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IV. EXPLOITATION ET USAGES DES BILANS ALIMENTAIRES

1. Normalisation des bilans alimentaires

L'utilisation de toute l'information rassemblée pour l'élaboration d'un bilan alimentaire ne débouche quelquefois sur rien de plus qu'une liste plutôt longue de denrées alimentaires. Certes, il s'agit là d'un résultat utile au choix pertinent des coefficients de composition alimentaire nécessaires à la conversion des approvisionnements alimentaires par personne en équivalents de valeur énergétique et de teneur en protéines et en lipides. Toutefois, une présentation aussi détaillée ne permet pas de bien montrer le tableau d'ensemble des disponibilités alimentaires nationales. La normalisation du bilan alimentaire détaillé permet d'échapper à ce dilemme. Une approche à la normalisation consiste à ne faire apparaître que des produits primaires, grâce à la conversion des produits de transformation en équivalents primaires. Comme les statistiques relatives aux produits transformés ne portent pratiquement que sur le commerce extérieur, il est possible de limiter la liste des denrées aux produits primaires, exception faite du sucre, des huiles, des graisses et des boissons alcoolisées. Dans la mesure du possible, les échanges commerciaux des produits transformés sont exprimés en équivalents de leurs produits d'origine ou produits-mères. Cette procédure rend l'analyse des bilans alimentaires beaucoup plus aisée, sans perte d'information pertinente. Tel est le genre d'instrument dont les planifi cateurs et les économistes chargés de l'élaboration des plans de développement du secteur alimentaire et agricole ont vraiment usage.

Les étapes de la procédure de normalisation des bilans alimentaires sont expliquées ici:

L'illustration I reprend les informations relatives aux céréales et au lait, telles qu'elles figurent dans un bilan alimentaire détaillé.

L'illustration II concerne la première étape de la normalisation. Elle consiste à ramener les produits transformés à leurs produits d'origine par expression de la farine en équivalent de céréales et par expression du lait écrémé en équivalent de lait de vache. Pour ce qui est des valeurs nutritionnelles, la première étape consiste simplement à ajouter les calories et les nutriments des produits transformés aux calories et nutriments du produit primaire.

Les quantités - de blé dur (1064 tonnes); de blé tendre (708 tonnes); d'autres céréales (1259 tonnes) et de lait écrémé (150)- qui figurent en «entrée» (input) de l'équation du produit transformé sont soustraites des quantités qui figurent sous la colonne Transformation pour l'alimentation humaine de l'équation du produit d'origine. Par suite, les quantités transposées n'apparaîtront plus dans cette colonne. [Par suite, cette colonne restera donc vide]. Si la transformation du produit d'origine résulte en plusieurs produits transformés, chaque «entrée» est soustraite. Dans le cas des sous-produits, une seule soustraction est nécessaire pour supprimer toutes les entrées de transformation.

Les autres données relatives aux produits transformés, sauf la colonne Aliment (donc, dans cet exemple, les importations, l'alimentation animale et les pertes) sont ajoutées à l'équation du produit d'origine, après multiplication par l'inverse du taux d'extraction.

Blé dur

Taux d'extraction (blé/farine)

85%


Inverse


118%

Pertes




Blé


91


Farine de blé

18



Equivalent blé de la farine (18x118%)


_ 21


Pertes totales (en tonnes d'équivalent blé)


112

BILAN ALIMENTAIRE

Population 14.000 (milliers)

PAYS ............................

Année.................

(Milliers de tonnes, sauf indication contraire)

