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ANNEX 4. INTÉGRATION IRRIGATION-AQUACULTURE EN COTE D'IVOIRE

par

B. AKA GNEKPO
ANADER, Man

A. D. ZIEHI
FAOR, Abidjan

Résumé

La superficie totale irriguée en Côte d'Ivoire est estimée à environ 72 000 hectares. L'irrigation est pratiquée sur quatre types de cultures à savoir le riz irrigué, la canne à sucre, la banane plantain et les cultures maraîchères. La recherche sur l'irrigation est inexistante. L'aquaculture, introduite avant l'irrigation, n'a pas connu un développement de même envergure que celle-ci. La recherche aquacole par contre est bien développée grâce à la station piscicole de Kokondékro, équipée d'un laboratoire, de personnel et d'installations piscicoles adéquates.

L'irrigation et l'aquaculture ont jusqu'ici connu un développement parallèle, sans intégration. Cependant, en matière d'intégration irrigation-aquaculture, il existe des cas isolés de coexistence riziculture irriguée/pisciculture. il faut mentionner également l'expérience du Projet d'Appui à la Profession Piscicole du Centre-Ouest. Les premiers résultats y sont jugés très intéressants et seront vulgarisés dans un proche avenir. Les contraintes au développement de l'intégration irrigation-aquaculture sont encore nombreuses. La plupart de celles-ci pourraient être levées par la mise sur pied de structures d'encadrement devant sensibiliser les exploitants à une telle intégration.

Summary

Total irrigated area in Côte d'Ivoire is estimated at 72 000 ha. Irrigation is practised on four main crops namely rice, sugar cane, plantain and vegetables. There is no research on irrigation. Aquaculture, which was introduced earlier than irrigation, did not have the same development as the latter. But research in aquaculture is well developed thanks to the Kokondékro research station, well staffed and equiped with a laboratory and an adequate infrastructure for fish culture.

So far irrigation and aquaculture have been developed without any attempt of integration. As far as integrated irrigation-aquaculture is concerned, it is worth mentioning some isolated examples of rice-cum-fish farming and the experience of the Projet d'Appui à la Profession Piscicole du Centre-Ouest. First results are most interesting and should be disseminated in the near future. There are still many constraints to the development of integrated irrigation-aquaculture. Many of these constraints could be lifted with the establishment of support institutions which would sensitize farmers about such integration.

1 STATUT DE L'IRRIGATION EN COTE D'IVOIRE

1.1 Développement de l'irrigation

Pour atteindre l'autosuffisance alimentaire, la Côte d'Ivoire a initié depuis 1966 différents programmes de développement de l'irrigation. Quatre types de cultures principales sont pratiquées sous irrigation: le riz irrigué, la canne à sucre, la banane plantain de contre-saison et les cultures maraîchères. Selon chaque type de culture et les régions où elles sont pratiquées, les infrastructures de développement sont les suivantes:

· Riziculture irriguée

Les aménagements réalisés et propres à la riziculture irriguée sont de plusieurs types et se différencient selon l'origine des ressources en eau et la nature des aménagements. Le choix est dicté principalement par les caractéristiques hydroclimatiques de la région, la disponibilité en terres irrigables, la dimension et la forme des bas-fonds. On distingue principalement:

- Aménagement type "Prise au fil de l'eau" (PFE) qui utilise les écoulements naturels du cours d'eau et les distribue par gravité. Ce type d'aménagement limite les frais de mise en valeur au strict minimum, mais il n'assure généralement qu'un seul cycle d'irrigation par an. Ce type d'aménagement n'est réalisable que si le bassin versant ne dépasse pas 50 km2 sous peine d'être endommagé régulièrement par les crues importantes.

- Aménagement en aval de barrages construits sur des marigots à écoulement saisonnier. Ce type de périmètre assure une bonne maîtrise de l'eau.

- Aménagement de plaines alluviales irriguées par pompage de l'eau du fleuve.

- Aménagement avec maîtrise de la nappe phréatique; contrôle du niveau de la nappe en aménageant un réseau de drains équipés d'ouvrages de régulation (seuils et batardeaux).

· Canne à sucre irriguée

L'irrigation de la canne à sucre se fait par aspersion (20 000 ha en plantation industrielle)

· Banane plantain en contre-saison

Elle est plantée sous irrigation par aspersion (6 000 ha) dans les plantations industrielles et de petites unités dans la Région du Sud.

