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2 Les moteurs du changement et leurs implication sur le secteur forestier

 

2.1. Changements socio-économiques

La population camerounaise est estimée en 1997 à 14.297.617 habitants avec un taux de croissance annuelle de 2,8% (Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, 1997). Il va s’en dire qu’en 2000, cette population est estimée à 15.498.617 habitants.

A l’an 2020, cette population sera estimée à 24.177.842 habitants.

Le taux d’urbanisation en 1987 est estimé à 47,2% et en 1997, il est de 37,8%. Nous pensons qu’à partir de cette baisse, ce taux sera davantage faible dans les deux décennies à venir, ceci s’explique par l’urbanisation, la modernisation et les investissements de plus en plus orientés vers les campagnes et les zones rurales.

Le revenu ne devra pas connaître des changements importants ; car la mise en place des investissements et des industries devra permettre à la population de trouver des moyens pour subvenir à leurs besoins essentiels, soit par des emplois temporaires ou permanents qu’elle trouvera, soit par la création par elle-même des micro-entreprises génératrices d’emplois.

En 1997, 50% de la population camerounaise est pauvre avec un revenu de moins de 148.000 FCFA/an/personnes adultes. Le Gouvernement, soucieux de cette situation, a exprimé sa volonté à lutter contre cette pauvreté en mettant en place un programme national de lutte contre la pauvreté. Cette volonté constitue un des résultats de l’élection du Cameroun comme «Pays Pauvres Très Endettés». La lutte contre la pauvreté se traduit au concret par la promotion des petits projets bénéfiques pour les populations directement concernées par la pauvreté.

A travers cette concrétisation des actions gouvernementales, nous aboutirons dans les 20 ans à venir à une meilleure distribution du revenu.

Le secteur de l’éducation qui comptait près de 2,6 millions d’élèves et 42.000 étudiants en 1996/1997, a connu une croissance de 7% du nombre d’élèves et 43% du nombre d’étudiants entre 1989 et 1995 avec le développement des universités. Le nombre devra davantage croître avec le développement d’infrastructures et la croissance démographique.

L’une des conséquences liées à cette croissance est le chômage et la quête d’emploi. En effet, le taux de chômage en 1996 (1er trimestre) est de 35% pour les deux sexes et plus de 47% pour les filles actives. Avec ce programme du Gouvernement de lutte contre la pauvreté, et la création de plus en plus importante des industries, ce taux de chômage devra considérablement baisser, d’autant plus que le secteur informel (estimé à 85% des actifs en 1996), sera développé.

Le domaine de la santé connaîtra une amélioration au regard du budget qui lui est alloué (30% en hausse en 1997 et 1998). Les indicateurs du développement social ci-haut énumérés constituent entre autres les appréciations venant des institutions de Bretton Woods concernant la gestion financière et économique du Cameroun.

 

2.2. Performances économiques globales

Le Cameroun a connu des performances économiques notoires vers la fin de la décennie 90. Ces performances sont :

L’accroissement substantif du budget national avec la priorité dans les secteurs de la santé et l’éducation;

La restructuration des banques a eu un impact positif dans l’économie. L’accès aux crédits d’investissement est effectif, ce qui n’était pas toujours facile avant;

La restructuration des assurances a permis le dédommagement effectif des personnes sinistrées;

La révision de la politique forestière a permis une meilleure valorisation des produits forestiers sur le plan économique. La part de ce secteur sur le PIB non pétrolier s’est accrue passant de 3,6 à 8,9% en 4 ans (de 1999 à 2000).

