CIBLE | PROBLEMES | RÉPONDANTS (%) | CAUSES | CONSÉQUENCES |
CENTRE | 1. MST | 69.8% | · débauche/vagabondage sexuel | · asthénie sexuelle |
2. Grossesses Précoces | 50.94% | · manque déducation sexuelle | · avortements | |
3. Avortements | 41.5% | · durs travaux champêtre | · mal de dos | |
4. Grossesses tardives | 25.52% | · La tradition (le pro-natalisme) | · Baisse de la production |
CIBLE | PROBLÈMES | RÉPONDANTS (%) | CAUSES | CONSÉQUENCES |
SUD | 1. Avortements | 87.93% | · absorption des médicaments (automédication) | · mort |
2. Grossesses précoces | 68.96% | · manque déducation sexuelle | · avortements | |
3. MST | 29.3% | · vagabondage sexuel | · stérilité | |
4. Stérilité | 25,86% | · MST | · conflits conjugaux |
CIBLE | PROBLÈMES | RÉPONDANTS (%) | CAUSES | CONSÉQUENCES |
JEUNES | MST | · 100% | · vagabondage sexuel | · stérilité |
Grossesses non désirées Grossesses précoces | · 60% | · Désir dessayer son sexe | · Mariages précoces et/ou forcés | |
Grossesses rapprochées, Grossesses tardives | · 55% | · Désir sexuel | · Appauvrissement | |
Avortements | · 30% | · MST | · Santé fragile (anémie,morbidité) | |
Mortalité infantile | · 25% | · Manque de suivi médical ou postnatal | · Conflits familiaux et conjugaux | |
Stérilité | · 5% | · MST mal soignées, négligées | · Divorce | |
Mortalité maternelle | · 5% | · Grossesses non désirées | · Enfants orphelins |
CIBLE | PROBLÈMES | RÉPONDANTS (%) | CAUSES | CONSÉQUENCES |
JEUNES | MST | 78.12% | · Ignorance des méthodes de contraception | · Conflits conjugaux |
Stérilité | 59.3% | · MST mal soignées, négligées | · Divorce | |
Grossesses non désirées Grossesses précoces | 50% | · Désir sexuel | · Accouchements difficiles | |
Grossesses rapprochées, et tardives | 37.5% | · Désir davoir beaucoup denfants | · Appauvrissements | |
Avortements | 31.25% | · MST | · Santé fragile (anémie,morbidité) | |
Mortalité infantile | 15.6% | · Grossesses non désirées | · douleurs psychologiques | |
Mortalité maternelle | 6.2% | · Grossesses non désirées | · Enfants orphelins on délaissés |
Dans les provinces du Centre et Sud, au niveau delanalyse, il ressort que les problèmes relevés par lesinterviewés sont presque les mêmes à des degrésdifférents. Ainsi:
Chez les adultes hommes et femmes
Dans la province du Centre, les 53 interviewés ontclassé ces problèmes par ordre décroissant, comme suit: MST(69,8%), grossesses précoces (50,94%), avortements (41%), grossessestardives (25,52%).
Dans la province du Sud, les problèmes ontété classés par les 58 interviewés comme suit:avortements (87,93%), grossesses précoces (68,96%), MST (29,3%),stérilité (25,86%).
Chez les jeunes des deux sexes
Dans le Centre, on a par ordre décroissant, les MST(100%), les grossesses non désirées, les avortements, lamortalité infantile, la stérilité, et la mortalitématernelle. Dans le Sud, leurs problèmes sont: les MST (78,12%), lastérilité (59,3%), les grossesses non désirées(50%), les avortements (31%), la mortalité infantile (15,6%) et lamortalité maternelle (6,2%).
Chez les adultes
Le fait que les avortements soient le problème majeurà côté des grossesses précoces au Sud ne devrait pasparaître paradoxal bien que ceux-là soient la principale cause deceux-ci. En effet, les avortements concernent ici toutes les tranchesdâge (de la fille de 13 ans à ladulte de 45ans).
Certains sont provoqués, car les grossesses nesont pas désirées
Par la jeune fille qui a peur dêtre mère,dêtre chassée de lécole ou de la maisonpaternelle, qui a peur de briser son avenir. Une maman de Mbong Yevol nous aaffirmé que la plupart de leurs filles avortent parce que la grossessecompromet leur activité de fille libre. De façongénérale, les filles absorbent par automédication desproduits chimiques ou indigènes en catimini pour avorter.
Par la maman qui ne supporte plus davoir une grossesseen même temps quune de ses filles; ou bien qui ne voudrait plusavoir dautres enfants parce quelle en a déjà trop, ouencore parce quil sagit une grossesse adultérine ou troprapprochée de la précédente.
A côté de ces avortements dus à desgrossesses non désirées (90%), il y a des avortements dus àdes incidents fâcheux qui peuvent survenir à la suite de travauxdifficiles, de chocs (voyage des bayam-salam1 dans des «clando») ou demaladies telles que les MST et les accès palustres. La nonfréquentation des centres de santé par manque de moyens et/ouà cause de leur éloignement favorise ces derniers cas.
En ce qui concerne les grossesses précoces, la faibleéducation sexuelle des enfants et des parents en sont les principalescauses. «Nos enfants découvrent la sexualité dans larue» nous disait une maman dAdzap Fong (Sud). Un adulte de Lobo(Centre) reconnaissait que leurs filles se vendent pour 500 F.CFA aprèsla saison cacaoyère car en cette période, les parents vivent dansun dénuement total. Quant aux MST, elles sont dues en partie auxmouvements des populations de la ville vers la campagne et vice versa, maisforce est de reconnaître que certaines femmes refusent dutiliser lepréservatif quelles accusent de limiter le plaisir ou de se romprefacilement. Elles préfèrent contact direct.
