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Préface


A la fin des années 80, le «International Institute of Rural Reconstruction» (IIRR) commença à organiser des ateliers dans le but de fournir des exemples de pratiques d'agriculture durable. La publication qui en résulta fut un livre de base facile à utiliser et riche en illustrations, contenant des idées adressées à ceux qui travaillent et enseignent dans le domaine du développement.

Des experts furent invités à participer à ces ateliers (connus aussi comme «ateliers de documentation écrite») pour présenter leurs idées et leurs expériences sous forme d'articles courts, qui furent ensuite soumis à l'analyse critique des participants. Des spécialistes de la communication et du personnel chargé de la conception et de la publication assistée par ordinateur contribuèrent ensuite à la réalisation de la publication. Les matériaux révisés furent réexaminés jusqu'à ce que tous les changements soient acceptables. Ce n'est qu'à ce moment que le matériel produit fut considéré approprié et pertinent à la divulgation et l'utilisation immédiates.

Ce qui rend unique ce procédé est le fait que les matériaux sont produits et développés au cours d'un atelier où des scientifiques, des travailleurs dans le développement et des spécialistes de la communication sont réunis expressément dans ce but.

L’IIRR et le «Centre international d’aménagement des ressources bioaquatiques» (ICLARM) apprécièrent l'idée de développer une publication sur l'intégration agriculture-aquaculture afin de contribuer à améliorer la qualité de vie des agriculteurs dans les petites exploitations agricoles d'Asie. En février 1992, les deux institutions, soutenues par l’Organisation néerlandaises pour la coopération internationale au développement (NOVID) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) - Canada Fund, ont organisé et dirigé un atelier au IIRR à Cavite, Philippines, qui aboutit à la publication de «Intégration agriculture-aquaculture expérimentée par les agriculteurs: kit d'information technologique». Celui-ci a été délibérément publié sans droits d'auteur afin d'en permettre la réédition et une plus vaste distribution, à condition que l'origine y soit toujours indiquée.

Les 2000 copies publiées ont été distribuées aux vulgarisateurs, aux agriculteurs, aux étudiants universitaires, aux scientifiques et aux décisionnaires d'organisations gouvernementales, non-gouvernementales et locales, ainsi qu'aux donateurs bilatéraux. Les réactions des usagers ont révélé que le document a été utilisé dans les stages de formation et dans la communication sous forme d'affichages et de conférences. Il fut si recherché qu'il a fallut en photocopier d'avantage et la réimpression devint même un problème.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui collabore avec IIRR et ICLARM depuis longtemps, a jugé important de réimprimer le document afin de compléter les efforts menés par le Service des ressources des eaux intérieures et de l'aquaculture pour sensibiliser les décisionnaires sur l'importance que l'aquaculture peut avoir dans les moyens d'existence des pauvres[2] et pour documenter les cas d'aquaculture à petite échelle qui ont produit de bons résultats dans des milieux différents[3]. Dans le contexte des efforts que l'Organisation fait pour aider les pays membres à atteindre la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté, le document a été considéré précieux et utile, un instrument de communication puissant avec des potentialités pour une plus grande application dans de nombreux pays, en particulier à travers les Programmes de partenariat de la FAO et le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA). Pour cette raison, la FAO a collaboré avec IIRR et ICLARM dans un effort commun afin d'éditer et réviser la publication originale, et d'en publier le résultat comme un premier livre sur IAA dans la série des Documents techniques des pêches de la FAO. Le but de ce livre de base est de donner aux décisionnaires des organisations gouvernementales et non-gouvernementales et d'autres organisations travaillant dans le domaine de l'agriculture et le développement rural, une vue d'ensemble et une base pour comprendre les principes de IAA et pour les aider à décider s'ils souhaitent s'engager dans des activités IAA et les inclure dans leurs programmes.

Les groupes visés par cette publication sont les agriculteurs à petite échelle qui possèdent déjà une petite activité aquacole (par exemple un petit étang ou un système riz-poisson) et pourraient bénéficier des systèmes améliorés tels qu'ils sont décrits dans cette publication, ainsi que les agriculteurs n'ayant aucune forme d'aquaculture dans leur ferme mais qui néanmoins ont accès à des sites et à des ressources appropriés pour y introduire une composante aquacole comme moyen de diversification. Ces derniers pourraient commencer par utiliser des ressources existantes et inutilisées au sein de la ferme ou facilement disponibles à l'extérieur, comme par exemple des déchets pour fertiliser leurs étangs, ce qui est simple et bon marché. Cette intégration peut prendre plusieurs formes, dont beaucoup sont décrites dans les présentations de ce livre. Les formes possibles d'intégration à la ferme sont principalement limitées par les ressources dont disposent les agriculteurs et par leur créativité.

