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Avant-propos

La diversité biologique, sans laquelle il ne pourrait y avoir ni agriculture ni production alimentaire, semblait autrefois inépuisable. Aujourd'hui, on commence à s'apercevoir que c'est une ressource finie, même si elle est renouvelable. Bien gérée, elle devrait permettre d'assurer indéfiniment la subsistance de la population mondiale. Il n'est pas excessif de dire que l'avenir de la civilisation humaine pourrait dépendre de la protection et de l'utilisation durable de la diversité biologique.
La place de l'homme dans la nature est encore trop mal comprise. L'influence de l'humanité sur l'environnement naturel ne connaît pas de frontière; même les écosystèmes qui paraissent les plus “naturels” ont été un jour modifiés, directement ou indirectement. Il y a quelque 12 000 ans, nos ancêtres, agriculteurs, pêcheurs, chasseurs et forestiers, ont commencé à créer une riche diversité d'écosystèmes productifs. Ce patrimoine, transmis de génération en génération, est menacé par la rapidité de l'évolution socio-économique, les retombées néfastes de l'industrialisation et l'expansion continue de la population mondiale.
La FAO demande qu'on accorde la plus grande priorité à la préservation de la biodiversité, conçue non comme une collection de musée mais comme une source de progrès constant. Elle joue depuis longtemps un rôle de pionnier dans la conservation des ressources phytogénétiques et zoogénétiques. Récemment, elle a reformulé ses programmes pour donner une place centrale à la durabilité dans le développement agricole et rural.
Mais qui financera les tâches multiples que nécessite la conservation de ces ressources? Comment ce financement pourra-t-il être assuré durablement? Inévitablement, une grande partie de la charge incombera aux principaux bénéficiaires économiques de la biodiversité. Cependant, la communauté internationale ne s'est pas encore mise d'accord sur des modalités équitables de répartition de la richesse issue de la biodiversité ni sur une distribution équitable des crédits consacrés à la conservation et à la valorisation durable des ressources naturelles.
Une des grandes faiblesses du système économique international est qu'il est incapable d'assigner une valeur d'échange à la biodiversité et à d'autres aspects de l'environnement. L'internalisation du coût de la conservation dans celui de la production est un problème que nous devons résoudre pour nous acquitter de nos obligations envers les générations futures et mettre un terme à l'appauvrissement constant et à la surexploitation de la biodiversité.
Le thème que nous avons choisi pour la Journée mondiale de l'alimentation, “Valorisons la diversité de la nature”, permettra, nous l'espérons, d'attirer l'attention sur ces questions et de mobiliser les énergies en vue de mettre un terme à l'appauvrissement continu de la biodiversité. Le message est clair: le coût de la conservation de la biodiversité est considérablement inférieur à celui de sa dégradation. Une fois perdu, ce patrimoine ne peut être ni récupéré ni reconstitué. Il y a là un défi pour chacun d'entre nous.


Edouard Saouma, Directeur général
Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture

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