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3. DESCRIPTION PAR ZONES (contd.)

3.4 ZONE 31: ATLANTIQUE CENTRE-EST

MAMMIFERES MARINS DE LA ZONE 31

Eubalaena glacialis Baleine de Biscaye

Tomilin (1967) signale la baleine de Biscaye aux Bermudes et Moore (1953) l'indique dans sa liste des mammifères marins de Floride. Elle se nourrit probablement dans la partie nord de son aire de répartition et principalement l'été. De ce fait, il y a peu de chances qu'elle ait une interaction quelconque avec les pêcheries dans la zone 31. On ignore sa population dans l'Atlantique ouest mais il est peu probable qu'elle dépasse quelques centaines d'exemplaires.

Balaenoptera physalus Rorqual commun

D'après Tomilin (1967) cette espèce est rare sous les tropiques mais Jonsgaard (1966a) indique sa présence au sud jusqu'à 29°N, au large de la Floride. Des interactions sont peu probables dans la zone 31 car cette espèce y a rarement été vue et se nourrit essentiellement dans les régions plus au nord (Tomilin, 1967).

Balaenoptera musculus Baleine bleue

On ignore la limite sud des migrations d'hiver du stock atlantique mais d'après Jonsgaard (1966a) elle irait au moins jusqu'à Atlantic City. N'étant au plus que quelques centaines dans l'Atlantique nord, cette espèce ne présente actuellement aucun danger pour les pêcheries; elle ne mange que des crustacés pélagiques, principalement Thysanoessa inermis dans l'Atlantique nord, et d'après Tomilin (1967) elle ne se nourrit pas de poissons.

Balaenoptera acutorostrata Petit rorqual

Rarement signalé dans la zone 31; Moore et Palmer (1955) indiquent qu'on a observé au moins 4 individus jusqu'à cette date qui se sont échoués en Floride, au sud de la région à 25°N. Bien qu'étant la baleine la plus ichtyophage, il y a peu de chances qu'il existe une interaction quelconque avec les pêcheries dans la zone 31, vu sa rareté dans cette région.

Balaenoptera borealis Rorqual de Rudolf

Jonsgaard (1966a) rapporte la présence de rorquals de Rudolf jusqu'au Mexique et en Floride, dans le sud de la région; Erdman et al. (1973) signalent aussi cette espèce au nord-est des Caraïbes; Mead (1977) donne une liste complète des signalements de cette espèce dans la région. D'après Tomilin (1967) on sait qu'ils mangent des poissons mais ils sont mieux adaptés pour se nourrir de petits crustacés péclagiques notamment de Calanus spp. dans l'Atlantique nord. Bien qu'aimant plus la chaleur que B. physalus on ne les voit encore que très peu dans la zone 31 et de ce fait, ils ont peu de chances d'avoir une incidence sur les pêcheries.

Balaenoptera edeni Baleine de Bryde

Plus tropicale que les autres espèces de baleines. Jonsgaard (1966a) rapporte que cette espèce a été capturée à la Grenade dans les années 20. Hershkovitz (1966) la signale également dans les Caraïbes et Payne (1979) dans le golfe du Mexique. Gambell (1977) mentionne qu'il existe peut-être une population qui résiderait dans la région. On ignore l'importance de sa population mais comme on sait que cette espèce se nourrit par ailleurs de poissons d'espèces commerciales; il pourrait y avoir un certain degré de compétition avec les pêcheries.

Megaptera novaeangliae Mégaptère

Cette espèce migre régulièrement vers les Caraïbes, dans un certain nombre de sites où elle se reproduit en hiver (jusqu'à la Grenade). Au siècle dernier, les mégaptères étaient chassés par les baleinières yankees (Townsend, 1937). Cette pêcherie est encore pratiquée à très petite échelle à la Grenade, bien qu'elle semble sur le point de disparaître (Caldwell et Caldwell, 1975). Winn et al. (1975) estiment que la population dans les Caraïbes se situe entre 785 et 1 157 animaux, en grande augmentation depuis 60 ans. Apparemment les mégaptères ne se nourrissent pas, ou du moins très peu, en hiver (voir par exemple Mackintosh, 1965; Chittleborough, 1965), ce qui rend une interaction avec les pêcheries peu probable.

Mesoplodon densirostris Mésoplodon de Blainville

De nouveau, selon Moore (1966) cette espèce vit peut-être dans la partie centralesud de l'Atlantique nord et se trouve de façon erratique en Amérique du Nord. Gunter (1955) fait état d'un spécimen échoué en 1946 à Padre Island au Texas et Caldwell et Caldwell (1971b) en signalent un en Floride. Moore (1958; non vérifié) en rapporte également un aux Bahamas.

Mesoplodon europeaus Mésoplodon de Gervais

Selon Moore (1966) cette espèce habite probablement dans la région des Antilles et du golfe du Mexique et se trouve de façon erratique au nord, le long du Gulf Stream. Rankin (1953) a signalé 2 spécimens de cette espèce en Jamaïque. D'autres se sont échoués en Floride, au Texas, à Cuba et à Trinidad d'après Leatherwood et Reeves (1983). On ne dispose pas de données sur leur régime alimentaire mais on suppose qu'ils se nourrissent d'encornets.

Mesoplodon mirus Mésoplodon de True

Autre espèce d'eaux profondes qui, d'après Moore (1966) habite les régions au large du plateau continental de l'Amérique du Nord, au milieu de l'Atlantique; elle ne s'aventure apparemment pas dans les Caraïbes mais s'est échouée occasionnellement sur la côte atlantique des Etats-Unis. Comme pour les autres mésoplodons, on pense que les encornets constituent la part principale de son alimentation.

Ziphius cavirostris Ziphius

Signalée dans toute la zone; Erdman (1962) signale un spécimen à Puerto Rico et cite Aguayo pour un autre cas à Cuba. Moore (1953) mentionne sa présence en Floride et Erdman et al. (1973) la confirme au nord-est des Caraïbes. Caldwell et al. (1971a) signalent egalement sa capture dans la petite pêcherie baleinière de Saint Vincent et Caldwell et al. (1971) en font état en Géorgie et en Caroline du Sud. Malgré cela, comme tous les autres mésoplodons, il ne s'agit pas d'une espèce commune. Tomilin (1967) dit qu'on la trouve normalement au large quoique le nombre d'échouages indique qu'elle s'approche des côtes. Le spécimen d'Erdman (1962) à Puerto Rico ne contenait que des restes d'encornets mais d'après Leatherwood et Reeves (1983) il mange aussi des poissons vivant en eaux profondes.

Physeter macrocephalus Cachalot

Les cartes de distribution des cachalots de Townsend (1935) montrent clairement que leurs zones de chasse sont très vastes dans l'Atlantique central et un peu moins dans l'Atlantique oriental. Ces deux zones s'étendent dans les régions nord de la zone 31 et on signale de nombreux animaux éparpillés tout autour des Caraïbes, des Antilles et en dehors de la zone des “douze quarante” dont le centre se situe à 12°N, 40°0. Taruski et Winn (1976) indiquent des cachalots de la Grenade aux bancs Caicos dans les eaux de plus de 100 brasses de profondeur. Caldwell et al. (1971a) ont noté que d'octobre à mars, les cachalots pouvaient être capturés dans la pêcherie de Saint Vincent. Erdman et al. (1973) confirment leur relative rareté au nord-est des Caraïbes en été. D'après Tomilin (1967) le cachalot, comme beaucoup d'autres espèces, se nourrit d'encornets et toute distribution saisonnière est probablement liée à la disponibilité de ces derniers. On ne dispose pas d'estimations quant au nombre de cachalots qui se trouvent dans la région mais il ne semble pas déraisonnable de penser que quelques milliers d'animaux la visitent. Il n'y a pas eu d'interactions avec les pêcheries et il est peu vraisemblable qu'il y en ait dans cette zone à moins qu'on ne développe une pêcherie d'encornets.

Kogia breviceps Cachalot pygmée

Moore (1953), Gunter et al. (1955) et Caldwell et al. (1971) attestent tous la présence de cette espèce au sud-est des Etats-Unis, encore qu'apparemment celle-ci n'ait pas été observée ailleurs dans la zone 31. C'est probablement un moyen de dissimuler sa rareté. Tomilin (1967) indique qu'elle se nourrit principalement d'encornets, quoiqu'on ait trouvé d'autres éléments dans des estomacs. On ne connait aucune interaction et celle-ci semble improbable.

Kogia simus Cachalot nain

Cette espèce est probablement encore plus rare que la précédente. Elle n'aurait été signalée que sur la côte est des Etats-Unis (Caldwell et al., 1971). On pense qu'elle se nourrit d'encornets comme le cachalot pygmée. Il n'y a vraisemblablement pas d'interaction pour les mêmes raisons que plus haut.

Steno bredanensis Sténo

Signalé en Géorgie, aux Etats-Unis (Richardson, 1973), en Floride (Moore, 1953), on le trouve également dans la pêcherie de Saint Vincent (Caldwell et al., 1971a). Payne (1979) mentionne aussi 3 cas d'échouements dans le golfe du Mexique; l'un d'eux concernait 16 animaux qui apparemment s'étaient nourris de poulpes pélagiques. Il semble que ce soient les seules observations que l'on ait sur cet animal. Une fois de plus, on ne connait pas d'interactions et celles-ci sont improbables du fait de sa rareté et de l'absence de pêcheries intensives de céphalopodes.

Sotalia fluviatilis Sotalie

Se trouve dans les bassins des fleuves du Venezuela et de Guyane ainsi que dans les eaux peu profondes autour de la côte nord-est de l'Amérique du Sud. Ces animaux se nourrissent de poissons-chats, d'autres poissons d'eau douce et de crustacés (Mitchell, 1975). Bruyns (1971) cité par Mitchell (1975a) indique qu'ils sont tenus en grande estime et ne sont pas chassés, mais Best et da Silva (1984) signalent que cette espèce est souvent capturée fortuitement dans l'Amazone. Il est probable que de telles captures se produisent ailleurs dans son aire de répartition. On ignore l'importance de sa population.

Peponocephala electra Péponocéphale

Rarement signalée dans la zone 31, cette espèce est peu commune dans le monde. Caldwell et al. (1976) l'ont rencontrée à Saint Vincent où ils ont découvert des otolithes de poissons, des becs d'encornets, deux isopodes et une crevette rouge de très grande taille. Il n'existe pas d'interaction connue ou probable.

Feresa attenuata Orque pygmée

Caldwell et Caldwell (1971a) signalent pour la première fois la présence de cette espèce dans les Caraïbes dans la pêcherie de Saint Vincent. James et al. (1970) sont également les premiers à la mentionner dans le golfe du Mexique et ils font état d'une autre observation au Costa Rica tandis que Caldwell et Caldwell (1975a) en décrivent une quatrième en Floride. Apparemment, c'est une espèce rare, qui n'a été signalée qu'une douzaine de fois dans le monde entier et bien que Pryor et al. (1965) en aient trouvé un banc de plus d'une cinquantaine près d'Hawaï, on ne connait aucune interaction; celle-ci est improbable du fait, en partie au moins, de la rareté des observations faites sur cette espèce.

