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Initiatives et processus sous-régionaux de conservation et de gestion forestière en Afrique centrale: cohérence ou concurrence?

Elie Hakizumwami 1, Cléto Ndikumagenge 2


Résumé

L'Afrique centrale connaît une émergence de plusieurs initiatives de gestion des ressources forestières (organisations régionales, organisations non gouvernementales, programmes régionaux, réseaux régionaux et nouvelles initiatives émergentes) ayant des interfaces dans leurs activités sur les plans de la gouvernance dans la gestion des ressources naturelles, la communication et les échanges, l'harmonisation des politiques, des approches et des pratiques et dans le renforcement des partenariats et de la coopération internationale.

La coordination et la mise en cohérence de ces initiatives sont compromises par l'inadéquation entre leurs objectifs et les préoccupations prioritaires des pays, les conflits de leadership entre les pays et le faible niveau d'engagement à bâtir une dynamique régionale.

Afrique centrale

De ce fait, les pays sont confrontés aux difficultés de la mise en œuvre des conventions internationales issues de Rio, ces difficultés étant surtout liées aux conséquences des politiques d'ajustement structurel, au poids de la dette, à la pauvreté des populations, à la faiblesse dans les échanges et à l'insuffisance de solidarité de la communauté internationale.


1-Introduction

«L'Afrique centrale» englobe les forêts du Bassin du Congo qui constituent avec celles de l'Amazonie et d'Asie du Sud-Est , les trois principaux ensembles boisés, denses et humides de la planète. Alors qu'elles ne constituent que 6% des terres émergées,ces forêts renferment près de la moitié des êtres vivants (Koyo, 1999). Ces forêts constituent depuis longtemps des sources de matières premières et de services très variés (terres, bois d'œuvre, bois de service, bois énergie, viandes de chasse, divers produits ligneux et non ligneux, etc.). Dans cet article, l'expression «Afrique Centrale» désigne l'ensemble des 10 pays à savoir le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le République Centrafricaine (RCA), la République Démocratique du Congo, Saõ Tome et Principe, le Rwanda et le Tchad. Ces pays sont très contrastés sur plusieurs points de vue.

Transport des grumes au Cameroun (Photo C. Ndikumagenge)

En même temps que l'on assiste aux relances des processus d'intégration économique, on observe une conscience sous-régionale de plus en plus développée qui se matérialise par la prolifération d'initiatives et processus qui cherchent à établir une cohérence dans l'approche des problèmes de la région, notamment ceux des écosystèmes forestiers. Ces processus ont été lancés tantôt sur l'initiative des Etats, tantôt sous la houlette des institutions internationales ou des bailleurs de fonds. Cependant, les politiques forestières des pays d'Afrique Centrale restent caractérisées par leur manque d'intégration au développement du monde rural dans son ensemble et par la faible implication de différents acteurs clés autres que l'Etat (ONG, secteur privé, populations rurales...) dans la gestion de ces ressources forestières et la mobilisation des financements durables suffisants pour la promotion et le développement des programmes forestiers (Koyo,2000).

Le présent article fait le point sur les initiatives et les processus sous-régionaux et fait une analyse sur les interfaces entre leurs objectifs. Ilaborde les difficultés liées à la mise en cohérence de leurs interventions et analyse ensuite leurs conséquences sur la mise en œuvre des politiques forestières dans les pays, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des conventions internationales issues de Rio de Janeiro que ces pays ont ratifiées. Face à cette situation, quelques propositions concrètes pour améliorer la cohérence des interventions sont dégagées.

2 Principales initiatives œuvrant dans le domaine forestier en Afrique Centrale

2-1 Processus ou organisations régionaux

Organisation Africaine du Bois (OAB)

L'OAB est une organisation régionale de coopération en matière de gestion des ressources forestières. qui compte 15 pays membres: Angola, Cameroun, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Ghana, Guinée Equatoriale, Libéria, Madagascar, Mozambique, Nigeria, Saõ Tome et Principe et Tanzanie dont sept sont en Afrique Centrale.

Elle a entre autres objectifs:l'échange d'informations continue et un soutien mutuel sur l'harmonisation des politiques commerciales des pays membres; la promotion des bois africains et des études de marché; l'harmonisation des politiques de reboisement et d'aménagement; le suivi et l'évaluation des principes; les critères et indicateurs d'audits et de standards de performance; la coordination des politiques de formation et la promotion de la coopération entre Etats Membres dans tous les domaines relatifs à l'économie forestière. Elle envisage de devenir un organisme spécialisé de l'Union Africaine.

