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IV. Etude du Marché de Charbon de bois de la Ville de Bissau

 

Le Projet GCP/GBS/022/EC effectue depuis 1997 une étude du transport et du commerce de charbon de bois au niveau de la ville de Bissau.

Les résultats préliminaires de cette étude sont présentés ci-dessous.

4.1. Résultats rencontrés

4.1.1. Quantité de charbon

 

Le tableau ci-dessous présente les valeurs rencontrées, exprimées en petits sacs.

Période

SAFIM

BLOLA

PARALTA

TOTAL

09-10.10.97

2.145

212

79

2.436

09-11.02.98

2.464

81

(*)

2.545

Paramètres utilisés : 1 moyen sac = 2 petits sacs

1 grand sac = 4 petits sacs

(*) le port de Paralta n'a pas été étudié durant la deuxième période à cause de manque de personnel.

La quantité de charbon transportée dans des moyens et grands sacs est peu et ne surpasse pas 10% du total.

Les ports contribuent avec moins de 10% de l'entrée de charbon dans la ville.

En extrapolant les données obtenues, la consommation annuelle de charbon dans la ville de Bissau est estimée en 360.000 sacs ou 10.800 ton/ans (1 sac = 30Kg).

 

4.1.2. Horaires de transport

Presque tout le charbon entre en ville entre 07:00 et 19:00 heures. Les transports de charbon durant la nuit sont peu et toujours en grandes quantités.

 

4.1.3. Intensité de transport

Le tableau ci-dessous présente le numéro d'entrées et la quantité de sacs pour chaque intensité de transport, soit, 1, 2, 3,... sacs par véhicule, durant les deux périodes.

1

2

3

4

5

6-10

11-15

16-20

21-30

> 30

Numéro

20

20

34

18

31

89

34

36

22

27

Sacs

20

40

102

72

155

709

453

661

593

2.172

Sacs

389

709

453

661

593

2.172

Sacs

1.098

1.114

2.765

%

22

22

56

 

La conclusion est que la quantité de charbon entrant à Bissau à travers de petits transports est considérable (22 a 44%), le reste (56%) peut vraiment être considéré comme la partie commercialisée.

4.1.4. Type d'interviewé

Le tableau ci-dessous présente la quantité de sacs (petits) pour type d'interviewé et représente seulement les données de la dernière période.

TYPE

SAFIM

BLOLA

PARALTA

TOTAL %

Producteur

0

0

-

0 0

Commerçant

1.456

81

-

1.537

Transporteur

0

0

-

0 60

Privé

1.008

0

-

1.008 40

Dans le cas des ports, les producteurs sont eux-mêmes les commerçants.

Le résultat de 60% du charbon en ce qui concerne commerçants correspond avec le résultat de l'intensité de transport (chapitre 3.3).

4.1.5. Origine du charbon

Le tableau ci-dessous il présente, d'une manière détaillée, les villages et les secteurs d'origine du charbon, durant les deux périodes.

REGION

SECTEUR

%

% du total

QUINARA

Tite

91

Buba

6

 

Total

 

7

GABU

Gabu

100

 

Total

 

17

CACHEU

Bula

4

 

Canchungo

32

 

Bigene

30

 

Ingore

26

 

San-Domingos

8

 

Total

 

15

BAFATA

Bafata

18

 

Bambadinca

63

 

Xitole

18

 

Contuboel

2

 

Total

 

20

OIO

Bissorã

17

 

Mansaba

27

 

Mansoa

41

 

Farim

7

 

Nhacra

5

 

Olossato

3

Total

 

40

TOMBALI

Cacine

42

 

Quebo

58

 

Total

0.4

BIOMBO

Safim

-

-

 

On peut noter une grande dispersion géographique de la production de charbon, avec une forte concentration dans la région de Oio (surtout les secteurs de Mansoa et Mansabá), suivie par les régions de Bafata, Gabu et Cacheu.

Cette distribution confirme la région d'action du Projet

 

 

4.1.6. Quartier de destin

Le tableau ci-dessous présente les quartiers de destin du charbon en ce qui concerne la ville de Bissau

QUARTIER

SACS

%

QUARTIER

SACS

%

Mindara

513

16

Tchada

43

1

Bairro Militar

469

15

Missira

41

1

Pefine

452

14

Reno

38

1

Cuntum

377

12

Belem

36

1

Porto Blola

255

8

Luanda

32

1

Bandim 1

142

4

Afia

29

1

Pluba

135

4

Praça

26

1

Porto Peralta

110

3

Cupilon

20

1

Ajuda

109

3

Intula

20

1

Quilele

101

3

Santa Luzia

19

-

Caracol

85

3

Doba

16

-

N'Pantcha

50

2

Bandim II

16

-

Sintra

46

1

Copelon-cima

14

-

 

Ainsi, les marchés principaux de charbon de la ville de Bissau sont situés dans les quartiers de Mindara, B. Militar, Pefine et Cuntum.