Quant à la stérilité, elle naété soulevée quau Sud où un quart desinterviewés pense que cest un phénomène naturel, quiest attribué à Dieu et pour lequel il ny a pas de solutionpossible. Que ce soit au Centre ou au Sud, la population na nullementsoulevé le problème des familles nombreuses et cela à justetitre. En effet, la tradition dans ces provinces encourage les famillesnombreuses et par conséquent encourage aussi les maternitéstardives. Il paraît donc normal que les femmes accouchentjusquà la ménopause (Cest Dieu qui fait cesserdaccoucher la femme, nous a-t-on dit partout). Il nest donc pasquestion que les hommes utilisent le préservatif avec leur femme. Lesfemmes elles, utiliseraient certainement une méthode de contraception sielles les connaissaient et surtout si elles étaient disponibles comme lespréservatifs.
Chez les jeunes
Les MST constituent le problème de SR le plus ressenti.Ce problème est souvent mal maîtrisé par une partie desjeunes (ignorance des symptômes chez les jeunes filles atteintes,confusion avec ce quelles appellent «vers de bas ventre»). Cetteignorance conduit souvent à la dissémination et partant, àune multiplication des cas de stérilité. Les jeunes du Sud quisemblent plus attachés aux pratiques traditionnelles (utilisation desécorces, des herbes pour les soins des MST) sont plus touchés queceux du Centre par les conséquences des MST comme lastérilité et la paupérisation.
Les grossesses précoces sont nombreuses dans les deuxprovinces, tout comme les grossesses rapprochées, voire tardives chez lesmoins jeunes. En effet, la zone valorise fortement les naissances, et àtravers elles, la sexualité. Il ny a aucune éducationpermettant de canaliser, lexpression de la libido chez lesjeunes.
Du point de vue traditionnel, un certain libertinage esttacitement permis aux garçons par les parents. Pourtant la plupart de cesparents, coupables ou complices, considèrent le sexe comme tabouvis-à-vis de leur progéniture. Dautres en revanche pensentquun jeune homme digne de son père doit nécessairement avoirune concubine avec qui il doit faire un enfant pour démontrer savirilité. Même si cette conception est de plus en plus remise encause par certains jeunes confrontés aux problèmes depauvreté, dautres continuent à penser quil faut fairebeaucoup denfants «pour défendre les vastes terres duvillage».
Les jeunes filles, quant à elles, se lancenttrès tôt (15 ou 16 ans) dans la prostitution pour des raisonséconomiques. Elles nhésitent pas à épouser desvieux retraités ayant lâge de leur grand-père ouencore de suivre les touristes ou les transporteurs de passage.
Les grossesses rapprochées sont favorisées parle comportement des maris qui nencouragent pas leurs épousesà utiliser les condoms pendant lacte sexuel parce quepréférant le «Full Contact».
En conclusion il ressort que, les adultes et les jeunes desprovinces du Centre et du Sud, sont de façon généraleconfrontés aux problèmes de SR tels que les avortements,les MST, les grossesses non désirées, la stérilité,dus en réalité à un manque de sensibilisation,déducation et dinformation des populations. Cesproblèmes devront être résolus à travers lesactivités dIEC. En dehors de ces problèmes liésà la SR, dautres problèmes de santé ontété relevés tels que: le paludisme, la toux, lesrhumatismes, les filaires, les vers intestinaux et la malnutrition.Dautres maux entravent considérablementlépanouissement des populations comme par exemple:lalcoolisme, la mauvaise gestion des revenus et les conflitsconjugaux.
Ces facteurs sont les mêmes dans les deuxprovinces.
Les adultes et les jeunes des deux sexes mentionnentquil nexiste pas de facteurs les empêchant defréquenter les Centres de santé. Cependant ils ont un penchantpoussé pour la médecine traditionnelle dans la plupart desvillages. En effet, les populations estiment que les maladies telles que: lastérilité, limpuissance, lenvoûtement,lépilepsie et même le paludisme se soignent mieux àlindigénat que dans les formations sanitaires. Lengouementpour ces lieux est par conséquent réduit. En outre, la traditiondans ces deux provinces est favorable aux familles nombreuses etcorrélativement aux maternités tardives.
Excepté les Témoins de Jéhovah et lasecte Ebola dont les adeptes constituent environ deux pour cent de la populationdans les deux provinces et qui interdisent la fréquentation des Centresdes santé à cause des transfusions sanguines (Témoins deJéhovah) et des soins médicaux au profit de la prière, lesautres religions ne posent pas de problème majeur pour lafréquentation des Centres de santé et lutilisation desméthodes contraceptives.
La non confidentialité ou la préservation delintimité: les malades de toutes les générationset des deux sexes napprécient pas dêtre reçus enmême temps que dautres personnes dans des Centres de santépour les consultations sur les cas des MST. Pour préserver laconfidentialité de leur mal, ils préfèrent se rabattre surlautomédication ou sur la médecine traditionnelle.Laccueil: Au Centre comme au Sud, il est reconnu que laccueil laissequelque peu à désirer surtout dans les Centres de santépublics. Les malades y sont mal reçus, ignorés voireméprisés. Cela décourage grandement les populationsà fréquenter les Centres de santé.
Lindisponibilité des agents desanté: ils sont rarement en poste car ils vaquent àdautres occupations ou préfèrent recevoir chez eux enprivé, au prix fort.
Léloignement des Centres de santé:dans certains villages, le Centre de santé le plus proche se trouveà une dizaine de kilomètres du village et manque de produits etdéquipements ainsi que de personnel qualifié.
