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Son Excellence Monsieur Jean-Luc Dehaene, Premier Ministre du Royaume de Belgique


Au nom du Gouvernement belge, je voudrais d'abord remercier les autorités italiennes d'accueillir le Sommet mondial de l'alimentation convoqué à l'initiative de la FAO.

Ce Sommet arrive à point nommé. En effet, aujourd'hui, alors que les pays riches vivent des mutations socioéconomiques qui doivent les conduire vers une société post-industrielle, bon nombre de pays se débattent encore avec le défi majeur de nourrir leur population. Cette injustice fondamentale est intolérable. Elle doit être combattue, et il est donc important que le Sommet réaffirme le droit à la sécurité alimentaire comme un droit fondamental pour tous.

Par ailleurs, les événements tragiques au Kivu nous rappellent avec violence l'intérêt hautement politique et stratégique de cette rencontre. Sans stabilité politique et économique, il ne peut y avoir de sécurité alimentaire durable. Face à cette situation au Kivu, la communauté internationale doit tout mettre en oeuvre pour soulager les souffrances des réfugiés et la population locale qui a subi, à son tour, les conséquences graves de cette déstabilisation. Je voudrais souligner l'extrême urgence du déploiement effectif de la force internationale pour répondre à cette impasse humaine tout en permettant de faire accéder l'aide humanitaire à toutes les populations de la région.

La réalisation du droit à la sécurité alimentaire relève de la responsabilité de chaque gouvernement et ce, en collaboration avec la société civile et la communauté internationale. Ces derniers temps, le débat international récent s'est trop focalisé sur les droits et les lois du marché. Mais la nourriture n'est pas une marchandise comme tant d'autres. Elle est un bien qui peut faire la différence entre santé et maladie, entre vie et mort.

Afin de rencontrer le droit fondamental à la sécurité alimentaire pour tous, il est essentiel d'apporter des correctifs sociaux aux mécanismes des lois du marché. En effet, la réduction des mesures de protection des marchés et le soutien des pays devraient stimuler, à long terme, la production alimentaire des pays en développement qui disposent souvent d'un avantage comparatif dans le domaine agricole. Toutefois, l'avantage comparatif n'est pas la seule réponse à la sécurité alimentaire. Nombreux sont les pays qui ne pourront exploiter qu'à terme cet avantage. Certains pays, notamment parmi les moins avancés, ne pourront jamais atteindre une production optimale, suffisante pour nourrir leurs populations. La libéralisation récente des marchés a engendré un déficit supplémentaire dans leur balance des paiements. Des mesures compensatoires ont été prévues dans les accords de Marrakech. La Belgique encourage tous les pays de l'Organisation mondiale du commerce à définir des mesures spécifiques pour enrayer les aspects négatifs des résultats de l'Uruguay Round en matière de commerce des produits agricoles sur les pays les moins avancés et les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires.

Pour rencontrer les besoins des plus pauvres, il importe également de mettre en oeuvre les engagements des Conférences internationales de Rio, de Copenhague, du Caire, de Beijing. La Belgique entend valoriser le rôle central de la femme dans le domaine du développement et de la sécurité alimentaire. Afin de pouvoir pleinement assumer son rôle, la femme doit pouvoir, à titre légal, exercer tous les droits humains.

L'accès pour tous à la sécurité alimentaire exige des politiques concrètes. La coopération internationale doit ainsi donner priorité aux actions qui assurent l'éradication de la pauvreté, l'accès des producteurs aux avoirs productifs, la création d'emplois et la juste rémunération des producteurs. La coopération au développement belge s'est récemment recentrée très clairement sur la lutte contre la pauvreté. La Belgique renforcera, dans le futur, l'appui à des projets de sécurité alimentaire à caractère multidimensionnel.

Dans cet esprit, et avec la collaboration du FIDA, de la FAO et d'autres organisations internationales, la Belgique a mis sur pied un fond de survie qui vise à renforcer la production agricole dans les zones les plus touchées par la faim. Ce programme a joué un rôle de précurseur pour beaucoup d'actions menées aujourd'hui dans le domaine de la sécurité alimentaire, et a permis d'intervenir dans une quinzaine de pays d'Afrique subsaharienne.

Cette même volonté d'appuyer les différentes dimensions de la sécurité alimentaire se reflète dans le soutien que la Belgique accorde aux projets de la FAO elle-même. La lutte pour une meilleure sécurité alimentaire comprend également un important volet d'information et de sensibilisation. Nous avons pris l'initiative de faire participer des jeunes belges et des jeunes représentants d'organisations paysannes africaines à ce Sommet. Cette initiative a été élargie par la FAO à de nombreux autres jeunes qui participent actuellement au Sommet et au Forum de la jeunesse.

Vaincre l'insécurité alimentaire passe avant tout par des actes. Un Plan d'action fixe maintenant les mesures précises à prendre. La Belgique souhaite que la FAO joue un rôle crucial dans la mise en oeuvre de ce plan. Elle invite tous les Etats à donner une priorité absolue à l'exécution de celui-ci. C'est de toute façon ce que fera la Belgique.


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