COMITÉ DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE

Vingt-quatrième session

Rome, 2 - 5 juin 1998

RAPPORT SUR L’ÉLABORATION DE SYSTÈMES D’INFORMATION ET DE CARTOGRAPHIE SUR L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA VULNÉRABILITÉ (SICIAV)


 

 

I. INTRODUCTION

1. En mars 1997, la FAO a convoqué une Consultation technique pour: i) examiner les méthodes et indicateurs utilisés pour évaluer l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité et faire des recommandations en vue de leur amélioration; et ii) proposer un plan de travail pour l’élaboration et la mise en place de SICIAV aux niveaux national et international. Des recommandations spécifiques ont été faites sur des questions méthodologiques liées à l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées, sur l’emploi de l’indice de masse corporelle pour l’évaluation de l’état nutritionnel des adultes et sur le suivi de la vulnérabilité chronique et structurelle. La Consultation a en outre recommandé une série de mesures visant à assurer la mise au point des SICIAV, dans les meilleures conditions possibles. Ces mesures ont été examinées et généralement entérinées par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale à sa vingt-troisième session, tenue en avril 1997. Parmi les actions à court terme envisagées, on peut citer:

2. Le présent document indique les mesures prises depuis la dernière session du CSA afin de mettre en oeuvre ces recommandations et propose d’autres mesures en vue de l’élaboration des SICIAV aux plans tant national que mondial.

II. MESURES PRISES DEPUIS LE SOMMET MONDIAL DE L’ALIMENTATION

3. Diverses mesures ont été prises, dans les douze derniers mois, pour mettre en oeuvre les mesures à court terme recommandées en vue de l’élaboration des SICIAV, notamment:

a) Mise en place d’un mécanisme interinstitutions

4. Le Groupe de travail interinstitutions sur le SICIAV (GTI-SICIAV) a été créé et il a tenu deux réunions. La première a eu lieu au Siège de la FAO, à Rome, en décembre 1997, et la seconde, dans les locaux du Fonds international de développement agricole (FIDA), en avril 1998. Ce Groupe de travail compte à l’heure actuelle des représentants de 21 institutions et organisations, y compris des organismes d’aide bilatérale. Lors de la réunion de décembre 1997, le Groupe de travail a approuvé son mandat et ses procédures internes (voir Annexe). Il a recommandé que la FAO assure le Secrétariat permanent du Groupe de travail et que les réunions se tiennent, par roulement, dans les locaux des organismes et organisations membres. Il est également convenu que l’élaboration des SICIAV au niveau national devrait être encouragée par les groupes thématiques appartenant au Réseau du CAC sur le développement rural et la sécurité alimentaire, mécanisme mis en place par le CAC afin d’assurer, sur le terrain, une coordination interinstitutions appropriée du suivi du Sommet mondial de l’alimentation. Finalement, il a créé un certain nombre de sous-groupes techniques chargés d’élaborer des recommandations sur diverses questions encore à l’étude.

b) Désignation de points de convergence nationaux

5. Il a été demandé aux États Membres de désigner des points de convergence nationaux pour les SICIAV. Ceux-ci devraient principalement mettre en place un mécanisme de collaboration, auquel participeraient tous les systèmes fonctionnels produisant ou utilisant des informations et des statistiques intéressant les SICIAV, et assurer la liaison entre les SICIAV nationaux et les organisations internationales compétentes. A la mi-avril 1998, environ 50 pays avaient déjà désigné leurs points de convergence, dont le nom a été fourni en même temps que les informations et documents sur les SICIAV.

c) Préparation de directives destinées aux SICIAV nationaux par le Groupe de travail interinstitutions, avec la collaboration d’experts nationaux

6. Une première version des Directives pour les SICIAV nationaux a été établie en octobre 1997 et a été examinée par le Groupe de travail interinstitutions (GTI) à sa première réunion, en décembre 1997. Les observations formulées par le GTI ont été prises en considération pour la mise au point d’une seconde version, qui a été examinée à nouveau par le Groupe de travail à sa réunion d’avril 1998. Des experts provenant de 12 pays ont participé à l’examen de ce second projet, pour refléter les vues des utilisateurs potentiels des directives; l’ensemble des observations formulées a été pris en considération pour l’élaboration d’un troisième projet qui est maintenant présenté au Comité pour examen. Un questionnaire a été établi par le Secrétariat et envoyé à tous les experts avant la réunion, pour faciliter cet examen qui doit se substituer aux études de cas dans quelques pays sélectionnés, qui avaient été envisagées auparavant.