Produit

Production

Variation des stocks

Importations brutes

Disponibilites

Exportations brutes

Utilisation interieure

Consommation par habitant

Totale

Alimentation animale

Semences

Transformation

Pertes

Aliment

kg /an

Grammes /jour

Cal./ jour
No

Prot./ jour
g

Lip/ jour
g

Entrée

Sortie

en aliment

usage industriel

ILLUSTRATION I

Blé dur


1300



1300


1300


145

1064


91







Blé dur, farine

1064

904



904


904





18

886

63.3

173.4

607

23,2

2,4

Blé tendre


410


400

810


810


45

708


57







Blé tendre, farine

708

566


45

611


611





12

599

42.8

117.2

409

11,5

1,5

Autres céréales


2500



2500

80

2420

750

236

1259


175







Autres et farine

1259

1007


35

1042


1042





73

969

69.2

189.6

639

18,4

3,6

Lait de vache


400


13

413


413



150


21

242

17.3

47.4

31

1,7

1,7

Lait de vache, écrémé

150

144



144


144

36




10

98

7

19.2

7

0,7

0,1

Lait de chèvre


22



22


22





11

11

0.8

2.2

2

0,1

0,1

Lait de brebis


18



18


18





9

9

0.6

1.8

2

0,1

0,1

Total
















1697

55,7

9,5

ILLUSTRATION II

Blé dur


1300



1300


1300


145



112

1043



607

23,2

2,4

Blé tendre


410


456

866


866


45



72

749



409

11,5

1,5

Autres céréales


2500


44

2544

80

2464

750

236



266

1212



639

18,4

3,6

Lait de vache


400


13

413


413

38




31

344



38

2,4

1,8

Lait de chèvre


22



22


22





11

11



2

0,1

0,1

Lait de brebis


18



18


18





9

9



2

0,1

0,1

Total
















1697

55,7

9,5

ILLUSTRATION III

Blé


1710


456

2166


2166


190



184

1792



1016

34,7

3,9

Autres céréales


2500


44

2544

80

2464

750

236



266

1212



639

18,4

3,6

Céréales totales


4210


500

4710

80

4630

750

426



450

3004



1655

53,1

7,5

Lait de vache


400


13

413


413

38




31

344



38

2,4

1,8

Lait de chèvre+brebis


40



40


40





20

20



4

0,2

0,2

Lait total


440


13

453


453

38




51

364



42

2,6

2

Total
















1697

55,7

9,5

ILLUSTRATION IV

Blé


969.5


258.6

1228.1


1228.1


107.7



104.3

1016.1



1016

34,7

3,9

Autres céréales


1317.5


23.2

1340.7

42.2

1298.5

395.2

124.4



140.2

638.7



639

18,4

3,6

Lait de vache


44.0


1.4

45.4


45.4

4.2




3.4

37.8



38

2,4

1,8

Lait de chèvre+brebis


8.0



8.0


8.0





4.0

4.0



4

0,2

0,2




















Total


2339.0


283.2

2622.2

42.2

2580.0

399.4

232.1



251.9

1696.6



1697

55,7

9,5

Blé tendre



Taux d'extraction (blé/farine)

80%


Inverse


125%

Importations



Blé


400

Farine de blé

45


Equivalent blé de la farine (45x125%)


56

Importations totales (en tonnes d'équivalent blé)


456

Pertes



Blé


57

Farine de blé

12


Equivalent blé de la farine (12x125%)


15

Pertes totales (en tonnes d'équivalent blé)


72




Autres céréales



Taux d'extraction (autres céréales/farine)

80%


Inverse


125%

Importations



Farine d'autres céréales

35


Equivalent 'autres céréales' de la farine (35x125%)


44

Pertes



Autres céréales


175

Farines d'autres céréales

73


Equivalent 'autres céréales' de la farine (73x125%)


91

Pertes totales (en équivalent 'autres céréales')


266

Lait de vache



Taux d'extraction (lait/lait écrémé)


96%

Inverse


104%

Alimentation animale



Lait écrémé

36


Equivalent 'lait' du lait écrémé (36x104%)


38

Pertes



Lait de vache


21

Lait écrémé

10


Equivalent 'lait' du lait écrémé (10x104%)


10

Pertes totales (équivalent 'lait')


31

La quantité Aliment du produit originel ou produit-mère est maintenant recalculée à partir des nouvelles valeurs de l'équation de ce produit. Une seule équation du produit primaire remplace maintenant les deux équations précédentes. La procédure a comporté une soustraction, quelques multiplications et les additions finales.

L'illustration III montre comment le processus de normalisation peut conduire à la réduction supplémentaire du nombre d'équations par assemblage des équations des produits dont la composition nutritionnelle est similaire, comme le «blé» et les «autres céréales» que l'on peut assembler en «céréales», ou le «lait de vache» et le «lait de chèvre» et le «lait de brebis» que l'on peut assembler en «lait», etc. Ne demandant rien de plus que l'addition des équations des produits considérés, cette procédure entraîne la réduction d'une très longue liste de produits à une taille qui la rend utilisable comme élément des modèles économétriques.