 

4.1.7. Moyen de Transport

Le tableau ci-dessous démontre le moyen de transport utilisé pour l'évacuation du charbon de l’intérieur du pays vers le capital.

MOYEN

NUMERO

SACS

%

Transport public

103

1.285

50

Transport marchandise

21

1.167

46

Transport privé

1

12

1

Canot

9

81

3

(données de la seconde période seulement)

 

On peut conclure que le transport public (candonga,...) est un moyen de transport aussi important que le transport de marchandises (camions). Certains commerçants utilisent même le transport public pour transporter leur charbon.

Les producteurs transportent rarement leur charbon, et cette activité est réalisée presque exclusivement par les commerçants et les particuliers pour la satisfaction de leurs nécessités immédiates.

4.1.8. Taxation du charbon

Une donnée importante, surtout pour la DGFC, est la quantité de charbon consommé pour laquelle a été payée la taxe forestière.

Le tableau ci-dessous présente cette information pour la seconde période de l'étude.

 

Numéro %

Sacs %

Taxe payée

31 25

1.619 65

Taxe pas payée

91 75

857 35

On peut conclure que 35% du charbon de bois de la ville de Bissau est consommé sans payer le taxe forestier, ce Qui est équivalent à plus ou moins 126.000 sacs/ans. Dans des termes financiers, avec le présent taux de FCFA 77/sac, il s'agit de FCFA 9.700.000 ($ US 16.000).

 

4.2. Conclusions

Il est important de noter que les résultats présentés dans ce rapport doivent être considérés comme préliminaires et traités avec attention, une fois qu'il s'agit d'une base de données encore restrictive.

Tout de même, quelques aspects méritent l'attention :

La quantité de charbon transportée vers Bissau est d’approximativement 360.000 sacs par ans (plus ou moins 10.800/ton/ans). Cette valeur est plus basse que les estimations antérieures (16.000/ton/ans), et, par conséquent, devra être confirmé au fur et à mesure de l'étude.

Malgré du fait que la plupart du charbon est transporté dans des grandes quantités sous forme de marchandise, le flux à travers les privés, en petites quantités, est considérable. L'utilisation du transport public est aussi assez habituelle, même pour les commerçants. L'organisation de la filière de charbon de bois devra considérer tous ces aspects. Les commerçants sont responsables pour 60% du flux de charbon tandis que les outres 40% sont transportés peu à peu par des privés.

En ce Qui concerne la dispersion géographique, la région de Oio est la région plus productrice de charbon (40%), suivie par Bafata (20%), Gabu (17%) et Cacheu (15%). Ensemble elles représentent 92% de l'origine du charbon de Bissau.

Les quartiers de destin de charbon plus importants sont Mindara, B. Militar, Pefine, et Cuntum (ensemble ils représentent 57% du total). Ces quartiers pourront être approchés de manière prioritaire dans les actions d'organisation de la filière.

En ce que concerne le paiement de taxes, de 65% du charbon consommé à Bissau, vraiment la taxe est payée. Les expectatives/stratégies pour cet aspect doivent être analysées et discutées à fond avec la DGFC.

 

 

4.3. Recommandations

Garantir la réalisation mensuelle de l'étude pendant une période de l'année avec l'appui de la DGFC et la DGE. La DGFC pourra même opter/décider pour une levée continue de ces informations, une fois qu'elle disposera de personnel permanent au niveau des postes.

Réaliser un cadastre (avec des fiches préparées préalablement) des commerçants de charbon de bois, surtout au niveau du poste de Safim. Ce cadastre servira d'abord pour mieux connaître les acteurs de la filière.

Réaliser un séminaire avec les institutions impliquées dans la problématique de carbonisation, pour une analyse et discussion des données et faire des propositions d'actions.

L'étude considère aussi des données relatives à bois de feu. Le calcul et l'analyse de ces données sont aussi nécessaires.

SOURCE: rapport préliminaire sur étude de marche de charbon de la ville de

Bissau(Projet GCP/GBS/022/EC en cours dans le pays)

 

 

V. La problématique de bois-énergie en Guinée-Bissau

 

Parmi les causes de la dégradation des forêts, la carbonisation occupe une place importante tant au point de vue de la concentration spatiale qu'à de l'intensité. La production de charbon de bois est probablement la forme de destruction des forêts Qui se développe le plus rapidement. En réponse au phénomène de croissance des villes, la demande de charbon de bois continuera à augmenter.

