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Synthèse des travaux

Travaux à Abomey

La cérémonie d'ouverture de la Quatorzième Réunion du Sous-Comité ouest et centre africain de corrélation des sols s'est tenue au Motel d'Abomey en présence de nombreuses personnalités, en particulier du Secrétaire général de la Préfecture de Zou-Collines, qui s'est réjoui du choix fait pour la tenue de la réunion et a assuré les participants et organisateurs du soutien de son Département; du Directeur scientifique de l'INRAB, institut co-organisateur de la réunion, qui a souhaité la bienvenue aux participants; du Représentant de la FAO au Bénin, lequel a souligné l'importance des sols dans le développement de l'agriculture et évoqué les maux dont souffre cette agriculture dans les pays en voie de développement; du Conseiller technique du Ministre du Développement Rural Chargé de la recherche, qui a mentionné l'espoir que son Ministère place dans les travaux du Sous-Comité pour contribuer à relever le défi de la sécurité alimentaire.

La cérémonie d'ouverture a été suivie de l'élection des membres du Bureau, comme suit: Président: M. A. Azontonde (Bénin); Vice-Président: M. L. Thiombiano (Burkina Faso); 1er Rapporteur: M. S.Worou (Togo); 2e Rapporteur: M. T. Adjei-Gyapong (Ghana).

Le programme de la réunion, adopté après amendements, comprenait deux volets, une partie étant réservée aux discussions en salle, et la deuxième partie consacrée à la visite sur le terrain, dans les Départements du Mono et du Zou.

Dr R. Sant'Anna, du Bureau régional de la FAO à Accra, a mentionné que la longue léthargie dont ont souffert les travaux du Sous-Comité, a été due à divers problèmes, en particulier au manque de ressources financières.

Dr F.O. Nachtergaele (FAO, Rome), après avoir rendu hommage au Dr R. Sant'Anna pour les efforts poursuivis pendant vingt-cinq ans au service de la connaissance des sols en vue d'une agriculture durable, a présenté une note introductive sur la Base de référence mondiale (BRM).

Dans sa présentation, F. Nachtergaele, après avoir mentionné les trois étapes fondamentales qui ont marqué l'évolution, à savoir la révolution agronomique, la révolution industrielle et la révolution informatique et des télécommunications, a souligné que cette dernière phase met en évidence la nécessité d'adapter le langage pédologique au contexte actuel dominé par l'informatique.

La Base de référence mondiale a comme objectif principal de fournir un cadre scientifique à la Légende de la FAO, utilisable au niveau international, qui permette de mettre en évidence la morphologie des sols. Elle ne prétend pas remplacer les systèmes nationaux de classification des sols.

Les grandes lignes de la BRM sont ensuite décrites: les sols sont caractérisés à partir des descriptions des horizons diagnostiques; les groupes de sols à partir de la combinaison des horizons diagnostiques; le climat n'est plus pris en compte pour la classification. La Base de référence distingue deux niveaux de classification, à savoir les unités majeures et les unités inférieures. Il est tenu compte de l'action humaine pour la classification des sols.

Cette présentation a été suivie de discussions qui ont abouti à formuler certaines critiques concernant, entre autres, l`imprécision des niveaux inférieurs de la classification; le langage utilisé, jugé assez compliqué; la non prise en compte du climat; les problèmes de classification des sols peu épais (leptosols); le passage de cette classification à la mise en valeur; la marginalisation des Africains, en particulier francophones, dans l'élaboration du système.

Après cette note introductive sur la Base de référence mondiale, les communications des pays participants (Bénin, Burkina Faso, Ghana, Mali, Niger, Sénégal, Togo) ont été présentées. Elles ont traité des sols dominants des divers pays, de leur répartition, de l'utilisation de la CPCS et des différentes classifications locales, et des possibilités de corrélation avec la BRM.

Il ressort de ces exposés qu'aucun des pays représentés à la réunion ne possède une connaissance pratique de la BRM. Néanmoins, sur la base des caractéristiques morphologiques des sols et des données d'analyses, des tentatives de classification ont été faites.

Les débats qui ont suivi ont été centrés sur les difficultés et avantages du système présenté, notamment sur les aspects de la mise en valeur, les améliorations effectives que présente la BRM par rapport aux classifications existantes, son utilisation comme instrument pour la sécurité alimentaire en Afrique. L'échelle de travail a été évoquée, surtout en ce qui concerne les cartes d'utilisation.

