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1. GENERALITES

 

1.1. Caractéristiques géographiques et humaines

L'archipel des Comores est constitué de 4 îles d'origine volcanique d'une superficie de 1860 km² et d'une population d'environ 518 000 habitants dont le pourcentage est réparti comme suit :

Grande-Comore :

52 %

Anjouan :

42,5 %

Mohéli :

5,5 %

Avec une densité de population variable selon les îles : 405 hab/km² à Anjouan, 197 hab/km² à Grande-Comore et 91 hab/km² à Mohéli, et la moyenne est de 231 hab/km². Selon le recensement de 1980, le taux de croissance annuel de la population 2,7 %, double donc tous les vingt ans, ce qui est de fait que la pression démographique, déjà trop lourde, devient de plus en plus insupportable compte tenu l'exiguïté du territoire national.

La population comorienne est très jeune, la moyenne d'âge dans les îles est de 20 ans. La pyramide des âges très écrasée montre que 47 % de la population a moins de 15 ans et 57 % moins de 20 ans. Cette population très jeune constitue pour l'Etat un fardeau très lourd à cause de son éducation, sa santé et surtout son alimentation.

 

1.2. Justification

La raréfaction des ressources naturelles et la faiblesse de place disponible pour une production ligneuse issue de la seule agro-foresterie (notamment les espèces à usages multiples composant les haies d'embocagement) rendent indispensable un complément de production à partir des terrains à usage collectif non agricole. De même les terrains marginaux doivent être pris en compte pour une production ligneuse à des fins de bois de chauffe et de carbonisation.

 

1.3. Revue des données disponibles.

A l'échelle nationale la biomasse ligneuse procure 78% de l'énergie totale consommée et l'essentiel de combustible domestique (Banque Mondiale, 1988).

Notons que les ressources utilisées sont de nature très diverse et ne se présentent pas facilement à l'utilisation des foyers améliorés.

Il y a :

Les sous-produits des cultures arborées en particulier le cocotier.

Les élagages des arbres et collecte des bois morts tels : les manguiers, girofliers, jaquiers, ylang-ylang,

L'exploitation de la forêt et des broussailles des terres incultes. On note la forte exploitation des peuplement pionniers de Nuxia pseudodentata en lisière des forêts naturelles au-dessus de Moroni et des fourrés des goyaviers Psidium cattleyanum et Psidium goyava qui à eux seuls contribuent fortement à satisfaire les besoins des populations qui s'approvisionnent dans la zone d'agriculture sous forêt.

Sous produits agricoles comme tige de manioc et d'ambrevade.

Ainsi le bois de chauffe est le combustible le plus utilisé dans les villages et les villes.

Il constitue également les principales sources d'énergie pour la distillerie des huiles essentielles (ylang-ylang) et aussi dans une moindre mesure dans la fabrication des chaux et la boulangerie. On constate de plus en plus que la fourniture en bois de chauffe des principales agglomérations et de distilleries d'ylang-ylang se fait à partir des circuits courts de commercialisation avec des producteurs consommateurs ou producteurs- commerçants consommateurs.

Le transport du bois se fait à pied et à tête les femmes ou avec un véhicule de location. Et malgré la présence de ce circuit de distribution commerciale, l'auto- approvisionnement reste toujours de vigueur et permet de satisfaire une grosse partie des besoins en bois de chauffe des populations urbaines et des distillateurs.

Toutefois, l'on note que les consommations domestiques sont difficiles à évaluer du fait que- les ressources utilisées sont de nature diverse Elles varient en fonction des disponibilités locales en combustibles et de l'éclatement géographique

Zones urbaines

Zones suburbaines

Zones rurales : dont les

-zones rurales proches des forêts

-zones rurales peu arborées

-zones rurales non arborées.

Compte tenu de la difficulté de l'évaluation des consommations nationales en bois, l'on peut toujours procéder par les estimations, à défaut d'une étude fiable en la matière.