Organisation pour la Conservation de la Faune Sauvage en Afrique (OCFSA)

Créée en 1981, l'OCFSA regroupe le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Soudan, et le Tchad. Ses objectifs sont: recommander toutes les mesures propres à assurer la conservation et la valorisation de la faune et l'organisation de la lutte anti-braconnage; assurer l'échange continu d'informations et un soutien mutuel sur leurs politiques d'utilisation de la faune; recommander des mesures tendant à harmoniser les politiques en matière de chasse et de commercialisation des produits de chasse; assurer la gestion des aires protégées transfrontalières.

La Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses Humides d'Afrique Centrale (CEFDHAC)

Lancée en 1996, la CEFDHAC, connue aussi sous le nom de «Processus de Brazzaville», est un forum regroupant les Ministres, les Parlementaires, les Organisations non gouvernementales nationales et sous-régionales, les communautés autochtones et locales, le secteur privé et les Chercheurs impliqués dans la gestion des écosystèmes de forêts denses et humides d'Afrique centrale. Elle couvre les pays suivants: Burundi, Cameroun, Congo-Brazzaville, République Centrafricaine, Gabon, Guinée Equatoriale, RDC, Rwanda, Saõ Tome et Principe et Tchad),

La CEFDHAC est particulièrement chargée de favoriser la cohérence des interventions dans les écosystèmes forestiers en Afrique Centrale; rendre disponible l'information technique utile à la décision des Ministres en charge des écosystèmes forestiers; assurer la dissémination des idées novatrices et d'expériences éprouvées en faveur de la conservation et l'utilisation durable des ressources biologiques en Afrique Centrale et organiser des fora écologiques sous-régionauxet nationaux et les ouvrir à tous les acteurs concernés ou intéressés par la conservation de la biodiversité en Afrique centrale.

La Conférence des Ministres en charge des forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC)

En mars 1999, les Chefs d'Etat du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de la RCA et du Tchad ont signé une déclaration appelée «Déclaration de Yaoundé»dans laquelle ils manifestent leur attachement au principe de conservation de la biodiversité et de la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale. En juin 2002, ils ont été rejoints par la République Démocratique du Congo.

La COMIFAC a été mise sur pied suite à cette Déclaration de Yaoundé pour faciliter la mise en œuvre des recommandations. En effet, la déclaration recommande à tous ceux qui sont impliqués dans la gestion des écosystèmes forestières de travailler pourcréer des aires protégées transfrontalières; mettre en place un système de taxation qui permettra de financer la conservation à long terme; arriver à l'adoption des politiques nationales d'exploitation forestière; faire participer les populations rurales à la planification et à la gestion durable; impliquer les opérateurs économiques à la gestion durable des écosystèmes forestiers; promouvoir l'industrialisation du secteur forestier; promouvoir des fora d'échanges et établir dans chaque Etat des mécanismes durables pour le financement du développement forestier et faciliter l'harmonisation des politiques nationales en matière de forêts et accélérer la mise en place d'instruments d'aménagement, notamment la certification forestière.

2-2 Organisations Non Gouvernementales internationales.

Il existe plusieurs organisations internationales non gouvernementales dont les principales sont l' Union Mondiale pour la Nature (UICN), bureau régional pour l'Afrique qui couvre 9 pays: Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RCA, République Démocratique du Congo, Rwanda, Saõ Tome et Principé;le fonds Mondial pour la Nature (WWF) - Bureau Régional (CARPO) qui intervient au Cameroun, au Congo, au Gabon, en RCA, et en République Démocratique du Congo et le Wildlife Conservation Society (WCS) qui intervient au Cameroun, au Gabon, au Congo en République Centrafricaine, en République Démocratique du Congo et au Rwanda. Elles jouent un rôle important dans la conservation et la facilitation des initiatives sous-régionales: WWF a contribué au lancement du Processus de Yaoundé et UICN a été mandatée pour jouer le rôle d'Agence de facilitation de la CEFDHAC.

2-3 Programmes régionaux

Le Programme pour la Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Forestiers en Afrique Centrale (ECOFAC) vise la conservation et l'utilisation rationnelle des aires protégées dans six pays: Cameroun, Congo, Gabon, République Centrafricaine, Guinée Equatoriale et Saõ Tome et Principe.

