1. Pacifique Sud
2. Asie de l'Est
3. Europe
4. Amérique latine et Caraïbes
5. Amérique du Nord
6. Proche-Orient et Afrique du Nord
7. Asie du Sud et du Sud-Est
8. Afrique subsaharienne
La région englobe la partie occidentale et centrale de l'océan Pacifique et s'étend depuis l'Australie à l'Ouest, jusqu'à l'île Pitcairn à l'Est. On compte 16 Etats indépendants, ainsi que des territoires qui dépendent des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. Deux d'entre eux, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, sont des pays développés, tandis que d'autres Etats ou territoires rentrent dans la catégorie des petits Etats insulaires en développement. Les principales zones de pêche sont l'océan Pacifique Sud-Ouest et Centre, ainsi que l'océan Indien Est.
Bien que la région fournisse seulement quelque 2 pour cent2 de la production halieutique mondiale totale, le secteur des pêches - avec celui du tourisme - joue un rôle décisif au sein des économies des Etats et des territoires du Pacifique Sud. Les ressources continentales et côtières de la région sont exploitées pour répondre aux besoins alimentaires pour la vente sur les marchés nationaux et, dans une proportion plus grande, pour l'exportation. Le Pacifique Sud compte parmi les zones de pêche de thon les plus riches de la planète et ses exportations de produits de la pêche se composent presque exclusivement de thon. La consommation de poisson pour l'alimentation est relativement importante dans la région puisqu'elle s'élève en moyenne à 20 kg par an par habitant de poisson pour l'alimentation (équivalent poids vif). Si l'on ne tient pas compte de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande le chiffre moyen des disponibilités de poisson concernant uniquement certains petits Etats insulaires en développement serait probablement deux fois plus élevé3.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
Les pêches en mer de la région ont produit au total 769 000 tonnes en 1994, soit près de 90 pour cent de la production halieutique totale. Les flottilles étrangères récoltent chaque année environ 1 million de tonnes de thon. Dans les années 80 et au début des années 90, la production régionale a augmenté beaucoup plus que la moyenne mondiale, mais elle a diminué ces dernières années en raison surtout de la réorganisation des pêches industrielles australiennes et d'une modification des systèmes d'aménagement en Nouvelle-Zélande (voir ci-dessous). La plus grande partie des quantités débarquées cumulées provient de la zone de pêche du Pacifique Sud-Ouest, principalement du fait des activités de pêche de la Nouvelle-Zélande. L'Australie exploite également l'océan Indien Est et les captures des petits Etats insulaires en développement proviennent surtout de l'océan Pacifique Centre-Ouest.
Figure 30 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
Dans les petits Etats insulaires en développement, les principaux types de pêches se caractérisent par leur mode d'exploitation et par la façon dont elles sont administrées. En ce qui concerne les pêches industrielles, le thon est l'espèce la plus recherchée et les flottes de pêche opérant en eaux lointaines de plusieurs pays extérieurs à la région participent dans le cadre d'accords autorisant leur accès; en fait, les flottes nationales des îles du Pacifique ne réalisent qu'environ 6,5 pour cent du total des captures, lesquelles s'élèvent à environ 1 million de tonnes. Les petites pêcheries côtières se répartissent suivant la destination des produits recherchés, c'est-à-dire le marché à l'exportation et le marché intérieur. Les produits de valeur élevée, pour des segments de marché spécifique, tels que bêches-de-mer, menus flétans et huîtres perlières, sont destinés à l'exportation. La production exportée et celle qui est destinée au marché national sont relativement indépendantes, et les espèces exportées ne font généralement pas partie des régimes alimentaires locaux traditionnels. Toutefois, les espèces exportées sont également conservées sur place pour l'industrie locale du tourisme. Les espèces consommées sur place incluent les crustacés, les poissons coralliens et les pélagiques tels que thon et espadon.
Partout dans les îles du Pacifique, on ignore généralement l'importance des captures côtières et l'état des stocks. Le classement par catégories des exportations est souvent imprécis, l'évaluation des stocks des pêches côtières est pratiquement inexistante et la plupart des informations prises en compte dans les décisions sont d'origine anecdotique. Les petits Etats insulaires en développement sont concernés par l'impact des opérations menées dans la région par des flottilles étrangères de pêche hauturière; en effet, 20 pour cent de la superficie de la région du Pacifique Sud correspond à des étendues de haute mer comprises entre les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats insulaires et des territoires.
La technologie mise en uvre par les pêches industrielles des Etats et des territoires insulaires du Pacifique se caractérise par un niveau de développement moyen. En effet, la plupart des Etats et des territoires de la région manquent de main-d'uvre qualifiée et de l'infrastructure nécessaire à la poursuite d'opérations sophistiquées de pêche industrielle. Les flottilles de pêche étrangères uvrant dans le Pacifique Sud sont surveillées par l'Organisme des pêches du Forum du Pacifique Sud (FFA) et un certain nombre d'activités liées à la conservation et à l'aménagement ont été mises en place à l'intention de ces flottilles, notamment un plafonnement régional du nombre de navires à senne coulissante dont la présence est autorisée. Les pêcheries côtières sont affectées par des problèmes de capacité localement excédentaire, en particulier au voisinage des atolls et des récifs. Le principal défi auquel les Etats et les territoires de la région sont confrontés consiste à mettre en place une exploitation durable des ressources tout en optimisant les avantages socioéconomiques recueillis.
Comme cela est généralement le cas dans les pays développés, la technologie et l'infrastructure des pêches en Australie et en Nouvelle-Zélande sont évoluées et adaptées à une industrie moderne des pêches. Dans le cas des pêches au chalut, ces deux pays ont joué un rôle pilote au niveau mondial en matière de technique de pêche au chalut en eau profonde. En ce qui concerne les pêches côtières, les méthodes de capture et la conception des navires de faible tonnage font appel également à des techniques extrêmement avancées. Dans de nombreux cas, cette tendance est soutenue par l'importance de l'industrie des petits bateaux de loisir, qui fait appel à des techniques et à des services analogues. Les captures australiennes se composent d'une assez grande variété d'espèces (pectens, homards et hoplostètes oranges, principalement). Récemment, les captures de la Nouvelle-Zélande ont été constituées essentiellement de grenadiers bleus, ainsi que de calmars, de chinchards, de maquereaux bâtards et d'hoplostètes oranges. Différents stocks ont présenté ces derniers temps des signes de surexploitation. Dans ces deux pays, la gestion de la capacité excédentaire n'est pas un problème particulièrement délicat. La capacité des flottilles a été réduite, en particulier la flottille de pêche à la crevette, dans le golfe de Carpentaria en Australie: suite à des mesures rigoureuses d'aménagement du secteur, elle est passée de 292 navires en 1977 à 125 en 1993.
Pêches continentales
Les pêcheries intérieures d'une taille appréciable sont limitées aux masses continentales les plus étendues (c'est-à-dire Australie, Nouvelle-Zélande et Papouasie-Nouvelle-Guinée), en raison de l'abondance de leurs ressources en eau douce. En Australie et en Nouvelle-Zélande, les pêches intérieures sont appréciées pour les possibilités de loisir qu'elles offrent et non en tant que facteur de sécurité alimentaire. Dans les zones montagneuses de Papouasie-Nouvelle-Guinée, d'autre part, les pêches intérieures jouent un rôle particulièrement notable en raison des difficultés d'accès aux zones côtières et de la production restreinte des autres sources de protéines animales. Des pêches intérieures assez importantes et des pêches spécialisées existent par ailleurs dans certains petits Etats insulaires en développement. Aussi, le niveau global des prises des pêches intérieures de capture dans le Pacifique Sud en 1994 a atteint 25 102 tonnes. On trouve dans la région des anguilles de rivière, des perches barramudi, des coquillages et des crustacés d'eau douce, des tilapias et des goujons. Les salmonidés, tels que truite arc-en-ciel et truite brune, font couramment l'objet d'activités de pêche sportive dans les eaux intérieures en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Figure 31 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 32 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
Les données sur les pêches intérieures ne couvrent pas les activités sportives et de loisir, qui jouent néanmoins un rôle notable dans les régions développées, comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En dépit de la limitation des données concernant la pêche de loisir sur tout le territoire australien, les pêcheurs à la ligne semblent à présent les principaux utilisateurs de plusieurs espèces ichtyologiques estuariennes. Le nombre croissant de pêcheurs à la ligne en Australie, et sans doute dans d'autres pays, pourrait conduire à des conflits plus marqués entre les divers groupes d'utilisateurs, et à une intensification de l'exploitation de ressources limitées.
Aquaculture
La production de l'aquaculture a augmenté pour passer d'environ 20 000 tonnes en 1984 à près de 75 000 tonnes en 1994, en raison surtout des accroissements enregistrés en Nouvelle-Zélande et en Australie. A l'exception des deux principaux producteurs, les autres Etats et territoires du Pacifique ont produit à peine 2 500 tonnes en 1994. La plus forte augmentation due à une seule espèce a été celle obtenue grâce à l'élevage de moules en Nouvelle-Zélande dont la production est passée de 9 800 tonnes en 1984 à 47000 tonnes en 1994. D'autres augmentations notables et rapides ont été observées en ce qui concerne l'élevage des saumons en Nouvelle-Zélande et de saumon de l'Atlantique en Australie. L'huître et l'huître perlière comptent également parmi les espèces importantes à cet égard. La plus grande partie de la production aquacole est assurée par l'aquaculture côtière, bien que les possibilités physiques de développement de l'aquaculture en eau douce puissent être considérables dans les pays plus étendus.
Figure 33 Production halieutique par grands groupes d'espèces
PRODUITS ET MARCHÉS
Dans la région, exception faite de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, le poisson joue un rôle de premier plan en tant que source de nourriture, et ce, tant du point de vue culturel que du point de vue nutritionnel. Le régime alimentaire des populations des Etats insulaires du Pacifique est en effet fortement tributaire du poisson, et la plupart des Etats et territoires tirent du poisson une grande proportion de leurs disponibilités en protéines animales; elle atteint 69 pour cent dans le cas de Kiribati, tandis que la plupart des Etats se caractérisent par une proportion supérieure à 25 pour cent. Toutefois, la consommation effective de poisson est difficile à estimer en raison du peu de statistiques disponibles et de la contribution indéterminée des captures domestiques ne faisant pas l'objet de relevés. Les chiffres de disponibilités par habitant de poisson pour l'alimentation fournis par la FAO sous-estiment vraisemblablement la consommation globale. Ces chiffres ont fait apparaître d'année en année une tendance constante à la hausse et atteignent 100 kg par habitant par an (équivalent poids vif) dans le cas de Tokelaou. La moyenne régionale globale était de 20 kg par personne en 1994, tandis que la moyenne établie pour les seuls Etats insulaires - à l'exception de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande - est au moins deux fois plus élevée.
Les exportations des pêches de la région se composent en quasi - totalité de thon, qui constitue le principal facteur de développement du Pacifique Sud. Les conserveries du Samoa, de Fidji et des îles Salomon exportent du thon à des prix légèrement supérieurs à ceux de leurs homologues de l'Asie du Sud-Est, bien que ces deux derniers Etats bénéficient du régime ACP sur le marché de l'Union européenne (UE)4. Les exportations de produits de la pêche d'Australie et de Nouvelle-Zélande sont encouragées par des industries évoluées de transformation du poisson tournées vers l'exportation de produits de valeur élevée à destination de marchés discriminants.
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES D'AMÉNAGEMENT
La plupart des administrations nationales des pêches des Etats insulaires du Pacifique se caractérisent par leur petite taille et leur précarité, compte tenu de la diversité limitée de leurs compétences techniques. Les pouvoirs publics privilégient particulièrement les mesures visant à renforcer les institutions et les moyens disponibles, en raison de l'importance des pêches dans ces pays. Au début des années 90, une restructuration des administrations nationales des pêches a été entreprise en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Dans chacun de ces cas, des administrations nationales des pêches, dotées d'un statut semicommercial, ont été créées. Elles ont permis au secteur privé de participer plus activement au sein des administrations des pêches, notamment sous forme de contribution financière aux frais d'administration et aux dépenses de recherche.
Le développement socioéconomique de nombreux Etats insulaires et des territoires du Pacifique Sud est étroitement lié au sort des pêches régionales. Par conséquent, les stratégies et la planification du développement national comportent invariablement des projets de développement et/ou de renforcement de la participation au secteur des pêches. Qui plus est, pour des raisons de sécurité économique, les Etats et territoires du Pacifique Sud privilégient fortement le développement des industries nationales (flottilles et industries de transformation), estimant que l'existence d'une industrie nationale leur permet d'avoir un plus grand contrôle de ce secteur. La forte participation des flottilles étrangères aux pêches de thon est considérée comme une solution intermédiaire et les Etats et territoires souhaitent généralement développer eux-mêmes leurs propres ressources halieutiques. Entre-temps, les Etats insulaires du Pacifique ont pour objectif d'augmenter les recettes tirées de l'octroi de droits de licence jusqu'à un niveau correspondant, selon eux, à une plus juste rémunération financière de l'exploitation de leurs propres ressources. La plupart des Etats et territoires du Pacifique Sud cherchent par ailleurs à diversifier les activités dans le secteur des pêches, en encourageant l'installation de nouvelles industries et en s'efforçant d'associer le secteur des pêches à une industrie du tourisme en pleine expansion et, lorsque cela est possible, la promotion des pêches intérieures et de l'aquaculture.
La coopération régionale des pêches dans le cadre du Pacifique Sud est bien établie; ayant à son actif de nombreux succès, elle constitue souvent la pierre angulaire de la politique étrangère nationale. Les Etats sont conscients de leur faiblesse individuelle liée à leur petite taille et des risques de manipulation auxquels ils sont exposés en ce qui concerne les pêches. De fait, cette prise de conscience a été essentiellement à l'origine de la création, en 1989, de l'Organisme des pêches du Forum du Pacifique Sud (FFA), qui a pour mission d'aider les pays membres à coordonner la politique des pêches et les activités correspondantes5. Le Programme régional océanien de l'environnement (PROE) aide les pays membres pour ce qui est des répercussions préjudiciables des activités humaines sur les pêches des zones côtières et en ce qui concerne les espèces ichtyques des récifs et des lagunes. Le programme des pêches côtières de la Commission du Pacifique Sud (CPS) met en place une procédure visant à harmoniser davantage les politiques nationales. La CPS recueille des données sur les pêches et établit des évaluations scientifiques destinées à soutenir les activités du FFA en matière de conservation et d'aménagement. Qui plus est, suite à la Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, les Etats insulaires indépendants ont regroupé les capacités effectives d'aménagement des pêches de thon, sans doute beaucoup plus que dans toute autre région. Les Etats insulaires du Pacifique, généralement dépourvus de capacités de pêche hauturière, ont régulièrement adopté une approche fondée davantage sur la conservation que sur l'exploitation en matière d'aménagement des espèces de grands migrateurs.
En Australie et en Nouvelle-Zélande, la plupart des pêcheries sont gérées par un système de licences et/ou de contingents, tandis que l'importation de navires de l'étranger est surveillée; aussi la taille des flottilles est-elle proche de la valeur optimale, adaptée à l'exploitation des ressources. Cette approche est considérablement facilitée par la participation de l'industrie à l'aménagement des pêches. La réduction de la capacité des flottilles a été réalisée essentiellement grâce au rachat des licences existantes. En Nouvelle-Zélande, l'introduction de systèmes de contingents individuels transférables a fortement ralenti le rythme d'expansion des pêches et a permis de rationaliser davantage les pêcheries. Aussi bien en Australie qu'en Nouvelle-Zélande, les contingents individuels transférables ont renforcé l'efficacité économique au sein du secteur des pêches.
Particulièrement préoccupante dans le cas des pêches au chalut, la question des rejets en mer des captures accessoires concerne uniquement les pêcheries de crevettes du golfe de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où le taux de prises accessoires est de l'ordre de 80 ou 90 pour cent du total, et très récemment la pêcherie expérimentale de pecten dans la lagune nord au large de la Nouvelle-Calédonie (encadré 6).
ENCADRÉ 6
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Nombre de ressources aquatiques côtières et continentales ont diminué du fait de leur surexploitation et de la détérioration des habitats. Au titre des efforts déployés pour inverser cette tendance, il y a lieu de citer la construction de récifs artificiels, ainsi que différentes mesures de réempoissonnement, d'amélioration des habitats et d'introduction d'espèces exotiques. Les milieux aquatiques ont été perturbés et détériorés du fait de l'intensification de la croissance démographique (encadré 7).
ENCADRÉ 7
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PERSPECTIVES
Le poisson et les produits de la pêche continueront à jouer un rôle économique et social fondamental dans les pays du Pacifique Sud. Le poisson pour la consommation humaine restera la principale source de protéines animales de maintes communautés insulaires du Pacifique et, en particulier, des communautés les plus défavorisées de la région. Le secteur des pêches sera l'un des principaux facteurs de promotion du développement économique dans le Pacifique Sud et, pour certains Etats et territoires, sera à l'origine même de ce développement. Peu de zones ou de régions du monde seront autant tributaires du secteur des pêches pour leur développement que le Pacifique Sud.
Les ressources halieutiques de la région sont vraisemblablement en mesure de répondre à une demande future de poisson sensiblement augmentée, bien qu'à cet effet il soit sans doute nécessaire de consommer des quantités supplémentaires d'espèces pélagiques, en particulier dans les zones urbaines et dans d'autres secteurs de forte concentration des populations. Toutefois, il faudra améliorer les systèmes de commercialisation et de distribution afin d'assurer plus rapidement et plus efficacement le transport du poisson entre les Etats et les territoires de la région et à l'intérieur des Etats et territoires proprement dits. La promotion de pêches durables et la mise en uvre d'arrangements régionaux et nationaux propres à assurer l'utilisation judicieuse des ressources halieutiques figurent parmi les principaux enjeux sociaux et économiques du Pacifique Sud et la plupart des Etats et territoires s'efforcent de résoudre la question de la surexploitation des ressources côtières.
Les Etats et territoires du Pacifique Sud sont conscients du fait qu'une réglementation effective et durable des ressources halieutiques côtières et hauturières est indispensable pour la sécurité alimentaire et socioéconomique à long terme.
Le potentiel de développement de l'aquaculture varie notablement d'une sous - région à l'autre. Des problèmes matériels, biotechniques, économiques, institutionnels et autres affectent généralement le développement de l'aquaculture dans les pays du Pacifique Sud, en dépit de réelles possibilités de développement sélectif et attentif de la production à des fins tant alimentaires qu'économiques.
En ce qui concerne le commerce, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont des exportateurs de spécialités à destination du Japon, des Etats-Unis et de l'Europe. Les exportations se sont développées ces dernières années, en particulier pour les produits de la pêche néo-zélandais (par exemple moules). Cette évolution est appelée à se poursuivre; les perspectives offertes aux exportations de fruits de mer de Nouvelle-Zélande et - dans une moindre mesure - d'Australie sont prometteuses, à condition que de saines pratiques d'aménagement soient appliquées à l'égard des espèces démersales, comme l'hoplostète orange, dont la croissance est lente.