III. PERSPECTIVES

7. Pour le SICIAV international, le programme de travail suivant est proposé:

A. APPUI AUX PAYS POUR LA MISE AU POINT DES SICIAV NATIONAUX

8. La situation étant très variable d’un pays à l’autre pour ce qui est de la sécurité alimentaire et de l’élaboration de systèmes d’information, il est évident que les activités prioritaires pour les SICIAV seront, elles aussi, très hétérogènes. Un programme de travail international destiné à appuyer les activités relatives au SICIAV de chaque pays comprend:

9. La Banque mondiale, dans le cadre de sa coopération avec la FAO sur les statistiques agricoles de l’Afrique et de son initiative pour une banque de données sur la nutrition en Afrique, mobilisera des ressources pour appuyer les activités réalisées au plan national. Le Gouvernement japonais a fourni des fonds à un projet régional visant à mettre au point des outils pour le SICIAV en Asie. L’USAID envisage d’appuyer la mise au point d’un système d’information et de cartographie sur l’environnement, lié au SICIAV, dans le cadre du Système mondial d’observation terrestre (SMOT). Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et d’autres donateurs ont indiqué qu’ils pourraient fournir un appui à des activités sur le SICIAV, menées aux plans national, régional et mondial, au titre du suivi du Sommet mondial de l’alimentation.

B. CONCEPTUALISATION ET MISE EN OEUVRE D’UN SYSTÈME DE BASES DE DONNÉES INTERNATIONALES RELIÉES ET LIBREMENT ACCESSIBLES, COMPRENANT LE SICIAV MONDIAL

10. Le concept de SICIAV mondial est né des délibérations du Groupe de travail interinstitutions sur le SICIAV et de ses membres. Le SICIAV mondial devrait notamment établir des liens entre des données pertinentes tirées de bases de données internationales; il faudrait, dans cette optique, créer un système de diffusion donnant libre accès à des données placées dans le domaine public, qui pourraient être consultées aussi bien sur Internet que sur CD-ROM. Ce système fournit aux utilisateurs des possibilités d’interrogation, d’accès et de cartographie, à des fins d’analyse et de comparaison.

11. Les mesures ci-après doivent être prises afin d’atteindre l’objectif fixé en matière de disponibilité d’informations pour le SICIAV mondial:

12. Le sous-groupe sur le SICIAV mondial du Groupe de travail interinstitutions a une autre tâche importante à accomplir: il doit clarifier les questions de gestion décentralisée du SICIAV mondial et définir la gamme complète d’utilisateurs potentiels et d’utilisations possibles du SICIAV mondial. Il devra, à ce titre, se pencher sur les questions suivantes:

13. Il est prévu de publier périodiquement un rapport sur le SICIAV mondial; celui-ci comprendrait une collection sélectionnée d’indicateurs et de données par pays tirés du système, et se fonderait sur les lignes d’orientation et les indicateurs du CSA pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des objectifs du SMA.

14. Il faut finalement souligner que des initiatives multinationales et régionales sur le SICIAV peuvent être prises; des activités de ce type sont d’ailleurs en cours de réalisation. Par exemple, dans le cadre du projet régional pour l’Asie susmentionné, on examinera les méthodologies existantes, les indicateurs de vulnérabilité et les bases de données disponibles; on produira des cartes régionales, nationales et sous-nationales sur la base de facteurs critiques et l’on testera un système de diffusion de l’information sur Internet. De même, l’initiative pour une base de données sur la nutrition en Afrique, parrainée par la Banque mondiale, est en train d’élaborer des procédures de mise en commun des données entre organismes internationaux et d’adopter une série initiale d’indicateurs de base qui permettra de créer et de mettre à jour une base de données nutritionnelles de qualité, grâce à un système décentralisé de réseau entre organismes participants. Cette expérience peut être assimilée à un projet pilote sur l’établissement d’une base de données du SICIAV, les questions de méthodologie et de coopération interinstitutions étant fort similaires.

C. AMÉLIORATION DE L’ESTIMATION DU NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES

15. Deux séries clés d’estimations doivent pouvoir être dérivées du SICIAV mis au point dans chaque pays: le nombre de personnes sous-alimentées, dont l’apport alimentaire est inadéquat, et diverses estimations correspondant à un concept élargi de la sous-alimentation. Cette dernière catégorie s’applique aux personnes donnant des signes d’état nutritionnel inadéquat pour cause de mauvaise santé générale, de maladie ou d’infection spécifique, ou de carence en micronutriments, caractéristiques qui se présentent souvent, mais pas toujours, chez des individus dont l’apport alimentaire est inadéquat sur une certaine période.

