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1. GENERALITES

1.1. Sur le Cameroun


1.1.1. Situation géographique

Le Cameroun est un pays d'Afrique centrale ayant la forme d'un triangle couvrant une superficie de 475 000 km2. Il s'étend de 01° 38' à 13° 00'de latitude Nord et 08° 35'à 16° 08' de longitude Est. Le Cameroun partage 4 700 km de frontières avec le Nigeria à l'Ouest, la Guinée Equatoriale, le Gabon et le Congo au Sud, la République Centrafricaine et le Tchad à l'Est. Le Cameroun est limité au Nord par le Lac Tchad. Le Cameroun possède une façade sur la mer d'une longueur de 350 400 km (Onana, 1995; Amougou, 1998).

1.1.2. Les paysages

A cause de son étirement en latitude et dans une moindre mesure en longitude, le Cameroun possède une grande variété de paysages naturels qui constituent autant d'écosystèmes terrestres. Parmi ces différents paysages, ceux où dominent les végétaux ligneux sont du Nord au Sud: les steppes arbustives (4 150 000 ha), les savanes arbustives (6 000 000 ha), les savanes arborées (11 500 000 ha), les forêts de transition (8 500 000 ha), les forêts semi-décidues (9 500 000 ha), les forêts sempervirentes (7 600 000 ha) et les mangroves (250 000 ha) (Côté, 1993; Anonyme, 1994; Anonyme, 1995; Amougou, 1998).

1.1.3. La faune

Le Cameroun regorge de ressources fauniques, on peut citer à titre d'exemple: 542 espèces de poissons dont 96 endémiques, plus de 15 000 espèces de papillons, 850 espèces d'oiseaux dont 700 résidentes et 150 migratrices, 250 espèces de Mammifères parmi lesquelles on rencontre les plus gros et les plus petits connus jusqu'à ce jour dans le monde, 165 espèces de Reptiles parmi les 275 présents dans toute l'Afrique (3 espèces de Crocodiles), 190-200 espèces de Batraciens ( Anonyme, 1995; Amougou, 1998).

1.1.4. La flore

Du point de vue floristique, le Cameroun compte: 7 000 espèces de Phanérogames (plantes à fleurs) dont 700 espèces ligneuses (à usage de bois), de nombreuses espèces de Champignons, de Ptéridophytes (Fougères), de Bryophytes (Mousses), d'Algues et de Lichens.

1.2. Sur les Produits Forestiers Non ligneux


1.2.1. Définition

Le terme Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) désigne toutes les matières biologiques à l'exception du bois qui est exploité à une échelle industrielle; c'est d'ailleurs pour cette raison que FAO (1994) préfère les désigner par Produits forestiers autres que le bois. Ces produits comprennent une grande diversité de produits utiles: aliments, épices, médicaments, fourrages, huiles essentielles, résines, gommes, latex, tanins, teintures, rotin, fibres, bambous et toutes sortes de produits animaux et de plantes ornementales (FAO, op. cit.) et du charbon de bois.

1.2.2. Importance

L'importance des PFNL extraits des forêts tropicales naturelles n'est plus à démontrer Il est déjà largement connu que les aliments et les fourrages fournis par la forêt naturelle sont particulièrement important dans les systèmes agricoles soumis aux aléas des saisons, comme compléments nutritionnels et comme aliments de disette en cas de sécheresse ou autres éventualités (FAO, 1989). Ils représentent souvent, aux yeux des populations, locales la manifestation la plus évidente de la valeur de la forêt en tant que telle, et représentent par suite un facteur important dans la conservation de l'ensemble des ressources de la forêt, et notamment de sa diversité génétique (FAO, op. cit.)

Les PFNL peuvent aussi constituer une source importante de revenus dans l'économie nationale. Toutefois, du fait que ces produits, qui sont très souvent utilisé en majeure partie localement, n'entrent pas dans les statistiques commerciales, Il est difficile d'estimer convenablement leur valeur potentielle, qui est certainement sous-estimée (FAO, op. cit.).

