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3. Le Secteur Forestier en 2020: les scénarios prospectifs

A travers une tentative de prise en charge des aspects socio-économiques liés au développement des espaces forestiers et montagneux, les contours d’une démarche prospective visant le développement des forêts algériennes et l’intégration et /ou le renforcement des capacités des populations rurales à se prendre en charge dans le cadre d’un développement durable sont esquissés.

En réponse à la question de savoir comment le secteur forestier pourra augmenter sa contribution au développement économique et social du pays à l’horizon 2020 et à la préservation des ressources naturelles et de l’équilibre physique et écologique du pays sera entrepris, deux scénarios ont été construits qui prennent en compte les tendances et les incertitudes, et qui décrivent des situations futures du secteur forestier basés , le premier sur l’aggravation des tendances actuelles et le second sur la modération des tendances.

3.1. Scénario 1: l’aggravation des tendances actuelles

Ce scénario représente une accélération des tendances négatives avec des croissances démographiques et urbaines élevées dans un contexte général de faible croissance économique et d’augmentation du chômage.

Il y aura aussi accroissement de la densité des populations dans les zones rurales avec pour corollaire une plus grande utilisation du facteur terre et le développement d’une exploitation plus intensive des terres notamment par une avancée des espaces cultivés ou en culture permanente au détriment des pâturages, pacages et parcours, des jachères des forêts et des zones humides.

On enregistrera un insuffisance au niveau des moyens financiers et/ou techniques pour assurer une gestion rationnelle et équilibrée des ressources et des espaces et la persistance du caractère traditionnel des activités, préjudiciable pour la conservation des ressources. Les moyens financiers seront suffisants pour exécuter les opérations de préservation et de protection du patrimoine forestier et plus généralement des ressources naturelles et de l’environnement ce qui se traduirait notamment par l’arrêt ou la diminution de la création d’aires protégées ou par leur mauvaise gestion.

Les zones côtières du pays ou se concentrent une bonne partie des forêts algériennes et notamment les meilleures forêts productives (chêne liège, chêne zeen et afarès, eucalyptus …) seraient fortement dégradées par l’accroissement de la pression humaine sur l’espace, résultant de l’effet combiné de la forte expansion démographique locale et de l’exode rural. Les pressions sur les eaux, la végétation et les sols menaceraient l’intégrité des réserves forestières et autres zones naturelles et entraîneraient leur régression, voire leur destruction par suite des coupes abusives nécessitées par les besoins croissants en combustibles ligneux , du surpâturage, des défrichements et de l’urbanisation amplifiant les phénomènes d’érosion et les tendances à l’aridification et à la désertification .

La faune serait appelée à disparaître du fait de la réduction des aires de reproduction. La persistance de l’évolution particulièrement négative des incendies tendra à bloquer toute initiative de reprise ou de réhabilitation des espaces forestiers.

En définitive ce scénario conduit d’ici 2020 à des conclusions alarmantes sinon à un état désastreux des ressources naturelles évoluant dans une ambiance d’antagonismes permanents entre les populations riveraines et les autorités chargées de les protéger et de les développer.

Les efforts entrepris pour résister à la dégradation et à la destruction des écosystèmes naturels seraient alors inopérants ou de peu d’effets positifs ; le manque de moyens financiers et de contrôle (absence d’inventaires, de suivis et de personnels compétents, indigence des moyens techniques dispositif législatif et réglementaire insuffisant ou difficilement applicable) ne permettant pas de redresser la situation . Les concepts de protection de la nature et de développement durable dans le cadre d’une approche participative seraient tout-à-fait utopique et les écosystèmes naturels – notamment forestier – seraient menacés de disparition.

Ce scénario a des implications qui pour n’être pas toutes chiffrables n’en sont pas moins "appréhendables".

1. Il y aura réduction du couvert forestier. Avec des plantations annuelles moyennes de 25 000 ha, des superficies forestières incendiées à raison de 50 000 hectares par an et des pertes de superficies forestières, par extension des terres cultivables, dont l’importance ne peut être estimée précisément les pertes nettes en superficie forestière seraient de l’ordre de 25 000 ha/an soit à l’horizon 2020 un total de 500 000 ha ce qui correspondrait à 1/8 de la superficie forestière actuelle.

2. Les phénomènes érosifs (érosion hydrique ou colienne ) continueraient de s’aggraver et de s’étendre dans les zones montagneuses du nord et en zones steppiques. 12 millions d’hectares sont menacés dans le nord et 20 millions d’hectares en zones steppiques. L’érosion continuerait pour le moins à occasionner des pertes sédimentaires équivalant à une réduction annuelle des terres agricoles de 40 000 hectares soit sur 20 ans un total de 800 000 ha c’est-à-dire le 1/10 des superficies agricoles utilisées actuellement et donc à la réduction de la production agricole et à provoquer l’envasement des barrages au rythme de 20 millions de m3/an de perte sur la capacité de stockage global (45 barrages sont concernés).

