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1.2.2.2. Etat des industries forestières

a) Situation actuelle des industries forestières

i) Les industries du bois

Dans le secteur public, il existe trois types d’industrie du bois bien distincts : les complexes intégrés de l’entreprise nationale de transformation du bois (ENATB) de 1ère, 2ème et 3ème transformations, les grosses unités qui sont aussi des entreprises publiques économiques par actions qui font de la 2ème et 3ème transformation et les entreprises privées, généralement de petite taille, de 3ème transformation.

Les complexes intégrés de l’ENATB (1ère, 2èmeet 3ème transformations) sont au nombre de 4 (réalisés entre 1978 et 1980; capacité de production de 526 000 m3) dont trois ont été prévus pour s’approvisionner en bois locaux et donc installés dans les régions recelant les plus importants massifs forestiers constitués de forêts de pin d’Alep. Les approvisionnements se font essentiellement à partir de bois d’importation pour les sciage, déroulage, et tranchage – Les chaînes de panneaux de particules sont approvisionnées à 70% par des déchets des unités de première transformations et à 30% par des bois locaux : eucalyptus et pin d’Alep essentiellement. L’ENATB autoconsomme plus de 50% des productions de ses unités de 1ère et 2ème transformation dans ses usines de fabrication de meuble et d’emballage qui sont au nombre de 7. Ces unités n’utilisent pour leur fabrication de meubles, pour les parties massives, que du bois importé Les contreplaqués et panneaux de particules sont locaux. Depuis 1986, le manque de moyens de paiement extérieurs a obligé à l'arrêt de 2 combinats. 1999 n'a permis la production que de 100 000 m3.

D'autres unités de transformation existent : ENMGP (Entreprise nationale de menuiserie générale et du préfabriqué) , SNTF ( Société nationale des transport ferroviaires), SNTA (Société nationale des Tabacs et allumettes), les P et T (Postes et Télécommunications), SAFA ( Société agro-forestière d’aménagement). L’ENMGP se compose de 23 unités (capacité 420 000 m3)construisant des maisons préfabriquées fixes et mobiles en bois et métallique. Elle s'approvisionne essentiellement par l'importation (368.000 m3 soit 35 % des importations totales de bois). La SNTF a installé une scierie dans la région de Jijel pour fabriquer de la traverse de chêne Zeen. La SNTA importe du peuplier en grume pour la fabrication d’allumettes et dispose d’une petite unité de déroulage. Les P et T n’utilisent que des poteaux soit importés soit locaux (pin d’alep) qu’ils traitent localement. La Société Agro-Forestière d’Aménagement des Aurès dispose de deux petites unités (scierie de pin d’Alep et de cèdre et menuiserie) avec des équipements anciens et donc une faible productivité.

Le secteur privé de la transformation du bois existe principalement dans les grandes villes, et surtout à Alger, sous forme de petites unités artisanales (2 à 6 personnes) de fabrication de meuble, menuiserie, emballage plus ou moins bien équipées, mais beaucoup disposent d’une combiné à 7 opérations. Elles n’utilisent pour leur fabrication de meubles, pour les parties massives, que du bois importé. Les contreplaqués et panneaux de particules sont locaux.

L'industrie du bois est très concentrée: ENATB et ENMGP représentent plus de 90% des capacités nominales installées. Le nombre d’entreprises employant plus de 40 travailleurs s’élève à 55 unités dont 50 du secteur public. Par ailleurs, cette industrie n'utilise ses capacités qu'à 40 et 50%, notamment pour le secteur public du fait que les équipements de ce derniers sont conçus pour le gros bois et non pour le bois de trituration et du fait de la vieillesse des équipements. En 1999, la valeur ajoutée des industries du bois ne représentent que 5% du secteur industriel étatique. L’emploi a aussi connu une baisse significative par rapport aux décennies précédentes. A titre indicatif, le secteur a permis durant les années 80, la création de 20 000 emplois (en ne comptant que les entreprises de 20 travailleurs et plus).

ii) Les industries du liège

L’industrie est quasi exclusivement du ressort de l’Entreprise Nationale des Lièges (ENL) entreprise publique économique, crée au début des années 80, ayant repris les activités de l’ex SNLB (Société nationale du liège et du bois). En outre, existent une quinzaine d’artisans bouchonneurs. L'ENL compte 7 unités situées dans l'Est du pays, d’Alger à Annaba. Ces unités utilisent environ 8 200 tonnes de liège par an. L’entreprise nationale des lièges (ENL) dispose d’atouts indéniables mais fait face également à certaines contraintes qui entravent sou plein essor.