Pseudorca crassidens Faux orque

Odell et al. (1980) indiquent des échouages en masse périodiques de cette espèce en Floride et aux Dry Tortugas et Caldwell et al. (1971a) l'ont trouvée parmi celles capturées à Saint Vincent. D'après Tomilin (1967) elle se nourrit d'encornets et de poissons et on la trouve habituellement loin des côtes quoiqu'elle puisse s'en approcher lorsqu'elle suit les céphalopodes. Odell et al. (1980) ont trouvé que des spécimens en captivité mangeaient du maquereau, du hareng, de l'éperlan et un p eu d'encornets. Watson (1981) rapporte avoir vu cette espèce manger des bonites. Jusqu'à maintenant on n'a pas signalé de conflits avec cette espèce mais le fait qu'elle mange des poissons ayant une importance commerciale rend celui-ci un peu plus plausible à l'avenir que pour les espèces déjà mentionnées dans cette zone.

Orcinus orca Orque

Cette espèce a été signalée en Floride (Moore, 1953) et à Saint Vincent (Caldwell et al., 1971a) où elle apparaît dans la prise baleinière. On en ignore le nombre mais il ne semble pas qu'elle soit commune. On sait qu'elle se nourrit, entre autres, de poissons grégaires et de mammifères marins; Caldwell et al. (1971a) signalent également des tortues. Apparemment cette espèce ne se montre pas en grand nombre ou près de la côte comme elle le fait en Norvège et, de ce fait, aucun conflit avec les pêcheries n'a été signalé ou est probable, étant donné que sa nourriture est éclectique et qu'elle semble être en faible densité dans cette zone.

Globicephala macrorhynchus Globicéphale tropical

Largement distribuée à travers la région, c'est la principale espèce capturée dans la pêcherie de Saint Vincent. Kritzler (1952) en rapportant l'échouage en masse de 48 individus et la captivité de quatre d'entre eux par la suite en Floride, indique qu'elle se nourrit principalement d'encornets. Aucune interaction avec les pêcheries n'est connue pour l'instant et n'a pas de chances de se produire. On ignore l'importance de la population mais on pense qu'ils ne sont pas rares.

Lagenodelphis hosei Dauphin de Fraser

Il n'existe apparemment qu'un seul signalement dans la zone 31, celui de Caldwell et al. (1971a) à Saint Vincent. D'après Leatherwood et Reeves (1983) cette espèce mange des poissons d'eaux profondes, des crustacés et des encornets. Peu de conflits connus ou probables.

Tursiops truncatus Souffleur

Cette espèce est également très nombreuse dans cette zone et peut-être la plus apparente car c'est surtout une espèce côtière qui se déplace jusqu'au bord du plateau continental. Moore (1953) la décrit comme étant commune en Floride et elle est également signalée sur presque tout le reste des Caraïbes. Payne (1979) indique que sa nourriture dans le golfe du Mexique consiste en mulets pour 83% et Shane (1980) ajoute de nombreuses espèces démersales et néritiques. Leatherwood (1979) cite Cato et Prochaska (1976) lesquels indiquent que Tursiops cause des dommages aux filets et aux prises, en Floride, pour une valeur de 0,5 million de dollars E-U par an. Ils estiment la population de Tursiops aux environs de 5 000 individus mais Leatherwood (1979) déclare qu'elle ne serait que d'environ 500. Caldwell et Caldwell (1971) mentionnent cette espèce à la fois dans les zones de pêche de Saint Vincent et dans la partie sud des Caraïbes où elle a été capturée accidentellement dans des sennes. Leatherwood et Reeves (1982) fournissent un résumé assez clair d'interactions de moindre importance avec les pêcheries. Il y en a probablement d'autres entre cette espèce et les pêcheurs qui n'ont pas été signalées.

Grampus griseus Dauphin de Risso

Tomilin (1967) décrit cette espèce comme rare mais éparpillée dans les eaux chaudes et tempérées. Il y a quelques signalations de sa présence dans la zone 31 bien que Caldwell et al. (1971b) la signalent aussi à Saint Vincent. D'après Tomilin (1967) elle se nourrit en grande partie ou même exclusivement d'encornets, plongeant à des profondeurs considérables et sur des distances relativement longues. Aucun conflit n'a été rapporté ni n'apparaît probable.

Stenella longirostris Dauphin à long bec

Signalé dans la zone 31 par Moore (1953), Erdman et al. (1973) et beaucoup d'autres. Cette espèce est l'une des principales victimes de la capture accidentelle de dauphins dans la zone tropicale du Pacifique est. Il est surtout commun dans les eaux profondes et comme Caldwell et Caldwell (1971) le font noter, la pêche au thon à la senne, pratiquée dans cette zone peut fort bien être responsable de morts accidentelles parmi cette espèce. Il n'y a pas d'estimations quant à sa population mais il est probablement assez commun.

Stenella coeruleoalba Dauphin bleu et blanc

Odell et Chapman (1976) décrivent cette espèce comme vivant au large des côtes de la Floride, là où des otolithes de poissons ont été découverts dans son estomac. Tomilin (1967) la déclare comme rare mais Leatherwood et Reeves (1983) la considèrent largement éparpillée et déclarent qu'elle se nourrit de petits poissons mésopélagiques ainsi que de crevettes et d'encornets. Comme les deux espèces précédentes, elle a également été prise dans des sennes coulissantes employées pour la pêche au thon dans le Pacifique et par conséquent des interactions pourraient se développer si une telle pêche devait être pratiquée dans cette zone.

Stenella sp. Dauphin tacheté

Moore (1953) donne Stenella attenuata comme une espèce de mammifère marin de la Floride. C'est l'espèce qui a le plus souvent été capturée dans les filets utilisés pour la pêche au thon dans la zone 77 et tout comme les deux espèces précédentes, elle se nourrit de poissons qui se trouvent dans les eaux peu profondes et d'encornets. Payne (1979) considère Stenella plagiodon comme étant l'espèce de Stenella la plus commune dans le golfe du Mexique. Siebenaler et Caldwell (1956) indiquent que cette espèce se nourrit de sparidés (sar salème) et d'encornets, probablement en surface. Comme les autres espèces de Stenella, ces deux espèces risquent d'être fréquemment capturées au cours d'opérations de pêche au thon à la senne, si cette pêche devenait plus importante et si les bancs de dauphins sont utilisés comme points de repère pour localiser les thons.

Stenella clymene Dauphin clymène

C'est un dauphin à long bec, peu connu, qui a été signalé à quelques occasions dans cette zone (Perrin et al., 1981). On ignore sa situation mais son apparente rareté ne l'écarte probablement pas de mortalités fortuites au cours de phêches au thon à la senne qui pourraient être projetées.

Delphinus delphis Dauphin commun

Moore (1953) et Erdman et al. (1973) décrive nt tous deux cette espèce comme vivant au nord de la zone 31 où elle semble très commune en mer bien que plus rare vers le sud. Comme les Stenella, elle est capturée dans les filets à thon car c'est une espèce pélagique vivant en bancs. Tomilin (1967) la décrit comme étant typiquement ichtyophage, se nourrissant loin des côtes de petits poissons tels que le hareng, l'anchois, le syngnathe ainsi que de carangidés, de mulets et de nombreux autres poissons. Leatherwood et Reeves (1983) indiquent que les dauphins se nourrissent de poissons et d'encornets dans la couche de diffusion profonde. Cette espèce peut être également vulnérable aux pêcheries pélagiques qui se développent dans la zone bien qu'aucun conflit n'ait été signalé jusqu'à maintenant.

Inia geoffrensis Boutu

Connu, d'après Hershkovitz (1966) pour sa présence dans les bassins fluviaux de Colombie et du Venezuela, cette espèce est apparemment assez commune dans les parties de son aire de répartition bien que Leatherwood et Reeves (1983) pensent qu'on en a tué un nombre accru ces dernières années; on ne possède cependant aucune donnée sur leur capture. Le boutu se nourrirait de characidés et de poissons-chats, deux des groupes de poissons les plus abondants dans les eaux douces d'Amérique du Sud. Il existe quelques captures occasionnelles de cette espèce dans les pêcheries utilisant les filets maillants dans l'Amazone (voir la zone 41). Il est donc probable qu'elle soit également prise dans l'Orénoque et dans les autres rivières coulant dans la zone 31. Toutefois on ne dispose pas de données sur ce point.

Zalophus californianus Otarie de Californie

Cette espèce est signalée en Géorgie et en Caroline du Sud par Caldwell et al. (1971) après s'être échappée de captivité. Les otaries de Féral ne passent pas pourse reproduire, mais si une population reproductrice venait à s'établir, elle pourrait devenir rapidement un problème sur le plan local.

Phoca vitulina Phoque veau marin

Peut se hasarder au sud jusqu'à la Géorgie et à la Floride en nombre insignifiant.

Monachus tropicalis Phoque moine des Caraïbes

Espèce présumée éteinte.

Trichechus manatus Lamentin des Antilles

Shane (1983) estime que la population totale en Floride est d'environ 1 000 individus. En Floride du moins, la mortalité est forte, associée aux collisions de cette espèce avec des bateaux (FAO, 1978). Il y a lieu de croire qu'un grand nombre d'entre eux sont des bateaux de pêche, de commerce ou de plaisance et, à cet égard, on peut estimer que les lamentins ont une interaction avec les pêcheries. Les lamentins sont également capturés accidentellement par des filets maillants dans les rivières du nord de l'Amérique du Sud (Lavigne, comm.pers.) mais il existe peu de données détaillées sur ce point. Cette espèce étant exclusivement herbivore, il est peu probable qu'il y ait des réactions de concurrence au niveau de la nourriture.

Les informations disponibles dans cette région sur les mammifères marins sont extrêmement morcelées. Il existe beaucoup d'informations pour les parties les plus au nord, mais les données sont plus rares sur les parties situées au large de la côte nord de l'Amérique du Sud. Parmi les 33 espèces environ de mammifères marins trouvés dans la zone, 6 espèces de baleines ne se nourrissent probablement pas dans ces eaux et ne sont pas nombreuses de toute manière. La baleine de Bryde peut se nourrir de petits poissons tels que le menhaden et peut-être les sardinelles. Les autres espèces au moins se nourriraient essentiellement ou exclusivement de céphalopodes et n'ont actuellement aucune interaction avec les pêcheries. On ne possède pas d'indications claires sur la nourriture de 6 autres espèces peu courantes.

Parmi les espèces restantes, les deux espèces d'eau douce prédominantes mangent des poissons et des crustacés variés dont certains font l'objet d'une pêche commerciale. On sait que le souffleur se nourrit de mulets et d'autres espèces néritiques. Toutes les espèces de delphinidés de cette région peuvent se nourrir de bancs de petits poissons pélagiques pouvant contenir quelques espèces commerciales mais aussi des myctophidés et d'autres espèces non commerciales et l'une d'entre elles est herbivore.

LES STOCKS DE POISSON DE LA ZONE 31

RESSOURCES HALIETIQUES DEMERSALES

Le total des poissons démersaux débarqués enregistré en 1981 s'élevait à 135 000 tonnes. Gulland estime que s'y ajoutent 500 000 tonnes de poissons démersaux, essentiellement de scianidés, considérés comme prises accessoires par les pêcheries de crevettes et autres types de pêche utilisant les chaluts. Toutefois, dans son étude de l'état de l'exploitation des ressources autres que les crustacés (1980) la Commission des Pêcheries de l'Atlantique centre-ouest (1980) donne un chiffre entre 800 000 et 1,5 million de tonnes pour ces prises accessoires. Ils estiment que 80 000 tonnes supplémentaires sont prises par les pêcheurs sportifs, en particulier originaires des Etats-Unis. Parmi les débarquements démersaux étudiés, aucune espèce ne constitue une part prédominante mais les mérous, les vivaneaux, les maigres, les grondeurs, les tambours, les acoupas et les slipmouths sont tous pris en quantités raisonnables. La diversité de la faune ichtyologique dans la zone rend toute estimation d'espèces particulières difficile sinon impossible. Quelques stocks sont encore probablement légèrement exploités mais beaucoup d'autres, de forte valeur marchande ou concentrés sur les champs de crevettes, le sont probablement modérément ou fortement.

