Lactivité halieutique dans lensemble du bassin méditerranéen jouit dune longue tradition. Elle se caractérise notamment aujourdhui par la coexistence, parfois conflictuelle, dun secteur "artisanal" (ou plus exactement côtier) et dun secteur industriel, par la polyvalence de la grande majorité des unités de pêche, et par une grande dispersion en général des activités de pêche et de commercialisation tout au long des côtes (ex. près de 800 ports/débarcadères en Italie).
Jusquà présent, les flottilles ont été assez mal étudiées en Méditerranée pour diverses raisons, doù la difficulté à obtenir ce type dinformations sur le plan national et a fortiori à léchelle de la région. Les études les plus récentes portant sur les flottilles industrielles indiquent que le nombre dunités a probablement augmenté dans la plupart des pays durant les années 70 et 80, avec une croissance annuelle de 3-5% en moyenne (Caddy et Oliver, 1996). En parallèle, leur capacité de pêche individuelle a cru avec les progrès technologiques. Sagissant de la pêche "artisanale" (c.a.d. côtière), un chiffre de 100 000 unités est couramment avancé pour estimer son importance dans la région.
Une estimation de leffectif actuel (période 1992-95) de la flottille a pu être réalisée dans le présent document sur la base dune étude bibliographique. Selon les pays, la classification des unités de pêche est souvent différente. Celle-ci peut porter, selon les cas, soit sur le type dengin utilisé principalement, soit sur lespèce cible, ou alors soit sur le mode de pêche (distinction entre pêche côtière/petits métiers et pêche au large, ou entre pêche artisanale, pêche traditionnelle et pêche industrielle).
Afin de rendre possible une agrégation de ces données, une classification a été adoptée, qui repose surtout sur une distinction entre la pêche côtière et la pêche industrielle. La pêche côtière se caractérise par des marées dont la durée nexcède généralement pas 24 heures, un rayon de pêche limité, des investissements relativement peu élevés, un salariat peu développé, une saisonnalité marquée, et des circuits de commercialisation courts. Cette classification distingue les groupes suivants :
- pêche côtière : comprend les petits métiers, la pêche artisanale, la pêche traditionnelle et la pêche polyvalente (filets maillants, palangres, casiers...) réalisée par des équipage de 2-3 personnes. Les ressources cibles sont essentiellement des démersaux ;
- pêche chalutière de fond et pélagique (industrielle) : ciblée vers les ressources démersales et dans une moindre mesure vers les pélagiques ;
- pêche à la senne (industrielle) : ciblée essentiellement vers les petits pélagiques ;
- pêche thonière (industrielle) ; et
- autres (unités industrielles mixtes ou indéfinies, et dragues).
Sur la base de cette classification, on estime quil y a près de 84 100 unités de pêche opérant en Méditerranée, dont 71 780 unités de pêche côtière (85,4%), 8 500 chalutiers (10,1%), 2 890 senneurs (3,4%), 100 thoniers (0,1%) et 830 "autres" (1,0 %).
La prédominance de la pêche côtière par rapport à lensemble de la flottille se retrouve dans pratiquement tous les pays, à lexception de lAlgérie et de lAlbanie où le ratio est inférieur à 50% et, dans une moindre mesure de lEgypte et de lEspagne où le ratio est compris entre 60 et 75%.
Les pays membres de lUE possèdent par ailleurs environ 57% de la flottille "industrielle", c.a.d. autre que côtière.
