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Conservation et utilisation des ressources génétiques

Les efforts de conservation ont démarré à l'échelle mondiale dans les années 50, face à la dégradation rapide des ressources génétiques végétales et animales. Aujourd'hui, on a réussi à préserver une large gamme de ressources génétiques intéressant la production alimentaire et l'agriculture et on continue à élaborer des bases de données afin de répertorier ces matériels.

La préservation des ressources n'est pas une fin en soi, mais le moyen d'assurer que les ressources génétiques animales et végétales restent à la disposition des générations actuelles et futures. Après avoir identifié et caractérisé ces ressources, on peut adopter, pour les préserver, soit l'approche in situ, soit l'approche ex situ. Dans l'approche in situ, on laisse les plantes et les animaux dans leurs habitats d'origine. A l'inverse, les méthodes de préservation ex situ maintiennent les organismes hors de leurs habitats originaux, à l'aide d'équipements tels que des banques génétiques, des cultures cellulaires, des jardins botaniques ou des parcs zoologiques. Ces deux approches ne sont pas incompatibles: elles peuvent se compléter, ce qui atténue les inconvénients de l'une ou l'autre méthode. Si l'on excepte un petit nombre de variétés ou d'espèces qui sont largement utilisées, particulièrement dans les pays développés, l'expérience prouve que c'est seulement en variant les stratégies de préservation que l'on pourra assurer le maintien de la diversité.

Les ressources génétiques végétales

Les matériaux génétiques végétaux sont le plus souvent conservés dans des banques génétiques. Ce système ex situ fait appel à trois méthodes de conservation:

Principales banques génétiques végétales dans le monde

Dans des conditions idéales, les banques génétiques peuvent assurer la conservation de matériel génétique pendant longtemps, mais non pas indéfiniment. Les semences comme les tissus se dégradent avec l'âge et il faut périodiquement faire pousser des plantes pour les remplacer par de nouvelles semences et de nouveaux tissus. Même la banque génétique la plus perfectionnée ne peut offrir des conditions de sécurité absolue. Des collections entières de plasmas de germes continuent à être perdues à la suite de problèmes techniques ou financiers ou encore de catastrophes naturelles. Les pannes d'électricité, l'absence de documentation et d'évaluation, ou encore le manque de compétences dans le domaine de la régénération des plantes peuvent entraîner des pertes considérables dans les collections. Les tremblements de terre, les inondations, l'agitation politique et sociale sont autant d'autres facteurs de risque.

Le principal inconvénient des banques génétiques est que les plantes qui y sont conservées se trouvent écartées du processus d'évolution auquel elles sont exposées dans la nature. Elles n'ont pas à s'adapter à l'évolution des conditions naturelles ni à faire face à la concurrence d'autres espèces. Cependant, l'objectif ultime de la préservation est de conserver des systèmes en évolution et dynamiques. C'est pourquoi les banques génétiques continueront à avoir un rôle vital dans la préservation des ressources génétiques, tandis que les systèmes complémentaires, et notamment les systèmes adoptant l'approche in situ, prendront sans doute de plus en plus d'importance.

Les ressources génétiques animales

Les méthodes de conservation des ressources génétiques animales ex situ comprennent les techniques de préservation cryogénique - la collecte et la congélation de sperme, d'ovaires et d'embryons dans de l'azote liquide, ou la préservation de segments de DNA dans du sang ou dans d'autres tissus congelés. Ces techniques font également appel à l'élevage en captivité d'espèces sauvages ou domestiques dans des zoos ou d'autres sites situés à l'écart de leur environnement naturel. Les banques génétiques ex situ présentent des avantages et des inconvénients similaires à ceux des méthodes utilisées pour conserver le plasma germinatif des plantes.

Les méthodes de préservation in situ permettent aux populations animales de continuer à évoluer, en restant soumises à un processus de sélection dans leur environnement naturel. Cela est particulièrement important quand les méthodes de préservation cryogénique ne sont pas disponibles-dans le cas de certaines espèces ou dans certaines régions géographiques. La préservation in situ peut se faire à tous les échelons, dans tous les pays, et ne demande pas de techniques ou de compétences particulières. Bien planifiée, elle peut permettre à des agriculteurs ou à des entreprises d'assurer la sélection des espèces et la bonne utilisation des ressources.