16. La FAO a publié, dans la sixième Enquête mondiale sur l’alimentation, la méthodologie qu’elle utilise pour calculer le nombre de personnes sous-alimentées par pays (pour plus de 90 pays). Elle a précisé que ces estimations peuvent encore être nettement améliorées. La FAO est disposée à collaborer dans ce domaine avec les organismes et les gouvernements concernés, sous réserve de la disponibilité de ressources supplémentaires allouées à cette fin.

17. S’agissant des informations sur la sous-alimentation, il faut également recueillir et harmoniser les informations dérivées d’enquêtes spécialisées sur l’état nutritionnel (mesures anthropométriques des enfants et des adultes) et sur l’apport alimentaire. Des séries de données très intéressantes recueillies au niveau sous-national peuvent souvent être utilisées pour corriger ou mettre à jour les chiffres dérivés d’enquêtes nationales. La Division de l’alimentation et de la nutrition de la FAO travaille en collaboration étroite avec des services analogues de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), de la Banque mondiale et d’autres organisations. Là aussi, il faudra identifier des ressources supplémentaires si l’on veut aller de l’avant.

18. La FAO a porté à la connaissance de tous les États Membres la méthodologie utilisée pour le calcul du nombre de personnes sous-alimentées, sur la base d’un apport calorique inadéquat, et les estimations ainsi obtenues. Les pays sont invités à passer en revue cette méthodologie et les estimations qui en dérivent, à donner leur avis sur leur validité et à indiquer éventuellement d’autres méthodologies et chiffres reflétant mieux la situation nationale, l’objectif étant d’établir, pour chaque pays, un chiffre repère qui servira de point de référence pour les évaluations futures. Le maintien d’un dialogue permanent entre les unités compétentes de la FAO et les services analogues d’autres organismes et pays membres permettra d’affiner les méthodologies et, partant, les estimations obtenues.

D. AUTRES QUESTIONS À L’ÉTUDE

19. Lors de la première réunion du Groupe de travail interinstitutions, on a longuement débattu certaines questions conceptuelles, méthodologiques et politiques se rapportant à la production et à l’utilisation concrète d’informations améliorées sur la sécurité alimentaire et la nutrition; il s’agit notamment des questions suivantes:

20. La communauté scientifique sera invitée à fournir avis et lignes d’orientation sur ces questions encore à l’étude, en fonction du temps et des ressources disponibles.

E. AMÉLIORATION DES COMMUNICATIONS ET RÔLE CENTRAL JOUÉ PAR LE SECRÉTARIAT DU GROUPE DE TRAVAIL INTERINSTITUTIONS EN MATIÈRE D’ÉCHANGE D’INFORMATIONS

21. Il apparaît clairement, à la lumière de ce qui précède, qu’il faut envisager d’améliorer la capacité du Secrétariat du Groupe de travail interinstitutions dans les domaines des communications, de la formation et de l’échange d’informations. Dans le domaine des communications, il faudrait publier un bulletin périodique sur Internet, à l’intention des partenaires internationaux et des organisations compétentes des pays membres. S’agissant de la formation, il faudra surtout coordonner et faciliter l’organisation d’ateliers de sensibilisation et de formation. Dans le domaine de l’échange d’informations, outre la poursuite du travail sur le Répertoire technique, qui contiendra les notes techniques et directives méthodologiques examinées par le Groupe de travail interinstitutions, il serait intéressant de créer une série de documents de travail dont certains, décrivant les activités en cours ou les résultats obtenus dans les SICIAV nationaux, pourraient être placés sur Internet, dans la langue d’origine. Le Secrétariat devra également être informé des demandes d’assistance concernant le lancement d’activités intéressant les SICIAV nationaux, et faire en sorte qu’un appui approprié soit mobilisé.

22. La FAO a prévu des crédits de plus de 3 millions de dollars E.-U. pour l’exercice 1998-99 pour l’appui aux SICIAV, y compris pour le coût du Secrétariat du Groupe de travail interinstitutions. Tous les partenaires de ce Groupe de travail, ainsi que les principaux donateurs bilatéraux, collaborent d’une façon ou d’une autre pour faire garantir l’efficacité des fonctions centrales de communication et d’échange de l’information assumées par le Secrétariat du Groupe de travail.