Un recul des importations de poisson et une légère augmentation des exportations, principalement de thon, sont prévus dans les petits Etats insulaires en développement. Le thon frais de qualité sashimi est d'ores et déjà expédié par avion sur le marché japonais, bien que l'éloignement de ses débouchés et différents problèmes de logistique continuent de gêner l'accès à ce marché lucratif. La Papouasie-Nouvelle-Guinée pourrait devenir un important exportateur de thon en conserve vers le marché européen, une fois ses conserveries pleinement opérationnelles. L'industrie de Papouasie-Nouvelle-Guinée a pour avantage de se trouver à proximité de la ressource et de bénéficier d'un thon d'excellente qualité.
1 D'après l'étude régionale préparée par l'équipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. D. Doulman, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service des institutions internationales et de liaison (FIPL).Les données sont fondées sur les documents établis par M. T. Adams de la Section de la gestion et de l'évaluation des ressources, Programme des pêches côtières de la Commission du Pacifique Sud, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
2 Y compris les activités de pêche des flottilles de pêche étrangères.
3 Les statistiques précises sur les disponibilités de poisson concernant les îles du Pacifique ne sont pas disponibles.
4 L'Union européenne a conclu un accord commercial avec 69 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Toutefois, avec l'entrée en vigueur du nouvel Accord de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce/Organisation mondiale du commerce (GATT/OMC), les privilèges correspondants seront progressivement retirés. Voir encadré 22 p. 103.
5 Les Etats membres du FFA sont l'Australie, les îles Cook, les Etats fédérés de Micronésie, Fidji, Kiribati, les îles Marshall, Nauru, la Nouvelle-Zélande, l'île Nioué, les Palaos, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Samoa, les îles Salomon, les Tonga, Tuvalu et Vanuatu.
La région englobe des eaux maritimes et continentales placées sous la juridiction des Etats suivants: République populaire démocratique de Corée, Hong-kong, Japon, Macao, Mongolie, Chine, République de Corée, zone côtière orientale de la Fédération de Russie (les pêches de la Fédération de Russie sont traitées dans l'étude régionale consacrée à l'Europe, p. 64) et Taïwan, Province de Chine. L'étude sera plus particulièrement axée sur les trois principaux pays pratiquant la pêche: le Japon, la Chine et la République de Corée, bien que les chiffres indiqués pour la région concernent l'ensemble des pays, sauf option contraire. Les mers situées dans cette région comprennent l'océan Pacifique Nord-Ouest, y compris la mer du Japon, la mer de Chine orientale et la mer Jaune.
La production halieutique est une activité économique importante dans les Etats côtiers de l'Asie de l'Est. La région compte parmi les principales zones productrices de poisson à l'échelle mondiale, avec une production totale de 36,6 millions de tonnes en 19942. La mer de Chine orientale, la mer Jaune, la mer du Japon et les eaux côtières orientales du Japon comptent parmi les zones de pêche les plus intensément exploitées, tandis que la production aquacole a représenté plus de 70 pour cent des quantités globales produites. La consommation de poisson est généralement forte, dépassant la consommation de viande dans certains de ces pays; le niveau annuel des disponibilités de poisson pour la consommation s'élève à 21 kg par habitant en moyenne (équivalent poids vif). La région est un partenaire commercial actif du marché international et un importateur net (tant en volume qu'en valeur).
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
Les quantités débarquées provenant des captures en mer réalisées par les flottilles locales se sont élevées au total à 22,6 millions de tonnes en 1994. Une quantité supplémentaire de 1,9 million de tonnes a été pêchée dans d'autres eaux maritimes. La Chine se classe au premier rang des pays pratiquant cette activité, suivie du Japon et de la République de Corée.
Les pêches réalisées par les pêcheries de la mer de Chine orientale correspondent généralement à des activités à petite échelle, bien qu'elles utilisent également d'assez gros chalutiers. Le thon, le maquereau, la crevette, le chano, la dorade, les sciaenidés et les coquillages de divers types comptent parmi les principales espèces exploitées. Les ressources démersales de la mer Jaune sont exploitées depuis des années par des chalutiers de la Chine, de la République de Corée, de la République populaire démocratique de Corée et du Japon. Les principales ressources comprennent la dorade, les sciaenidés, l'anoli, la crevette, le poissonsabre, le maquereau bâtard, le calmar et le flétan. Toutes ces espèces sont surexploitées et les captures des espèces particulièrement précieuses ont diminué récemment. La mer du Japon compte un grand nombre d'espèces pélagiques et démersales, notamment hareng, pilchard, lieu de l'Alaska, maquereau et thon rouge, bien que ces ressources aient progressivement fait l'objet d'une surexploitation. La pêche au calmar est pratiquée dans la partie centrale de la mer du Japon, la pêche au saumon dans les zones côtières et celle des crustacés dans les zones les plus profondes. Les flottilles du Japon, de la Fédération de Russie, de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée y pratiquent une pêche intensive.
La production marine totale de la région a diminué ces dernières années, bien que les quantités débarquées en 1994 aient enregistré une légère augmentation par rapport à l'année précédente. La diminution est liée essentiellement au recul des quantités débarquées de pélagiques, en particulier le pilchard du Japon; cette évolution est apparemment sans rapport avec l'effort de pêche, mais plutôt due aux modifications à l'échelle décennale du milieu marin (encadré 8). Au demeurant, d'autres ressources sont actuellement appauvries en raison de l'intensité de leur exploitation, en particulier le lieu de l'Alaska.
ENCADRÉ 8
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Figure 35 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
Les principales flottilles de pêche de la région sont celles du Japon et de la République de Corée qui comptaient respectivement, en 1994, 2 423 et 1 012 navires, avec un tonnage de jauge brute (TJB) de plus de 100 TJB/navire. La flotte de pêche chinoise se composait à la même date de 253 navires de plus de 100 TJB. En République de Corée, le secteur de la pêche est confronté à des difficultés dues au renchérissement de la main-d'uvre et à l'épuisement des ressources marines, et dans certaines pêches, par exemple la pêche à l'anchois au filet dérivant et la pêche au lieu de l'Alaska, un degré élevé d'automatisation a été introduit. De plus, le gouvernement prévoit d'adapter la capacité de pêche dans les eaux nationales en réduisant le tonnage total de 137 000 TJB d'ici à 2004. Cependant, ces dernières années on a pu constater une légère augmentation du tonnage total en dépit de la diminution du nombre de navires3. Au Japon, le nombre de navires a également diminué au cours des années 90, parallèlement au recul du nombre de pêcheurs et d'entreprises de pêche. En Chine, la capacité de capture dans les eaux intérieures a augmenté beaucoup plus vite que la production. Par exemple, la capacité totale des bateaux de pêche chinois opérant dans la mer de Chine orientale a augmenté dans un rapport de 7,6 approximativement entre les années 60 et le début des années 90 pour des captures simplement multipliées par 2,6.
La forte exploitation de la plupart des ressources halieutiques marines nationales dans les eaux chinoises et l'apparition progressive d'un marché à la consommation ont donné l'élan nécessaire à la constitution par la Chine d'une flotte de pêche hauturière, créée initialement en 1985. La République de Corée et Taïwan, Province de Chine, réalisent la plus grande partie de leurs captures dans les eaux locales, mais elles ont étendu leurs activités en haute mer ces derniers temps. En 1995, les quantités débarquées par la flotte de pêche hauturière de la République de Corée ont atteint 0,9 million de tonnes.
Les captures en haute mer des flottilles japonaises ont diminué de 2,1 million de tonnes en 1970 à 0,9 million de tonnes en 1993 et sont appelées à diminuer encore, compte tenu des difficultés rencontrées par les compagnies de pêche japonaises face à la concurrence des importations de poisson et de produits de la pêche.
Pêches continentales
La production des pêches de capture en eau douce dans la région est encore dominée par la Chine, qui a produit plus d'un million de tonnes en 1994, sur un total régional de 1,4 million de tonnes. Toutefois, la dégradation de l'environnement jointe à la surexploitation a eu pour effet d'affecter les pêches de capture dans tous les grands cours d'eau chinois, en particulier sur les segments situés en aval des principales sources de pollution. Il en a résulté une baisse notable des rendements et la perte de nombreuses espèces présentant un intérêt commercial. Alors que la contribution des pêches fluviatiles diminue, des rendements accrus sont atteints actuellement au moyen d'une exploitation plus intensive des lacs naturels et des retenues d'eau, surtout grâce à des mesures de mise en valeur (repeuplement, fertilisation, contrôle des espèces indésirables, modification des habitats et génie écologique des masses d'eau).
Aquaculture
La production aquacole totale de la région s'est élevée en 1994 à 18,4 millions de tonnes, soit 22,8 milliards de dollars EU en valeur, niveaux correspondant respectivement à 73 pour cent et 57 pour cent de la production mondiale totale. Au cours de la période 1984-1994, la croissance annuelle moyenne de ce sous - secteur a été de 10 pour cent en volume et de 11 pour cent en valeur.
La Chine est de loin de principal producteur puisqu'elle assure à elle seule plus de 60 pour cent de la production aquacole mondiale: 15,4 millions de tonnes en 1994. La production de poisson est concentrée en Chine, où les élevages se caractérisent par de faibles densités d'empoissonnement, dans le cadre de systèmes de polyculture semiintensive en étang. Parmi les principales espèces figurent les cyprinidés, tels que la carpe argentée, la carpe herbivore, la carpe commune, la carpe marbrée et, plus récemment, le tilapia.
La production aquacole chinoise de poisson diffère très nettement de celle pratiquée au Japon où elle se limite de façon quasi exclusive aux espèces marines carnivores de valeur élevée et aux espèces diadromes, dans le cadre de systèmes d'élevage intensifs. Les principales espèces sont les brèmes queue jaune et les dorades rouges. Les plantes aquatiques constituent le deuxième groupe d'espèces par ordre d'importance en poids et en valeur. Les mollusques et les crustacés sont également produits. De plus, la mariculture est pratiquée au Japon, où près de 80 espèces sont utilisées en élevage en mer (notamment les élevages en cours d'aménagement technique). Les activités de mariculture sont consacrées principalement à la brème de mer argentée, au halibut bâtard, à la crevette kuruma, au crabe, à l'ormeau, ainsi qu'à l'oursin de mer. La question de la préservation de l'environnement devient de plus en plus préoccupante pour le développement futur de l'aquaculture (encadré 9).
ENCADRÉ 9
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PRODUITS ET MARCHÉS
La consommation de poisson dans la région est très élevée par comparaison aux normes internationales. Ainsi, la valeur moyenne annuelle des disponibilités de poisson pour l'alimentation est de 21 kg par personne (équivalent poids vif) dans la région, et le poisson fournit environ un quart de la totalité de la ration alimentaire en protéines animales. En particulier au Japon, la tradition consistant à se nourrir de poisson est très forte et l'importance de cet aliment est généralement supérieure à celle de la viande, bien qu'actuellement les générations plus jeunes tendent à consommer davantage de viande qu'auparavant. Les disponibilités par habitant de poisson pour l'alimentation dépassent 70 kg par an. Bien que le poisson frais soit consommé de préférence, la demande est diversifiée et comporte une part croissante de produits transformés tant traditionnels que nouveaux. A présent, environ les deux tiers de la production halieutique servent de matière première aux industries de transformation. Toutefois, l'industrie de la pêche comme celle de la transformation sont maintenant en cours de rationalisation et les opérations sont de plus relocalisées dans des pays étrangers, dans le cadre de coentreprises et de différents arrangements, grâce à des coûts de main-d'uvre réduits et en fonction d'un accès privilégié aux matières premières utilisées.
Figure 36 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 37 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
Au cours de la décennie écoulée, les importations ont considérablement augmenté et le commerce international dans la région est axé sur le Japon, principal importateur mondial de poisson et de produits de la pêche. Près d'un tiers du commerce mondial de poisson est destiné au Japon (en valeur) et les importations japonaises de produits de la pêche ont quadruplé au cours de la décennie qui s'est terminée en 1994. Les importations ont été constituées essentiellement de crevettes et de bouquets, de thon frais et congelé, de crabe et de saumon (en valeur), ainsi que de crevettes, de bouquets et de thon (en volume).
Les statistiques concernant la République de Corée et Hong-kong font apparaître des valeurs par habitant des disponibilités de poisson pour l'alimentation d'environ 50 à 55 kg par an. En République de Corée, le produit des pêches de capture est généralement préféré au poisson d'élevage, et le poisson frais consommé de préférence aux produits transformés. Néanmoins, le nombre d'usines de transformation installées dans le pays semble augmenter4. La République de Corée est à la fois un grand importateur et un grand exportateur. Dans le passé, des droits élevés ont protégé l'industrie de la pêche contre les importations de céphalopodes et d'autres produits de la pêche. De ce fait, le prix des encornets était parmi les plus élevés au monde. Néanmoins, à compter de 1995, la République de Corée a libéré les échanges de plus de 300 produits, et ouvrira entièrement ses marchés aux produits de la pêche en 1997.
En Chine, la valeur moyenne des disponibilités par habitant, établie en 1990, était de 10 kg, mais la consommation a vraisemblablement augmenté notablement depuis lors. Cependant, il existe de fortes variations à l'échelle nationale; dans les régions méridionales, en particulier dans la province de Guangdong, la disponibilité moyenne est de 43 kg par habitant, alors que la consommation de poisson dans les régions isolées du nord-est est négligeable. La demande intérieure est largement couverte par les produits d'élevage en étang d'eau douce, en particulier par différentes espèces de carpes. En 1993, plus de la moitié de la production chinoise de poisson provenait des pêcheries de culture. L'augmentation actuellement constatée des revenus disponibles en Chine crée des débouchés commerciaux également pour les importations de poisson. Une des principales importations de poisson est actuellement le lieu de l'Alaska provenant de la Fédération de Russie, qui est transformé, puis exporté vers l'Allemagne et les Etats-Unis. La crevette est également importée avant d'être transformée, puis réexportée aux Etats-Unis.
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES D'AMÉNAGEMENT
Les flux restreints d'eaux océaniques pénétrant et sortant des eaux d'Asie de l'Est rendent, semble-t-il, ces dernières particulièrement vulnérables aux modifications de l'environnement d'origine humaine ou naturelle. En République de Corée, les complexes industriels proches des zones côtières et les afflux croissants d'eaux usées provenant des zones urbaines s'avèrent préjudiciables pour les zones de pêche côtières. Qui plus est, des projets de mise en valeur des terres incultes limitent l'étendue des zones de pêche tandis que des phénomènes de pollution pétrolière et de marées rouges ont été constatés, en particulier dans la partie sud5. Des phénomènes analogues surviennent également dans d'autres parties de cette région.
Fournissant plus d'un tiers des quantités débarquées mondiales, la région produit par conséquent une part comparable des prises accessoires. La fraction des prises accessoires rejetée en mer est néanmoins susceptible d'être plus faible, en particulier en Chine; toutefois, il existe très peu de données détaillées à ce sujet.
Les problèmes internationaux concernant les pêches dans cette région ont fait l'objet d'accords bilatéraux, par exemple entre le Japon et la République de Corée et entre le Japon et la Chine. La Fédération de Russie a institué une ZEE; le Japon en a fait autant sur sa côte orientale, mais cette ZEE n'est appliquée ni à la Chine, ni à la République de Corée. Les efforts déployés dans la région pour éviter les litiges inutiles concernant les chevauchements potentiels de juridiction maritime sont évidents. La coopération régionale (à l'exception de Taïwan, Province de Chine) est également assurée par le biais de la Commission des pêches pour l'Asie et le Pacifique (APFIC), organisme régional des pêches créé sous les auspices de la FAO et reconstitué récemment. De manière analogue, les Etats côtiers (à l'exception de la République populaire démocratique de Corée) sont devenus membres du Groupe de travail sur les pêches de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC).
En République de Corée, la Loi sur les pêches a été modifiée en 1995 pour tenir compte de nouveaux systèmes internationaux d'aménagement et reflète les dispositions appropriées de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) et de différentes règles et dispositions internationales relatives aux pêches. En raison de la réglementation croissante de la haute mer, et de la détérioration des ressources dans les eaux voisines de la République de Corée, le gouvernement a entrepris en 1994 un projet de réorganisation des pêches visant à réduire le nombre de navires de pêche. De plus, pour remédier à la détérioration de l'environnement, le gouvernement a défini un certain nombre de zones de conservation des ressources halieutiques et intensifié les activités de recherche portant sur les questions liées à la pollution6.
Figure 38 Production halieutique par grands groupes d'espèces
Le Japon est doté d'un système unique et global d'aménagement des pêches. Les pêches côtières et continentales sont dirigées par des coopératives, grâce à un système de droits de pêche. Les pêches côtières et hauturières sont gérées par le biais de l'octroi de licences. La Loi sur les pêches et la Loi sur la protection des ressources halieutiques constituent le fondement juridique de l'aménagement des pêches, tandis que des responsabilités étendues sont conférées au Ministère de l'agriculture, des forêts et des pêches, ainsi qu'aux préfets. A l'avenir, un meilleur aménagement des pêches s'attachera vraisemblablement à augmenter la production des espèces à valeur élevée, grâce à des techniques classiques d'aménagement (réglementation de l'effort des pêches ou des captures, saisons et zones de fermeture de la pêche), à des mesures d'aménagement communautaire et à l'adoption d'approches novatrices permettant de remédier à la détérioration des milieux naturels afin de favoriser les habitats, la croissance et le recrutement des espèces recherchées de valeur élevée. L'aménagement concerté et la coopération régionale seront en outre privilégiés, l'introduction de ZEE étant par ailleurs probable. Le Japon aura vraisemblablement une conception plus intégrée de l'ensemble de l'industrie de la pêche et des industries de transformation à la faveur du renforcement et du caractère plus évident des liens entre les marchés, le commerce et les ressources.
La Chine a adopté une approche pragmatique en matière de développement de ses institutions et de son administration des pêches, et renforce actuellement ses capacités de gestion. Cette orientation est appuyée par des dispositions juridiques appropriées telles que les Lois sur les pêches et les Règlements en matière de conservation et de reproduction des ressources halieutiques. La Chine semble confrontée au même problème d'aménagement des pêches et de la zone côtière que les autres pays de la région, notamment à la nécessité de créer des possibilités d'emplois de substitution pour les pêcheurs côtiers, à la concurrence intersectorielle, à la pollution de l'environnement et à la destruction des habitats. En outre, la plus grande autonomie des gouvernements provinciaux exigera rapidement une coordination interprovinciale afin de résoudre les conflits liés à l'utilisation commune des ressources et pour faire face à la détérioration de l'environnement.
PERSPECTIVES
La consommation de poisson dans la région devrait rester élevée et même augmenter encore dans certaines zones (tant en volume qu'en termes de consommation par habitant), à la faveur de la croissance démographique et de l'augmentation du pouvoir d'achat des consommateurs.
Le Japon est sans doute une exception, puisque la consommation de poisson y est déjà élevée et que la croissance démographique est pratiquement nulle. Néanmoins, la composition du panier de produits de la pêche consommé au Japon devrait continuer à évoluer, au profit de produits de valeur élevée, lesquels pourraient comporter davantage de produits prêts à la consommation, comme de produits vendus par l'intermédiaire de chaînes d'établissements de restauration rapide. Le caractère sophistiqué du comportement en matière de consommation de poisson a des répercussions importantes sur les stratégies de production nationale, lesquelles imposent une priorité aux types de produits pour lesquels les producteurs japonais ont un avantage concurrentiel marqué par rapport aux fournisseurs étrangers, par exemple les produits de mariculture susceptibles d'être commercialisés en tant que «produits naturels», par opposition aux produits d'élevage. L'élevage extensif en mer devrait devenir la forme privilégiée d'élevage du poisson. Par conséquent, l'évolution à venir des pêches au Japon sera définie principalement par le marché, en particulier par la capacité de l'industrie nationale à affronter la concurrence des fournisseurs étrangers. Les pêches japonaises ne devraient pas connaître une forte croissance dans les décennies à venir. Les gains de production modérés obtenus grâce à l'élevage et au pacage marins devraient être compensés par une nouvelle baisse de la production des flottilles de pêche hauturière, mais le pays continuera à dépendre des importations pour répondre à sa forte demande de produits de la pêche.