Concilier conservation des ressources biologiques et besoins des populations

Dans les régions où les ressources biologiques se raréfient parce qu'elles sont utilisées pour répondre aux besoins essentiels des populations locales, il est nécessaire de concilier la satisfaction immédiate des besoins humains et la préservation des ressources in situ. L'objectif de la conservation des ressources est alors de satisfaire les besoins des populations locales tout en assurant la durabilité de l'exploitation des ressources. Pour cela, diverses méthodes peuvent être utilisées. Les exemples ci-dessous montrent comment, sur la base de connaissances scientifiques, d'une bonne compréhension de la situation locale et en faisant appel à la participation locale, on peut à la fois utiliser les ressources génétiques, les préserver et les développer.

1 Amélioration des semences et des rendements

L'ethiopie est un des pays où l'on trouve la plus grande diversité génétique en matière de plantes cultivées. Depuis 1988, le Centre de ressources génétiques des plantes y a encouragé les façons culturales protectrices ainsi que l'amélioration des espèces sur l'exploitation. Les agriculteurs, qui sont le plus souvent des femmes organisées en coopératives, reçoivent une formation, un soutien technique et une assistance de la part des techniciens, des banques génétiques et des agents de vulgarisation.

Dans le nord-est du Shewa et le sud-est du Welo par exemple, on aide les agriculteurs à sélectionner les semences pour la prochaine saison culturale de façon à améliorer leurs plantations. La sélection s'opère sur la base de caractéristiques telles que la résistance aux ravageurs et aux maladies, la taille du grain ou de l'épi, la précocité de la maturation et d'autres critères d'importance locale. Les plantes sélectionnées sont récoltées pour fournir les semences. Au bout de trois à cinq saisons de sélection et de multiplication, les rendements s'améliorent.

Les agriculteurs ont accès aux ressources de la banque génétique du centre et peuvent recevoir une assistance technique pour la sélection et la multiplication des plantes. Cette approche a permis un partenariat fructueux ainsi que l'échange de matériels et d'informations génétiques.

2 Augmentation de la production de lait des chèvres de race locale

Dans la région du Chakranagar de l'Uttar Pradesh, en Inde, on trouve des chèvres de race Jamunapari, race laitière de grande taille dotée d'une bonne carcasse de viande et pouvant survivre dans une végétation désertique, sur des terres infertiles. L'introduction récente d'autres races a conduit à une diminution du nombre de chèvres Jamunapari de race pure.

L'Institut central de recherche sur les chèvres de Makhdoom a reconstitué un troupeau de chèvres Jamunapari et mis sur pied un programme de conservation et d'amélioration de la race, à base villageoise. Les agriculteurs qui élèvent des troupeaux de chèvres Jamunapari participent à tous les aspects de la préservation de l'élevage et de l'amélioration de la race. Ils ont accueilli avec enthousiasme le programme de l'institut et collaboré à la tenue des registres sur la production de lait et aux autres activités de suivi, en échange de conseils vétérinaires et sur la gestion de leurs troupeaux pour la construction d'abris et la lutte contre les parasites et les maladies. Les travaux de recherche et d'évaluation sur l'amélioration de la race se poursuivent. Ainsi, la survie de la race Jamunapari dépend de la collaboration entre scientifiques et agriculteurs.

3 Exploitation durable de la forêt au Pérou

L'exploitation excessive de la foret naturelle de la petite communauté de Ramón Castilla, d'où l'on tirait du bois, des poteaux et des poutres, conduisait à la disparition rapide des arbres de l'espèce Alnus jorullensis. Aujourd'hui, les habitants de cette communauté apprennent des techniques de foresterie durable tout en pratiquant des méthodes de préservation des ressources de la forêt in situ. Avec l'aide de la FAO et d'agents du service de vulgarisation forestière, cette communauté a constitué une petite zone de conservation in situ de l'espèce A. jorullensis, ainsi qu'une pépinière afin de fournir de jeunes plants qui sont plantés le long des courbes de niveau des champs. L'association de la culture arborée et des cultures agricoles traditionnelles a permis d'accroître la production alimentaire, en améliorant la fertilité des sols et en protégeant la terre, tout en fournissant du bois de feu. Une gestion durable des boisements naturels de A. jorullensis qui subsistent, et notamment un programme adapté de coupe et de ramassage du bois et des produits ligneux pour l'utilisation quotidienne, permettra de préserver cet atout naturel.


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