L’importance des quantités à transformer permet à l’ENL d’avoir des unités de transformation spécialisées d’une taille qui permet de rentabiliser des installations susceptibles de rivaliser avec les plus grandes sociétés européennes. La transformation du liège par l’ENL sous forme de produits finis ou semi-finis permet à l’Algérie de répondre à sa propre demande et d’apporter plus de valeur ajoutée pour les excédents exportés. Les conséquences sur l’emploi sont importantes. La taille de l’ENL devrait lui permettre en outre de renforcer son poids en matière commerciale à l’exportation et de financer une part appréciable de recherche de marchés et de nouveaux produits.

Malheureusement, les unités de transformation de l’ENL ne tournent qu’à 50% de leur capacité théorique (30 000t/an). Les bouchonneries ne tournent qu’à 30% de leur capacité théorique par manque de matière première de qualité suffisante et les unités de trituration, vétustes, qu’à 60%. Aux côtés d’installations modernes, continuent de coexister d’autres trop vétustes et donc source d’arrêts fréquents. D’autre part il est à relever le manque d’évolution dans les moyens de manutention et de transferts mécanisés dans les chaînes de fabrication. Enfin, les unités ont des sur-effectifs de travailleurs, cela diminuant leur compétitivité par rapports aux mêmes unités à l'étranger.

Le secteur du liège crée chaque année plus de 3000 emplois à l’amont durant la campagne de récolte de liège, de juin à septembre et emploie près de 1000 travailleurs annuellement au niveau du secteur de la transformation (emplois permanents ). Le chiffre d’affaire pour l’année 1999 s’élève à 1200 millions de DA et la valeur ajoutée à 505 millions de DA. Les exportations de liège s’élevaient à 1998 à 590 661 DA soit 10 051 000 USD.

iii) L’industrie de la pâte à papier

Le tissu industriel de la papeterie (tous papier confondus) représenté par le groupe "GIPEC" (ex CELPAP) est constitué de 08 filiales regroupant 13 unités dont une utilise de la pâte à papier d’alfa (la plus importante filiale) qui dispose d’une capacité théorique installée de 30 000 t/an. Toutes ces unités ont connu durant la dernière décennie une rénovation partielle des installations allant pour certaines unités jusqu’à 70 ou 80 % des équipements, mais avec un taux d’utilisation des capacités installées oscillant entre 40 % et 90 %. La production, avoisine actuellement 70 000 t/an dont 12 000 t provenant de la pâte à alfa, le reste (60 000 t) provient de la pâte à papier d’importation et du papier de récupération. Les industries de la cellulose (pâte à papier et dérivés) réalisent un chiffre d’affaire de 5,680 milliards de DA, une valeur ajoutée de 1,788 milliards de DA et procurent 4200 emplois permanents. Les importations s’élèvent à 1,4 milliards de DA 25 % du CA global.

b) Compétitivité et avantages comparatifs des industries forestières

i) En matière d’industries du bois

En matière d’industries du bois, le niveau de production ne représente qu’à peine 50% des capacités installées Les combinats et unités de transformation souffrent depuis quelques années du manque de matière première, en l’occurrence les bois ronds de gros diamètres et de la vétusté des équipements. La sous utilisation des capacités de transformation n’est évidemment pas faite pour rendre compétitive l’industrie de transformation. Les performances de l’industrie de la trituration (fabrication de panneaux de particules) restent néanmoins d’un bon niveau .

En matière d’industrie du liège, la compétitivité des unités de transformation est quelque peu entravée par l’insuffisance des approvisionnements, la vétusté des équipements dans certains cas et le sureffectif. Néanmoins et depuis le début des années 1990 la remonté des cours du liège a rendu au liège ouvré algérien une légère compétitivité. Cet avantage ne devra pas toutefois être remis en cause par des augmentations du nombre d’emplois ou de salaire sans qu’en contrepartie des efforts soient faits pour améliorer la productivité et les quantités et qualités des lièges récoltés.

En matière de pâte à papier, sur des besoins estimés à 200 000 tonnes/an l’industrie nationale ne fournit que 70 000 T (35%) à partir de l’alfa (12 000 t/an), de pâte de bois importée ou de recyclage de vieux papiers. Les importations sont d’un coût très élevé( 2 à 3 fois plus chères que la production locale à partir de l’alfa), ce qui devrait inciter à augmenter la récolte d'alfa. L’objectif à court terme serait d’atteindre un niveau de transformation d’alfa de 30 à 35 000 tonnes/an ce qui représente la possibilité mobilisable de la nappe alfatière.