Jusqu'à un certain point un comportement analogue en matière de consommation peut être observé en République de Corée, qui libéralise actuellement sa réglementation du commerce des produits de la pêche et dont les importations sont appelées à croître. Toutefois, ce pays reste simultanément un grand exportateur. Pour la production intérieure, la priorité ira au renforcement de l'utilisation des zones de pêche nationales grâce à la construction de récifs artificiels et au moyen de lâchers d'alevins. L'aquaculture devient par ailleurs une source importante de produits de la pêche7.
En Chine, la poursuite prévue d'une croissance économique rapide et de l'expansion de la production halieutique permettra un nouvel accroissement de la consommation par habitant. L'aquaculture en eau douce présente un fort potentiel de croissance, principalement grâce à la remise en état des étangs existants, à l'utilisation des zones saturées d'eau et grâce aux vastes étendues des rizières. La multiplication des écloseries autorisera la réalisation de ce potentiel. En revanche, les pêches traditionnelles de capture en mer ne semblent guère offrir de possibilités substantielles de développement. Les ressources côtières devront faire l'objet d'un aménagement attentif et toute augmentation future des quantités débarquées dépendra sans doute de la pêche hauturière. Toutefois, la vigueur de la croissance économique générera vraisemblablement suffisamment de pouvoir d'achat pour compenser par un appel aux importations tout déficit de l'offre par rapport à la demande.
1 D'après l'étude régionale préparée par l'équipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. J. Cortez, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service des institutions internationales et de liaison (FIPL).
2 Y compris la pêche hauturière pratiquée par les flottilles de la région et par les navires de pêche de la Pologne présents dans cette zone.
3 Université nationale des pêches de Pusan. 1996. Fisheries country profile. Pusan, République de Corée.
4 Université nationale des pêches de Pusan, op. cit., note 3.
5 Ibid.
6 Ibid.
7 Ibid.
La région comprend deux grands groupes de pays: 1. les pays européens industrialisés de l'Union européenne (UE) et de l'Association européenne de libre-échange (AELE), c'est-à-dire l'espace économique européen, ainsi que Malte, Andorre et Monaco; et 2. les anciens pays à économie dirigée - ou pays en transition - de l'Europe centrale et orientale y compris la Fédération de Russie et les autres républiques européennes de l'ex-URSS. Les eaux maritimes bordant ces pays sont l'Atlantique Nord-Est (mer du Nord, mer Baltique, mer de Norvège et mer de Barents incluses), la mer Noire, la mer Méditerranée et le Pacifique Nord-Ouest (mers de Bering et d'Okhotsk).
La production de poisson revêt une grande importance dans nombre de pays de la région, en particulier comme source de devises étrangères dans les Etats en transition et comme source d'emploi au sein des communautés côtières. Les flottilles régionales assurent 16 pour cent de la production halieutique mondiale en volume, soit 17,2 millions de tonnes. La consommation de poisson par habitant varie de niveaux moyens assez élevés dans certains pays méditerranéens et nordiques, c'est-à-dire des disponibilités de poisson pour l'alimentation dépassant 30 kg par an (équivalent poids vif) à des niveaux compris entre 10 et 15 kg par an dans certains pays en transition et pays continentaux. La région est un importateur net, tant en valeur qu'en volume.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
Le total régional des captures en mer s'est élevé à 15,3 millions de tonnes en 19942. La part correspondant aux flottilles de pêche des pays industrialisés a représenté environ 70 pour cent de ce total. La production de la sous - région occidentale est dominée par les captures effectuées dans l'Atlantique Nord-Est, où les principales espèces commerciales comptent notamment le hareng, le lançon, le capelan, la morue, le maquereau, le pilchard, le sprat, le maquereau bâtard, le merlan bleu et le lieu noir. Plus au nord, dans l'océan Arctique Nord-Est et dans la mer de Barents, comme dans les zones de pêche de l'Islande et des îles Féroé, la morue et le capelan sont les espèces les plus couramment exploitées, ainsi que le hareng, l'églefin et le lieu noir. Dans la mer Baltique, les activités de pêche sont consacrées à la morue, au hareng, au sprat et au saumon.
Figure 40 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
Toutefois, de nombreux stocks de poissons démersaux ont fait l'objet d'une exploitation intensive au cours des dernières décennies et certains des stocks sont considérés à présent comme en dehors des limites de sécurité biologique. Les petites espèces pélagiques sont généralement moins touchées. En outre, la pollution a provoqué une détérioration de l'environnement dans certaines zones côtières de l'Atlantique Nord. Quant au saumon de la mer Baltique, les populations naturelles sont menacées par la maladie et la concurrence des populations d'élevage (encadré 10). En Méditerranée, la plupart des stocks démersaux sont également exploités ou surexploités. Par conséquent, les flottilles de l'Union européenne (UE) pêchent non seulement dans les eaux limitrophes, mais cherchent de plus en plus à pratiquer la pêche hauturière dans les ZEE d'autres pays et les fonds budgétaires affectés à des accords autorisant ce type d'accès ont été récemment augmentés3. De manière analogue, l'Islande et la Norvège pratiquent des activités de pêche dans le cadre d'un certain nombre d'accords bilatéraux.
ENCADRÉ 10
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Les principales zones de pêche de la sous-région orientale sont la mer d'Okhotsk et la mer de Bering dans l'océan Pacifique Nord. Les principales espèces exploitées dans l'océan Pacifique Nord sont le lieu de l'Alaska, bien que les quantités débarquées en 1994 aient été de 2 millions de tonnes, soit seulement la moitié du niveau atteint en 1986. Les flottilles des pays en transition opèrent également dans la mer de Barents, principalement les morutiers russes, et dans la mer Baltique les navires de pêche estoniens, lituaniens, lettons et de la Fédération de Russie.
En mer Noire, les captures totales ont enregistré une brutale baisse passant de 913 000 tonnes à 277 000 tonnes de 1988 à 19924, mais elles ont augmenté depuis lors puisqu'elles s'élevaient à 511 000 tonnes en 1994. Cette baisse semble s'expliquer par une modification de l'écosystème sous l'effet d'un certain nombre de facteurs: pêche incontrôlée et intensive, apport d'éléments nutritifs des rivières et des zones littorales et introduction d'espèces exotiques.
Compte tenu du caractère très évolué de la technologie des flottilles de pêche, celles-ci tendent à se caractériser par une forte intensité de capital plutôt que de main-d'uvre. Toutefois, les investissements consacrés aux navires de pêche des poissons de fond ont généralement diminué ces derniers temps. Ils ont par contre été orientés davantage vers les pêches pélagiques et l'industrie de transformation. Les pêches européennes présentent actuellement une surcapacité critique; d'après une étude récente de l'UE, une réduction de 40 pour cent de la capacité de capture globale s'impose pour ramener la taille de la flottille de pêche à un niveau adapté aux ressources halieutiques disponibles5.
La production maritime des anciens pays à économie dirigée et de l'ex-URSS (sous-région orientale) a diminué, pour passer d'environ 10 millions de tonnes par an au début des années 80, à seulement 4,5 millions de tonnes en 1994. Le pays dont la production halieutique est la plus considérable, à savoir la Fédération de Russie, a produit 3,5 millions de tonnes en 1994. Une des raisons majeures de cette chute brutale tient à la réduction des activités de pêche hauturière; l'ex-URSS, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie possédaient d'importantes flottilles de pêche hauturière et, en 1983, les flottilles de ces pays assuraient quelque 40 pour cent de leur production halieutique. En 1993, cette part était tombée à 20 pour cent. Les flottilles des pays en transition sont généralement anciennes et ont fortement besoin d'être modernisées. La Fédération de Russie a entrepris un programme ambitieux de rénovation de sa flottille de pêche en 1994 et on peut constater certains signes de reprise; ainsi, les captures de la Fédération de Russie et de la Pologne ont augmenté d'environ 20 pour cent en 1995.
Pêches continentales
La production des pêches continentales de capture de la région a diminué de près de 50 pour cent au cours de la décennie écoulée, étant passée de 820 000 tonnes en 1984 à 420000 tonnes en 1994. Les principales espèces comprennent notamment la truite arc-en-ciel, le sprat de la mer d'Azov et la carpe commune. Toutefois, il ne faut pas oublier que les données officielles sur les pêches de capture dans les eaux continentales risquent dans de nombreux cas d'être sous-estimées. La production des activités de subsistance et de loisir est rarement prise en compte avec précision dans les statistiques et ces différents secteurs jouent vraisemblablement un rôle relativement important en matière de disponibilité alimentaire dans les économies en transition. Néanmoins, les captures commerciales ont diminué suite aux changements politiques intervenus dans les anciens pays à économie dirigée et à la disparition de l'infrastructure et des systèmes de distribution. La pollution, les projets d'infrastructure et la concurrence exercée d'autres secteurs pour l'utilisation des ressources aquatiques ont eu également un impact négatif sur la production des pêches. Tous les pays de la sous-région orientale géraient habituellement leurs pêches continentales au moyen de programmes d'empoissonnement et de fertilisation destinés à développer les pêches de capture. Dans la Fédération de Russie, cette activité est encore subventionnée, alors que cette pratique semble avoir disparu dans les autres pays, en raison des difficultés économiques inhérentes à cette période de transition.
Dans les pays industrialisés, les mesures d'aménagement des eaux continentales concernent essentiellement la pêche sportive; la pêche commerciale est secondaire sauf dans les lacs les plus étendus. La reconstitution des populations de certaines espèces telles que la truite arc-en-ciel, l'adoption de lois rigoureuses antipollution et la mise en uvre de programmes de remise en état comptent fréquemment parmi les éléments constitutifs des programmes d'aménagement de ces pêcheries.
Aquaculture
En 1994, la production aquacole régionale a représenté 6 pour cent et 10 pour cent de la production mondiale totale, respectivement en volume et en valeur. En 1994, 1,5 million de tonnes ont été produites pour une valeur de 3,8 milliards de dollars EU, dont 1,3 million de tonnes dans les pays industrialisés et 195 000 tonnes dans les pays en transition. Dans le premier groupe de pays, près de la moitié de la production se compose de mollusques6, tandis que le second élément par ordre d'importance de la production se compose de poissons diadromes, par exemple de saumons et de truites arc-en-ciel. En fait, le secteur de l'aquaculture a connu une véritable révolution en raison du succès rencontré tout particulièrement par l'élevage du saumon.
Dans la partie orientale de la région, la production totale a diminué de moitié entre 1991 et 1992, en raison des difficultés économiques et sociales posées par l'effondrement du système à économie dirigée. Cette baisse a été observée surtout dans les pays de l'ex-URSS; en revanche, la production est restée plus stable en Hongrie, en Pologne et dans l'ancienne Tchécoslovaquie. L'élevage de la carpe (carpe chinoise et carpe commune) et de divers cyprinidés est très répandu, en dépit de la mise en place progressive d'une production d'espèces de valeur plus élevée; une nouvelle réorientation des activités pourrait ainsi être prévue quand les niveaux de production remontent.
PRODUITS ET MARCHÉS
Pratiquement tous les pays industrialisés européens sont dotés d'un genre ou d'un autre d'industries de transformation, c'est-à-dire d'installations de conserverie, de fumage, de congélation ou d'autres traitements du poisson. Il existe également dans la région une industrie de production de farine de poisson. La production de produits alimentaires prêts à consommer constitue le secteur dont la croissance est la plus rapide au sein de l'industrie de transformation du poisson de l'UE, et les grands distributeurs présents sur le marché s'emploient activement à introduire de nouveaux produits. On constate en outre une évolution dans certains pays en faveur du poisson frais et du poisson réfrigéré et une augmentation des ventes de poisson dans les supermarchés.
Dans les pays en transition, une grande partie de l'industrie de transformation doit être modernisée et exige de nouveaux investissements. Durant l'ère soviétique, certains pays côtiers et certaines républiques du littoral étaient dotés d'une importante industrie de transformation, par exemple l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, dont une partie seulement est actuellement en service en raison de la chute de leur approvisionnement en matières premières. De plus, dans le passé, la distribution du poisson et des produits de la pêche était assurée par de grandes sociétés d'Etat qui n'ont pas survécu à la période de transition. Le système ancien n'a cependant pas encore été entièrement remplacé, bien que de nouvelles sociétés de distribution privées et des chaînes de supermarchés fassent actuellement leur apparition - par le biais de coentreprises - parallèlement à une infrastructure de distribution en gros. De manière analogue, certaines des usines de transformation ont été modernisées et produisent actuellement des produits à valeur ajoutée conformes aux normes de l'UE applicables aux exportations. Seule la Pologne dispose encore d'importants équipements de transformation en mer; le poisson est ainsi congelé à bord des navires de pêche hauturière et exporté principalement à destination de l'UE.
Figure 41 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 42 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
Les niveaux de consommation de poisson présentent de fortes variations d'une sous-région à l'autre et entre les différents pays. Dans l'ensemble de la région, les disponibilités moyennes par habitant de poisson pour l'alimentation étaient de 17 kg (équivalent poids vif) en 1994. Toutefois, dans les pays industrialisés, les disponibilités moyennes atteignent environ 22,5 kg par an, avec des fluctuations, par exemple entre l'Islande, où les disponibilités moyennes de poisson par personne et par an dépassent 90 kg, et l'Albanie, la Bosnie, la Croatie et la République fédérative de Yougoslavie, où les disponibilités sont inférieures à 2 kg. En règle générale cependant, le consommateur a une image positive du poisson et la demande est susceptible d'augmenter à l'avenir. Puisque la production locale ne peut fournir les quantités requises, la région est un importateur net de produits de la pêche. Au sein de l'UE, le poisson est le deuxième article d'importation alimentaire. En revanche, les 12 Etats membres de l'UE assuraient 20 pour cent des exportations mondiales de poisson en 1994 (ce chiffre tenant compte de la valeur du commerce intrarégional).
La pression exercée par les consommateurs sur l'industrie de la pêche en faveur des objectifs de préservation de l'environnement se manifeste depuis peu dans la région. Au nombre des initiatives prises à cet égard il convient de mentionner l'amélioration de l'administration maritime, conformément aux règles d'écoétiquetage définies conjointement par Unilever et le Fonds mondial pour la nature, l'accord entre Unilever et Sainsbury renonçant à l'utilisation de l'huile de poisson provenant des pêches industrielles, le projet d'interdiction des importations de crevettes d'élevage en Suède et enfin les lois sur l'emballage adoptées en Allemagne.
Figure 43 Production halieutique par grands groupes d'espèces
Dans les pays en transition, la consommation de poisson a brutalement baissé récemment faute d'approvisionnement. Dans la Fédération de Russie, la consommation par habitant est tombée de 29 kg à 9 kg par an entre 1989 et 1993. En ce qui concerne le commerce, la répartition traditionnelle des importations et des exportations a été complètement modifiée ces dernières années. Les pays d'Europe de l'Est et les républiques de l'ex-URSS exportent maintenant de plus en plus d'espèces de valeur élevée pour obtenir des devises étrangères. Les espèces de poisson de fond telles que le lieu de l'Alaska et la morue sont parmi les produits les plus courants. Simultanément, des produits de faible valeur sont importés et les pays en question sont davantage tributaires de ces échanges depuis la chute de la production locale. La région est dans l'ensemble un importateur net de poisson en volume, mais la valeur des exportations a dépassé celle des importations de 1,2 million de dollars en 1994.
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES D'AMÉNAGEMENT
Dans les nouvelles républiques issues de l'ex-URSS, les administrations des pêches sont des instances gouvernementales récemment constituées alors qu'auparavant la gestion du secteur était centralisée à Moscou. Pendant les années de transition, la structure administrative a généralement fait l'objet de plusieurs changements et peut encore avoir besoin d'être modifiée, par exemple pour répondre à un besoin fréquent de renforcement des capacités socioéconomiques. Bien que ces pays disposent d'excellents spécialistes des sciences naturelles, ils manquent généralement de personnel qualifié dans le domaine des sciences sociales. De plus, il importe d'introduire (ou de réintroduire) la notion de planification du secteur. Jusqu'à présent, les politiques des pêches ont été axées sur le maintien de l'accès aux zones de pêche hauturière, l'amélioration de l'aménagement des pêches dans les zones nationales et, le cas échéant, l'harmonisation des législations nationales avec celles de l'UE. Des efforts ont été déployés pour restructurer et privatiser le secteur des pêches dans tous les pays mais se sont fréquemment heurtés à des difficultés telles que le niveau élevé des taux d'intérêt.
Au sein de l'UE, il existe parallèlement à la politique agricole commune (PAC) une politique commune de la pêche consistant à appliquer «des règles communes dans tous les pays membres de la CE et concernant tous les aspects de l'industrie de la pêche depuis la mer jusqu'aux consommateurs7» (encadré 11).
ENCADRÉ 11
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Un certain nombre de systèmes d'aménagement des pêches ont été mis en place dans la région. La politique commune de la pêche de l'UE utilise un système de totaux admissibles de capture et de quotas, complété par des mesures techniques. Dans la mer Baltique, les TAC et les quotas nationaux sont approuvés par la Commission internationale des pêches de la Baltique (IBSFC), sur avis du CIEM, qui fournit également des conseils en matière d'aménagement concernant d'autres parties de l'Atlantique Nord-Est. En Méditerranée, les différents pays établissent des politiques nationales qui diffèrent d'un pays à l'autre en dépit du fait que l'UE assure la coordination des politiques nationales de ses membres, en tenant compte des avis consultatifs du Conseil général des pêches pour la Méditerranée (CGPM). Les mesures d'aménagement portent principalement sur la limitation des licences octroyées et les subventions allouées au secteur, plutôt que sur le contrôle des quotas. On constate par ailleurs une insuffisance certaine des informations disponibles concernant l'état actuel des stocks. Dans la mer Noire, il n'y a ni quotas, ni mesures de limitation de l'effort de pêche, et les flottilles donnent lieu à une surcapitalisation très importante. Une nouvelle convention régissant le fonctionnement d'une commission des pêches de la mer Noire est actuellement en cours de négociation entre les Etats riverains.
Les rejets en mer posent un problème grave dans la région. Le Pacifique Nord-Ouest se caractérise par les plus fortes quantités de rejets en mer à l'échelle mondiale, lesquelles sont estimées à 9,1 millions de tonnes, précédant ainsi l'Atlantique Nord-Est dont les rejets s'élèvent à 3,7 millions de tonnes. Dans l'Atlantique, ce phénomène semble résulter en partie d'un aménagement monospécifique par un système de quotas appliqué à des pêcheries multispécifiques, encourageant ainsi des pratiques de sélection des prises de valeur élevée et de rejets en mer, qui affectent parfois près de 50 pour cent des captures démersales, bien que l'absence générale d'observateurs à bord des navires de pêche commerciaux ne facilite pas la quantification des pratiques en question. La Norvège, qui compte parmi les principaux pays pratiquant la pêche dans cette région, a adopté une politique de suppression des rejets en mer (encadré 12). En Méditerranée et dans la mer Noire, les problèmes de rejets sont vraisemblablement moins graves, sauf en ce qui concerne la pêche au filet maillant à grande échelle qui est toujours pratiquée, en dépit de l'interdiction prononcée par les Nations Unies.