Tableau 3. Etat "actuel" de la flottille et de lemploi dans la pêche en Méditerranée
Flottille opérant en Méditerranée | Pêcheurs | ||||||
Pêche côtière | Chalutiers | Senneurs | Thoniers | Autres | Méditerranée | Autres | |
Albanie | 17 |
72 |
21 |
- | - | nd | nd |
Algérie | 780 |
280 |
690 |
- | - | 23,000 |
0 |
Bosnie | nd | nd | nd | nd | nd | nd | nd |
Croatie | 5,000 |
767 |
276 |
- | - | 12,200 |
800 |
Chypre | 527 |
15 |
- | - | - | 1,100 |
0 |
Egypte | 2,562 |
1,355 |
135 |
- | - | 36,000 |
115,400 |
Espagne | 3,648 |
1,234 |
454 |
- | - | 21,600 |
67,200 |
France | 2,000 |
165 |
26 |
34 |
3,600 |
14,700 |
|
Grèce | 20,860 |
410 |
400 |
- | - | 37,000 |
3,000 |
Israël | 400 |
30 |
26 |
- | - | 1,250 |
0 |
Italie | 11,753 |
3,400 |
380 |
- | 457 |
40,000 |
4,500 |
Liban | 1,000 |
- | - | - | - | 3,250 |
nd |
Libye | 3,340 |
91 |
130 |
- | - | 4,700 |
0 |
Malte | 1,600 |
9 |
- | - | - | 1,250 |
0 |
Maroc | 2,000 |
56 |
- | - | 360 |
7,200 |
90,900 |
Slovénie | 95 |
- | - | - | 14 |
400 |
120 |
Syrie | 1,470 |
20 |
- | - | - | 4,200 |
2,500 |
Tunisie | 13,680 |
458 |
319 |
65 |
- | 60,000 |
700 |
Turquie | 1,045 |
134 |
28 |
- | - | nd | nd |
Serbie | nd | nd | nd | nd | nd | nd | nd |
Remarques
- Croatie: pour la pêche côtière, (14.760 petits bateaux "enregistrés", pour un total de 12.230 pêcheurs, dont 9.750 occasionnels), l'hypothèse de calcul 2,5 pêcheurs pour 1 bateau côtier a été pris, soit environ 5.000 bateaux).
- Chypre: pour la pêche côtière, sont comptés 36 "large pelagic fishery" impliqués surtout dans la pêche à l'espadon.
- Egypte: sur les 2.562 bateaux côtiers, on a 547 palangriers, 385 trémailleurs et 1.630 autres bateaux.
- France: les 26 "senneurs" correspondent à 26 lamparos.
- Libye: les 130 "senneurs" correspondent essentiellement à des lamparos, et les chalutiers représentent l'essentiel de la flotte industrielle de 91 navires
- Maroc: les 360 "autres" se composent de 214 palangriers et de 146 mixtes (chal-sardin, chal-pal., pal-sard)
- Slovénie: les 14 "autres" sont composés de chalutiers et de senneurs de 25-30 m
- Tunisie: le nombre de chalutiers a été estimé d'après les résultats provisoires du projet FAO/TCP/TUN/4552
La figure 4 donne des indications sur la répartition de cette flottille entre les pays, en ne distinguant cependant que deux catégories : la pêche côtière et la pêche industrielle.
Figure 4. Répartition de la flottille de la pêche (côtière/industrielle) en Méditerranée
(source : tableau 3)
Le ratio "nombre dunités de pêche / km de côtes" sétablit à 1,9 à léchelle de la région (1,6 unités de pêche côtière et 0,3 de pêche industrielle), et à 3,4 en moyenne régionale, ce qui indique que la concentration des unités de pêche le long des côtes est très différente selon les pays. Le ratio régional est en fait fortement influencé par celui de la Grèce, de lItalie et de la Tunisie qui concentrent près des deux tiers des unités de pêche et englobent près de la moitié de la longueur de côtes total (la Grèce a une tendance à diminuer le ratio tandis que la Tunisie a une tendance au contraire à fortement laugmenter). Sur les dix-huit pays pris en compte dans ces calculs, onze dentre eux ont des ratios supérieurs au ratio régional (1,9 par km de côte).
La classification employée dans le présent document peut paraître questionable car il conviendrait également de distinguer des sous-groupes au sein de chaque groupe, pour prendre en compte notamment les différences de capacité de pêche pouvant exister au sein dun même groupe. Les principales remarques concernant les limites de cette classification sont exposées ci-dessous.
En ce qui concerne la flottille "industrielle"
, les chiffres avancés ne correspondent pas forcément à des unités en activité. Dans certains pays, une bonne partie de cette flottille est en effet inopérationnelle compte tenu de problèmes ou réajustements structurels (privatisations en cours, problèmes de main doeuvre qualifiée, problèmes de pièces de rechange, problèmes de manque de capacité dusinage des industries de transformation, etc.). Un autre aspect quil convient également de prendre en considération est le caractère saisonnier de certaines pêcheries industrielles qui incite les armateurs à changer de méthodes de pêche et de ressources cibles au cours de lannée. Aussi, un nombre considérable de bateaux industriels sont des bateaux multi-engins (ex. au Maroc, près de 35% de la flottille "industrielle", appelée localement "pêche côtière", est multi-engins).Par ailleurs, la flottille "industrielle" méditerranéenne ne correspond pas à une flottille industrielle stricto sensu. Il serait peut-être plus pertinent de la qualifier en général de flottille semi-industrielle. Enfin, et quelque soit le degré dindustrialisation de ces flottilles, limportance de la flottille industrielle, en effectif, comparé à celui de la pêche côtière est peu utile pour estimer leur contribution réelle respective à leffort de pêche total. Par exemple, la flottille industrielle en Grèce, qui représente environ 4% de leffectif total, représentait en 1990 environ 40% de la capacité totale (mesurée en TJB) et 25% de la puissance motrice totale de la flottille grecque. En Italie, en 1989, la flottille industrielle qui représentait 24% de leffectif de la flottille nationale représentait 62% du tonnage.
