0330-C1

Implication du public dans la gestion forestière: l’exemple de la Forêt de Soignes

Stéphane Vanwijnsberghe[1] et Serge Kempeneers[2]


Résumé

Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale vient d’adopter le nouveau plan de gestion de la Forêt de Soignes qui définit, pour les 24 prochaines années, les grands axes de la gestion du massif. De par la vocation sociale très marquée du massif - situé à moins de 10km du centre de la capitale européenne - il a paru nécessaire de permettre une plus grande implication du public dans la gestion du massif de façon à répondre, dans les limites d’une gestion forestière durable, à ses desiderata.

Dans le cadre de la préparation du projet de plan de gestion, il a paru nécessaire de réaliser une étude de la fréquentation du public en Forêt de Soignes. Cette étude avait comme objectifs: dresser une carte de fréquentation du massif; évaluer la proportion des différents récréants (pratiquant un sport ou non, bruxellois ou non bruxellois) et de leurs habitudes en terme de fréquentation (semaine, week-end); améliorer la connaissance des groupes de récréants moins connus (cavaliers, joggeurs, cyclistes, VTTistes); évaluer la satisfaction et les attentes des différents groupes de récréants en matière d’aménagement.

Après son élaboration par le service gestionnaire, le projet de plan de gestion a été soumis à la consultation du public qui visait à permettre aux citoyens de se prononcer sur l’intérêt et le bien-fondé des nouvelles dispositions. Cette consultation publique a été effectuée via différents canaux (folders, soirées de présentation du projet, articles et annonces dans les médias, site web). Plus de 4.000 avis ont été récoltés et ont permis, après une analyse statistique, d’en dégager les axes importants. Le projet de plan de gestion a été modifié sur la base des avis exprimés.

Dernièrement, il a été jugé utile de passer d’une démarche consultative sur un projet bâti a priori à une démarche réellement participative qui vise à impliquer de manière active, dès les premières phases d’un projet, les utilisateurs de la forêt. C’est l’objectif de la plate-forme participative de la Forêt de Soignes qui a récemment été mise sur pied.

Mots clés: Forêt de Soignes - gestion participative - enquête de fréquentation - consultation publique - plate-forme participative


1. Contexte général

La Forêt de Soignes est une forêt publique soumise au régime forestier. Elle couvre 4.383 hectares. Depuis la fédéralisation de l’Etat national en 1983, le massif est réparti entre les trois Régions du pays: 56% en Région flamande, 38% en Région de Bruxelles-Capitale, et 6% en Région wallonne. La partie bruxelloise (près de 1.700ha) est la partie nord du massif, située aux portes de Bruxelles, à moins de 10 kilomètres du centre de la capitale européenne. C’est la partie la plus imbriquée dans un tissu urbain densément peuplé. La Forêt de Soignes représente à elle seule 60% des espaces verts bruxellois ouverts au public. A la lumière de ces chiffres, on comprend l’importance de la Forêt de Soignes pour la Région de Bruxelles-Capitale.

Dans l’histoire de la Forêt de Soignes, les objectifs de gestion ont fortement évolué. Jusqu’à la seconde moitié du XIXème siècle, ce sont les fonctions cynégétique et de production de bois qui ont orienté la gestion.

Au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle, le secteur tertiaire se développe et de nouveaux modes de transport rendent la forêt accessible à une classe moyenne de plus en plus prospère et importante. Les Bruxellois s’intéressent alors de plus près à la Forêt de Soignes et à sa gestion. Des associations de toutes sortes se créent et font entendre leur voix à l’Administration (création de la Ligue des amis de la forêt de Soignes en 1905). Dès lors, la gestion de la forêt ne pourra plus uniquement viser des objectifs de production, mais également tenir compte de conceptions esthétiques, sociales et écologiques. Ainsi, à partir de cette époque, les aspects récréatifs et paysagers prennent de plus en plus d’importance dans la gestion de la Forêt de Soignes jusqu’à devenir majeurs et reléguer les fonctions cynégétique et de production de bois au second plan. Depuis les années 1970, la conservation de la nature occupe une place de plus en plus importante dans la gestion forestière (création de réserves naturelles et forestières). Récemment la Forêt de Soignes a été proposée au niveau européen comme zone spéciale de conservation (ZSC).