SERRANIDAE

Plus de 20 000 tonnes de nombreuses espèces, en particulier de mérous (Epinephalus spp.) ont été débarquées en 1981. Elles proviennent presque toutes de secteurs à fonds durs, de récifs où la pêche se fait essentiellement au casier et de zones d'eaux profondes sur le bord du plateau continental où elles sont prises principalement à l'aide de lignes à main et de moulinets. Ces pêcheries ont peu de chances d'entraîner des interactions avec les mammifères marins.

LUTJANIDAE

Plus de 10 000 tonnes ont été débarquées en 1981, également d'espèces nombreuses. On trouve les lutjanidés aux mêmes endroits que les mérous mais ils sont souvent de petite taille. On les prend de la même façon sur les récifs et sur le bord du plateau continental où ils sont le plus concentrés à environ 200 m de profondeur dans les Caraïbes et autour de 100 m dans le golfe du Mexique et en Atlantique.

SCIAENIDAE

On en a débarqué plus de 30 000 tonnes en 1981. Ces espépèces sont, pour la plupart, des espèces de fonds meubles que l'on trouve dans les eaux moins profondes du plateau continental, en particulier sur les côtes nord et est de l'Amérique du Sud et dans le golfe du Mexique. Le Micropogon undulatus est l'espèce la plus communément prise en captures accessoires dans les pêcheries de crevettes de la zone; celles-ci sont également pratiquées sur des fonds meubles. Il existe cependant un certain nombre de pêcheries sélectives pour les scianidés. Une petite flotte industrielle opère dans le nord du golfe du Mexique et d'autres pêcheries artisanales sont pratiquées dans les eaux mexicaines et d'Amérique centrale. Il existe également quelques pêcheries locales au chalut le long de la côte des Caraïbes en Amérique du Sud, en particulier dans le golfe du Venezuela qui est déjà surexploité.

SPARIDAE

Actuellement on ne prend que 2000 tonnes provenant d'un petit nombre d'espèces. Les stocks sont, paraît-il sous-exploités le long du bord plateau continental de la côte atlantique des Etats-Unis.

D'autres poissons démersaux sont pris dans la zone, parmi lesquels des rougets, des labres, des balistes et des poissons-globes. Les récifs en fournissent la plus grande variété.

RESSOURCES HALIEUTIQUES

Les captures pélagiques dans cette zone une fois encore sont caractérisées par une grande diversité d'espèces. Des inventaires insuffisants ont été faits mais les ressources potentielles pourraient dépasser 2 000 000 de tonnes. Le menhaden constitue la part principale de l'ensemble des captures pélagiques à prendre en compte avec environ 100 000 tonnes d'autres espèces. Ici encore, les statistiques de capture ne sont pas sûres et les prises réelles peuvent être bien supérieures.

CLUPEIDAE

Brevoortia tyrannus et brevoortia patronus Menhaden

Le premier est pris dans l'Atlantique au large de la partie sud des Etats-Unis, le second dans le golfe du Mexique. A eux deux, ils totalisent une prise de 7 à 8 000 tonnes par an. On pense que le stock du golfe a atteint ou est au voisinage de la MSY; le stock atlantique quant à lui, est surexploité mais semble s'être quelque peu reconstitué depuis les années 60. Ces espèces représentent de loin la plus grosse pêcherie de poissons; elles sont capturées par des senneurs venant de presque toutes les régions des Etats-Unis. On a signalé quelques captures accessoires de Tursiops; de nombreuses autres espèces peuvent se nourrir sur ces stocks mais aucun conflit n'a été mis en évidence jusqu'à maintenant.

Sardinella anchovia Sardinelle

En 1981, 32 000 tonnes ont été prises par la pêcherie située au large du Venezuela utilisant des sennes coulissantes. Il semble que cette espèce soit totalement exploitée actuellement.

L'Atlas des ressources marines vivantes de la FAO maintient qu'il y a une production potentielle de 1 à 2 millions de tonnes de clupéidés dans la zone mais ceux-ci restent largement inexploités, pour la plupart d'entre eux, sans doute du fait de la petite taille des bancs. Parmi ces espèces figurent le faux hareng Opisthonema oglimum pour lequel il existe déjà une petite pêcheries au large du Brésil, le hareng écailleux, le hareng nain et l'anchois. Beaucoup de ces espèces servent probablement de nourriture aux delphinidés et peut-être aux baleines de Bryde.

CARANGIDAE

Plus de 12 000 tonnes de nombreuses espèces ont été capturées. D'après l'Atlas de la FAO, on trouve les plus fortes concentrations dans le golfe du Mexique, le long de la Péninsule du Yucatan et au large des côtes de Floride et du Venezuela. Lowe-McConnel (1962) indique que l'on trouve le plus souvent les carangidés au large de la partie septentrionale de l'Amérique du Sud, dans les eaux claires, à l'écart des zones à fonds plus vaseux se trouvant près des estuaires.

MUGILIDAE

De nombreuses espèces de mulets ont fourni plus de 28 000 tonnes en 1981. Il s'agit essentiellement d'espèces côtières que l'on trouve dans les eaux peu profondes. On ne possède pas d'indications sur le potentiel qu'elles représentent ni sur l'état des stocks. On les trouve en concentrations locales dans le golfe du Mexique et sur la côte du Venezuela. On peut penser que dans ces deux zones, elles constituent une nourriture importante pour les Tursiops.

SCOMBROIDEI

Ils comprennent un grand nombre d'espèces, dont au moins 9 de thons, les maquereaux espagnols, les marlins et d'autres poissons de valeur élevée. La prise totale de ces espèces s'est élevée à 71 000 tonnes en 1981. La pêche à la palangre ainsi que la pêche à la ligne et aux hameçons, notamment la pêche sportive américaine, tiennent une part importante dans la capture de ces poissons, mais on ne dispose d'aucune indication sur l'état des stocks dans la région. Les prises effectuées par des bateaux étrangers sont faibles et ne s'élèvent qu'à quelques milliers de tonnes par an; il s'agit essentiellement de captures de thons par les japonais et les coréens. Les prises sont restées stables pour toutes les espèces depuis 1976, sauf pour le thon noir Thunnus atlanticus pour lequel elles se sont accrues de 90 à 845 tonnes au cours des 6 dernières années et le marlin blanc Tretrapturus albidus dont les captures ont baissé de 369 tonnes en 1976 à 15 tonnes en 1981. Caldwell et Caldwell (1971) ont fait remarquer qu'il existe les mêmes espèces de dauphins (Stenella spp.) et de thons dans la zone 31 et dans le Pacifique centre-est; il peut donc exister dans cette dernière la même possibilité de développement d'une pêcherie semblable à celle du thon associée à celle du dauphin comme elle existe dans le Pacifique centre-est.

ELASMOBRANCHES

Les élasmobranches prédominent dans la faune vivant dans les eaux côtières peu profondes et boueuses du plateau continental de la zone 31. La COPACO (1980) estime que 54% de la biomasse se trouvant dans les eaux de moins de 55 m de profondeur au large de la côte atlantique des Etats-Unis sont constitués de requins et de raies. Lowe-McConnel (1962) indique également qu'ils prédominent dans les eaux peu profondes au large des côtes guyanaises. Les captures courantes totalisent environ 20 000 tonnes. Le Mexique et Cuba sont les seuls pays ayant des pêcheries sélectives mais les captures effectives peuvent être très supérieures à celles données par l'Annuaire de la FAO, du fait de la pêche sportive et des rejets à la mer. La production potentielle totale a été estimée à environ 45 000 tonnes (COPACO, 1980) mais on ignore dans quelle mesure les prises réelles s'approchent de ce chiffre.

RESSOURCES EN INVERTEBRES

CRUSTACES

La crevette représente la pêcherie la plus importante dans la région sur le plan économique. Les chalutiers en provenance des Etats-Unis mais aussi du Mexique, du Venezuela, de Surinam et de Guyane, capturent au moins 6 espèces de crevettes sur les fonds meubles du plateau continental. Les prises ont dépassé 170 000 tonnes en 1981 et ont été apparemment assez stables au cours des 6 ou 7 dernières années. Cette pêcherie est également à noter pour la grande quantité de poissons qui est rejetée à la mer, environ 1,5 million de tonnes de poissons démersaux chaque année. Quelques espèces sont également prises parmi lesquelles le crabe bleu Callinectes sapidus sur le littoral atlantique des Etats-Unis et de nombreuses espèces de langoustes dans les zones de récifs.

MOLLUSQUES

On prend chaque année entre 150 et 200 000 tonnes de mollusques dans les eaux de la zone 31. La plus grande partie se trouve sous forme de bivalves, en particulier l'huître Crassostrea virginica qui est récoltée dans les eaux atlantiques des Etats-Unis. Un certain nombre d'autres espèces sont pêchées dans les récifs sur toute la zone, souvent à la main. Elles ne représentent que quelques milliers de tonnes par an mais ont néanmoins une importance économique pour les îles.

CEPHALOPODES

La quantité de céphalopodes capturés est petite: moins de 10 000 tonnes chaque année. Elle consiste essentiellement en encornets Sepisspp. et en poulpes. Il n'existe apparemment pas d'études d'estimations sur l'importance potemntielle des ressources pour l'encornet mais si l'on tient compte de la localisation des endroits où se nourrissent les grands cachlots dans la zone ainsi que du nombre d'espèces de mammifères en partie ou totalement teuthophages, ce potetntiel peut être énorme. Voss (1973) affirme: “il y a peu de doutes que de vastes stocks potentiels de poulpes et d'encornets existent dans la mer des Caraïbes et les régions adjacentes, mais on ne dispose pas de documentation. Gulland (1971) a estimé que ce potentiel dépasse 100 000 tonnes pour attenindre 0,5 à 1 million de tonnes mais probablement moins de 2 millions de tonnes”.

LES PECHERIES DE LA ZONE 31

Les Etats-Unis sont le pays qui pêche la plus grande quantité dans cette zone, avec un total de débarquements enregistrés de 1,26 million de tonnes en 1981 (soit 66% de l'ensemble des débarquements de la zone). Comme on l'a noté, ses prises de menhaden dominent les statistiques de poissons débarqués. La pêcheries de menhaden est pratiquée à l'aide de senneurs et malgré son importance (environ 800 000 tonnes par an), il y a apparemment peu de conflicts avec les mammifères marins, ceci étant dû probablement au fait que les mammifères ichtyophages ne semblent pas très nombreux dans cette sone, les espèces du genre Stenella de même que Delphinus delphis et Tursiops truncatus étant peutêtre les seuls qui puissent faire l'object d'une capture accessoire dans cette pêcherie.

Les Etats-Unis prennent aussi de grandes quantités de crevettes avec des chalutiers, ce qui, à nouveau, ne semble pas affecter les mammifères marins de quelque façon que ce soit, à moins que la prise accessoire de poissons démersaux ne touche les habitudes alimentaires de Tursiops truncatus qui est pratiquement ls seule espèce de mammifère qui soit un gros prédateur pour ce groupe organique. La COPACO (1980) signale qu'il y a déjà des signes de surexploitation des poissons démersaux dans la partie nord du golfe du Mexique. De la même manière, les pêcheries d'huîres et de crabes n'ont pas d'effects sur les mammifères marins.