Les facteurs de blocage sont liés à la taille dela famille, aux grossesses tardives et parfois rapprochées, àléducation des enfants à la vie sexuelle. Dans la traditionBeti, la valeur ou la grandeur de lhomme se mesure à la taille desa famille. En effet, plus un homme a denfants, plus il estrespecté et mieux il se trouve parmi ses pairs. Les enfants sontsynonymes de richesse. Par tradition, les Beti sont pro-nataliste. 80% desenquêtés pensent que seul Dieu doit mettre un terme auxaccouchements dfemme. En dautres termes, la femme ne doit cesserdaccoucher quavec la ménopause. Lattitude pro-natalistede ces populations ne les prédispose pas à lutilisation desméthodes de planning familial. Parler de sexe aux enfants reste un sujettabou, dans les sociétés africaines en général, etdans les provinces du Centre et du Sud en particulier. Les femmes adultes etmême les hommes reconnaissent que les grossesses précoces sontsurtout dues à labsence déducation sexuelle.
La religion Catholique qui est dominante dans les deuxprovinces (95%) préfère plutôt lutilisation desméthodes de contraception naturelles (abstinence, calcul du cycle...)à celle des méthodes modernes comme le condom qui favoriserait ladébauche sexuelle proscrite par la religion.
Ce sont les mêmes que ceux handicapant lafréquentation des Centres de santé, la pauvreté, la honteet labsence de confidentialité. Le doute surlexistence du SIDA, les préjugés sur lutilisation decertaines méthodes de contraception telles que la pilule qui faitaugmenter de poids, les injectables qui rendent stériles; lestérilet qui donne le cancer. En conclusion partielle, lattitudepro-nataliste du peuple Beti lencourage plutôt à faire leplus denfants possible au détriment de lutilisation deméthodes de contraception préjudiciable à leur richesse,à leur main-duvre. Toutefois, ces populations reconnaissentaujourdhui que ces familles nombreuses, tout en étant une force,une richesse nen constituent pas moins un handicap sérieux entermes dencadrement, déducation et même de nutrition.Cest une charge difficile à supporter pour les famillesdémunies. «Cest la pauvreté qui a fait que jemarrête à huit enfants, car quand trois ou quatredentre eux tombent malades, je suis obligé de mendetter pourles soigner et le plus souvent je me rabats sur les écorces» nousconfiait un parent à Zima (Centre).
MÉTHODES | AVANTAGES | INCONVÉNIENTS |
1. Pour espacer les naissances ou pour éviter lesgrossesses, il a été dit que: a) Prélever une portion de garniture avec desrègles, la mettre dans une coquille descargot, y ajouter de laterre sèche ou de la cendre. b) Attacher le tout avec du fil à tresser. Garder lepaquet dans un endroit sec (claie, grenier, trépied du foyer). Tant quele paquet nest pas défait et mis dans un endroit humide, la femmene pourra plus concevoir. | · Nexige aucunmatériel coûteux | · Accessibilitélimitée car la méthode nest connue que de vieillesfemmes |
2. Pour guérir la stérilité, on utilisedes écorces, feuilles, potions diverses. | · Le matériel est facileà trouver au villageet ne nécessite aucun coût. | · Beaucoup dinterditsà respecter |
Ces méthodes traditionnelles restent lapanage desvieilles mères qui nentendent pas léguer le«pouvoir» à leur progéniture. Les méthodes sontgénéralement à base décorces et dherbesspéciales. Si les résultats sont satisfaisants pour éviterles grossesses, ils sont plutôt mitigés pour les cas destérilité. Il existe aussi des méthodes pour soigner lesMST, à base décorces et dherbes. Il nen existeaucune pour les prévenir. En plus de ces méthodes traditionnelles,labstinence est couramment utilisée dans la contraception, ainsique «le congé» quon donne à la femme pendant ladurée de son allaitement (20-24 mois).
CIBLE |
TYPE dINFORMATIONS |
CANAUX |
SUPPPORTS |
ADULTES (Homme et Femmes) |
1.Education à la vie sexuelle (94.34%) |
· Animateur |
· Boites àimages |
2. MST/SIDA (75.47%) |
· Animateur |
· Boites àimages |
|
3. Grossesses non désirées (71.70%) |
· Animateur |
· Boites àimages |
|
4. Stérilité (56.60%) |
· Animateur |
· Brochures |
La plupart des populations sont déjàsuffisamment conscientes de la nécessité dêtreéduquées en amont à la vie sexuelle à travers descauseries éducatives, des discussions de groupes dirigées, desséances de counselling, de visites à domicile avec ces animateurset ces agents de santé. 94% souhaitent bénéficier deséances déducation à la vie sexuelle. Plus de lamoitié de la population souhaite avoir les informations relativesà la SR. Cette même population estime que la radio, bien que fortécoutée (chaîne provinciale), nest pas aussi vivanteque lanimateur. Elle préfère donc les moyens decommunication interpersonnelle avec lanimateur. Les autres canaux decommunication tels lEglise, le messager du chef et le tam-tam sontégalement sollicités.
CIBLE |
TYPE dINFORMATIONS |
CANAUX |
SUPPPORTS |
ADULTES (Homme et Femmes) |
1. Méthodes modernes de contraception(93.10%) |
· Animation |
· Boîtes àimages |
2. Education à la parenté responsable(86.20%) |
· Animateur |
· Film |
|
3. MST/SIDA (55.17% |
· Animateur |
· Films |
|
4. Stérilité (51.72%) |
· Animateur |
· Affiches |
|
5. Vaccination (32.78%) |
· Animateur |
· Brochures |
Tout comme au Centre, la population adulte est favorableà léducation de la communauté en amont. Cestpeut-être pour cette raison que lEducation à laParenté Responsable dont un des modules est lEducation à laVie Sexuelle est sollicitée par 86,20%, des interviewés. Lesméthodes de contraception sont néanmoins citées en premierlieu à 93,10%, étant donné les principaux problèmesqui sévissent dans la province dans les domaines de la SR: avortements,grossesses. Lanimateur est le canal sollicité par tous (100%). Lessupports dappoint sont variables: cassettes audio, vidéo, affiches,brochures, boites à images, photos. La population préfèrela communication interpersonnelle avec des supports audio-scripto-visuels. Desinformations sur la mobilisation communautaire (esprit communautaire), sur lesactivités de développement communautaire et sur la nutrition ontété également sollicitées. Dautres canaux telsque lEglise, les lieux de réunions et la radio Sudsavèrent aussi les bienvenus.
