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Deuxième Partie

· Notes résumées du groupe de discussion I

· Notes résumées du groupe de discussion II

(Se référer à l'annexe B pour les introductions par les modératrices et les présentations des experts)

 

 

NOTES RÉSUMÉES DU GROUPE DE DISCUSSION I

Politiques et planification paritaires: Nature et portée
Synthèse de la modératrice, Mme Margareta Winberg, Ministre suédoise de l'agriculture et Ministre de l'égalité des chances de Suède

 

 

I - Le groupe de discussion technique, intitulé Politiques et planification paritaires hommes-femmes: nature et portée, a traité de:

II - Les exposés présentés par des spécialistes de la parité et de l'agriculture provenant des agences de développement, des milieux universitaires et de la société civile, ont été particulièrement enrichissants.

Mayra Buvinic, chef de la Division du développement social de la Banque interaméricaine de développement, a évoqué la contribution des femmes à l'économie latino-américaine et a examiné les moyens d'améliorer l'évaluation de cette contribution. Dans un exposé intitulé Les travailleurs manquants: les femmes dans les économies rurales des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, M. Buvinic a mis en lumière l'évolution de la contribution des femmes dans trois domaines: (a) leurs apports à l'agriculture et à la production non agricole (le travail sur le terrain au Honduras a démontré que les statistiques officielles sous-estimaient largement le travail des femmes; des statistiques quantifiant le travail des femmes rurales et les activités relatives au bien-être sont donc nécessaires; (b) les responsabilités croissantes des femmes dans le domaine du bien-être des ménages; et (c) la contribution des femmes dans les activités d'anticipation des catastrophes et celles de reconstruction (après l'ouragan Mitch, la participation des femmes à la reconstruction n'a pas pu être correctement évaluée faute d'informations ventilées par sexe).

Agnès Quisumbing, chercheur principal à l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), a fait une présentation intitulée La production et l'utilisation des informations sur les droits fonciers des femmes pour la conception de projets agricoles durables. S'appuyant sur les derniers résultats de recherches effectuées au Ghana et à Sumatra, A. Quisumbing a souligné qu'il importait de fournir aux responsables politiques des informations permettant de mieux comprendre les mécanismes par lesquels les femmes accèdent à la terre. Pour ces dernières, les droits fonciers représentent, non seulement un facteur important pour la production agricole, mais ils sont souvent un moyen pour accéder à d'autres ressources productives, telles que le crédit, l'irrigation, les produits arboricoles.

Linda Reinhardt, présidente du Comité permanent des femmes dans l'agriculture de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA), a parlé des besoins d'information des femmes rurales en s'appuyant sur son expérience personnelle d'exploitante agricole dans l'Etat du Kansas (Etats-Unis). Elle a également fait référence à ses nombreux voyages et contacts avec les agricultrices du monde entier ainsi qu'à son activité de membre active de diverses organisations non gouvernementales.

Maurice Albarka, spécialiste en communication et travaillant à l'IRED (Innovations et réseaux pour le développement), a présenté un exposé sur la situation des femmes au Sahel, et plus particulièrement au Niger, en mettant en relief l'absence d'informations sur ces femmes pour la conception des politiques et des programmes de développement. Il a souligné les moyens (institutions, réseaux, participation à la base) qui pourraient faciliter la collecte des informations sur le rôle et les responsabilités des femmes.

Soraya Altorki, professeur d'anthropologie à l'Université américaine du Caire, a fait une présentation sur les femmes et l'économie rurale en Egypte, en soulignant l'évolution des activités et des responsabilités des agricultrices égyptiennes. Elle a insisté sur la diversité et la complexité de la contribution des femmes à l'agriculture égyptienne. Les femmes rurales jouent un rôle crucial, non seulement dans la production agricole, mais aussi dans la transformation, le conditionnement et la commercialisation de cette production. Les politiques devraient donc se concentrer sur la façon d'associer les femmes à la mise au point de systèmes de transformation et de distribution plus efficaces.

Johan Pottier, anthropologue social principal à l'école des hautes études orientales et africaines (SOAS) de l'Université de Londres, a fait une présentation intitulée Sécurité alimentaire et genre: les lacunes d'information et comment les combler. En se fondant sur la recherche anthropologique, principalement en Afrique centrale, il a indiqué trois domaines prioritaires au niveau politique: l'ingéniosité des femmes en matière d'agriculture; l'approche multicaténaire de la sécurité alimentaire propre aux femmes; et l'appauvrissement des hommes et le droit des femmes pour accéder à la terre et à l'héritage.

III - Le débat qui a suivi les exposés a été particulièrement intéressant, permettant aux participants des pays membres de la FAO et des organisations internationales de montrer une fois encore la diversité des situations auxquelles sont confrontées les femmes rurales dans le monde. S'ils ont souligné pendant le débat qu'il importait de disposer de statistiques ventilées par sexe, les participants ont aussi rappelé qu'il fallait utiliser efficacement l'information collectée afin de concevoir des politiques et d'adopter des mesures concrètes propres à améliorer la situation économique et sociale des femmes rurales. Autrement dit, les informations spécifiques sur les hommes et les femmes sont nécessaires, non seulement pour être mieux informés sur les femmes rurales, mais aussi pour pouvoir concevoir des politiques de développement durable plus adéquates en termes de parité hommes-femmes.

IV - La modératrice a conclu que les agricultrices et les femmes rurales devaient faire partie des priorités politiques de l'Organisation. La contribution des femmes est encore trop souvent invisible. Cela est particulièrement regrettable puisque cela supposerait que les responsables politiques ne sont pas capables de comprendre la situation des femmes en milieu rural.

L'essentiel du travail devrait se faire au niveau local et impliquer les ONG. Le développement rural devrait être envisagé dans une perspective plus large, c'est-à-dire ne pas être axé uniquement sur l'agriculture mais appuyer aussi les différentes possibilités d'activités rémunératrices en milieu rural. Toutefois, l'amélioration du sort des femmes rurales n'est pas seulement une question de portée locale, elle dépend beaucoup d'initiatives prises au niveau mondial.

En tant que remarque finale personnelle, Madame Winberg a ajouté qu'une clé à cette situation est du ressort des pays plus riches, tels que ceux de l'Union européenne ou les Etats-Unis: pour que les choses changent, les politiques agricoles de ces pays devraient favoriser le développement des pays plus pauvres, au lieu d'y faire obstacle comme c'est le cas actuellement.

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