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DEPENSES FORESTIERES PUBLIQUES

Le financement public du développement du secteur forestier repose entièrement sur des allocations annuelles du gouvernement. Les départements forestiers des Etats reçoivent des fonds chaque année pour couvrir les salaires, les traitements et d’autres frais généraux d’exploitation. Dans tout le pays, les crédits alloués au secteur sont très bas, mais dans quelques Etats, leur niveau est si faible qu’il représente à peine 1 pour cent de leur budget annuel. Le ministère fédéral de l’agriculture ne reverse parfois au département des forêts que 2 à 4 pour cent des fonds qui lui sont alloués chaque année par le gouvernement.

Ces dernières années, le gouvernement fédéral et les gouvernements des Etats n’ont pas pu répondre aux besoins dans le domaine du développement forestier, faute de crédits. Ceci est en contraste avec les années précédentes où les Etats pouvaient faire face aux besoins, grâce à une assistance extérieure sous forme de prêts. Ils ont notamment reçu un appui du Projet Forestier II de la Banque mondiale, de programmes de développement forestier de la Banque africaine de développement, et du projet de boisement de Katsina CEE/FGN. Ce soutien a pris fin ou est sur le point de s’achever.

 

Dépenses des principales institutions forestières publiques

Au Nigeria, plusieurs institutions gouvernementales mettent en œuvre des projets et des programmes forestiers, notamment: le Département forestier fédéral; le Forestry Research Institute of Nigeria, les départements forestiers de diverses universités et plusieurs écoles de sylviculture ou centres de formation professionnelle spécialisés.

Chacune de ces institutions met en œuvre des aspects spécifiques de la politique forestière gouvernementale. Par exemple, le Département forestier fédéral a pour fonction de consolider et de développer le domaine forestier au Nigeria et de le gérer conformément aux principes du rendement constant. Il s’acquitte de ces fonctions dans le cadre de projets spécifiques, notamment les projets de développement des plantations forestières et le projet relatif à la production de bois à fibre longue pour l’industrie des pâtes et papiers. Ces projets sont exécutés par l’intermédiaire des services forestiers des Etats, auxquels le Département transfère des fonds, par l’entremise de ses bureaux de terrain dans les Etats. La mise en œuvre de ces projets est souvent étalée sur plusieurs années et ceux qui sont encore en cours d’exécution sont financés d’année en année par le gouvernement.

Le Ministère des finances prépare le budget national sur la base des activités menées par le gouvernement dans tous les secteurs de l’économie. Ce budget est présenté à l’Assemblée nationale qui doit l’approuver, puis le soumettre pour acceptation au Président, en tant que Projet de loi de crédits. Le budget est ensuite réparti entre les différents ministères et départements qui peuvent commencer à dépenser la part qui leur a été allouée.

Au Nigeria, les fonds publics alloués aux projets et programmes forestiers ont toujours été insuffisants et débloqués en retard, tant au niveau du gouvernement fédéral que des gouvernements des Etats. Comme le montre le Tableau 21, les crédits alloués ont été particulièrement faibles au cours de la dernière décennie où ils ont représenté seulement entre 1 et 8 pour cent du budget fédéral total de l’agriculture (sans compter les crédits pour les achats d’engrais). Cette situation défavorable a compromis la bonne exécution des programmes forestiers prévus, et, partant, l’aménagement durable du domaine forestier.

Tableau 21 Allocation budgétaire du gouvernement fédéral au département des forêts, de 1991 à 1999 (en Nairas)

Année

Allocation au Ministère fédéral de l’agriculture et des ressources naturelles

Allocation au département des forêts

Allocation au Département forestier en pourcentage de l’allocation totale au ministère

1991

265,569,690

10,649,240

4.00

1992

305,055,000

12,000,000

2.45

1993

656,891,000

10,966,080

1.67

1994

425,200,000

20,460,000

4.80

1995

1,432,203,218

39,000,000

2.72

1996

1,986,451,500

27,495,000

1.38

1997

3,800,000,000

100,000,000

2.65

1998

N/D

N/D

N/D

1999

828,265,000

66,000,000

7.96

Source: Ministère fédéral de l’agriculture et des ressources naturelles (2000).