Plus récemment, les abattages de vieux arbres suscitent des réactions de plus en plus vives de la part du public. Des comités de quartier s’organisent, des pétitions sont signées et envoyées au Ministre pour tenter d’empêcher ces abattages, la presse faisant écho de ces revendications...

Cette évolution du contexte social - particulièrement marquée sur Bruxelles - permet de comprendre les difficultés qu’a eues l’Administration des Eaux et forêts (plus habituée à gérer des forêts selon un objectif de production de bois de qualité) pour faire approuver ses projets de plans d’aménagement pour la Forêt de Soignes.

Récemment, le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale vient d’entériner le nouveau plan de gestion de la Forêt de Soignes (Vanwijnsberghe et al. 2002) qui définit, pour les 24 prochaines années, les grands axes de la gestion du massif. Il vise à faire évoluer le massif vers une forêt sociale[3] (Roisin 1977) qui cherche à satisfaire les différentes fonctions aujourd’hui reconnues au massif - les fonctions paysagère, récréative et éducative, écologique - et à leur intégration cohérente dans une gestion durable[4] du site. La Forêt de Soignes sera proposée à la certification «gestion durable» selon les principes développés par le FSC (Forest Stewardship Council).

2. Enquêtes auprès du public dans la phase d’élaboration du projet de plan de gestion

L’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement (I.B.G.E.), administration en charge de la gestion de la Forêt de Soignes, a souhaité procéder à une étude sur la fréquentation de la Forêt de Soignes, les dernières données en possession de l’Administration datant en effet de plus de 20 ans (Coquelet 1973). Il est clair que le contexte politique, économique et social avait profondément évolué ce qui justifie la nécessaire mise à jour de ces données.

L’étude de la fréquentation du public en Forêt de Soignes avait comme objectifs l’évaluation de la proportion des différents récréants (pratiquant un sport ou non, bruxellois - non bruxellois, ...) et de leurs habitudes en terme de fréquentation (semaine - week-end), le questionnement de groupes d’usagers non encore interrogés (cavaliers, joggeurs, cyclistes, VTTistes), l’évaluation de la satisfaction et des attentes en matière d’aménagement des différents groupes de récréants.

La réalisation de l’étude de fréquentation a été confiée au Laboratoire de Psychologie Industrielle et Commerciale de l’ULB (van de Leemput et al. 2001). Pour répondre aux objectifs et compte tenu des données existantes, l’étude a comporté trois volets complémentaires:

- volet 1: détermination des activités des récréants en forêt et de leurs comportements. Plus de 400 personnes ont été interrogées, en forêt, par questionnaire durant les mois de juillet, août et début septembre 1998;

- volet 2: répartition des différents types de récréants par comptage à différents points stratégiques (4 par brigade) de la forêt et à différents moments de la journée et de la semaine. Au total, 3853 personnes ou groupes de personnes ont été observés de mi-septembre à fin octobre 1998;

- volet 3: évaluation des attitudes à l’égard de la forêt, du degré de satisfaction et des attentes en matière d’aménagement par la population de la Région de Bruxelles-Capitale. Cette partie a été réalisée par enquête téléphonique au cours des mois de septembre et octobre 1998. Au total, 2490 personnes ont été contactées et 621 personnes ont répondu au questionnaire proposé.

En outre, la phase d’élaboration du projet de plan de gestion comprenait également recherches bibliographiques, synthèse et analyse des données disponibles (peuplements, faune, flore...) et études complémentaires (paysagère...).