ENCADRÉ 12
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Les organisations et les arrangements de gestion des pêches de l'Atlantique Nord-Est se heurtent à différents problèmes tels que la pollution, la production d'informations inexactes, et les défauts de mise en application. Le Groupe de travail pour la mer du Nord8 a entrepris l'un des rapports d'état les plus exhaustifs jamais effectués pour un écosystème marin et formulé des recommandations pour l'élaboration d'une stratégie visant à protéger les espèces et les habitats9.
L'un des principaux problèmes rencontrés est celui des «débarquements occultes», c'est-à-dire les débarquements non signalés effectués pour échapper aux limitations des quotas. Parmi les efforts déployés pour renforcer les capacités de suivi, de contrôle et de surveillance, il y a lieu de citer l'utilisation de systèmes de surveillance des navires, et l'UE prévoit de mettre en place des vérifications supplémentaires après-capture des registres et des documents commerciaux.
Les méthodes traditionnelles de gestion consistant à limiter les captures ont échoué à plusieurs reprises en matière de réduction de la mortalité des poissons dans l'Atlantique Nord-Est et se trouvent à présent largement discréditées. Une importante réduction de la capacité des flottilles jointe à un recours élargi à la limitation directe de l'effort de pêche, telle que l'UE l'envisage actuellement, pourrait s'avérer plus efficace.
PERSPECTIVES
La demande de poisson est susceptible d'augmenter à l'avenir, compte tenu de l'image positive du poisson en tant qu'aliment dans la partie occidentale de la région et du retour au niveau de consommation antérieur dans la partie orientale. Toutefois, une rapide reprise de la consommation exigerait des approvisionnements en produits peu coûteux.
La production de poisson dans les pays en transition, en particulier la Fédération de Russie, pourrait bientôt cesser de diminuer et commencer à amorcer une lente reprise. Une industrie de la pêche revigorée présentera des caractéristiques très différentes par comparaison aux années 80; ainsi, le secteur de la pêche hauturière ne jouera vraisemblablement qu'un rôle mineur et l'accent sera mis davantage sur une meilleure utilisation des ressources dans les eaux nationales. Un programme de restructuration judicieusement conçu devrait comporter la rénovation des flottilles - d'ores et déjà entreprise dans la Fédération de Russie - ainsi qu'une réduction de la surcapacité.
Les perspectives futures de la pêche dans les pays industrialisés dépendent principalement de l'efficacité des mesures d'aménagement adoptées dans l'Atlantique Nord-Est. Tel qu'indiqué ci-dessus, l'élimination des capacités excédentaires et l'exercice d'un contrôle plus direct de l'effort de pêche pourraient constituer les deux éléments d'un programme d'amélioration de l'aménagement.
Les ressources halieutiques continentales sont d'ores et déjà considérablement exploitées, et leur vocation majeure passe progressivement de la production alimentaire aux activités de loisir. Toutefois, leur aménagement plus judicieux permettrait d'augmenter dans certains cas la production de poisson pour l'alimentation à partir des eaux continentales - en particulier dans les pays en transition. Bien que la production aquacole puisse augmenter dans les pays de l'Europe de l'Ouest, elle sera probablement restreinte par la disponibilité limitée de sites de pêche, les utilisations concurrentes des ressources aquatiques, la réglementation plus rigoureuse de l'environnement et les importations à meilleur marché provenant d'autres régions. Toutefois, compte tenu des marchés potentiels présents dans les pays industrialisés, la production aquacole dans les pays en transition est susceptible de s'étendre à l'élevage d'espèces de valeur plus élevée telles que le saumon et l'anguille.
Le commerce des produits de la pêche a continué d'augmenter, mais à un rythme plus lent au cours des trois dernières années. Pour répondre à la demande future, la région dans son ensemble restera un importateur net de poisson.
1 Cet examen s'appuie sur l'étude régionale préparée par l'équipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. R. Grainger, Unité de l'information, des données et des statistiques sur les pêches (FIDI).
2 Y compris la production de la pêche hauturière.
3 Fishing News International. 1996. Review of Europe's fishing deal.
4 Les captures totales en mer Noire incluent les captures des pays ne faisant pas partie de cette région.
5 Rapport du Groupe d'experts indépendants chargés de conseiller la Commission européenne au sujet de la Quatrième génération de Programmes d'orientation pluriannuels. 1996.
6 Il y a lieu de signaler qu'en ce qui concerne les mollusques, environ 10 pour cent seulement du poids brut est effectivement consommé; ainsi la plus grande partie du tonnage produit est constituée de coquilles.
7 Commission européenne. 1994. The new Common Fisheries Policy. Direction générale de la pêche, XIV, Luxembourg.
8 Le groupe de travail se compose des huit Etats riverains de la mer du Nord: l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède ainsi que des représentants concernés de la Commission européenne.
9 North Sea Task Force. 1993. North Sea Quality Status Report. 1993.
La région comprend le continent sud-américain, ainsi que lAmérique centrale et le Mexique, outre les Etats insulaires et les territoires des Caraïbes. La région est entourée par les parties sud de locéan Atlantique et de locéan Pacifique et comprend également les mers semi-fermées du golfe du Mexique et de la mer des Caraïbes.
La production halieutique de lAmérique latine et des Caraïbes a culminé en 1994 à 24 millions de tonnes, soit 22 pour cent du total mondial. Les petites espèces pélagiques représentent quelque 75 pour cent des captures totales. La contribution du secteur à léconomie est essentiellement concentrée dans les régions côtières rurales où il constitue la principale - et parfois seule - source demploi et de revenus; sur le plan national, il joue cependant un rôle mineur. La consommation de poisson pour lalimentation a été inférieure à la moyenne mondiale, puisque les disponibilités par habitant sont denviron 9 kg par an (équivalent poids vif). Les pays dAmérique latine sont de gros exportateurs de poisson et de produits de la pêche et assurent 11 pour cent des exportations mondiales, le Chili étant le premier exportateur net. Les exportations se composent essentiellement de crevettes et de farine de poisson.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
Les quantités débarquées totales des pêches marines de la région se sont élevées à 23,1 millions de tonnes en 1994, dont 85 pour cent provenaient du Pacifique Sud-Est où les captures ont atteint un niveau record cette même année. La production totale est encore dominée par lanchois du Pérou et les fluctuations du volume total des captures sont imputables à la variabilité propre à cette espèce. Les captures des pêcheries danchois ont brutalement diminué dans les années 70, passant de 13,1 millions de tonnes en 1970 à 1,7 million de tonnes en 1973, avant de tomber à 94 000 tonnes en 1984. Depuis cette date, le stock sest reconstitué et les quantités débarquées ont atteint 11,9 millions de tonnes en 1994. Lintensité de leffort de pêche a certes joué un rôle prépondérant dans lépuisement du stock, mais le changement climatique dû au phénomène El Niño a également été lune des principales causes de la défaillance du recrutement et de lappauvrissement du stock (encadré 13). Bien que lon signale à présent la pleine exploitation des deux principaux sous-stocks danchois du Pérou, il est indispensable de prendre des mesures rigoureuses de suivi et de surveillance afin déviter toute situation de surpêche.
ENCADRÉ 13
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Les stocks dautres petits pélagiques, tels que le pilchard du Chili, le chinchard du Chili et le maquereau, ont commencé à augmenter lors de leffondrement des pêches danchois du Pérou. Les deux premières espèces constituent actuellement les principaux éléments de la production dans cette zone. On estime toutefois que les stocks de pilchards sont pleinement exploités et même surexploités dans une partie du secteur quils occupent.
Dans lAtlantique Sud-Ouest la production a augmenté récemment. Les principales espèces sont lencornet et le merlu, suivis des basses, des congres et de différents démersaux. Les encornets, les crevettes, les langoustes et les crabes, et dautres petits pélagiques, tels que la sardine et lanchois dArgentine, sont également pêchés. Jusquaux années 80, cette zone a compté parmi les principales zones de pêche mondiales et présentait un important potentiel de développement, mais depuis, plusieurs pêches hauturières industrialisées se sont créées et la plupart des stocks de poisson sont à présent considérés comme pleinement exploités, certains ayant été surexploités au cours des dernières années.
Figure 45 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
Dans la zone Atlantique Centre-Ouest, la plupart des pêches pélagiques, dont le brochet, le thon et lespadon, sont pleinement exploitées ou surexploitées. Les poissons osseux, en particulier les requins et les raies, suscitent actuellement des inquiétudes communément répandues, et nombre despèces de poissons coralliens ont été pleinement exploitées ou surexploitées, comme la été le strombe rose. Dans le Pacifique Centre-Est la production de poisson a généralement diminué en dépit dune légère augmentation entre 1993 et 1994. La diminution la plus nette des captures depuis le milieu des années 80 a été celle des pêcheries danchois de Californie et de sardine, qui a entraîné une baisse de la production mexicaine. Par ailleurs, la production de thon et de divers grands pélagiques a légèrement augmenté au cours des 20 dernières années. Dans toute cette zone la crevette et le bouquet donnent lieu à des pêches de valeur élevée et dune grande importance.
Alors que dans le passé la région de lAmérique latine a été fortement tributaire des importations de construction navale et déquipement de pêche, on a observé récemment un transfert accru de technologie vers cette région, en provenance de lEurope du Nord en particulier. A lheure actuelle, ses chantiers navals sont en mesure de construire et darmer des navires de pêche, conformément à des normes de qualité rigoureuses tandis que les industriels locaux peuvent fabriquer nimporte quel type dengin de pêche et déquipement de manutention. Les grands navires modernes équipés de sennes coulissantes construits par les chantiers navals du Pérou et du Chili témoignent de ce transfert de technologie. Dans la partie sud du Pacifique, la pêche à la senne coulissante de petits pélagiques est réalisée à très grande échelle et vise essentiellement à fournir la matière première nécessaire au fonctionnement des usines de farine et dhuile de poisson. Dans la partie nord, la pêche au chalut de la crevette est plus répandue. Sur le littoral atlantique, les principales méthodes de capture vont de la pêche au chalut de la crevette et des espèces démersales, avec des navires de capacité moyenne dans la région située au nord de lAmazone, à la pêche au chalut à plus grande échelle dans les eaux benthiques et dans les eaux intermédiaires, au moyen de grands chalutiers équipés dinstallations de congélation au sud du Rio de la Plata. En outre, une pêche saisonnière à la senne coulissante axée sur les petits pélagiques est pratiquée au sud du Brésil et il existe dimportantes pêcheries au thon du même type au Venezuela. La pêcheries à la palangre est également pratiquée le long du littoral.
Dans les petits Etats insulaires des Caraïbes, les pêches sont essentiellement des activités artisanales à petite échelle, utilisant des engins passifs tels que lignes à hameçon, filets maillants et cages. Dans la plupart des cas, les navires des pêcheurs artisanaux sont construits par des méthodes traditionnelles pour lexploitation des ressources démersales et des crustacés au voisinage des îles.
Daprès les données des Services dinformation maritime de la loyd, la flottille de pêche dAmérique latine sest développée à un taux annuel denviron 5 pour cent au cours de la dernière décennie. Même sans tenir compte des inscriptions maritimes libres du Panama et du Honduras, on a constaté une augmentation du nombre de grands navires de la région. Ainsi, le registre dinscription de la loyd fait apparaître 3 156 navires dont le tonnage dépasse 100 tonneaux de jauge brute (TJB) inscrits dans la région en 1995, contre 2 238 en 19852. Ce développement de la flottille de pêche industrielle sest traduit par une capacité de capture excédentaire qui pose actuellement un problème, même dans plusieurs pêcheries de merlus et de crevettes tropicales.
Pêches continentales
Suite à une croissance rapide de la production des pêches continentales jusquen 1987, date à laquelle les captures régionales totales ont atteint 580 000 tonnes, les captures se sont stabilisées ou ont même diminué pour tomber à environ 450 000 tonnes en 1991. En 1994, les captures totales déclarées ont atteint quelque 500 000 tonnes, soit un niveau nettement inférieur au rendement potentiel des eaux intérieures du continent et bien en deçà de la production notifiée dans des régions tropicales analogues en Afrique et en Asie. Cela tient peut-être en partie à la qualité insuffisante des données statistiques (en règle générale les données correspondant aux activités de subsistance et de loisir ne sont pas prises en compte), mais est vraisemblablement surtout imputable à une productivité généralement basse.
Les pêches continentales sont concentrées au voisinage des principaux cours deau. En dépit du faible niveau dexploitation, certaines zones localisées présentent des signes de surexploitation. A différents endroits, les effets de la surexploitation ont été aggravés par la détérioration de lenvironnement. Trois principaux systèmes dexploitation caractérisent la région: au sud, cest-à-dire en Argentine, au Chili et dans une partie du Brésil, les pêcheries commerciales ont actuellement été fermées et les ressources sont surtout réservées aux activités de loisir et de subsistance. Dans la partie centrale, les pêches commerciales pratiquées dans les rivières et les retenues deau présentent un caractère moins intensif; et dans la partie nord, en particulier dans le polygone de sécheresse du Brésil, à Cuba et au Mexique, on constate une tendance croissante à une exploitation intensive des retenues deau par des mesures dempoissonnement et dintroduction despèces, à la suite desquelles ces secteurs ont enregistré le plus fort taux de croissance de ces dernières années.
La plupart des îles des Caraïbes ne possèdent pas deaux intérieures étendues; aussi, les pêches intérieures y sont-elles pratiquement inexistantes.
Aquaculture
En 1994, la production aquacole totale a atteint 472 000 tonnes, soit respectivement 2 et 5 pour cent de la production mondiale en volume et en valeur. Laquaculture représente une contribution analogue à la production régionale totale des pêches et six pays assurent la plus grande partie de la production. Lélevage de la crevette a progressé très rapidement et représentait plus de 80 pour cent de la production régionale totale en valeur en 1994. Lélevage du saumon sest également développé, bien quil soit limité pratiquement au Chili. Toutefois, les marges bénéficiaires réalisées grâce à ces deux espèces ont diminué. Lélevage des poissons deau douce et des coquillages est également pratiqué, notamment de tilapias, de truites et de carpes.
Laquaculture industrielle vouée à lexportation sest développée dans une proportion importante et présente encore un certain potentiel de croissance. Enfin, laquaculture orientée vers la production despèces peu coûteuses sest légèrement intensifiée.
PRODUITS ET MARCHÉS
Les niveaux de consommation de poisson varient dun pays à lautre, ainsi quà lintérieur de chacun des différents pays considérés. La moyenne régionale des disponibilités par habitant de poisson pour lalimentation est proche de 9 kg par an (équivalent poids vif), ce qui est nettement en dessous de la moyenne mondiale denviron 13 kg. Toutefois, la consommation sest accrue au cours des dernières décennies. Pour quelque 5 pour cent de la population (les habitants des îles anglophones des Caraïbes et ceux du Chili), les disponibilités annuelles par habitant atteignent 30 kg. A linverse, dans la plupart des pays dAmérique centrale, ce chiffre est inférieur à 5 kg par an. Aussi, la contribution des produits de la pêche aux disponibilités en protéines animales savère-t-elle moins critique en Amérique latine que dans beaucoup dautres pays en développement, bien que le poisson reste une denrée alimentaire vitale dans certaines communautés locales.
Labondance des petits pélagiques assure lexistence dune importante industrie du poisson en Amérique latine, où plus des deux tiers des captures totales ne sont pas destinées à lalimentation humaine. Les principaux articles en question sont la farine et lhuile de poisson utilisées comme produits dalimentation animale dans les secteurs de lélevage, de laviculture et de laquaculture. Au Chili, au Pérou et dans une moindre mesure en Equateur, la plus grande partie de cette matière première est transformée en farine de poisson. Les autres utilisations non alimentaires, par exemple la production dappâts et daliments pour animaux dappartement, ne représentent pas des parts substantielles de la production des pêches. Des efforts de longue haleine ont été entrepris pour limiter les quantités destinées à la production de farine de poisson et pour trouver dautres possibilités dutilisation pour la consommation humaine directe. Jusquà présent, cette orientation na pas donné lieu à des succès durables et na pas démontré sa faisabilité économique, en raison principalement de la concurrence exercée par lutilisation comme matière première de la farine de poisson et des hésitations à investir dans des activités de développement des marchés.
Figure 46 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 47 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
Les captures destinées à la consommation humaine directe se composent dans une forte proportion de poisson frais (par exemple, de plus de 50 pour cent), de poisson congelé et de poisson en conserve dans des proportions voisines de 20 pour cent dans lun et lautre cas. Lutilisation des disponibilités de poisson en fonction du type de transformation préalable a généralement évolué dans le passé selon les ressources disponibles et des mécanismes de marché, en particulier la demande internationale. Bien que le marché international joue encore un rôle prépondérant, lindustrie de la pêche semble à présent davantage soucieuse dadapter rapidement les technologies disponibles aux tendances marquantes du marché intérieur. Naturellement, lutilisation du poisson varie au niveau sous-régional. Dans les Caraïbes, elle est également tributaire des besoins du tourisme.
Figure 48 Production halieutique par grands groupes despèces
Les pays dAmérique latine sont de grands exportateurs de poisson et de produits de la pêche puisquils assurent 11 pour cent des exportations mondiales. Equipée dinstallations modernes de transformation, la région est en mesure de fabriquer des produits conformes aux normes internationales et de garantir la fourniture de produits sains et équilibrés. Les exportations sont composées surtout de crevettes et de farine de poisson. Le Chili et le Pérou dominent le marché mondial de la farine de poisson et leurs exportations sont destinées essentiellement au marché asiatique, tandis que le Mexique et lEquateur sont des exportateurs de crevettes. La plupart des exportations de crevettes dAmérique latine sont destinées au marché des Etats-Unis; cest seulement depuis peu que les exportateurs de crevettes de lEquateur ont réussi à pénétrer le marché européen. Alors que les exportations mexicaines de crevettes se composent essentiellement de crevettes sauvages, les exportations de lEquateur sont constituées en quasi-totalité de crevettes délevage. Le thon compte traditionnellement parmi les principales exportations de poisson. Toutefois, lapplication de la politique de préservation des dauphins adoptée par le Gouvernement des Etats-Unis en 1991 a posé de graves problèmes aux pêcheries de thon dAmérique latine.
En tant quimportateurs de poisson, les pays dAmérique latine ne représentent que 2 pour cent environ du total mondial. Le commerce intrarégional est par ailleurs encore très limité.
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES DAMÉNAGEMENT
Dans la plupart des pays, la politique des pêches a été fortement influencée par les mesures macroéconomiques qui font partie des programmes de stabilisation. Parmi ces mesures figurent la privatisation des unités de production, la promotion du commerce extérieur, la réduction ou lélimination des mesures dincitation économique et lencouragement aux investissements étrangers dans le secteur des pêches. Ces mesures ont également eu pour but de rationaliser les mesures administratives et techniques des administrations publiques, notamment de ladministration des pêches. Au cours de la période de transition, les capacités de recherche et de gestion de ladministration des pêches ont été affectées en termes détendue des responsabilités, dallocations budgétaires et de dotations en personnel technique et administratif. Récemment, la situation semble sêtre améliorée dans plusieurs pays.