Le Cameroun a été élu à l’initiative des PPTE (pays pauvres très endettés). Grâce à cette élection, le programme de lutte contre la pauvreté engagé par le Cameroun a été renforcé. En effet, l’élection du Cameroun va permettre des conditions de financements des programmes sectoriels plus souples de la part des institutions de Bretton Woods. Dans le même sillage, le Cameroun a une partie de sa dette annulée de plus de 200 milliards de FCFA, reconvertible dans les investissements des micro-projets. Plusieurs paramètres ont favorisé cette élection. Entre autres, nous citons :

Le programme de bonne gouvernance mis en place par le Gouvernement;

Le programme triennal de restructuration économique (PTRE) mis en œuvre et suivi depuis 1997;

Le programme de lutte contre la corruption;

Le taux de croissance « économique estimé à 5%;

Les politiques de libéralisation ont favorisé une meilleure concurrence, l’accroissement des investissements et les rentrées des recettes publiques. De même, le désengagement de l’Etat de certains secteurs d’activités à travers sa politique de privatisation, a favorisé la baisse du taux de chômage et la création d’emplois.

Toujours dans le cadre de l’allègement de la dette, le Cameroun figure parmi les 34 pays sur 48 élus pour 8 ans par la loi AGOA (African Growth and Opportunity Act) des USA. Les critères ont été les suivants:

La sécurité des Etats-Unis;

Le respect des droits de l’homme;

La lutte contre le terrorisme;

La suppression des pires formes du travail des enfants;

L’économie de marché;

L’Etat de droit;

La lutte contre la corruption;

La protection des droits des travailleurs.

Les indicateurs économiques du développement au Cameroun ont connu des résultats positifs:

Taux de croissance réelle: on est passé de 08,08% en 1982/1983 à 5% en 1999/2000;

Le produit intérieur brut par habitant: ce PIB en 1989/1990 était de 327.398 FCFA. En 1996/1997, ce PIB était de 375.658 FCFA, il pourra être stable ans les deux décennies à venir;

Le revenu par habitant: en 1989/1990, ce revenu était de 132.584 FCFA. En 1995/1996, il était de 341.475 FCFA;

La balance extérieure des biens et services: de 123,76 millions de FCFA en 89/90, cette balance est montée à 280,33 millions de FCFA en 1994/95, hausse due à la dévaluation du franc CFA, et était de 271.188 millions de FCFA en 96/97.

Grâce à l’accord de la Banque Mondiale, le Projet de construction de l’oléoduc Tchad-Cameroun sera exécuté. Sur le plan social, il va généré la création de plus de 3.000 emplois, sur le plan économique, sa contribution au budget national pendant les 30 années d’exécution du projet sera de. De même, il permettra le développement du secteur du tourisme et des grands travaux (construction des routes, des écoles, des hôpitaux, etc…. Il permettra le développement de la zone portuaire de Kribi. Sur le plan environnemental, plusieurs aires protégées ont été créées ou sont en cours à l’instar des parcs nationaux de Campo-Ma’an et de Mbam et Kim.

L’augmentation du budget national est en partie due à la contribution de l’exploitation du pétrole brut qui, jadis, faisait l’objet des budgets annexes.

 

2.3. Changements politiques et institutionnels

Plusieurs réformes qui ont lieu sont en cours dans le secteur forestier en particulier, et le secteur agricole en général. Dans le cadre de la gestion participative ou de la gestion des forêts communautaires, le système de propriété a été revu. Les populations ont un droit de regard important ans la distribution des propriétés. Le nouveau système où les populations ont un point important ans les prises de décisions entre ans le cadre du droit de préemption dont le texte vient d’être signé par le Premier Ministre.

Le Ministre de l’Environnement et des Forêts a revu son organigramme, la revue institutionnelle de l’ONADEF (Office National de Développement des Forêts) est également en cours.