Outre la production végétale, les collectivités rurales peuvent, par bien d'autres moyens, tirer de la nourriture des forêts dans n'importe quelle partie du monde. Le gibier de brousse et le miel constituent des sources d'alimentation supplémentaires, tout comme une grande variété de tubercules de fruits et de feuilles. La production piscicole dans les forêts marécageuses et les mangroves peut aussi être une importante source de protéines (FAO, 1978).

Dans bien des régions, les arbres sont source de fourrage. Au Népal par exemple, les feuilles entrent pour 40% environ dans l'alimentation d'un buffle et pour 25% environ dans celle d'une vache. Dans les zones forestières sèches, le bétail ne peut souvent survivre sans pâturages forestiers. C'est ainsi qu'au Sahel, les bêtes se nourrissent surtout de feuilles pendant la saison sèche et que le broutage excessif des arbres pendant les longues sécheresses contribue beaucoup à la destruction massive d'un couvert boisé capital (FAO, 1978).

Les forêts et les terres boisées, ainsi que les plantes et animaux sauvages qu'elles abritent, étaient jadis la principale source de vivres de nombreuses sociétés vivant de chasse et de cueillette. Au fil des millénaires, avec l'apparition de variétés cultivées de blé, de riz et autres plantes vivrières de base, et avec la domestication du bétail, la dépendance de l'homme vis-à-vis de la forêt a diminué. Mais très nombreux restent les ruraux qui continuent de faire appel à la forêt pour subvenir à une part vitale de leurs besoins alimentaires (FAO, 1993), en médicaments, et même financiers.

Ce qui précède est aussi vrai pour le Cameroun. En effet l'importance de la forêt en général et des PFNL en particulier n'est plus à démontrer à l'habitant des zones rurales au Cameroun. A ce sujet, un paysan de la région d'Edea ( Province du Littoral) déclarait: «tout ce qui sort de la forêt nous est utile, même le sol forestier» (MBOLO, 1998).

La faune sauvage est la deuxième grande source d'aliments forestiers. Pour les communautés qui vivent au voisinage des forêts, des boisements naturels et des jachères forestières, les animaux sauvages occupent souvent une place significative dans l'alimentation locale; dans certains cas, ils représentent la principale source de protéines animales (FAO, 1993).

Au Cameroun les animaux sauvages, terrestres et aquatiques représentent la principale source de protéines animales pour certaines populations de la zone forestière. Ainsi, le gibier ainsi que le poisson d'eau douce procure aux Pygmées et même à certains Bantous des zones reculées 100% d'apport en protéines animales.

Amougou (1986) signale que d'une manière générale, la chasse et surtout la pêche assurent aux riverains de la Vallée inondable du Nyong un apport suffisant en protéines. D'après le même auteur, les marchands de poissons marins surgelés n'ont jamais pu s'établir à Akonolinga et Ayos (chef-lieux des unités administratives de la vallée du Nyong) jusqu'à nos jours à cause de la concurrence que leur imposent les petits pêcheurs autochtones.

L'apport en protéines par la viande sauvage a été étudiée par quelques chercheurs. Ainsi, Heymans (1982) rapporte qu'au Bénin, un kilogramme de viande d'Antilope boucanée contient 85,16% de protéines. Asibey (1986, cit. Debroux et Dethier, 1993) montre que, dans la plupart des cas, la teneur en protéines de la viande de brousse est supérieure à celle de la viande des animaux domestiques. L'auteur montre également la richesse de la viande d'animaux sauvages en fer, vitamine A et vitamine B. A titre d'exemple, la teneur en protéines du bétail domestique est de l'ordre de 22,3% tandis que celle de la viande d'antilope est de l'ordre de 30.4%.

Mbita (1999) rapporte que, d'après l'Organisation Mondiale de la santé (OMS), environ 80% des cinq milliards d'habitants que compte la planète ont recours à la médecine traditionnelle. Ce constat avait été fait en 1960, et l'OMS avait suggéré à l'époque que la tendance devrait s'inverser en l'an 2 000 afin que 80% de la population planétaire puisse avoir accès aux soins de santé primaire dans des dispensaires. C'était sans compter avec les crises économiques diverses des Etats d'Afrique, d'Asie et même d'ailleurs. C'était aussi sans compter avec le coût onéreux des produits pharmaceutiques. L'OMS s'est donc rendu compte que son objectif était irréaliste et que la stratégie a été plutôt inversé au profit de l'usage des plantes médicinales. Forte de ce constat, l'OMS proclama en 1977 l'encouragement et l'intégration de la médecine traditionnelle dans les programmes de santé.

