Previous PageTable Of ContentsNext Page

5. PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX

 

A côté de la protection des eaux, des sols et la production de la matière ligneuse, les écosystèmes forestiers renferment d’autres produits forestiers non ligneux qui occupent une place de choix dans la vie socio-économique des burundais. Ces produits sont notamment :

Les feuilles, les écorces, la sève, les fruits et les racines qui participent dans l’alimentation humaine et animale et dans la pharmacopée ;

Le nectar pour la production du miel ;

Les animaux (mammifères, les reptiles, les oiseaux, la micro-faune,...)  : sources de protéines d’origine animale, générateurs des devises pour le pays lors de l’exportation, leurs organes servent également à l’ornementation et à la médecine traditionnelle ;

Les champignons : procurent à la population un complément riche en minéraux, vitamines et en protéines.

En dépit de l’importance socio-économique de ces PFNL, des données fiables de l’état de stock demeurent indisponibles. Les données dont disposent le pays sont d’avant 1994.

Or, la crise socio-politique qui frappe le pays depuis octobre 1993, a eu des répercussions négatives sur l'état de ces PFNL.

Les incendies de forêts répétitives ont entraîné non seulement la destruction de l’habitat de la biodiversité mais ont provoqué aussi la fuite de certains animaux vers les pays limitrophes.

Les écosystèmes forestiers Burundais demeurent riches en biodiversité animale en dépit de nombreuses menaces qui pèsent sur ces derniers.

 

17 espèces de Mammifères endémiques, réparties en 15 genres et 5 familles ;

27 espèces d'oiseaux, réparties en 22 genres et en 14 familles ;

48 espèces de reptiles, réparties 25 genres et 11 familles ;

85 espèces de Papillons, réparties en 33 genres et 7 familles ;

 

Cette liste n'est pas exhaustive car les études n'ont pas couvert tout le pays. En outre, ces données méritent d'être actualisées.

5.1. Importance socio-économique des PFNL

 

Par tradition, le fourrage provenant des ligneux sert tout d’abord soit comme un complément soit comme réserves dans des périodes de carence en fourrage due à la saison sèche.

De 1984 à 1986, l’Institut de Recherche Agronomique et Zootechnique (IRAZ) en collaboration avec les instituts du Burundi (ISABU), du Rwanda (ISAR), et de la République Démocratique du Congo (INERA) s’est efforcée de répertorier avec l’aide des agri-éleveurs, les espèces autochtones à port arbustif déclarées comme étant consommées par le cheptel.

Ainsi, sur 135 espèces identifiées dans la sous-région, 62 espèces ont été retenues pour le Burundi. Le tableau n°13 fait état du système de production et la ressource de chaque essence fourragère identifiée.

Système de production et la source de chaque essence fourragère locale

 