Il ressort de ces trois volets que la Forêt de Soignes est considérée comme un site historique, unique, qui doit, à l’avenir, être mieux protégé par la réglementation. Il ne s’agit pas d’interdire l’accès du site à certains récréants mais de trouver une harmonisation des comportements afin de diminuer les situations potentiellement sources de conflits. Il s’agit surtout pour les gestionnaires de pouvoir identifier les habitudes de fréquentation de chaque type de récréants et de concevoir des aménagements visant également à mieux garantir la satisfaction des récréants. Il apparaît que les critères de satisfaction des récréants ne sont pas identiques, certains veulent plus de liberté, d’autres des aménagements importants, d’autres au contraire souhaitent une forêt plus sauvage et une limitation de son accès.

Tenant compte de toutes ces données prélevées sur le terrain, l’I.B.G.E. a élaboré un projet de plan de gestion, essayant de concilier les contraintes techniques, sociales, légales et économiques dans une gestion durable du massif.

3. Consultation publique du projet de plan de gestion

Le projet de plan de gestion ainsi rédigé a été soumis au Gouvernement pour obtenir un premier vote autorisant à ce qu’il soit soumis à la consultation publique. Cette consultation publique s’est déroulée du 15/10 au 15/12/2000. Il s’agissait de permettre aux citoyens de se prononcer sur l’intérêt et le bien fondé de nouvelles dispositions.

Afin de structurer les avis des citoyens, la consultation publique s’est faite sur base d’un document résumant les grands axes du projet de plan de gestion[5] et proposant des questions fermées relatives à ces grands axes. Plus précisément, le questionnaire abordait les points suivants: la diversité de paysages et la place que doit y occuper la hêtraie, l’importance quantitative des différents types de mobilier, la cohabitation entre les usagers, les contrôles et les amendes, la réglementation relative à la cueillette des fleurs et des champignons, la perception du bois mort au sol, le rôle de la forêt. Une place était laissée en fin de questionnaire pour permettre à chacun de formuler librement des suggestions ou commentaires. Des questions relatives aux caractéristiques des répondants complétaient l’investigation (âge, répartition géographique du domicile, fréquentation et moment des sorites en Forêt de Soignes).

Le document, sous forme de folder, a été distribué selon différents canaux: en forêt durant la semaine et les week-ends, dans les maisons communales, dans les lieux publics, par demande téléphonique, sur le site web de l’Institut. La publicité pour la consultation publique a été appuyée par une campagne d’affichage en forêt (sur les parkings) et en ville, des encarts publicitaires dans la presse écrite et des spots radio. Ces différentes actions de publicité ont été confiées à des sociétés spécialisées dans ces matières. Au total, 20.000 folders ont été distribués. Des présentations orales du projet ont également été réalisées en soirée dans les communes.

Le projet de plan de gestion dans son intégralité a été envoyé pour avis à différents organismes: cabinets ministériels des autres régions du pays qui ont en charge la forêt, services forestiers des autres régions du pays, ministères bruxellois concernés par la gestion du site, instances consultatives bruxelloises (Commission royale des monuments et sites, Conseil supérieur de la nature...), communes bruxelloises, universités et centres de recherches, associations dont les activités sont liées au site, associations de protection de la nature (WWF, AVES, RNOB...), associations liées aux activités récréatives (promeneurs, cyclistes, cavaliers, courses d’orientation...), associations de protection du site (Ligue des Amis de la Forêt de Soignes, Association pour la protection des arbres de la Forêt de Soignes...), ...

Au total près de 4.000 avis ont été récoltés:

- 3.500 talons réponses des 20.000 folders distribués (dont une centaine étaient accompagnés d’un avis écrit plus détaillé);

- 500 talons réponses de personnes qui ont consulté le folder via Internet;

- 40 avis fouillés venant des organisations qui avaient reçu la version intégrale du projet de plan de gestion.

Ces avis ont été analysés par le Laboratoire de Psychologie Industrielle et Commerciale de l’ULB (van de Leemput et Reniers 2001). De façon très résumée, il ressort de cette analyse des tendances fortes. Le public bruxellois s’exprime:

- pour que soit préservée l’ambiance forestière (et donc ne pas faire évoluer la forêt en parc: limiter le mobilier...);

- tout en y assurant l’accueil du public pour la pratique d’activités de détente (en réglant les problèmes de conflits liés aux VTTs et aux chiens non tenus en laisse et non maîtrisés);

- et en y assurant la conservation (voir favoriser le développement) de la diversité faunistique et floristique.

