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FIÈVRE DE LA VALLÉE DU RIFT

Fièvre de la vallée du Rift en Arabie saoudite et au Yémen - Résumé de l'épidemie de septembre 2000

En septembre 2000, la fièvre de la vallée du Rift (FVR) a été détectée en Arabie saoudite et au Yémen, provoquant des décès parmi la population et d'importantes pertes de bétail. Bien que le virus ait pu être endémique dans les zones à oueds pendant de nombreuses années sous forme de foyers cachés, cette épidémie est considérée comme le premier cas documenté hors du continent africain

PREMIERS CAS DE FVR EN ARABIE SAOUDITE

Situation en Arabie saoudite

Les premières vagues d'avortements parmi les ovins et les caprins notifiés en Arabie saoudite remontent à août et au début septembre. Les premiers cas de FVR chez les humains ont été signalés vers le 11 septembre, et le virus a été isolé et identifié le 19 septembre par le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) à Atlanta, ainsi que par le Laboratoire de virologie rattaché au Ministère de l'agriculture à Djeddah.

Caractères épidémiologiques

Comme d'habitude, l'apparition de la FVR a été caractérisée par des vagues d'avortements parmi les ovins, les caprins, les bovins et les chameaux. Les premiers cas ont été signalés à Al Humayrah, à 70 kilomètres à l'est de Jizan (voir carte) où plus de 90 pour cent des femelles ovines et caprines en gestation ont avorté.

En général, des signes de maladie clinique n'avaient pas été observés chez les ovins et les caprins adultes avant les avortements. En deux semaines, 2 699 avortements et 943 morts ont été enregistrés, principalement chez les ovins et les caprins ; selon les estimations, le nombre total d'avortements serait de l'ordre de 8 000 à 10 000. L'apparition de la FVR a été dramatique pour certains troupeaux dont 60 à 90 pour cent des femelles en gestation ont avorté dans une période de 10 à 14 jours. Dans les oueds plus secs vers le nord, le nombre d'avortements a été moins important, de 5 à 20 pour cent seulement des troupeaux ayant été touchés par la maladie.

La nature aléatoire de l'apparition de la maladie a été sans cesse constatée: certains troupeaux d'un village ou d'une communauté étaient atteints et d'autres, pas du tout. Cette observation se reflète dans les résultats sérologiques. Ainsi, dans une zone comprenant 20 troupeaux, sept seulement ont été touchés par la FVR. Cette situation est commune à tous les cas épizootiques en Afrique et en Egypte.

L'analyse génétique montre que la souche virale est étroitement liée à celle isolée dans la Corne de l'Afrique en 1997-98.


Petits ruminants dans des zones infectées
PHOTO FOURNIE PAR ROGER PASKIN (EMPRES)

Répartition géographique

Des observations cliniques évoquant la FVR chez des animaux ont été faites dans de nombreux foyers largement dispersés dans la région de Jizan. L'épidémie s'est exprimée sous forme de multiples foyers et a coïncidé avec celle enregistrée au Yémen.

Les cas de FVR chez les hommes et les animaux ont été invariablement associés aux systèmes des oueds (plaines alluviales inondées par les rivières lorsqu'elles s'écoulent des montagnes) ; la maladie a été particulièrement grave dans le bassin versant supérieur du barrage de Jizan. Les problèmes se sont surtout concentrés dans les régions proches des montagnes, où l'agriculture en terrasse utilise les réservoirs naturels d'eau de pluie constitués par les crevasses et les vallées étroites des oueds.

Des cas ont également été dépistés dans des oueds plus isolés, plus haut dans les montagnes. Aucun cas de FVR n'a été décelé chez les ovins et les caprins laissés en pâturage dans les montagnes, ni dans les régions sèches et sablonneuses de la Tihama. Le système d'irrigation par puits ne semble pas être associé aux épidémies de FVR ; en effet, les eaux de ruissellement qu'il génère ne subsistent pas assez longtemps pour permettre aux moustiques de se reproduire.