Les fruitiers sauvages en plus de leur usage en nutrition, médecine traditionnelle et pharmacopée et extractions diverses remplacent de plus en plus les arbres d'ombrages communs dans les plantations de cacao et de café.

 

2. QUELQUES DONNEES SUR L'EXPLOITATION ET L'UTILISATION ACTUELLES DES PFNL AU CAMEROUN

2.1. Les PFNL sources d'aliments au Cameroun


2.1.1. Origine végétale

Les PFNL sources d'aliments sont consommés comme aliment de base ou plat principal, aliment d'appoint, liant, condiments ou comme aromates, excitants ou aphrodisiaques, «amuse-gueules». Chez les végétaux supérieurs, Il s'agit de divers organes de la plantes comprenant: les bourgeons, les feuilles, les tiges, les écorces, les racines, les bulbes, les rhizomes et les tubercules souterrains, les fruits et les graines. Chez les végétaux inférieurs, c'est surtout les Champignons qui sont consommés.

Les bourgeons de Pennisetum purpureum (Essong ou Sissongo) sont consommées comme met principal de plusieurs repas.

Les feuilles des espèces suivantes sont consommées:

· Balanites aegytiaca dans les savanes du Nord (Donfack, 1998);

· Gnetum africanum dans toute la région forestière;

· Aframommum spp. (odjom), Ocimum basilicum (Messeb), Ocimum sp. (ossim nnam) sont utilisées pour parfumer plusieurs mets locaux.

Les écorces de Scorodophleus zenkeri et Aphrardisia sp. (olom en beti, ohomi en bassa, arbre à ail en français) sont utilisées pour parfumer plusieurs mets locaux.

Celles de Garcinia kola (niel ou onye en beti, bitta cola en pidgin) et Garcinia sp.(essok en beti) sont utilisées paur la fermentation du vin de palme.

Les rhizomes de Zingiber officinale (ndjindja localement, gigembre dans le commerce) sont utilisés comme condiments dans l'assaisonnement de plusieurs mets locaux.

Les tubercules de Dioscorea sp.(igname sauvage) sont recherchés par les Pygmées qui les consomment comme compléments de plusieurs plats.

Les racines d'une Rubiacées lianescentes dénomées «nkang en beti, racine dans le commerce) ont consommées brutes comme excitants ou utilisées comme condiments dans l'assaisonnement de certains mets locaux.

De nombreuses études (Amougou, 1986, Mbolo, 1990, Kana, 1993, Debroux et Dethier, 1993, Nlegue, 1994; De Wachter, 1995; Debroux et al., 1998, Donfack, 1998), ont inventorié les différentes espèces dont les fruits sont consommés. Il s'agit entre autres des fruits de:

· Annonidium mannii (Corossole sauvage) dont la pulpe est consommée à l'état frais;

· Elaeis guineensis (Palmier à huile) dont on extrait de la pulpe utilisée dans la préparation de plusieurs mets locaux;

· Tamarindus indica (Tamarinier) qui sontconsommés à l'état frais;

· Sclerocarya birrea;

· Cola acuminata,(abel ou nia-abel en beti, cola dans le commerce), C. nitida (abel goro en beti, cola dans le commerce), C. verticillata (eya-abel en beti) (Cola) qui sont consommés comme excitants ou aphrodisiaques;

· Irvingia gabonensis (manguier sauvage) dont la pulpe sucrée est très appréciée à l'état frais;

· Baillonella toxisperma (moabi dan le commerce) dont la pulpe savoureuse est consommées à l'état frais;

· Ricindendron heudelotii (ndjansang dan le commerce) consommées comme condiments ou liant dans l'assaisonnement de plusieurs mets locaux;

· Coula edulis (Noisette) dont l'amande est consommées frais ou cuit;

