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comment remodeler les projets?

Suivi des effets des politiques. Il faut suivre les effets des politiques de manière à comprendre leurs répercussions sur les stratégies centrées sur des moyens de subsistance. À cet égard, la société civile et les bénéficiaires des projets devraient aussi jouer un rôle décisif dans le suivi des effets des politiques.

Les participants du Forum ont souligné qu'il n'était pas nécessaire d'attendre la création de nouveaux projets ou programmes pour commencer à appliquer des stratégies de subsistance durable. Les projets en cours ont beaucoup à gagner à appliquer ces principes.

QUELLE DIFFÉRENCE CELA AURAIT-IL FAIT SI LES PRINCIPES DE SUBSISTANCE DURABLE AVAIENT ÉTÉ APPLIQUÉS AU STADE DE LA FORMULATION?

Les groupes de travail sur le Mali, l'Éthiopie, la Mongolie et la Bolivie étaient d'accord pour reconnaître que les projets auraient eu avantage à ce que cette approche soit retenue dès le début. Dans l'étude de cas sur l'Éthiopie, les principes de subsistance durable auraient pu inciter les auteurs du projet à reconsidérer l'hypothèse fondamentale selon laquelle la dégradation des sols était la principale cause de l'insécurité alimentaire. La lecture de la situation que l'on aurait ainsi faite aurait abouti à un projet radicalement différent.

GROUPE D'ÉTUDE SUR L'ÉTHIOPIE

En relisant le projet éthiopien dans l'optique des moyens de subsistance durables, les participants en sont venus à:

  • mettre en question l'hypothèse de base selon laquelle la dégradation des sols était la cause principale de l'insécurité alimentaire;
  • envisager un nouveau diagnostic en faisant appel à l'extérieur. Cela aurait abouti à mettre le processus entre les mains des différents acteurs: les fonctionnaires du gouvernement, le personnel du projet, les comités de développement, les organisations partenaires et les membres de la communauté.

Les résultats attendus d'un nouveau diagnostic sont les suivants:

  • la connaissance des principales causes de l'insécurité alimentaire pour différents modes de subsistance à différents niveaux;
  • une meilleure compréhension de l'effet des politiques, des marchés, des droits de propriété, des pressions de la population, de la dégradation des sols, etc. sur la sécurité alimentaire;
  • une meilleure compréhension des priorités et des liens entre les causes;
  • la détermination de points d'intervention plus appropriés et une meilleure idée de l'enchaînement des étapes;
  • une appréciation des avantages comparés du PAM et de ceux des autres institutions partenaires.

Dans le cas du projet malien, le diagnostic holistique aurait reporté les priorités de développement de la communauté. On aurait ainsi évité des points d'intervention inadaptés, centré davantage le projet sur la pauvreté et favorisé la prise en mains du projet par la communauté. Toutefois, si le projet avait eu un champ d'action plus large, le risque était plus grand de voir les organisations d'exécution dans l'incapacité de faire face à un projet aussi complexe.

TABLEAU 4

Avantages et risques du diagnostic et de la conception selon les principes de la subsistance durable - Étude de cas du Mali

AVANTAGES

RISQUES

  • Projet mieux centré sur les priorités des bénéficiaires
  • Points et niveaux d'intervention plus appropriés
  • Souplesse accrue des activités du programme
  • Programmes davantage axés sur la pauvreté
  • Responsabilité accrue des parties
  • Les parties se sentent plus impliquées
  • Le projet devient trop complexe et impossible à manier
  • La qualité chute si le projet essaie d'intégrer trop d'éléments trop tôt
  • Les choses traînent et les résultats se font attendre
  • Une conception trop élaborée réduit la souplesse
  • Le projet suscite des attentes irréalistes
  • Les personnes craignant le changement ont des réactions négatives
  • Manque de capacité d'exécution et de suivi

Dans le cas de la Mongolie, le groupe d'étude a conclu que, même si le projet classique avait été plus rapide, moins cher, plus facile et plus acceptable aux yeux du gouvernement et des organismes de financement, ses inconvénients auraient dépassé ses avantages potentiels. L'approche axée sur des moyens de subsistance durables aurait été plus lente, plus chère et plus risquée, mais elle aurait produit un projet plus souple et plus ciblé, présentant plus d'intérêt pour les modes de subsistance des gardiens de troupeaux disposant de revenus médiocres ou moyens.

TABLEAU 5

Comparaison entre la conception classique d'un projet et un projet axé sur des moyens de subsistance durables

AVANTAGES DE LA CONCEPTION CLASSIQUE DU PROJET

INCONVÉNIENTS DE LA CONCEPTION CLASSIQUE DU PROJET

  • Plus rapide, moins cher, plus prévisible
  • Plus facile à mettre en œuvre pour les donateurs et les gouvernements
  • Moins de risque d'échec
  • Plus facile à faire approuver et inscrire au budget
  • Plus acceptable pour les gouvernements bénéficiaires puisqu'il peut être conçu par des experts en élevage classiques
  • Plus rigide
  • Moins de chances d'être durable
  • L'accent est mis trop tôt sur un secteur
  • Les interventions peuvent être moins appropriées
  • Favorise moins le partenariat
  • Dirigé par l'offre
  • Prise de décisions moins éclairée
  • Moins de chances d'atteindre les pauvres
  • Ne prévoit rien en cas de choc pour les moyens de subsistance
  • Création moins facile de liens micro-macro
  • Recense les besoins, non les possibilités
  • Les bonnes pratiques de développement ne sont pas forcément institutionnalisées
  • Ne relie pas différents types de capital
  • N'entraîne pas un développement des capacités