Tableau n°1 : Liste des arbres et arbustes fourragers naturels au Burundi

Nom vernaculaire

Nom botanique

Système de production

Source

1. Agakomakoma

Grewia platyclada

FN

Sauvage

2. Igifumbe

Piliostigma thonningii

FN

Sauvage

3. Igihungere

Protea madiensis

FN

Sauvage

4. Igikororombe

Grewia pubescens

FN

Sauvage

5. Igitovu

Acanthus pubescens

FN, HF

Sauvage

6. Umuryohera

Galiniera coffeoides

FN

Sauvage

7. Inganigani

Dracaena afromontana

FN, P

Sauvage, cultivé

8. Umubirizi

Vernonia amygdalina

FN, HF

Sauvage

9. Umubogere

Erythrococea bongensis

FN

Sauvage

10. Umubundankwavu

Pseudosabicea arborea

HF

Sauvage

11.Umubwirwa

Securinega virosa

FN

Sauvage

12 . Umufumbegete

Rumex usambarensis

FN,HF

Sauvage

13. Umugano

Arundinaria alpina

FN, HF

Sauvage, cultivé

14. Umugenge

Acacia gerrardii

FN

Sauvage

15. Umugimbu

Bridelia brideliifolia

FN

Sauvage

16. Umugirigiri

Balanites aegyptiaca

FN

Sauvage

17. Umugoti

Syzygium cordatum

FN

Sauvage

18. Umugunguma

Maytenus arbutifolia

FN, HF

Sauvage

19.Umugururansheshi

Maerua angolensis

FN

Sauvage

20. Umurwampore

Trema orientalis

FN

Sauvage

21. Umuhangahanga

Maesa lanceolata

FN

Sauvage

22. Umukarakara

Embelia schimperi

FN, HF

Sauvage

23. Umukizikizi

Virectaria major

FN

Sauvage

24. Umukoma

Grewia bicolor

FN

Sauvage

25 . Umukoni

Synadenium grantii

HF, P

Cultivé

Nom vernaculaire

Nom botanique

Système de production

Source

26. Umukubarwa

Psorospermum febrifugum

FN

Sauvage

27. Umukungwa

Dombeya baggshawei

FN

Sauvage

28. Umumanda

Ficus thonningii

HF, P

Sauvage, cultivé

29. Umunazi

Parinari curatellifolia

FN

Sauvage

30. Umunyagasozi

Securidaca longepedunculata

FN

Sauvage

31. Umunyamabuye

Pavetta ternifolia

FN, HF

Sauvage

32. Umunyankuru

Clerodendrum schweinfurthii

FN, HF

Sauvage

33. Umunyari

Euphorbia tirucalli

FN, P

Sauvage,cultivé

34. Umurinzi

Erythrina abyssinica

FN, P

Sauvage, cultivé

35. Umusagamba

Hymnocardia acida

FN

Sauvage

36. Umusagara1

Rhus longipes

FN

Sauvage

37. Umusagara2

Rhus natalensis

FN

Sauvage

38. Umusagara3

Rhus vulgaris

FN

Sauvage

39. Umusange

Entada abyssinica

FN

Sauvage

40. Umusaranda

Triumfetta cordifolia

FN

Sauvage

41. Umusasa1

Dodonea viscosa

FN

Sauvage

42. Umusasa2

Sapium ellipticum

FN

Sauvage

43. umusebeyi

Albizzia gummifera

FN, HF

Sauvage

44. Ushayishayi

Harungana madagascarensis

FN

Sauvage

45. Umushiha1

Kostchya aeschynomenoides

FN, HF

Sauvage

46. Umushiha2

Kostchya africana

FN

Sauvage

47. Umushiha3

Kostchya strigoza

FN

Sauvage

48. Umushonge

Dissotis trothae

FN

Sauvage

49. Umusororo

Indigofera arrecta

FN

Sauvage

50. Umusunu

Oxythenantera abyssinica

FN, HF

Sauvage

51. Umutinti

Erythrococca trichorocca

FN

Sauvage

52. Umutobotobo

Solanum aculeastrum

FN, P

Sauvage, cultivé

53. Umuturuka

Phyllanthus ovalifolius

FN

Sauvage

54. Umutwenzi

Croton macrostachyus

FN

Sauvage

55. Umuvuma

Vernonia lasiopus

FN

Sauvage

56. Umuvumereza

Lindackeria kivuensis

FN, HF

Sauvage

57. Umuvyiru

Vitex doniana

FN

Sauvage

58. Umuyogoro

Milletia dura

FN

Sauvage

59. Umwayi

Canthium venosum

FN

Sauvage

60. Umwerangabo

Anthocleista schweinfurthii

FN

Sauvage

61. Uruhago

Acacia sieberana

FN

Sauvage

62. Urukoko

Brillantaisia cicatricosa

FN

Sauvage

Source : Séminaire d’Agroforesterie au Burundi (1985), Rapport

 

Le Burundi était jadis un pays couvert de forêts naturelles raison pour laquelle la majorité des essences identifiées comme fourragères se trouvent dans ces formations (tableau ci-dessus).

Cependant, suite à la pression démographique sur celles-ci à des fins agro- pastoraux, certaines d’entre elles tendent à disparaître. Quelques îlots d’arbres et arbustes rencontrés hors forêts et dans les exploitations agricoles, témoignent de la présence non lointaine d’une forêt naturelle.

