PARTICIPATING COUNTRIES AND ORGANIZATIONS IN ALPHABETICAL ORDER

CÔTE D'IVOIRE

Son Excellence Monsieur Aboudrahamane Sangaré, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères de la République de Côte d'Ivoire


Je voudrais tout d'abord vous adresser les sincères félicitations de la délégation ivoirienne pour votre brillante élection à la présidence de cette session du Sommet mondial de l'alimentation qui se tient aujourd'hui dans un contexte nouveau des relations entre les nations.

Je reste persuadé que sous votre direction et grâce à votre expérience, nos travaux connaîtront des succès à la hauteur de l'espérance de millions de populations victimes de la faim et de la malnutrition dans le monde.

Nos félicitations vont également au Directeur général de notre Organisation dont les efforts inlassables ont permis la tenue de ce Sommet. Nos remerciements vont enfin au Gouvernement et au Peuple italien pour la générosité de leur accueil.

Le Chef de l'Etat, Son Excellence Monsieur Laurent Gbagbo, aurait souhaité être parmi vous en cette occasion solennelle. Mais, retenu pour des raisons indépendantes de sa volonté, il me charge d'adresser à cette assemblée ses voeux de succès à nos délibérations.

Ce deuxième Sommet se tient à un moment où plus de 800 millions de personnes, dont au moins 250 millions d'enfants, souffrent encore de malnutrition grave, notamment dans les pays en développement. C'est dire combien la communauté internationale, malgré ses efforts, est loin d'avoir atteint les objectifs qu'elle s'est fixés, en novembre 1996, lors du premier Sommet mondial de l'alimentation, à savoir: parvenir à la sécurité mondiale pour tous, déployer un effort constant afin d'éradiquer la faim dans tous les pays et, dans l'immédiat, de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées avant 2015.

Permettez-moi de saisir cette occasion solennelle pour féliciter le Gouvernement angolais pour la paix retrouvée et les efforts entrepris en faveur de la reconstruction du pays et de la cohésion sociale. C'est l'occasion pour moi de m'associer également au Gouvernement angolais pour inviter la communauté internationale à répondre favorablement à son appel au secours en faveur de ses nombreuses populations victimes de la faim et de la malnutrition dans les zones initialement sous contrôle de la rébellion dirigée par l'UNITA de Jonas Savimbi.

Nous savons tous cependant que ce fléau n'est pas une fatalité, même dans les pays d'Afrique où la faim et la malnutrition se conjuguent chaque jour avec d'autres fléaux comme la pandémie du SIDA, les catastrophes naturelles et les modifications climatiques.

Nous avons aujourd'hui, grâce aux progrès techniques et économiques, les moyens de nourrir l'humanité, si nous avons la volonté politique d'agir ensemble contre ce fléau. En effet, l'introduction de nouvelles technologies testées et éprouvées, y compris les biotechnologies, d'une manière qui soit sûre et adaptée aux conditions locales, est susceptible d'accroître de façon significative les rendements agronomiques dans les pays en développement.

La Côte d'Ivoire qui était, il y a un peu plus d'une décennie, relativement épargnée par les problèmes de malnutrition, a vu ses poches de pauvreté se développer, notamment en milieu rural, à la suite de la dévaluation de notre monnaie mais aussi et surtout en raison de la chute généralisée des prix des matières premières agricoles depuis la fin des années 1980. Notre économie, fondée sur une production agricole relativement diversifiée, même si elle reste dominée par le couple café-cacao, a été durement frappée par ce contexte international auquel est venue s'ajouter plus récemment une instabilité politique interne qui a fait s'éloigner de nous les institutions d'aide au développement et les investisseurs. Cette parenthèse de plus de deux ans dans le processus de développement de notre pays a également aggravé les conditions de vie de nos concitoyens les plus défavorisés.

Aujourd'hui, après le Forum de réconciliation nationale, qui a permis de recréer le lien social, la Côte d'Ivoire a renoué pleinement avec la communauté internationale.

C'est dans ce contexte que nous avons décidé de réajuster notre politique agricole en mettant l'accent sur l'intégration de nos filières de production et en privilégiant nos marchés naturels que sont l'Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDAO) mais également en tenant compte de la nouvelle initiative pour le développement de l'Afrique (NEPAD) sur lequel nous fondons beaucoup d'espoir.

La libéralisation économique mal maîtrisée constitue cependant un frein à nos efforts de développement agricole en vue d'assurer la sécurité alimentaire de nos populations. En effet, la mondialisation des échanges a plutôt contribué à renforcer l'insécurité alimentaire de catégories de nos populations les plus vulnérables qui se trouvent désormais directement confrontées au marché international des produits agricoles dont les prix connaissent de graves distorsions de concurrence en raison notamment des subventions accordées aux agriculteurs dans les pays industrialisés.

Le nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales, appelé cycle du développement, qui doit s'engager après la Conférence de l'OMC de Doha, doit nous permettre, nous le pensons, de rentrer de plein pied sur les marchés internationaux mais également de protéger nos secteurs d'activités vulnérables, s'agissant notamment de nos productions alimentaires traditionnelles, en attendant d'affronter, dans de meilleures conditions, la concurrence internationale. C'est l'objet de l'engagement No. 4 du Sommet mondial de 1996 que nous sommes déterminés à défendre aux côtés de pays qui partagent avec nous cette conviction. Il est donc heureux que notre Organisation ait adopté des positions fermes sur cette question.

La sécurité alimentaire passe également par des stratégies de développement agricole qui procurent des revenus en milieu rural, où réside encore plus de la moitié de notre population, et qui nous affranchissent de la trop grande dépendance vis-à-vis des importations de produits alimentaires essentiels.

C'est la raison pour laquelle, outre l'organisation des producteurs en vue d'une parfaite maîtrise des circuits internationaux de commercialisation, nous venons de lancer en Côte d'Ivoire une grande politique de maîtrise de l'eau grâce notamment à des aménagements hydro-agricoles destinés à accroître la production de certaines cultures vivrières de grande consommation telles que le riz. C'est l'un des grands enjeux du volet national du programme spécial de sécurité alimentaire pour lequel nous avons signé, le 14 février 2002, une Convention d'assistance avec la FAO. Qu'elle en soit ici vivement remerciée. C'est également l'un des enjeux de l'initiative "Riz pour l'Afrique de l'Ouest", lancé à Yamoussoukro, le 26 mars dernier, avec l'appui de l'Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest, l'ADRAO, qui devrait être le point de départ d'une nouvelle révolution verte.

L'amélioration des conditions de vie des populations, notamment en milieu rural, constitue également un moyen efficace de la lutte contre la pauvreté et la maladie qui sont les conséquences de la malnutrition. Aussi, le Gouvernement ivoirien a-t-il décidé la mise en place d'une assurance maladie universelle qui permettra de garantir le premier droit de tout être humain: le droit à la vie.

La Côte d'Ivoire souhaite voir se réaliser le rêve d'un monde débarrassé de la faim, grâce à la volonté de tous et de chacun. Elle a la conviction que les conclusions de nos travaux permettront de réaliser ce rêve.

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