AVANTAGES DU PROJET AXÉ SUR DES MOYENS DESUBSISTANCE DURABLES

INCONVÉNIENTS DU PROJET AXÉ SUR DES MOYENS DE SUBSISTANCE DURABLES

  • Projet de processus capable de répondre aux besoins des pauvres
  • Peut-être plus durable
  • Longévité accrue du projet possible
  • Institutionnalisation de la gestion des risques
  • Interventions commandées par la communauté
  • Favorise le partenariat
  • Répond à une demande et la négocie
  • Prise de décisions plus éclairée
  • Meilleures chances d'atteindre les pauvres
  • Prévoit des mesures de survie en cas de crise
  • Facilite l'établissement de liens macro-micro
  • Recense les possibilités
  • Institutionnalise les bonnes pratiques de développement
  • Relie différents types de capital
  • Nécessite le développement des capacités
  • Plus lent
  • Plus cher
  • Moins prévisible
  • Moins facile pour les donateurs et les gouvernements
  • Plus de risques d'échec
  • Moins facile à faire approuver et inscrire au budget
  • Peut être moins acceptable pour le gouvernement bénéficiaire

SI L'APPROCHE CENTRÉE SUR DES MOYENS DESUBSISTANCE DURABLES AVAIT ÉTÉ RETENUE AU MOMENT DE L'APPLICATION, QU'EST-CE QUI AURAIT CHANGÉ?

Le groupe d'étude du Mali est arrivé à la conclusion qu'un remodelage du projet selon une démarche centrée sur des moyens de subsistance durables aurait recentré le projet sur une réduction de la vulnérabilité des paysans face à une mauvaise récolte due à la sécheresse. Une connaissance affinée de la composition socio-économique de la communauté aurait accru les chances d'atteindre les femmes et les pauvres. Les échanges que les paysans auraient pu avoir avec la direction du projet auraient accéléré le processus d'apprentissage commun et d'adaptation. Si la nécessité d'une stratégie de sortie avait été envisagée dès le départ, les auteurs auraient privilégié la constitution d'organisations villageoises solides capables de fonctionner de façon autonome une fois le projet terminé.

TABLEAU 6

L'approche axée sur des moyens de subsistance durables améliore-t-elle la conception d'un projet? - Étude de cas au Mali

POSSIBILITÉS DE REMODELAGE

OBSTACLES AU REMODELAGE

  • Les méthodes participatives permettent d'obtenir le point de vue de la population
  • Le système de suivi et d'évaluation est instructif pour la direction et la planification qui peuvent alors se concentrer davantage sur les capacités, les comportements et les institutions
  • L'analyse des rapports hommes-femmes de genre et de la dynamique interne des ménages empêche que les femmes et les jeunes soient laissés pour compte
  • Les facteurs de vulnérabilité, particulièrement les risques, peuvent être évalués et traités
  • La mise au point participative de technologies peut augmenter les choix possibles
  • D'autres activités économiques peuvent être ajoutées: activités non agricoles, exploitation forestière, migration, transformation, stockage, commercialisation
  • Les politiques et institutions de plus haut niveau peuvent être abordées
  • Des évaluations de la gestion de la fertilité des sols et des questions de propriété de la terre peuvent être effectuées
  • Les mécanismes de passation de marchés peuvent être modifiés pour les rendre plus opportuns et faire participer les gens aux décisions
  • Les réponses et les ajustements des gens aux (nombreux) chocs peuvent être évalués pour mieux comprendre les stratégies d'adaptation et de lutte contre l'adversité
  • Des mécanismes d'échange(par exemple ateliers) peuvent être introduits pour améliorer la réceptivité de la direction du projet aux préférences des gens et à l'évolution des circonstances
  • Petite unité de gestion avec plus de partenaires d'organisations et la possibilité de sous-traiter à l'extérieur
  • La plupart des fonctions de direction peuvent être déléguées aux associations et groupes villageois en augmentant la codirection
  • Capacité limitée des dirigeants et des prestataires de services - nécessiterait une formation importante au départ
  • Manque de flexibilité individuelle et institutionnelle - directeur du programme, organisme de financement, administration publique
  • Le passé de remise de dettes et de charité crée des attitudes de dépendance et d'assistance et un manque de discipline pour rembourser les emprunts
  • D'autres donateurs ayant des approches différentes, parfois destructrices, intervenant dans le même domaine (par exemple "cadeaux" ou autres mesures d'incitation)
  • Passer outre le rôle dominant des chefs de villages et des élites
  • Procédures de passation de marchés inflexibles
  • Faible utilisation de l'information (capacité et volonté)
  • Engagements déjà contractés au niveau individuel ou institutionnel et obligation d'aller jusqu'au bout
  • Les stratégies de moyens de subsistance durables n'ont pas encore leur palmarès et n'ont pas de lignes directrices simples pour en promouvoir l'idée
  • Les paysans et les dirigeants sont fatigués de remodeler et le paradigme du développement varie d'un donateur à un autre
  • Difficulté de vaincre le parti pris des dirigeants et du personnel de soutien en faveur de leurs intérêts sectoriels spécifiques

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