1.2.2.3. Situation de l’offre et de la demande de produits forestiers

a) Ampleur prévue du déficit/excédent des différents produits

i) Bois ronds industriels et autres produits

Les besoins nationaux en bois sont évalués sur la base des programmes de réalisation des logements et des normes de consommation arrêtées notamment par le secteur de l’habitat. Ces dernières années, les besoins n’ont pas été évalués à leur juste niveau, sachant qu’il est impossible de les satisfaire, mais ils restent plus importants encore que durant les années 80/90.

En matière d'offre, sur une superficie totale du patrimoine forestier de 3,9 millions d’hectares, seuls 1,4 millions d’hectares sont constitués de forêts productives pouvant donner 1,2 millions de m3 environ. Les possibilités prouvées par les plans de gestion réalisés sur 800 000 ha de forêts de pin d’Alep, d’eucalyptus, de chêne-zeen et Afares, s’élèvent à 500 000 m3. Le volume annuel mobilisable actuellement s’élève en moyenne à 200 000 m3 dont 50 à 60 % en bois de trituration, 20 à 30 % en bois d’œuvre et 10 à 20% en bois de feux. La production nationale ne couvre que 15% des besoins estimés du pays.

Si les besoins nationaux en bois de trituration sont largement couverts, ceux en bois de gros diamètres devront être satisfaits à 80 % ou 90 % par l'importation. Les importations de bois en 1998 s’élèvent à 459 000 tonnes soit environ 650 000 m3, dont 85% en bois de sciage (bois d’œuvre), 10 % de contre plaqué et 4% de bois brut en grume.

ii) Bois de feu et autres sources d’énergie extraites de la biomasse

La part des combustibles ligneux (bois de feu et charbon de bois) dans la consommation de l’énergie, a décliné graduellement depuis les années soixante dix à mesure que le recours à des combustibles fossiles comme le gaz notamment prenait de l’ampleur du fait de sa facilité d’emploi, de sa propreté et de son prix modeste.

Néanmoins et depuis la libération des prix, avec l’avènement de l’économie de marché, des combustibles fossiles, les populations rurales, de plus en plus pauvres, se sont de nouveau tournées vers le combustible ligneux.

Si, sur le plan technique, l’utilisation de nouveau, des bois de feu, est fortement appréciée car permettant de trouver un débouche à des bois de petits diamètres provenant des exploitations forestières constituant une risque potentiel pour les massifs (incendies et maladies), il n’en reste pas moins que cela dénote une régression du pouvoir d’achat des populations rurales.

De plus et si cette tendance se confirmait et s’amplifiait, cela risquerait d’induire une pression supplémentaire sur la forêt à travers des prélèvements incontrôlés et anarchiques. La reprise de l’activité économique et par conséquent de la croissance devra toutefois faire évoluer les choses dans le domaine de l’énergie ligneuse et certainement renverser la tendance actuelle.

iii) Liège

La demande nominale pour couvrir les besoins locaux et dégager un surplus à l’importation serait de 30 000 t/an sur la base des capacités de transformation installées.

Les possibilités de production de liège, de 15 000 t/an en 1980) se sont réduites pour atteindre une moyenne de 12 000 t/an depuis 1990 à cause de la régression des surfaces de chêne liège exploités pour les raisons déjà mentionnées ci-dessus. Cependant, il serait possible d’augmenter sensiblement les surfaces de liège exploitées en améliorant les conditions d’accès à certains massifs.

 

iv) Alfa

Les besoins nationaux sont estimés à environ 200 000 tonnes/an (tous produits papetiers confondus). La production nationale s’élève à 70 000 t/an (35% des besoins).

b) Degré de dépendance à l’égard des importations pour couvrir la demande

i) Bois ronds industriels

Les besoins en bois ronds industriels qui sont actuellement de 1 300 000 m3 ne sont couverts qu’à hauteur de 15% par la production locale. En l’an 2020 on peut estimer que les besoins atteindront 2 500 000 m3. Il est raisonnable de penser que la production augmentera dans les proportions significatives et avoisinera le million de m3 soit un taux de couverture de 40%.

ii) Bois de feu

La part des combustibles ligneux (bois de feu et charbon de bois) dans la consommation de l’énergie, exceptée une hausse très certainement conjoncturelle due à la crise traversée par le pays, ne sera pas appelée à augmenter dans les proportions importantes. On peut même penser qu’elle se réduira compte tenu des efforts considérables fait par le pays pour favoriser la consommation du gaz naturel qui reste une énergie propre et relativement bon marché.