L'une des rares interactions avec les mammifères marins signalée dans cette zone vient des pêcheries à petite échelle de Floride. On y prend de nombreuses espèces à l'aide de lignes et d'hameçons et aussi de filets maillants dans les criques et les chenaux autour de la côte. La pêche sportive est égalemènt très importante sur le plan économique. Leatherwood (1979) rapporte quelques conflits entre pêcheurs sportifs et Tursiops truncatus, mammifère peu nombreux que l'on trouve régulièrement dans la zone côière de toute la région. On pense également que le lamentin Tricneomis manatus est menacé d'être tué accidentellement dans ces mêmes eaux par les pêcheurs, entre autres, et par les hélices des petites embaractions.

Le Mexique vient en seconde position pour ses activitiés de pêche dans la zone 31. Ses débarquements en 1981 ont avisiné 270 000 tonnes, soit 14% de l'ensemble. Les prises mexicaines sont réparties de façon assez inégale entre un grand nombre d'espèces. Les mulets, en provenance de pêcheries côtières et de très petite taille, constituent le plus gros groupe et comptent pour plus de 10 000 tonnes. Les mérous, les vivaneaux, les slipmouths, les requins et les raies sont également importants. La plupart des pêcheries mexicaines dans le golfe du Mexique sont de caractère artisanal. De ce fait on pourrait s'attendre à quelques conflicts entre les pêcheurs et au moins une espèce, le Tursiops truncatus, qui est relativement courant le long des zones côtières du golfe du Mexique. Aucun conflit de la sorte n'est apparu jusqu'à présent.

Le Venezuela a débarqué 167 000 tonnes en 1981, soit environ 9% de l'ensemble de la zone. La pêcherie de sardines à la senne en a fourni 27 000. Aucun conflit dans cette pêcherie n'est encore apparu. Des palangries prennent également du thon et des poissons du même genre. La plus grande partie restante est prise par des pêcheries artisanales le long de la côte, consistant en mulets, scianidés, mérous, grondeurs, requins et différents poissons du plateau continental. Caldwell et Caldwell (1971) signalent que les sennes de plage qui sont placées le long de la côte et sur les îles du large capturent accessoirement des mammifères marins qui, comme on pourrait s'y attendre, sont essentiellement des Tursiops bien que Soltalia fluviatilis soit également pris dans des filets maillants à l'embouchure de certaines rivières.

La plupart des autres pays riverains de la région ne font que de petites prises. Celles du Cuba et de la Guyane représentent environ 3% et 1,5% du total des prises de la région et le reste se partage entre pius de 40 autres pays. Bien que certains d'entre eux aient développé leur inductrie de la pêche, comme Cuba, les petites pêcheries prédominent encore dans toute la région. Elles utilisent de nombreuses méthodes; on emploie les casiers essentiellement sur les récifs, les lignes et les hameçons dans les parties du plateau continental à fonds durs. Les sennes de plage et autres filets sont bien sûr utilisés sur les fonds meubles. On a signale très peu d'interactions avec les mammifèeres marins, probablement du fait de la sous-exploitation de la zone ainsi que des engins de pêche utilisés. Gulland (1983) estime que c'est la zone la moins fortement pêchée du monde après le pacifique sud-ouest, bien que certains endroits soient surexploités localement.

RESUME DES INTERACTIONS ENTRE MAMMIFERES MARINS ET PECHERIES DANS LA ZONE 31

Interactions opérationnelles

On a signalé très peu d'interactions entre les pêcheries et les mammifères marins dans cette zone. Les signalements se limitent à 4 espèces, toutes d'eau douce ou côtières et à quelques autres pouvant représenter des sources de conflits à l'avenir.

  1. Tursiops truncctus, décrit par Shane (1980) comme étant l'une des 3 espèces les plus communes dans le golfe du Mexique, est évidemment impliqué dans des conflits avec les engins de pêche dans toute la zone.

  2. Inia semblerait également sujet à des prises accidentelles dans la région, bien que les signalements soient rares. On rapporte aussi qu'il aide les pêcheurs dans l'Amazone (Lamb, 1954) et il se peut qu'il fasse la même chose au Venezuela ou en Colombie.

  3. Sotalia peut aussi se faire capturer occasionnellement dans des filets maillants.

  4. Le lamentin est gravement surexploité et continue de souffrir dans toute la région de noyades accidentelles dans les filets et de collisions avec les bateaux (FAO, 1978).

On n'a pas signalé d'autres cas d'interaction. Toutefois, il existe au moins deux cas où il pourrait y en avoir. L'un est le développement de la pêcherie au thon, qui d'après Caldwell et Caldwell (1971) pourrait mettre au point des moyens de pêche qui capturent à la fois les thons et les dauphins comme dans le Pacifique centre-est. Ils estiment que cela pourrait compléter utilement le régime alimentaire des habitants des îles qui manquent de protéines dans les Caraîbes et dont certains sont déjà habitutués à manger de la viande de dauphin. Les espèces concernées seraient du genre Stenella et peutêtre Delphinus delphis.

Une seconde interaction potentielle pourrait être possible du fait de la présence signallée de nombreuses otaries de Califorine à l'état sauvage sur la côte atlantique des Etats-Unis (Caldwell et al., 1971). Une colonie reproductrice de ces animaux pourrait causer un problème aux pêcheries de la zone, en particulier aux pêcheries sportives de Floride et des eaux voisines, comme cela se produit dans les eaux californiennes (voir la zone 77). On n'a pas signalé de reproduction jusqu'à maintenant.

Interactions biologiques

Etant donné l'état généralement sous-exploité des ressources marines de la zone, il semblerait qu'il y ait peu de chances pour qu'une compétition d'une quelconque importance pour la nouriture puisse se développer entre les pêcheries et les mammifères marins. Ceci d'autant plus que la biomasse de mammifères marins est apparemment assez basse comme dans la plupart des zones chaudes du monde. La majeure partie des espèces présentes dans cette zone ne semble pas non plus s'y nourrir (baleines) ou ne se nourrit essentiellement que d'encornets qui sont une ressource largement sous-exploitée par les pêcheries de la région. Les espèces qui sont en partie ou totalement ichtyophages, comme D. delphis; l'espèce Stenella et quelques autres tendent à être océaniques et viennent donc rarement en contact avec les petites pêcheries. Seules les espèces coôtières n'ont pas été impliquées dans des interactions jusqu'ici.

Si l'une quelconque des importantes ressources d'encornets venait à être exploitée à grande échelle, il faudrait considérer comme plus probable qu'aujourd'hui, la possibilité d'interactions avec les mammifères marins.

3.5 ZONE 34: ATLANTIQUE CENTRE-EST

MAMMIFERES MARINS DE LA ZONE 34

Eubalaena glacialis Baleine de Biscaye

Tomilin (1967) singnale la baleine de Biscaye sur la côte nord-ouest de l'Afrique, à Madère et aux Açores. C'est la limite sud de la population de l'Atlantique nord qui, actuellement, ne dépasse probablement pas quelques centaines d'animaux. On ne dispose pas d'informations sur ses habitudes alimentaires dans cette région.

Balaenoptera physalus Rorqual commun

D'après Jonsgaard (1966a), on trouve cette espèce jusqu'à 20°N au sud, au large de la côte africaine. On ignore combien d'animaux effectuent des migrations au sein de cette région mais l'ensemble des stocks de l'Atlantique nord peut se chiffrer à plus de 12 000.

Balaenoptera musculus Baleine bleue

Jonsgaard (1966a) rapporte que la baleine bleue a été vue au sud jusqu'au Cap Vert. On manque d'informations sur le nombre d'entre elles migrant vers cette région. Il est peu probable qu'elle s'y nourrisse.

Balaenoptera acutorostrata Petit rorqual

Il est établi que l'on trouve peu fréquemment les petits rorquals dans les régions tropicales. On ne dispose d'aucune information sur leur nombre dans cette région; il est peu probable qu'ils s'y nourrissent.

Balaenoptera borealis Rorqual de Rudolf

Jonsgaard (1966a) indique comme limite sud de l'aire de répartition du rorqual de Rudolf, le cap Blanc au large de la côte ouest de l'Afrique. On n'a pas d'indications sur sa population dans cette région; dans l'Atlantique nord, son importance ne dépasse peut-être pas quelques milliers mais est inconnue.

Balaenoptera edeni Baleine de Bryde

Ivashin (1980) décrit la répartition de cette espèce et indique qu'elle a été chassée au large du Maroc espagnol et de Dakar. Il n'existe d'estimations de population ni pour ce secteur ni pour ailleurs. On sait qu'elle se nourrit sous les tropiques et que son régime alimentaire consiste en pilchards et en anchois dans d'autres zones, ainsi que, pour une grande part, de crustacés pélagiques (Best, 1967).

Megaptera novaeangliae Mégaptère

Tomilin (1967) indique que la route de migration du stock atlantique nord-est de mégaptères va de la mer de Barents jusqu'à l'Afrique nord-ouest et au Cap Vert. Ce stock a été sérieusement réduit et l'on ne pense pas qu'il se nourrisse dans les zones australes.

Mesoplodon densirostris Mésoplodon de Blainville

D'après Moore (1966) cette espèce résiderait au milieu de l'océan, dans la partie sud de l'Atlantique nord. On ne l'a que rarement signalée et l'importance de sa population est inconnue. Elle est probablement tout au plus de quelques dizaines de milliers. Tous les mésoplodons se nourrissent d'encornets.

Ziphius cavirostris Ziphius

Il existe peu d'informations sur cette espèce dans cette zone. On ignore l'importance de sa population mais on sait que sa nourriture se compose en général d'encornets.

Physeter macrocephalus Cachalot

Les cachalots ont fait l'objet d'une chasse extensive dans cette zone par le passé, comme le montrent les cartes de pêche à la baleine de Townsend (1935). L'existence de deux territoires de chasse l'hiver autour du 5° et du 15°N indique probablement des aires de nourriture du cachalot riches en encornets. On dispose actuellement de peu de données sur les cachalots dans cette zone. La population atlantique a été estimée à quelques dizaines de milliers d'animaux (22 000) suggérant, si l'on se réfère aux cartes de répartition de Townsend, qu'il y en aurait quelques milliers dans cette zone en hiver et beaucoup moins en été.

Kogia breviceps Cachalot pygmée

Il existe très peu d'informations sur cette espèce dans cette zone excepté quelques signalements en Afrique (Handley, 1966). Cadanet (1959) en indique deux non confirmés. On ignore l'importance de sa population. On pense que sa nourriture se compose, dans d'autres zones au moins, d'encornets, de crabes et de crevettes.

Steno bredanensis Sténo

On ne dispose pas d'estimations sur sa population et il existe très peu de données sur son régime alimentaire. D'après Hershkovitz (1966) on le trouve jusqu'au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Cadanet (1959) a examiné les contenus stomacaux de 3 individus de cette région; il a trouvé des céphalopodes dans les trois et quelques poissons qu'il n'a pas été possible de déterminer dans deux d'entre eux.

Sousa teuzil Sousa atlantique

D'après Hershkovitz (1966) on trouve cette espèce le long de la côte ouest de l'Afrique, du Sénégal au Cameroun, dans les embouchures de rivières et dans les eaux peu profondes. Cadanet (1956, 1957, 1959) signale de nombreux sousas sur les côtes du Sénégal et de la Côte d'Ivoire. Sept au moins ont été capturés dans des filets pour requins et un dans un filet pour la pêche aux sardinelles. Les estomacs de quatre animaux examinés par Cadanet (1959) contenaient l'espèce Ethmalosa dorsalis et dans trois d'entre eux il y avait également des restes de Mugil. Cadanet (1959) estime que malgré la rareté de cette espèce, elle est sans doute commune localement. Busnel (1973) décrit comment les pêcheurs de Mauritanie opèrent avec les sousas. Ils battent la surface de la mer quand des bancs de mulets remontent le long de la côte, de décembre à février. On raconte que les sousas encerclent alors les poissons jusqu'à la côte et les pêcheurs d'un côté et les dauphins de l'autre les capturent. C'est un des quelques examples d'interaction entre l'homme et les mammifères marins où chacun y trouve son avantage.