- à être mieux informé des travaux exécutés en forêt.

A titre d’exemple, plus de 60 % des répondants se sont positionnés en faveur d’un équilibre entre la «hêtraie cathédrale», la «forêt mélangée», les conifères, les clairières et autres, tel que décrit dans le projet de plan de gestion. Plus de 80% estiment que le bois mort au sol fait partie intégrante du paysage forestier et doit, à ce titre, être conservé. L’ambiance forestière doit à tout prix être conservée. En ce qui concerne le mobilier forestier, 54 % des participants se sont montrés plutôt opposés à son augmentation. Du point de vue de la cohabitation, seuls 11% des répondants sont favorables à l’idée de laisser les chiens courir sans laisse dans l’ensemble de la forêt. En matière de contrôle, les participants à la consultation publique préconisent une systématisation des sanctions et désirent accroître la visibilité des gardes forestiers...

Ces données recueillies ont été prises en compte par les gestionnaires et traduites en décisions opérationnelles dans la gestion du site. Ainsi, le projet de plan de gestion a été modifié sur base des avis exprimés. Il a ensuite été déposé au Gouvernement pour être voté pour être mis en oeuvre.

4. La plate-forme participative

Le projet de plan de gestion (Vanwijnsberghe et al. 2002) prévoyait la mise sur pied d’une plate-forme participative qui constitue une approche réellement participative pour les utilisateurs de la forêt. Elle vise à intégrer les représentants des différents types de publics fréquentant la forêt dans une démarche de construction de projet, dès les premières phases.

Le projet est financé par l’IBGE et est géré par trois associations regroupées au sein d’un consortium: la Fondation Roi Baudouin, le WWF et la Fondation pour les Générations Futures.

La plate-forme rassemble les différents utilisateurs, des gestionnaires aux cavaliers en passant par les promeneurs (avec ou sans chien), les exploitants forestiers, les pêcheurs, les cyclistes, les vététistes, les mouvements de jeunesse, les groupements de protection de la nature... La plate-forme doit amener tous ces acteurs à prendre conscience que leurs besoins et desiserata ne vont pas nécessairement dans le même sens et qu’il y a nécessité de faire des compromis pour réaliser un projet. Ces discussions devraient amener des changements dans le comportement de chacun.

Un des problèmes auquel est confronté le gestionnaire de la plate-forme est de rassembler, pour chacun des types d’utilisateurs, des personnes représentatives de ces groupes. Pour les cavaliers, ce problème a pu facilement être résolu puisque les propriétaires de chevaux louent un box dans un manège situé à proximité de la forêt. Par contre, pour les cyclistes, le problème est plus complexe. Les associations de cyclistes se situent à un niveau national ou régional, mais peu de cyclistes qui fréquentent la forêt y sont affiliés. La plate-forme s’est alors tournée vers les commerçants et les distributeurs de vélos qui sont installés à proximité de la forêt.

Un autre problème auquel est confronté la plate-forme est de regrouper les différentes tranches d’âges, des plus jeunes aux plus anciens. Si ces derniers sont très présents, il n’en est pas de même des plus jeunes et des adolescents (mouvements de jeunesse) qui sont représentés par des adultes (parents ou responsables de mouvement de jeunesse) et n’expriment dés lors pas directement leurs avis.

Actuellement, près de 50 personnes participent à la plate-forme. Mais ce nombre sera certainement appelé à augmenter grâce à la publicité faite autour de ce projet.

Fonctionnement

Au cours de la première plénière de lancement de la plate-forme, il a été demandé aux différentes personnes présentes de proposer des thèmes qu’elles souhaiteraient voir aborder. Après ce premier tour de table, il a été demandé à chacun de se prononcer sur les deux thèmes qui devaient prioritairement être abordés.