Trois groupes de travail ont été constitués ayant pour objectif une discussion approfondie sur les thèmes proposés et la formulation de recommandations.

Groupe 1:

Utilisation de la BRM pour une meilleure connaissance du sol;

Groupe 2:

Utilisation de la BRM pour une corrélation régionale des sols;

Groupe 3:

Elaboration de recommandations et des remerciements.

Les principales conclusions sont les suivantes:

  1. Buts de la Base de référence mondiale pour les ressources en sols (BRM)
  2. Problèmes liés à l'utilisation
  3. Deux types de problèmes ont été rencontrés par les utilisateurs:

  4. Caractéristiques de la Base de référence
  5. L'utilisation de la BRM pour une meilleure connaissance du milieu agricole
  6. Le concept de la BRM, basé sur la connaissance de la morphologie et de l'environnement du profil et la description des horizons diagnostiques, permet une bonne connaissance du sol en vue d'une meilleure utilisation.

  7. L'utilisation de la BRM pour la corrélation des sols en Afrique de l'Ouest et du Centre
  8. Pour surmonter les problèmes de classification régionale des sols et les problèmes de corrélation, la BRM peut être utilement employée par tous les pays. Pour une corrélation effective des sols, les remarques ci-après s'avèrent importantes.

  9. Suggestions pour une meilleure diffusion de la BRM dans la sous-région

Visite de terrain

Cette visite a été effectuée en compagnie d' une partie des participants à l'atelier «Balance Nutrient Management System» (BNMS). Elle avait pour but principal la classification des sols dans la Base de référence mondiale. Dix profils ont été observés, dont trois sur des matériaux d'apport continentaux (terre de barre) dans la localité de Zouzouvou et sept sur le socle cristallin dans les localités d'Eglimé et de Dassa. Les discussions sur chaque profil ont porté sur les caractéristiques physico-chimiques et morphologiques, l'aptitude culturale et enfin sur la classification dans le Base de référence mondiale.

Socle cristallin

Egli 9:

Observé sur versant sous palmeraie. Le sol est sableux sur cuirasse avec des taches d'hydromorphie situées au-delà de 50 cm de profondeur et une nappe phréatique encore présente dans le sol. L'horizon cuirassé est situé à 100 cm et parfois plus. Sur le plan agronomique, le profil ne présente pas de contraintes majeures en dehors de la faible teneur en éléments minéraux due à la texture sableuse des horizons surmontant la cuirasse. La rétention en eau est bonne à cause de la position topographique. Le profil est classé Arénosol andogleyique (bathic petroplinthite).

Egli 7:

Profil observé dans un champ de coton en position de pente un peu marquée. Sol brun à rouge-brun sableux faiblement argileux reposant entre 80-90 cm de profondeur sur la roche en altération. Sur le plan agronomique, la profondeur reste satisfaisante pour les cultures mais la capacité de rétention en eau est faible dans les horizons de surface. Les cotonniers observés sur le terrain semblent bien se comporter. Il a été classé comme Luvisol aréni-ando-squelettique (chromique).

Egli 5:

Sol de bas de pente observé dans un champ de cotonnier. Il est développé sur des matériaux argileux. Le sol est moyennement profond avec un horizon humifère bien exprimé. On note dans le profil la présence de nodules calcaires dans le matériau argileux compact. Le drainage est imparfait. Les taches d'hydromorphie ne sont pas observables dans le matériau argileux. Le sol est bien pourvu en éléments minéraux. Il a été classé comme Phaeozem luvi- andogleyique.

Egli 4:

Sol développé sur versant avec trois horizons bien distincts: un horizon superficiel bien noir assez sableux, un horizon intermédiaire sableux gravillonnaire reposant sur du matériau argilo-sableux à partir de 50 cm. La roche en altération est située autour de 75 cm environ de profondeur. La mise en valeur du sol est subordonnée à des mesures anti-érosives et à l'amélioration de la fertilité des horizons de surface. Il est classé comme Phaeozem luvi-andogleyique.