Peponocephala electra Péponocéphale

Il n'y a apparemment qu'un seul signalement de cette espèce dans la zone, celui de Goodwin (1945). De ce fait, on n'a d'informations ni sur l'importance de sa population ni sur ses habitudes alimentaires.

Feresa attenuata Orque pygmée

Caldwell et Caldwell (1971a) résument les informations existantes sur la répartition géographique de cette espèce à l'époque, à un seul signalement dans l'Atlantique tropicalest bien que Cadanet (1959) fasse état de deux signalements possibles au Sénégal et en Côte d'Ivoire. On n'a donc aucune information sur l'importance de sa population ou ses habitudes alimentaires dans cette zone. Au Japon, des sujets maintenus en captivité se sont nourris de poissons et d'encornets.

Pseudorca crassidens Faux orque

Il n'y a pas de signalements indiscutables de cette espèce dans cette zone mais Tomilin (1967), entre autres, en décrit la répartition de la mer du Nord jusqu'au Cap, en Afrique du Sud. D'après Tomilin, sa nourriture consiste principalement en encornets mais se compose aussi de quelques poissons.

Orcinus orca Orque

C'est une espèce cosmopolite plus commune à des latitudes plus hautes, sur laquelle on dispose de très peu d'informations dans la zone 34. D'après Bourne (1965, cité dans Mitchell, 1975) l'orque est tiré à vue sur la côte atlantique du Maroc où il passe pour effrayer le thon (Thynnus thynnus) sur les lieux de pêche. Cadanet (1959) en rapporte également la présence plus au sud. On ignore la dimension de sa population et son régime alimentaire dans cette zone.

Globicephala macrorhychus Globicéphale noir

Pour Mitchell (1975a) la Mauritanie et Madère constituent la limite nord de cette espèce. Cadanet (1959) en a examiné 2 spécimens plus au sud dont l'estomac contenait des restes de poissons et d'encornets pour l'un et seulement des restes d'encornets pour l'un et seulement des restes d'encornets pour l'autre. Il existe très peu ou pas d'informations sur le régime alimentaire ou l'abondance de cette espèce.

Tursiops truncatus Souffleur

Busnel (1973) signale cette espèce en Mauritanie et Cadanet (1957, 1959) l'indique également sur la côte ouest de l'Afrique. Dans la description qu'il donne de la coopération entre pêcheurs et dauphins, Busnel indique deux espèces de dauphins, l'une d'elles n'ayant pu être identifiée mais qui était probablement Tursiops truncatus. On sait qu'ailleurs le souffleur se nourrit de mulets (Mugil spp.); il semble donc que l'on puisse conclure à coup sûr que les mulets forment une part importante de la nourriture de Tursiops ici aussi puisqu'ils abondent dans cette région. Cadanet (1957) fait état d'une troupe de souffleurs ayant attaqué un chalut et qu'il a fallu effrayer avec des charges explosives pour les faire partir. Un autre a été signalé dans un filet dont la nature n'est pas précisée. On ne dispose pas d'indications sur son abondance dans la zone 34.

Grampus griseus Dauphin de Risso

Existe, d'après de nombreux auteurs, dans les eaux chaudes du monde entier. Comme pour les autres espèces vivant dans cette zone, on dispose de peu ou pas d'informations. On sait que le dauphin de Risso préfère les eaux plus profondes et se nourrit d'encornets. Il est peu commun en général.

Stenella longirostris Dauphin à long bec

Cadanet (1959) signale cette espèce au Sénégal et en Côte d'Ivoire. On rapporte que des dauphins se sont faits prendre dans des sennes à thon au large de la côte ouest de l'Afrique. Le rapport du Sous-comité sur les petits cétacés (CIB, 1982) cite par exemple Maigret qui indique que 7 capitaines de senneurs francais sont tombés en moyenne 12 fois par an sur des dauphins et en ont tué 14 à chaque fois. Par extrapolation Maigret estime que 3 300 dauphins sont tués ainsi chaque année. On n'a pas de précisions sur les espèces concernées mais par analogie avec d'autres zones, il est probable qu'il s'agisse surtout de l'espèce Stenella. Bien qu'on n'ait pas de données pour cette zone, on pense que le dauphin à long bec mange des poissons mésopélagiques et des encornets méso et épipélagiques. On ne dispose pas non plus d'estimations relatives à sa population pour cette zone, bien que, par analogie avec le Pacifique tropical oriental, une population de plus d'un million d'animaux ne paraitrait pas déraisonnable.

Stenella coeruleoalba Dauphin blue et blanc

On dispose de peu d'informations sur cette espèce. Bien qu'elle puisse être impliquée dans la pêcherie au thon à la senne comme on l'a décrït pour S. longirostris, les principales espèces impliquées dans cette pêche dans d'autres régions sont le dauphin à long bec et le dauphin tâcheté.

Stenella spp. Dauphins tachetés

La taxonomie de ces espèces reste confuse. Quatre espèces au moins sont couramment acceptées dans l'Atlantique. Les commentaires qui ont été qui donnés pour l'espèce Stenella longirostris concernant les captures accidentelles de dauphins dans les filets à thon s'appliquent presque certainement aux dauphins tachetés car ce sont ces derniers qui sont principalement concernés dans la pêcherie du thon du Pacifique tropical oriental. Par analogie avec le Pacifique tropical oriental, une population de l'ordre d'un million d'animaux ne semblerait pas un chiffre déraisonnable dans cette zone. Selon Mitchell (1975) comme les dauphins tachetés sont impliqués dans la pêcherie du thon dans l'Atlantique tropical oriental, on devrait donner une très grande priorité à la solution des problèmes taxonomiques dans cette zone.

Stenella clymene Dauphin clymène

Il existe très peu d'informations sur cette espèce qui n'est pas commune et que l'on n'a acceptée que récemment comme une espèce. Cadanet (1959) y fait néanmoins référence dans cette zone.

Delphinus delphis Dauphin commun

Cette espèce est l'une de celles que signale Cadanet (1957, 1959) sur la côte ouest de l'Afrique. On n'a aucune indication sur l'importance de sa population mais le rapport du Sous-comité sur les petits cétacés (CIB, 1982, pp. 113–126) précise que les dauphins communs sont tués dans cette région au cours d'opérations de chalutage en surface pour les sardines et le maquereau. Un chalutier a capturé, dit-on, de 6 à 22 dauphins par coup de filet, la nuit, dans un secteur où 12 chalutiers étaient en train de pêcher. Cadanet (1957) mentionne la capture de cette espèce dans des sennes de plage sur la côte ouest de l'Afrique et où selon lui, cette pratique est courante. Cadanet (1959) mentionne qu'il a trouvé des sardinelles, des anchois, du mulet et des strongyluras dans les estomacs qu'il a examinés.

Phocoena phocoena Marsouin commun

C'est une autre espèce que Cadanet (1959) a trouvée dans cette région; Gaskin (1983) résume sommairement d'autres signalements de sa présence dans cette zone. Il existe toutefois peu d'informations récentes et il n'y en a aucune relative à l'importance de sa population. Cadanet (1959) mentionne qu'il a trouvé 3 Mugil dans l'estomac d'un spécimen et il fait référence à 3 animaux capturés dans des sennes de plage dans cette zone (1957).

Monachus monachus Phoque moine de Méditerranée

Cette espèce survit encore sous la forme de très petites populations discontinues sur la côte de Mauritanie et les iles Desertas. Les contenus stomacaux de spécimens de cette région indiquent un régime alimentaire qui se compose de chinchards, de sparidés et de raies. On pense que les deux populations comptent au total près de 100 animaux (Sergeant et al., 1978).

Trichechus senegalensis Lamentin du Sénégal

Husar (1978) donne une étude complète de cette espèce et indique qu'elle s'étend géographiquement du Sénégal à l'Angola, dans les estuaires et les régions côtières. Le lamentin passe pour préférer les estuaires peu profonds avec des herbiers. Il se nourrit de plantes vasculaires. On ne dispose pas d'estimations de sa population. Quoique l'espèce soit protégée sur la plus grande partie de son aire géographique, elle continue à être chassée illégalement. D'après Husar sa population est actuellement très réduite et il attribue ce fait non seulement à la chasse mais également aux captures accidentelles dans les filets à requins. D'après Sikes (1974) les nouvelles mailles monofil ont également contribué au déclin de cette espèce au Nigéria.

Dans l'ensemble, les informations dont on dispose sur les mammifères marins dans la zone 34 sont extrêmement pauvres. On connait très peu de choses sur la répartition géographique des mammifères marins au sein de cette zone et encore moins sur leur régime alimentaire. On pense qu'au moins 26 espèves vivent dans ces eaux pendant une partie de l'année au moins. Sept sont des espèces de baleines qui se nourrissent probablement peu sous ces latitudes et qui, de toute façon, sont essentiellement confinées à la partie nord de la zone 34 pour une durée limitée de l'année. La baleine de Bryde fait cependant exception, ayant une répartition géographique plus tropicale que les autres espèces; elle consomme peut-être une certaine quantité de petits poissons pélagiques vivant en bancs.

Parmi les 19 espèces restantes, on en connait au moins 6 qui se nourrissent principalement d'encornets. Parmi celles-ci, on ne connait que le cachalot qui vit en grand nombre dans cette zone. Quatre autres espèces ont été signalées si peu fréquemment dans le monde que leur régime alimentaire reste obscur; il s'agit du sténo, du péponocéphale, de l'orque pygmée et du globicéphale tropical. Parmi les 8 espèces de cétacés restantes, pour 4 d'entre elles, leur régime alimentaire dans cette région reste une énigme. On sait que l'orque effraie les thons au large du Maroc et peut donc s'en nourrir en partie. On peut présumer que le sousa atlantique et le souffleur se nourrissent en partie de mulets. Il est également possible, mais en aucun cas certain, que les dauphins communs se nourrissent de sardines et de maquereaux car ils sont capturés dans les chaluts de surface utilisés pour la pêche de ces poissons.

Les 4 dernières espèces de cétacés sont les 3 espèces de Stenella et le marsouin commun. On sait que les premières se nourrissent dans d'autres zones de bancs de petits poissons et d'encornets ainsi que de myctophidés. La dernière consomme des espèces variées parmi lesquelles des espèces commerciales comme les gadidés et les clupéidés; sa nourriture dans cette zone reste du domaine de la conjecture.

LES STOCKS DE POISSON DE LA ZONE 34

RESSOURCES HALIEUTIQUES DEMERSALES

La partie septentrionale de cette région, située dans la zone de l'upwelling est l'un des lieux de pêche les plus riches du monde, bien que les stocks démersaux soient un peu moins productifs que les stocks pélagiques (Belvèze et Bravo de Laguna, 1979). La partie méridionale tropicale est moins productive (Troadec et Garcia, 1979). Le total des prises démersales en 1981 était légèrement inférieur à un demi million de tonnes et la plupart des stocks, d'après les études de la COPACE, étaient totalement exploités. Au cours des années il y a eu de grands changements quant à la composition des espèces.