iii) Liège

La production de liège qui est actuellement de 12 000 t/an devra augmenter dans des proportions sensibles dans les années qui viennent, grâce &a grave; la simple amélioration des conditions d’accès à certains massifs. A plus long terme (2040) le programme de rénovation de la suberaie, déjà engagé, devrait permettre d’améliorer les performances et donc de faire face à la consommation locale et d’augmenter la part des exportations afin d’améliorer la balance "bois et produits non ligneux".

iv) Alfa

Les fibres utilisées pour la fabrication de la pâte à papier en Algérie proviennent essentiellement de l’alfa, plante qui couvre 2,6 millions d’ha sur les 20 millions d’ha de steppe.

La part de la pâte à papier à base d’alfa dans la production nationale reste très modeste 12 000 t/an sur 70 000 t/an (le reste provenant de l’importation de la pâte de bois ou de la récupération de vieux papiers. Le taux de couverture des besoins estimés à 200 000 tonnes/an est encore plus insignifiant soit 6%. Ceci pour dire que, pendant encore longtemps, les besoins nationaux seront essentiellement couverts par les importations. L’objectif pour les dix prochaines années est d’augmenter la production de la pâte d’alfa pour la porter à 30 000 t/an.

Il serait tout à fait aléatoire de faire des projections sur la production et les besoins en pâte à papier tant il est difficile de disposer d’une base de données pouvant fournir des informations vérifiables. Les importations, ne sont pas déterminées sur la base de besoins réels mais sur la base de la disponibilité de moyens de paiement en devises.

En conclusion si pour le liège, le pays est autosuffisant et peut même dégager un surplus plus important à l’exportation, pour le bois ronds et les fibres, un effort important reste à faire pour augmenter le productivité et la production pour la fourniture de matière première et ceci pour atteindre une certaine sécurité dans le domaine de la disponibilité des matières premières, compte-tenu des restrictions à l’exportation de matières premières non transformées imposées par les pays en développement producteurs de bois. Un plan national de reboisement destiné à améliorer l’équilibre physique du pays et à augmenter sensiblement la production ligneuse et prévoyant le reboisement sur 20 ans de 1 200 000 ha a été entamé en cette année 2000.

1.2.2.4. Implications sociales et économiques

a) Contribution du secteur forestier à l’emploi et au revenu et rôle comparatif du

secteur forestier par rapport aux autres secteurs.

De par sa contribution à l’emploi et au revenu des populations rurales, le secteur forestier joue un rôle primordial dans des zones souvent démunies où les autres secteurs ne sont que rarement présents. Les emplois directement dégagés par le secteur forestier sont importants. La réalisation du programme de développement forestier nécessite annuellement l’emploi de 60 000 à 80 000 ouvriers. L’exploitation de l’alfa pour sa part demande chaque année 8000 à 14 000 cueilleurs et 600 à 700 personnes pour les centres de conditionnement . A ce chiffre, s’ajoutent les 5000 agents permanents qui sont employés par les entreprises de réalisation et les emplois induits par la transformation du bois tant au niveau des grosses entreprises que des petits artisans.

A côté des emplois directs crées par les activités forestières il faut relever les ressources tirées, par les populations rurales, de la forêt. L’inexistence de dispositifs de suivi et d’instruments de mesure ne permet pas d’avancer des chiffres précis concernant ces ressources (bois de feu, bois de construction, charbon de bois, unités fourragères, plantes médicinales et aromatiques etc …) néanmoins il peut être avancé sans gros risque de se tromper, qu’elles sont importantes

b) Autres fonctions sociales y compris la sécurité alimentaire

Depuis longtemps les forestiers ont investi la plupart des terres menacées par des dégradation liées à l’érosion et à la désertification. De nombreux travaux sont menés au bénéfice des populations concernées pour améliorer leur revenu et conserver le sol et l’eau. C’est donc une foresterie polyvalente qui est menée dans les périmètres d’aménagement intègré, les bassins versants, les zones de montagnes, les zones steppiques, présaharienes et sahariennes avec comme préoccupation non seulement d’enrayer la dégradation mais également de contribuer à satisfaire les besoins élémentaires en matière d’alimentation et de lutter contre la pauvreté. L’engagement de l’Etat pour la mise en œuvre de cette stratégie est déterminant et ce dans le cadre de la réduction des inégalités sociales et économiques et l’accès au services culturels.

