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CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les systèmes de formation au niveau supérieur et au niveau moyen sont caractérisés par une grande flexibilité et par la faculté d'adaptation aux changements. Cela permet de mieux adapter la formation à l'évolution intervenue dans les situations professionnelles, aux nouvelles demandes et aux progrès des connaissances et des technologies.

La conception dynamique de l'éducation et de la formation forestières, fondée sur des objectifs de formation clairement définis et revus périodiquement avec les formateurs et les utilisateurs, assure ainsi des liens étroits entre l'évolution des besoins, les exigences du développement et l'orientation du contenu de la formation.

Depuis sa création, l'ENFI a formé 732ingénieurs, dont 478 ingénieurs d'application et 254 ingénieurs d'État appartenant à dix sept nationalités parmi les pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc et Mauritanie), les pays de l'Afrique au sud du Sahara et ceux du Moyen-Orient (Liban, Yémen).

Conduire le changement, à la lumière des nouvelles orientations et des nouveaux besoins du PFN, dans une perspective de restructuration et d'adaptation de la formation, de mobilisation des cadres et des personnels, de promotion de la recherche, de la formation continue et de la participation au processus de développement constitue le défi à relever en ce début de siècle. Les recommandations formulées concernent la formation des techniciens, l'adaptation du profil de l'ingénieur, la formation continue, la promotion de la recherche, le corps enseignant et le renforcement du cadre institutionnel des établissements.

Formation de techniciens

La formation de techniciens forestiers représente un atout majeur pour la réussite de la politique forestière. La mise en place d'un nouveau cursus à l'ITREF permettra de former des techniciens dont le rôle sera essentiel dans la mise en œuvre des programmes et actions du PFN.

Cependant, le succès de cette formation repose sur le soutien inconditionnel des principaux intervenants et plus particulièrement, le Département des eaux et forêts qui constitue le débouché quasi exclusif des techniciens formés. En effet, le démarrage et le déroulement intégral de cette formation restent subordonnés à un renforcement institutionnel volontaire de l'ITREF, en particulier, en ressources humaines (recrutement de formateurs et d'instructeurs, moyens financiers stables, mobilité du personnel, formation des formateurs, etc.)

Adaptation du profil de l'ingénieur

Les transformations en cours et prévisibles du secteur forestier se manifestent dans plusieurs domaines d'attributions confiés à l'administration forestière, en particulier, les tâches forestières spécifiques de conservation, de mise en valeur des espaces boisés et la valorisation de leur production, mais aussi de multiples et importantes tâches hors forêts. Ces dernières concernent la protection de l'environnement, la gestion de la biodiversité, la lutte contre la désertification, le pastoralisme ainsi que l'aménagement rural et des bassins versants. L'action à mener est collective et concerne plusieurs départements ainsi que les collectivités territoriales et les autorités locales. Le forestier est le chef de file et le maître d'œuvre dans les projets multidisciplinaires de développement rural et, plus particulièrement, en montagne.

Les choix sont interdépendants mais les décisions importantes sont prises à un niveau de synthèse élevé, par exemple, au sein du Comité interministériel de développement rural qui vient d'être institué auprès du Premier Ministre. Dans ces instances, l'audience du forestier dans son profil actuel risque d'être très limitée et son pouvoir sur l'événement très réduit si sa compétence se limite aux seuls problèmes de la forêt. Il est clair que les arbitrages, dans l'état actuel des choses, ne peuvent plus être élaborés à partir des seules données économiques, sociales et politiques relatives à la forêt et aux espaces boisés.

Dans les milieux à variations écologiques accentuées où dominent les bioclimats arides et semi-arides, où le déséquilibre entre les milieux citadins et la campagne est important, n'est-il pas de nature à favoriser l'économie rurale elle-même, pour son action bénéfique sur les sols, le régime des eaux, le climat et, de surcroît, la forêt ? La réponse du spécialiste forestier n'est pas suffisante: elle devra être confrontée avec celle de l'agronome, de l'économiste, du sociologue. Dans ce sens, on voit bien l'avantage que peut présenter pour le pays l'existence d'un corps d'ingénieurs à la formation polyvalente, qui ne les empêche nullement en principe du moins, de se spécialiser.

Les orientations et les programmes d'action ou d'adaptation du PFN militent en faveur de la formation d'un cadre forestier polyvalent capable de prendre en charge, non seulement la gestion des ressources forestières ou même celle des espaces naturels, mais aussi tous les autres problèmes d'un aménagement d'ensemble de l'espace rural. Cette formation doit être l'aboutissement logique de l'importance prépondérante reconnue à un développement rural réellement intégré, tel qu'il ressort de la "Stratégie de développement rural à l'horizon 2020 " qui vient d'être élaborée par le gouvernement.

Ce type de profil de formation de cadres supérieurs en foresterie exige une formation de base agronomique polyvalente poussée, avec une initiation théorique et pratique aux techniques les plus modernes (informatique, statistiques, etc.) avant d'intégrer la formation forêt-environnement proprement dite. Si le cycle préparatoire aux études supérieures agronomiques reste obligatoire, il n'en demeure pas moins qu'un 2e cycle d'agronomie générale est souhaitable pour ce type de profil; le 3e cycle sera alors réservé à une formation axée sur la foresterie et l'environnement.

Formation continue

Il est certain que la polyvalence des ingénieurs suppose une formation complémentaire. Il s'agit de mettre en place un système de formation continue destiné non seulement à recycler les ingénieurs tout au long de leur carrière, mais aussi à les aider à s'adapter au cas où ils devraient aborder des secteurs nouveaux ou mener des actions impliquant de plus vastes connaissances théoriques et pratiques.