Il n'existe pas de signalements particuliers indiquant que l'une quelconque de ces espèces soit consommée par les mammifères marins dans cette zone, mais on pourrait s'attendre qu'au moins 3 espèces, le sousa, le souffleur et le marsouin puissent avoir des interactions avec les pêcheries étant donné qu'on les trouve dans les eaux côtières et qu'elles se nourrissent sans doute de poissons démersaux.

BALISTIDAE

Balistes spp. Baliste

Les prises se sont élevées de 10 000 tonnes en 1978 à 102 000 tonnes en 1981. Gulland (1983) dit de ce groupe de poissons que “leur peau dure et leurs grosses arêtes rendent leur commercialisation difficile; même pour la farine de poisson Balistesest sans intérêt”. On n'a pas signalé d'interactions entre ces espèces et les mammifères marins dans cette zone.

GADIDAE

Merluccius spp.

Il existe plusieurs stocks de ces espèces notamment de M. merluccius et M. senegalensis. Les captures ont dépassé 38 000 tonnes en 1981. Ces stocks sont particulièrement importants dans la partie nord de la zone et semblent être actuellement entièrement exploités. On ne connait pas d'interactions avec les mammifères marins.

Les autres espèces démersales comprennent quelques espèces de poissons plats (on en a pris environ 30 000 tonnes en 1981) et des sparidés, qui sont plus abondants dans la partie nord de la zone. Plus au sud, les principaux groupes trouvés sont les maigres, les grondeurs et les barbus, en particulier sur les fonds vaseux et également les dorades, les grondeurs, les vivaneaux, les mérous et les rougets sur les fonds plus durs. Dans la zone tropicale au large, c'est-à-dire dans les eaux de plus de 70 m de profondeur, les dorades, les donzelles et les maigres noirs sont abondants (FAO, 1981). On a signalé des pagres dans l'estomac d'un phoque moine mais il parait peu probable que cela représente une interaction significative entre le phoque moine et les pêcheries locales.

RESSOURCES HALIEUTIQUES PELAGIQUES

En 1981, les captures pélagiques avoisinaient 2 millions de tonnes. La majorité des stocks principaux sont exploités intensivement mais certains autres situés au sud pourraient produire de plus grandes quantités avec un effort de pêche intensifié. D'après Gulland (1983) les Balistes sont en train de devenir l'espèce dominante dans la communauté pélagique dans certains endroits. Il semble que cette région possède de nombreuses espèces comme les chinchards, les maquereaux et les sardinelles qui se trouvent près du fond, sur le bord du plateau continental et qui sont capturés par des chalutiers venant pour la plupart de pays étrangers.

CLUPEIDAE

Cette famille occupe une place importante dans les statistiques de captures avec de nombreuses espèces de Sardinella et avec le pilchard Sardina pilchardus. Les stocks de pilchard (sardine) sont probablement sous-exploités en général car les prises avoisinent 500 000 tonnes et leur potentiel est estimé à 800 000 tonnes (FAO, 1981a).

Toutefois le stock de Sardinella au large du Ghana et de la Côte d'Ivoire s'est effondré (Gulland, 1983) alors qu'ailleurs on pourrait encore obtenir des prises plus élevées (FAO, 1981 a). L'implication des mammifères marins avec ces stocks se limite à l'exemple cité plus haut où des dauphins communs(D. delphis) ont été capturés dans des chaluts de surface, sans doute en assez grand nombre. Toutefois, il est possible que d'autres interactions se soient produites mais n'aient pas été signalées jusqu'ici. Il semblerait naturel que les dauphins communs se nourrissent de pilchard ici comme ils le font en Méditerranée; les effets d'une prise importante de dauphins et d'un possible accroissement, à l'avenir, de l'effort de pêche sur les pilchards dans cette région ne peuvent rester que du domaine de la conjecture.

Il convient également de noter qu'il existe dans cette région un nombre inconnu de baleines de Bryde qui, en toute hypothèse, devraient se nourrir localement. On sait que cette espèce de baleine mange des pilchards dans d'autres régions et l'on ne peut donc exclure une interaction de ce genre dans cette zone.

ENGRAULIDAE

Près de 90 000 tonnes d'anchois d'espèces variées ont été prises dans cette région en 1981; les commentaires concernant la prédation de D. delphis et B. edeni sur les pilchards peuvent s'appliquer en partie également aux stocks d'anchois.

MUGILIDAE

Mugil spp.

Busnel (1973) fait état de deux espèces, M. cephalus et M. auratus lorsqu'il décrit les interactions entre Sousa et les pêcheurs de Mauritanie. Le mulet est une espèce essentiellement côtière et l'on peut penser qu'il est pêché artisanalement le long de la côte de cette région, étant donné que les senneurs, les chalutiers et les autres gros bateaux de pêche travaillent plus au large. Les captures avoisinent 20 000 tonnes par an et Sousa et Tursiops pourraient être des prédateurs pour cette espèce.

SCOMBRIDAE

Scomber japonious Maquereau espagnol

Cette espèce est en grande partie pêchée au chalut et est probablement surexploitée d'une manière générale (Gulland, 1983). Comme on l'a déjà noté, les dauphins communs sont capturés accessoirement et peuvent se nourrir de cette espèce. Le degré d'interaction reste actullement peu clair mais il est possible qu'un grand nombre de dauphins soient tués dans cette pêcherie.

Espèces de thon

De nombreuses espèces de thon sont pêchées dans cette zone et deux interactions ont déjà été mentionnées avec les mammifères marins. On estime que 3 300 dauphins d'espèces inconnues, mais probablement du genre Stenella, seraient capturés chaque année dans cette zone au cours d'opérations de pêche au thon à la senne (CIB, 1982). Bourne (1965, cité dans Mitchell, 1975) signale également que des pêcheurs au thon marocains ont tiré sur des orques, mais on ne dispose pas d'informations plus récentes sur ce conflit particulier.

AUTRES ESPECES

Les stocks de chinchards (Trachurus spp.) pourraient sans doute produire plus dans cette région s'ils étaient plus pêchés mais ils sont déjà presque pleinement exploités (Gulland, 1983) avec une prise de 360 000 tonnes en 1981. On n'a pas signalé de conflits avec les mammifères marins. D'autres stocks pélagiques importants contiennent de nombreuses espèces de Caranx.

RESSOURCES EN INVERTEBRES

CEPHALOPODES

D'après Voss (1973) la côte nord-ouest de l'Afrique possède l'une des pêcheries de céphalopodes les plus riches du monde. Gulland (1983) estime que les stocks de céphalopodes seraient maintenant surexploités dans cette zone. Les principales espèces capturées sont Sepia officinalis, Loligo vulgaris et Octopus vulgaris.

LES PECHERIES DE LA ZONE 34

Gulland (1983) donne un résumé des pêcheries de cette zone. Après une époque où les navires étrangers dominaient, les bateaux locaux ont commencé à prendre une plus grande part dans les prises à la fin des années 70. Il existe dans la partie nord de la zone d'importantes flottes locales qui pêchent la sardine à la senne coulissante et, à un degré moindre, prennent au chalut le merlu et d'autres espèces démersales variées. La côte mauritanienne comprend de grandes portions de désert où la densité de la population est très basse et où il n'existe presque aucune pêche locale. Plus au sud, le Sénégal possède une flottille traditionnelle importante qui utilise de petites sennes et des filets maillants pour les espèces pélagiques; il existe également une flottille plus petite de chalutiers et de senneurs modernes qui prennent des crevettes et autres espèces démersales, des thons et des sardinelles.

Encore plus au sud, la plupart des pays de l'Afrique de l'ouest ont des pêcheries artisanales bien développées qui utilisent en général des filets maillants, des lignes à main et différents types de sennes. Un certain nombre de ces pays, notamment la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Togo, possèdent des flottilles industrielles modernes de chalutiers et quelques senneurs.

Plusieurs flottes étrangères opèrent encore dans les eaux de la zone 34, en particulier au large de la côte ouest du Sahara. Des senneurs et des chalutiers sont utilisés pour prendre une grande variété de poissons comme le thon, la sardinelle, le maquereau, le chinchard, le merlu, la dorade et la crevette.

Les pêcheries artisanales sont importantes dans toute la région et bien qu'il n'y ait pas de statistiques concernant les prises accessoires, il semble probable que de nombreuses espèces comme Tursiops, Sousa, Trichechus et peut-être Delphinus et Phocoena soient capturées en nombre appréciable, en particulier dans les filets maillants.

RESUME DES INTERACTIONS ENTRE MAMMIFERES MARINS ET PECHERIES DANS LA ZONE 34

Les informations dont on dispose sur ce sujet sont très peu abondantes; seules quelques interactions ont été signalées. Les interactions opérationnelles sont presque certainement plus répandues que ne le suggèrent les informations disponibles.

Interactions opérationnelles

  1. Des captures accessoires ont été signalées dans 3 cas. On sait que les chaluts pélagiques prennent sans doute en grand nombre les dauphins communs; il en est de même pour les sennes de plage. On a signalé également le cas de Phocoena, Tursiops et Sousa dans des filets maillants et dans des sennes de plage; on sait que les lamentins se font prendre dans les filets maillants sur toute leur aire de répartition et que quelques espèces non précisées, probablement Stenella, sont capturées dans des opérations de pêche au thon à la senne et ici encore sans doute en grand nombre.

  2. Les sousas atlantiques et probablement les souffleurs sont connus pour coopérer avec les pêcheurs en rassemblant les bancs de mulets au large de la côte mauritanienne.

  3. On a signalé que des orques ont été tirés à vue au large du Maroc où ils passent pour effrayer les bancs de thons en leur faisant fuir les zones de pêche. On a également rapporté que Tursiops harcèle les chalutiers.

Interactions biologiques

Aucune interaction biologique n'a été signalée mais on présume que de nombreuses espèces de mammifères marins mangent des poissons d'espèces commerciales.

On peut supposer que les baleines de Bryde et les dauphins communs se nourrissent de bancs de certaines espèces commerciales telles que les sardinelles, les pilchards, les anchois et peut-être les maquereaux et les chinchards. Parmi ces espèces, seule la sardinelle est surexploitèe par les pêcheries commerciales mais les implications de ce type d'interactions ne sont pas claires.

Il se peut qu'il existe d'autres interactions biologiques avec les 6 espèces de mammifères marins qui se nourrissent d'encornets, d'après ce que l'on sait. Les céphalopodes de la zone sont pêchés intensivement et peut-être surexploités. Dans quelle mesure la pêcherie commerciale fait concurrence aux mammifères marins en tant que proie, on l'ignore. A nouveau, les implications d'une telle interaction sont peu claires.

3.6 ZONE 37: MER MEDITERRANEE ET MER NOIRE

MAMMIFERES MARINS DE LA ZONE 37

Eubalaena glacialis Baleine de Biscaye

Tomilin (1967) affirme que l'on trouve cette baleine en Méditerranée mais ses apparitions y sont probablement très rares et seulement quelques centaines d'individus survivraient de la population de l'Atlantique nord (Berzin et Vladimirov, 1981).

Balaenoptera physalus Rorqual commun

D'après Tomilin (1967) on trouve également cette espèce en Méditerranée où quelques individus migrent en hiver. On ne possède pas d'estimations sur leur nombre mais Viale (1981) indique qu'il devrait être d'au moins quelques centaines. Des captures accidentelles de cette espèce ont également été signalées en Méditerranée occidentale (Duguy et al., 1983).

Balaenoptera acutorostrata Petit rorqual

Hershkovitz (1966) indique la présence de cette espèce en Méditerranée et en mer Noire et Di Natale (1983a) signale la capture accidentelle de 4 animaux dans des filets dérivants de surface entre 1978 et 1982. On ne dispose pas d'informations sur l'importance de sa population, ni de données sur ses habitudes alimentaires pour cette zone.