La plupart des pays de la région pratiquant la pêche ont adopté des dispositions juridiques destinées à réglementer et à limiter laccès à leurs principales zones de pêche par différents types de systèmes doctroi de licence qui régissent ou limitent le nombre total de navires, de pêcheurs, déquipements, de puissances motrices totales ou de différentes mesures de la capacité de capture susceptibles dêtre déployées dans la plupart des pêcheries importantes. De ce fait, les pêcheries dont létat dexploitation maximal ou proche du niveau maximum a été reconnu sont en principe soumises à un régime daccès restreint, cest-à-dire interdisant laccès à tout nouveau bâtiment de pêche, sinon pour remplacer un bâtiment déjà présent. Certains pays utilisent également des systèmes de quotas individuels pour répartir laccès aux ressources et exercer ainsi un contrôle sur la capacité de capture. Les régimes de contingents individuels transférables ne sont actuellement en vigueur dans aucun pays de la région. Toutefois, plusieurs pays envisagent dinstituer des contingents individuels transférables dans certaines pêcheries après évaluation des aspects techniques et socioéconomiques en cause.
Les législations nationales visant à exercer un contrôle sur la capacité de capture nont pas toujours été efficaces dans la région. Bien que la législation actuellement en vigueur puisse être appropriée, une surveillance inexistante ou trop permissive et des méthodes dapplication indéfinies ou trop floues risquent dêtre une cause majeure de capacité excédentaire dans certaines pêcheries hautement rentables.
Différents organismes régionaux constituent le cadre institutionnel régional de coopération, daménagement et de développement des pêches. Ces organismes sont complètement ou partiellement différents les uns des autres sur le plan du statut juridique, de la composition, des domaines de compétences, des attributions et de la couverture géographique. Deux dentre eux sont des organes de la FAO: la Commission des pêches pour lAtlantique Centre-Ouest (COPACO) et la Commission des pêches continentales pour lAmérique latine (COPESCAL); les autres sont des organisations intergouvernementales extérieures à la FAO, cest-à-dire lOrganisation des Etats des Caraïbes Orientales (OECO), la Communauté des Caraïbes et le Marché commun des Caraïbes (CARICOM), la Commission permanente du Pacifique Sud (CPPS) et lOrganisation latino-américaine de développement des pêches (OLDEPESCA).
Les pêches dAmérique latine représentent généralement un pourcentage assez faible des quantités totales rejetées en mer, puisquil est estimé à environ 5 pour cent. Ce chiffre relativement bas est dû principalement à limportance des quantités débarquées par le Pérou et le Chili despèces destinées à la fabrication de farine de poisson, qui donnent lieu à des rejets en mer très faibles, voire nuls. Les valeurs rapportées des quantités débarquées par ces deux pays sélèvent à 18,6 millions de tonnes de sardines, danchois et de chinchards destinés principalement à leurs industries de farine de poisson, de telle sorte que les captures résiduelles de la zone sont inférieures à 4,8 millions de tonnes. Toutefois, il importe de passer en revue les productions résiduelles de ces pêcheries (encadré 14).
ENCADRÉ 14
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La détérioration de la zone côtière a pour effet de réduire le potentiel de pêche à de nombreux endroits, en particulier au sein des pêcheries à petite échelle. Celles-ci continuent à jouer un rôle clé en matière de nourriture et demplois dans les zones côtières marginales. Par conséquent, plusieurs pays prennent des mesures pour mettre en place des approches daménagement intégré des zones côtières à titre dalternative à dautres systèmes daménagement des ressources.
PERSPECTIVES
La consommation de poisson en Amérique latine et aux Caraïbes a augmenté progressivement au cours des 20 dernières années et continuera probablement daugmenter à lavenir. Compte tenu des perspectives de croissance démographique et économique, on estime que la demande aura augmenté denviron 2 à 3 millions de tonnes dici à lan 2010.
Laccroissement des disponibilités pourrait provenir dune diminution des rejets en mer et des pertes après-capture. Une plus forte utilisation des petits pélagiques pour la consommation humaine directe pourrait constituer un enjeu décisif pour la région, mais cette option devra être fondée sur un examen de sa faisabilité économique, technologique et commerciale. Quant à laccroissement des quantités débarquées, les espèces marines exploitées commercialement ont déjà atteint en règle générale un niveau dexploitation avancé et devront faire lobjet dun meilleur aménagement pour pouvoir répondre à la demande future. De plus, la production de poisson dans la région Amérique latine et Caraïbes variera en fonction de labondance des stocks de petits pélagiques.
Les tendances actuelles de la production des pêches continentales seront probablement plus marquées à lavenir. Dans la partie sud de cette région, en Argentine, au Chili et dans certaines régions du Brésil, la tendance à fermer certaines pêcheries à lexploitation commerciale et à les réserver aux activités de loisir et de subsistance se confirmera. Dans la partie centrale, les pêches commerciales exploitant les rivières et les retenues deau poursuivront généralement leurs activités, caractérisées par une faible productivité. Dans le nord et en particulier dans le polygone de sécheresse du Brésil, à Cuba et au Mexique, une gestion plus intensive des retenues deau par des mesures dempoissonnement et dintroduction despèces se poursuivra probablement. Compte tenu de ces tendances, il sera possible dobtenir une production accrue sous réserve dune gestion prudente et dun assainissement des retenues deau dAmérique latine.
Laquaculture industrielle tournée vers lexportation sest développée notablement dans la région et comporte encore des possibilités de croissance limitées. Les autres types daquaculture tels que les étangs délevage dans des réservoirs, lélevage de poissons en eau douce, lélevage de coquillages et de plantes aquatiques, se sont moins développés prévu. Le potentiel régional en matière daquaculture ne procède pas seulement des ressources disponibles (eau, terre, littoral, température, agriculture, etc.), mais aussi des capacités existantes en matière de structures institutionnelles, de recherche et desprit dentreprise. La plupart des difficultés responsables de la lenteur du développement de laquaculture mettent en cause ces facteurs. Le développement restreint de laquaculture à vocation sociale, comme de laquaculture tournée vers la production de produits de faible valeur à lintention des catégories sociales à faibles revenus, est une conséquence importante de cette situation. Aussi, un défi futur consistera-t-il à instituer des mesures visant à utiliser au mieux les possibilités existantes pour mettre en place ces types de production aquacole.
Les pays consommateurs de poisson, en particulier aux Caraïbes, resteront tributaires des importations, bien quun meilleur aménagement de leurs ressources et lexploitation des grands pélagiques puissent alléger quelque peu leurs dépenses dimportation. Parallèlement, dautres produits alimentaires peuvent, dans une certaine mesure, se substituer au poisson.
Vu le rôle déterminant de la demande internationale sur le plan des quantités et des valeurs unitaires, ainsi que lorientation de lindustrie régionale vers les marchés étrangers, la valeur des importations de poisson devrait continuer à croître. A cet effet, une condition importante à remplir est de veiller à ce que les mesures macro-économiques et les politiques sectorielles continuent à maintenir la compétitivité des produits régionaux. La tendance à intensifier la production de produits à valeur ajoutée, au lieu de vendre simplement des matières premières destinées à des industries de transformation, se poursuivra vraisemblablement dans les années à venir. Les mesures liées au commerce et à lenvironnement pourraient créer des difficultés économiques dans certains secteurs de lindustrie de la pêche, par exemple à cause des prises accessoires de dauphins et de tortues, qui accompagnent respectivement la pêche au thon et à la crevette.
1 Daprès létude régionale préparée par léquipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. A. Gumy, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service de la planification et du développement (FIPP).
2 Si lon fait abstraction des flottilles du Honduras et du Panama, les chiffres correspondants sont de 2 152 en 1995 et 1 787 en 1985.
La région comprend le Canada, le Groenland et les Etats-Unis (Caraïbes et îles du Pacifique Sud non comprises, mais avec les Bermudes, Saint-Pierre-et-Miquelon, et lAlaska) et les zones de pêche adjacentes de lAtlantique Nord-Ouest et de lAtlantique Centre et du Pacifique Nord-Est. Compte tenu de la composition des données disponibles, létude porte essentiellement sur la situation au Canada et aux Etats-Unis.
Avec une production totale de 7,1 millions de tonnes en 1994, la région assure quelque 6 pour cent des captures mondiales de poisson. Les quantités débarquées des pêches commerciales en mer ont enregistré certaines fluctuations au cours de la décennie écoulée, marquée par une baisse des captures dans lAtlantique Nord. Laquaculture et les pêches de loisir présentent par contre une tendance plus régulière à la croissance. La consommation de poisson pour lalimentation correspond à des disponibilités moyennes par habitant de 22 à 23 kg (équivalent poids vif par an), et elle est restée assez stable ces dernières années. Les Etats-Unis en particulier, mais aussi le Canada, comptent parmi les premiers importateurs et parmi les principaux exportateurs de poisson et de produits de la pêche. Au Groenland, le poisson représente plus de 90 pour cent en valeur des exportations totales de lîle.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
En 1994, le volume total des captures en mer dans la région Amérique du Nord a atteint 6,5 millions de tonnes, soit une légère diminution par comparaison avec 1993, mais avec une augmentation par rapport à 1992. Ces fluctuations font suite à une période de croissance continue dune vingtaine dannées terminée en 1990, date à laquelle les quantités débarquées au niveau régional ont atteint 7,2 millions de tonnes. La stagnation observée récemment est principalement due à la surexploitation commerciale des principaux stocks de poissons de fond dans certaines zones où les pêches sont actuellement fermées ou assujetties à des restrictions. Par exemple, dans lAtlantique Nord, la morue qui auparavant constituait la plus grande partie des débarquements fait lobjet dun moratoire au large du littoral nord-est du Canada et ne représente donc à présent quune petite fraction en valeur des niveaux de production observés auparavant. En outre, les restrictions en question ont entraîné des changements socio-économiques dans de nombreuses communautés de cette région jusqualors entièrement tributaires des captures en mer pour leur subsistance.
Figure 50 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
Dautre part, les principaux stocks de pélagiques, cest-à-dire de harengs et de maquereaux, semblent en bien meilleur état, sauf dans certaines zones. Les stocks de crevettes, de crabes blancs et de homards sont également en bon état et, en ce qui concerne la crevette, on a supposé que les stocks avaient peut-être effectivement bénéficié dune présence réduite de prédateurs dans certaines zones, suite à leffondrement des stocks de morue.
Dans le Pacifique Nord, les principales espèces de poisson comprennent le lieu de lAlaska, la morue du Pacifique, le hareng, la limande du Japon, le merlu du Pacifique Nord, le thon et le saumon. Le lieu de lAlaska vient nettement en tête, puisquil représentait 40 pour cent des captures en volume dans le Pacifique en 1994. Parmi les espèces considérées comme pleinement exploitées, figurent la morue du Pacifique (golfe de lAlaska), le flétan du Pacifique, la morue charbonnière, les stocks de poissons de fond au large de la côte Pacifique des Etats-Unis et le merlan du Pacifique (merlu). Les ressources en saumon du Pacifique varient considérablement dune zone à lautre, la plupart des stocks étant considérés comme pleinement exploités; par ailleurs, les stocks de saumon argenté et de saumon royal sont surexploités.
Les poissons plats autres que le flétan sont abondants et sous-utilisés dans la mer de Bering et dans le golfe de lAlaska, grâce aux restrictions imposées aux prises accessoires dautres espèces capturées au moyen du même engin de pêche. Les stocks de chinchard sont également sous-exploités. Bien que les stocks de hareng du Pacifique soient plus ou moins abondants, ils ont généralement tendance à présenter un état assez satisfaisant.
Les flottes de pêche régionales se caractérisent par un niveau technologique élevé. Lexcédent de capacité est un problème important aux Etats-Unis et au Canada, qui ont adopté lun et lautre des programmes visant à résoudre cette difficulté. En 1995, les Etats-Unis ont entrepris deux programmes régionaux visant à réduire leffort de pêche. Dans lAtlantique Nord-Ouest, la capacité de pêche de poissons de fond est réduite actuellement par des mesures de retrait de navires et de cession de permis, alors que dans le Pacifique Nord-Est, des centaines de permis de pêche au saumon ont été retirés. Des Centres dassistance familiale à la pêche ont été créés à titre de mesure complémentaire des programmes de rachat des navires de pêche et des permis (voir également Politique des pêches et mesures daménagement).
Au Canada, la capacité des flottilles nationales est excédentaire dans les deux zones côtières, bien que la flotte de pêche de poissons de fond dans locéan Atlantique ait été en grande partie inactive et que sa capacité ait été réduite ces dernières années. Dans la région atlantique, un programme de retrait des permis de pêche des poissons de fond a été mené à bien en 1994. En outre, un plan de préretraite des pêcheurs a été annoncé en 1995 et les pêches au saumon dans le Pacifique font lobjet actuellement dun programme de retrait des permis.
Pêches continentales
Dans les pêches continentales, les captures des pêcheries commerciales à petite échelle diminuent régulièrement, laissant progressivement la place au développement des pêches de loisir. On estime que les captures de la pêche de loisir en eau douce aux Etats-Unis dépassent maintenant nettement les captures commerciales réalisées dans lensemble de lAmérique du Nord. Laide fédérale au rétablissement de la pêche sportive est considérable et, en 1995, sept agences fédérales concernées par ladministration du secteur ont pris différentes mesures visant à mettre sur pied des programmes de pêche de loisir. Dans les régions centrale et arctique du Canada, les captures de la pêche de loisir dépassent les captures commerciales dans les eaux continentales. En 1994, les captures commerciales se sont élevées à 71 000 tonnes.
Aquaculture
Laquaculture en Amérique du Nord est une activité diversifiée qui porte sur les poissons de mer et les poissons deau douce, les coquillages et les végétaux. Dans lindustrie canadienne de laquaculture, on exploite plus particulièrement les espèces deau froide telles que le saumon, la truite et les mollusques. Aux Etats-Unis, on compte parmi les principales espèces utilisées en aquaculture le poisson-chat, lhuître creuse, la truite arc-en-ciel, la Notemigonus crysoleucas (utilisé comme appât), le saumon et la langouste. Pour certaines espèces, par exemple pour le tilapia et la crevette, la croissance des activités aquacoles a été particulièrement rapide. En moyenne, le secteur de laquaculture aux Etats-Unis sest développé à raison de 2 pour cent par an au cours de la décennie terminée en 1994, tandis quau Canada le taux de croissance observé dépassait 20 pour cent. En valeur, le secteur aquacole canadien doit atteindre le quart de la valeur des captures des pêches commerciales, dici à lan 2000. La production aquacole totale de la région sest élevée à près de 0,5 million de tonnes en 1994.
PRODUITS ET MARCHÉS
La consommation de poisson nord-américaine a augmenté de 1970 jusquà la fin des années 80, puisque les disponibilités sont passées de 14,7 kg par personne à près de 22 kg; depuis, ce chiffre est resté constant. Les prix réels du poisson ont augmenté par comparaison avec les produits carnés, tandis que les dépenses consacrées aux fruits de mer semblent augmenter, à la faveur dune réorientation de la demande au détriment de la viande rouge. Les produits de la pêche les plus appréciés sont le thon (surtout en conserve), la crevette, le lieu, la morue, le saumon, le loup, les poissons plats, les clams, le crabe et les pectens. Trois facteurs principaux ont influencé - négativement et positivement - limage auprès des consommateurs, ainsi que la demande de poisson et de produits de la pêche aux Etats-Unis: la sensibilisation accrue aux avantages pour la santé de la consommation des produits de la mer; limportance accordée à linnocuité des fruits de mer; la plus grande prise de conscience par le consommateur du milieu marin et lintérêt porté aux mammifères marins, en particulier aux dauphins et aux baleines, aux tortues de mer et aux espèces en danger ou menacées en général (encadré 15).
ENCADRÉ 15
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Figure 51 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 52 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
A linstar du sous-secteur de la pêche, lindustrie de transformation de la région est techniquement très évoluée. Des techniques novatrices sont apparues dans le domaine du transport, de la distribution et de la congélation et la durée de conservation du poisson frais et du poisson vivant a été prolongée, autorisant ainsi un développement des échanges au-delà des marchés locaux. En conséquence, la plus grande partie des quantités débarquées à léchelle nationale est utilisée à létat frais ou à létat congelé, tandis que limportance relative de produits de laquaculture à létat frais et à létat congelé, en particulier de silures et de saumons, tend à augmenter. En revanche, nombre des pêches sauvages traditionnelles ont vu leur importance diminuer, en termes de niveau de consommation par habitant: la morue, les poissons plats, les clams et les pectens. Quant aux produits de la pêche en conserve, la consommation na augmenté que légèrement depuis 1970, dénotant ainsi un basculement du consommateur des Etats-Unis au profit des fruits de mer de valeur plus élevée. Grâce à lamélioration du système de distribution, il est de plus en plus possible de se procurer du poisson frais et des coquillages dans les zones urbaines à tout moment de lannée. On estime à 70 pour cent la part des dépenses de fruits de mer aux Etats-Unis effectuée par lintermédiaire des services de livraison à domicile; les fruits de mer de valeur plus élevée semblent être consommés plus fréquemment dans les restaurants, et cette tendance de consommation à lextérieur du foyer est appelée à se maintenir. Les Etats-Unis sont lun des premiers pays importateurs et exportateurs de poisson, tandis que le Canada se classe parmi les premiers exportateurs au monde. Les Etats-Unis viennent au second rang des importateurs après le Japon, avec des importations de poisson pour lalimentation évaluées à 6,6 milliards de dollars EU en 1994. Les achats de crevettes en constituent plus dun tiers et proviennent essentiellement de lEquateur et de la Thaïlande. Les importations de filets et de blocs de poissons de fond sont également importantes et proviennent surtout de la Fédération de Russie et de Chine. Quant aux exportations des Etats-Unis, elles se sont élevées à 3,1 milliards de dollars EU la même année, et se composaient principalement de saumon et de poissons de fond du Pacifique2. Les statistiques concernant les pêches à lexportation du Canada font apparaître une valeur à lexportation de plus de 2 milliards de dollars en 1994. Les principaux débouchés des exportations canadiennes sont les Etats-Unis, le Japon et lUE. Le Groenland a exporté des produits de la pêche pour une valeur de 266 millions de dollars EU en 1994. Le poisson représente plus de 90 pour cent des exportations totales de lîle3.
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES DAMÉNAGEMENT
Aux Etats-Unis, les pêches maritimes sont administrées au niveau national par lAdministration nationale des océans et de latmosphère (NOAA) par lintermédiaire du Service national des pêches maritimes et par huit conseils régionaux daménagement des pêches. Les pêches continentales sont administrées par des institutions spécialisées au niveau fédéral et de chaque Etat, tandis que les conseils régionaux sont responsables de laménagement des ressources marines situées dans leur juridiction respective.
Au Canada, les pêches sont placées sous la juridiction fédérale du Département des pêches et des océans, dont les objectifs daménagement consistent à conserver et à protéger les ressources, en association avec les utilisateurs pratiquant la pêche industrielle, la pêche de subsistance et la pêche de loisir, afin de garantir la durabilité des pêches et de ce secteur dactivité. La compétence du Département des pêches et des océans sétend également dans une certaine mesure aux ressources continentales, constituées pour lessentiel de la région centrale et de la région arctique, lesquelles comprennent environ 67 pour cent des eaux douces du Canada et sept des plus grands lacs à léchelle mondiale.