Ecosystème type à proximité des montagnes où se manifeste la FVR
PHOTO FOURNIE PAR ROGER PASKIN (EMPRES)

On considérait initialement que la limite septentrionale de la maladie se situait à 17,75° de latitude nord, mais il est devenu évident que les cas de FVR apparaissent beaucoup plus au nord, jusqu'à 19° de latitude nord, et peut-être même au-delà. Il semblerait que les avortements ont commencé en août dans quelques zones. Une diminution de l'incidence de la maladie a été signalée au cours des deuxième et troisième semaines d'octobre.

Maladies humaines

Soixante-dix personnes sont décédées dans la province de Jizan et environ 400 cas ont été confirmés par ELISA (anticorps IgM positifs), un grand nombre de personnes présentant de graves signes cliniques (troubles de vision, par exemple). La maladie semble avoir frappé un grand nombre d'individus dans la commune d'Al Aridah, l'une des zones les plus affectées. Les hommes, qui dorment pour la plupart dehors, en raison, dit-on, du manque d'électricité (tandis que les femmes passent la nuit à l'intérieur), ont été plus particulièrement touchés par la maladie. La fièvre de la vallée du Rift atteint en général les villageois dont l'activité quotidienne consiste à s'occuper du bétail. Toutefois, l'infection ne semble pas avoir touché le personnel des abattoirs ou les vétérinaires. Le barrage et le lac de Jizan, qui retiennent les eaux de l'oued Jizan, ont rehaussé en amont la nappe phréatique sur une grande zone, ce qui a déterminé des conditions propices à la création de sites de reproduction des moustiques et donc à l'émergence de populations vectrices.

Situation au Yémen

En septembre 2000, le gouvernorat d'Hodeidah, dans le district d'El Zuhrah de la région de l'oued Mawr, a signalé que la fièvre de la vallée du Rift avait probablement fait quelques victimes parmi la population et causé les vagues d'avortements observées dans les troupeaux.

Cette épidémie a été enregistrée à la même époque que celle d'Arabie saoudite. Plus de 90 pour cent des cas confirmés se sont produits dans la zone délimitée par les réseaux de canaux septentrionaux et méridionaux de cet oued où étaient présentes de multiple mares d'eau stagnante dans toutes les zones irriguées prêtes à être ensemencées, ainsi que de nombreuses petites flaques d'eau de pluie. Ces mares sont créées par l'écoulement de l'eau dans le lit de l'oued et par les canaux d'irrigation qui inondent les champs, ainsi que par les habitations.

RÉGIONS TOUCHÉES PAR LA FVR EN ARABIE SAOUDITE ET AU YÉMEN

Caractères épidémiologiques

Une maladie s'exprimant par une fièvre éphémère, semblable à celle induite par la FVR, a été signalée dans la région de l'oued Mawr le 5 septembre, ainsi que des avortements chez les ovins et les caprins le 9. Des avortements, en beaucoup plus grand nombre, accompagnés de mortalité chez les plus jeunes animaux, ont été à nouveau enregistrés du 15 au 25 septembre. Des vagues d'avortements chez les ovins et les caprins ont été signalés en outre vers la fin août et le début septembre lorsque 90 pour cent environ des femelles gestantes d'un seul troupeau ont avorté. Alors que le bétail adulte n'a pas péri, de très jeunes agneaux et chevreaux, ainsi que d'autres animaux âgés parfois de six mois, sont morts. Peu de vaches ont avorté, mais quelques jeunes veaux sont morts après avoir manifesté des signes de FVR (au Yémen, le gouvernorat d'Hodeidah regroupe environ 30 pour cent du cheptel national).

Des sérums animaux ont été testés pour la recherche d'anticorps lgM contre le virus de la FVR. Certains sérums ont été fournis par les équipes d'enquête lors de leur mission dans les alentours immédiats d'El Zohrah, transmis par diverses régions du pays où l'on soupçonnait des cas de FVR, et recueillis dans le cadre d'une enquête séro-épidémiologique menée dans l'oued. Les résultats ont indiqué que le virus de la FVR avait été récemment actif dans les gouvernorats de Sada'd, Hajah, Dahrar et Hodeidah.