En raison du rôle joué par la forêt dans le développement rural, l’administration forestière s’efforce de procéder et d’intensifier la mise en œuvre d’aménagements des espaces forestiers, d’inciter à la transformation du bois, à recourir à des techniques nouvelles pour une meilleure utilisation des produits forestiers ligneux et non ligneux. L’implantation de petites unités semi industrielles destinées à valoriser les ressources disponibles est encouragée.

En milieu rural il est à souligner le rôle prépondérant de la femme dans des domaines variés. Elle participe activement à tout ce qui touche de près et de loin le devenir de la famille et de la communauté et apporte une contribution active à la formation et à l’amélioration du revenu familial.

Le développement rural est encouragé dans tous ses aspects compatibles avec un développement durable. Toutes les actions visant la participation, à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la qualité de la vie dans les espaces économiques et sociaux liés à la forêt sont prises en charge directement ou encouragées.

1.2.2.5. Les forêts et l’environnement

Le secteur des forêts par ses actions multiformes et son intervention répartie à travers toutes les zones écologiques et socio-économiques du pays est l’un des acteurs principaux et le partenaire privilégié de la politique de préservation de l’environnement et du développement durable. Sa stratégie et son organisation lui ont fait acquérir une expérience qui lui permet de répondre aux défis lancés pour résoudre les problèmes posés par la dégradation accélérée du milieux naturel et la déperdition conséquente des ressources biologiques en particulier le sol et l’eau et le potentiel végétal.

En relation avec le secteur de l’hydraulique, il participe à la conservation de l’eau par les travaux antiérosifs qu’il mène dans les bassins versants et la mobilisation et le stockage de l’eau. Parallèlement en liaison avec le secteur chargé du tourisme, il met en œuvre un réseau d’aires protégées qui en définitive sont des espaces de gestion de la biodiversité et d’utilisation durable de ses composantes. La mission de sensibilisation est assurée à travers les différentes activités qui y sont menées et dans des espaces qui lui sont réservés.

Les actions menées par l’administration des forêts pour le maintien et l’extension des massifs forestiers entrent dans les actions de la lutte contre les pollutions (absorption du CO2), et l’effet tampon contre les nuisances. D’autres actions sont entrerpises par les autres secteurs notamment les collectivités locales, et les secteurs socio-économqiques pour développer et gérer les espaces boisés en ville, autour des villes et des infrastructures afin d’améliorer la qualité du cadre de vie des citoyens.

a) Conservation de la biodiversité

La préservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses composantes et des ressources naturelles sont prises en charge par l’administration des forêts dans ce qui la concerne. Consciente du rôle rendu par la diversité biologique en matière de produits et de services essentiels qu’elle offre de nombreuses actions ont été menées notamment dans les forêts, les steppes, les montagnes, les zones humides, le champ des agriculteurs, les jardins botaniques et les parcs zoologiques. L'Algérie est parmi les pays qui ont la plus grande superficie d'aires protégées (parcs nationaux). De nouvelles aires protégées sont programmées dans un but écologique et de développement stratégique par la préservation des ressources génétiques, animales et végétales. La protection et le développement des ressources génétiques sont pris en charge dans la conservation in situ et, ex situ par la création de banques de gènes, la reproduction des espèces animales et végétales, leur caractérisation et leur utilisation dans le développement agricole et forestier notamment.

Une réglementation et une législation spécifiques constituent un moyen de lutte préventive contre l’appauvrissement de la biodiversité et la dégradation des milieux. L’arsenal juridique existant est suffisant ; des actions de toutes sortes sont menées pour en faciliter l’application.

A l’échelon international l’Algérie a ratifié la plupart des conventions des Nations Unies se rapportant à la préservation des ressources naturelles aux niveaux mondial ou régional. Par ailleurs, l’Algérie participe à la conception d’une législation sur les droits des agriculteurs et les conditions d’accès à la biodiversité conformément au contenu de la convention sur la diversité biologique appliquée à l’Afrique. Elle pense réactiver la convention d’Alger sur la protection de la nature élaborée par les pays africains en 1968.

 

b) Autres fonctions de protection des forêts

i) Protection des bassins versants:

Dans ces milieux fragiles ou vit une population souvent démunie et marginalisée les efforts, menés presque exclusivement par le secteur des forêts, demeurent insuffisants au regard de l’ampleur des superficies à traiter, des dégâts causés par l’érosion et des problèmes sociaux qui sont posés.

L’approche, basée sur la protection des terres par les plantations et la promotion de techniques adaptées au travail du sol et le maintien de l’économie rurale, constitue la démarche la plus efficace, dans le contexte socio-économique existant. Des concertations interministérielles (hydraulique – agriculture) ont abouti à la mise en place de structures décentralisées pour une intervention globale multisectorielle.