En ce qui concerne la pêche côtière
, les chiffres présentés doivent être pris avec circonspection car ils agrègent des unités de pêche aux caractéristiques techniques souvent très différentes (tonnage moyen, puissance motrice, nombre et qualité des engins utilisés, nombre de jours de pêche dans lannée....). De plus, il est difficile didentifier une ressource cible en fonction de cette classification. A titre illustratif, les "petits métiers" dans les quatre pays membres de lUE utilisent près de 45 techniques de pêche et capturent au moins une centaine despèces différentes.On peut également souligner quune partie importante de la flottille côtière opère en dehors des eaux sous juridiction nationale. Cela pourrait notamment sexpliquer par le fait que les unités de pêche côtière se caractérisent souvent par une grande mobilité : leur capacité (tonnage) est relativement faible mais leur puissance motrice est relativement élevée.
Cette classification, bien quinsuffisante pour mesurer leffort de pêche réel, permet néanmoins dobtenir des indications sur la structure des flottilles.
Le CGPM a décidé à sa 21e session de fixer à 15 m la longueur minimum à laquelle sapplique lAccord visant à promouvoir le respect par les navires pêchant en haute mer des mesures internationales de conservation et de gestion (Résolution 95/2). Consécutivement à cette Résolution, un registre des navires devrait être mis en place, ce qui permettra notamment daméliorer les connaissances sur leffort de pêche. Cependant, linformation collectée ne portera que sur une partie seulement de la flottille (ex. 4% en Grèce, 22% en Italie), c.a.d. essentiellement la flottille industrielle qui assure environ la moitié des captures totales en Méditerranée.
La contribution respective de la pêche côtière et de la pêche industrielle aux captures
na pas pu être estimée à léchelle de la région. Lorsque linformation est disponible, on peut constater que cette contribution respective est fonction du contexte économique et halieutique des pays concernés. Dans les pays à faible production halieutique, la contribution de la pêche côtière aux captures totales semble très variable, empêchant toute généralisation (ex. Chypre 58%, Israël 29%, Slovénie 10%, Syrie 87%). Dans les pays à forte production halieutique, les informations disponibles laisseraient supposer en revanche que la pêche côtière contribue globalement autant que la pêche industrielle aux captures totales (ex. Grèce 56%, Italie 41%, Tunisie 44%).Sagissant de lévolution de la contribution des deux grands types de pêche aux captures totales, on peut mentionner le cas de lItalie et de la Grèce pour la période 1990-93, pour lesquels des informations sont disponibles. En Italie, on constate que la contribution respective des deux grands types de pêche na pas changé. En revanche, en Grèce, la proportion sest inversée : en 1990, la pêche industrielle contribuait à hauteur de 67% des débarquements, alors quen 1993 sa contribution nétait plus que de 44%. En parallèle, la production dans ce pays a augmenté denviron 20% au cours de ces quatre années de référence, notamment suite à la mise en oeuvre de programmes communautaires de modernisation de la flottille.