Jusqu'à présent, aucune analyse de l'ensemble de l'environnement social et physique de la production charbonnière n'a été réalisée ou n'est en cours dans les pays des sous-régions, ce Qui rend difficile de concevoir ou de mettre en œuvre des politiques de gestion rationnelle de cette ressource.

Jusqu'à quelques années, la carbonisation était considérée comme une cause secondaire de la dégradation forestière, moins importante en tout cas que les défrichements et les feux de brousse. Ce constat doit maintenant être révise : "il est possible que dans un avenir proche la carbonisation devienne au Nord et dans la zone frontalière au Sénégal, la première cause de la dégradation forestière" (PDFN 1992). A présent, on constate un accroissement important et accéléré des activités de la carbonisation sur la presque totalité du territoire.

L'énergie totale, consommée dans le pays, est à 90% d'origine forestier. Il n'existe pas de statistiques officielles concernant le bois de feu et seulement le bois carbonisé faisant l'objet de transactions commerciales est recensé, en plus de manière partielle et imprécise.

En résumé, la carbonisation est donc considérée comme une des principales causes de l’accélération de la dégradation forestière à laquelle le pays est confronté. Dans le passe, l’absence d'une politique nationale cohérente en gestion de ressources naturelles et en aménagement forestier a rendu toute intervention dans ce secteur aléatoire et peu performante. Les méthodes traditionnelles de carbonisation sont peu efficaces, les coupes de bois mal effectuées d'où des rendements très bas d'environ 8 a 12%. La filière de charbon de bois est peu structurée et appartient essentiellement au secteur informel.

Avec la méthode traditionnelle de production de charbon, il faut carboniser 150.000 tonnes de bois par ans pour produire le besoin national, soit 23.500 tonnes de charbon. Par contre, si on a recours aux méthodes améliorées de carbonisation, à peine la moitié de la quantité de bois susmentionnée pourra satisfaire ce marché.

L'introduction de la technique améliorée de carbonisation, et l’organisation, structuration de la filière peut en grande partie limiter, le gaspillage du bois et les feux de brousse occasionné par les fours traditionnels. L'augmentation du rendement des fours et le fait de carboniser des déchets d'exploitation forestière (qui représentent environ 65% de l'arbre), et ceux issus des scieries (qui représentent environ 40% de la grume) auront un impact positif sur le bilan énergétique du pays.

Actuellement on dénombre une dizaine d'unités industrielles du bois en Guinée-Bissau, dont 8 unités de sciage, qui exploitaient environ 30.000 m3 volume grume par an. Au niveau de l'exploitation forestière il y avait déjà 55.000 m3 de bois d'énergie et au niveau des scieries, un volume de 12.000 m3 de bois disponible mais inutilisé. Actuellement, le volume de résidus au niveau des scieries et des zones d'exploitation ont diminué à pratiquement la moitié des quantités susmentionnées.

L'utilisation de ces matières premières peut résoudre une partie des problèmes énergétiques et environnementaux dans le pays. Des possibilités d'exportation de charbon sont même envisageables si tous les déchets de scieries sont transformés en charbon et des actions parallèles d'amélioration des techniques d'exploitation et de sciage mises en place. La carbonisation de ces déchets fournirait environ 12.000 tonnes de charbon soit la consommation de Bissau en mois.

La carbonisation améliorée répond à cette recommandation en augmentant le rendement et en valorisant, les déchets, d'exploitation Qui favoriseront la régénération naturelle de la forêt. La promotion de plantation d’espèces à croissance rapide constitue aussi un axe de réflexion important.

Il y a un projet de carbonisation sur place en Guinée-Bissau. Ce projet contribuera également à la rationalisation et la professionnalisation de la filière production, transports et commercialisation de charbon de bois au niveau national, par une gestion économique et écologique efficace, en assurant une formation adéquate et un emploi permanent aux ruraux impliqués dans le secteur de la carbonisation.

( Source : document final du Projet GCP/GBS/022/EC)

 

 

 

 

 

VI. La problématique du bois d’énergie dans la sous-region (Afrique de l'Ouest)

 

Les régions périurbaines au tiers monde sont de plus affectées par des problèmes d'approvisionnement en combustibles ligneux (le bois de feu et surtout le charbon de bois) à cause de l'éloignement progressif des ressources de bois et la surexploitation des plantations de bois de feu. Cela se reflète par le prix très élevé du charbon de bois en milieu urbain.