· Cultures maraîchères

Elles sont pratiquées un peu partout dans le pays (10 000 ha), avec irrigation tantôt gravitaire, tantôt par aspersion, soit à l'aval de barrages, soit à partir de petits points d'eau.

1.2 Cadre Institutionnel du Développement de l'Irrigation

La politique de développement de l'irrigation est mise en œuvre par l'intermédiaire des structures suivantes:

Pour exécuter leur programme, les sociétés de développement s'appuient sur les services techniques regroupés dans le Ministère de l'Agriculture et des Ressources animales et reçoivent le concours d'Etablissements publics ou Sociétés d'Etat tels que la MOTORAGRI et le BNETD.

· Les structures de financement des aménagements rizicoles.

Elles opèrent de concert avec les organisations internationales et autres bailleurs de fonds dans différents projets:

- Projet BAD-Ouest (Man): 4 000 ha - Financement BAD

- Projet RIZ-Centre (Yamoussoukro): 3 000 ha - Financt. FED

- Projet RIZ-Nord (Korhogo): 3 000 ha - Financement GTZ

- Projet Zanzan (Région Est: Bondoukou): 1 000 ha

- PADER Nord (Korhogo): 1 000 ha - Financement GTZ

- PDRO (Odienné): 400 ha - Financement Etat

- Projet GUIGUIDOU: 400 ha - Financement chinois

- Programme vivrier: financement Etat

· Les structures privées

- SCB, pour le développement de la banane plantain, etc.

- Sucre Ivoire, pour le développement de la canne à sucre.

Le Personnel. Sous la tutelle des ministères techniques, l'exécution du développement de l'irrigation sur le terrain est faite par des structures gouvernementales et privées qui emploient un personnel national qualifié dont l'effectif augmente progressivement à tous les niveaux de formation. Au sein des projets, le personnel est en majorité composé de techniciens nationaux et de quelques expatriés.

1.3 Contraintes au Développement de l'Irrigation

- manque de politique nationale de planification;

- coût élevé des investissements;

- absence d'une recherche sur l'irrigation;

- absence d'une tradition de l'irrigation, 90 pour cent des cultures se faisant sur les plateaux.

Les zones de savanes ne présentent pas de difficultés dans les aménagements contrairement aux zones de forêts qui nécessitent suffisamment de moyens du fait de la densité du couvert forestier.

2 STATUT DE L'AQUACULTURE EN COTE D'IVOIRE

2.1 Développement de l'Aquaculture

Introduite en Côte d'Ivoire dans les années 50, l'aquaculture s'est développée par la mise en place de projets à couverture régionale ou nationale avec des financements bi- ou multilatéraux. La plus grande intervention pour le développement de l'aquaculture en Côte d'Ivoire est assurée par des projets régionaux (PPCO, BAD-Ouest et Projet d'Appui à la Professionnalisation Piscicole dans la Région Est).

Les principales espèces élevées sont Oreochromis niloticus (tilapia du Nil), Clarias/Heterobranchus (silures) et Chrysichthys nigrodigitatus (machoîron), auxquelles s'ajoutent quelques fois Hemichromis fasciatus (prédateur) et Heterotis niloticus.

Les systèmes de production sont variables. Ainsi, on rencontre de l'élevage de tilapia en monoculture (avec ou sans prédateur) ou en polyculture avec des silures ou de l'Heterotis, nourris au son de riz ou avec de l'aliment composé, en plus d'une fertilisation organique plus ou moins suivie.

2.2 Recherche sur l'Aquaculture

La recherche a très tôt appuyé le développement de l'aquaculture en Côte d'Ivoire. En effet, elle a été assurée dès 1956 par le Centre Technique Forestier Tropical dont les activités dans ce domaine ont été reprises en 1982 par l'Institut des Savanes. Le Centre de Recherche Océanographique est également intervenu dans la recherche aquacole en eaux continentales. Depuis la création du Centre National de Recherche Agricole (1997), la recherche aquacole au niveau national est désormais confiée à la station piscicole et de pêche de Kokondékro sous la tutelle du CNRA.

Cette station est bien équipée avec un laboratoire, 81 étangs couvrant 2,7 ha, 12 raceways et 24 cages. Le personnel actuel est composé de trois chercheurs, trois techniciens et du petit personnel de laboratoire.

