Previous PageTable Of ContentsNext Page

IV. CONCLUSIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS

La présente étude concernant les données statistiques sur les produits forestiers non-ligneux au Rwanda a révélé des lacunes statistiques au niveau national et local dans ce domaine. La plupart des données chiffrées disponibles dans le domaine forestier sont relatives aux produits ligneux. Les produits forestiers non-ligneux sont toujours considérés comme des produits secondaires au Rwanda alors que l’intérêt pour ces produits devient de plus en plus considérable dans le monde entier à cause de leurs apports socio-économiques et de leur importance dans la biodiversité. Il faut donc donner suffisamment de considérations à ces produits en les valorisant davantage et en établissant des bases statistiques solides dans le pays au niveau national et local.

Les produits forestiers non-ligneux sont très diversifiés au Rwanda ; les institutions qui s’en occupent sont aussi nombreuses. Cette situation serait difficilement modifiée vue la nature et la multifonctionnalité de ces produits. Ce qu'il est important de faire dans l’intérêt de la planification et de l’exploitation des données fiables est d’établir une méthodologie harmonisée pour la collecte et le traitement des informations relatives aux produits forestiers non-ligneux dans le pays. Tout en responsabilisant chaque institution concernée pour l’un ou l’autre produit forestier non-ligneux spécifique, il y a lieu de confier le rôle de coordination générale à la Direction des Forêts du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et des Forêts, qui devrait constituer une base de données sur les produits forestiers non-ligneux et publier régulièrement les statistiques sur ces produits.

Les institutions les plus concernées par les produits forestiers non-ligneux au Rwanda et qui ont contribué à l’avancement de cette étude sont les suivantes :

Le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et des Forêts (Direction des Forêts et Direction de l’Elevage).

Le Ministère des Terres, de la Réinstallation et de la Protection de l’Environnement.

Le Ministère de l’Education Nationale qui a la recherche scientifique et technique dans ses attributions.

Le Ministère de la Santé.

L’Université Nationale du Rwanda (UNR) qui gère l’Hôpital Universitaire de Butare.

L’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR).

Le Laboratoire Vétérinaire National de Rubilizi (LVNR) appartenant à l’ISAR.

L’Institut de Recherche Scientifique et Technologique (IRST).

Le Centre-Pharmacopée (CURPHAMETRA) de Butare appartenant à l’IRST.

L’Office Rwandaise du Tourisme et des Parcs Nationaux (ORTPN).

L’Association Ruandaise pour la Promotion du Développement Intégré (ARDI).

L’importance des produits forestiers non-ligneux au Rwanda dépasse les repères économiques conventionnels. En effet, il est difficile de préciser par exemple l’importance des plantes médicinales dans un pays où ces plantes sont surtout valorisées en médecine traditionnelle tant humaine que vétérinaire. Les tradi-praticiens ruandais commencent à peine à livrer leurs secrets ; et ils sont vieux pour la plupart d’entre eux. Il est urgent que les chercheurs et les médecins les approchent davantage pour mieux connaître et exploiter la pharmacopée traditionnelle du Rwanda.

Dans ce domaine, il y a lieu de renforcer les capacités techniques et financières du Centre-Pharmacopée de l’IRST pour qu’il poursuive ses recherches sur l’utilisation des huiles essentielles des plantes de la nature du Rwanda dans les domaines de la médecine humaine, de la médecine vétérinaire et des produits cosmétiques. Les recherches pourraient aussi être étendues aux condiments alimentaires.

En ce qui concerne le système de production des produits forestiers non-ligneux au Rwanda, il faut reconnaître que l’essentiel de ces produits provient des forêts naturelles. Mais la population a déjà introduit dans les champs cultivés beaucoup d’espèces autochtones et exotiques de plantes fourragères, de plantes mellifères et de plantes fruitières.

L’agroforesterie reste néanmoins à promouvoir dans le pays. Des collections de plantes médicinales qui se trouvent déjà à l’arboretum de l’ISAR à Butare (Ruhande), à l’herbarium de l’IRST ; et au Centre-Pharmacopée de Butare devraient être aussi enrichies. Il est même souhaitable que de nouveaux jardins botaniques soient créés dans les différentes zones d’importance écologique du pays en élargissant cet objectif à la protection générale de la biodiversité au Rwanda.

Pour ce qui est de la destination des produits forestiers non-ligneux du Rwanda, c’est la consommation intérieure qui prévaut largement. L’exportation ne concerne que quelques quantités de fleurs et de fruits. Des possibilités existent cependant pour augmenter les quantités de ces produits tout comme le potentiel de production et d’exportation des champignons.