La loi forestière a permis de mettre en place de nouvelles méthodes de gestion des forêts :

L’instauration des concessions forestières à la place des licences forestières ;

L’obligation de dresser les plans d’aménagement dans les concessions forestières et des plans simples de gestion dans les forêts communautaires et communales ;

L’arrêt de l’attribution des ventes de coupe et des autorisations de coupe en vue de permettre une gestion plus durable des forêts ;

L’accentuation des contrôles en forêts par l’Administration par la création des brigades provinciales, d’une brigade nationale et d’une brigade des brigades ;

L’amélioration des relations entre l’Administration des forêts avec d’autres secteurs tels que les Forces de l’ordre et les transports surtout ferroviaires et la justice ;

La mise en place du Plan d’Action d’Urgence (PAU) ;

L’élaboration du plan de convergence des activités forestières des pays du bassin du Congo. Ce plan de convergence est le résultat des travaux d’experts lors de la préparation de la Conférence des Ministres en charge des Forêts d’Afrique Centrale sur la Gestion et la Conservation des Forêts du Bassin du Congo. Cette Conférence fait suite au Sommet des Chefs d’Etats tenu en mars 1999.

Dans le cadre de la gestion transfrontalière des ressources forestières, une Convention a été signée appelée «Convention de la Trinationale de la Sangha». Elle devra permettre une gestion commune de 3 aires protégées situées dans trois pays limitrophes à savoir: le Cameroun, la RCA et le Congo Brazzaville.

 

2.4. Faits nouveaux dans le secteur agricole

Le secteur agricole est dominé par les cultures de rente telles que le cacao, le café, le coton, la banane. Environ 70% de la population camerounaise se consacrent aux activités agro-pastorales qui contribuent pour 32% au PIB. Le secteur agricole a bénéficié d’un programme élaboré depuis 1990 par le Gouvernement (Ministère de l’Agriculture) et financé en partie par la Banque Mondiale ; il s’agit du PNVA (programme National de Vulgarisation Agricole). Ce programme apporte un soutien technique et/ou financier aux agriculteurs en matière de vulgarisation. Dans la partie septentrionale du pays, l’agriculture n’est pas développée du fait de l’avancée du désert. Cette désertification a poussé les populations à s’installer ans les aires protégées pour pratiquer l’agriculture ; ceci provoque des conflits permanents entre les populations et les gestionnaires des aires protégées. Plusieurs aires protégées, notamment les ZIC (Zones d’Intérêt Cynégétique), n’existent que de nom, les plantations agricoles les ayant envahi.

Dans la partie méridionale, l’élaboration du plan de zonage contourne cet antagonisme où des zones sont allouées aux pratiques agro-forestières, d’autres aux forêts de production et forêts communautaires, etc.

La conséquence directe liée au faible développement agricole au Nord-Cameroun est les pénuries alimentaires. On estime à 100.000 tonnes de déficit alimentaire, déficit favorisé par les exportations vers les pays voisins, surtout des céréales.

 

2.5. Le développement industriel

Les industries au Cameroun connaissent un essor depuis la reprise de la croissance. Elles se sont développées dans les secteurs alimentaire, textile, forestier, minier, agricole, etc. leur développement demande de la matière première, tel que le coton pour les textiles, les produits agricoles, les minerais, les métaux. Par conséquent, la demande en certains produits tels que les produits agricoles et les minerais devra favoriser, soit l’extension de l’agriculture au détriment de l’espace forestier, soit la déstabilisation de l’environnement par l’extension des minerais.

La consommation d’énergie dans la partie septentrionale du pays influe sur les forêts. Du fait de la désertification, le bois d’énergie se fait de plus en plus rare, obligeant les populations à couper davantage du bois pour la production d’énergie dont elles ont besoin. Cette situation déstabilise davantage l’équilibre écologique. Toutefois, avec la mise en place du programme de lutte contre la désertification, plusieurs projets de reboisement sont supervisés sur le terrain en vue de la production du bois d’énergie. De même, l’ONADEF s’est fixé, dans le cadre de ses activités, l’objectif de planter des arbres. C’est depuis 1994 que ces arbres sont plantés avec un objectif de 1.000 ha/an et un pourcentage de 12% de réalisations.