On a vu dans les sections précédentes que des recettes forestières sont prélevées sur les produits forestiers corporels et incorporels. Ces recettes prennent la forme de droits, de redevances, de prélèvements et de taxes. Toutefois, les tarifs actuels des produits forestiers sont d’une manière générale fixés à des niveaux excessivement bas pratiquement sans rapport avec le coût du renouvellement de la ressource forestière. En outre, beaucoup d’autres biens et services produits dans les forêts du Nigeria sont aussi sous-évalués (voire, pas évalués), de sorte que la contribution du secteur forestier au Produit intérieur brut (PIB) est extrêmement basse et paraît insignifiante par rapport à d’autres secteurs, comme celui du pétrole.

L’établissement de Fonds fiduciaires forestiers (FFF) n’a pas arrangé les choses car les recettes qui y sont versées ne sont jamais conservées et réinvesties dans le secteur pour des activités de développement, alors qu’ils avaient été conçus pour cela. La plupart du temps au contraire, les gouvernements des Etats ont utilisé ces fonds à d’autres fins (ex : pour payer les salaires de la fonction publique en général, et pour régler des dépenses relatives à d’autres projets de développement). Le problème s’est posé avec une acuïté particulière sous le régime militaire.

 

Assistance extérieure au secteur forestier

Au Nigeria, les efforts de développement du secteur ont dans un premier temps été orientés vers la création de réserves forestières. La période suivante a été caractérisée par une période d’exploitation anarchique des ressources en bois, en raison de la forte demande de produits forestiers. Durant cette période, la ressource forestière était soumise à une pression considérable. La situation a été aggravée par une pression croissante de la population en milieu rural, qui s’est traduite par une augmentation de la demande de terres arables, et par un

appauvrissement des forêts. Toutefois depuis 1970, une assistance technique a été fournie en plusieurs occasions, en vue d’aider la pays à étendre son domaine forestier et à gérer l’environnement de manière plus durable. Voici quelques exemples de ces projets d’assistance:

    1. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont parrainé un vaste projet d’inventaire forestier, entre 1974 et 1976. L’opération a été un succès et le rapport du projet a été une source d’informations utiles pour le développement du secteur, au Nigeria.

    2. Au début des années 70, le Gouvernement finlandais et la FAO ont accordé une subvention pour construire une scierie et un centre d’exploitation des forêts à Benin City, au Nigeria.

    3. La Banque mondiale a financé, par un prêt de 31 millions de dollars E-U le Projet forestier I, entre 1980 et 1984 dans les Etats d’Ogun et d’Ondo. L’objectif était d’améliorer la production de bois industriel et le projet a été un grand succès.

    4. Le projet de boisement de l’Etat de Katsina (KSAP), d’une valeur de 13, 56 millions de dollars E-U a été financé par la Communauté économique européenne (CEE), actuelle Union européenne (UE), entre 1987 et 1993. Le pourcentage de réalisation des objectifs du projet a été très satisfaisant.

    5. Entre 1987 et 1996, la Banque mondiale a financé le Programme forestier II, d’une valeur 71, 00 millions de dollars E-U au Nigeria. Le projet a été mis en œuvre dans 16 Etats du pays. Les principaux objectifs étaient de renforcer les infrastructures du secteur, de stabiliser les conditions édaphiques dans le Nord semi aride et aride et de développer l’offre de bois industriel. Ce projet a été achevé le 30 juin 1996 et sa composante boisement a été jugée l’une des plus réussies du monde (le prix " Saving the Dryland " lui a décerné par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le Fonds international de développement agricole (FIDA). En termes généraux, les réalisations du programme comprennent :

      • Amélioration de la politique forestière, principalement dans les domaines suivants : fiscalité ; intégration d’arbres fruitiers dans les systèmes de culture ; intervention accrue du secteur privé dans la foresterie et les industries basées sur le bois ; et établissement de Fonds fiduciaires forestiers pour soutenir le financement de projet(s) forestier(s).

      • Améliorations des capacités de planification et de formulation des politiques, de l’aménagement forestier, de la vulgarisation, du suivi et de la gestion financière (démontrées par la qualité des réalisations du projet).

      • Sensibilisation des individus et des communautés à leurs responsabilités, en matière de plantation d’arbres et d’amélioration de l’aménagement des forêts. Plus de 350 000 familles d’agriculteurs ont été associées à des activités de foresterie sociale

      • Intensification du développement des plantations et gestion d’environ 40 000 hectares de plantations forestières.