En général, les activités IAA occupent peu de place dans la ferme, si elles sont comparées à des activités plus importantes telles que cultures alimentaires de base, cultures de rente et vergers. Cependant, ces activités peuvent être des composantes très importantes et très productives, si l'efficacité est considérée sur une base de valeur par rapport à la superficie. Pour que le système intégré fonctionne de façon optimale et avec le maximum de bénéfices pour les agriculteurs, il faudrait que les caractéristiques de l'environnement et de l'agroécosystème soient favorables à toutes les composantes du système intégré.

L'approche choisie dans le passé d'introduire des activités piscicoles indépendantes n'a souvent pas abouti lorsqu'elle a été utilisée par des débutants. Elle a même provoqué d'innombrables échecs dans le développement de l'aquaculture à petite échelle. Par contre, IAA s'est révélé un moyen viable d'accéder à la pisciculture que l'agriculteur peut améliorer par la suite, lorsqu'il aura plus d'expérience et de spécialisation. Cette publication ne veut pas pousser les petits agriculteurs traditionnels à abandonner leurs activités agricoles actuelles pour devenir du jour au lendemain exclusivement des pisciculteurs. IAA compte sur les liens et les synergies entre les différentes activités de la ferme et celles de son environnement extérieur. Il veut encourager les agriculteurs à diversifier et intensifier leurs activités, sans qu'il n'y ait d'effets négatifs dérivant de l'abus d'intrants extérieurs et de la monoculture.

Les calendriers et programmes des activités tels que décrits se réfèrent à un site et à une année spécifiques (c’est-à-dire au début des années 90), faisant souvent référence aux pays où la méthode est ou a été développée. Les situations et le contexte agroécologique changent en fonction de l'emplacement et de la saison. Le lecteur devrait être encouragé à examiner attentivement le contexte dans lequel il souhaite appliquer IAA. Les systèmes IAA décrits ont été sélectionnés parmi une gamme d'applications comprenant des essais expérimentaux à la ferme même, gérés par des chercheurs et appliqués en quantités et dimensions réduites par rapport à des systèmes commerciaux, des descriptions de systèmes à grande échelle avec quelques applications en systèmes à petite échelle et des systèmes développés par les agriculteurs et largement appliqués.

La présente publication n'est pas une liste de procédures à suivre à la lettre. Elle devrait plutôt aider à convaincre les lecteurs/usagers que les agriculteurs peuvent découvrir et développer des possibilités d'application d'activités IAA dans leur exploitation agricole déjà existante au sein de leur communauté. Les lecteurs devraient comprendre que ce sont l'idée et le principe du système IAA qui doivent être assimilés et ensuite appliqués, non pas les exemples et les détails individuels des descriptions. Les agriculteurs ne devraient utiliser les dimensions des composantes, les types et les quantités de flux de matériaux, les taux d'empoissonnement et de plantation donnés ici que comme guide sur lequel ils s'appuieront pour leurs propres essais.

Les articles originaux ont été mis au point et révisés. Ce qui est très important, c'est qu'une place à été réservée à un résumé des commentaires des critiques et des éditeurs à la fin de nombreux chapitres, afin que soient proposées des opinions plus récentes sur les sujets et des informations supplémentaires concernant leur application.

Les références bibliographiques, les dénominations et les attributions des participants sont les mêmes que dans l'édition originale.

En ce qui concerne la présentation graphique, les lecteurs devraient tenir compte du fait que pour la présente publication ont été utilisés des moyens modernes de PAO se basant sur des dessins faits et commentés à la main dix ans auparavant (quoique certains aient été redessinés pour cette réédition), des légendes et des sous-titres originaux de la version de 1992 qui avait été conçue comme un recueil d'informations à feuilles volantes copié pour la distribution. Les données et les tables ont été mises à jour afin de répondre aux objectifs généraux de cette réédition tout en ayant à l'esprit le rapport coût-efficacité. Le style éditorial FAO pour la série «Documents techniques sur les pêches» a été adopté.

Des marques et des types de pesticides qui pourraient être périmés ou inappropriés pour une utilisation particulière sont toutefois nommés parce qu'ils étaient dans le commerce à un moment et à un endroit particuliers. Leur mention ne constitue en aucun cas une recommandation de la FAO, de IIRR ou de ICLARM.

Cette publication devrait être téléchargeable du site web du Département des pêches de la FAO (http://www.fao.org/fi).

Rome, décembre 2000

Matthias Halwart

Fonctionnaire des ressources halieutiques (aquaculture)
Service des ressources des eaux intérieures et de l'aquaculture
FAO

Julian Gonsalves
Vice-Président - Programmes
IIRR

Mark Prein
Senior Scientist/Leader
Freshwater Resources Research Program
ICLARM


[2] FAO 2000. Des petits étangs font toute la différence. FAO, Rome, Italie, 30p.
[3] IIRR, CRDI, FAO, RCAAP et ICLARM. 2001. Utilizing different aquatic resources for livelihoods in Asia: a resource book. Proceedings of a workshop, 18-28 septembre 2000. International Institute of Rural Reconstruction, Silang, Cavite, Philippines. 407p.

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