L’expérience vécue récemment par quelques grandes villes du pays a fait reprendre conscience de l’importance de la couverture végétale et notamment les forêts de montagne sur le régime des eaux. C’est pourquoi le secteur s’emploie activement à lutter d’abord contre le déboisement et à initier ensuite des programmes importants de plantation sur les versants dénudés des montagnes.

ii) Lutte contre l’érosion dans le périmètre de restauration des sols

L’érosion est responsable chaque année des pertes de terres qui envasent les barrages ou sont charriées dans la mer et les oueds à raison de 30 millions de m3/an. Les causes du phénomène érosif sont à chercher au niveau de l’agressivité du climat méditerranéen, du déboisement et de la mauvaise gestion des terres agricoles de montagne .

Parmi les éléments d’une nouvelle stratégie de lutte contre ce phénomène mise au point ces dernières années " la gestion conservatoire de l’eau et des sols " dont les objectifs visent à l’intensification des cultures sans appauvrissement du sol, en impliquant le paysan à la gestion de son terrain. Le reboisement reste un moyen efficace de protection auquel a recours le secteur des forêts.

De plus et pour lutter contre l’érosion éolienne des actions visant à protéger les périmètres agricoles par l’installation de brise-vent sont entreprises ou encouragées.

iii) Lutte contre la désertification et la sécheresse

La désertification est aujourd’hui un problème des plus préoccupants. Sur les 238 millions d’ha de l’Algérie, 200 millions d’ha sont occupés par la zone saharienne où les infrastructures socio-économiques sont soumises à un ensablement résultant d’un développement souvent incohérent et d’une exploitation anarchique des ressources de ces milieux sensibles. Sur les 38 millions d’ha du nord du pays, 20 millions d’ha forment la steppe, zone aride et semi-aride très sensible aux processus de désertification, caractérisée par un surpâturage chronique.

Pour lutter contre ce fléau, un programme a été entrepris à travers le lancement d’un projet, le "Barrage –Vert", qui vise le développement intégré (agro-sylvo-pastoral). Ce programme comprend la reconstitution des massifs forestiers dégradés de l’Atlas saharien par des espèces adaptées à ces zones, et le boisement des terres dégradées; l’amélioration des terres de parcours par des plantations d’arbres et d’arbustes fourragèrs notamment, la mise en valeur agricole essentiellement par l’amélioration des réserves fourragères au profit des populations concernées et de leur cheptel, la conservation de l’eau par la mise en place d’ouvrages anti-érosifs et la gestion des réserves en eau par le stockage, la récolte et l’économie d’utilisation; la lutte contre le phénomène d’ensablement par les techniques de fixation de dunes et protection des parcours à l’aide d’arbres et arbustes; la mise en place d’une infrastructure de désenclavement (ouverture et aménagement de pistes), la couverture sanitaire du troupeau; la mobilisation des ressources en eau (retenues collinaires, points d’eau …)

Parallèlement, dans le cadre de la surveillance continue des écosystèmes aride et semi-aride et pour appréhender le phénomène de la désertification à l’échelle régionale et prévenir les risques, la Direction Générale des Forêts a réalisé une carte au 1/ 200 000 sur l’ensemble des wilayate (Djelfa, M’sila, Laghouat, Batna, Khenchela, Tebessa, Biskra, El-Bayadh et Naâma) par l’imagerie satellitaire. Les 20 millions d’ha de la région steppique ont pu être classés de la façon suivante:

zone désertifiée 487 902 ha

zone très sensible 2 215 035 ha

zone sensible 5 061 388 ha

zone moyennement sensible 3 677 680 ha

zone peu ou pas sensible 2 379 170 ha

L'Algérie a ratifié la Convention de Lutte contre la Désertification en mai 1996 et s’engage à lutter contre ce phénomène par les moyens disponibles dans un cadre national et une coopération sous régionale, régionale et internationale. Elle a instauré la date du 17 juin comme journée de lutte contre la désertification et a institué une commission appelée organe national de coordination (ONC) à composantes inter-disciplinaire et multi-sectorielle auprès du Ministre de l’Agriculture, dont les missions sont d’évaluer et examiner les différentes causes ayant provoqué la désertification; de contribuer à l’élaboration d’une politique de lutte intégrée contre ce phénomène; d’évaluer le programme d’action à court et moyen termes dans la mise en œuvre de cette politique; de suivre les programmes de sensibilisation et de vulgarisation. Un plan d’action est en cours d’élaboration par la Direction Générale des Forêts désignée comme point focal de la Convention. Il tient compte des recommandations de la Convention. Un plan d’action est en cours d’élaboration par la Direction Générale des Forêts désignée comme point focal de la Convention. Il tient compte des recommandations de la Convention.