Le Programme Régional de l'Afrique centrale pour l'Environnement (CARPE) dont les interventions sont axées sur la gouvernance environnementale, la gestion des ressources axées sur les communautés, les performances de l'industrie forestière en matière d'environnement, la gestion des aires protégées au Cameroun , au Gabon, au Congo en RDC, en Guinée Equatoriale, en République Centrafricaine, Burundi, Rwanda et à Saõ Tome et Principe.

Le Projet Régional de Gestion de l'Information Environnementale (PRGIE) vise à valoriser et faire circuler l'information existante, à impliquer les décideurs dans l'utilisation de l'information dans leurs activités de planification et de suivi des ressources naturelleset à satisfaire les besoins des utilisateurs en matière d'information environnementale au Cameroun, au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Congo, en République Centrafricaine en République Démocratique du Congo et au Tchad.

FORAFRI (Programme de capitalisation et de transfert des résultats des recherches menées dans les forêts denses et humides d'Afrique) intervient au Cameroun, au Congo, en Côte d'Ivoire, et au Gabon dans le cadre de la production et de la diffusion des conclusions synthétiques des différentes activités de recherche menées dans les forêts denses humides d'Afrique tropicale (sylviculture et aménagement des forêts denses) et du transfert des résultats de ces recherches aux utilisateurs potentiels.

2-4 Réseaux régionaux

Il existe plusieurs réseaux qui travaillent dans les domaines variés: circulation de l'information, collaboration dans le renforcement des capacités, implication des femmes, lobbying, mise en œuvre des lois nationales et des conventions internationales comme le Réseau de Politiques Forestières dans le Bassin du Congo (REPOFBAC), le Réseau des Institutions de Formation Forestière et Environnementale d'Afrique Centrale (RIFFEAC), le Réseau des Femmes Africaines pour le Développement Durable (REFADD), le Réseau Africain d'Action Forestière (RAAF) et le Réseau des Parlementaires d'Afrique Centrale.

2-5 Initiatives émergentes

Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo

Il a été lancé en marge du Sommet Mondial sur le Développement Durable par les Etats-Unis en Août 2002 et concerne six pays: Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et République Démocratique du Congo. Il vise surtout l'appui aux pays pour la mise en place d'un réseau d'Aires protégées bien gérées, le suivi et l'évaluation de la gouvernance dans la gestion des ressources, la lutte contre l'exploitation illégale et le renforcement des capacités des gouvernements et des ONG dans l'amélioration de l'implication des communautés de base dans la gestion des ressources

Application de la Législation Forestière et Gouvernance en Afrique (AFLEG)

L' AFLEG s'oriente à galvaniser l'engagement international et de multiples parties prenantes de haut niveau politique, pour renforcer les capacités en application des lois forestières en Afrique , particulièrement par rapport aux exploitations illégales et le commerce des produits provenant de ces activités illégales. Le Processus vise à aboutir à une Déclaration Ministérielle et éventuellement d'un Plan d'actions additionnel.

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD)

Le NEPAD vise à combler le retard qui sépare l'Afrique des pays développés. Il est articulé en une double stratégie: d'une part l'option de la région comme espace opératoire de base plutôt que l'Etat africain dans ses limites actuelles, et d'autre part, le recours aux investissements privés massifs comme l'ont fait les autres continents. A cet effet, 5 régions ont été définies: Afrique de l'Ouest, Afrique Centrale, Afrique du Nord, Afrique de l'Est, Afrique Australe et Madagascar. L'Environnement figure dans les 10 priorités du NEPAD.

3-Interfaces ou duplications entre les initiatives?

L'analyse des objectifs témoigne de l'existence des interfaces et des duplications au niveau de la zone d'intervention et des axes d'intervention que l'on pourrait résumer comme suit:

Couverture géographique

Malgré que certains pays soient couverts par les mêmes initiatives, il apparaît clairement qu'aucune initiative ne couvre la même zone géographique que l'autre et cela ne manque de conséquences sur la mise en cohérence des interventions dans la sous région. Cela est dû au fait que la délimitation de «l'Afrique Centrale» dépend en partie des préoccupations des donateurs et des partenaires au développement.