Le Département des eaux et forêts a pris les devants en mettant en place au cours de ce semestre un Plan de formation continue pour les cinq prochaines années (2001-2005). Cependant un soin particulier doit être apporté aux modalités de mise en œuvre, en particulier à la programmation et à l'information, au financement, à l'organisation, au rôle des formateurs, aux auxiliaires pédagogiques et au suivi-évaluation des sessions et de l'impact de la formation.

Promotion de la recherche

L'enseignement a pour finalité de préparer les nouvelles générations à relever les défis de la gestion durable des forêts. Des problèmes nouveaux apparus dans le cadre du PFN appellent des solutions nouvelles. C'est pourquoi, il est essentiel que l'enseignement soit très relié à la recherche, car c'est celle-ci qui prépare l'avenir. La recherche constitue une activité vitale et indispensable dans le système de formation forestière supérieure. C'est à travers celle-ci que l'enseignant perfectionne ses connaissances scientifiques et améliore le niveau de son enseignement.

À côté des liens existant avec l'université, le CNRF, l'IAV Hassan II, l'ENFI doit en entretenir et en créer également avec les instances de terrain, non seulement lors des tournées des élèves, mais aussi, par le biais de manifestations, de séminaires, de journées d'étude ou d'information, etc. Les tentatives des praticiens et des usagers du terrain pour trouver des solutions à leurs problèmes et à leurs besoins constituent, à côté de la recherche, une autre source de progrès.

Les liens ENFI-CNRF ne doivent pas concerner seulement les professeurs et les chercheurs, mais doivent englober aussi les étudiants. C'est dans la mesure où ceux-ci seront associés que, plus tard, ils continueront, tout au long de leur carrière, de travailler avec le CNRF.

Les départements de l'ENFI doivent établir des programmes en fonction des besoins prioritaires exprimés par le Département des forêts dans le cadre du Conseil de l'établissement, voire du Conseil d'orientation et de planification de la recherche auprès du MCEF. La recherche doit s'orienter vers la résolution de problèmes prioritaires définis dans la stratégie forestière et dans le Programme national de la recherche forestière. Elle doit être menée en étroite collaboration avec les autres institutions nationales en particulier, le CNRF, l'IAV Hassan II, l'INRA et mettre en œuvre des programmes de recherche-développement à moyen terme en collaboration avec les utilisateurs.

La promotion de la recherche reste tributaire des mécanismes de financement continu et souple. La mobilisation de fonds aux niveaux national et international pour la recherche est nécessaire et doit avoir l'appui des responsables, eu égard aux orientations nouvelles du pays dans ce sens.

Le corps enseignant

Les atouts de l'ENFI résident dans la compétence, la qualification et l'expérience de ses enseignants-chercheurs, au nombre de 26, dont 17 possèdent un doctorat d'État ou un Ph.D préparés en France, en Belgique, au Canada, aux États-Unis, au Maroc et d'une dizaine de vacataires de niveau équivalent.

Il est nécessaire que le corps enseignant continue à s'ouvrir au maximum aux grands problèmes de la Nation. Cela commence par une insertion profonde de chaque enseignant dans les activités des services centraux et extérieurs du Département des eaux et forêts. Cela implique également une ouverture aux activités des autres directions des départements de l'agriculture, de l'environnement etc., et à celles des autres instituts de formation supérieure.

Toutefois, la mobilisation du corps enseignant s'impose pour conduire les changements et adapter continuellement l'enseignement et la formation. Mais pour continuer de se perfectionner, le corps enseignant doit bénéficier des moyens de la formation et de la recherche, et ce pour assurer une veille technologique et une large ouverture aux niveaux national et international. Sont souhaitables en particulier, la participation à des séminaires, colloques et voyages d'études sur des thèmes variés tant au Maroc qu'à l'étranger et l'échange d'enseignants entre institutions.

Renforcement du cadre institutionnel de l'établissement

La gestion actuelle des établissements, la mise en œuvre et l'organisation des programmes de formation, particulièrement pour l'ENFI dont les fonctions sont très diversifiées, ont montré leur limite eu égard aux problèmes et contraintes analysées dans le chapitre précédent. Néanmoins les possibilités d'amélioration existent, la volonté de dynamiser l'établissement ne manque guère et le savoir-faire est disponible.

Le statut actuel de l'ENFI est incompatible avec le rôle et les fonctions qui lui sont assignés. De même, l'absence d'une ligne budgétaire relative à la recherche constitue une entrave à la mise en œuvre d'une stratégie de recherche à moyen et à long terme répondant aux besoins de l'administration forestière, et à l'utilisation des résultats de la recherche par les techniciens de terrain.

Pour répondre aux préoccupations de la charte nationale de l'enseignement au Maroc mise en œuvre au cours de ce semestre, aux défis de la gestion durable des forêts et des ressources naturelles et aux sollicitations dont ses compétences scientifiques font constamment l'objet en matière d'études, de recherche et d'assistance technique tant au Maroc qu'à l'étranger, l'ENFI doit disposer d'une relative autonomie d'action et d'une large souplesse au niveau des procédures de gestion.

Un cadre institutionnel efficace est nécessaire, voire urgent. Il doit permettre une large autonomie et une plus grande flexibilité dans la gestion, l'organisation et l'adaptation des programmes, de mieux valoriser les compétences scientifiques et techniques et le savoir-faire, et garantir l'ouverture sur l'environnement national et international.

Cela exige des ressources financières à la hauteur de la tâche assignée à l'établissement et le renforcement en personnel technique et administratif qui fait actuellement totalement défaut. Ce personnel est nécessaire pour soutenir les activités pédagogiques et améliorer l'efficacité de l'administration de l'établissement.

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