3. L’aridification s’aggraverait sous l’effet de la destruction de la couverture végétale amplifié par la sécheresse en zone steppique notamment avec des conséquences graves sinon dramatiques sur le milieu se traduisant par la perte d’importantes capacités pastorales, la réduction des ressources en eau, l’ensablement des agglomérations et des voies de communication, ce qui affectera durablement l’équilibre physique et socio économique de vastes régions du pays.

4. La production de bois de liège et d’alfa diminuerait ce qui indurait une dépendance de plus en plus accrue du pays vis-à-vis des importations d’ailleurs difficilement réalisables du fait de la non disponibilité de moyens de paiement extérieur et aurait obligatoirement des incidences fâcheuses sur l’utilisation des capacités installées de transformation et l’emploi et portant sur la capacité de l’industrie du bois, du liège et du papier à contribuer valablement à la satisfaction, des besoins nationaux.

5. Si l’on devait prendre en considération les pertes annuelles de superficie forestière soit 25 000 ha/an (en supposant que ne sont touchées que les forêts ayant une production ligneuse ( et non les suberaies) et sur la base d’une production de 1 m3/ha/an la perte de production serait de 25 000 m3/an ce qui correspondrait au 1/10 de la production actuelle. Ce premier scénario pour être un scénario catastrophe n’en est pas moins crédible pour être conforme à une certaine évolution négative ou plus exactement à une évolution négative certaine de tous les indicateurs relatifs à une conservation et à une exploitation durable des écosystèmes naturels. Ont veut croire néanmoins qu’il s’avérera complètement erroné Le deuxième scénario se veut plus optimiste.

3.2. Scénario 2 : Modération des tendances actuelles

Ce deuxième scénario dont les hypothèses sont renversées par rapport au scénario 1 implique que des mesures sont prises permettant, grâce à l’allocation de ressources plus conséquentes, de prévenir et de remédier aux dégradations de l’environnement dans le cadre d’un aménagement rationnel du territoire, respectueux d’une répartition spatial mieux équilibrée des activités conjointement à une politique de lutte contre les pollutions, de protection de l’environnement et d’exploitation durable des ressources naturelles.

 

Il engendra les résultats suivants:

Mise en place un dispositif plus performant de prévention et de lutte contre les feux et contre les parasites et les maladies. Ce qui réduirait considérablement les pertes occasionnées par ces fléaux les ramenait à une moyenne de 4 000 à 5000 ha annuellement.

La limitation zones et de l’ampleur des exploitations dans les forêts naturelles et les approvisionnement en bois assurés progressivement par la production provenant des plantations réalisées depuis une quarantaine d’années ou à réaliser durant les deux décennies à venir.

A l’horizon 2000 la plantation de 1 200 000 ha aura pour conséquence d’augmenter sensiblement le taux de boisement – le ramenant de 16,4 % actuellement à 19 % et des incidences certaines sur le plan économique et social notamment par la création d’emplois et la distribution de revenus.

Augmentation de la production de bois et de liège avec pour objectif de mobiliser annuellement d’ici 5 ans, 500 000 m3 de bois et à plus long terme plus d’un million de m3 de bois et 15 000 à 20 000 tonnes de liège par au à partir de 2010; la production d’alfa devrait atteindre 30 000 tonnes à la même date.

Une évolution positive des systèmes de culture et d’élevage qui se traduiraient par les résultats suivants, l’extension de la SAU sur 900 à 950 000 ha (+ 15%) par l’amélioration foncière et la mise en valeur, la reconversion de certaines terres classées à "vocation forestière", dont le potentiel de production est intéressant, en plantations arboricoles rustiques notamment, sur 700 000 ha pour accroître la production alimentaire des forêts et leur contribution à la sécurité alimentaire, l’extension de la production de parcours steppique = 120 M.UF, l’extension de la production des maquis = 400 M.UF, l’extension de la production fourragère des sous bois forestiers = 600 M.UF, l’intensification agricole par amélioration foncière et consolidation des parcelles en gradins et banquettes sur 50 à 60 000 ha (2500 à 3000 ha/an).

Ceci permettrait avec de telles performances, somme toute, modestes de stabiliser, au moins les gros risques de dégradation et de valoriser au mieux un minimum de ressources pour le bien d’une communauté agro-sylvo-pastorale en crise.

 

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