La détérioration des habitats est sans doute le problème denvironnement le plus grave auquel le secteur des pêches se trouve confronté dans la région. Dans le Pacifique Nord-Ouest (Etats-Unis) et en Colombie britannique (Canada), on estime à 80 pour cent la proportion qui a été détruite des lieux de ponte et des habitats fluviatiles des montées de saumons du Pacifique et de truites arc-en-ciel. Parmi les techniques le plus couramment employées pour reconstituer les pêches de capture figurent lempoissonnement ou la reconstitution des écloseries, la construction de récifs artificiels, la création de réserves aquatiques ou de zones protégées et la restauration des habitats. Les écloseries sont à présent communément répandues et des milliards dalevins sont libérés tous les ans. Toutefois, en dépit des mesures constituant le dispositif de protection de lenvironnement mis en place par les gouvernements fédéraux des Etats-Unis et du Canada, les intérêts socio-économiques et politiques en présence modifient fréquemment les modalités de mise en place et dapplication des mesures en question.
Les politiques nationales actuellement en vigueur en matière de conservation et daménagement des pêches aux Etats-Unis reposent sur des programmes mis au point au terme de consultations approfondies avec les institutions gouvernementales, les groupes de pression et les groupes dutilisateurs et les organisations internationales concernées. Pratiquement toutes les pêches fédérales font lobjet dune forme ou dune autre de limitation daccès (licences et permis). Ainsi, à lheure actuelle, seulement trois systèmes fédéraux de contingents individuels transférables ont été mis en place dans certaines pêcheries et passent pour avoir contribué à une réduction substantielle du nombre de navires de pêche. Des programmes de réduction de la capacité de capture excédentaire ont été adoptés. Lévolution technologique observée aux Etats-Unis a par ailleurs été influencée ces derniers temps par limportance accordée à lécologie et aux lois du marché. Certains progrès ont été enregistrés en matière de sélectivité des engins de pêche et la modernisation des activités après-capture devrait se poursuivre sous leffet de la demande de produits à valeur ajoutée. De plus, un programme dinspection obligatoire des fruits de mer est actuellement en cours délaboration.
Figure 53 Production halieutique par grands groupes despèces
Dans la région Atlantique du Canada, les mesures daménagement prennent en considération les recommandations du Conseil de conservation des ressources halieutiques, créé afin de regrouper les compétences des pêcheurs, des industriels de la pêche et des scientifiques dans un effort concerté pour guider la conduite des pêches de lAtlantique. Une instance analogue a été créée pour la région Pacifique. Outre ladoption de moratoires concernant différentes espèces, la politique canadienne daménagement des pêches impose aux flottilles de présenter des plans acceptables de capture conservatoire avant chaque campagne de pêche. Pour gérer la capacité excédentaire, une réorganisation a été engagée dans le sens des allocations par entreprises, des contingents individuels transférables, des quotas individuels et des quotas communautaires.
Les mesures daménagement propres à différentes zones et à certaines espèces sont préconisées par les organisations régionales des pêches en vertu des arrangements auxquels le Canada et les Etats-Unis participent, notamment lOrganisation des pêches de lAtlantique Nord-Ouest (NAFO), lOrganisation pour la conservation du saumon de lAtlantique Nord (NASCO), la Commission du saumon du Pacifique, la Commission du poisson anadrome du Pacifique Nord et la Commission internationale du flétan du Pacifique (IPHC). Le Canada et les Etats-Unis coopèrent dans une certaine mesure pour gérer les espèces de grands migrateurs et les stocks chevauchants par lintermédiaire de ses organisations régionales des pêches. Il existe également dans ces deux pays des réglementations concernant le développement de laquaculture.
Les réorientations et les accords régionaux relatifs aux prises accessoires sont en place depuis un certain nombre dannées, de telle sorte que pour la plupart des espèces les rejets en mer sont relativement limités, aussi bien dans lAtlantique Nord-Ouest que dans le Pacifique Nord-Est. Cette question continue néanmoins de retenir lattention et, par exemple aux Etats-Unis, le Service national des pêches maritimes élabore actuellement un plan stratégique sur 10 ans concernant les activités de recherche et daménagement (encadré 16).
ENCADRÉ 16
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PERSPECTIVES
La demande future de fruits de mer en Amérique du Nord dépendra sans doute du renforcement de limage du poisson en tant qualiment sain, dune part, et de limportance accordée aux préoccupations dordre sanitaire et environnemental, dautre part. Il est difficile de quantifier lincidence exacte de ces différents facteurs sur le comportement en matière de consommation. Toutefois, on peut sattendre que la demande de poisson et de produits de la pêche augmente à lavenir. Une réorientation au profit des fruits de mer de valeur élevée est également probable.
Les pêches de capture en mer de la région ont atteint pratiquement un palier de production qui correspond au niveau dexploitation maximale ou à la surexploitation des stocks despèces commerciales. Laccès libre et ouvert ainsi que les mesures traditionnelles daménagement sont perçus de plus en plus comme étant insatisfaisants, et lon constate actuellement une évolution en faveur de nouveaux systèmes de répartition et de conservation des ressources, davantage axés sur la privatisation et la participation directe du secteur privé aux activités de surveillance. Il est néanmoins trop tôt pour prédire les conséquences en matière de niveaux de production et de composition des captures futures. Les quelques stocks sous-exploités, constitués principalement de petites espèces pélagiques, ne semblent pas avoir de débouchés immédiats. Par conséquent, laccroissement de la production viendra sans doute essentiellement de laquaculture. Compte tenu des tendances passées, cette évolution comportera vraisemblablement une forte intensité de technologies et devra tenir dûment compte des problèmes écologiques.
Les disponibilités pourraient en outre être renforcées par un accroissement des importations, offrant ainsi la possibilité aux pays en développement dotés dindustries aquacoles en plein essor, en particulier en Asie du Sud-Est, daccroître leurs exportations à destination de lAmérique du Nord. Les Etats-Unis surtout continueront donc à figurer parmi les principaux importateurs de produits de la pêche. Toutefois, les aspects concernant lenvironnement et le contrôle de la qualité continueront à déterminer les importations destinées à cette région et les habitudes alimentaires.
1 Daprès létude régionale préparée par léquipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par Mme M. Lizarraga, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service des institutions internationales et de liaison (FIPL).
2 United States Department of Commerce. 1995. Fisheries of the United States 1994. Current Fishery Statistics N° 9400. Silver Spring, Maryland, Etats-Unis.
3 Danmarks Statistik. 1996. External trade of Denmark 1994. Copenhague.
La région sétend depuis le littoral atlantique du Maroc, le long du littoral méditerranéen de lAfrique du Nord (hormis Malte, mais y compris Chypre) jusquau littoral de la Méditerranée orientale et de la Turquie, et comprend en outre lEgypte, la Jordanie, les pays de la péninsule arabique (bordant la mer Rouge, le golfe dAden, le golfe dOman et la mer dArabie), ainsi que les pays dAsie centrale. La mer Noire (qui fait également lobjet de létude régionale concernant lEurope à la page 64), la mer Caspienne et la mer dAral comptent également parmi les masses deau importantes de la région.
Aucun pays de la région Proche-Orient et Afrique du Nord nest fortement tributaire de la pêche et des produits de la pêche en tant que support de léconomie. Les pêches sont diversifiées puisquelles englobent des activités fondées sur les ressources relativement abondantes de la côte atlantique du Maroc et les pêches côtières et continentales exploitant des ressources assez pauvres. La production totale a atteint environ 2,8 millions de tonnes en 1994, dont plus dun quart correspondait aux débarquements de la pêche marocaine. La consommation de poisson pour lalimentation varie fortement à lintérieur de la région et elle est relativement faible par comparaison avec la viande. Au Yémen, les disponibilités alimentaires sont proches de 40 kg par habitant, tandis que lAfghanistan se caractérise par la plus faible consommation par habitant, soit 0,1 kg (équivalent poids vif). En règle générale, la part de la région dans le commerce international des pêches est limitée.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
En 1994, après plusieurs années de captures peu importantes, les captures totales réalisées en mer dans la région se sont élevées à 2,2 millions de tonnes, atteignant pratiquement le niveau de 1988, date à laquelle les quantités débarquées ont atteint un niveau maximum. Le Maroc dispose des ressources halieutiques les plus abondantes, puisquil borde aussi bien lAtlantique que la Méditerranée. LAtlantique Centre-Est fournit environ un tiers de la production marine totale de la région. Céphalopodes, merlus, dorades et crustacés constituent les espèces de valeur élevée qui sont recherchées. La région compte également dabondantes ressources en petits pélagiques tels que sardine, maquereau, chinchard et sardinelle, la principale espèce étant la sardine. Les pêches de céphalopodes et de démersaux sont considérées comme surexploitées et devant faire lobjet de réduction de leffort de pêche. Certaines ressources de petits pélagiques sont en meilleur état, en particulier les stocks de sardinelles, exploités en commun avec la Mauritanie au sud.
Figure 55 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
La Méditerranée orientale offre peu de possibilités daugmentation des débarquements des pêches de capture. Globalement, il semble peu probable que la Méditerranée compte encore des stocks sous-exploités, bien que certains stocks de petits pélagiques puissent se reconstituer brutalement de temps à autre, sans doute grâce à un changement momentané de lenvironnement. Le golfe de Gabès en Tunisie, le golfe de Syrie dans la Jamahiriya arabe libyenne et au large du delta du Nil en Egypte contiennent des zones de chalutage relativement riches. Les principales espèces méditerranéennes comprennent les sardines, les anchois et les chinchards. Les captures dans la mer Noire ont brutalement diminué il y a quelques années, en particulier les prises danchois des pêcheurs turcs. La surexploitation, la pollution et lintroduction despèces exotiques semblent avoir été la cause de cette baisse.
Les ressources halieutiques des principales mers de la région ne sont pas abondantes, mais fournissent des emplois aux pêcheurs côtiers locaux. Il existe certes des estimations fiables dimportantes ressources mésopélagiques susceptibles dêtre exploitées dans la mer dArabie, au large dOman, de la République islamique dIran et du Pakistan, mais la viabilité commerciale de telles opérations nest pas du tout certaine. Toutefois, tous les stocks présentant une valeur commerciale présents dans les eaux de lArabie saoudite orientale, de Bahreïn, de Qatar et des Emirats arabes unis sont dores et déjà pleinement exploités. Le potentiel dexploitation de la mer Rouge a donné lieu à différentes estimations. Compte tenu des récifs coralliens et des communautés de pêcheurs vivant dans cette zone, les ressources tendent à être vulnérables à la surexploitation. Parmi les principales espèces commerciales exploitées figurent le homard et la crevette.
Dans toute la région, les pêches sont menacées par la détérioration de lenvironnement imputable aux marées noires, ainsi quaux eaux de ruissellement industrielles, urbaines et agricoles. Les cténophores, qui ont dévasté lécosystème de la mer Noire, sont également présents maintenant dans le nord-est de la Méditerranée. Les prises accessoires et les rejets en mer qui en résultent posent un problème grave dans les eaux du Koweït, de lIran, de lArabie saoudite et de Bahreïn où les prises accessoires des chalutiers pêchant la crevette peuvent atteindre 95 pour cent du total, soit près de 35 000 tonnes en 1994. La situation est encore plus préoccupante dans le cas des chalutages de céphalopodes et des pêches au merlu et aux crustacés au large de lAfrique du Nord-Ouest, puisque la valeur probable des prises accessoires est estimée à près de 350 000 tonnes.
En labsence détude il est difficile destimer létat des stocks et de surveiller conjointement leffort de pêche dans la plupart des pays; aussi, seules des suppositions fondées sur les tendances des captures sont-elles possibles. On peut donc raisonnablement supposer que la diminution des captures résulte davantage de la surpêche que de réductions de leffort de pêche. Un problème de capacité excédentaire est réapparu dans la partie méridionale de la Méditerranée, en rapport avec les programmes de développement des flottilles de pêche entrepris dans la Jamahiriya arabe libyenne et avec le transfert dans les eaux turques de la Méditerranée dune partie de la flottille turque de pêche à lanchois en mer Noire. Récemment, certains gouvernements ont limité les subventions et restreint les prêts pour investissement à taux réduit, afin de ralentir le processus de capitalisation. Toutefois, les navires deviennent en général de plus en plus sophistiqués et sont dotés des derniers perfectionnements en matière dinstruments de navigation, dengins et de techniques de manutention. Cependant, les très gros bâtiments de pêche hauturière tendent à se raréfier, en particulier dans les pays dEurope de lEst qui ont réorganisé leurs flottes. Au Maroc, le nouvel accord daccès aux zones de pêche conclu avec lUnion européenne (UE) prévoit une diminution du nombre de navires. Par conséquent, le Maroc envisage de moderniser sa flottille de pêche côtière pour bénéficier de la diminution de leffort de pêche des flottilles étrangères dans sa zone de pêche. Néanmoins, les investissements supplémentaires réalisés dans le secteur dores et déjà surcapitalisé de la pêche aux céphalopodes sont susceptibles dêtre dissuadés.
Pêches continentales
La production totale des eaux continentales de la région a atteint 452 000 tonnes en 1994. LEgypte en fournit le quart, grâce à ses pêcheries du Nil et du lac Nasser. LIraq, lIran, la Turquie et Israël disposent également dimportantes pêches de capture dans leurs eaux continentales.
Figure 56 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 57 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
Dans la mer Caspienne, qui représente lessentiel des ressources aquatiques continentales de lIran, lesturgeon, lalos de la Caspienne et la carpe argentée sont les principales espèces exploitées en dehors dun certain nombre de petits pélagiques, par exemple le kilka. Létat des stocks desturgeons est un sujet de préoccupation majeure, puisquils ont déjà été exploités intensivement pendant une période prolongée. La zone en question a par ailleurs subi une dégradation de son environnement au cours des décennies passées due aussi bien à des facteurs climatiques quaux activités humaines. Les stocks desturgeons ont néanmoins été entretenus grâce à des programmes décloserie et les petites espèces pélagiques ne sont, semble-t-il, que faiblement exploitées (encadré 17).
ENCADRÉ 17
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En Asie centrale, la canalisation des cours deau, la création de retenues et la détérioration progressive de la mer dAral ont fait obstacle à un développement harmonieux des pêches. La profondeur de la mer dAral a diminué notablement et toutes les activités commerciales ont cessé en 1982 (encadré 18).
ENCADRÉ 18
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Aquaculture
En 1994, la valeur de la production aquacole de la région a représenté seulement 2 pour cent du tonnage mondial, tandis que les tonnages produits représentaient 0,6 pour cent du total mondial (soit 148 000 tonnes pour une valeur de 875 millions de dollars EU). Six pays assurent quelque 90 pour cent de la production, constituée presque entièrement de poisson et principalement de carpes communes, de tilapias du Nil et de carpes argentées. La production de mollusques et de crustacés correspond au pourcentage résiduel.
Les principaux systèmes de production dulcicole reposent sur lélevage dune combinaison despèces de poissons herbivores et omnivores et se caractérisent par un niveau faible à modéré des intrants dorigine locale (systèmes extensifs et semi-extensifs). En Egypte, qui réalise 26 pour cent de la production totale en volume, lélevage de la carpe commune est pratiqué dans les rizières. Lélevage des poissons de mer est pratiqué essentiellement dans le cadre de systèmes intensifs, tels que des élevages côtiers en nasses, et dans une moindre mesure, dans des sites et des lagons côtiers. Ces systèmes sont entièrement tributaires dun approvisionnement en aliments pour animaux aquatiques nutritivement complets, à forte teneur en farine et en huile de poisson. En bref, la production aquacole a continué à se développer à des rythmes nettement supérieurs aux taux mondiaux et présente des perspectives prometteuses dexpansion. De plus, dans certains pays laquaculture réalise une précieuse contribution à la production halieutique globale: 70 pour cent en Israël, 50 pour cent en Syrie et 17 pour cent en Egypte.
PRODUITS ET MARCHÉS
La consommation de poisson au Proche-Orient et en Afrique du Nord varie fortement dune sous-région et dun pays à lautre, et même à lintérieur de chacun deux. Par exemple, la consommation de poisson en Afghanistan compte parmi les plus faibles au monde, puisque les disponibilités de poisson pour lalimentation sont de 0,1 kg par personne et par an (équivalent poids vif), tandis quà Aden (Yémen) le chiffre correspondant est de 40 kg par personne et par an. La valeur moyenne des disponibilités par habitant dans la région est seulement de 5 kg par an. Autour de la Méditerranée, le poisson est une nourriture traditionnelle préparée de multiples façons et occupant une place de choix dans la cuisine. Or, même dans la région méditerranéenne, les petites espèces pélagiques telles que les sardines ne sont pas prisées autant que les démersaux comme la dorade, ou les grands pélagiques comme lespadon. Parmi les petits pélagiques, les anchois sont généralement plus demandés que les sardines.
Figure 58 Production halieutique par grands groupes despèces
Le poisson est le plus souvent consommé à létat frais, en particulier les démersaux, les céphalopodes et les coquillages. Les petits pélagiques méditerranéens, tels que les sardines et les anchois, sont consommés à létat frais, en conserve ou sous forme salée, et le thon est surtout mis en conserve. Au Yémen et à Oman, les petites espèces pélagiques sont également séchées sur la plage et destinées à lalimentation animale; au Maroc et en Iran, elles servent aussi à la fabrication de farine et dhuile de poisson. De plus, la sardine a commencé à être mise en conserve au Maroc à partir de la première guerre mondiale, et cette industrie représente une contribution notable à léconomie. Les ressources importantes de petites espèces mésopélagiques (4 cm de long) de la mer dArabie ne sont pas encore exploitées commercialement, bien que des opérations de pêche expérimentales réalisées à laide de navires dOman et dIran aient été entreprises dans la perspective dune production de farine de poisson.
En règle générale, la participation de la région au commerce international de poisson est limitée. Toutefois, le Maroc est un grand exportateur de poisson et devrait accroître ses exportations en raison de lintensification de la demande européenne de poisson de valeur élevée et du développement de la flottille de pêche marocaine. Son secteur de la transformation de la sardine a assimilé les technologies les plus récentes afin dassurer sa compétitivité sur les marchés mondiaux. Dautres pays exportent principalement des poissons de valeur élevée, ainsi quune certaine quantité de céphalopodes et de crustacés, à destination des marchés européens et du Japon. Il existe dans certains pays un commerce limité, mais en expansion, de poisson frais et de poisson congelé à destination de lEurope, ainsi quun commerce intra-régional vers lArabie saoudite, Israël, Bahreïn, Qatar et les Emirats arabes unis.
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES DAMÉNAGEMENT
En raison du rôle mineur des pêches dans la plupart des pays de la région, limportance des administrations nationales des pêches est généralement réduite. Lexigence defficacité conduit en outre à limiter de plus en plus le personnel et les fonds dont disposent certaines administrations pour soutenir ce secteur. Dans de nombreux pays, le secteur privé joue le rôle pilote assuré jusque-là par les administrations nationales. Tel est particulièrement le cas des activités de vulgarisation, où la vente de documents techniques et lassistance des fabricants déquipements et de moteurs continuent à assurer le soutien indispensable dont les pêcheurs ont besoin.
Les pays de lancienne Union Soviétique dAsie Centrale se sont employés à sadapter à la situation de transition, et un certain nombre dactivités ont été dévolues au secteur privé. On peut citer, à titre dexemple de cette évolution dans la région, la privatisation des fermes piscicoles et des écloseries, des ports, ainsi que des flottilles et des sociétés de commercialisation.