Ceux-ci ont été gardés dans les exploitations agricoles pour leurs usages multiples.

A titre d’exemples :

Synadenium grantii, Dracaena afromontana, sont utilisés non seulement comme fourrage mais aussi dans la délimitation des propriétés et l’ornementation.

Ficus sp  pour leur haute signification culturelle des burundais.

5.2. Les produits forestiers comestibles.

5.2.1. Les champignons

Les champignons les plus connus sont ceux des forêts claires de RUMONGE, MAKAMBA et CANKUZO. Au total, 109 espèces reparties dans 24 genres et 10 familles ont été répertoriées.

 

Tableau n° 8 : Les champignons les plus connus au Burundi

Famille

Genres

Nombre d’espèces

Cantharellaceae

Cantharellus

10

Aminataceae

Aminata

Termitomyces

14

5

Cortinariaceae

Cortinarius

Indybe

1

1

Agaricaceae

Pleurotus

Collibia

Tricholoma

Lentinus

1

1

1

2

Gyrodontaceae

Phlebopus

Rubonobolatus

Gyrodon

3

3

1

Xerocomaceae

Phylloporus

Tuboseata

Xerocomus

3

2

2

Boletaceae

Boletus

Leccinum

Porphyrellus

Pulveroboletus

1

1

1

1

Strobilomycetaceae

Afroboletus

Strobilomyces

1

1

Russulaceae

Russula

lacterius

42

10

Hymnogastraceae

Dendrogaster

1

Total 10

24

109

Selon l’inventaire fait par Buy et NZIGIDAHERA (1994-1995) plus de 50 espèces de champignons sont comestibles.

Les champignons les plus abondants sont ceux vivant en symbiose avec les espèces dominantes des forêts claires. Les champignons des termitières sont les plus répandus et bien connus partout dans le pays. Le tableau n°10 montre que les champignons comestibles poussent mieux dans les zones forestières que les zones non couvertes.

 

Tableau n°10 : Les champignons comestibles au Burundi

Espèce

Mode de vie

Milieu de vie

Cantharellus congolensis

Ectomycorrhizique

Forêt claire

C. cibarius

"

"

C. cyanoxanthus

"

"

C. densifolius

"

"

C. rufopunctatus

"

"

C.cyanescens

"

"

C. splendens

"

"

C. symoensii

"

"

C. pseudocibarius

"

"

C. ruber

"

"

Tricholoma spectabilis

"

Forêt de montagne

Collybia aurea

Saprophyte

Bauhinia

Lentinus tuberregium

"

Forêt claire

Suillus lateus

Ectomycorrhizique

"

S. granulatus

"

"

Aminata loosii

"

"

Aminata rubescens

"

"

A. pudica

"

"

A. robusta

"

"

A. spec. Nov

"

"

Termitomyces robustus

Termitières

Forêt claire

T. letestui

"

"

T.striatus

"

"

T. titanicus

"

"

T. microcarpus

"

"

Russula cellulata

Ectomycorrhizique

"

R. phacocephala

"

"

R. pataullardii

"

"

R. senjuncta

"

"

R. viscidula

"

"

Lactarius edulis

"

"

L. inversus

"

"

L. kabansus

"

"

L. angustus

"

"

Rubinoboletus balloni

"

"

Strobilomyces echinatus

"

"

Afroboletus luteolus

"

"

Xerocomus subspinulosis

"

"

Dendrogaster congolensis

"

"

Source : BIGENDAKO M.J, 1997

Les champignons les plus consommés sont du genre Cantharellus. Ces champignons commencent à être exportés. En 1995, plus de 1000 kg de chanterelles en provenance de forêts claires de Rumonge ont été exportés vers l’Allemagne. La valorisation de cette ressource permettrait d'assurer :

Une augmentation des revenus des ménages ruraux ;

Une génération des devises pour le pays ;

Une amélioration de la sécurité alimentaire des populations rurales.

En vue de concrétiser toutes ces actions, l'Université du Burundi, en collaboration avec l'Institut National Pour l'Environnement et la Conservation de la Nature (INECN) compte monter un projet d'intensification culturelle des champignons.