CIBLE |
TYPE dINFORMATIONS |
CANAUX |
SUPPPORTS |
JEUNES |
Education à la vie sexuelle |
· Radio provinciale |
· Poste radio(cassette) |
MST/SIDA |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Grossesses précoces |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Avortements |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Grossesses rapprochées et grossesses tardives |
· Radio |
· Poste radio(cassette) |
|
Mortalité Infantile |
· Radio |
· Poste radio |
|
Infertilité (stérilité) |
· Radio |
· Poste radio |
|
Mortalité maternelle |
· Radio |
· Poste radio |
Commentaires sur le type dinformationssollicitées, les canaux et les supports nécessaires dans laprovince du Centre
La plupart des jeunes affirment être ignorants ou avoirdes connaissances très limitées ou fragmentaires dans le domainede la Santé de la Reproduction. Cette situation est encore plusaccentuée en fonction du niveau de scolarisation. Ainsi, les besoinsexprimés reflètent-ils en partie leur ignorance. Outre les besoinsen SR, dautres besoins dans les domaines de la vie communautaire etéconomique, qui ont dailleurs une incidence sur les pratiques enSR, ont été soulevés et mériteraient une attentionde la DGRDC. Cest le cas des activités de développementcommunautaire. Les jeunes suivent régulièrement la radioprovinciale, mais plus rarement la télévision à cause dumanque délectricité, ou du coût dachatélevé du téléviseur. La radio régionale(provinciale) est donc le canal le plus utilisé dans laprovince.
CIBLE |
TYPE dINFORMATIONS |
CANAUX |
SUPPPORTS |
JEUNES |
Education à la vie sexuelle |
· Radio Sud |
· Poste radio(cassette) |
MST/SIDA |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Stérilité |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Grossesses précoces |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Grossesses rapprochées et grossesses tardives |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Avortements |
· Animateur |
· Poste radio(cassette) |
|
Mortalité Infantile |
· Agent desanté |
· Poste radio |
|
Infertilité (stérilité) |
· Radio |
· Poste radio |
|
Mortalité maternelle |
· Agent desanté |
· Poste radio |
La jeunesse du Sud est largement influencée par saforte croyance aux traditions, un taux danalphabétisme plusélevé, et un enclavement géographique (route, Centre desanté) dramatique. La plupart de jeunes de cette province narriventpas à capter les ondes radio FM, la radio ou la télévisionnationale. De ce fait, une intensification des activitésdéducation par Radio-Sud, et même parfois par Radio-Centre(que les jeunes arrivent à capter) serait indiquée. Limpactde la télévision reste très limité. Au niveau de lacommunication de proximité, ces jeunes sollicitent un animateur pour lesmêmes raisons que ceux du Centre.
Les principaux problèmes liés à laSanté de la Reproduction sont présentés par cibles dans lesdeux tableaux ci-dessous. Ces tableaux indiquent pour chaque problème,les causes et les conséquences.
Cibles: Hommes et Femmes adultes
PROBLÈMES | CAUSES | CONSÉQUENCES |
1. Forte prévalante des MST Dans la zonedétude | · Présence du vers du basventre chez la femme (microbe du MST dans lorganegénital?) | · Stérilitésecondaire |
2. Existence des cas de Stérilité | · MST parfois, maltraitées | · Mésentente dans lafamille |
3. Taux de mortalité Infantileélevé | · Maladies dues àleau (diarrhée) | · Désolation dans lafamille |
4. Existence des cas des Avortements | · Port des lourdescharges | · Stérilitésecondaire |
5. Mortalité maternelle | · Maladies infectieuses (MST)parfois mal traitées | · Désolation dans lafamille |
6. Cas des grossesses Précoces (14-17 ans) | · Rapports sexuelsprécoces dès lapparition des menstrues | · Abandon des étudessurtout au niveau du primaire |
Les populations de la zone détude ont un fortpenchant pour la pharmacopée traditionnelle. Lidéeexprimée par 55,4% des 83 hommes participant aux discussions de groupeest quavant de se rendre à lhôpital ou au Centre desanté, le sujet malade consulte dabord le guérisseurtraditionnel. Les formations sanitaires ne sont sollicitées que lorsquela maladie devient inquiétante. Les gens sont convaincus que letraitement des MST, de la stérilité, de lasthéniechez lhomme et les accouchements peuvent être mieux traitéspar la médecine traditionnelle.
La croyance aux pratiques traditionnelles
Sur ce point, les populations croient beaucoup aux pratiquestraditionnelles notamment en matière despacement des naissances oude préventions des grossesses. Certaines personnes disent ne pas aller auCentre de santé parce quelles détiennent une quelconquepuissance mystique.
La religion ninflue pas sur la fréquentation desCentres de santé par les hommes et les jeunes.
Les hommes déclarent se rendre àlhôpital quand la maladie saggrave, Cest-à-direen réalité, quand lautomédication na pasdonné les résultats escomptés. En outre, la mauvaisequalité de laccueil, labsence de confidentialité et lahonte (pour les cas de MST par exemple) émoussent grandement lavolonté des populations en terme de fréquentation des Centres desanté. La faiblesse des moyens financiers est aussi un sérieuxhandicap. De plus, la gestion des revenus laisse à désirer; lestrois-quarts des revenus de certaines familles sont dépensés pouracheter des boissons alcoolisées.