Les problématiques qui peuvent être abordées par la plate-forme sont évidemment très variées: régénération naturelle, signalisation en forêt, problématique des VTTs et des chiens non tenus en laisse, coupes de bois et réaction du public, déclin des populations d'oiseaux insectivores, communication avec le public et centres d'initiation, certification du bois et gestion durable, gestion des populations de grands mammifères, cueillette des champignons, accessibilité de la biodiversité au public...

Lors de la première réunion, le thème qui a remporté le plus de suffrage est l‘information et la sensibilisation du public à la forêt. Deux projets en cours d’étude ont également été épinglés (l’aménagement de l’abbaye du Rouge-Cloître et la mise à quatre voies de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Namur qui traverse la forêt de Soignes et qui entraînera des expropriations).

Ainsi un premier groupe de réflexion a été constitué sur le thème de l’information et de la sensibilisation du public à la forêt (des groupes se sont également constitués pour étudier les deux projets en cours). La participation qui y est volontaire, dépend des affinités de chacun. Les commissions rassemblent en moyenne une dizaine de membres. La fréquence des réunions a été fixée à une rencontre toutes les 3 semaines et ce pendant 3 mois (la durée de travail des commissions varie en fonction du sujet traité ainsi que la fréquence des rencontres). Dans un premier temps, la commission s’informe sur les différents aspects de la problématique (tenants et aboutissants des projets, problèmes qui se posent...). Quelques semaines avant le terme prévu, la commission fait un compte-rendu sur l’état de ses réflexions à l’Assemblée générale lors d’une séance plénière, de façon à ce que cette dernière puisse se prononcer sur les orientations qui sont prises et au besoin les réorienter. Le groupe se réunit alors une dernière fois pour rédiger un rapport détaillé (constat, analyse de la problématique et proposition d’actions ou de solutions) sur le sujet qui sera transmis aux gestionnaires.

Au cours de cette plénière, un ou plusieurs nouveaux thèmes sont également choisis en reprenant la liste des thèmes exprimés lors de la première plénière (et complétée si nécessaire par les personnes présentes). Un vote est organisé pour élire le(les) thèmes qui sera(ont) abordés par la plate-forme. Les commissions sont ensuite constituées, et un délai de travail est fixé ainsi que la fréquence des réunions. Le deuxième sujet qui a été choisi par la plate-forme est la problématique des chemins en forêt (usage, praticabilité...).

Cette façon de fonctionner permet à l’ensemble de la plate-forme d’être mise au courant des débats en cours et participe ainsi à la rédaction de l’avis de la plate-forme. Les décisions sont prises en son sein par la recherche du compromis le plus large possible.

Par la suite, il revient aux gestionnaires d’étudier les propositions de la plate-forme et de voir comme elles peuvent s’insérer dans le cadre légal (régional, national et international), la réalité budgétaire de l’administration et les disponibilités en main-d’œuvre.

Les pièges auxquels la plate-forme pourrait être confrontée sont:

- le développement de discussions vaines et stériles, menées par un ou deux intervenants plus forts en voix sans qu’aucune décision ne puisse être prise

- l’évolution en un lieu d’information où le gestionnaire consacre un temps précieux sans en retirer de réel bénéfice pour l’élaboration des projets

- l’évolution en un lieu où le gestionnaire est mis sur la sellette et à qui il doit rendre des comptes

- la transformation en une tribune où les groupes de pression s’opposent aux gestionnaires

- la peur des gestionnaires forestiers de perdre des responsabilités ou du pouvoir

Le gestionnaire de la plate-forme, conscient de ces risques, doit veiller à maintenir entre les participants un climat de discussion et non revendicatif.

À côté de l’organisation des réunions, différents outils de communication ont également été mis en place: un site internet, une newsletter pour le public affichée dans les panneaux d’information aux entrées de la forêt... La plate-forme est aussi représentée lors des différentes manifestations qui se déroulent en Région bruxelloise.