Maladies humaines (dossier épidémiologique hebdomadaire de l'OMS, n°. 48. 1/12/2000)

Entre le 7 août et le 7 novembre 2000, 1 087 cas évoquant la FVR ont été dépistés ; parmi ceux-ci, 121 personnes (11%) sont décédées ultérieurement. Ces chiffres ne tiennent pas compte de la transmission en cours, les équipes ayant été dans l'impossibilité de se rendre dans toutes les régions touchées. Le tableau clinique de la maladie est typique de la FVR et inclut des patients souffrant de fièvre virale hémorragique, d'encéphalite, de rétinite et de FVR sans complications. La majorité des patients (75 %) a signalé avoir été en contact avec des animaux malades, avoir touché des foetus avortés ou avoir abattu du bétail la semaine précédant la maladie. Parmi les 490 patients ayant fait l'objet d'un test sérologique, 136 (26%) présentaient des anticorps de classe IgM au virus de la FVR, et 17 patients (3%) ont légèrement réagi aux tests sérologiques. La transmission de la maladie, confirmée par tests sérologiques, a été dépistée dans 16 districts de la plaine côtière et des montagnes adjacentes.

Origine des épidémies

Le virus de la FVR n'était jamais apparu au Yémen et en Arabie saoudite. On ne sait pas actuellement si l'épidémie résulte d'une introduction récente ou s'il s'agit d'un cas épizootique extrêmement rare dans une zone enzootique existante. L'apparence simultanée de foyers d'activité de FVR dans la province de Jizan en Arabie saoudite et dans de nombreux oueds du Yémen, à partir de la frontière de l'Arabie saoudite en direction du sud, suggère une apparition simultanée du virus de la FVR dans des foyers très distants. Ceci est caractéristique de la manifestation du virus dans des zones épizootiques en Afrique, en réponse à des conditions climatiques favorables à son expression à l'échelon régional.

Conditions climatiques

Si l'on sait que des conditions météorologiques favorables, caractérisées par des pluies persistantes et supérieures à la moyenne, sont nécessaires pour que la maladie atteigne des proportions épizootiques, cela ne semble pas avoir été le cas lors de la saison des pluies en 2000. Grâce à une estimation interpolée du Centre de prévision climatique (CPC) rattaché à l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère des Etats-Unis (NOAA), la pluviométrie a été étudiée dans la région d'Al Humayrha, premier foyer d'activité reconnu et l'une des régions les plus touchées en Arabie saoudite. L'étude, centrée sur Al Humayrha et portant sur 100 km, donne une estimation moyenne de la pluviométrie mensuelle de 1995 à 2000. Elle montre que les précipitations, supérieures à la moyenne en 1996 et 1997, seraient revenues à la normale au cours des années suivantes. Une étude des images de l'Indice de végétation, obtenues à partir des données fournies par le Radiomètre perfectionné à très haut pouvoir de résolution (AVHRR) à bord des satellites à trajectoire polaire de la NOAA, reflète une configuration similaire.

ESTIMATION INTERPOLÉE DE LA PLUVIOMÉTRIE DANS LA RÉGION D'AL HUMAYRHA,
DE 1995 À 2000 (Centre de prévision climatique)


Zone de marais type propice à la reproduction des moustiques
PHOTO FOURNIE PAR ROGER PASKIN (EMPRES)

Il semble toutefois que la zone la plus intéressante, en terme de pluviométrie, serait le bassin versant, plus à l'est dans les montagnes, dont les caractéristiques pourraient se révéler être très différentes lors de la saison des pluies 2000.

Bien que les images satellites mentionnées précédemment n'indiquent pas des conditions climatiques aussi dramatiques que celles auxquelles on aurait pu s'attendre à cette période dans le cadre d'une telle épizootie, les marais et les zones inondées présents dans les diverses régions du pays ont de toute évidence favorisé la reproduction des moustiques.