Daig M1:

Il est situé en tête de ruisseau entre deux collines. On observe dans l'environnement immédiat du profil des palmiers et des manguiers. Sur le plan morphologique, le profil est assez épais (profondeur > à 120 cm). Trois grands horizons ont été identifiés: un horizon supérieur bien humifère avec de nombreuses racines, un horizon un peu massif situé au-delà de 80 cm. Le matériau d'ensemble est du sable fin (75 et 80 pour cent) dans l'ensemble des horizons avec des teneurs en limon variant entre 13 et 15 pourcent. Sur le plan agronomique, les discussions ont porté sur une mise en valeur tenant compte de la nécessité de maintenir la fertilité des horizons de surface et d'une bonne gestion de l'eau du sol. Il est classé comme Cambisol hypo-ferralique andogleyique.

Daig M3:

Profil observé en position de haut de versant dans un champ de maïs. Sur le plan morphologique, le profil présente des horizons supérieurs sableux et des horizons sous-jacents sablo-argileux graveleux sur plus de 80 cm de profondeur. Les éléments grossiers sont constitués de graviers et blocs de quartz ou quartzite et de nombreuses concrétions ferrugineuses. La couleur d'ensemble est brune à brun-rouge. Les discussions sur le plan agronomique portent sur les contraintes que présentent ces sols, assez représentatifs des sols de la région. Les principales contraintes identifiées sont: le caractère sableux des horizons de surface, l'importance de la charge graveleuse qui limite la capacité de rétention en eau du sol. Afin d'éviter la remontée des éléments grossiers en surface, un léger travail du sol a été préconisé. En ce qui concerne la classification du sol, il a été retenu comme un Plinthosol squelettique, mais l'aspect gravillonnaire n'a pas pu ressortir dans la classification. On est convenu d'associer des spécialistes africains dans la définition des ces sols.

Daig M2:

Profil observé en position de versant sur pente assez faible. Sol sablo-argileux dans les 30 cm supérieurs, argilo-sableux en profondeur avec des faces de glissement très bien exprimées. La présence de la nappe dans le sol n'a pas permis de reconnaître nettement la structure en colonnette et la dégradation de la partie surmontant ces colonnettes. Sur la base de la morphologie et des caractéristiques physico-chimiques du sol, le profil a été classé dans le groupe des Solonetz verti-stagniques.

Profils développés sur matériaux ferrallitiques du Continental Terminal

Zouz 1:

Profil observé sous plantation d'eucalyptus. Le sol est brun à brun-rouge sablo-argileux entre 0 et 60 cm, devenant argilo-sableux dans les horizons sous-jacents. Sur la base des caractéristiques morphologiques et physico-chimiques, il a été constaté que le profil ne présente pas de contraintes majeures. Les discussions ont porté sur les différentes technologies générées par la recherche pour améliorer la fertilité de ces sols et le taux d'adoption de ces technologies (mucuna, résidus de récolte, etc.) Le profil a été classé comme Nitisol eutri-rohique.

Zouz 3:

Profil observé sur une rupture de pente dans un champ de coton. Il est brun à brun-rouge, peu profond, avec de nombreux éléments grossiers (blocs de cailloux, cuirasse). Les horizons sont irréguliers. La profondeur totale du profil n'excède pas 70 cm. Le sol est régulièrement exploité en maïs et en coton. Les risques d'érosion sont élevés. La mise en valeur devra se faire en pratiquant les cultures en courbes de niveau et en restituant au sol les résidus de récoltes. Malgré la faible profondeur et la forte teneur en éléments grossiers, la fertilité du sol reste moyenne. Il est retenu comme un Plinthosol épi-pétrique

Zouz 4:

Profil observé dans un champ de coton en bordure de cours d'eau. Le matériau pédologique proviendrait du colluvionnement des sols situés en position amont. Bien que le profil soit morphologiquement homogène, on note une discontinuité dans la teneur des éléments tels que l'argile et le phosphore. Sur le plan agronomique, le sol est apte pour une gamme variée de cultures. Il a été classé comme Régosol eutrique.

Remarques

A la suite de la visite de terrain, un certain nombre de remarques s'imposent, à savoir:

  1. Difficultés de se mettre d'accord sur le nom donné au sol dans le système de classification;
  2. Non évidence, parfois, des horizons diagnostiques ;
  3. Décalage entre la compréhension relativement simple du manuel et son application sur le terrain;
  4. Tendance vers la primauté des analyses de laboratoire sur les caractères morphologiques des sols, d'où le rapprochement avec la «Soil Taxonomy», ce qui ne semble pas être l'objectif visé par la BRM.

Il apparaît donc nécessaire de mieux maîtriser l'outil et surtout d'associer les spécialistes africains à l'amélioration ou à la finalisation de la BRM.

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