 

Tableau no 1 : les disponibilités offertes par les productions annuelles estimées. (donné en m3 bois rond)

Désignation

Grande Comore

Anjouan

Mohéli

Total

Production annuelle potentielle estimée

159288

98071

49582

306941

Prélèvement en combustible ligneux pour usage autre que domestique

14673

42818

3584

61075

Disponible pour usage domestique

144615

55253

45998

245866

Population de référence année 1990

246000

188000

23000

451000

Production annuelle disponible par habitant pour les usages domestiques

0,59

0,30

2,00

0,55

Source : Mission Etude Stratégie agricole

Les sources des combustibles ligneux sont variées et ne se prêtent pas aisément à l'utilisation des foyers améliorés. Toutefois le bois reste et restera plus longtemps encore la principale source d'énergie domestique, aussi bien dans les milieux ruraux qu'urbaines, car malgré son prix qui semble élevé en valeur absolue, le bois est pour les ménages urbains le combustible le moins cher et le mieux adapté aux traditions culinaire des Comores.

Outre, la cuisson domestique et la distillerie des essences d'ylang, la production de chaux est un autre gros élément de consommation de bois d'énergie. La production de chaux est un procédé archaïque datant de plusieurs décennies aux Comores et qui continue de l'être à nos jours engendrant donc une grosse quantité de la consommation du bois d'énergie. La chaux est produite par la cuisson des coraux au moyen de gros troncs d'arbres. Ce procédé gaspille beaucoup d'énergie et se poursuit à grande échelle dans tout le pays, ceci est surtout dû à cause du prix trop excessif, par rapport au pouvoir d'achat des Comoriens du ciment importé.

Tous ces facteurs font que la consommation ou les estimations de la consommation énergétique sont entourées d'incertitudes car elles sont étroitement liées à l'évolution de l'économie du pays et sa démographie. Au cours des années 1990, la consommation totale de bois de chauffe a été estimée à 450 000 m3 avec une augmentation de l'ordre de 5 à 10 % au cours des 10 à 20 prochaines années. Cette consommation, en général, prend une allure exponentielle car elle est en étroite relation avec la démographie nationale.

Par faute de statistiques fiables sur la consommation domestique en bois de feu à l'échelle nationale, en 1985 la Banque mondiale a fait des prévisions pour la consommation pour l'année 1995 sur la base des hypothèses suivantes :

Taux annuel de croissance démographique de 3 % ;

Maintien de la consommation de bois de feu par habitant à un niveau constant de 0,8 m3/an ;

Utilisation des foyers améliorés entraînant un gain d'efficacité d'environ 100 % et de pétrole lampant en ville ;

Augmentation de 100 % du rendement énergétique des distilleries d'ylang.

Ainsi à travers ces hypothèses, le niveau de la consommation en bois d'énergie a été estimé pour l'année 1995 à environ 465 000m3.

1.4. Le charbon

1.4.1. Le charbon de coco

Si l'on prétend que la fabrication de charbon de bois est récente aux Comores et ne représente pas un volume important par an, la fabrication de charbon de coco est, par contre, très ancienne et a représenté un volume non négligeable. Le rendement en charbon de coco était de l'ordre de 20% de la production du coprah. Cette pratique datait des années 1940. Malheureusement elle est quasi abandonnée à l'état actuel pour plusieurs raisons, notamment la mévente de l’actuel coprah et la chute du rendement des cocotiers en noix.

Le cocotier est un arbre magique et providentiel car il donne tout du fait qu'aucune partie de l'arbre n'est perdue aussi bien pour l'industriel que pour la ménagère comorienne. Le charbon de coco est un sous produit intéressant de la préparation du coprah. C'est un charbon actif très prisé qui sert non seulement de combustible pour certains usages, mais surtout de catalyseur et de décolorant. Il est en effet très absorbant (énergie nucléaire) il est en particulier utilisé couramment pour la décoloration de l'huile.

Après séchage partiel de l'albumen des noix ouvertes et son détachement de la coque, celle- ci reste. Ces enveloppes constituent ce que l'on appelle en comorienne les "chikélés", matières premières pour la fabrication du charbon de coco. Les "chikélés" sont carbonisés dans les fours, cylindres creusés de tôle avec évents de réglage à la base, ou des fours creusés en terre.

Le rendement est de l'ordre de 20 % de la production de coprah. Il faudrait donc les chikélés d'environ 30 000 noix pour obtenir une tonne de charbon. Ce rendement varie selon les exploitations, l'on peut escompter un rendement de l'ordre de 25 à 30%. Mais le charbon de coco présente, en dehors de ses qualités, un défaut majeur du fait qu'il ne se conserve pas assez longtemps car il s'abîme assez facilement en se réduisant en poudre au cours des manipulations.

