CCP: BA/TF 01/3


COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE ET LES FRUITS TROPICAUX

Deuxième session

San José (Costa Rica), 4-8 décembre 2001

Rapport intérimaire sur les projections relatives au commerce international de la banane à l'horizon 2010

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Le présent document résume les activités entreprises par le Secrétariat pour établir un modèle de simulation du commerce international de la banane. Aucun résultat n'est présenté pour l'instant car les travaux sont en cours et le modèle n'a pas encore été homologué.

II. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU MODÈLE

2. En collaboration avec le Professeur Thomas Spreen de l'Institute of Food and Agricultural Science, University of Florida, Gainesville, la FAO met au point un modèle de simulation du commerce international de la banane entre les principales régions exportatrices et importatrices mondiales. Ce modèle servira à établir les projections du commerce international de la banane à l'horizon 2010. Il s'agit d'un modèle d'équilibre spatial utilisant comme logiciel le Système de modélisation algébrique général (GAMS).

3. Ce modèle vise à déterminer les prix et les quantités optimums dans les régions d'offre et de demande. Ces prix et ces quantités sont déterminés en se basant sur une mesure du profit global à l'importation maximisée. Cette mesure est égale à la valeur totale des importations moins la valeur totale des exportations et le coût du transport. Ce type de fonction objective se justifie par la nature oligopolistique du commerce de la banane. Environ 80% du commerce international de la banane est contrôlé par un petit nombre de grandes sociétés de commercialisation internationale à intégration verticale. L'approvisionnement dans les zones de fourniture est effectué sur la base des prix appliqués dans ces régions, ou, dans le cas de la production de la société elle-même, sur le coût de production, le coût du transport et les politiques tarifaires dans les pays importateurs.

III. HYPOTHÈSES

4. Le modèle utilise les années 1997-99 comme période de référence. Cette période a été choisie pour se conformer aux projections entreprises par la FAO pour d'autres produits. Toutefois, pour la banane, cette période de référence n'est pas tout à fait satisfaisante car elle recouvre deux régimes d'importation différents dans la Communauté européenne. Une nouvelle réglementation est entrée en vigueur en 1999 mais le modèle n'en tient pas compte et suppose que le régime en place en 1997-98 est encore valable en 1999.

5. Pour ce qui est des politiques de la Communauté, le modèle considère qu'en 2010 la Communauté aura établi un régime d'importation uniquement tarifaire pour la banane. La Communauté a répété à plusieurs reprises qu'un régime uniquement tarifaire serait en place en janvier 2006 au plus tard. Le modèle part de l'hypothèse qu'en 2010 les bananes importées des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP) entreront sans droits de douane, tandis que les droits d'importation pour les bananes d'autres origines seront fixés à 200 Euro la tonne.

6. Le modèle part de l'hypothèse que le taux de change euro-dollars augmentera quelque peu, passant de son niveau actuel de 0,91 à la parité en 2010.

IV. QUELQUES RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES

7. Les résultats préliminaires obtenus à partir du modèle indiquent qu'avec les hypothèses ci-dessus les exportations mondiales de bananes augmenteraient de 18 pour cent par rapport à la période 1997-99, atteignant environ 13,9 millions de tonnes en 2010. Le taux de croissance annuel de 1,5 pour cent serait inférieur à celui de la période allant de 1987-89 à 1997-99 (5 pour cent). Cette croissance concernerait essentiellement les pays d'Amérique latine, en particulier l'Équateur et dans une moindre mesure le Costa Rica et la Colombie. Les exportations des pays d'Afrique et des Caraïbes devraient diminuer, par suite de la réduction du contingent tarifaire réservé aux pays de l'ACP par la Communauté lorsqu'elle adoptera un régime uniquement tarifaire. La chute des exportations sera plus marquée pour les pays des Caraïbes que pour les pays d'Afrique en raison du coût de production plus élevé dans les premiers. En Asie, les Philippines devraient augmenter leurs exportations, tirant parti de la croissance du marché asiatique.

8. D'après les résultats préliminaires, avec les hypothèses ci-dessus, les importations mondiales de bananes devraient augmenter pour atteindre environ 13,6 millions de tonnes en 2010. La différence entre les exportations et les importations mondiales est due essentiellement aux pertes durant le transit. Les importations de bananes des pays en développement devraient augmenter de près de 50 pour cent ce qui correspondrait à un taux de croissance annuelle inférieur à celui de la période allant de 1987-89 à 1997-99. Les importations des pays en développement représenteraient environ un cinquième du total mondial. La principale zone de croissance serait l'Asie, en particulier l'Asie de l'Est et du Sud-Est, sous l'effet de la croissance démographique et de l'accroissement des revenus.

9. D'après les projections, les importations des pays développés devraient augmenter, toutefois, au taux annuel modéré de 1 pour cent seulement, cette progression sera très inférieure à celle de la précédente décennie. L'accroissement le plus fort devrait concerner les États-Unis, par suite de la croissance démographique jointe à un pouvoir d'achat élevé. Dans la Communauté européenne aussi, la transition prévue vers un régime d'importation uniquement tarifaire à partir de 2006 devrait accroître les importations. À l'inverse, les importations japonaises devraient augmenter uniquement de façon marginale en raison des facteurs démographiques et du maintien du régime d'importation actuel. La croissance des importations de bananes devrait rester faible aussi dans les pays à économie en transition.

10. Comme indiqué précédemment, ces résultats sont tout à fait préliminaires. Ils sont présentés uniquement pour illustrer le type de résultat que le modèle pourra produire et doivent être envisagés avec prudence.

V. LIMITATIONS DU MODÈLE

A. DONNÉES

11. Il est essentiel pour le travail de projection d'obtenir des données exactes concernant les prix (FOB et CAF), les quantités (importations et exportations), l'élasticité des prix (pour l'offre et la demande) et le coût du transport, sur une longue période. Malheureusement, la plupart des données nécessaires au modèle ne sont pas disponibles; notamment les suivantes:

B. HYPOTHÈSES

12. Les hypothèses adoptées ont évidemment une incidence sur les projections. Par exemple, le niveau des droits de douane en 2010 dans la Communauté européenne et la préférence accordée aux pays de l'ACP ont une forte incidence sur les résultats. De plus, le modèle part de l'hypothèse qu'il y aura parité entre l'euro et le dollar des États-Unis en 2010, mais si le dollar descend au dessous de cette parité, les exportations des pays d'Amérique latine vers la Communauté européenne risquent d'augmenter et par conséquent celles des pays de l'ACP baisseront. En outre, le modèle simplifie la période de référence en partant de l'hypothèse que la politique commerciale en vigueur dans la Communauté européenne en 1994-98 reste appliquée en 1999. Cette hypothèse pourrait avoir une incidence sur l'exactitude des résultats.

VI. CONCLUSIONS

13. Le modèle a donné pour l'instant des résultats qui doivent encore être confirmés par de nouveaux travaux. L'absence de données fiables sur les prix, le coût du transport, l'élasticité et les facteurs autres que les prix influant sur l'offre et la demande, reste une contrainte majeure. Le Sous-groupe devra fournir des données sur tous ces éléments pour que le Secrétariat puisse surmonter les limitations que présente le modèle et produire des résultats fiables et utiles. Le Sous-groupe est invité à fournir au Secrétariat les données pertinentes. On espère parvenir à établir avant mi-2002 une projection plus fiable à l'horizon 2010.