Axes d'intervention

Les informations contenues sur le tableau 1 mettent en exergue les interfaces et les duplications entre les différentes initiatives en fonction des axes d'intervention:

Tableau 1: Principaux axes d'intervention

Initiatives

Axes d'intervention

Gouvernance

Harmonisation des politiques et lois

Renforcement des capacités

Implication de la société civile

Mise en œuvre des conventions internationale

Communication et échanges d'information

OAB

 

X

X

X

X

X

OCFSA

 

X

X

     

CEFDHAC

X

X

X

X

X

X

COMIFAC

X

X

X

 

X

X

UICN

X

X

X

X

X

X

WWF

X

 

X

 

X

 

WCS

   

X

 

X

 

ECOFAC

   

X

     

CARPE

X

 

X

X

 

X

PRGIE

   

X

 

X

X

FORAFRI

   

X

   

X

Partenariat Bassin du Congo

   

X

X

 

X

AFLEG

X

 

X

X

   

NEPAD

X

   

X

 

X

La gouvernance dans la gestion des ressources forestières apparaît comme une préoccupation majeure de la plupart des initiatives notamment CARPE, AFLEG, COMIFAC, CEFDHAC,NEPAD notamment avec l'intensification de l'exploitation illégale et à la problématique de la distribution des ressources issues de l'exploitation forestière.

L' harmonisation des politiques et lois rentre dans les priorités de plusieurs initiatives comme la CEFDHAC, la COMIFAC, l'OAB et l'OCFSA. Quoique souvent évoquée au niveau des discours politiques, force est de constater que la mise en cohérence des politiques laisse à désirer. En guise d'exemple , il n'existe pas de cohérence dans la superficie (en hectares) des concessions forestières: Maximum de 200 000 pour le Cameroun, entre 90 000 et 1 200 000 pour au Congo, entre 15 000 et 350 000 pour la Gabon, entre 10 000 et 50 000 ha pour la Guinée Equatoriale et 250 000 ha et plus pour la République Démocratique du Congo. La fiscalité forestière n'est pas non plus harmonisée.

Le renforcement des capacités est un axe qui est abordé, sans coordination ni cohérence par toutes les initiatives.

Quant à l'implication de la société civile dans la gestion des ressources, elle rentre dans la priorité de certaines initiatives comme la CEFDHAC, le NEPAD, l'AFLEG. Quant à la mise en œuvre des conventions internationales liées à la gestion des ressources forestières, elle n'est abordée que par quelques initiatives telles que le PRGIE, la COMIFAC, la CEFDHAC et les ONG internationales (UICN, WWF et WCS).

La communication et les échanges d'information est une préoccupation majeure au sein de plusieurs initiatives ou processus (OAB, PRGIE, CEFDHAC, COMIFAC). En effet, en dehors de l'insuffisance des moyens de communication, la sous-région souffre d'un faible niveau d'intégration entre les pays et de la faiblesse de la communication.

4- La difficile coordination des initiatives sous-régionales

Malgré la multiplicité des initiatives et l'existence de quelques interfaces, la coordination des activités menées reste problématique. Cela est surtout dû à plusieurs facteurs dontl'inadéquation entre les activités de ces initiatives et les préoccupations des pays, le manque de cohérence entre les initiatives, les conflits de leadership et la faible coordination des donateurs. En effet, certaines initiatives ne sont pas «endogènes» et ne répondent pas nécessairement à la demande des populations cibles ce qui crée une inadéquation entre leurs activités et les besoins des pays.

Par ailleurs, le manque de cohérence entre les différentes ONG entre elles et les partenaires de développement résulte du fait qu'il n'existe pas de cadre formel de concertation alors que ceux-ci abordent les mêmes questions. Une des conséquences de manque de cohérence est l'émergence des conflits de leadership et d'intérêts entre les pays.

Le fait qu'il n'existe pas de cadre de concertation entre les donateurs dans certains pays rend également difficile la coordination de leurs interventions. Aussi, faut-il souligner que les approches de planification et d'intervention sur les mêmes espaces et les mêmes sujets ne sont pas harmonisées.

5-Quelques conséquences du manque de cohérence sur les politiques forestières des pays: cas de la mise en œuvre des conventions internationales.

Une étude récente menée dans le cadre de l'association SILVA, avec l'appui de l'Union Européenne et de la FAO dans trois pays d'Afrique Centrale (Burundi, Cameroun et Congo) (Riedacker, Ndikumagenge et Hakizumwami,2002) met en exergue les difficultés rencontrées par ces pays dans la mise en œuvre des Conventions Internationales issues de la Conférence des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement (CNUED) malgré qu'ils les aient signées et ratifiées. Ces difficultés compromettent la mise en œuvre de ces conventions et pourraient être atténuées si ces initiatives agissaient de façon cohérente et dans le but de répondre aux préoccupations des pays.