CONSIDÉRATIONS ÉCOLOGIQUES - LE BIOTOPE DES OUEDS

La Tihama couvre toute la plaine côtière de la péninsule arabe dans l'ouest et le sud-ouest de l'Arabie saoudite et du Yémen. Elle se caractérise par de basses collines qui longent la chaîne montagneuse du nord au sud. La plaine de Tihama est parcourue d'oueds, ou vallées fluviales, qui constituent les plaines alluviales des rivières lorsqu'elles émergent des montagnes. Les sols sont composés de sables, de dépôts limono-argileux et d'argiles, à très faible teneur en sel, avec peu d'humus ou d'azote. La première écozone est constituée de prairies à Panicum et Cyperus, inondées périodiquement. Dans de nombreux endroits, des retenues en terrasse permettent de mieux utiliser l'eau des rivières. La seconde zone, plus large, borde les rivières qui se dirigent vers la mer et consiste en Acacia zizyphispina et Dobera spp ainsi qu'en quelques graminées et terre nue. Les zones le long des rivières se caractérisent par la présence de graminées de Dactyloctenium et sont altérées dans certains oueds par des réseaux de canaux latéraux qui s'étendent vers le nord et le sud des rivières. Le niveau des rivières varie selon les saisons; en grande partie alimentées par les zones de retenue d'altitude, elles sont à sec la majeure partie de l'année. Une bande de terrain très salé où domine Salsola spp se situe à proximité de la mer.

Centre d'aménagements permettant de disposer d'une plus grande quantité d'eau, le biotope de la Tihama fait l'objet d'une mise en valeur agricole extensive depuis les 20 à 30 dernières années. Ces changements ont un impact direct sur l'environnement car ils favorisent le développement des moustiques vecteurs de la FVR. Ainsi l'oued le plus important du Yémen (le Wadi Mawr) couvre environ 18 000 hectares irrigués par canaux.

Les moyens utilisés pour irriguer à l'aide des eaux de crue sont très similaires dans les oueds de l'Arabie saoudite et du Yémen. L'agriculture se pratique sur les dépôts alluvionnaires le long des cours d'eau et sur les sols sablonneux environnants. L'eau s'écoule dans les champs par des canaux et de nouvelles zones sont inondées les unes après les autres. Cette méthode d'irrigation conjuguée aux pluies crée de nombreuses mares, petites et grandes, propices à la reproduction de certaines espèces de moustiques.

Les transformations effectuées dans les oueds, qui visaient une meilleure utilisation de l'eau disponible, favorisent aussi le développement des sites de reproduction pour diverses espèces de moustiques et sont estimées être à l'origine de l'expansion et de la transmission du virus de la FVR.

Les pâturages humides des hauts plateaux - domaine de l'Acacia combretum et d'espèces apparentées - constituent également d'autres écozones susceptibles d'être touchées par l'expansion du virus de la FVR, suite à l'émergence de moustiques Aedes. Ces zones se situent dans les gouvernorats de Thaiz et Ibb, et peut-être également de Sa'dah. Il est probable que le virus soit présent le long des lits des oueds dans les zones d'altitude, notamment lorsqu'ils s'élargissent en plaines alluviales à sols argileux.

Mesures de lutte prises par les deux pays

Les mesures de lutte ont consisté à éliminer les vecteurs (pulvérisation d'insecticides), ainsi qu'à limiter le déplacement des troupeaux et à effectuer des campagnes de sensibilisation afin d'éviter que la maladie ne touche la population.

Système de surveillance de la FVR en Afrique de l'Ouest

Système de surveillance de la FVR au Mali, en Mauritanie et au Sénégal (TCP/RAF/8931)

Afin d'améliorer le dépistage précoce de la fièvre de la vallée du Rift en Afrique de l'Ouest, et de mieux contrôler les épizooties dans le futur, un système de surveillance régional a été mis en place au Mali, en Mauritanie et au Sénégal grâce à un projet de coopération technique de la FAO (TCP/RAF/8931). Le projet, lancé en avril 2000 avant le début de la saison des pluies, a les objectifs suivants:

Le tableau 1 ci-dessous résume l'approche adoptée et indique les données recueillies, les outils utilisés et les principaux résultats escomptés par le projet.