Outre la dépendance des populations à l’égard des ressources en énergie de la biomasse, d’autres sources d’énergie existent et restent à développer. Parmi elles, nous citons le gaz produit au Cameroun, l’énergie éolienne, l’énergie hydrique ainsi que l’énergie électrique qui se développe davantage avec le programme d’électrification rurale actuellement en réalisation et la privatisation imminente de la Société Nationale d’Electricité du Cameroun (SONEL).

2.6. Faits nouveaux dans les infrastructures et les communications

Plusieurs infrastructures ont été construites. D’autres sont en cours de réalisation, tant dans le secteur du transport, de la communication que de l’immobilier. Nous citons:

Le bitumage de plusieurs axes routiers, notamment la transafricaine qui relie le Gabon et la RCA en passant par le Cameroun;

La construction récente de l’Aéroport International de Yaoundé-Nsimalen;

L’extension du terminal du port de Douala;

La création de plusieurs écoles primaires, lycées et universités pour permettre un rapprochement entre l’élève ou l’étudiant à l’établissement scolaire et/ou universitaire.

Dans le domaine de la communication, le Cameroun est connecté au monde à travers le réseau Internet déjà effectif. De même, la libéralisation et la privatisation du secteur de la téléphonie a permis le développement rapide de la téléphonie mobile. Le secteur de l’audio-visuel a été récemment numérisé, avec la possibilité de diffusion des émissions radio et télé par satellite.

 

2.7. Libéralisation du commerce

La libéralisation du commerce est la suite logique de la politique de désengagement de l’Etat dans la gestion des affaires courantes de la société. Elle a permis à la société civile et aux opérateurs économiques de fixer eux-mêmes la loi du marché. Toutefois, la liberté donnée aux opérateurs économiques leur a provoqué certains phénomènes tels que la montée de l’ inflation et des pénuries des produits, d’où le rôle de régulateur que jouent les pouvoirs publics dans le commerce.

 

2.8. Changements des politiques forestières

La politique forestière élaborée en 1992 a permis de mettre en place une nouvelle loi forestière en 1994. Les grandes innovations sont la notion de gestion participative, les concessions forestières, le domaine permanent (forêts de production, réserves forestières et forêts communales), et le domaine non permanent (les forêts communautaires et les zones banales); l’arrêt d’exportations des grumes, la conservation de la biodiversité. De même, la revue institutionnelle du MINEF a été opérée pour rendre efficaces les actions gouvernementales.

Dans un souci de gestion commune de gestion des forêts dans le Bassin du Congo, le sommet des Chefs d’Etat de mars 1999 a permis de mettre en place des politiques harmonisées des pays d’Afrique Centrale en matière de gestion des forêts. Cette harmonisation a abouti à l’élaboration du plan de convergence.

 

2.9. Progrès technologiques dans le secteur des forêts

Avec l’arrêt des exportations des grumes, le secteur a connu un progrès technologique avec le développement industriel. Ainsi, l’investissement dans la construction de nouvelles usines ou le rachat d’usines existantes, a été important. Jusqu’en 1999, 66 usines ont été construites avec une capacité de transformation de 2.679.000 m3 (CERNA, 1999, p. 5,6). (Voir annexe).

 

2.10. Tendances de l’investissement dans le secteur des forêts

Avec l’arrêt des exportations, les investissements vont porter sur la construction de plusieurs usines de déroulage et quelques usines de tranchage. Les usines les plus récentes n’ont pas encore entièrement parcouru leur courbe d’apprentissage, ainsi, sans investissement supplémentaire, elles devront augmenter le rendement matière et la productivité du travail et du capital.

Avec le taux de taxe à l’export élevé, les investisseurs seraient incités à réaliser de nouveaux investissements pour deux raisons:

soit pour augmenter le rendement matière (36% pour le cas d’un atelier de menuiserie industrielle et 32% pour le cas des scieries simples) (CERNA, 1999);

soit pour augmenter la productivité du travail : cas d’une scie de tête plus rapide.

 

 

 

 

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