La contribution respective de la pêche côtière et de la pêche industrielle au chiffre daffaires de la pêche
na pas pu être estimée à léchelle de la région. Lorsque linformation est disponible par pays, on peut toutefois constater que la contribution de la pêche côtière par rapport à celle de la pêche industrielle est proportionnellement plus importante en valeur quen volume. Ceci sexplique par la composition des débarquements de la pêche côtière (importance relative des démersaux), et également par une meilleure valorisation des produits (cf. figure 5).Figure 5. Contribution de la pêche côtière aux débarquements en volume et en valeur
Le prix du poisson (valeur des débarquements) en Méditerranée
est relativement très élevé par rapport aux cours mondiaux. Daprès les estimations produites par la FAO / FIDI, le prix moyen du poisson en Méditerranée est de 4 300 $EU/t, ce qui représente près de cinq fois le prix moyen de la production mondiale de poisson (910 $EU/t en 1995).Lexistence dun prix élevé du poisson tient en particulier à la prédominance de marchés de proximité relativement porteurs (existence dune demande importante en zone côtière en raison de la pression démographique, et, dans certains cas, du développement du tourisme). Cela peut également sexpliquer par limportance des circuits de commercialisation courts, privilégiant la vente des produits en frais. Ainsi, en raison du faible nombre dintermédiaires, les pêcheurs peuvent capter une partie plus importante de la valeur ajoutée de la filière. A titre dexemple, il est estimé que, en France et en Grèce, près des trois quarts de la production méditerranéenne sont vendus hors criée.
Une autre raison peut également être invoquée pour expliquer le maintien dun prix élevé en Méditerranée. Il sagit des mécanismes de régulation des sorties/débarquements de la pêche côtière par la profession afin déviter de saturer les marchés (ex. rôle des Confradias en Espagne ou des Prudhomies en France).
Le nombre de pêcheurs opérant en Méditerranée, à temps partiel ou à temps complet, peut être estimé à 257 000 au minimum. Cette estimation ne prend cependant pas en compte les données de quatre pays pour lesquels on ne dispose pas dinformations (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Turquie et Serbie-Monténégro). En se fondant sur une hypothèse selon laquelle la productivité du travail dans la pêche (production / nombre de pêcheurs) pour les seize pays concernés est en moyenne de 4, 7 tonnes par pêcheur (cf. figure 7), on peut, en extrapolant, estimer quil y a au total environ 280 000 pêcheurs en Méditerranée.
La distinction entre pêcheurs côtiers et pêcheurs industriels na malheureusement pas pu être faite. De manière générale, lorsque linformation est disponible, on constate que la pêche côtière est un fournisseur demplois important (ex. Croatie 80%, Egypte 31%, Espagne 33%, France 67%).
Figure 6. Répartition du nombre de pêcheurs en Méditerranée
(source : tableau 3)
Sur la base dune productivité du travail dans la pêche sétablissant à 4,7 t/an par pêcheur dans la région, la moyenne régionale serait de 4,3 t/an par pêcheur. Sur les quinze pays pris en compte dans ces calculs, six dentre eux affichent une productivité supérieure à la moyenne régionale.
Ces différences de productivité peuvent également être mises en évidence en comparant la contribution respective des pays aux captures et à lemploi totaux en Méditerranée : en moyenne 64% et 40% pour les pays membres de lUE, et 22% et 51% pour les pays de lAfrique du Nord.
Figure 7. Productivité du travail dans la pêche en Méditerranée
(sources : tableau 3 et annexe 2)
Ces éléments danalyse sur la productivité du travail ne sont cependant que partiels car la structure de lemploi en fonction du type de pêche, et selon les pays, peut être très différente. Par exemple, dans la pêche côtière, le salariat est généralement peu développé. Ainsi, en Espagne, les propriétaires de bateaux côtiers, qui assurent environ 40% du volume de travail, se rémunèrent souvent sur la base du bénéfice dexploitation réalisé, le système de rémunération des pêcheurs se faisant quant à lui essentiellement "à la part", proportionnellement aux captures débarquées.
Une autre caractéristique de la pêche côtière, à prendre en compte dans le cadre de létude de la productivité du travail, est que la pêche ne constitue souvent quune activité saisonnière en Méditerranée.
Pour les pays pour lesquels on dispose dinformations, la productivité du travail dans la pêche côtière est nettement moindre que dans la pêche industrielle. Cela peut être mis en évidence en comparant la contribution de la pêche côtière aux captures totales et à lemploi (cf. figure 8).
En labsence de données historiques, il est difficile dévaluer les grandes tendances de lévolution de lemploi dans la pêche en Méditerranée. On peut toutefois relever que dans les pays membres de lUE, les politiques de restructuration des flottilles (modernisation et réduction) sembleraient davantage affecter lemploi dans la pêche côtière que dans la pêche industrielle. En France, par exemple, où le nombre de marins pêcheurs a diminué de 21% entre 1987 et 1990, ce sont essentiellement les petits métiers qui ont été touchés par le chômage.