Le Système de surveillance

Dans le cadre des systèmes d'épidémiosurveillance nationaux, un réseau de troupeaux sentinelles constitué de petits ruminants a été établi dans les trois pays en début de projet. Les troupeaux ont été choisis dans des régions potentiellement à risque élevé, sur la base de considérations écologiques et de la présence de conditions favorables à la circulation du virus (proximité d'une rivière, de barrages, de marécages, etc.). Dans chaque troupeau, une trentaine d'animaux ont été prélevés et chacun d'entre eux a subi un examen clinique par les agents de terrain responsables du suivi des troupeaux. Les serums collectés ont été analysés par les laboratoires vétérinaires nationaux (le CNERV-Mauritanie, le LCV-Mali et le LNERV- Sénégal, respectivement). Une recherche d'anticorps IgM et IgG dirigés contre le virus de la FVR a été effectuée afin de révéler une infection récente (IgM) ou plus ancienne (IgG). Au total, 31 troupeaux ont fait l'objet de visites régulières (cinq durant la période considérée) et environ 4 000 prélèvements ont été analysés.

Le protocole de suivi des troupeaux sentinelles prévoyait l'élimination des animaux du troupeau présentant une sérologie positive aux anticorps IgG afin de ne garder que les animaux dépourvus d'anticorps et capables de révéler une infection récente. Une base de données a été mise en place au niveau de l'unité régionale de coordination à Dakar pour saisir et analyser les données produites par le projet (enquêtes de surveillance sérologiques, suspicions et notifications de foyers de FVR). Des données antérieures et les résultats d'enquêtes sérologiques commencées il y a dix ans au Sénégal feront l'objet d'une saisie informatique avant la fin du projet, afin de mettre en évidence l'évolution de la maladie sur le long terme.

Le retour de l'information aux partenaires du projet, et plus particulièrement aux décideurs, s'est effectué grâce à un bulletin d'information distribué une fois les premiers résultats obtenus. Les trois bulletins (un quatrième est en préparation) ont constitué des éléments clés dans l'échange d'information au niveau régional et la gestion du risque. Les résultats des enquêtes sérologiques ont fait l'objet d'une représentation cartographique dans chacun de ces bulletins afin de mieux mettre en évidence les zones de circulation virale.

Des supports de communication et de formation (un livret technique, une vidéo et une affiche) ont été produits pour informer les populations des conséquences de la FVR sur le bétail et la santé humaine, ainsi que pour former les agents de terrain à la reconnaissance de la maladie.

Système de surveillance de la fièvre de la vallée du Rift au Mali, en Mauritanie et au Sénégal (TCP/RAF/8931)

Objectifs

Données indispensables et recueillies

Outils

Résultats escomptés

DÉTECTION PRÉCOCE:

Circulation virale

Manifestations cliniques

Troupeaux sentinelles (anticorps lgM)

Recherche active et passive de la maladie

Analyse de la maladie

Alertes FVR au Mali ayant entraîné une mission de terrain conjointe vétérinaires/médecins d'évaluation du risque

Aucune circulation virale récente au Sénégal et en Mauritanie

Analyse du risque

Indicateurs climatiques

Données épidémiologiques

Données actuelles et historiques, résultats des enquêtes sérologiques

Modèles de prédiction météorologique disponibles sur Internet

Images satellites fournies par la FAO- Artemis (NDVI, pluviométrie estimée, etc.)

Services vétérinaires nationaux - PCT Mauritanie

Evaluation du risque dans les bulletins nos. 1, 2 et 3

Classification du risque

Echange d'informations au niveau régional

Information mentionnée ci-dessus

Bulletins n°s 1, 2 et 3

Plus grande sensibilisation au niveau régional

Réaction rapide

Gestion du risque.

Préparation aux situations d'urgence

Saisie et analyse des données

Information mentionnée ci-dessus

Base de données régionale liée à un système d'information géographique (SIG)

Foyers présents et passés enregistrés au niveau de la base de données

Modèle de prédiction de l'évolution de la maladie

Communication et formation

 

Affiches, vidéo, livret technique, messages radio

Augmentation du nombre de suspicions


Suivi de troupeaux sentinelles en Mauritanie par un agent de terrain
PHOTO FOURNIE PAR FABIEN SCHNEEGANS (CNERV, MAURITANIE)

Des résultats intéressants...