· Tricoscypha arborea, T. acuminata, T. ferrugine dont la pulpe sucrée est consommée à l'état frais;

· Xylopia aethiopica, Aframomum meleguetta, Aframomum sp qui sont consommés comme condiments dans l'assaisonnemnt de plusieurs mets locaux;

· Antrocaryon klaineanum dont la pulpe acide est surtout consommée par les enfants;

· Piper guineensis (nkap en beti, poivre dans le commerce) utilisés comme condiments dans l'assaisonnement de plusieurs mets locaux;

· Uapaca heudelotii,(assam en beti) dont la pulpe est consommée à l'état frais;

· Tetrapleura tetraptera (apkwa en beti, essesse en duala) dont les arrêtes sont consommées dans l'assaisonnement de plusieurs mets locaux.

Les mêmes études ont inventoriées les espèces dont les graines sont consommées au Cameroun. Il s'agit entre autres des graines de:

· Monodora myristica (Medjock, Mendak en Bamiléké, Hikoma en Bassa, Pebe en Duala et Nding en Beti) qui sont utilisées comme condiments dans l'assiasonnement de plusieurs mets locaux;

· Bucholzia macrophylla (Mban en Eton) qui une fois rapées et mélangées avec du citron vert et du piment sont consommées comme excitants ou aphrodisiaques;

· Garcinia kola (niel ou onye en beti, bitta cola en pidgin) et Garcinia lucida (esok en beti) qui sont mâchées et consommées comme excitants ou aphrodisiaques.

Les Champignons comestibles constituent dans bien des sociétés une nourriture succulente, un produit de consommation prestigieux avec des recettes propres à chaque région (Matogmo, 1996). Dans toute la zone forestière camerounaise, les champignosn sont très appréciés des populations locales. Les Champignons n'apparaissent dans la nature que de manière saisonnière, le plus souvent au début des saisons des pluies. On en consomme plusieurs espèces qui sont désignées ici par leurs dénominations locales:

· «mbel messil en beti» Champignon à carpophore blanc qui se développe sur les termitères. On le récolte au début des saisons des pluies (petite et grande saisons);

· «bikoko Biyogo  en beti» Champignon à carpophore gris qui décomposent les troncs de certains arbres morts en l'occurrence: Terminalia superba. On peut le récolter toute l'année;

· «via melen en beti» est un Champignon à carpophore gris qui se développe sur les troncs de Palmiers à huile en décomposition. On peut le récolter toute l'année;

· «ossié en beti» petit Champignon à carpophore très blanc très sensible à la pollution et qui ne développent qu'en forêt primaire. Il apparâit de façon saisonnière et peut couvrir en une seule apparition plus d'un ha de surface, formant un tapis blanc dans le sous-bois forestier. A cause de cette vision, une expression locale désigne les cheveux blancs par le terme «Ossié». Ce champignon apparaît au début des saisons des pluies. A causes de la dégradations des forêts primaires, les apparitiions de cette espèce sont devenues rares (une fois tous les 2 ou 3 ans). Dans les forêts du Centre, du Sud et de l'Est c'est une espèce en voie de disparition;

· «nlom en beti» est un Champignon à gros carpophore gris dont le pseudoracine rentrent à undizaine de centimètres dans le sol. Il apparaît aussi en forêt primaire pendant les saisons des pluies Ses apparition deviennent rares dans les forêts du Centre;

· «be mva'a en beti) petit Champignon gris se développent sur les troncs morts de Berlinia acuminata, B. bracteosa, B. grandifolia. On le récolte pendant la saison des pluies dans les plantations provenant de l'abattage des forêts primaires ou des forêts secondaires âgées;

· «tolon en beti» petit Champignon à carpophore en forme de coupe qui se développe sur les branchages en décomposition dans le sous-bois forestiers;

· «etog en beti», Champignon à gros carpophore qu'on récolte pendant qu'on sème les arachides.