L'illustration IV. Alors que la normalisation des produits et des groupes de produits de composition nutritionnelle similaire n'est pratiquement gênée par aucune difficulté (illustrations II et III), le calcul de l'équation d'ensemble du bilan alimentaire total pose certains problèmes conceptuels. Cette équation d'ensemble est un outil véritablement utile à plusieurs types d'analyse. Elle permet de calculer certaines proportions remarquables, comme l'importance relative de la production ou des importations par rapport à la disponibilité totale, qui sont utiles à l'évaluation de l'autosuffisance nationale ou de la dépendance des importations. Le calcul de la part que prend chaque composante dans l'utilisation totale permet de comparer les tendances de l'utilisation intérieure et celles des exportations, par exemple.

Dans le calcul de l'équation d'ensemble, le premier problème qui se pose concerne la consommation intermédiaire et les comptes doubles, particulièrement lorsqu'existent des produits transformés dérivés d'un même produit primaire (p.ex. lait écrémé et beurre) qui appartiennent, à vrai dire, à des groupes d'aliments distincts comme dans le cas du lait écrémé qui appartient au groupe du lait tandis que le beurre appartient au groupe des huiles et des graisses. La procédure convenable a déjà été décrite et ne doit pas être répétée ici. Il suffi t de se reporter à l'illustration II. Le deuxième problème concerne le choix de l'unité qu'il faut appliquer à la conversion des divers éléments des produits en valeurs homogènes: valeurs monétaires ou valeurs nutritionnelles. Dans le premier cas, les prix servent de facteurs de conversion. Dans le second cas, c'est la teneur nutritionnelle par unité de poids qui sert de valeur de conversion.

Dans l'exemple ci-dessous, on se sert des facteurs énergétiques (Calories) pour convertir les équations normalisées du blé, des autres céréales et celles du lait de vache, de chèvre, de brebis en valeurs homogènes qui peuvent alors être additionnées pour obtenir l'ensemble (l'agrégat) de ces produits.

Une fois que l'on a procédé à la normalisation des équations des différents produits (voir illustration III), on peut diviser le nombre de calories des produits ainsi redéfi nis par les nouvelles quantités inscrites dans la colonne Aliment pour obtenir un facteur de conversion calorique endogène. Il va sans dire que, dans la version non normalisée du bilan alimentaire détaillé, ces facteurs étaient tirés d'une table de composition des aliments externe. Chaque élément dans l'équation peut maintenant être converti en calories. Les calculs relatifs aux différents produits sont illustrés ci-après:


Tonnes

Calories

Blé



0,567 × 1.710 (production)

= 969,5


456 (importations)

= 258,6


2.166 (disponibilité)

= 1.228,1


190 (semences)

= 107,7


184 (pertes)

= 104,3


1.792 (aliment)

= 1.016,1




Autres céréales



0,527 × 2.500 (production)

= 1.317,5


44 (importations)

= 23,2


2.544 (disponibilité)

= 1.340,7


80 (exportations)

= 42,2


2.464 (total)

= 1.298,5


750 (alim. anim.)

= 395,2


236 (semences)

= 124,4


266 pertes)

= 140,2


1.212 (aliment)

= 638,7




Lait de vache



0,110 × 400 (production)

= 44,2


13 (importations)

= 1,4


413 (disponibilité)

= 45,4


38 (alim.anim.)

= 4,2


31 (pertes)

= 3,4


344 (aliment)

= 37,8




Lait de chèvre et lait de brebis



= 0,200 × 40 (production)

= 8,0


40 (disponibilité)

= 8,0


20 (pertes)

= 4,0


20 (aliment)

= 4,0

Les sommes de chaque colonne (Production, Importations, Exportations, Alimentation animale, Semences, Transformation, Pertes et Aliment) représentent la valeur calorique (en kilocalories par personne et par jour) des éléments respectifs de tous les produits inscrits dans l'illustration I.

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