En règle générale, les gouvernements ont pris peu de décisions rigoureuses de conservation et daménagement et seuls quelques pays ont fixé des limites à leffort de pêche ou à la capture de différentes espèces. De plus, dans de nombreux pays, les décisions concernant laménagement ne sont pas appliquées. Parmi les mesures de cet ordre figurent linterdiction complète du chalutage par les Emirats arabes unis et louverture de campagnes de pêche saisonnières uniquement en Iran; la fixation dune taille minimale des mailles de filets; la protection des pêches artisanales grâce à la création dune zone littorale dans laquelle la pêche industrielle est interdite; létablissement de saisons de fermeture de la pêche; et le contrôle de leffort de pêche.
Compte tenu de laggravation de la pression sur les stocks, certains gouvernements ont réduit les subventions et les prêts à taux réduit pour les investissements; des mesures ont été adoptées pour gérer la capacité de capture excédentaire; par exemple, la Tunisie a supprimé toute aide aux investissements consacrés à de nouveaux navires équipés pour la pêche dans le golfe de Gabès où les stocks sont dores et déjà surexploités, et le Gouvernement iranien a lancé un programme de réduction de la flottille de pêche suite à linterdiction du chalutage dans la mer adjacente, et un plan daménagement des pêches de la mer Caspienne (encadré 17). La plupart des gouvernements ne taxent pas le fuel nécessaire aux opérations de pêche, et certains dentre eux le fournissent à des prix inférieurs aux cours mondiaux, alors que la pratique des subventions est généralisée, à lencontre de la tendance actuelle dans ce domaine en matière de subventions des pouvoirs publics.
Les organismes régionaux des pêches de la FAO couvrent la plupart des zones de pêche de cette région, à lexception des pêches continentales de lAsie centrale. Parmi ces organismes figurent la Commission des pêches de locéan Indien, le Conseil général des pêches de la Méditerranée de la FAO (CGPM), et le Comité des pêches de la FAO pour lAtlantique Centre-Est (COPACE). Les services de ce dernier seront utilisés à des fins scientifiques et daménagement par la Conférence ministérielle sur la coopération des pêches entre les Etats africains riverains de locéan Atlantique.
PERSPECTIVES
En supposant que la consommation de poisson dans cette région reste relativement faible par comparaison aux chiffres mondiaux, on peut raisonnablement sattendre que, au moins jusquen lan 2010, un accroissement des débarquements régionaux permette de faire face à une légère augmentation de la demande, à condition de ne pas être détourné vers le marché à lexportation. Parmi les facteurs jouant en faveur dun éventuel accroissement de la consommation dans certains pays dAfrique du Nord, figurent lexpansion économique et le développement du tourisme. Le Maroc connaîtra vraisemblablement un fort accroissement de la consommation de poisson à la faveur de lexpansion de léconomie et du secteur des pêches. La consommation de poisson dans les pays du Proche-Orient devrait rester relativement limitée. Les disponibilités de poisson ne jouent pas et ne devraient pas jouer un rôle réellement déterminant sur le plan de la sécurité alimentaire de la sous-région, bien que le poisson soit, en tout état de cause, une importante solution de rechange en tant que source dalimentation.
Lamélioration des politiques daménagement, notamment la limitation de leffort de pêche réel, devrait autoriser une augmentation des captures sur certains stocks qui, à lheure actuelle, font lobjet dune exploitation intensive; les petits pélagiques en particulier devraient permettre un accroissement des quantités débarquées dans toute la région. Les eaux atlantiques du Maroc offrent des possibilités intéressantes pour répondre à la demande accrue de poisson et de produits de la pêche. Les sardines en conserve sont achetées dans le monde entier, souvent par des personnes appartenant aux groupes à faible revenu, et contribuent ainsi à la sécurité alimentaire. Il existe, par ailleurs, des stocks substantiels de mésopélagiques au large des côtes du Yémen, dOman, du Pakistan et de lIran. Pour les exploiter il faudra mettre au point des méthodes relativement peu coûteuses de capture et de transformation. Au Proche-Orient, laquaculture représente la principale possibilité daccroissement des disponibilités de poisson; elle devrait par ailleurs donner lieu à un développement des lagunes côtières et des zones protégées dAfrique du Nord.
Parmi les problèmes futurs auxquels le développement de laquaculture régionale se trouve confronté figurent la concurrence de laquaculture en eau douce, la disponibilité de sites appropriés et la composition des produits dalimentation animale. La planification intersectorielle du développement est insuffisante, en particulier en ce qui concerne lagriculture et laquaculture. Les pays confrontés à ces difficultés sorientent à présent vers lélevage du poisson dans les eaux intérieures existantes et dans les eaux marines côtières afin déviter dutiliser les terres arables. Or, en aquaculture marine, la saturation du marché et la faiblesse particulière des prix ont joué en faveur dune efficacité de production accrue et dune diversification des espèces cultivées.
Le développement du marché européen des espèces de valeur élevée est à lorigine de la création de nombreuses entreprises de pêche à petite échelle au Maroc et dun renforcement des investissements consacrés aux installations à terre de transformation, de manutention et de distribution.
Il sagit là dune tendance susceptible de se poursuivre. Toutefois, le commerce futur avec lEurope risque dêtre affecté par lentrée en vigueur des réglementations de contrôle sanitaire de lUE, compte tenu du temps nécessaire pour que les pays sadaptent aux nouvelles exigences.
1 Daprès létude régionale établie par léquipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. G.V. Everett, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service de la planification et du développement (FIPP).
La région se compose des pays de lAsie du Sud et du Sud-Est, depuis le Pakistan à louest jusquà lIndonésie à lest. La partie nord de locéan Indien, notamment le golfe du Bengale et la mer dArabie, la mer de Chine méridionale, ainsi que la partie centre-ouest de locéan Pacifique constituent les principales zones de pêche de ces pays.
Certaines des zones de pêche les plus productives de la planète se trouvent en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est. Au niveau de la région, la production totale de poisson a été de 19,5 millions de tonnes en 1994, soit 27 pour cent des captures mondiales. On a estimé à plus de 10 millions le nombre de personnes employées dans le secteur des pêches. La consommation de poisson pour lalimentation varie considérablement entre les différents pays et sous-régions, les disponibilités par habitant étant élevées, en particulier dans les zones côtières de lAsie du Sud-Est et les niveaux de consommation beaucoup plus faibles dans les régions continentales septentrionales de lAsie du Sud. En moyenne, les disponibilités de poisson par habitant ont été de 9 kg en 1994 (équivalent poids vif). Le commerce de poisson sest développé de façon notable dans la région au cours de la décennie écoulée et la Thaïlande est actuellement le premier exportateur mondial de poisson et de produits de la pêche.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
Le niveau total des captures en mer en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est a augmenté régulièrement passant de 9,1 millions de tonnes en 1984 à plus de 13,4 millions de tonnes en 1994, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,9 pour cent. Dans les principaux pays pratiquant la pêche - Inde, Indonésie, Thaïlande et Philippines - la production cumulée a représenté plus de 73 pour cent de la production totale de la région. En Asie du Sud et du Sud-Est, les petits pélagiques contribuent davantage aux disponibilités alimentaires que dans toute autre région. Ainsi, ils ont représenté un peu moins dun tiers des quantités débarquées en 1994, suivis des espèces démersales (16 pour cent) et du thon (10 pour cent). Bien que les prises de crevettes Penaeus constituent moins de 10 pour cent du poids total, il sagit de loin du groupe despèces de valeur la plus élevée qui soit exploité. Les céphalopodes fournissent actuellement seulement une petite fraction des captures totales, mais la production a enregistré une progression substantielle notable, puisquelle a augmenté à un rythme annuel de 11 pour cent au cours des 10 dernières années.
Figure 60 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
En 1994, 64 pour cent de la production marine (soit 7,9 millions de tonnes) provenaient du Pacifique Centre-Ouest. Les principales espèces se composent notamment des comètes, des sardinelles, des thons, des menus flétans, des crevettes et des maquereaux. Dans locéan Indien Est, 3,7 millions de tonnes supplémentaires et dans locéan Indien Ouest 2,4 millions de tonnes ont été capturées, les principales espèces étant constituées de maquereaux, daloses, de crevettes et de sardines. Toutefois, les statistiques de pêche classent fréquemment les débarquements régionaux sous la rubrique «non identifiés».
La plupart des stocks connus de poisson sont maintenant proches des niveaux dexploitation maximums. Les espèces démersales côtières ont généralement été intensément exploitées, tandis que les ressources éloignées des côtes ont sans doute fait lobjet dune pêche moins intense. Compte tenu de labsence générale de statistiques de captures et deffort de pêche, lévaluation des stocks en question est délicate. Néanmoins, on estime que les stocks de petits pélagiques sont encore moins intensément exploités dans certaines eaux. La plupart des stocks de crevettes Penaeus sont apparemment pleinement exploités ou même épuisés. Les stocks de thon sont variables, mais dans de nombreuses zones, ils sont pleinement exploités. Les chiffres de production de céphalopodes pourraient augmenter à lavenir car les stocks ne semblent que modérément exploités.
Les méthodes et les équipements de pêche utilisés sont très diversifiés. Les pays de la région comptent au total 1,3 million de navires de pêche: il sagit essentiellement de petites embarcations traditionnelles utilisées souvent avec des engins simples, à proximité des côtes ou sur les rivières et dans les plaines inondables. Le nombre de navires pontés équipés de moteurs est denviron 99 300, soit un tonnage total de 1,37 million de tonneaux de jauge brute (TJB). De 1984 à 1992, on a observé une augmentation modérée du nombre de navires et une croissance accélérée du tonnage total. Comme, par ailleurs, les petits navires sont moins nombreux, le niveau des investissements par pêcheur tend à saccroître.
A la faveur du développement des flottilles nationales, les pays étrangers ont de moins en moins tendance à pêcher dans la région. Toutefois, les opérations de pêche hauturière des pays développés sont assez courantes dans les eaux régionales, surtout en ce qui concerne le thon. La Thaïlande, notamment, pêche dimportantes quantités en dehors de la région.
Pêches continentales
La production régionale des pêches intérieures a augmenté légèrement passant de 2,2 millions de tonnes en 1984 à 2,3 millions de tonnes en 1994. Près dun quart des prises totales provient des vastes pêcheries intérieures du Bangladesh, dont la production a atteint 570 000 tonnes en 1994. Certains pays ont entrepris récemment des programmes dempoissonnement à grande échelle et laugmentation de la production dulcicole au Bangladesh est due en partie à la valorisation des pêches. LInde et lIndonésie disposent de considérables ressources halieutiques intérieures et assurent conjointement quelque 35 pour cent de la production régionale totale. La totalité des captures des pays enclavés, tels que Laos, Bhoutan et Népal, comme la plus grande partie des disponibilités de poisson au Cambodge proviennent des eaux intérieures. En outre, étant donné que les statistiques de capture dans les eaux intérieures de nombreux pays ne tiennent pas compte de la pêche de subsistance, la production totale et limportance relative du poisson deau douce dans les disponibilités alimentaires sont probablement sous-estimées. En Thaïlande, on estime que les quantités consommées directement par les pêcheurs et leur famille peuvent représenter 25 pour cent des captures déclarées.
AQUACULTURE
La production aquacole totale de la région a augmenté de façon spectaculaire et dans un rapport de 2,4, passant de 1,8 million de tonnes en 1984 à 4,4 millions de tonnes en 1994 (y compris les plantes aquatiques). Laugmentation en valeur au cours de la même période a été encore plus forte: de 1,57 milliard de dollars EU à 9,24 milliards de dollars. La contribution régionale à la production aquacole mondiale a été de 17 pour cent en quantité et de 23 pour cent en valeur. En volume, les principaux producteurs sont lInde, les Philippines, lIndonésie et la Thaïlande. Les poissons osseux constituent le principal groupe despèces en volume, suivi des crustacés, des plantes aquatiques et des mollusques. Les crustacés ont constitué plus de 50 pour cent de la valeur totale des prises en 1994.
Figure 61 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 62 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
La production totale de poissons osseux délevage a atteint 3 millions de tonnes en 1994, principalement en eau douce. La production dulcicole est essentiellement une polyculture, dans le cadre de systèmes délevage traditionnel en étang, de type semi-intensifs; elle constitue une source de poisson pour lalimentation à bas prix, destinée à la consommation intérieure à grande échelle, en particulier en Inde. Les principales espèces élevées appartiennent à la famille des cyprinidés et comprennent les carpes de type roho, catla et Mrigal. Dautres espèces sont élevées en enclos et en cage (par exemple les tilapias) ou en étang côtier (par exemple, les chanidés).
La production de la crevette délevage a connu un développement spectaculaire au cours de la décennie écoulée, atteignant 692 000 tonnes en 1994, La région fournit 75 pour cent de la production mondiale totale de crevettes délevage et la crevette royale géante est lespèce délevage la plus appréciée. Les principaux producteurs sont la Thaïlande et lIndonésie. A plusieurs endroits de la région, lenvironnement côtier a souffert de la croissance rapide des installations délevage (encadré 19).
ENCADRÉ 19
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PRODUITS ET MARCHÉS
La consommation de poisson est plus ou moins développée à lintérieur de la région; elle est relativement importante dans les zones côtières et les grands centres urbains, en particulier dans la partie orientale de la région. A Singapour et aux Philippines, les disponibilités moyennes de poisson par habitant pour lalimentation sont denviron 36 kg par an (équivalent poids vif); en Malaisie, elles atteignent pratiquement 30 kg, et en Thaïlande, elles sont de lordre de 25 kg. Aux Maldives, les disponibilités annuelles de poisson se classent au premier rang mondial, puisquelles atteignent 126 kg par personne. En revanche, en Inde, pays le plus peuplé, le chiffre correspondant est de 4 kg seulement et la moyenne régionale totale est donc limitée à quelque 9 kg. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que les caractéristiques de consommation présentent des différences notables à lintérieur de lInde et que certaines communautés côtières sont étroitement tributaires du poisson pour leur alimentation.
Bien que la moitié des quantités de poisson débarquées soit commercialisée à létat frais, les quantités commercialisées de poisson congelé sont de plus en plus considérables. Lutilisation du poisson se caractérise par une production accrue dune vaste gamme de préparations à valeur ajoutée, tant pour les marchés nationaux quinternationaux. Les installations de transformation thaïlandaises produisent encore des crevettes congelées en bloc, mais nombre dentre elles produisent maintenant des crevettes écaillées et panées et utilisent des matières premières importées de pays tels que la Nouvelle-Zélande, lInde et les Etats-Unis, lorsque les approvisionnements locaux sont insuffisants. Des préparations de poisson émincé, notamment du surimi, sont également produites et font lobjet dune consommation importante dans la région. Les poissons traités, cest-à-dire séchés, ou salés, en particulier les petits pélagiques, revêtent également une certaine importance. Le poisson en conserve est un produit couramment consommé, produit en Thaïlande, en Indonésie et aux Philippines. Lindustrie thaïlandaise de conserverie utilise des matières premières importées, en particulier des listaos et réexporte les produits finals. Dans la région, de plus en plus dindustries de transformation du poisson importent leurs matières premières.
Les pertes après-capture de poisson ont été notablement réduites ces dernières années, grâce à lamélioration des infrastructures de débarquement, dentreposage, de transport et de commercialisation. Toutefois, certaines pêcheries subissent de considérables pertes en valeur à caractère saisonnier. Les pertes dues au niveau excessif de loffre sont de plus en plus utilisées pour lalimentation animale en aquaculture.
La croissance économique et les politiques de libéralisation des échanges se sont traduites par un développement notable du commerce du poisson au cours de la décennie écoulée. Certains pays, en particulier les nouveaux membres de lOrganisation mondiale du commerce (OMC), la Malaisie, les Philippines et lInde, procèdent actuellement à une baisse de leurs tarifs douaniers, suite à la conclusion des négociations du Cycle dUruguay de lAccord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Le pourcentage des captures destinées au commerce international a augmenté régulièrement et la Thaïlande sest classée au premier rang des exportateurs mondiaux de poisson et de produits de la pêche à partir de 1993. LIndonésie et lInde occupent respectivement les deuxième et troisième places au niveau régional. Hormis Singapour, tous les pays de la région étaient alors des exportateurs nets en valeur. La crevette et le thon congelés contribuent pour lessentiel aux recettes à lexportation des pêches régionales, les apports du thon et des céphalopodes en conserve étant par ailleurs notables.
Figure 63 Production halieutique par grands groupes despèces
POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES DAMÉNAGEMENT
La durabilité des ressources halieutiques est un problème crucial dans de nombreux pays. Les ressources côtières sont généralement gravement surexploitées par un secteur sur encombré de petits pêcheurs dont le niveau des captures, la taille et la qualité des poissons pêchés, et dans certains cas les revenus, diminuent. Les conflits entre pêches à petite échelle et chalutiers opérant dans les zones côtières sont fréquents. De plus, ladministration des pêches est rendue plus complexe par labsence dévaluations détaillées des stocks. Enfin, la diversité des ressources et des méthodes dexploitation utilisées complique encore davantage laménagement des pêches côtières. Daprès lexpérience recueillie à ce jour, les systèmes publics centralisés daménagement actuellement en vigueur dans de nombreux pays ne sont pas en mesure de réglementer convenablement les pêches pratiquées dans des zones de pêche très éloignées. Dans certains pays, un partenariat entre les communautés locales et le gouvernement central soriente vers la définition dun système communautaire daménagement des pêches appliqué aux ressources locales. Dautres mesures daménagement sont également mises en place afin daméliorer la situation, et leffort de pêche est généralement réglementé par un type ou un autre de système doctroi de licences concernant le nombre de navires ou déquipements de pêche. Linterdiction du chalutage dans certaines zones de pêche indonésiennes est un exemple intéressant. Les pêcheurs au chalut auxquels il a été interdit de pratiquer le chalutage se sont orientés vers les pêches en mer despèces pélagiques et vers lélevage de la crevette, ce qui a eu pour effet de limiter nettement les conflits.
Les ressources et les habitats côtiers sont gravement menacés par une rapide dégradation de lenvironnement. Ainsi, la dégradation de lenvironnement due aux activités humaines, par le biais de laquaculture et des élevages piscicoles, est un problème grave. Les exigences de préservation de lenvironnement imposées par le commerce international et concernant la sélectivité des engins de pêche ont affecté lAsie. Les avantages des dispositifs sans danger pour lenvironnement, tels que les dispositifs de réduction des prises accessoires et de ségrégation de tortues, ainsi que les conséquences de lobligation de les utiliser, sont actuellement à létude. Les protestations des pays asiatiques contre les exigences imposées par les Etats-Unis quant à lutilisation des dispositifs de ségrégation de tortues pour pouvoir accéder à leurs marchés ont été portées à lattention de lOMC, en tant que violation des accords de commerce internationaux. Les prises accessoires des chalutages de crevettes et de poissons osseux sont très importantes dans la région. Avant que la mariculture côtière ne soit intensifiée, la plus grande partie des prises accessoires était rejetée en mer et seule une petite portion ramenée à terre. Grâce à la mise au point des systèmes deau de mer réfrigérée pour lentreposage à bord et du fait de laccroissement de la demande daliments pour animaux du secteur aquacole, les prises accessoires sont désormais débarquées dans une proportion nettement accrue. Par ailleurs, on utilise un poisson de meilleure qualité pour alimenter les poissons ou les crabes délevage. Une autre partie des prises accessoires est par ailleurs réduite en farine de poisson. De plus, la transformation du poisson et des produits à base de poisson a ouvert des débouchés aux prises accessoires. Néanmoins, leur utilisation éventuelle est fonction de lemplacement des zones de pêche et des ports, de la situation socioéconomique des communautés de pêcheurs et de linfrastructure en place. Dans le cas des pêcheries éloignées et faiblement développées, il se peut quil ny ait aucune alternative au rejet en mer (encadré 20).