Certains produits sont transformés localement avant la consommation ou l'utilisation (Mbolo, 1990, Debroux et Dethier, 1993, Nlegue, 1994; Fouda, 1995; De Wachter, 1995; Debroux et al., 1998).On peut citer:

· l'huile extraite des graines de Baillonella toxisperma, Butyrospermum parkii, Autranella congolensis, Omphalocarpom spp. et communément appelée huile de Karité;

· la pâte à base d'amandes des graines d'Irvingia gabonensis;

· l'huile extraite à partir des graines d'Allanblackia floribunda;

· les diiférentes espèces de de Champignons consommés secs.

2.1.2. Origine animale

Gartlan (1987) rapporte qu'en 1981, les Camerounais consommaient en moyenne 9gr de viande de brousse par jour et par habitant. Cette valeur est donnée pour l'ensemble du pays. Elle est plus importante en zone forestière où le gibier intervient pour 70 à 80% dans l'apport en protéines animales (Prescott et al., 1982).

La chasse des petits animaux n'étant pas interdite par la loi, ils sont les plus consommés (De Vos, 1977). Il a été inventorié de nombreuses espèces animales communément consommées au Cameroun ont et (Balinga, 1977; Amougou, 1986; Debroux et Dethier, 1993).

Les Mammifères terrestres - Dans la présente étude, (32) espèces de Mammifères terrestres consommées comme gibier ont été inventoriées: Anomalurops sp.(anomalure), Atherus africanus (athérure), Caphalophus dorsalis (céphalophe à dos noir), C. leucogaster (céphalophe ventre blanc), C. monticola (céphalpophe bleu), C. nigrifons (céphalophe à front noir), Cercocebus albigena (singe, cercocèbe joues grises), C. galeritus (cercocèbe agile), Cercopithecus cephus (inge, moustac), C. nicitans (singe hocheur), C. neglectus (singe, cercopithèque de brazza), Colobus guereza (colobe guereza), Crossarcuhus obscurus (mangouste brune), Dendrolyrax arboreus (daman des arbres), Gorilla gorilla (gorille), Hylochoerus meinertzhagebi (hylochère), Loxodondta africana (eléphant), Manis giganthea (pangolin géant), M. tetrdyctala (pangoloin à logue queue), M. tricuspis (pangolin à écailles tricuspides), Nandinia binotata (nandinie), Panthera pardus (panthère), Pan troglodytes (chimpanzé), Potamochoerus porcus (potamochère ou phacochère), Syncerus cafer nanus (buffle de forêt), Tragelaphus euryceros (Bongo), T. scriptus (guib arnaché), T. spekei (sitatunga), Tryonomys swinderianus (aulacode), Viverra civetta (civette), Rat-palmiste, et biend'autres encore.

Les Mammifères aquatiques - Parmi les Mammifères aquatiques inventorieés dans la présente étude, on peut citer: Aonyx congica (loutre à joues bleues. du Congo), et Hyemoschus aquaticus (chevrotain aquatique), l'hyppopotame, le potamogale (Potamogale velox) et le rat aquatique qui est très apprécié par les autochtones de la vallée inondable du Nyong. Il y est même mangé avec tous ses poils.

De nombreux oiseaux sont chassés en zone forestière: le canard sauvage, les perdrix, les calaos, les toucans, des touracos, de nombreux oiseaux de petite taille qui sont surtout consommés par les enfants (tisserins, rouge-gorge, etc...) (Amougou, 1986).

Les espèces et variétés de poissons pêchées des ruisseaux, rivières, fleuves et lacs des forêts camerounaises dépendent des régions. Dans les provinces du Centre, du Sud et de l'Est, parmi les poissons les plus pêchés, on distingue:

· les poissons à peau nue appartenant au sous-ordre des Siluroïdées et communément appelés «silures»

· et les poissons à peau écailleuse. Dans ce deuxième groupe, on rencontre de nombreuses espèces appartenant aux Genres:Parophiocephalus (cf. obscurus) ou «poisson vipère»; Heterotis (cf. niloticus), Tilapia (cf. mvogoï et margaritacea), Memichromis (cf. fasciatus), Oreochromis (cf; nilotica), Allabenchelys (cf. brevior), Auchenoglanis, Barbus (cf. guirali), Clarias (cf. pachynema), Hepsetus (cf. odoe), dans la vallée inondable du Nyong (Amougou, 1986).