5. Conclusions et perspectives

Il ressort des consultations publiques qu’il est primordial d’interroger les citoyens, y compris sur des problématiques techniques de gestion. Il apparaît particulièrement intéressant dans ce projet d’associer les phases de consultation du public préalablement, pendant et après la réalisation du plan de gestion. Il est indispensable de consulter un éventail le plus large possible de citoyens, sans se limiter à ceux qui fréquentent la forêt. Toutefois, l’enquête téléphonique et l’analyse de l’origine géographique des participants à la consultation publique montrent qu’il n’est pas simple d’obtenir des informations de personnes éloignées géographiquement de la Forêt de Soignes. La consultation via Internet semble néanmoins une alternative intéressante. Il faut encore souligner la richesse de la collaboration entre l’administration et le centre de recherche universitaire alliant expertise, neutralité et dialogue. Enfin, le plan de gestion prévoyait la création d’une démarche participative avec constitution d’une plate-forme participative. Cette structure vient tout récemment d’être mise en place et après la première année de fonctionnement, les résultats sont prometteurs. Il est prévu de reconduire cette expérience une deuxième année afin d’en évaluer la performance et au besoin d’en améliorer le fonctionnement. Cette structure doit ainsi devenir un réel outil d’aide à la gestion en intégrant, dés les premières phases d’un projet, les remarques, avis et suggestions du public. Ce type de structure doit ainsi permettre de rentrer dans un dialogue réellement constructif avec les utilisateurs de la forêt.

Bibliographie

Roisin, P. (1977) - La forêt sociale - le tourisme en forêt. Annales de Gembloux, 83: pp. 69-76.

Coquelet (1973) - Etude de la valeur récréative du Parc national de la Hoge Weluxe (Pays-Bas) et de la forêt domaniale de Soignes. Travail de fin d’études, U.C.L., Faculté des Sciences Agronomiques, Louvain, Laboratoire forestier. 139p.

van de Leemput, C., Sylin, M. et Salengros, P. (1998) - Etude sur la fréquentation de la forêt de Soignes. Rapport d’étude. U.L.B. Laboratoire de Psychologie Industrielle et Commerciale. Bruxelles, 170p.

van de Leemput C. et Reniers J.-M. (2001) - Dépouillement et analyse des questionnaires de participation à la consultation publique sur le Projet de plan de gestion de la Forêt de Soignes. Rapport d’étude. U.L.B. Laboratoire de Psychologie Industrielle et Commerciale. Bruxelles, 164p.

Vanwijnsberghe S. et al. (2002) - Plan de gestion de la Forêt de Soignes - partie de Bruxelles-Capitale. Bruxelles, I.B.G.E.-B.I.M., Division Espace verts, 150p. + 17 annexes.


[1] Ingénieur – responsable de département
Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (IBGE)
Département des Bois et Forêts
Gulledelle 100 - 1200 Bruxelles
Tél : 02/775.77.39
E-mai : [email protected]
[2] Directeur – responsable de division
Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (IBGE)
Division des Espaces verts
Gulledelle 100 - 1200 Bruxelles
Tél : 02/775.76 .77
E-mail : [email protected]
[3] «... Dès lors que l’on reconnaît à la forêt diverses fonctions aujourd’hui bien établies et que chacune de celles-ci sous-entend implicitement la satisfaction d’un besoin particulier de l’homme et de la société, c’est dans l’accomplissement de chacune de ces fonctions que la forêt remplit son rôle social»
[4] La convention d’Helsinki définit la gestion durable comme étant “la gérance et l’utilisation des forêts et des terrains boisés, d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes, aux niveaux local, national et mondial ; et qu’elles ne causent pas de préjudices à d’autres écosystèmes”.
[5] Le projet de plan de gestion est un document de plus de 100 pages difficilement consultable par tous les citoyens en terme d’accessibilité et de compréhension des données techniques. Toutefois, le document était consultable dans son intégralité dans les communes et à l’Institut. Il pouvait également être commandé (à prix coûtant) directement à l’Institut.