La faune sauvage du Rwanda, qui a été pendant longtemps l’objet de la chasse traditionnelle et qui reste toujours à la merci du braconnage, a subi des pertes considérables dans certaines zones écologiques. Ces pertes vont de la diminution des effectifs de populations animales jusqu'à l’extinction. Ainsi, le buffle et le léopard ont disparu de la Forêt Naturelle de Nyungwe, l’ensemble des espèces animales du Parc National de l’Akagera ont connu une décroissance inquiétante au cours des dernières années ; et il a fallu des mesures draconiennes pour éviter l’extinction des gorilles de montagne du Parc National des Volcans. Ils étaient 500 en 1960 et 290 en 1973. Le braconnage a pratiquement arrêté l’augmentation des effectifs de ces gorilles puisqu’ils n’étaient qu’au nombre de 293 en 1986 et 320 en 1993.

Heureusement, la conjugaison des efforts du Gouvernement rwandais et de la communauté internationale avec l’implication des Organisations Non Gouvernementales dans la mise en œuvre du programme de protection des gorilles de montagne a eu des effets positifs pour la sauvegarde de cette espèce rare qu’on trouve dans la forêt des volcans qui s’étend sur le Nord-Ouest du Rwanda.

Ces efforts de protection de la biodiversité doivent être poursuivis et renforcés. Le gorille de montagne doit s’épanouir dans son biotope et le Rwanda doit exploiter cette filière écotouristique dans une vision d’aménagement durable.

La diminution des effectifs de la faune sauvage n’a pas altéré profondément le potentiel de l’écotourisme dans le pays parce que la richesse et la diversité de la flore, de la faune et des paysages du Rwanda sont très attrayantes. Et si le tourisme n’a rapporté au pays que 80.091.444 FRW en 1989 (1$ équivalait à l’époque à 75 FRW), son potentiel reste élevé.

Néanmoins, il ne suffit pas d’avoir un grand potentiel écotouristique pour en tirer des revenus substantiels. Il faut d’abord investir suffisamment dans la conservation des réserves naturelles qui abritent de nombreux produits forestiers ligneux et non-ligneux. Dans ce domaine, un aménagement bien planifié des forêts peut être à l’origine d’un développement extraordinaire des produits forestiers non-ligneux au Rwanda.

Les forêts naturelles et les grandes plantations forestières pourraient être repeuplées d’espèces animales qui y habitaient auparavant ; et la chasse y serait alors autorisée mais réglementée. Certaines espèces de plantes les plus recherchées par la population (plantes médicinales, plantes mellifères, plantes utilisées dans l’artisanat comme les bambous) seraient installées dans les zones-tampon à la lisière des forêts naturelles en plus de leur intégration dans l’agroforesterie. Les articles de l’artisanat seraient spécialement promus pour faire partie des services offerts aux touristes. Des zones spéciales pour l’emplacement des ruches seraient aménagées à la lisière comme à l’intérieur des forêts naturelles tout en veillant à protéger ces forêts contre les feux de brousse. Des pâturages seraient systématiquement aménagés avec des points d’eau à la lisière des réserves naturelles entre les plantations-tampon et les champs de cultures pour tenir compte des intérêts des éleveurs.

Dans tous les cas, les populations locales devront être étroitement associées au programme d’aménagement des forêts et un partage équitable des ressources forestières ligneuses et non-ligneuses du Rwanda devra être assuré entre les divers intervenants pour garantir la durabilité de l’aménagement et de l’exploitation de ces ressources.

Enfin, cette étude réalisée sur les Produits Forestiers Non-Ligneux au Rwanda a permis de se rendre compte de la nécessité de promouvoir la coopération internationale qui aurait pour centre d’intérêt la formation sur l’aménagement durable des forêts et les méthodes de collecte et d’analyse des données statistiques sur les Produits Forestiers Non-Ligneux au Rwanda. Ces produits peuvent améliorer sensiblement le niveau de sécurité alimentaire de la population grâce à leurs apports directs en nourriture et en revenus complémentaires au niveau des ménages. La FAO qui a la sécurité alimentaire dans son mandat pourrait jouer un rôle de premier plan dans l’appui au Gouvernement pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme spécial relatif au développement des Produits Forestiers Non-Ligneux au Rwanda.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Previous PageTop Of PageNext Page