Elles sont liées aux politiques d'ajustement structurel et leurs conséquences directes et indirectes sur les ressources forestières;à la pauvreté et ses conséquences sur la préservation des ressources forestières étant donné que la dégradation des conditions de vie exacerbe leur dépendance vis-à-vis des ressources naturelles;au poids de la dette qui limite la capacité des pays à investir dans la gestion des ressources forestières; aux faiblesses institutionnelles (alors que ce sont les institutions qui doivent faciliter leur mise en œuvre); aux faiblesses dans la planification en général et dans la planification de la gestion des ressources forestières en particulier; à la faible diffusion des textes des conventions.

Conclusions et Perspectives

Une prise de conscience croissante sur la nécessité de renforcer la coopération sous-régionale et régionale pour la gestion durable des ressources forestières d'Afrique centrale est manifeste. Cependant, à cause des duplications et du manque de cadre formel et effectif de coordination et de concertation , les synergies entre les initiatives laissent à désirer. Par ailleurs, le manque de cohérence entre les objectifs de ces initiatives et les préoccupations majeures des pays concernés, les faiblesses institutionnelles des pays concernés, les conflits de leadership entre les pays, les conflits armés dans certains pays de la sous-région contribuent à l'insuffisance de mobilisation effective régionale en faveur de la cohérence des initiatives régionales.

Pour contribuer à l'amélioration de la gestion des ressources forestières et favoriser l'émergence d'une vision commune sous-régionale , ces initiatives devraient agir de façon plus cohérente.

Les pays d'Afrique Centrale devraient s'organiser pour«internaliser » et s'approprier ces initiatives pour mieux gérer leurs ressources forestières. Pour y parvenir, les Etats, les donateurs et les ONG internationales devraient apporter leurs contributions respectives, chacun en ce qui le concerne. Ils doivent impulser une nouvelle dynamique interne favorisant la participation de tous les acteurs dans la gestion des ressources.

Au niveau sous-Régional, ils devraient renforcer la coordination des activités de ces initiatives pour favoriser la solidarité sous-régionale en privilégiant une vision commune dans la gestion des ressources forestières.

Les donateurs devraient faire beaucoup d'efforts pour harmoniser leurs approches d'intervention dans chaque pays et favoriser la cohérence et agir en fonction des préoccupations des pays cibles. Un cadre de concertation sous-régional des donateurs permettrait une mise en cohérence de leurs interventions.

Le rôle des ONG internationales dans la facilitation des initiatives sous-régionales et de la participation de la société civile dans ces processus reste indéniable. Elles devraient néanmoins mettre sur pied un cadre de concertation pour favoriser la cohérence de leurs interventions. L'UICN, dont la plupart de ces ONG sont Membres devrait renforcer ses son rôle de rassembleur pour mieux «mettre ensemble» tous les acteurs.

Références Bibliographiques

BRACKLAIRE V. et NGWASIRI C., 2000. Etude sure la mise en place d'un cadre légal de coopération sous- régional pour la gestion des Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d'Afrique Centrale. UICN, 63 pp.

FAO, 1997. Stratégies d'assistance dans le bassin du Congo. Analyse des causes de la dégradation des Ressources forestières dans le Bassin du Congo; Division du centre d' Investissement. Programme de Coopération banque Mondiale/FAO

KOYO J-P., 1999. Bases pour la mise en cohérence des politiques et lois et lois forestières en Afrique centrale. UICN-CEFDHAC, Yaoundé, 67 pp.

NDIKUMAGENGE C., 2001. Existe-t-il une coordination des politiques forestières en Afrique Centrale?. In Les Enjeux. Bulletin d'Analyses Géopolitiques pour l'Afrique centrale.

RIEDACKER A., NDIKUMAGENGE, C., HAKIZUMWAMI E.,. et al., 2001. Echanges et Informations sur les textes internationaux concernant les ressources forestières.


1 Elie Hakizumwami Chargé de Programme.
Groupe de Spécialistes de l'Eléphant d'Afrique.
Bureau Pour l'Afrique Centrale. BP 5506 Yaoundé.
Tél: (237) 221 17 84. Fax: (237) 221 64 97.
E-mail: [email protected]

2 Cléto Ndikumagenge Coordonnateur du Projet d'Appui à la CEFDHAC.
BP 5506 Yaoundé.
Tél: (237) 221 64 96, Fax: (237) 221 64 97.
E-mail: [email protected]