IV. QUESTIONS SOUMISES AU COMITÉ POUR EXAMEN

23. Au cours de la présente session, le Comité examinera et, éventuellement, entérinera le projet de mandat du Groupe de travail interinstitutions sur le SICIAV (voir Annexe), ainsi que les directives pour les SICIAV nationaux (document CFS:98/5). Il donnera également son avis sur le programme de travail proposé ci-dessus.


ANNEXE

GROUPE DE TRAVAIL INTERINSTITUTIONS CHARGÉ DES SYSTÈMES D’INFORMATION ET DE CARTOGRAPHIE SUR L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA VULNÉRABILITÉ
(GTI-SICIAV)MANDAT ET PROCÉDURES INTERNES

Informations générales et textes de base

1. Le Groupe de travail interinstitutions a été créé conformément aux dispositions des objectifs 2.2 et 7.2 du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation et aux décisions prises par la suite par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) à sa vingt-troisième session (avril 1997). Le CSA s’est félicité de la création d’un mécanisme interinstitutions chargé de superviser l’élaboration du SICIAV et a approuvé en général la création du GTI-SICIAV au niveau technique. Le CSA a souligné, à cette occasion, que l’élaboration du SICIAV devait être impulsée par les pays et que les gouvernements, la société civile et toutes les parties prenantes devaient y être étroitement associés. Il est convenu d’examiner les progrès réalisés dans l’élaboration du SICIAV à sa vingt-quatrième session, en 1998. La durée du mandat du Groupe de travail interinstitutions sera fixée par le CSA.

Composition et Secrétariat permanent

2. Le Secrétariat permanent adresse une invitation à devenir membre du Groupe de travail interinstitutions aux organismes internationaux et régionaux et aux organisations gouvernementales et non gouvernementales menant des activités importantes dans l’un des domaines en rapport avec l’information et la cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité. Les institutions nationales qui oeuvrent dans ce domaine au niveau international peuvent également être invitées.

3. Tous les organismes et organisations compétents peuvent demander par écrit au Secrétariat permanent à faire partie du Groupe de travail. Le Groupe de travail interinstitutions statuera sur toute autre question relative à sa composition.

4. Le Groupe de travail interinstitutions aura un Secrétariat permanent, situé au Siège de la FAO, qui s’acquittera des tâches suivantes:

Mandat

5. Le Groupe de travail interinstitutions sur le SICIAV doit assurer la collaboration et la coopération entre tous les organismes et organisations membres, dans le but d’aider les gouvernements nationaux à élaborer des systèmes d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité, mais aussi de faire la synthèse et d’assurer la diffusion des informations aux niveaux régional et international. Le Groupe de travail interinstitutions devra tout particulièrement:

Réunions/communications

Le Groupe de travail interinstitutions se réunira périodiquement, normalement une fois par an, pour examiner l’état d’avancement des travaux et prendre des décisions sur les autres mesures à envisager pour appuyer la mise en place de systèmes d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité, à tous les niveaux. Des réunions plus fréquentes peuvent être convoquées selon les besoins, si la majorité des membres en décide ainsi; le Secrétariat permanent poursuivra les travaux entre les réunions, en utilisant au maximum les moyens de communication électroniques (courrier électronique et visioconférence); les réunions auront lieu, par roulement, dans les locaux des organismes et organisations membres; l’organisme ou l’organisation hôte assurera le secrétariat de la réunion; des installations de visioconférence seront utilisées dans toute la mesure possible; les membres peuvent proposer que des observateurs participent à des réunions bien précises, en consultation avec l’organisme ou l’organisation hôte et le Secrétariat permanent; l’ordre du jour de la réunion sera établi par l’organisme ou l’organisation hôte, en consultation avec les autres membres et avec le Secrétariat permanent; les décisions et recommandations du Groupe de travail interinstitutions sont adoptées par consensus; l’organisme ou l’organisation hôte se chargera d’établir le compte rendu des réunions et de le distribuer à tous les membres; les rapports et autres documents peuvent être diffusés à plus large échelle par des moyens appropriés, y compris Internet, sous réserve de l’approbation du Groupe de travail interinstitutions; les membres et observateurs prendront à leur charge le coût de leur participation aux réunions du Groupe de travail interinstitutions.