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4.0. LE SECTEUR FORESTIER EN L'AN 2020:

L'état du secteur forestier congolais à l'horizon 2020 va dépendre des facteurs décrits au point III ci- dessus, au triple plan du couvert végétal et des potentialités, de la conservation de la biodiversité et de la contribution du secteur au développement socio- économique du pays.

4-1-Etat des forêts naturelles et des plantations:

4-1-1-Forêts naturelles:

Les vingt (20) millions d'hectares environ de forêt naturelle dont dispose le pays sont établis sur des terres faisant l'objet d'une dualité entre l'Etat et les propriétaires fonciers ou terriens. L'importance du phénomène varie d'une région à une autre. L'élaboration d'un plan d'affectation des terres constitue un outil essentiel dans la planification du développement forestier. Pour l'instant, le Congo ne dispose pas de ce plan, ce qui constitue un handicap sérieux pour la gestion durable des écosystèmes forestiers. A l'horizon 2020, le plan d'affectation des terres devrait déjà être élaboré. Le phénomène de dégradation et destruction des forêts pour les besoins agricoles continuera de s'observer, du fait de la non application par les populations de nouvelles techniques agricoles, faute d'une vulgarisation adéquate.

Le nouveau code forestier a été adopté par le CNT en août 2000. Conformément à la nouvelle politique de gestion durable des forêts, le texte supprime les contrats d'exploitation forestière et les permis de bois d'œuvre, ce qui se traduira entre autres par une réduction du nombre d'opérateurs économiques dans le secteur et une baisse de la pression sur certaines zones surexploitées, surtout dans le secteur sud.

La mise en œuvre de nouvelles concessions forestières dans le nord de la Likouala et dans la région de la Cuvette- Ouest va modifier sans nul doute l'état des forêts de ces zones considérées comme "forêts primaires". Par ailleurs, avec le développement de la transformation locale telle qu'envisagée dans le nouveau code forestier, l'exploitation sélective va s'arrêter dans le nord- Congo. L'accroissement de la population conduira à de fortes pressions sur la forêt, notamment en zone péri- urbaine, contribuant ainsi à la diminution du couvert végétal.

De manière générale, le rythme de destruction sera en inadéquation avec la reconstitution des forêts; aussi, à l'horizon 2020, la superficie des forêts naturelles du pays et le potentiel ligneux seront moins importants que ceux d'aujourd'hui. En ce qui concerne la production grumière, le seuil de 1.500.000 m3 par an pourrait être atteint, à cause de l'amélioration des conditions de transport du bois et de la réorganisation de la production.

 

4-1-2- Plantations Forestières:

Le projet de nouveau Code Forestier prévoit la réalisation des plantations forestières par des personnes privées, un droit jusque là réservé à l'Etat et aux collectivités locales; une telle disposition représente un atout dans l'accroissement du patrimoine forestier national. Les efforts entrepris en direction des populations rurales depuis quelques temps dans la création des pépinières régionales devrait se matérialiser par un développement des forêts villageoises, notamment pour les besoins énergétiques. Le redressement du SNR et de ECO- SA se traduira également par l'accroissement des superficies plantées.

Les résultats obtenus dans le domaine de la recherche forestière, notamment la production de nouveaux hybrides performants sur l'eucalyptus, essence à croissance rapide constituent un atout important pour la promotion du reboisement.

Aussi, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de développement forestier, une augmentation des superficies forestières plantées ( pour les besoins d'industrie, de bois d'énergie et autres) sera observée, particulièrement en savane; la couverture pourrait atteindre les 200.000 hectares.

En forêt dense par contre, ces efforts seront faibles, compte- tenu des coûts élevés de mise en place de ce type de plantations et du ralentissement des travaux de recherche y afférents.