5.2.2. Les végétaux à organes comestibles

Les formations forestières du Burundi renferment des produits végétaux qui participent à l’alimentation quotidienne de la population en période de soudure et aux animaux vivants dans le milieu.

Certains sont consommés sous forme de fruits, et d’autres sous forme de feuilles. L’estimation quantitative de ces produits est difficile car ils sont souvent auto-consommées en milieu rural et les modes de prélèvements ne sont pas régulés.

 

5.2.3. Animaux comestibles

Malgré l’interdiction de la chasse et du piégeage au Burundi, les mammifères, les herbivores, les reptiles jusqu’aux animaux minuscules sont longtemps restés les principales sources protéiques de la population riveraine. Le tableau n° 11, montre les espèces animales les plus consommées dans le pays.

 

Le tableau n° 11 : Les espèces animales les plus consommées dans le pays

Famille

Genre

Espèces

Zone écologique

Herbivores

Tragelaphus

Tragelaphus scriptus T.spekei

Sylvicarpa geimmia

Plaine de l'Imbo, MOSO, Buyogoma (Cankuzo)

Suidae

Potamochoerus

Potamochoerus

Poreus

P.aethiopicus

IMBO, MOSO

Felidae

Leptailurus Leporidae

lepus

Leptailurus serval

Lepus Whytei

Lepus Crashayi

PN de la Ruvubu, de la Kibira

Cricetomidae

Cricetomys

Cricetomys gambianus

 

Muridae

Trachyoryetes

Trachyoryetes splendeus

 

Oiseaux

 

Lagonostrita senegala, Numida moleagris, etc.

 

Famille

Genre

Espèces

Zone écologique

Reptiles

 

Piythos sabae,

Bitis gabonica,

Crocodilus niloticus,

Varanus niloticus sp

Sud-Ouest du Partout au Burundi

Termites

   

MOSO, BURAGANE, BUYOGOMA, Plateaux centraux

 

5.2.4. Les plantes utilisées en médecine traditionnelle.

La flore médicinale du Burundi est riche et variée. Selon les études menées par le Centre de Recherche et de Promotion de la Médecine Traditionnelle de Jabé (CRPROMET), c’est dans la plaine de l’Imbo où l’on trouve beaucoup d’arbustes ayant beaucoup de propriétés médicinales.

Les guérisseurs utilisent plus de feuilles par rapport à d’autres parties de la plante.

Le graphique n° 3 montre que plus de 80 % des parties servant à la médecine traditionnelle sont non ligneuses.

 

Graphique n° 6 : Proportion des parties des plantes utilisées en médecine traditionnelle.

 

Source : CRPROMET, 1999

Selon BEARTSN et (EHMANN (1989) et des informations recueillies auprès des tradi-praticiens, les familles les plus riches en espèces médicinales sont les Asteraceae, les Fabaceae, les Euphorbiaceae, les Rubiaceae, les Laminiaceae et les Solanaceae.

Les parties utilisées se répartissent comme suit : les feuilles (74%), les tiges (7.8%), les écorces (2.8%), les graines (1.2%), les fleurs (0.8), les fruits (0.4), les racines ( 6.7%) et la plante entière (0.2%).

 

5.2.5. Espèces animales en médecine traditionnelle

 

Selon NZIGIDAHERA (1996) et NSHIMIRIMANA (1995) des animaux jouent également un rôle important en médecine traditionnelle.

Les produits animaux sous forme de peaux de mammifères, de cornes de diverses espèces d’antilopes, de têtes, de corps complets d’oiseaux, etc. se rencontrent dans presque tous les marchés du pays (annexe ). Ce rôle curatif des animaux contribue énormément à leur disparition par la chasse ou par la capture. Le recours à de telles pratiques varie d’une région à une autre. Le constat a été que ce sont les régions de KUMOSO, de l’Imbo, et de Kirundo qui se démarquent dans l’usage de ces produits (BIGENDAKO, 1997)

 

 

Previous PageTop Of PageNext Page