    6. En 1991, le Nigeria a reçu une aide du PNUD de 690 000 dollars E-U, pour l’élaboration du Plan d’action forestier nigérian.

    7. Entre 1994 et 1996, la FAO a fourni une assistance technique, évaluée à 155 000 dollars E-U, pour lutter contre une infestation de cochenilles sur des margousiers, au Nigeria. L’objectif du projet était de mettre au point un système de protection intégrée basé sur l’introduction d’ennemis naturels de la cochenille, en utilisant du matériel génétique exotique pour évaluer la tolérance ou la résistance de la cochenille orientale et en mettant en place une stratégie à long terme pour la lutte intégrée contre les ravageurs au Nigeria. Un manuel de détection des infestations a été préparé dans le cadre du projet.

    8. De 1992 à 1997, la Banque mondiale a accordé un prêt de 3,5 millions de dollars E-U en faveur du projet d’aménagement de l’environnement. Ce projet, mis en œuvre à l’échelle nationale, utilisait les techniques de télédétection et les SIG, pour établir ou mettre à jour des cartes de l’utilisation des terres et de la végétation, qui ont été une source de données et d’informations utiles pour la planification de l’utilisation des terres.

    9. En outre, entre 1993 et 1998, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a parrainé par un don un projet d’aménagement de l’environnement, avec une composante d’aménagement de réserves forestières, dont les résultats ont été satisfaisants.

    10. En 1986, la Banque africaine de développement (BafD) a fait un prêt de 69,55 millions de UA au Nigeria pour le développement du secteur forestier dans les Etats d’Ogun et d’Ondo (Projet de développement forestier - PDF). Les projets financés par ce prêt ont établi plus de 6 000 hectares de plantations de Gmelina pour accroître les approvisionnements en matières premières de l’usine de pâtes et de papiers de Iwopin. Chaque zone du projet devait aussi établir 600 hectares de parcelles témoins d’espèces indigènes et d’espèces de pins pour compléter les disponibilités de sciages, de perches et de bois de feu provenant des plantations de Gmelina existant dans les deux Etats, qui couvrent au moins 50 000 hectares. Les projets dont l’une des principales composantes était la conversion et l’utilisation du bois, ont démarré avec un peu de retard en 1989 et devaient s’achever en 1992. Toutefois, le démarrage tardif du projet s’est répercuté sur les achats d’équipement par appels d’offre internationaux, de sorte que ces projets ont dû être prolongés jusqu’en décembre 2000.

    11. En 1995, la BafD a accordé une subvention de 2, 717 millions de UA au Nigeria pour l’étude des ressources forestières (Forest Resource Study FRS). L’étude consistait essentiellement à explorer les ressources forestières du Nigeria et à produire une base de données pour l’aménagement des forêts du pays. Le projet a été un succès. L’étude a également identifié des projets prioritaires pour aider le pays à aménager les ressources naturelles dans une optique de durabilité. Le projet a également débouché sur la production de données d’inventaire sur les ressources forestières pour 28 Etats sur les 36 que compte le pays et d’un Système d’information forestier (SIF) pour le pays.

    12. Récemment, un micro-projet d’aménagement des bassins versants et de l’environnement a été mis au point. Il est encore en phase d’élaboration et dépendra du succès des initiatives qui viennent d’être décrites. Ce projet multi-sectoriel dicté par les communautés, est basé sur le concept d’aménagement des ressources naturelles. Il sera financé à la fois par un crédit de l’Association internationale de développement (IDA) et par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). La composante financée par l’IDA sera focalisée sur un investissement dic té par les communautés et comprend des activités d’examen des politiques et de la législation, de renforcement des institutions et des capacités, et de communication. La Composante financée par le FEM sera centrée sur la gestion de deux parcs nationaux, de leurs zones tampons, et d’autres zones riches en biodiversité. Le projet fera l’objet d’une évaluation préalable en février 2001 et devrait coûter environ 100 millions de dollars E-U dont 15 millions de dollars E-U seront financés par le FEM.

    Le Tableau 22 récapitule les principaux projets assistés par des donateurs dans le secteur forestier au Nigeria depuis 1987.