ENCADRÉ 20
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PERSPECTIVES
La population de la région augmente rapidement et le poisson reste pour la plupart des gens une source traditionnelle de protéines animales. Les marchés intérieurs devraient se développer rapidement, grâce à la progression des revenus, tandis que le renchérissement des prix sur les marchés internationaux contribuera à stimuler les exportations despèces sauvages et de poissons délevage de valeur élevée. La hausse des revenus se traduit par une intensification du commerce intra-régional de produits de valeur élevée et de poissons à bas prix pour la consommation courante. En 2010, les disponibilités de poisson devront avoir augmenté de 6 millions de tonnes, ne serait-ce que pour maintenir les niveaux actuels de consommation par habitant; lincidence de la croissance économique sur la demande se traduira par la nécessité de disposer de quantités encore plus importantes.
Les ressources halieutiques marines sont généralement pleinement exploitées et offrent aux pays de la région peu de possibilités daccroissement de leur approvisionnement national en protéines. La plupart des espèces pélagiques, des crustacés et des espèces démersales des zones de pêche côtière du golfe de Thaïlande, du golfe du Tonkin, du golfe du Bengale et de la mer de Chine méridionale ont été pleinement exploitées ou épuisées. En dépit du niveau dexploitation modéré de certains stocks de poisson (par exemple, anchois ainsi que thon et céphalopodes de plus petite taille dans le Pacifique Centre-Ouest), il est peu vraisemblable de pouvoir répondre à la demande future par des accroissements notables de la production de poisson de mer. En fait, de nombreux stocks intensément exploités devront être reconstitués rapidement par des réductions drastiques de leffort de pêche.
Laquaculture et, dans une moindre mesure, les pêches intérieures, peuvent offrir des possibilités importantes de développement futur pour augmenter la production régionale de poisson, en particulier au Bangladesh, au Cambodge, en Inde, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, au Myanmar, aux Philippines, en Thaïlande et au Viet Nam. Néanmoins, la région devra sans doute faire appel de plus en plus aux importations de produits de la pêche pour assurer ses approvisionnements futurs.
1 Daprès létude régionale préparée par léquipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. M. Hotta, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service de la planification et du développement (FIPP).
La région couvre le continent africain, à lexception des pays dAfrique du Nord riverains de la Méditerranée (Maroc compris). Les activités de pêche en mer sont concentrées dans lAtlantique Centre-Est, lAtlantique Sud-Est et locéan Indien Ouest.
Les pêches jouent un rôle important dans de nombreux pays dAfrique subsaharienne, en tant que principale source dapprovisionnement en protéines animales et en tant que fournisseur de devises étrangères et créateur demplois ruraux. On estime à 8 millions le nombre de personnes employées directement ou non dans le secteur. La production totale des pays de la région sest élevée à 3,9 millions de tonnes en 19942. La consommation de poisson pour lalimentation a diminué récemment, passant dun niveau moyen de disponibilités par habitant denviron 9 kg en 1990 à moins de 7 kg en 1994 (équivalent poids vif). Le bilan global des échanges de la région a été positif (en valeur) en ce qui concerne la décennie écoulée, bien que la région participe peu au commerce international.
RESSOURCES ET PRODUCTION
Pêches en mer
Les pêches de capture en mer assurent près de 60 pour cent de la production halieutique de la région et les quantités pêchées se sont élevées à environ 4,2 millions de tonnes en 1994, dont 2,3 millions pour les captures des flottilles nationales et 1,8 million pour celles des flottilles étrangères. Les pêches sont concentrées dans quatre grandes zones.
Figure 65 Production halieutique régionale et part en pourcentage de la production mondiale totale
Au sud, dans une zone comprenant les eaux territoriales de lAngola, de la Namibie et de lAfrique du Sud, le merlu du Cap fournit les captures les plus abondantes. Les principales espèces pélagiques exploitées sont la sardine et lanchois. Les stocks danchois ont connu des variations considérables marquées par une tendance générale à la baisse. Le crabe rouge et la langouste du Cap sont les principaux crustacés exploités bien que les captures de ce dernier aient régulièrement diminué depuis les années 50. Hormis quelques petits pélagiques, la plupart des stocks sont pleinement exploités, notamment la majorité des stocks démersaux.
Dans la zone centrale, du Gabon à la Guinée, les ressources sont moins abondantes. Limportant stock de balistes a pratiquement disparu aujourdhui. Quant aux stocks traditionnels au large, ils sont intensément exploités et leffort de pêche a encore augmenté depuis 1984. Dans une zone, des évaluations récentes font apparaître une diminution denviron 50 pour cent de la biomasse totale. Toutefois, les petits pélagiques offrent des possibilités de poursuite de lexploitation, ainsi que les stocks démersaux du plateau continental profond et du talus continental dans la plus grande partie du sud du golfe de Guinée. Il existe en outre des stocks localisés de crevettes jouant un rôle économique important, principalement au large des embouchures des cours deau et des entrées de lagunes dans le golfe de Guinée et aussi au large de la partie nord du littoral. Les ressources sont abondantes dans la zone septentrionale de la côte occidentale. La plupart des stocks démersaux sont pleinement exploités, mais depuis la Mauritanie jusquà la Guinée-Bissau, les petites espèces pélagiques sont généralement abondantes et se composent principalement de sardinelles, de chinchards et de sardines. Les quantités débarquées correspondantes ont enregistré une chute brutale en raison de la limitation de leffort de pêche. Les céphalopodes sont pêchés au large du Sénégal, de la Mauritanie et du sud du Maroc3.
Au large de la côte orientale de lAfrique, les captures constituent moins de 10 pour cent des captures totales de la région (productions étrangère et nationale mélangées). Les petits pélagiques sont moins abondants que sur la côte occidentale. La plupart des espèces de poissons osseux et de crustacés font lobjet dune exploitation intense, sauf au large de la Somalie et de lErythrée.
Les thons, les bonites et différentes espèces de grands pélagiques sont capturés en haute mer (par des navires importants équipés de sennes coulissantes) et le long des côtes (à la canne) dans lensemble de lAfrique subsaharienne.
Près de la moitié de la production marine totale de la région est encore le fait de flottilles étrangères, opérant essentiellement dans locéan Atlantique, bien que leurs captures aient diminué rapidement ces dernières années. Suite au retrait partiel des flottilles dEurope de lEst et de lex-URSS du littoral dAfrique de lOuest, la production totale de petits pélagiques a diminué, estime-t-on, de 72 pour cent entre 1990 et 1992. Les pêches artisanales (pirogues et petites embarcations) réalisent plus de 70 pour cent des débarquements nationaux sur le littoral oriental et près de la moitié sur le littoral occidental. Le secteur artisanal a, semble-t-il, amélioré notablement son efficacité et fait état de captures plus élevées par pirogue en 1990 quen 1980. Il sagit dun secteur à forte intensité de main-duvre; dans certains petits Etats insulaires, plus dun tiers des travailleurs agricoles participent également à des activités liées aux pêches.
A quelques exceptions près, lefficacité économique des flottilles industrielles étrangères (sauf pour la pêche au thon) et des flottilles nationales est généralement faible. On constate une rotation importante des entreprises locales. Les pêches industrielles despèces démersales sont vraisemblablement instables en raison de leur surcapacité et, plus généralement, faute dune gestion adéquate. La surcapacité est effectivement un facteur en cause dans le cas des navires pêchant les céphalopodes et la crevette. En termes de tonnage, les données disponibles font apparaître un doublement probable des flottilles nationales au cours de la période allant de 1980 à 1990 (principalement sur la côte occidentale). Toutefois, la multiplication des navires de pêche locaux ne doit pas être interprétée comme un accroissement net de leffort de pêche, puisquelle a été accompagnée dune diminution de leffort de pêche des flottilles étrangères.
Une forte proportion des prises accessoires, en particulier des pêches démersales et des pêches de crustacés, sont rejetées en mer. Dans le cas des pêches à la crevette par exemple, 10 à 15 pour cent seulement des prises accessoires évaluées à environ 1 million de tonnes sont débarquées. Toutefois, on constate une tendance à une meilleure utilisation des prises accessoires grâce à lintroduction de mesures de réglementation spécifiques et à la mise au point de systèmes de collecte en mer par les pêcheurs locaux (encadré 21).
ENCADRÉ 21
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Pêches continentales
La production des pêches de capture intérieures a augmenté au cours de la décennie passée, à un rythme annuel denviron 3,5 pour cent, atteignant 1,6 million de tonnes en 1994 et représentant ainsi plus de 40 pour cent de la production halieutique totale de la région. Parmi les principales espèces figurent la perche du Nil, le tilapia et le loup. Les pêches intérieures jouent évidemment un rôle essentiel du point de vue des disponibilités alimentaires locales; hormis lexportation de quelques tonnes de perches du Nil, la production intérieure est généralement consommée dans la région et représente près de la moitié des disponibilités locales (importations non comprises). Le Kenya, le Nigéria, lOuganda, la République-Unie de Tanzanie et le Zaïre sont les principaux pays producteurs de poisson deau douce en Afrique sub-saharienne et fournissent 70 pour cent des prises totales. Aussi la production dulcicole africaine subsaharienne est-elle relativement localisée, le lac Victoria fournissant un quart de la production totale.
Figure 66 Utilisation du poisson et disponibilités alimentaires
Figure 67 Importations et exportations de poisson (y compris le commerce intrarégional)
Les pêcheries dulcicoles sont pratiquement toutes de type artisanal et doivent rapidement faire lobjet de mesures daménagement appropriées car la plupart des zones de pêche présentent actuellement des signes dexploitation intensive. La création de retenues deau se poursuit, mais il importe daméliorer leur productivité naturelle. La production actuelle des systèmes lacustres plus importants est très proche de leur niveau de production potentiel. Seuls les stocks éloignés des côtes despèces pélagiques faiblement exploitées peuvent soutenir un effort de pêche accru.
Aquaculture
Laquaculture africaine subsaharienne commence à se développer bien quil ne sagisse pas dune pratique traditionnelle comme en Asie. Toutefois, le continent ne fournit que 0,2 pour cent de la production mondiale totale et plusieurs pays ont simplement une production aquacole qui vient de démarrer ou dont le niveau est erratique. Dans lensemble, la région a produit 33 000 tonnes de poisson en 1994. Seuls lAfrique du Sud, le Kenya, Madagascar, le Nigéria et la Zambie ont produit plus de 1000 tonnes chacun, mais ces pays ont doublé à plusieurs reprises leur production au cours de la décennie écoulée.
Les principales espèces cultivées comprennent les poissons osseux (tilapias, silures, carpes), les coquillages et les crevettes. Les poissons deau douce fournissent plus de 80 pour cent des captures totales, et la quasi-totalité des activités délevage piscicole en Afrique sont pratiquées à des fins de subsistance par des ruraux, dans des petits étangs délevage en eau douce, à titre dactivité complémentaire de lagriculture. Les élevages commerciaux de crevettes se développent dans certains pays, notamment en Guinée, au Kenya, à Madagascar et au Mozambique. Toutefois, la poursuite du développement de laquaculture se heurte à linsuffisance des soutiens institutionnels, ainsi quaux problèmes posés par le changement climatique. En outre, les efforts entrepris ne revêtent pas un caractère de durabilité particulière, car les projets de développement aquacole reposent souvent sur lassistance extérieure.
PRODUITS ET MARCHÉS SUBSAHARIENNE
Le poisson est une nourriture communément appréciée en Afrique subsaharienne: il fournit 18 pour cent des apports en protéines animales, proportion pouvant atteindre 40 à 60 pour cent dans certains Etats dAfrique de lOuest. Il est généralement consommé en petites quantités lors des repas quotidiens, constitués pour le reste essentiellement de féculents de base. Puisque toutes les parties du poisson sont consommées, il contribue substantiellement aux apports de calcium et diode.
Compte tenu de ces caractéristiques, la consommation de poisson dans la région joue sans doute un plus grand rôle que les chiffres de disponibilités par habitant de poisson pour lalimentation ne le laissent supvposer. Daprès les statistiques de la FAO, la consommation de poisson a baissé de plus de 2 kg par personne et par an au cours des dernières années - passant dune disponibilité par habitant de 8,8 kg en 1984 à 6,8 kg en 1994 (équivalent poids vif). Cette évolution est due principalement à la rapidité de la croissance démographique, à une baisse des importations aggravée par la chute du pouvoir dachat de certains pays riverains du golfe de Guinée et, enfin, par la fraction encore plus réduite de la production intérieure conservée pour les marchés locaux, puisque les pêches artisanales se tournent de plus en plus vers les marchés lucratifs à lexportation. Toutefois, la plus grande partie de la production halieutique est encore destinée à lalimentation des populations locales. Il convient de signaler une diminution comparable de la consommation de viande au cours des dernières années.
Figure 68 Production halieutique par grands groupes despèces
Les produits de la pêche dorigine locale sont généralement commercialisés à létat frais, fumés et séchés ou bien salés et séchés. Les consommateurs préfèrent les produits frais et près de la moitié des quantités consommées sont constituées de poissons osseux frais. Toutefois, en raison des problèmes de transport, les produits frais ne sont généralement disponibles quà proximité des centres de production. Les femmes jouent un rôle majeur en matière de transformation et de commercialisation, en particulier en Afrique occidentale. Les importations sont constituées essentiellement de produits congelés.
Le commerce intrarégional rencontre les problèmes suivants: coût élevé de transport et dentreposage, carences des pratiques de manutention, limitation des réseaux de distribution et absence dharmonisation et dapplication effective des réglementations du commerce du poisson. Les barrières douanières et différents obstacles aux échanges existent toujours entre les pays faisant partie de lunion douanière. Le commerce est constitué essentiellement des exportations de petits pélagiques congelés provenant du littoral nord-ouest vers le sud à destination des pays du golfe de Guinée.
Bien que la balance du commerce régional ait été positive en valeur depuis le milieu des années 80, lAfrique subsaharienne reste un importateur net de poisson en termes de volume. De nombreux pays exportent des quantités limitées, quoique de plus en plus importantes, de poissons démersaux et de crustacés frais et congelés, principalement à destination de lUnion européenne (UE). Toutefois, le solde globalement positif de la balance commerciale est assuré grâce aux exportations relativement fortes dune poignée de pays. La dépendance à légard du marché de lUE pourra à lavenir être responsable de difficultés compte tenu de la libéralisation des échanges et de la disparition du statut préférentiel des pays dAfrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) (voir encadré 22).
ENCADRÉ 22
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POLITIQUE DES PÊCHES ET MESURES DAMÉNAGEMENT
Depuis le milieu des années 80, de nombreux pays ont cherché à élaborer des plans sectoriels à moyen terme visant à soutenir les politiques macroéconomiques des pouvoirs publics. Toutefois, dans nombre de cas ces plans nont pas été menés à bien. Les principaux obstacles à une bonne planification de laménagement des pêches dans la région sont liés à linsuffisance des budgets, à la faiblesse de la base institutionnelle et à labsence de volonté politique dapplication effective des politiques et des mesures daménagement. Les ajustements structurels et les coupes budgétaires qui en résultent ont contribué en outre à raréfier les subventions accordées aux pêches.
Ladoption de systèmes de quotas et doctroi de licences est la solution la plus courante en matière daménagement des ressources marines. Dans nombre de pays côtiers, les licences sont une source importante de devises étrangères. Les accords de pêche font fréquemment partie de négociations plus complexes, dont le commerce ne constitue quun élément. De plus, les pêcheurs de subsistance opèrent dans le cadre de systèmes traditionnels daménagement, ce qui fait de la gestion des ressources une tâche plus délicate et plus complexe.
Le trait caractéristique du potentiel des pêches en eau douce dAfrique subsaharienne est sa variabilité annuelle. Ainsi, les systèmes qui présentent des fluctuations saisonnières et interannuelles de superficie - retenues deau, marécages et plaines inondables des rivières - représentent près de 60 pour cent de la superficie totale des eaux. La gestion biologique et sociale de ce type de pêcherie est évidemment particulièrement délicate.
La coopération régionale en matière de politique des pêches et de mesures daménagement a été traditionnellement assurée par des organismes dépendant de la FAO, par exemple le Comité des pêches pour lAtlantique Centre-Est (COPACE). Ces dernières années, des efforts ont été déployés pour renforcer les attributions des organismes des pêches vis-à-vis des problèmes liés à laménagement ou pour instituer de nouvelles instances, par exemple la Conférence ministérielle des Etats africains riverains de locéan Atlantique, ou la Commission des pêches du lac Victoria. Ces initiatives devraient compléter les tâches accomplies par les nombreux groupements économiques responsables des pêches, mais qui, à lexception de la Communauté du développement de lAfrique australe (SADC), nont généralement pas mis en uvre les moyens nécessaires pour appliquer une politique des pêches et des stratégies daménagement efficaces.
PERSPECTIVES
Les projections de croissance démographique établies par les Nations Unies annoncent pour la région une population atteignant 700 millions dhabitants en lan 2000 et 915 millions en lan 2010. En supposant inchangés les niveaux actuels de consommation de poisson pour lalimentation par habitant, la satisfaction de la demande en lan 2010 exigerait un accroissement des disponibilités totales de lordre de 2 millions de tonnes.
Les possibilités futures daccroissement des disponibilités de poisson pour lalimentation dans la région de lAfrique subsaharienne sont liées principalement aux programmes damélioration de la productivité dans les petits plans deau, au développement de laquaculture, ainsi quà une meilleure utilisation des petits pélagiques, à la relocalisation des flottilles étrangères et à laccroissement des importations. La mise en uvre de systèmes judicieux daménagement des pêches, la réduction des rejets en mer des pêcheries industrielles et lamélioration des pratiques de manutention après-capture et des réseaux de distribution permettraient en outre dobtenir des accroissements supplémentaires.
Compte tenu des modestes prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour les 15 prochaines années, les perspectives futures ne semblent guère prometteuses. On observera vraisemblablement de nouvelles réductions des importations, des augmentations du prix réel du poisson, une demande soutenue concernant essentiellement les espèces de faible valeur et la poursuite des exportations de la plupart des espèces démersales. Simultanément, la baisse des subventions des pouvoirs publics augmentera les coûts de production et affaiblira la compétitivité sur les marchés à lexportation.
Les implications en termes de sécurité alimentaire et de disponibilités, comme en termes de recettes en devises étrangères, sont difficiles à quantifier, mais devraient constituer à lavenir un sujet de préoccupation.
1 Daprès létude régionale préparée par léquipe spéciale interdépartementale de la FAO dirigée par M. A. Bonzon, Division des politiques et de la planification de la pêche/Service de la planification et du développement (FIPP).
2 Sans compter les tonnages pêchés par les flottilles étrangères et non débarqués dans la région.
3 Les pêches du Maroc sont passées en revue dans létude régionale consacrée au Proche-Orient et à lAfrique du Nord p. 85.