3 STATUT DE L'INTÉGRATION IRRIGATION-AQUACULTURE

3.1 Situation Actuelle

La pratique de l'intégration irrigation-aquaculture n'est pas très développée et est peu connue en Côte d'Ivoire. La coexistence riziculture irriguée/aquaculture se rencontre dans quelques cas isolés chez de gros exploitants.

Le développement de l'aquaculture s'est fait depuis 1955 sans une réelle pratique d'intégration avec les programmes d'irrigation bien que plusieurs fermes aient bénéficié d'installations initialement conçues pour l'irrigation ou l'abreuvement du bétail.

De tous les projets de développement aquacoles et rizicoles menés en Côte d'Ivoire, l'expérience du Projet d'Appui à la Profession Piscicole du Centre-Ouest, financé par le FAC et exécuté par l'AFVP en collaboration avec l'APDRA-CI, reste un cas isolé d'intégration irrigation-aquaculture. La méthodologie mise en œuvre par ce projet met l'accent sur l'optimalisation de l'utilisation des ressources (terres et eau) au niveau des fermes. Les résultats n'ont cependant pas encore été vulgarisés.

L'intégration irrigation-aquaculture se rencontre au niveau de la riziculture irriguée. Cette intégration est mise en œuvre de trois façons différentes selon le système d'irrigation adopté.

Pour le fonctionnement du système, les alevins de tilapia sont empoissonnés dans les parcelles rizicoles. L'irrigation se fait correctement avec une lame d'eau moyenne de 10 à 15 cm renouvelée régulièrement. L'apport des produits phytosanitaires se fait dans les parcelles après isolement des poissons. Ceux-ci reviennent dans les parcelles après la dilution des produits.

Pour le fonctionnement du système, les alevins sont empoissonnés dans les étangs et nourris régulièrement. L'eau des étangs, enrichie en matières organiques, est utilisée pour irriguer les parcelles de riz.

3.4 Contraintes au Développement de IIA

- Manque de cadre institutionnel pour la coordination des activités de l'intégration irrigation-aquaculture.

- Les conditions de financement de certains bailleurs de fonds ne favorisent pas la mise en place de programmes de développement IIA;

- Manque d'information ou problème d'accès à l'information existante

- Coûts élevés des aménagements hydro-agricoles.

- Coûts de production relativement élevés, réduisant la marge bénéficiaire.

- Faible capacité d'investissements financier des fermiers.

- Problèmes d'utilisation des pesticides pour la production végétale.

- Technicité insuffisante des encadreurs.

- Nombre insuffisant des spécialistes en irrigation et en pisciculture.

- Non maîtrise des techniques rizicoles et piscicoles par les exploitants.

- Techniciens et vulgarisateurs souvent trop spécialisés.

- Le riz irrigué et la pisciculture ne sont pas dans les moeurs de la population.

- Les jeunes et les femmes sont les plus défavorisés parce que possédant peu de moyens financiers et confrontés à des problèmes d'accès à la terre.

- Il n'existe pas de système de crédit adapté aux conditions des petits paysans.

- Problèmes de sécheresse fréquents et assez sévères pricipalement dans le Nord.

- Quantité d'eau insuffisante pour couvrir les besoins toute l'année, créant des conflits entre les utilisateurs.

3.5 Potentialités de IIA

Compte-tenu des facteurs naturels de climatologie, hydrologie et topographie, c'est la Zone de Forêt (Régions Sud et Ouest) qui offre le potentiel le plus élevé pour le système IIA; beaucoup de cours d'eau y sont permanents et grâce à des pluies régulières, ils peuvent couvrir les besoins en eau du riz et de la pisciculture; il est possible d'y réaliser deux cycles de production dans l'année.

4 RÉSEAU D'INFORMATION SUR IIA

Il n'existe aucun réseau d'information sur l'intégration irrigation-aquaculture. Il est donc recommandé de mettre en œuvre les activités suivantes:

- organiser des séminaires nationaux ou régionaux;

- diffuser dans un langage simple des messages techniques via les médias (radio, télévision, périodiques);

- réaliser des fascicules et fiches techniques à l'usage des vulgarisateurs et des producteurs;

- créer un centre de documentation national ou sous-régional.


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