    Tableau 22 Principaux projets assistés par des donateurs dans le secteur forestier au Nigeria, 1987-2000

    Organisme de financement

    Montant de l’aide

    Période couverte

    Etats couverts

    Type d’ assistance

    CEE-FGN (KSAP)

     13, 56 millions N

    1987 - 1993

    Katsina

    Assistance technique

    BIRD (Foresterie II)

    71 millions $EU

    1987 - 1996

    Bauchi, Borno, Jigawa, Kogi, Kaduna, Kano, Katsina, Ogun, Ondo, Plateau, Sokoto, Yobe et Zamfara

    Prêt

    PNUD (PAFN)

    690 000 $EU

    1991 - 1997

    Tout le pays

    Don

    FAO (traitement des margousiers)

    155 000 $EU

    1994 - 1996

    Centre Nord, Nord Ouest, Nord Est

    Don

    BIRD (PAE)

    3, 5 millions $EU

    1992 - 1997

    Tout le pays

    Crédit

    BafD (PDF)

    69, 55 millions de UA

    1989 - 2000

    Ogun et Ondo

    Prêt

    BAfD (ERF)

    2, 717 millions UA

    1995 - 1999

    28 Etats sur 36

    Don

    Source: FDF (1999).

     

    Dépenses effectuées par d’autres institutions forestières

    L’institut nigerian de recherche forestière (FRIN) est l’organisme qui est chargé d’entreprendre des recherches sur tout ce qui a trait à la foresterie dans le pays. Le financement de l’institut, transféré depuis peu du ministère fédéral de l’agriculture et des ressources naturelles, dépend aussi d’un vote du gouvernement central (ce qui revient à dire que l’institut est directement financé par le Gouvernement fédéral du Nigeria). Le plus souvent, les crédits budgétaires alloués à cet organisme sont très insuffisants pour couvrir les besoins du secteur. Ces crédits sont censés couvrir les travaux de recherche de base suivants :

      1. identification et traitement des ravageurs et des maladies des forêts;

      2. amélioration de la croissance et du rendement potentiel des essences forestières indigènes et exotiques;

      3. identification du potentiel pour l’intégration d’arbres dans les systèmes agricoles, et pour la régénération naturelle;

      4. recherche sur des questions spécifiques identifiées par diverses institutions de formation forestière.

    Il existe trois grandes catégories d’institutions de formation forestière au Nigeria, à savoir :

      1. les institutions de formation supérieure (départements forestiers des universités)

      2. les institutions de formation technique (lycées spécialisés dans la sylviculture et la gestion de la faune sauvage)

      3. les instituts de formation professionnelle, qui forment des forestiers non spécialisés ou semi-spécialisés.

    Les institutions qui précèdent sont financées à la fois par des allocations budgétaires du gouvernement fédéral et des Etats, mais elles reçoivent aussi des ressources insuffisantes. Il nous a été impossible d’obtenir des informations précises sur le financement de ces institutions de recherche et de formation pour ce rapport de pays. Toutefois, le fait est que ces institutions survivent depuis des années et que les instituts d’enseignement professionnel ont formé de nombreux forestiers au cours des 50 à 60 dernières années.

     

    Dons et subventions au secteur forestier

    Au Nigeria, le gouvernement a pris en main l’aménagement des forêts pendant plus d’un siècle. Ceci a eu plusieurs conséquences : déboisement effréné de la forêt naturelle, empiétement des agriculteurs pratiquant l’agriculture itinérante et avancée catastrophique de la désertification. Faute d’incitations, les parties prenantes n’ont aucun intérêt à investir dans l’aménagement forestier durable, ce qui n’a rien arrangé. Le secteur privé intervient dans le développement du secteur forestier uniquement au niveau de la transformation (scieries, usines de panneaux dérivés du bois et autres producteurs de bois), et ses activités dans ce secteur sont assez modestes et centrées sur la production plutôt que sur l’aménagement. Seuls quelques hectares de forêts ont été plantés par des compagnies privées et des particuliers.

     

    Recettes et dépenses des entreprises forestières d’Etat

    Il y a au Nigeria trois gros producteurs de pâtes et papiers, à Iowin, Jebba et Oku-Iboku. Ces compagnies contrôlées par l’Etat se trouvent dans la zone de haute forêt. Malheureusement, elles ont dû fermer leurs portes pendant plus de quatre ans, car leurs fonds de roulement étaient insuffisants. L’administration nigériane actuelle envisage de privatiser ces compagnies, selon des modalités dont les détails sont encore à l’étude.

     

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