Mesoplodon bidens Mésoplodon de Sowerby

Cette espèce a été signalée en Méditerranée (Hershkovitz, 1966) mais elle est apparemment rare dans cette région.

Ziphius cavirostris Ziphius

C'est une espèce relativement peu commune; Duguy et al. (1983) ont relevé la capture de 14 individus au total entre 1972 et 1982, à savoir 11 dans les eaux françaises et 3 dans les eaux espagnoles; 14 ont été tirés et 1 harponné. Préférant les eaux profondes cette espèce se nourrit d'encornets; on ignore l'importance de sa population en Méditerranée.

Hyperoodon ampullatus Hyperoodon boréal

Tomilin (1967) a enregistré sa présence en Méditerranée quoiqu'elle n'ait pas été prise dans des filets de pêche ou qu'elle se soit échouée ces dernières années; cette espèce préfère les eaux profondes et se nourrit surtout d'encornets.

Physeter macrocephalus Cachalot

Di Natale et Mangano (1983) donnent des détails sur 448 animaux signalés en Méditerranée centrale entre 1978 et 1982. Parmi ceux-ci, 20 spécimens ont été capturés dans des filets dérivants, 3 dans des chaluts, 1 dans un filet maillant et un par une palangre dérivante. Ils en concluent que l'activité de l'homme peut avoir une certaine importance sur la mortalité des cachalots dans les mers baignant l'Italie. Viale (1981) estime que les cachalots sont maintenant beaucoup plus rares en Méditerranée occidentale que par le passé mais on ne dispose d'aucune évaluation de leur population.

Steno bredanensis Sténo

C'est une autre espèce apparemment rare qui n'a été signalée récemment ni dans les filets ni par échouage bien que pour Mitchell (1975) il semble qu'elle soit présente “en petit nombre”. Etant donné qu'elle préfère les eaux profondes, on dispose de peu de données sur ses habitudes alimentaires.

Pseudorca crassidens Faux orque

Aucun signalement récent de la prise de cette espèce dans des filets; elle semble peu commune dans cette région. Le faux orque préfère les eaux profondes mais on le trouve aussi près de la côte, du moins dans d'autres régions où il se nourrit d'encornets et de poissons, notamment d'espèces commerciales (carangidés).

Orcinus orca Orque

Autre espèce peu commune; Duguy et al. (1983) signalent une seule capture à leur connaissance, en Italie, pendant la période 1978–1982. On ne dispose d'aucune information relative à l'importance de sa population que l'on croit de petite taille. L'orque se nourrit d'une grande variété d'espèces comportant toujours de nombreuses espèces commerciales.

Globicephala melaena Globicéphale noir

De nombreux individus se sont faits prendre dans des engins de pêche et autres. Duguy et al. (1983) rapportent le cas de 26 d'entre eux en Méditerranée occidentale entre 1978 et 1982, dont au moins 3 ont été capturés dans des filets à thon. On ignore l'importance de sa population dans cette région. Son régime alimentaire, bien que non précisé, consiste probablement en grande partie d'encornets.

Lagenorhynchus acutus Lagénorhynque à flancs blancs

C'est une espèce qui n'est apparemment pas commune et dont on n'a pas signalé de captures accidentelles récemment. D'après Marcuzzi et Pilleri (1971) ce dauphin a été vu en Adriatique mais Leatherwood et Reeves (1983) ne pensent pas que sa présence géographique au sud s'étende au-delà des îles britanniques. Son régime alimentataire et l'importance de sa population dans cette zone sont inconnus.

Tursiops truncatus Souffleur

C'est l'une des espèces capturées le plus fréquemment dans les filets de pêche. Elle a aussi donné lieu à une pêcherie des animaux vivant en Adriatique (Mitchell, 1975) et à une pêcherie sélective en mer Noire qui a été arrêtée en 1983. La population de la mer Noire en a sans doute beaucoup souffert (Smith, 1976); il n'existe pas d'estimations relatives à la taille de la population actuelle, mais les captures de ces dernières années ont probablement été de l'ordre de dizaines de milliers étant donné que depuis 1967 on a pris chaque année entre 56 000 et 222 000 animaux de 3 espèces différentes (CIB, 1983: rapport du Sous-comité sur les petits cétacés). En Méditerranée occidentale Duguy et Hussenot (1982) singnalent 3 souffleurs qui ont été capturés dans des chaluts et Duguy et al. (1983) raportent de nombreuses autres captures accidentelles. C'est une des espèces les plus communes de la région mais on ne dispose pas d'estimations sur sa population. En mer Noire, elle se nourrirait de mulets et de harengs ainsi que de nombreuses espèces commerciales (Tomilin, 1967). Tomilin cite également des déclarations de la police indiquant que cette espèce cause fréquemment des dommages à la pêcherie d'esturgeons existant dans le Danube, en poursuivant les espèces dont elle se nourrit et qu'elle a aussi endommagé des filets et leurs prises en Méditerranée, en particulier les espèces Smarus Vulgaris et S. alcedo.

Grampus griseus Dauphin de Risso

Cette espèce n'est pas commune dans toute son aire de répartition; néanmoins Duguy et al. (1983) rapportent 11 captures accidentelles en 4 ans en Méditerranée occidentale dans de nombreux filets de différents types. Le dauphin de Risso se nourrit surtout de céphalopodes.

Stenella coeruleoalba Dauphin bleu et blanc

C'est l'une des espèces les plus souvents capturées dans cette région; Duguy et al. (1983) signalent 23 individus au total dans des filets divers. Collet (1983) estime que 100 à 200 petits cétacés environ, en particulier cette espèce et le dauphin commun, sont pris chaque année dans les filets des eaux méditerranéennes françaises, soit volontairement (en tant que source alimentaire, pour leur faire peur, ou pour les écarter des lignes de pêche au thon à la cuiller), soit accidentellement. D'après Di Natale (1983) cette espèce est très commune en Méditerranée centrale où elle préfère les eaux du large. Il indique également qu'on la capture dans les sennes à thon dans la mer Ligure mais sans que cela s'accompagne nécessairement d'une forte mortalité. Elle se nourrirait surtout de sardines et d'anchois (Di Natale, 1983).

Delphinus delphis Dauphin commun

C'est une autre espèce fréquemment prise (voir les commentaires concernant l'espèce précédente) et c'est aussi l'une des 3 qui ont été capturées récemment en mer Noire. Il n'existe pas d'estimations récentes de sa population mis à part celle de Viale (1981) selon laquelle il y aurait environ 8 000 individus en mer occidentale; on pense que sa population a diminué, du moins en mer Noire. Duguy et al. (1983) signalent au total 8 captures accidentelles dans différents filets. On sait que le dauphin commun gêne les pêcheurs grecs (CIB, Sous-comité sur les petits cétacés, 1977). Tomilin (1967) relate que le dauphin passe aussi pour aider les pêcheurs à la sardine en Méditerranée; ceux-ci le suivent lorsqu'il chasse les poissons en surface. Tomilin poursuit en indiquant que la population de 500 000 animaux vivant en mer Noire détruit 2 500 tonnes de poisson par jour et que, sur la côte d'Anatolie où “la population totale des dauphins avoisine un million d'individus”, ceux-ci consomment 1 million de tonnes de poisson en 100 jours. On sait que cette espèce se nourrit surtout de sprats et d'anchois, de syngnathes pélagiques et aussi d'autres espèces variées parmi lesquelles les chinchards et les mulets (Tomilin, 1967).

Phocoena phocoena Marsouin commun

C'est la troisième espèce capturée dans la pêcherie de la mer Noire. Néanmoins on pense qu'elle n'est pas présente en Méditerranée occidentale (Gaskin, 1983). En mer Noire le marsouin mange des anchois, des prêtres et en particulier des gobies et de nombreuses autres espèces en plus petites quantités. On n'a pas d'informations récentes concernant les captures accidentelles de cette espèce dans la zone 37 ni sur sa situation en dehors de la mer Noire où l'on pense qu'elle est sérieusement en déclin après avoir été exploitée intensivement pendant des décennies (voir T. truncatus).

Monachus monachus phoque moine de Méditerranée

C'est le seul pinnipède trouvé dans cette région. Le nombre d'individus de cette espèce a fortement diminué et n'est sans doute maintenant que de 500 environ (Ronald et Healey, 1976). Sergeant et al. (1978) indiquent que sa population est menacée par l'activité de l'homme et, entre autres, par les pêcheurs qui, dans certaines zones, assomment les phoques et les tuent parce qu'ils endommagent leurs filets. Ils signalent aussi que l'on connait des cas de captures accidentelles dans des filets à thon, dans des trémails, sur des hameçons appâtés et peut-être dans des chaluts. On sait que le phoque moine se nourrit d'un grand nombre d'espèces de poissons, notamment de Mullus surmuletus, Mugil cephalus, Boops boops, Dentex sp. et de poulpes.

Parmi les 18 espèces de mammifères marins résidant, pense-t-on en Méditerranée, on en connait 6 qui se nourrissent soit exclusivement, soit en partie d'encornets. Le régime alimentaire des 3 espèces de baleines se trouvant dans ces eaux reste incertain et il se peut qu'elles ne se nourrissent pas du tout étant donné que les baleines, en général, ne mangent pas en hiver dans la partie sud de leur aire géographique. Il est possible que les petits rorquals ou les rorquals communs consomment certains poissons comme les sardines ou les sprats, mais cela devrait être de peu d'importance.

Parmi les 9 espèces restantes, 4 se nourrissent d'espèces inconnues; parmi celles-ci, on sait que l'orque, le faux orque et le lagénorhynque à flances blancs de l'Atlantique consomment des espèces commerciales ailleurs dans le monde. Les 5 autres espèces sont connues pour manger des espèces de poissons commerciales dans cette zone, à savoir: le marsouin commun, le souffleur, le dauphin commun, le dauphin bleu et blanc et le phoque moine. Leur nourriture se compose notamment de mulets, de rougets, de harengs, d'anchois, de sprats, de syngnathes, de prêtres, de gobies, de sardines, de chinchards, de bogues, de dentés et de poulpes.

LES STOCKS DE POISSON DE LA ZONE 37

RESSOURCES HALIEUTIQUES DEMERSALES

Le total des captures démersales avoisine 500 000 tonnes (FAO, 1981a). L'examen de l'état des ressources inchtyologiques mondiales (FAO, 1981a) établi à partir des études du Conseil général des pêches pour la Méditerranée (CGPM), estime que les stocks sont surexploités sur les côtes septentrionales et occidentales de la Méditerranée tandis qu'ils sont “modérément àpleinement exploités” sur les côtes africaines et asiatiques. Peu d'espèces commerciales sont impliquées dans des interactions avec les mammifères marins; Tursiops et Monachus sont probablement les seules espèces qui se nourrissent pour une grande part de poissons démersaux dans cette zone.

SPARIDAE

Boops boops Bogue

Le bogue est une des principales captures de la zone, en particulier en mer Egée et à l'extrémité ouest de la Méditerranée. C'est l'une des espèces dont se nourrit le phoque moine. On ignore l'état des stocks de bogue mais le faible nombre des phoques moines n'altère vraisemblablement pas de façon sérieuse leur condition. On a enregistré une prise de plus de 25 000 tonnes en 1981. Celle-ci est stable depuis de nombreuses années.