MÉTHODES ET PRATIQUES | AVANTAGES | INCONVÉNIENTS |
· Existence delécorce pouvant empêcher la conception pendant 5 ans au moinsselon la volonté du pratiquant. | · Peu efficace, pas connu detous et pas vulgarisable | |
· Purge, absorption par voieorale des potions ou décoctions faites à base des racines,écorces, feuilles des plantes, pour traiter les MST, lastérilité | · Parfois cest uncalmant | · Fait beaucoupuriner; |
· Séjour temporaire de lamère dans la belle famille dès laccouchement | · Sorte dabstinence chezla femme | · Nempêche pas lepartenaire masculin davoir des rapports sexuels avec dautresfemmes |
· Attache de la corde ànuds autour du basin surtout de la petite fille; corde qui devra se couperelle-même | · Retard de la jeune filleà avoir les premier rapports sexuels | · Intimidation de la jeune fillequi a peur de mourir si elles a des rapports avant que la corde ne secoupe |
· Purge au tabac pouréviter les MST; avoir de lénergie pendant les rapportssexuels; avorter; précipiter les règles | · Pas préventif mais unesorte de drogue; |
CIBLES: Hommes et femmes adultes, jeunes
No ordre | INFORMATIONS | CANAUX/SUPPORTS |
01. | MST/SIDA | Animateur |
02. | Stérilité | Griot |
03. | Maladies infantiles | Agent de santé |
04. | Grossesses à risque | Leader |
05. | Grossesses non désirées | Associations |
06. | Allaitement maternel | Radio |
07. | Nutrition des enfants de 0 à 5 ans | Chansons théâtre |
08. | Santé de lenfant | Balafons |
09. | Avortement | Cornes de buffle |
10. | Espacement des naissances | Diapositives |
11. | Accouchements difficiles | Dépliants |
12. | Mariages précoces | |
13. | Hygiène du corps et de lenvironnement | |
14. | Importance du Centre de Santé |
En marge de ces besoins en information sur la SR, lespersonnes rencontrées ont émis le souhait davoir desentretiens sur la scolarisation des enfants, le paludisme, la diarrhée,les filaires.
Au niveau des canaux et des supports, on note leséléments suivants
Le français comme langue de communication reste lalangue principale chez les moins de 45 ans. Lanimateur est la personne laplus sollicitée pour communiquer avec les populations dans le domaine dela SR; la raison avancée vient du faible taux de couverture de la radioprovinciale et de la télévision, et du faible taux de couvertureélectrique.
Les populations font très souvent recours à lapharmacopée traditionnelle; elles utilisent les écorces, lesfeuilles et les racines des arbres pour chercher à guérir lastérilité, à traiter les MST. Elles croient beaucoup aupouvoir mystique des sorciers et aux pratiques traditionnelles supposéesempêcher les grossesses et favoriser lespacement des naissances.«La fille ayant signé un pacte avec ses amies devant un sorcierdevra mourir après accouchement». Afin déviter unegrossesse ou despacer les naissances, le sang du placenta de lamère est mis sur la tête du nouveau-né ou placé en unlieu caché pour éviter une prochaine grossesse.
Linfidélité dans certains couples vient delidée selon laquelle une femme qui allaite ne doit pas avoir derapports sexuels, de peur que son bébé ne tombe malade.
La religion dans son ensemble ne constitue pas un facteur deblocage en matière de la Santé de la reproduction exception faitede lIslam qui interdit aux non mariés le port despréservatifs lors des rapports sexuels et des Témoins deJéhovah qui refusent la transfusion sanguine. Dans le cas des musulmans,le problème est très relatif car ils ne sont pas trèsnombreux à lEst.
Au niveau de lattitude pro-nataliste des hommes,près de 50% des participants aux discussions de groupe sont favorablesaux mariages des jeunes filles entre 12 et 16 ans dâge, auxmaternités avant 18 ans et après lâge de 35 ans et auxfamilles nombreuses. Ils disent que la province dispose de vastes terres dont lamise en valeur nécessite davantage de main-duvre.
CIBLE: GROUPE DE JEUNES DES 2 SEXES
PROBLÈMES | CAUSES | CONSÉQUENCES |
1. MST | · Vagabondage sexuel etinfidélité | · Fortesdépenses |
2. Grossesses précoces | · Très fréquentesà partir de 14 ans | · Avortements |
3. Stérilité (aussi bien chez les filles quechez les garçons. Le cas le plus fréquent est celui des hommes oudes femmes ayant eu un premier enfant, ou 2 et puis plus rien) | · Incompatibilité de sangentre époux | · Pas dharmonie dans lefoyer |
4. Avortements (sont fréquents surtout chez les jeunesfilles libres et même dans certains couples jeunes) | · Grossesses nondésirées | · Décès de lafemme |
5. Grossesses rapprochées (existant chez certainscouples, femmes de 20 à 30 ans) | · Rapports sexuelsréguliers chez les couples fidèles | · Charges familialesélevées |
6. Mortalité infantile (enfants de 0-5 ans) | · Malnutrition | · Souffrances etdésolation des parents |
7. Mortalité maternelle | · Accouchement difficile(siège) | · Harmonie familialebrisée |
Dans ce domaine, deux tableaux ont étéréalisés. De ces deux tableaux, il ressort que les participantsaux discussions de groupe ont classé les principaux problèmesrelatifs à la Santé de la Reproduction par ordredécroissant, comme suit:
Ordre décroissant | Problèmes | Total participants | Pourcentage de ceux qui se sontexprimés |
1. | Forte prévalance des MST dans la zone | 143 | 82% |
2. | Stérilité | 120 | 60% |
3. | Mortalité infantile | 110 | 72% |
4. | Avortements | 89 | 78.6% |
5. | Mortalité maternelle | 90 | 61% |
6. | Grossesses précoces | 106 | 66% |
Chez les jeunes en général on note les MST, lesgrossesses précoces, la stérilité, les avortements, lesgrossesses rapprochées, la mortalité infantile, lamortalité maternelle. Les deux cibles sont conscientes de laprédominance des MST et de leurs conséquences, mais lesméthodes de prévention ou de traitement utilisées restentmédiocres. Les jeunes et des adultes ne font pas le lien entre le«ver du bas ventre» et les MST et lacceptent comme unefatalité car le mal ne se soigne pas selon eux àlhôpital.