Selon le même auteur Tilapia mvogoï endémique de ce milieu serait en voie de disparition.

Dans la réserve de Faune du Dja, 17 espèces de poissons sont actuellement connues dont le plus grand est Mormyrops delicious (Debroux & Dethier, 1993; Dewachter, 1995).

Les serpents sont surtout consommées par les populations de l'Est et du Sud. Les reptiles terrestres les plus communément consommés sont: la vipère qui n'est consommée dans le Centre que par les initiés, le mamba noir «okom en Beti».

Parmi les Reptiles aquatiques ou semi-aquatiques, on peut citer: les crocodiles à museau court (Osteoaemus tretraspis), des tortues, des varans (Varanus niloticus), des boas (Python sebae), des couleuvres.

2.1.2.4. Les insectes

Les larves de Hanneton se développent dans les troncs d'Elaeis guineensis et de Raphia monbuttorum en décomposition, les pétioles des palmes de Raphia hookeri sur pieds. Elles sont très appréciées par les populations camerounaises, urbaines et rurales. On les récote toute l'année.

Les chenilles sont consommées aussi bien par les populations urbaines que par les populations rurales. Elles se nourrissent des feuilles de différentes espèces: Bridelia ferruginea, B. micrantha, Erythrophleum suaveolens, Entandrophragma spp., Petersianthus macrocarpus, Triplochyton scleroxylon, Trema orientalis. On les récolte pendant la petite saison sèche durant les mois de juillet et août et parfois septembre.

Les criquets apparaissaent surtout en début des saisons sèches. Elles sont aussi consommées par les populations camerounaises. Deux espèces sont communément appéciées au Cameroun, aussi bien dans les grandes villes que dans les zones rurales: le criquet puant et la sauterelle verte.

Les gros escargots sont récoltés pendant les saisons pluvieuses et sont consommées par les populations urbaines et rurales.

Les mollusques aquatiques sont récoltés dans les rivières et ruisseaux du sous bois de forêt primaire. Il sont très appéciés par les populations des zones forestières. Ce sont des espèces très sensibles aux modifications des conditions du milieu.

2.2. Les PFNL utilisés dans la médecine traditionnelle et la pharmacopée


2.2.1. Origine végétale

Selon Chekuimo (1997) une définition des plantes médicinales devrait inclure les cas suivants:

· toute plante à usage médicinal entrant dans des préparations galéniques (décoctions, infusions, etc.);

· toute plante utilisée pour l'extraction de substances pures destinées à un usage médicinal direct ou à l'hémisynthèse des composés médicinaux;

· toute plante aliment ou plante épice entrant dans le traitement de quelque affection que ce soit;

· toute plante microscopique employées pour isoler des produits pharmaceutiques en particulier des antibiotiques;

· toute plante à fibre comme le coton, le lin ou le jute utilisées dans la préparation des pansements chirurgicaux.

2.2.1.1. Les plantes médicinales camerounaises

De nombreuses études (Zombou, 1989; Woungly, 1991; Temfack, 1992; Ekule, 1994; De Wachter, 1995; Dibakto, 1995, , Magne,1995; Makueti, 1995; Ngassa, 1995; Tanda, 1995; Tchoumi, 1995; Yomi, 1995; Houngue, 1996; Ambassa, 1996; Hekuimo, 1997; Atangana, 1998; Embolo, 1998; Nguenang, 1998; Nnomo, 1998; Mbita, 1999; Betti, non publié) ont contribué à la connaissance des plantes médicinales du Cameroun. Les inventaires et récoltes réalisés par ces auteurs couvrent presque toute l'étendue du territoire camerounais: Grand Nord, Centre, bordure littorale, Sud, Est, Ouest, Sud-Ouest, Nord-ouest, formations végétales d'altitude.