4-2-Etat des industries forestières:

Dans ce domaine, la stratégie du Congo repose sur le développement des industries du bois pour une valorisation des ressources forestières; pour ce faire, les mesures suivantes s'imposent:

restructuration des industries existantes par la modernisation de l'outil de travail et son intégration;

promotion de l'utilisation du bois dans le bâtiment et travaux publics;

promotion des essences autres que celles traditionnellement utilisées, en poursuivant les études technologiques;

promotion de la consommation des bois de plantations, notamment des essences à croissance rapide.

Diversification de la production;

Respect des normes de qualité.

Les deux (2) types de titres d'exploitation prévus dans le nouveau Code forestier à savoir convention de transformation industrielle et convention d'aménagement- transformation consacrent cette politique. Avec la mise en œuvre de cette stratégie, et l'arrêt des exportations des bois en grumes préconisé dans le nouveau code forestier, l'industrie de 2è transformation devrait connaître une amélioration en l'an 2020. La production des sciages devrait dépasser le seuil de 400.000 m3 par an.

4-3-Offre et demande de bois:

Avec l'augmentation de la population, la demande en bois d'énergie va s'accroître, quelle que soit l'amélioration éventuelle de la situation des autres sources d'énergie (gaz, électricité) en raison des pratiques culinaires et du pouvoir d'achat des populations.

Dans les zones forestières et industrielles, les besoins en bois seront couverts assez facilement par les forêts naturelles et les déchets d'industries; dans les zones de savane par contre, ces besoins seront couverts par les plantations villageoises. En milieu urbain la résolution du problème dépendra du succès des programmes de reboisement dans les zones périphériques.

Pour les quatre (4) plus grandes villes du Congo ( Brazzaville, Pointe- Noire, Dolisie et Nkayi), la consommation en bois de chauffe pourra atteindre les 1.000.000 m3/an à l'horizon 2020 contre les 500.000 tonnes actuels. En ce qui concerne les usines locales, les besoins iront croissant; la mesure relative à l'interdiction d'exporter les bois en grumes devrait permettre la satisfaction pleine des besoins des unités de transformation.

Dans les domaines du bâtiment et des travaux publics, les besoins seront également élevés, malgré la concurrence que subit le bois par rapport aux autres matériaux de construction. L'offre sera importante eu égard au développement des industries du bois, mais les prix du bois étant relativement élevés, cela constituera un handicap majeur pour les populations.

 

4-4-Implications sociales et économiques:

De nouvelles taxes sont prévues dans le projet du nouveau Code Forestier: taxe de superficie, taxe de déboisement, taxe d'abattage des bois issus des plantations privées, taxe d'importation des produits de bois ainsi que des produits dérivés de bois. Le même projet de texte réglemente l'exploitation des forêts artificielles relevant du domaine de l'Etat (méthode de vente des arbres). Les programmes et actions menés dans les aires protégées favoriseront le développement des activités touristiques, notamment le tourisme de vision.

Ainsi, de manière générale, la relance du secteur forestier sera assurée à l'horizon 2020, avec pour conséquences:

création et augmentation des emplois; le seuil de 15.000 à 20.000 pourrait être atteint, voire dépassé;

meilleure contribution du secteur au PIB: le pourcentage de 10- 15% pourrait être atteint.

développement de nombreux secteurs connexes, notamment les transports, le

transit, la manutention, la vente des équipements et matériels forestiers;

amélioration des conditions de vie des populations situées dans les zones où se mène l'activité forestière.

 

4-5- Les forêts et l'environnement:

La République du Congo présente une diversité d'écosystèmes constitués de forêts, de savane et de cours d'eau; L'introduction d'essences exotiques et la mise au point des variétés nouvelles ont conduit à la réalisation de vastes étendues de plantations industrielles (eucalyptus et pins) , notamment dans les régions du Kouilou et du Niari, ce qui a augmenté davantage la diversité biologique nationale. Toutefois, ces écosystèmes connaissent une certaine dégradation, due à de nombreux facteurs, principalement l'exploitation forestière. La dégradation est beaucoup plus marquée dans la partie sud que dans le nord.