La stérilité, bien que liée à laprésence des MST, trouve aussi une explication au niveau de certainespratiques telles que lutilisation des produits toxiques du genre«natron»; bleu à ligne, tabac ou chanvre, et même lesécorces et feuilles soit pour précipiter les règles, soitpour accroître leur appétit sexuel ou pour avorter.
Les grossesses rapprochées, causées surtout parlignorance des méthodes de contraception modernes ou despréjugés, sont constatées chez les jeunes couples. Lesgrossesses précoces sont fréquentes chez les jeunes filles. Pourla seule année scolaire 1998/1999, par exemple, on adénombré dans un établissement scolaire du Lom etDjérem, plus de quinze cas de grossesses non désirées, adéclaré un élève.
La mortalité infantile est due àlinconscience des filles-mères qui refusent souvent desoccuper de leur progéniture, au mauvais sevrage et à lamalnutrition.
On cite aussi dautres causes commelautomédication, les vaccinations, les maternitésrapprochées, la coupure du cordon ombilical avec des objetssouillés chez les accoucheuses traditionnelles. Des cas demortalité maternelle due à des accouchements difficiles ontété signalés; les populations interrogéeslattribuent à la sorcellerie (pactes de sorcellerie que des jeunesfilles signent pour mourir après un accouchement).
On a noté aussi des cas davortements. Lesavortements volontaires se rencontrent chez les jeunes fillescélibataires qui ont peur de devenir filles-mères, de certainesfemmes qui ne veulent pas être répudiées. Ceux qui sontinvolontaires se rencontrent surtout chez les femmes adultes et sont dus auxtravaux pénibles, aux MST ou aux maternités rapprochées, ouencore à la pauvreté. Les conséquences de ces avortementspeuvent aller de la stérilité secondaire, àlappauvrissement de la famille et parfois au décès de lafemme ou de la fille. Près de 70 pour cent des hommes trouvent normal quela femme accouche après lâge de 35 ans, surtout si elle esten bonne santé. En dehors des problèmes liés à laSanté de la Reproduction, les personnes touchées ontdéclaré que leurs villages souffrent aussi des filaires, dupaludisme et de la fièvre typhoïde, des maladies hydriques, de lacarie dentaire et du manque deau potable.
Cible groupe |
Problèmes |
Echantillon |
Causes |
Conséquences |
|
94% | |||||
HOMMES ADULTES |
MST/SIDA |
82 |
87.2 |
· Rapport sexuel nonprotégé |
·Stérilité |
Mortalité infantile |
79 |
84.0 |
· Les épidémiestelles que:
la rougeole, la méningite, le choléra, tétanos,paludisme |
· La mort |
|
Mortalité maternelle |
56 |
59.6 |
· Maladie hydrique |
· La mort |
|
Grossesses précoces |
33 |
35.1 |
· Ignorance |
· Avortements |
|
Grossesses tardives |
32 |
34.0 |
· Manque de connaissance enméthodes
de contraception moderne |
· Familles nombreuses |
|
Infertilité /Infécondité |
28 |
29.8 |
· MST |
· Absencedenfants |
|
Avortements |
13 |
13.8 |
· La honte |
· Décès dubébé
et parfois de la mère |
|
Maladies intestinales |
12 |
12.8 |
· Manque de règledhygiène |
· Santé fragile |
Selon les hommes adultes, les problèmes principaux enmatière de la SR dans lensemble de la province sont larecrudescence des MST, la mortalité infantile/maternelle et lesgrossesses précoces. Les hommes adultes ont la même perception queles jeunes en ce qui concerne les MST, la mortalité infantile, lastérilité et les maladies intestinales provoquées par lemanque deau potable et une mauvaise hygiène. La mortalitématernelle et les avortements sont des préoccupations propres auxfemmes.
PROBLÈMES | CAUSES | CONSÉQUENCES |
Grossesses précoces | · Mariagesprécoces | · Accouchementdifficile |
Grossesses tardives | · Harcèlement par lesmaris | · Mortalité maternelle etinfantile |
Infertilité/Infécondité | · MST | · Couple sans enfants, pasrespecté, malheureux et parfois marginalisé |
Mortalité infantile | · Epidémies(choléra, méningite, rougeole, paludisme) | · Beaucoup dedécès en un laps de temps |
Avortements | · Maladies (MST),malnutrition | · Risques de mort |
Grossesses rapprochées | · Ignorance des méthodesde contraception | · Epuisement de la mèreet vieillissement |
MST | · Vagabondage sexuel | ·Stérilité |
Mortalité maternelle | · Manque de consultationsprénatales | · Familles endeuillées,époux veufs et enfants orphelins |
En résumé, les principaux problèmes en SRque connaissent les jeunes femmes dans la Province de lExtrême-Nordpar ordre décroissant sont: les grossesses précoces (97,14%), lesgrossesses tardives (61,98%),linfertilité/infécondité (60,24%), lamortalité infantile (54,60%), les avortements (53,97), les grossessesrapprochées (47,62%), les MST (17,86%), la mortalité maternelle(12,5%). La connaissance des problèmes de SR par les jeunes femmesnimplique pas la connaissance de leurs causes et de leursconséquences. Les MST sont mal connues et ne sont pas perçuescomme un problème sérieux. Cependant, les avortements et lastérilité découlent de ces maladies, bien que souventattribués à Dieu ou au mauvais sort (sorcellerie). Si lesproblèmes de grossesses (précoces, tardives et rapprochées)ainsi que les familles nombreuses se posent avec acuité dans cetterégion du pays, force est de reconnaître que les différentescibles rencontrées restent très attachées à latradition et à lIslam qui veulent que la fille se marie trèstôt et donne autant denfants quAllah le permet. Ceci encourageparfois les avortements clandestins car, les filles précocement enceintesprovoquent des avortements par respect des parents, de la tradition et de lasociété. Les épidémies de méningite, decholéra, de rougeole, de paludisme et de tuberculose, qui constituent desproblèmes très préoccupants et qui sont la principale causede mortalité infantile, ne sont pas à négliger lors de lamise en place dun programme de sensibilisation. La malnutrition qui estattribuée à la pauvreté et à lignorance,constitue quant à elle la principale cause de mortalitématernelle. Doù la nécessité de faire unrapprochement entre mortalité maternelle et malnutrition lors desséances danimation dans les villages qui seront couverts àlavenir.
