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Allocution de Monsieur Nicolas Bricas

Représentant du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)

Monsieur le Ministre de l'Education nationale,
Monsieur le représentant du Ministère du Développement rural,
Monsieur le représentant de la FAO au Bénin,
Monsieur le Recteur de l'Université nationale du Bénin,
Monsieur le Doyen de la Faculté des sciences agronomiques,
Mesdames, Messieurs les invités, chers collègues et amis.

NOUS VOICI RÉUNIS pour échanger nos expériences sur la production et la valorisation du maïs à l'échelon villageois en Afrique de l'Ouest. Vous êtes tous bien placés pour savoir quels enjeux représente cette céréale.

Introduite à partir du XVIe siècle en Afrique, à la fois par le nord, via l'Egypte, et par le sud, via le Golfe du Bénin, le maïs a connu une diffusion dans des écosystèmes variés. Ceci témoigne de ses conditions d'adaptation à des systèmes de production différents. En amont de la filière, c'est-à-dire au stade de la production, le maïs présente des potentialités certaines.

A l'autre bout de la filière, au stade de la consommation, cette céréale a su trouver des utilisations compatibles avec les systèmes alimentaires des populations. La diversité des formes qu'elle prend dans les différents pays en témoigne. C'est là le second type de potentialités de ce produit.

Cela dit, le maïs est aujourd'hui face à de nouveaux défis.

Celui d'abord de pouvoir contribuer à nourrir une population en fort accroissement. Les systèmes de culture existants et ceux qui se développent dans de nouvelles zones de production pourront ils faire face à ce défi? C'est là une question à laquelle nos travaux devraient contribuer à répondre.

Le second défi concerne l'urbanisation accélérée de l'Afrique. Les centres urbains constituent de nouveaux marchés avec de nouvelles exigences de qualité, de disponibilité et de prix. Le maïs pourra-t-il répondre à ces nouvelles exigences, pourra-t-il contribuer à satisfaire la demande des citadins et des entreprises? C'est là une autre question importante qui va nous intéresser durant ces quelques jours.

A ces deux questions, le CIRAD, centre de recherche en coopération, tente, avec ses partenaires, d'apporter une réponse depuis plusieurs années.

Sur le plan des systèmes de culture, de la mise au point de nouvelles variétés, le CIRAD oriente ses recherches en fonction des conditions spécifiques des différentes zones agro-économiques: les systèmes paysans faiblement utilisateurs d'intrants, les systèmes en voie d'intensification, les systèmes intensifs.

Sur le plan de la valorisation, de la transformation du maïs, le CIRAD oriente ses recherches sur la connaissance et l'amélioration des systèmes techniques traditionnels, sur l'accompagnement aux micro et petites entreprises, sur l'analyse des tendances d'évolution des marchés urbains et, d'une façon plus générale, sur le fonctionnement des filières maïs.

Nombre de ces travaux ont été menés, depuis maintenant une dizaine d'années, avec la Faculté des sciences agronomiques de l'Université nationale du Bénin, en particulier sur les techniques de transformation traditionnelles et l'artisanat alimentaire. Cette fructueuse collaboration se traduit aujourd'hui par la coorganisation de ce séminaire, ce dont nous nous réjouissons.

Mais ce n'est pas la seule raison qui nous conduit à être rassemblés ici à Cotonou. Parmi les pays d'Afrique de l'Ouest, le Bénin présente une spécificité concernant la production et la valorisation du maïs. Il concentre en effet une diversité des systèmes de culture du nord au sud du pays, qui en fait, en quelque sorte, un témoin privilégié de la dynamique de diffusion du maïs dans la sous-région. Le Bénin a, d'autre part, développé une multitude d'utilisations de cette céréale et constitue, de ce fait, une sorte de vivier de savoir-faire, de techniques de transformation du maïs. J'insiste sur le mot vivier au sens où ces techniques sont bien vivantes, présentes non seulement en milieu rural, mais aussi en ville. Vous pourrez constater cette diversité au travers des repas que l'équipe de la FSA a organisés pour nous. le crois d'ailleurs que nous allons, par ce biais, joindre l'utile à l'agréable!

L'utile parce que l'on peut penser que si la consommation du maïs est tant développée au Bénin, tant en zone rurale qu'urbaine, c'est notamment parce que ce produit est disponible sous de multiples formes. Dans les pays où le maïs est d'introduction plus récente et où il n'est utilisé que sous quelques formes, il pourrait sans doute être utile de s'inspirer de la richesse béninoise dans ce domaine. Voilà pour l'utile.

Concernant l'agréable, je vous laisse juger, dès ce soir au cocktail et dans les jours qui viennent aux repas, de la qualité gustative des plats béninois. Mais nous n'allons pas faire que manger pendant ce séminaire, nous allons aussi nous écouter, discuter et mieux nous connaître. Ce séminaire est un lieu d'échanges que nous espérons les plus conviviaux possibles. Le cadre que nous a choisi la FSA me paraît en tout cas s'y prêter.

Et puisque je parle des échanges entre participants, je voudrais insister sur deux préoccupations qui ont guidé les organisateurs dans le choix des participants.

D'abord, la diversité des compétences et expériences représentées ici: l'agronomie, la sélection variétale, la technologie, l'animation rurale, l'économie, etc. Nous n'avons pas tous le même langage, la même façon de voir les choses, mais c'est une richesse. Notre objectif est d'avoir une discussion constructive de nos points de vue. je voudrais, à ce propos, remercier les représentants des organisations paysannes d'avoir accepté notre invitation. C'est un fait encore un peu rare que d'associer aux réflexions des chercheurs celles des premiers acteurs de l'agriculture au cours d'un séminaire. Aussi, je voulais le souligner. je souhaite que leur participation nous conduise à rester pragmatiques dans les idées et les propositions qui ne manqueront sans doute pas de surgir de nos débats.

La seconde préoccupation a été de décloisonner les connaissances et les réflexions entre les pays. C'est une préoccupation importante du CIRAD en tant que centre international et c'est une préoccupation de la FAO. Deux représentants de réseaux régionaux d'Afrique de l'Ouest, avec qui nous travaillons activement, sont avec nous. Celui du Programme régional de promotion des céréales locales au Sahel, le PROCELOS, que certains d'entre vous connaissent. Celui du Réseau maïs de la Conférence des responsables de la recherche agronomique africains, la CORAF. Je voudrais les remercier tous les deux d'être venus se joindre à nous. je voudrais, de toute façon, remercier l'ensemble des participants d'avoir accepté notre invitation et tout particulièrement nos hôtes béninois pour leur accueil et les efforts qu'ils ont déployés pour la bonne organisation de ce séminaire, et ce d'autant plus que celui-ci intervient dans un contexte difficile suite à la dévaluation du Franc CFA. Enfin, je voudrais remercier la FAO pour son initiative et son concours à la préparation du séminaire.

J'espère que cette rencontre sera fructueuse pour tous et je formule, en tout cas, tous nos voeux pour sa pleine réussite.

Je vous remercie.


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