La France était la principale importatrice de ce produit, car annuellement elle en consomme 6000 tonnes. (Dunkerque)

 

Tableau N° 2 : Exportation de charbon de coco en provenance de l'archipel des Comores.

Année

 

1934

1935

1936

Volume en tonnes

102

 

85

100

Source : rapport KOPP

1.4.2. Le charbon de bois

Le charbon de bois, à cause de sa rareté et sa cherté, est devenu un combustible de luxe, accessible aux familles aisées.

Jusqu'à présent, l'on ne dispose pas des données précises sur les productions et les consommations nationales annuelles. Toutefois cette consommation est estimée à 1 000 m3/an en prenant comme unité de référence le Kanga équivalent d'une 1/2 sphère ayant comme volume 4/3.

4/3 R3/2 avec R = 0,2 m.

La méthode de production est archaïque et loin d'être industrielle.

L'idée d'un aménagement durable des forêts ne pourrait jamais être effective s'il n'y a pas une implication plus ou moins directe des collectivités locales dans la gestion d'une partie des ressources. Il est nécessaire de pouvoir proposer une technique et un modèle approprié de système de carbonisation afin de valoriser les bois de carbonisation et les résidus de l'exploitation.

 

1.5. Analyse des tendances

Il fut un temps que ces produits (bois de chauffe, charbon de bois, charbon de coco) étaient en quantité importante dans le pays par rapport à la démographie locale mais ceci aussi d'une manière relative par rapport à chaque île.

Les activités économiques exercées dans chaque île n'étaient pas identiques. A l'instar de l'île d'Anjouan, comparativement à l'île de la Grande-Comore, île trop étroite, avec une densité au km² de population trop importante et activités économiques trop diversifiées, consomme beaucoup plus du combustible ligneux. Les sociétés coloniales avec des préparateurs nationaux distillaient des huiles d'ylang-ylang et d'autres huiles essentielles (basilique, jasmin, etc.…) avec des alambics archaïques utilisant le bois comme sources d'énergie. Raison à laquelle maintenant le déboisement dans l'île d'Anjouan est beaucoup trop poussé que dans les autres îles sœurs. Ceci se comprend dans la mesure où il y avait trois facteurs qui agissaient sur la réserve ligneuse trop limitée.

Le nombre d'activités économique nécessitant toutes sortes de combustible

La pression humaine nécessitant du bois de feu pour leurs ménages

Le nombre d'alambic nécessitant du combustible ligneux

En ce moment la situation se détériore de plus en plus par rapport à ce qu'il y ava it jadis, du fait de l'accroissement démographique. Les gens commencent à faire la part des choses en distinguant la disponibilité par rapport aux besoins réels quotidiens en la constatant sur les marchés. Le volume du bois acheté actuellement par rapport à ce qu'il était dans le passé, diminue alors que de prix unitaire reste le même. Ceci aussi du fait qu'il y a un timide changement dans les comportements domestiques. Dans les principales villes la tendance va surtout sur l'utilisation du pétrole lampant et/ou du gaz que l'utilisation du bois de chauffe. Mais compte tenu des mœurs comoriennes où les festivités sont presque permanentes et donc la consommation de l'énergie n'est pas de moindre, les courbes de consommation n'arrivent jamais à atteindre son bas niveau mais prennent toujours une allure sinusoïdale.

Selon les données statistiques de 1997, la population comorienne est de l'ordre de 518 000 habitants dont Grande-Comore 52 % soit 269 360 habitants, Anjouan 42,5 % soit 220 150 habitants et Mohéli 5,5 % soit 28 490 habitants, ceci en fonction de la répartition géographique de 1991 avec un taux de croissance démographique de 2,6 % (Banque de France, extrait rapport zone franc - 1998).

Aux Comores selon le recensement de 1991 et l'enquête de dépouillement de 1995, le nombre moyen d'individus par ménage est de 6,3 (Direction Générale du Plan, Service Statistique - Moroni).