MULLIDAE

Mullus spp. Rougets

Ces espèces comptaient pour plus de 25 000 tonnes en 1981; les captures ont fluctué entre 20 000 et 25 000 tonnes depuis 1976. On ignore l'état des stocks mais on présume qu'il est stable. Les stocks démersaux de la Méditerranée occidentale sont en général fortement pêchés et souffrent de surexploitation mais les prises restent stables (CGPM, 1978). Les rougets sont mangés par D. delphis et M. monachus mais il est peu vraisemblable qu'ils constituent la majeure partie du régime alimentaire de l'une ou l'autre de ces espèces.

Autres espèces

En termes de tonnage, les seules autres espèces démersales ayant une place importante dans les statistiques de pêche sont Micromesistius poutassou, le poutassou, qui a donné un rendement de 9 à 19 000 tonnes entre 1976 et 1981, Merluccius merluccius, le merlu européen (28 000 tonnes en 1981) et les picarels (Maena spp. 13 000 tonnes). Aucune de ces espèces n'est signalée comme faisant partie de la nourriture des mammifères marins dans cette zone.

RESSOURCES HALIEUTIQUES PELAGIQUES

Les captures pélagiques en 1981 ont totalisé plus de 1 110 000 tonnes. D'après l'examen de l'état des ressources ichtyologiques mondiales de la FAO (FAO, 1981a), certains stocks sont déjà surexploités tandis que d'autres (comme l'anchois), pourraient être exploités plus intensivement. Il semble que dans cette zone les poissons pélagiques soient plus importants pour les mammifères marins que les poissons démersaux. D'après Tomilin (1967) le dauphin commun se nourrit principalement de poissons pélagiques loin des côtes, de même que Stenella coeruleoalba d'après Di Natale (1983).

CLUPEIDAE

Engraulis encrasicolus Anchois européen

Cette espèce alimente la pêcherie la plus grande et de loin, dans cette zone. On en a pêché près de 600 000 tonnes en 1981, pour une grande part en mer Noire. Les captures d'anchois de la Turquie sont passées de 80 000 tonnes en 1976 à 273 000 tonnes en 1981. L'examen de l'état des ressources ichtyologiques mondiales de la FAO (1981a) fait part de l'inquiétude qui a été exprimée au sujet de l'état de ce stock.

On sait que les 4 espèces de petits cétacés dont on a étudié les habitudes alimentaires mangent de l'anchois européen. D'après Tomilin (1967) celui-ci peut représenter 99% du régime alimentaire de D. delphis dans certains secteurs de la mer Noire au printemps. Il a également été signalé pour le Tursiops (Tomilin, 1967) quoique ne constituant pas la part principale de la nourriture de cette espèce. Par contre, P. phocoena, qui vit également en mer Noire, mange beaucoup d'anchois. Celui-ci constitue aussi la nourriture essentielle du dauphin pélagique Stenella coeruleoalba. On voit donc que l'anchois représente une ressource alimentaire importante pour au moins 3 espèces de petits cétacés. Au cours des dernières années, les dauphins communs avaient la réputation de consommer d'énormes quantités d'anchois dans la partie la plus orientale de cette zone (voir plus haut) mais la réduction présumée du nombre de ces dauphins en mer Noire doit avoir également diminué la quantité d'anchois et autres poissons consommés. Le haut niveau actuel d'exploitation des stocks d'anchois ajouté au fait que les populations sérieusement réduites de P. phocoena et de D. delphis ne sont plus exploitées depuis récemment en mer Noire, devrait rendre un conflit possible à l'avenir si le nombre des dauphins venait à augmenter. Un conflit pourrait également surgir en Méditerranée car les stocks d'anchois y sont également fortement exploités alors que les populations de petits cétacés n'y sont peut-être pas aussi sérieusement réduites qu'en mer Noire.

Sardina pilchardus Pilchard/sardine

Certains estiment que les stocks de cette espèce sont surexploités au large de la France et du Maroc (FAO, 1981a). Les prises atteignaient 233 000 tonnes en 1981. On sait que l'espèce pélagique Stenella coeruleoalba en mange, ainsi que d'après Tomilin (1967) D. delphis. Le fait que le pilchard soit concentré dans la partie la plus occidentale de la Méditerranée où le marsouin commun (P. phocoena) est apparemment absent, conduit à penser qu'il y a peu de chances d'une quelconque interaction importante au moins pour ces deux espèces.

Sprattus sprattus Sprat

Les sprats ont produit 100 000 tonnes en 1981 dans cette zone. Leur plus forte concentration se situe en mer Noire. On sait que le dauphin commun s'en nourrit et un grand nombre des observations faites à propos de l'anchois s'appliquent aussi à cette espèce.

MUGILIDAE

Mugil cephalus Muge cabot

On pense que cette espèce constitue la nourriture principale du souffleur, du moins en mer Noire (Tomilin, 1967) et on présume qu'elle est importante également ailleurs. Les captures totales dans la zone 37 n'étaient que de 3 000 tonnes en 1981, on ne peut donc la considérer comme une espèce commerciale importante. Les prises d'autres espèces de Mugil ont totalisé cependant près de 15 000 tonnes; on ignore leur importance dans le régime alimentaire des mammifères marins. On sait que Monachus monachus mange également du muge cabot.

CARANGIDAE

Trachurus spp. Chinchards

On sait que le dauphin commun mange des chinchards. Le total des captures a atteint 90 000 tonnes en 1981 (toutes espèces confondues) mais on a estimé que cette pêcherie pourrait être développée dans de nombreux endroits. Il n'est pas possible de prévoir les effets d'un tel développement sur une interaction quelconque avec les mammifères marins.

SCOMBRIDAE

Thons

Bien qu'elles ne soient en aucun cas une nourriture importante pour les mammifères marins, ces espèces ont une importance commerciale et on sait que leur capture affecte certaines espèces de mammifères marins (voir plus bas).

RESSOURCES EN INVERTEBRES

CEPHALOPODES

Les encornets et les poulpes sont relativement importants dans cette zone, avec un total de captures toutes espèces confondues, dépassant 50 000 tonnes en 1981. Les pêches sont pratiquées à l'aide de nombreux types d'engins, notamment avec des chaluts, des lignes de traine, des feux et des filets maillants, des trémails et d'autres sortes de filets et de pièges (Voss, 1973). Voss doute que le potentiel dépasse 100 000 tonnes dans cette région mais il y existe une biomasse considérable de cétacés (au moins 7 espèces) qui se nourrit entièrement ou en partie d'encornets.

Si de nombreuses espèces commerciales de poissons et de céphalopodes jouent un rôle important dans la nourriture de certains mammifères marins, il faut noter que c'est aussi le cas de nombreuses autres espèces non commerciales. Le marsouin commun passe pour se nourrir surtout de gobies en mer Noire, tandis que les syngnathes pélagiques constituent une part importante de l'ordinaire du dauphin commun. Il convient aussi de noter que l'on ne dispose d'aucune donnée sur les habitudes alimentaires d'au moins 5 espèces de mammifères marins dans la zone 37. Aucune de ces espèces ne serait présente en très grand nombre mais certaines passent pour consommer des espèces commerciales dans d'autres zones.

LES PECHERIES DE LA ZONE 37

Le chalutage à l'aide de bateaux allant jusqu'à 200 à 300 tonnes est très important dans la région à la fois pour les espèces démersales et les espèces pélagiques. Les sennes coulissantes et les filets tournants du même genre (filets encerclants, lamparos) sont également largement employés pour les petites espèces pélagiques (sardines, maquereaux, etc.) et pour le thon.

De nombreuses méthodes de pêche traditionnelles et artisanales sont conservées dans cette région. D'énormes pièges sont utilisés pour capturer le thon dans de nombreux endroits de la Méditerranée. On emploie les sennes de plage, en particulier dans la Méditerranée orientale, pour prendre les mulets, les bogues et d'autres poissons côtiers. On utilise également les filets maillants et les trémails pour capturer le poisson dans les eaux peu profondes, comme les sparidés et les serranidés et les filets dérivants pour les sardines et d'autres poissons pélagiques, notamment pour certains scombridés. De nombreux autres engins de pêche artisanaux sont aussi employés.

La capture accidentelle de mammifères marins a été signalée dans un grand nombre d'engins de pêche. Il convient de noter celle des petits rorquals dans les filets dérivants. Alors que Di Natale (1983a) ne signale pas que les espèces de poissons mentionnées y aient été pêchées, on serait enclin à émettre l'hypothèse que les petits rorquals pris de cette manière se nourrissent peut-être des mêmes espèces, probablement des sardines ou des anchois. Des cachalots ont aussi été pris dans des filets dérivants et dans des chaluts, dans des filets maillants et même sur une palangre dérivante. Des globicéphales ont été pris dans des filets pour la pêche au thon (le type n'est pas spécifié); des sennes à thon ont également capturé un certain nombre de Stenella coeruleoalba.

Il convient également de noter l'incidence de la chasse aux mammifères marins. La valeur totale des prises en Méditerranée est parmi les plus élvées des régions du monde, malgré un volume relativement bas (FAO, 1981a). Ceci est dû à la forte valeur marchande attribuée au poisson en Europe et en Méditerranée. Le grand nombre de pêcheries artisanales et la prédominance de petits bateaux, indiquent qu'il y a beaucoup de pêcheurs employés dans toute la région. Ces deux caractéristiques peuvent aider à expliquer le grand nombre de cétacés et les nombreux phoques moines qui sont chassés sinon tués par les pêcheurs qui sans doute les considèrent comme des concurrents sérieux pour des ressources relativement rares et chères. Duguy et Hussenot (1982) prétendent que plusieurs milliers de dauphins et plus particulièrement de Stenella coeruleoalba et de D. delphis sont tués ainsi chaque année par les pêcheurs francais.

RESUME DES INTERACTIONS ENTRE MAMMIFERES MARINS ET PECHERIES DANS LA ZONE 37

Dans une zone relativement petite, pêchée intensivement où le poisson atteint un prix assez élevé, il serait surprenant que les interactions entre mammifères marins ne constituent pas un trait dominant. Malgré cela, les informations dont on dispose sur le sujet sont par comparison peu abondantes. Les notes de Tomilin (1967) sur les mammifères marins en URSS contiennent beaucoup d'informations sur les habitudes alimentaires de nombreuses espèces dans cette région et donnet aussi des détails sur un certain nombre d'exemples datés (maintenant) d'interactions avec les pêcheurs.

Interactions opérationnelles

En ce qui concerne les captures accidentelles, avec autant de petites pêcheries opérant dans la région, il serait surprenant que celles-ci ne soient pas largement répandues; jusqu'à présent, il n'y a que quelques publications de Duguy, Di Natale et autres qui donnent des informations sur ce sujet. Il semblerait néanmoins que de nombreuses espèces présentes dans cette région fassent également l'objet de captures accidentelles.

  1. Le souffleur, le dauphin bleu et blanc et le dauphin commun sont les 3 espèces les plus fréquemment capturées lors d'opérations de pêche employant une variété d'engins.

  2. Les rorquals communs, les petits rorquals, les ziphius, les cachalots, les globicéphales et le dauphin de Risso sont également pris ou tués en petit nombre dans diverses opérations de pêche.

  3. On sait que les phoques moines endommagent les filets et gênent les pêcheurs.

Interactions biologiques

Les interactions de compétition sont encore moins claires mais il semblerait que certaines espèces de mammifères marins soient actuellement en diminution; c'est le cas notamment du dauphin commun, du marsouin et du souffleur en mer Noire. La reprise de ces stocks devrait mettre en question la possibilité d'un conflit futur avec les pêcheries d'anchois et d'autres pêcheries dans cette zone.


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