Les épizooties de FVR apparaissent lorsque sont réunis un ensemble de facteurs de risque tels que des phénomènes climatiques extrêmes (comme le phénomène El Niño), des aménagements hydrauliques (barrages, changement des schémas d'irrigation, etc), des pluies abondantes supérieures à la moyenne, une faible immunité générale de la population animale associée à un mauvais état général des animaux (notamment suite à des périodes de sécheresse). La maladie est souvent détectée à la fin du processus épizootique, quand elle se manifeste chez l'homme et ne peut être reliée à aucune autre pathologie. A ce stade avancé d'une flambée épizootique, les mesures de lutte mises en place sont bien souvent inutiles et la maladie s'éteint d'elle-même. Des études rétrospectives sont souvent effectuées mais il est très difficile d'évaluer le réel impact de la maladie sur l'élevage, notamment dans un contexte favorable au développement de nombreuses autres pathologies.

Le système de surveillance régional de la FVR actuellement mis en place par la FAO a pour objectifs de renforcer, de manière coordonnée, les capacités des services vétérinaires nationaux de détecter les signes précurseurs de la maladie et d'adopter les mesures de lutte adéquates. Le processus de décision se nourrit d'une information objective générée par le projet (résultats de laboratoire et notifications de suspicions) et de la perception du risque dérivée d'indicateurs environnementaux tels que la pluviométrie, les prévisions météorologiques et des indices de végétation.

Circulation virale en 2000

La situation en 2000 a été particulièrement calme, notamment en Mauritanie et au Sénégal, où le virus ne semble pas avoir circulé durant la période d'hivernage. Après deux ans d'activité virale, notamment en Mauritanie, aucun anticorps IgM n'a été décelé dans les troupeaux sentinelles des deux pays, de juin à octobre. Le cycle épizootique en Mauritanie a commencé en 1998, et s'est poursuivi en 1999 du fait de la persistance de conditions climatiques favorables. Cette période d'activité s'est achevée en 2000 avec un retour à la normale des conditions climatiques et l'apparition d'une bonne couverture immunitaire dans la population animale. Une circulation virale, à bas bruit, a toutefois été observée au Mali, bien que la maladie n'ait pu être mise en évidence. En juillet, quatre animaux sur 30 se sont révélés positifs aux anticorps IgM, et cette séropositivité a été confirmée après que les animaux aient été prélevés à nouveau et testés positifs.

SUIVI DES TROPEAUX SENTINELLES AU MALI (2000)
Séropositivité en anticorps IgM

Des anticorps IgG ont été détectés à des niveaux différents dans les trois pays. Une séropositivité modérée à élevée a été rencontrée en Mauritanie, où 57 pour cent des animaux d'un troupeau (20 animaux sur 35) ont été trouvés positifs aux anticorps IgG (région du Hodh El Chargui).

La détection d'anticorps IgG durant la saison d'hivernage 2000 est probablement due aux pluies supérieures à la moyenne de la saison 1999, avec un retour des conditions normales en 2000. L'estimation de la pluviométrie générée par le Centre de prédiction climatique, pour la région du Hodh El Gharbi en Mauritanie montre un pic en 1999 (voir le graphique ci-dessous).

SUIVI DES TROUPEAUX SENTINELLES EN MAURITANIE
Séropositivité en anticorps IgG (%)

Des estimations de précipitations peuvent être aussi dérivées des images satellites dites de nuages à sommets froids, utilisant une technique mise au point par le groupe TAMSAT de l'Université de Reading au Royaume-Uni. Ces estimations sont basées sur une régression linéaire entre la durée de persistance des nuages à sommets froids et des données antérieures sur la pluviométrie, à l'opposé des extrapolations en "temps réel" générées par le Centre de prédiction climatique NOOA aux Etats-Unis. Ces données peuvent être présentées sous forme de cartes. Avec des images disponibles depuis 1988, des estimations pluviométriques moyennes ont pu être calculées sur la période 1988-2000. A l'aide du logiciel Windisp produit par la FAO, une carte a été réalisée exprimant la différence entre le mois d'août 1999 (troisième décade) et la moyenne obtenue sur les 12 dernières années (voir carte ci-dessous). Ce modèle montre que des pluies supérieures à la moyenne étaient attendues (> 27 mm au-dessus de la moyenne) dans la partie est de la Mauritanie en août 1999.

Bien qu'à un niveau inférieur à la Mauritanie, des anticorps IgG ont aussi été détectés au Mali dans la plupart des troupeaux sentinelles. Un troupeau seulement ne présentait pas d'anticorps FVR.