Problèmes |
Echantillon |
Causes |
Conséquences |
|
101% |
||||
1. Avortements |
77 |
76.2 |
· la honte/rejetsocial |
· lastérilité secondaire |
2. Grossesses précoces |
69 |
68.3 |
· ignorance |
· avortement |
3. Mortalité infantile |
67 |
66.3 |
· malnutrition |
· la tristesse |
4. Grossesses rapprochées |
61 |
60.4 |
· obligation conjugale decertains
maris |
· mortalitéinfantile |
5. Les MST |
57 |
56.4 |
· vagabondagesexuel |
· lastérilité secondaire |
6. La stérilité secondaire |
53 |
52.5 |
· les MST nonsoignées |
· absencedenfants |
7. Mortalité maternelle |
27 |
26.7 |
· manque de consultationsprénatales |
· enfantsorphelins |
8. Grossesses tardives |
13 |
12.9 |
· le désirdavoir beaucoup
denfants (pronatalisme) |
· famillesnombreuses |
Il est à noter que les quatre premiers problèmesà savoir les avortements, les grossesses précoces, lamortalité infantile et les grossesses rapprochées nesadressent pas au groupe cible concerné: les jeunes hommes.Cependant ces derniers ont tendance à penser que les problèmes dela SR relèvent plutôt de la femme et de la fille. Néanmoins,on constate que les avortements provoqués par les jeunes filles sontliés aux grossesses précoces. Quant aux avortements nondésirés par les femmes mariées, ceux-ci sont liésaux MST, à labsence de consultations prénatales, auxpénibles travaux à la croyance à la médecinetraditionnelle.
La mortalité infantile fait des ravages, environ 200enfants morts dans le village Massaré à Mora. Cettemortalité est due à la rougeole, à la méningite,à la malnutrition, à la famine et aux maladies hydriquesrésultant du manque dhygiène et delinsalubrité. Ce problème est aggravé par le manquedeau potable et une forte densité de la population 80 à 100habitants / km2. Parlant des grossesses rapprochéespréfèrent voir leurs femmes enceintes pour éviter lestentatives. Les MST figurent parmi les grands fléaux de la région.La Province de lExtrême Nord étant exposée auxmigrations internes et externes des populations du Nigeria, du Tchad, de laRépublique Centrafricaine, les maladies de toutes sortes se transmettentfacilement. Quant à la stérilité secondaire causéepar les MST, certains interviewés pensent plutôt quelleserait la résultante de la malédiction ou de lasorcellerie
A ce titre, les contraintes nont pas manqué auniveau de lattachement et de la croyance à la médecinetraditionnelle. La majorité des populations de la Province delExtrême Nord croit en lefficacité de lamédecine traditionnelle à laquelle elles restent attachées.Ceci peut sexpliquer par lexistence de beaucoup de marabouts dansles villages. Cette population a recours aux Centres de santé en dernierressort, lorsque les thérapies traditionnelles nont pasdonné les résultats escomptés. Elle pense que certainesmaladies comme la jaunisse, la rougeole, les MST et la folie, se traitent mieuxà lindigénat tout comme la stérilitéprimaire.
LIslam et le christianisme sont les principalesreligions de la région. Certains principes de lIslam et desconfessions du Christianisme telles que les Témoins de Jéhovah,lEglise des messianiques, militent contre la fréquentation desCentres de santé: lIslam nencourage pas la consultation desfemmes musulmanes par le personnel médical non musulman; la transfusionsanguine est interdite par les témoins de Jéhovah; pourlEglise messianique, la guérison ne sobtient quàtravers la prière.
Accès difficile aux Centres de santé par lespopulations isolées dans les Monts Mandara, éloignement decertaines populations des formations sanitaires (parfois plus de 10 km), lapauvreté qui sévit avec acuité dans les villages. Cescontraintes encouragent le recours à la médecine traditionnelle età lautomédication pour des questions de coût. Le tauxélevé danalphabétisme des adultes:daprès létude EDS 1991 (EnquêteDémographique et de Santé), le taux danalphabétismeparmi les adultes à lExtrême Nord se situe à 70%. Cephénomène explique le faible taux de fréquentation desformations sanitaires. Le manque de confidentialité augmente laméfiance envers le personnel médical et les services desanté et la honte des personnes concernées.
Le manque de confiance en certaines pratiques traditionnellesde PF, cest le cas des femmes qui se rendent chez les«forgerons» lorsquelles veulent éviter une grossesse;«le forgeron» est considéré ici comme unmédecin.
La polygamie et le pro-natalisme: la prédominance durégime polygamique et la valorisation des familles nombreuses sont desfacteurs de blocage par rapport à la SR. Les tabous liés àla sexualité des jeunes: parler de sexe aux adolescents est un tabou dansla tradition africaine. Ceci explique le nombre élevé degrossesses précoces et davortements clandestins constatésdans cette province. La plupart des familles africaines ont unepréférence pour le sexe masculin et exprime le désirdavoir un garçon comme héritier.