Dans certaines zones, des lacs ont disparu à cause de la jacinthe d'eau; dans d'autres, des rivières ont disparu du fait de l'ensablement, ou encore leurs cours ont été modifiés. Les écosystèmes forestiers congolais regorgent d'importantes ressources biologiques composées de:

faune sauvage: terrestre, aquatique, et aérienne;

flore sauvage;

ressources halieutiques;

autres: insectes, champignons, chenilles, microfaune du sol etc.

La République du Congo est dotée d'une loi sur la protection de l'environnement (loi 003/91 du 23 avril 1991); d'autres lois réglementent l'exploitation des ressources spécifiques: forêt ( Code forestier), faune sauvage (loi 48/83 du 21 avril 1983). Ce dispositif législatif auquel s'ajoutent les accords et conventions internationaux en matière de forêt et de faune aideront à mieux gérer le domaine de l'environnement à l'horizon 2020, à condition que des mesures énergiques soient prises en matière de contrôle des activités forestières, fauniques, appuyées par des campagnes intenses de sensibilisation et de vulgarisation des lois et règlements en la matière.

 

4-6- Cadre institutionnel du secteur forestier

A l'horizon 2020, les institutions œuvrant dans le secteur forestier et leurs missions pourraient se présenter de la manière suivante:

Désengagé des activités productives, l'Etat assurera essentiellement les missions de conception des politiques, de contrôle , suivi et évaluation des politiques et d'appui aux opérateurs économiques et populations locales. Pour ce faire, le Ministère chargé des forêts, en tant qu'institution principale en charge de ces questions aura renforcé ses capacités d'intervention à travers les actions suivantes:

décongestion de l'administration centrale, suivie d'un renforcement des capacités des services régionaux dans le cadre de la décentralisation de la gestion forestière;

renforcement des capacités du SNR et réorientation de ses objectifs;

création de deux (2) autres services publics, à gestion autonome: un chargé des inventaires et aménagements forestiers, l'autre du contrôle des bois à l'exportation et du suivi de la conjoncture du marché international.

L'action des autres Ministères impliqués dans la gestion des ressources forestières continuera d'être déterminante dans la situation du secteur, notamment dans les domaines de la recherche, formation des spécialistes, financement des programmes etc.

Le secteur privé, mieux organisé que les ONG et Associations a toujours constitué un partenaire important de l'Etat dans la gestion du domaine forestier; actuellement, il est constitué par ²une quarantaine d'entreprises regroupées autour de trois syndicats professionnels: Unicongo, Unibois et Unifor.

 

 

Avec le désengagement de l'Etat des activités productives et la suppression des différents monopoles, le secteur privé constituera le principal acteur dans la production, transformation et commercialisation des produits forestiers, ce qui renforcera le rôle de ce secteur à l'horizon 2020.

A l'horizon 2020, l'action des ONG et Associations œuvrant dans le secteur forestier sera plus importante que maintenant, à condition qu'une assistance substantielle soit apportée, aussi bien par les pouvoirs publics que par la Communauté internationale.

Vivant de la forêt, les populations locales sont un élément fondamental dans la gestion des ressources forestières; malheureusement, leur niveau d'implication dans le processus de planification, de décision et de mise en œuvre des stratégies de développement forestier est encore faible. Les dispositions prévues dans le nouveau code forestier, en conformité avec la nouvelle politique forestière adoptée par le Gouvernement amélioreront la participation des populations locales dans la gestion des ressources forestières: classement des forêts, contrôle de l'activité forestière, création des plantations etc.

Comme nous l'avons souligné au point 3-11-2, la gestion des ressources forestières prend de plus en plus une dimension mondiale. Avec la ratification de nombreux accords et l'adhésion du Congo aux organismes internationaux, régionaux et sous- régionaux, la coopération avec ses différents partenaires sera renforcée à l'horizon 2020.

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