La presque totalité des régions périurbaines dans ces pays est aussi caractérisée par une atteinte à l'environnement de plus marquée, se manifestant par une destruction des ressources forestières locales. Cette exploitation anarchique des forêts naturelles et semi-naturelles entraîne une destruction quasiment irréversible et accélère la disparition d'un grand nombre d'espèces de la faune et de la flore, Qui sont une des particularités et richesses naturelles de ces pays. Par ailleurs, la conséquence de cette destruction forestière entraîne par l'érosion des sols et l'ensablement des rizières, phénomènes encore aggravés par le passage des cyclones. Cette dégradation marque les zones rurales, handicapant la production dans le secteur agricole. Enfin, la dégradation du potentiel hydroélectrique en relation avec celle des bassins versants réduira les possibilités d'électrification par des micro-centrales hydrauliques. De plus, le traitement des sources pose de sérieux problèmes pour l'alimentation en eau potable des villages et pour l'élevage.

Le bois de feu et le charbon de bois constituent les sources d'énergie utilisées par 95% des ménages du tiers monde dont le défaut d'approvisionnement poserait un grand et grave problème dans un proche avenir.

La crise énergétique s'aggrave encore dans certaines régions par l'inexistence de forêts artificielles et par la surexploitation des plantations forestières, principales ressources en bois de feu. Ces boisements sont exploités en rotations de coupe de plus en plus courtes.

 

VII. Politique globale pour résoudre le problème du bois d’énergie

Les objectifs spécifiques d'une politique globale et d'une stratégie nationale pour lutter contre la dégradation de l'environnement sont :

Réaliser des plantations d'espèces à croissance rapide afin d'assurer les besoins en bois d’œuvre et d'énergie pour les générations futures ;

Aménager les forêts et les plantations existantes de manière rationnelle et durable afin d'obtenir une production de bois efficace et optimale (pour construction, industrie et énergie) ;

Démontrer des méthodes d'exploitation forestière rationnelles et durables et introduire des techniques optimales et appropriées de production de bois de feu et de conversion de bois en charbon de bois ;

Optimaliser l'utilisation de 'l’énergie bois et charbon de bois au niveau des ménages (foyers améliorés) et des industries ; et

Utiliser au maximum les déchets ligneux d’exploitation forestière et de la transformation du bois ;

Utiliser également les déchets ligneux de l'industrie et de l'agriculture ; stimuler les recherches dans les énergies nouvelles et renouvelables ;

Protéger la régénération naturelle et lutter contre les feux de brousse.

L'application de ces points réduira certainement la pression sur les ressources bois existantes. Pour atteindre cet objectif, plusieurs pays ont mis en œuvre, surtout avec l'assistance de la FAO et de la Banque Mondiale, des mesures visant à l'introduction des technologies de carbonisation simples à rendement énergétique élevé : le rendement peut passer de 5 - 10%(méthode traditionnelle) à 15 - 22% (méthode améliorée d production de charbon de bois).

 

Source: (Ir Johan LEJEUNE Consultant Forestier)

 

Références Bibliographiques

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BERTRAND A (1986) l'économie des combustibles ligneux en Guinée-Bissau. PAFT - Consultant sur les filières bois-énergie et la gestion locale des ressources forestières. Cirad/Forêt 141 p.

BUTTOUD G. (1988) La crise du bois de feu en Afrique de l'Ouest. Afrique Contemporaine nº 148 pp. 46-58

CARDOSO J.G. (1991) Requête de financement pour la formation, l'élaboration et la réalisation d'un projet de système amélioré de carbonisation et de structuration de la filière charbon de bois en Guinée-Bissau. Ministère des ressources naturelles et de l'industrie 7 p.

DEMANTE M.J. (1992) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission d'appui technique et méthodologique ABF 32 p.

DIMBERA Kaoussou 1993 : Récolte, Transformation et Consommation des bois en Guinée-Bissau ; Filière bois d’œuvre et bois d'énergie. ENGREF/INRA, 120 pages.

JAMBES J. P. (1989) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission Association bois de feu (ABF) 33p.

JAMBES J. P. (1990) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission d'appui technique et méthodologique ABF 32 p.

LAURA P. (1987) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission de lancement ABF 37 p.

MADON Gérard, 1996 : sous secteur des Combustibles ligneux. Diagnostic et Propositions Seed, août 1996, 32 pages

MADON G. STRAFOGEL S. (1992) La filière de bois énergie en République de Guinée-Bissau. Rapport de mission ABF-SEMA, ENERGIE 45 p.

MDRA, 1997 : Lettre de Politique de Développement Agricole (LPDA) janvier 1997, 47 pages.

MDRA/DGFC, 1992 : Plan Directeur Forestier National (PDFN), 85 pages.

TRAORÉ Samba, 1996 : Rapport d'étape de consultant, CILSS/PADLOS, 24 pages.

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