En matière de coopération entre les pays du Sahel et du Maghreb, le CILSS, l’UMA et la CDD ont organisé une rencontre à Ougadougou à laquelle a pris part l’Algérie qui y a soumis plusieurs projets. Par ailleurs, au niveau maghrébin des réunions organisées par l’UMA ont eu lieu à Rabat pour étudier et analyser le contenu des projets et élaborer leurs termes de références.

iv) Atténuation des excès du climat local et réduction des retombées des émissions de gaz.

En agissant sur la vitesse du vent et les flux d’air, la forêt exerce une influence sur la circulation de l’air et joue notamment le rôle de philtre retenant ainsi les éléments gazeux et les suspensions solides et piégeant ainsi les polluants. Les plantations forestières en bandes ou rideaux brise vent interviennent également en réduisant la vitesse, et dans la création de micro-climats pour le bénéfice des populations, et la protection de zones habitées, de zones industrielles et de grandes voies de communication .

1.2.2.6. Cadre institutionnel du secteur forestier

a) La structure et les fonctions des administrations en charge des forêts et de la faune sauvage.

Au sein du Ministère de l’Agriculture et dans le cadre des attributions de ce département ministériel, la Direction Générale des Forêts a pour rôle de:

3 administrer, protéger et valoriser le domaine forestier national qui s’étend sur 4 millions d’hectares

3 contribuer au développement des zones de montagne menacées par l’érosion physique sur 12 000 000 d’hectares

3 valoriser les terres à vocation forestière

3 contribuer à la lutte contre la désertification dans les zones steppiques et pré-sahariennes sur 28 millions d’hectares

3 mettre en valeur et de développer les nappes alfatières sur 2,6 millions d’hectares ;

3 contribuer à la protection des périmètres irrigués dans la zone saharienne, des agglomérations et des centres de vie qui y sont situés

3 inventorier, préserver et développer la faune et la flore des zones naturelles et conserver la biodiversité notamment dans les parcs nationaux et les réserves naturelles

3 promouvoir les formes d’organisation nécessaires à l’association des populations riveraines à la protection et au développement des forêts

3 participer à la création d’un cadre de vie meilleur dans les zones urbaines et suburbaines en relation avec les collectivités publiques, les associations et les groupements socio-professionnels

3 élaborer et proposer les projets de textes législatifs et réglementaires relatifs aux forêts et à la protection de la nature

L’ensemble de ces fonctions qui s’inscrivent dans le cadre de la politique forestière du pays, intègre les préoccupations essentielles d’ordres écologique, économique et social et s’inspire également du respect des conventions et accords internationaux que l’Algérie a ratifiés. Au niveau opérationnel, les structures déconcentrées, les conservations des forêts de wilaya, sont dotées de larges prérogatives tant administratives que techniques et judiciaires leur permettant de mettre en œuvre localement la stratégie de développement forestier et de définir les moyens nécessaires à cette mise en œuvre.

Ces conservations de wilaya se prolongent par des circonscriptions des forêts au niveau de la daïra, des districts et des triages au niveau de la commune. Cette organisation permet d’assurer une présence permanente d’une autorité publique capable à tout moment de mobiliser les différents acteurs et de porter sur le terrain les préoccupations de l’Etat.

Aux cotés de la Direction Générale des Forêts un organisme spécialisé, l’institut national de la recherche forestière (INRF), est en charge de la recherche forestière; une autre institution l’Agence Nationale de la Conservation de la Nature (ANN) est chargée quant à elle de l’inventaire et du suivi de la faune et de la flore et de contribuer à la conservation de la biodiversité .Enfin des établissements publics à caractère administratif ont pour objet de gérer les parcs nationaux et réserves naturelles.

Au plan institutionnel les autorités administratives chargées de la conception de la politique forestière sont assistées par des organes consultatifs notamment le conseil national des forêts et de la protection de la nature qui regroupe en son sein différents représentants de ministères ou institutions concernées ou intéressées par les problèmes de la forêt et de la protection de la nature et le conseil supérieur de la chasse, ce qui confère au processus de prise de décision un caractère de concertation et de collégialité.

b) Le rôle du secteur privé et des communautés locales dans la gestion forestière

A l’heure actuelle le rôle joué par le secteur privé et les communautés locales dans la gestion forestière est des plus minimes.