Figure 8. Contribution de la pêche côtière aux captures totales et à lemploi dans le
secteur des pêches en Méditerranée
Une autre caractéristique de lemploi dans la pêche en Méditerranée peut être mise en évidence en évaluant, dans le cas des pays possédant et/ou exploitant dautres pêcheries maritimes, la contribution de la pêche méditerranéenne aux performances du secteur des pêches "pris dans sa globalité". Pour ces pays, on constate que la pêche méditerranéenne contribue en proportion davantage à lemploi quaux captures (cf. figure 9). Cela pourrait attester de la forte intensité de main-doeuvre de la pêche en Méditerranée, avec toutes les nuances quil convient cependant dapporter compte tenu de son caractère saisonnier marqué.
Figure 9. Contribution de la pêche méditerranéenne aux performances du secteur des
pêches au niveau national (captures et emplois)
En ramenant le nombre de pêcheurs à la longueur de côtes, on peut estimer quil y a à léchelle de la région 6,5 pêcheurs par km de côte. La moyenne régionale sétablit quant à elle à 12,2 pêcheurs par km de côte. Les pays membres de lUE se situent en dessous de la moyenne, tandis que les pays de lAfrique du Nord (à lexception de la Libye) se situent en dessus de la moyenne. Pour les autres pays concernés par les calculs, les résultats sont variables en fonction de la structure des flottilles. Les deux pays insulaires se situent en dessous de la moyenne.
Les caractéristiques socio-économiques de lemploi dans la pêche en Méditerranée sont mal connues. Par exemple, les questions liées à la rémunération des pêcheurs, et leur ordre de grandeur par rapport au salaire minimum dans les pays, sont souvent ignorées. La disponibilité de quelque études permet toutefois de définir quelques constantes. Ainsi, les pêcheurs côtiers entrent dans le secteur souvent par "affiliation", en raison du caractère héréditaire de la profession. Ils ont généralement un faible niveau de qualification, et un âge moyen élevé. Une grande partie des pêcheurs sont par ailleurs pluriactifs, la pêche se pratiquant souvent de manière saisonnière ou noccupant quune partie de la journée de travail. Cependant, de manière générale, les données, ou études, qui permettraient de mieux comprendre les dynamiques économiques et sociales des pêcheries (étude des stratégies de pêche) font défaut dans la région.
Les études de coûts/bénéfices sur les pêches en Méditerranée sont rares, ou alors lorsquelles existent sont difficilement disponibles. Pour aborder ces questions, le présent document se fonde essentiellement sur les résultats détudes économiques réalisées en Italie par lIREPA, et socio-économiques réalisées en Espagne, en France et en Italie au début des années 90.
Une unité de pêche industrielle mobilise en moyenne un investissement six fois plus élevé quune unité de pêche côtière. Le chiffre daffaires moyen est 5 à 6 fois plus élevé que celui dune unité de pêche côtière.
Le coût total par unité de capture ne semble pas différer fondamentalement entre la pêche côtière et la pêche industrielle. Le prix moyen dun kilo de poisson produit est en revanche plus élevé dans la pêche côtière.
Létude des coûts variables indique que le poste le plus important est celui du carburant/lubrifiant. Ramené aux coûts totaux, ce poste représenterait environ 40% dans le cas de la pêche industrielle et 25% dans le cas de la pêche côtière. La pêche industrielle est par conséquent plus sensible à lévolution des prix du carburant.
En ce qui concerne les coûts fixes, on peut distinguer deux principaux postes que sont la maintenance et les salaires. Ramené aux coûts totaux, le poste maintenance représente environ 10% dans le cas de la pêche industrielle et 20% dans le cas de la pêche côtière. Les unités de pêche côtière disposent en général dune large panoplie dengins (doù le coût important de la maintenance), ce qui leur permet de sadapter plus facilement aux changements saisonniers des conditions de pêche et des marchés.
Le poste salaires constitue le poste le plus élevé des coûts fixes pour la pêche industrielle. Ramené au chiffre daffaires, le poste salaire représente environ 40% pour la pêche industrielle et 23% dans le cas de la pêche côtière. Cette différence majeure peut sexpliquer par les caractéristiques de lemploi dans la pêche côtière (salariat peu développé, saisonnalité de lemploi...). Les capacités dadaptation aux conditions de pêche et de marché, et la flexibilité dans les modes de gestion des entreprises pourrait du reste expliquer le maintien de la pêche côtière dans des proportions importantes en Méditerranée.