cruciale de ces besoins et l'ampleur de la tâche en regard des ressources des pays en développement, il convient de prêter une grande attention aux méthodes peu onéreuses d'éducation et de formation accélérées.

En formulant les politiques et les programmes, les gouvernements devraient envisager les mesures suivantes:

A. POLITIQUES ET PRIORITÉS EN MATIÈRE D'ÉDUCATION ET DE FORMATION

i) Accorder une priorité élevée à la réalisation et au maintien de l'enseignement primaire pour tous et à l'alphabétisation universelle et fonctionnellement rattachée aux autres aspects du développement et, d'ici l'an 2000, atteindre cet objectif ou un niveau qui en soit proche et le maintenir. Fournir un appoint aux programmes d'éducation sous la forme de programmes de santé et de nutrition, notamment en faveur des enfants d'âge scolaire, pour faciliter la réalisation de cet objectif.

ii) Tout en continuant de donner la priorité à l'alphabétisation et sans préjudice de l'égalité des chances qu'il faut assurer par l'éducation, axer les programmes des écoles primaires et secondaires sur la vie et les travaux quotidiens dans les zones rurales sans négliger le caractère saisonnier de la demande de main-d'œuvre et les caractéristiques des processus de production agricole. A cette fin, il conviendrait de doter les écoles rurales de terres agricoles et d'autres ressources, et aussi de réorganiser les programmes d'enseignement afin de les adapter aux situations particulières des zones rurales.

iii) Renforcer les programmes d'éducation extra-scolaire, en accordant une importance particulière aux cours d'alphabétisation fonctionnelle, d'hygiène, d'économie ménagère, de nutrition, de planification familiale, de droit agraire, de services juridiques et de gestion des coopératives et des exploitations, en visant tout particulièrement à améliorer les compétences et les pratiques des exploitants actuels.

iv) Renforcer l'enseignement extra-scolaire en vue de développer les aptitudes nécessaires, entre autres, pour les industries rurales, la construction et l'entretien du matériel.

v) Promouvoir l'éducation à la base et la formation en matière d'utilisation des matériaux locaux afin défavoriser l'emploi et de renforcer l'autonomie des collectivités.

vi) Encourager la coordination de l'enseignement intra- et extra-scolaire et favoriser l'intégration des deux systèmes.

B. ATTITUDE DU PERSONNEL DES SERVICES DE DÉVELOPPEMENT

i) Créer et renforcer des programmes d'éducation permanente à l'intention des hommes et des femmes dans des conditions d'égalité, notamment des programmes de recyclage et de reconversion destinés aux fonctionnaires, aux responsables des politiques et aux administrateurs, aux techniciens et aux éducateurs, dans le but, en particulier, de leur faire mieux comprendre la situation et les problèmes des zones rurales et d'améliorer leur aptitude à répondre aux besoins des ruraux pauvres.

ii) Développer l'enseignement et la formation en matière de vulgarisation, dans les domaines de l'agriculture, de la foresterie et des pêches, notamment au niveau intermédiaire, en mettant l'accent sur la solution des problèmes et l'adaptation aux conditions locales ainsi qu'en faisant appel à l'expérience pratique.

iii) Accroître l'interaction et la communication entre les planificateurs du développement, les éducateurs ruraux, les vulgarisateurs et les membres des organisations à large recrutement populaire pour tout ce qui concerne les objectifs, l'élaboration et l'exécution des programmes de développement rural.

iv) Recruter des vulgarisateurs et des chercheurs ainsi que des éducateurs ruraux, hommes et femmes, dans les communautés rurales et les inciter à revenir travailler dans leur milieu d'origine.

v) Améliorer les communications et les échanges entre les instituts de recherche, les services de vulgarisation et les agriculteurs et faire participer les représentants des groupements de paysans à la détermination des priorités en matière de recherche, de vulgarisation et de formation et à la formulation de programmes d'éducation et de formation à la base, répondant mieux à leurs besoins:

vi) Utiliser efficacement les centres régionaux et nationaux pour en faire des foyers de diffusion de compétences technologiques et artisanales rurales de base appropriées.



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