Le secteur privé intervient essentiellement dans le domaine des exploitations et de la réalisation de travaux forestiers qui lui sont confiés sur une base concurrentielle en le mettant en compétition avec les entreprises publiques économiques. A l’avenir et dans le cadre de l’exploration, de nouvelles sources de financement autres que celles assurées par l’Etat, des formes de partenariat avec des investisseurs seront envisagées pour promouvoir certains domaines d’activité. S’agissant des communautés locales, leur rôle dans la gestion des forêts est appelé à s’affirmer et à s’étendre dans le cadre de la recherche constante de la participation des citoyens et des communautés locales à travers la définition d’un cadre plus approprié à une gestion participative fondée sur la responsabilisation des communautés sur le développement, la valorisation et la préservation des ressources.

c) Les nouveaux accords pour la formation et la recherche

Le développement de la foresterie et sa contribution à l’économie et au bien-être national supposent entre autres l’existence d’institutions de recherche hautement performantes et de professionnels de la foresterie compétents.

i) La formation

La dégradation persistante des forêts, les changements climatiques perceptibles, l’ampleur de l’érosion et de la désertification, la nouvelle dimension donnée à des concepts tels que la foresterie participative, la foresterie communautaire, l’agroforesterie, la conservation de la biodiversité ou le développement durable et la nécessité d’en faire des réalités sur le terrain, interpellent fortement la profession forestière.

La formation des ingénieurs est actuellement du ressort du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Elle est assurée dans certains instituts et universités. La multiplicité des institutions de formation favorise la disparité des programmes et des profils et aboutit à un déphasage pour ne pas dire une quasi-rupture avec la réalité du terrain. L’aspect "écologie" imprègne fortement le contenu de la formation alors que certaines disciplines fondamentales pour le forestier ne sont pas enseignées ou ne le sont que sommairement. Les compétences techniques et professionnelles actuelles sont en conséquence nettement insuffisantes. Les programmes d’enseignement et de formation seront donc appelés à s’enrichir par de nouvelles disciplines et par les nouvelles dimensions à conférer au contenu des disciplines déjà enseignées pour permettre aux forestiers de faire face aux défis des prochaines décennies et d’être mieux préparés pour travailler efficacement et en corrélation avec toute une série de spécialistes d’autres disciplines. Parallèlement la création d’une Ecole Nationale des Forêts destinée à devenir le creuset d’où sortiront les générations futures des forestiers algériens est fortement envisagée - Elle permettra de prendre en charge plus aisément qu’une multitude d’établissements d’enseignements les principes fixés à la formation de forestier compétents et efficaces. Par ailleurs et dans le cadre d’une stratégie efficiente de gestion des ressources humaines l’accent a été mis et le sera davantage à l’avenir sur la mise à niveau permanente et le recyclage . Enfin la formation professionnelle des agents de niveaux intermédiaires et d’ouvriers qualifiés sera intensifiés car les besoins sont encore importants.

ii) La recherche

En Algérie la recherche forestière est du domaine de compétence de l’institut national de la recherche forestière (INRF) organisé en équipes de recherche dans des stations régionales de recherche réparties à travers les différentes zones écologiques du pays. Bien que les chercheurs de cet institut aient obtenu des résultats appréciables dans le domaine de la recherche – développement en matière de reboisement, de lutte contre l’érosion et la désertification, de lutte contre les maladies et parasites, de sylviculture et de conservation de la biodiversité, avec trop souvent des moyens dérisoires, ces résultats restent insuffisants et pas assez performants; or le développement de la foresterie et sa contribution efficace à l’économie et au bien-être national suppose entre autres l’existence d’institutions de recherche hautement performantes. Pour atteindre cette performance élevée les autorités s’attacheront à mettre en place un environnement de recherche adéquat, des capacités et des moyens suffisants; mais s’évertueront également à réunir des scientifiques bien formés et motivés.

La recherche forestière s’inscrit dans le cadre de la recherche scientifique nationale laquelle est dotée d’un programme national dont la mise en œuvre est confiée à des institutions spécialisés dépendant des différents secteurs ou du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Ce programme est coordonné par un conseil supérieur composé de tous les secteurs concernés. Une loi programme a été adoptée , elle est destinée à financer le programme national réalisé par des institutions et des centres de recherche et confié à différentes équipes spécialisées et souvent pluridisciplinaires. Grâce à cela et à l’assouplissement des modalités de décaissement, les fonds destinés à la recherche ont sensiblement augmenté et sont mieux utilisés.

 

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