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INTRODUCTION

Les prévisions de l’offre et de la demande futures de bois et de produits dérivés sont importantes pour faciliter la planification et la prise de décision dans le secteur forestier. C’est pourquoi, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) réalise régulièrement des études sur les marchés mondiaux des produits forestiers afin d’en dériver des prévisions de l’offre et de la demande. L’actuelle étude des perspectives mondiales des produits forestiers comprend des projections à moyen terme de l’offre et de la demande de produits forestiers établies à l’aide du Modèle mondial des produits forestiers (MMPF), ainsi que des études spécifiques qui font le point sur les plantations forestières, le bois de feu, les arbres hors forêt et les changements technologiques.

D’après les résultats de l’analyse de l’offre et de la demande mondiales, la demande de bois devrait continuer à augmenter dans le futur proche, compte tenu de la croissance continue de la population et des revenus. Toutefois, depuis trente ans, les ressources des forêts naturelles s’amenuisent dans un certain nombre de pays (en particulier la superficie de forêt naturelle disponible pour l’approvisionnement en bois) et cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir. On en déduit que la demande additionnelle future devra être satisfaite à partir d’une base de ressource en déclin, ou plus limitée. En d’autres termes, au fur et à mesure que les forêts seront défrichées, dégradées ou retirées de la production, on verra s’accentuer d’autant la pression exercée sur les forêts restantes pour obtenir du bois.

Selon les principes de la théorie économique, le mécanisme des prix devrait de lui-même engendrer des superficies de forêts et des niveaux de production adéquats, au moins pour ce qui concerne les produits qui ont un marché ou une valeur commerciale. En revanche, il est peu probable que les marchés arrivent à produire des niveaux " économiquement efficients " au sens large, du couvert forestier et de la production de bois ronds, en raison de défaillances du marché qui sont souvent exacerbées par des carences des politiques et des institutions. Les responsables des politiques forestières ont donc proposé un certain nombre de mesures pour corriger ces défaillances. L’une des grandes préoccupations a été de prévenir des déboisements et une dégradation ultérieurs (en particulier des forêts tropicales), tout en maintenant la continuité des approvisionnements en produits forestiers.

Pour agir sur la demande, les responsables des politiques ont suggéré diverses stratégies telles que: politiques démographiques; campagnes de sensibilisation des consommateurs; création de nouveaux marchés pour des biens et services qui jusque là n’en avaient pas; restrictions des échanges; et systèmes de certification. Ils ont également proposé des mesures visant l’offre, généralement centrées sur l’utilisation plus efficace des ressources existantes (y compris forêts, autres terres, ressources en fibres ligneuses et non ligneuses). Les principales propositions étaient les suivantes: accroissement des taux de recyclage; amélioration de l’utilisation des résidus de bois; amélioration des taux de conversion lors de la transformation du bois; introduction de méthodes et de techniques d’exploitation améliorées; et intensification de l’aménagement des forêts. L’établissement de plantations forestières est un bon exemple de politique axée sur l’offre.

Vu ces tendances et les perspectives probables concernant l’offre et la demande de produits forestiers et les ressources forestières, la création de plantations bénéficie depuis quelques années d’un regain d’intérêt. Les plantations forestières peuvent atténuer les risques de pénuries futures de bois et assurer aux industries existantes et aux ménages qui ont besoin de bois de feu des approvisionnements continus. Toutefois, malgré cet intérêt, les informations sur les ressources en plantations forestières sont rares (au moins dans le domaine public), au niveau national. En outre, les responsables des secteurs forestiers, d’envergure internationale en particulier, sont contraints de définir des politiques " à l’aveuglette ", vu le manque de données quantitatives. Non seulement, les données de base des inventaires forestiers de beaucoup de pays (superficie, classes d’âge, accroissement, espèces et rendement) sont en grande partie incomplètes, inexactes, dépassées ou peu fiables pour d’autres raisons, mais beaucoup d’autres variables clés (ex: effets de l’intensification des régimes d’aménagement sur la production de bois ronds, gains génétiques et améliorations technologiques ou méthodologiques) ne sont toujours pas mesurées ou signalées dans les rapports. Les informations sur les changements qualitatifs de la ressource forestière et de la production potentielle de bois et de fibres demeurent notamment extrêmement vagues.

L’objectif global de cette étude est de combler en partie ces lacunes des informations et des analyses. Elle contribuera en particulier à l’analyse de l’offre, dans l’Etude des perspectives mondiales des produits forestiers (EPMPF) et, plus généralement, au programme de la FAO concernant la mise à jour et l’amélioration des statistiques sur les ressources forestières. Vu le rôle croissant des plantations dans les approvisionnements mondiaux en bois, cette étude viendra aussi renforcer la masse de connaissances disponibles pour le système mondial d’information sur les forêts, le rapport biennal sur la Situation des forêts du monde et les rapports périodiques liés à l’Evaluation des ressources forestières 2000 (FRA 2000).