En matière de la SR, lIslam interdit le port despréservatifs aux célibataires, ainsi que toute autreméthode despacement des naissances, en dehors de labstinence.Les mariages précoces, et par conséquent les maternitésprécoces, sont encouragées par lIslam. De lautrecôté, le Christianisme interdit le sexe avant le mariage et estcontre lutilisation des contraceptifs.
En plus du faible pouvoir dachat des populations, deléloignement et de laccès difficile aux formationssanitaires, du taux élevé danalphabétisme, du manquede confidentialité et de la honte. on peut citer dautres facteurscomme: le coût relativement élevé des prestations,linsuffisance du personnel médical, surtout celui formé enPF clinique, la répartition déséquilibrée dupersonnel médical dans les formations sanitaires, la nondisponibilité des produits contraceptifs dans la plupart des formationssanitaires, la mauvaise qualité de service dans les formations sanitairespubliques.
MÉTHODES | AVANTAGES | INCONVÉNIENTS |
Méthode de contraception chez le «forgeron»utilisée par les femmes: | · Peu coûteuse | · Noffre pas degarantie |
Traitement des MST par les écorces, les herbes et lesracines (écorce «Madjav» chez les Mafa du Mayo Tsanaga,écorce «Kurdi» chez les Moundang du Mayo Kani et écorce«Mouhoulum«chez les Guizigas de Moutourwa. | · Pas coûteux | · Non respect de ladose |
Traitement de la stérilité par lesécorces, herbes et racines (racine»ging» chez les Moudang,racine «dambast» chez les Guizigas, racine «matai» chez lesMafas) | · Pas coûteux | · Pas de garantie |
Polygamie pour lespacement des naissances | · Repos de la maman | · Familles nombreuses |
Surveillance des jeunes filles dans les<<saré>> pour éviter les grossessesprécoces | · Bonne éducation de lafille | · Révolte de certainesfilles |
En plus des méthodes traditionnelles sus-citées,il y a des méthodes naturelles couramment utilisées que sontlabstinence et le coït interrompu dont les avantages et lesinconvénients sont:
MÉTHODES | AVANTAGES | INCONVÉNIENTS |
Abstinence | · Repos et santé de lamère et de lenfant | · Applicationdifficile |
Coït interrompu | · Eviter la grossesses | · Désirinterrompu |
Si les femmes font confiance à la médecinetraditionnelle comme le seul moyen pouvant guérir lastérilité, elles reconnaissent cependant les limites de celle-ci,surtout vis à vis de la contraception. La méthode des«forgerons» selon certaines dentre elles, ne rassure point etconduit parfois à des situations irréversibles(infécondité).
Les écorces, herbes et racines utilisées pour letraitement des MST et la stérilité sont le plus souventadministrées sous forme de potions, décoction ou poudre.
CIBLE |
TYPE dINFORMATIONS |
CANAUX |
SUPPPORTS |
HOMMES ADULTES |
· Espacement desnaissances |
· Animateur |
· Boîte àimages |
· LaStérilité |
· Animateur |
· Boîte àimages |
|
· La mortalitéinfantile |
· Animateur |
· Affiches |
|
· Grossesses à hautrisque |
· Agent desanté |
· Boîte àimages |
|
· Méthodes modernes decontraception |
· Animateur |
·Démonstrations |
|
· La mortalitématernelle |
· Animateur |
· Boîte àimages |
|
· Avortements |
· Animateur |
· Boîte àimages |
|
· Les grandesépidémies (rougeole, choléra, méningite) |
· Animateur |
· Agent desanté |
|
JEUNES HOMMES |
· Prévention ettraitement des MST/SIDA |
· Animateur |
· Les photos, les cassettesaudio vidéo, boîte à images |
· Mortalitéinfantile |
· Animateur |
· Les photos |
|
· Espacement desnaissances |
· Animateur |
· Boîte àimages |
|
· Méthodes modernes decontraception |
· Animateur |
· Cassette audiovidéo |
|
· Education à la viesexuelle |
· Animateur |
· Cassette audiovidéo |
|
· Grossesses précoces etavortements |
· Animateur |
· Cassette audiovidéo/photos |
|
JEUNES FEMMES |
· Mortalitématernelle |
· Animateur |
· Vidéo mobile |
· MST |
· Infirmier/Animateur |
· Vidéo mobile |
|
· Malnutrition |
· Animateur |
· Cassette audio |
Face à ces résultats, il ressort que les besoinsen informations sollicitées par les hommes adultes sontétroitement liés aux problèmes de la SR de ces derniers. Laprévalence des MST, des familles nombreuses, de lastérilité et la mortalité infantile sont leur principalepréoccupation. Les jeunes hommes se soucient plutôt desproblèmes comme les MST/SIDA, la mortalité infantile etlespacement des naissances, oubliant que ces problèmes sontliés au manque déducation à la vie sexuellequils ont placé en quatrième position. Les grossessesprécoces constituent le problème majeur des jeunes femmes. Selonelles, on peut mettre fin à ce fléau en déconseillant lesmariages précoces et en sensibilisant davantage les hommes. Lamortalité maternelle causée par la malnutrition (anémie) etla mortalité infantile provoquée par les épidémies(méningite, choléra, rougeole, paludisme...), sont desthèmes sur lesquels les informations sont très sollicitéespar les jeunes femmes. En conclusion, il y a lieu de renforcer pour toutes lescibles lEducation à la Parenté Responsable surtout dans lesaspects dEVF (pour les jeunes), dEMP (pour les couples) etdEVF (pour les couples + enfants). En ce qui concerne les canaux decommunication, la radio qui constitue un moyen de communication de massetrès pratique et accessible nest pas très utiliséeà cause du manque délectricité dans certains villageset du niveau dalphabétisation très bas. Il serait donc bonde mettre laccent sur la communication interpersonnelle dans ces villageset dexploiter les tranches dantennes en langues locales au niveau dela Radio Provinciale de Maroua, et de la Radio Rurale de Dana à Yagouapour les autres villages.