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PREFACE


Depuis sa fondation en 1945, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) promeut la conservation de la diversité biologique et des ressources phytogénétiques pour assurer la sécurité alimentaire et le développement durable de l’agriculture. La Commission intergouvernementale des ressources génétiques pour l’agriculture et l’alimentation, qui compte 165 pays membres outre la Communauté européenne, a mis au point le premier accord volontaire - l’Engagement international sur les ressources phytogénétiques - qui reconnaît les droits des agriculteurs en contrepartie des droits des obtenteurs ou producteurs de nouvelles variétés.

Les droits des agriculteurs ont été approuvés par la Conférence de la FAO. On entend par ce concept «les droits que confèrent aux agriculteurs, et particulièrement à ceux des centres d’origine et de diversité des ressources phytogénétiques, leurs contributions passées, présentes et futures à la conservation, l’amélioration et la disponibilité de ces ressources.» Et ce, afin de «permettre aussi aux agriculteurs, aux communautés agricoles et aux pays de toutes les régions de profiter pleinement des bénéfices actuels et futurs de l’utilisation améliorée des ressources phytogénétiques par la sélection et autres méthodes scientifiques.»

Depuis 1993, les pays membres de la Commission ont négocié une révision de l’Engagement international, en harmonie avec la Convention sur la diversité biologique, pour faciliter l’établissement de normes concernant l’accès aux ressources génétiques pour l’agriculture et l’alimentation et la distribution équitable des avantages de l’utilisation aux agriculteurs.

En novembre 2001, la Conférence de la FAO a approuvé l’Engagement international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture" qui, en septembre 2003, a été signé par 77 pays et ratifié par plus de trente pays. L’Engagement vise la conservation et l’utilisation durable des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture dont les bénéficiaires principaux seront les agriculteurs, notamment ceux des pays en voie de développement.

L’Engagement transfère aux Gouvernements la responsabilité de promouvoir et protéger leurs droits par des mesures qui soutiennent et valorisent les connaissances traditionnelles. La communauté internationale profitera de la mise en vigueur de l’Engagement: les consommateurs jouiront d’une plus grande sécurité alimentaire grâce à la variété accrue des aliments disponibles; la communauté scientifique aura un accès clairement défini aux ressources génétiques; et les secteurs public et privé accdèront à une vaste gamme de variétés génétiques pour améliorer le développement agricole.

Il importe de ne pas oublier que l’érosion de la diversité agricole est l’une des conséquences de l’exploitation impropre des ressources naturelles de la terre qui entraîne la destruction de nombreux écosystèmes terrestres. Le développement durable impose donc une nouvelle conception de notre planète qui tienne compte de ses limites, de sa vulnérabilité et de ses équilibres.

Ce principe se retrouve dans le rapport de la cinquième réunion de la SBSSTA (Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques techniques et technologique) à la Convention sur la diversité biologique (SBSTTA/5/11, p.1): "L’approche fondée sur l’écosystème est une stratégie de gestion intégrée des terres, des eaux et des ressources vivantes, qui favorise la conservation et l’utilisation durable d’une manière équitable. Elle se fonde sur l’application de méthodes scientifiques appropriées portant sur des niveaux d’organisation biologique qui incluent les processus, les fonctions et les interactions entre les organismes et leur environnement. Elle reconnaît que les êtres humains, avec leur diversité culturelle, font partie intégrante des écosystèmes."

La présente étude, réalisée par l’Université Nationale du Bénin, se veut une contribution à la promotion de l’igname du complexe Dioscorea cayenensis - Dioscorea rotundata au Bénin, et plus généralement en Afrique de l’Ouest.

En effet, il s’agit d’une culture alimentaire de première importance en Afrique de l’Ouest. A cette région du globe sont imputables environ 90 pour cent de la production mondiale, dont l’essentiel est consommé localement.

L’étude publiée ici se fonde sur des enquêtes réalisées dans 70 villages béninois. Elle a permis d’identifier 313 variétés d’ignames du complexe D. cayenensis - D. rotundata. Par ailleurs, elle recèle une quantité d’informations utiles. Les meilleures variétés cultivées y sont identifiées, de même que leurs principales qualités. En outre, elle met en évidence l’importance des connaissances que possédent les paysans, ainsi que les faiblesses de certaines pratiques. En premier lieu, cette précieuse et rigoureuse action de proximité révèle le profond attachement des paysans pour cette culture et souligne son importance au plan de la sécurité alimentaire. Dès lors, cette publication se fait l’écho des préoccupations de toute une population face à l’érosion génétique alarmante dont souffre l’igname au Bénin.

Pour répondre à ces préoccupations et relever le défi de la promotion de l’igname au Bénin et en Afrique de l’Ouest, diverses propositions sont formulées. Elles constituent une importante source d’inspiration dont pourront bénéficier de futurs programmes régionaux de promotion de l’igname, qu’il s’agisse de vulgarisation ou de recherche/développement.

Peter Kenmore
Président
du Groupe de Travail Inter-Départemental sur la Biodiversité
dans l'Alimentation et l'Agriculture


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