Les auteurs ont travaillé avec les tradi-praticiens ou médecins traditionnels qui faisaient des récoltes dans les différentes formations végétales de leur zone d'influence. Les médecins traditionnels consultés dans la zone du Grand Nord récoltent dans les formations végétales suivantes:

· les savanes arbustives et arborées de l'Adamaoua situées entre 900 et 1500 m d'altitude,

· les savanes boisées et les forêts claires et sèches médio-soudanaises dont la partie méridionale s'étend sur la zone frontalière avec le Nigeria, et la partie septentrionale sur les hauts des Faro, Bénoué, Mayo-Rey, Vina et Mbéré;

· les savanes boisées du bassin de la Benoué qui s'étendent jusqu'au 10è parllèle,

· et les steppes sahélo-soudaniennes au delà du 10è parallèle.

Dans le centre et la bordure littorale, les récoltes ont été faites à l'intérieure:

· des forêts denses humides de basse et moyenne altitude du centre jusqu'aux limites de l'Adamaoua;

· de la forêt atlantique camerounaise dans le région d'Eséka;

· de la forêt semi-décidue dans la région de Yaoundé;

· des savanes périforestières qui se rencontrent à Nanga-Eboko, Bafia et Akonolinga;

· de la mangrove le long de la côte;

· des groupements forestiers et prairies marécageuses de la vallée inondable du Haut-Nyong;

· des groupements saxicoles.

Dans le Sud et l'Est, les tradi-praticiens font leur récolte dans la forêt dense humide de Mesamena, du Dja, Campo et Moloundou, les raphiales les groupements forestiers marécageux et les prairies marécageuses du Dja, les savanes périforestières de Bertoua et Batouri.

A l'Ouest, au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, le médecin traditionnel tire ses ressources des formations végétales montagnardes et sub-montagnardes situées entre 1800-2000-2800-3000 m.

Ces études et bien d'autres qui se poursuivent ont déjà inventorié plus de 500 espèces de plantes qui rentrent dans la médecine traditionnelle et la pharmacopée camerounaises. Les résultats desdites études montrent que les espèces inventoriées rentrent dans le traitement de diverses maladies entre autres: abcès (simple, du foie, du sein, et multiples), accouchement difficile, affections de la rate, alcoolisme, anémie, Interruption Volontaire de la Grossesse (IVG), bilharziose, bronchite, asthme, brûlures diverses, carie dentaire, odontalgie, céphalées, constipation, convulsion du nouveau-né, courbatures, diabète, diarrhée d'origines diverses, diarrhée du nouveau-né, diarrhée dysentériforme, douleurs thoraciques, éléphantiasie, empoisonnement alimentaire, entorse, faiblesse, éjaculation excessive, faiblesse sexuelle (éjaculation précoce, absence d'érection), fièvre, filarioses, folie, fontanelle, gale, gingivite, goitre, gonococcie, hématémèse, hémorroïde, hernie, hydrocèle, hyperacidité vaginale, hypertension artérielle, hypogalactite, insuffisance cardiaque (avec ou sans _dème), jaunisse, lombalgie, mal de bas ventre après accouchement, maladies du rein, maladies des bronches, maladies oculaires, maux d'estomac, migraines, morsures de serpents, névrite, otites, paludisme viscéral, panaris, plaies, prurit vulvaire, troubles du cycle menstruel, rhumatismes, rougeole, salpingite, stérilité féminine, stérilité masculine, surdité, syphilide, syphilis secondaire, toux, toux du nouveau-né, tuberculose, varicelle, vers intestinaux, vertiges, vomissements.

A titre d'exemple, nous donnons ici la liste de quelques plantes utilisées dans le traitement de quelques affections parmi celles suscitées (Tab. I, II, III, IV, V, VI, VII et VIII). Dans ces tableaux sont aussi indiqués: les noms scientifiques, commerciaux et locaux de la plante, la famille et les parties utilisées. Du point de vue statistique, on peut noter que:

· 25 espèces rentrent dans le traitement du Paludisme;

· 35 dans le traitement des maladies oculaires;

· 47 sont antihelmintiques;

· 42 sont antifilariennes;

· 13 sont anti-amibiennes;

· 47 dans le traitement des pédiculoses et dermatoses diverses;

· 12 sont antibilharziennes;

· et 137 dans le traitement des fièvres d'origines diverses.

Certaines de ces plantes rentrent dans le traitement de plusieurs affections à la fois. Les autres espèces et maladies inventoriées sont disponibles dans les documents cités en bibliographie.

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