 

Tableau N° 3 : Répartition de foyers par île

Iles

Grande Comore

 

Anjouan

Mohéli

Total

Nombre d’habitants

 

269360

220150

28150

518000

Nombre de foyers

42755,56

34944,44

4468,25

82168,25

Source PNUD

1.6 Approvisionnement (offre) annuel en bois de chauffe

Actuellement le pays dispose d'environ 837 ha de reboisement avec un taux moyen d'accroissement annuel de 11 m3/ha/an. Cette superficie est répartie comme suit :

Grande Comore :

595 ha

Anjouan :

192 ha

Mohéli :

50 ha

L'accroissement annuel en volume (A) est donc de :

9,458,100 m3/an. (837 ha x 11,3 m3/ha/an = 9 458,100 m3)

Ainsi la production (P) annuelle en volume est de 837 m3/an

P = A/t = 9 458,100 m3/an = 837 m3/an

11,3

D'où la quotité annuelle (Q) est de 10.295,100 m3/an

Q = A + P = 9458, 100 + 837 = 10.295,100

L'offre annuelle ou quotité en bois de chauffe est de : 10.295,100 m3/an

 

Tableau N° 4 : Répartition de l'offre par île

Iles

Grande Comore

Anjouan

Mohéli

Total

Surface (ha)

 

595

192

50

837

Accroissement (m3/an)

 

6723,50

2169,6

565,00

9458 ; 10

Production (m3/an)

 

595,00

192,00

50,00

837,00

Quotité (m3/an)

7318,50

2361,60

615,0

10295,100

Source : calculs personnels

1.7. Besoins de la population

Selon le résultat d'une enquête sommaire réalisée à la Grande Colore, le ménage comorien utilise en moyenne 4 kg de bois de chauffe pour ses repos quotidiens. La densité moyenne du bois est de 0,7 T/m3.

 

Tableau N° 5 : Répartition des besoins en bois de chauffe par an et par île

 

Grande Comore

Anjouan

Mohéli

Total

Nombre de ménages

 

42755,56

34944,44

4468,25

82168,25

Besoins (m3/an)

 

87954,17

71885,83

9191,83

169031,83

Quotité(m3/an)

 

7218,5

2361,6

615,00

10295,10

Source : calculs personnels

Méthode de calcul :

c : consommation

d : densité du bois

C = 4 kg x 42 755,56 = 171 022,240 kg = 171,022 T/jour

C x d = 171,022 T/jour/0,7 T/m3 x 360 jours = 87 954,171 m3/an

x 23 944,44 = 139 777,760 kg = 139,778 T/jour/0,7 T/m3 x 360 jours = 71 885,829 m3/an

x 4 468,25 = 17 873,00 kg = 17,873 T/jour/0,7 T/m3 x 360 jours = 9191,829 m3/an

 

 

Tableau N° 6 : Rapport de l'offre et de la demande de bois de chauffe

Iles

Grande Comore

 

Anjouan

Mohéli

Total

Offre

 

7318,5

2361,6

615,00

10295,10

Demande (besoin)

 

87954,17

71885,83

9191,83

169031,83

Offre- Demande

 

-80635,67

-69524,23

-8576,83

-158736,73

% de la demande

 

-91,68

-96,71

-93,30

-93,91

Source : calculs personnels

A l'état actuel, le tableau ci-dessous nous relate que les surfaces du boisement actuel ne peuvent plus subvenir aux besoins des foyers en ce qui concerne le bois de chauffe.

Devant une telle situation, pour que les reliques forestières naturelles ne soient pas attaquées par les populations à des fins ménagères, la solution miracle est unique et n'est autre que le reboisement pour pouvoir combler ce vide au niveau des îles.

Cette opération de reboisement doit être faite dans l'immédiat pour éviter que le mal ne soit plus irrémédiable au niveau des forêts naturelles.

Quelle serait donc la superficie nécessaire à retrouver au niveau de chaque île ? Et annuellement ?

 

Tableau no 7 :

Iles

Grande Comore

Anjouan

Mohéli

Total

Offre–demande (m3/an)

- 80635,67

-69524,23

-8576,83

-158736,73

Surface à Reboiser (ha)

-7135,9

-6152,59

-759,01

-14047,49

Surface à reboiser / an

( ha)

713,59

615,26

75,90

1404,75

Source : calculs personnels

A travers le tableau ci-dessus, nous avons le besoin de chaque île en surface à reboiser pour éviter l'impact du prélèvement abusif et irrationnel au niveau des forêts naturelles. Nous sommes tenus à diviser ces surfaces par 10 ans, car c'est au bout desquels que nous pourrions récolter les produits du reboisement. Ce qui donne aussi la surface réelle à reboiser annuellement et d'un seul tenant.

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