 

Sources et collecte des données

La FAO mobilise actuellement ses efforts sur la mise à jour et l’amélioration systématique de sa base de données sur les plantations forestières. Pour contribuer à cet effort, Pandey (1997) a réalisé une étude sur les plantations forestières tropicales dans laquelle il enquête sur la superficie et la distribution des espèces, et Leech (1998) a examiné, dans le cadre d’un projet de modélisation, les accroissements et les rendements des plantations forestières tropicales. La FAO a fait réaliser une série de monographies sur des plantations de feuillus tropicaux dans certains pays en développement dans le cadre d’un projet de fonds fiduciaires soutenu par le Royaume-Uni, relatif à la production de bois d’œuvre des plantations de feuillus dans les régions tropicales et subtropicales (GCP/INT/628/UK).

Dans les zones tempérées et boréales, les statistiques sur la superficie de plantations forestières de la majorité des pays ont déjà été mises à jour dans le volet de FRA 2000 sur ces zones. Ceci a été fait conjointement par les bureaux de la CEE/ONU et de la FAO à Genève (UN, 2000).

Le processus global de mise au point et d’analyse des informations sur les plantations forestières prévoit nécessairement plusieurs étapes, à savoir: rassemblement des données, examen d’experts, validation nationale et compilation finale. Dans le cadre de ce processus, une réunion d’experts sur le thème des plantations a été organisée à Rome en juillet 1998 (dans le cadre du projet GCP/INT/628/UK) pour examiner les données préliminaires concernant les pays tropicaux. De même, une série d’ateliers régionaux a commencé à la fin de l’année 1998 (avec l’appui de la DG VIII de la Commission européenne) pour valider les données nationales sur la foresterie des pays africains, y compris celles des plantations forestières. D’autres ateliers auront lieu d’ici peu pour d’autres pays tropicaux. Les données déjà collectées en zone tempérée et boréale ont été entièrement vérifiées et évaluées par le Groupe de travail mixte FAO-CEE/ONU sur l’économie et les statistiques forestières.

Toutes ces informations sont rassemblées et retouchées de façon continue. C’est pourquoi la majorité des données utilisées dans cet exercice de modélisation sont nécessairement provisoires ou indicatives. Malgré cela, l’analyse permet d’identifier des tendances et des effets importants et elle peut être utilisée pour suivre les progrès réalisés en matière de statistiques mondiales sur les plantations forestières. Ceci est d’ailleurs un autre objectif des études du type de l’EPMPF.

 

Objectifs de l’étude

Cette étude a pour principaux objectifs d’examiner trois aspects importants du développement des plantations forestières, à savoir:

La situation actuelle et les tendances futures (à moyen terme), en matière de création de plantations forestières;

Les aspects économiques et politiques associés à l’établissement de plantations forestières;

Les perspectives concernant les approvisionnements en bois issus de plantations forestières.

Dans son examen de la contribution potentielle des plantations forestières aux approvisionnements futurs en bois, l’étude se concentre sur les variables économiques de l’offre de bois des plantations. Ceci implique de modéliser les rendements présents et futurs des plantations forestières et d’examiner (si possible, en les quantifiant) les dimensions économiques et politiques qui devraient avoir un impact sur le développement futur des plantations forestières.

On notera toutefois que cette étude ne prétend pas examiner tous les aspects de la création et de l’expansion des plantations forestières. Par exemple, les dimensions scientifiques, sociales ou environnementales, ou les questions relatives à l’aménagement des plantations forestières, ne sont pas étudiées en détail, sauf si elles peuvent avoir un impact sur l’offre future de bois. Par contre, les politiques environnementales et sociales présentes ou envisagées pour le futur sont prises en considération dans la mesure où elles concernent de près le développement des plantations forestières. Ces politiques peuvent être particulièrement importantes, dans le contexte des dispositifs d’incitation, ou pour la mise au point d’instruments liés aux changements climatiques, qui ont une influence sur les plantations forestières.

 

Structure de ce rapport

Ce rapport est divisé en trois grandes sections. La première analyse les données qui ont été rassemblées sur les superficies de plantations forestières, décrit le processus utilisé pour vérifier ces données, et fait un examen plus approfondi de certains aspects importants comme la structure des âges et les rendements des plantations forestières. Elle montre l’évolution historique de la superficie de plantations forestières, dont elle fournit une description détaillée en 1995, par espèce, par pays, par région et par grandes classes d’âge. Elle présente aussi une estimation de la production potentielle actuelle de bois rond des plantations forestières.

La section suivante se penche sur les principales questions économiques et politiques qui ont influencé dans le passé ou influenceront à l’avenir le développement des plantations forestières. Bien qu’elle soit essentiellement théorique, cette section utilise une vaste gamme d’exemples tiré de plusieurs pays pour illustrer des points spécifiques.

La dernière section présente des projections de l’offre potentielle future de bois rond (jusqu’en 2050), ventilées par type de forêt et par région, dans le cadre de trois scénarios possibles du développement futur des plantations forestières. Les projections concernant la production potentielle de bois rond industriel sont comparées avec des extrapolations des niveaux futurs possibles de la production et de la consommation totales de bois rond industriel, afin de déterminer la contribution totale potentielle des plantations à l’offre et à la demande futures.

 

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