PLUVIOMÉTRIE ESTIMÉE (DONNÉES MÉTÉOSAT) REPRÉSENTANT
LA DIFFÉRENCE ENTRE LES VALEURS OBSERVÉES AU MOIS D'AOÛT 1999

3ÈME DÉCADE ET MOYENNE OBTENUE SUR LES 12 DERNIÈRES ANNÉES

Vers une meilleure connaissance de la maladie et une amélioration de la gestion des situations d'urgence.

Les actions mises en place dans le cadre des systèmes d'épidémiosurveillance nationaux ont été renforcées par les activités du projet. Ces dernières ont permis une amélioration significative de la sensibilisation des populations et du personnel technique à l'égard de la maladie. Grâce à la surveillance passive des maladies animales, plusieurs suspicions de foyers de FVR chez l'homme ont été signalées en Mauritanie (Trarza et région du Hodh El Gharbi) ainsi que des suspicions chez l'animal au Sénégal. Toutes les suspicions enquêtées se sont révélées négatives.

La gestion des situations d'urgence s'est par ailleurs trouvée améliorée et des décisions ont été prises sur la base des résultats de laboratoire obtenus dans le cadre du suivi des troupeaux sentinelles. Après la détection d'une circulation virale au Mali (anticoprs IgM détectés en juillet), une mission conjointe réunissant les services vétérinaires et le Ministère de la santé publique s'est rendue sur le terrain pour enquêter sur cette suspicion de foyer.

Aucun signe clinique de la maladie n'a été trouvé pendant la mission d'enquête et un suivi régulier du troupeau a été effectué par les agents de terrain pendant toute la durée de la saison des pluies. Des conseils appropriés ont été dispensés à l'éleveur afin qu'il signale tout événement anormal, tels que des mortinatalités et des avortements et qu'il évite tout contact avec du matériel infectieux. Des activités de suivi ont montré, plusieurs mois plus tard, que l'infection dans le troupeau n'avait pas évolué et que la situation était maîtrisée.

La réaction rapide des services vétérinaires a montré qu'il y a eu un impact positif sur le processus de décision, grâce à une meilleure évaluation du risque associé à la circulation virale. Comme il a été observé pendant la mission d'enquête du mois de juillet et la période de surveillance couvrant le reste de la saison des pluies, il est important de souligner que la circulation virale n'est pas toujours associée à l'expression clinique de la maladie. Ceci montre que l'apparition de la maladie est le résultat complexe d'une association de facteurs de risque présents au même moment. En conséquence, une approche multifactorielle doit être adoptée pour comprendre l'épidémiologie de la maladie et pour mettre en place un système de surveillance de la fièvre de la Vallée du Rift.

SUIVI DES TROUPEAUX SENTINELLES AU MALI (2000)
Séropositivité en anticorps IgG (%)

Répartition géographique de la fièvre de la vallée du Rift

La maladie a été observée au Sénégal et en Mauritanie dans le passé et des enquêtes sérologiques montrent qu'il existe une circulation virale au sein des trois pays.

Depuis 1987, la forme la plus sévère de la maladie a été observée en Mauritanie causant de nombreuses victimes parmi la population en 1987 et en 1998. La plupart des foyers ont été observés dans la zone sèche de savane sahélienne à Acacia, jusque dans la région du Tagant au nord. Bien que le foyer de 1987 ait été relié à la mise en eau du barrage de Diama sur le fleuve Sénégal, on ne connait toujours pas avec précision les facteurs déterminants à l'émergence des épizooties de fièvre de la Vallée du Rift dans la région. Les foyers plus récents montrent que des pluies supérieures à la moyenne pourraient contribuer aussi à l'expression de la maladie dans cette partie de l'Afrique.

Maintenant que les conditions climatiques sont redevenues normales, il est essentiel de surveiller avec attention l'évolution des aménagements hydrauliques en prévision et des facteurs climatiques pendant les deux ou trois prochaines années afin de repérer tout événement susceptible de favoriser le développement d'une nouvelle épizootie. La surveillance des maladies transmises par des vecteurs et des paramètres environnementaux est d'autant plus cruciale dans cette période de réchauffement de la planète et de son impact sur l'apparition d'événements climatiques extrêmes.

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