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INTRODUCTION


L'igname est une plante à tubercule alimentaire de première importance en Afrique de l’Ouest. Sa principale zone de production et de distribution s’étend du Cameroun à la Côte d’Ivoire. Cette zone fournit à elle seule environ 90 pour cent de la production mondiale estimée à plus de 30 millions de tonnes en 1997.

Parmi les espèces d’ignames alimentaires du genre Dioscorea cultivées en Afrique de l’Ouest, le complexe Dioscorea cayenensis - Dioscorea rotundata reste le plus répandu, grâce à ses qualités organoleptiques, et représente plus de 90 pour cent de la production totale.

L’essentiel de la production d’igname provient des zones de savanes humides. Compte tenu de l’expansion de l’urbanisation (>50 pour cent en Afrique subsaharienne en 2000), la demande urbaine est imputable à une partie croissante de la production. Malgré son prix de revient nettement plus élevé que d’autres amylacées (manioc, en particulier), l’igname continue à bénéficier, en Afrique de l’Ouest surtout, d’une image prestigieuse, et sa demande en zone urbaine continue à croître. La consommation de l’igname tend d’ailleurs à déborder des zones traditionnelles de production et, corollaire du mode de vie urbaine, elle contribue dans les villes à la diversification de l’alimentation. Elle a conquis des populations non traditionnellement consommatrices, dans les zones côtières comme dans les régions sahéliennes. Pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, la consommation par habitant a plus que doublé entre 1983 et 1996.

L’igname est une culture qui exige des conditions de sol particulières. Elle est généralement cultivée sur défriche brûlis après jachère de longue durée, notamment dans le cas des variétés commerciales les plus recherchées adaptées aux pilés. Malgré ces contraintes et le haut niveau des coûts de production dû aux besoins en main-d’oeuvre et en semences, la production a fortement augmenté.

Ces 30 dernières années, son expansion a été le fait principalement de la mise en culture des zones boisées (savanes arborées) dont le front recule aux confins des terroirs des villages au fur et à mesure des défrichements. Dans les zones fortement peuplées, les producteurs d’ignames commerciales ont souvent été obligés de migrer vers d’autres régions moins densément occupées. Cette migration leur permet de maintenir leurs techniques traditionnelles de production, mais rend plus difficile la commercialisation en raison de l’éloignement des routes.

Dans les zones où les jachères de longue durée ne sont plus réalisables à cause de la pression foncière, la production d’igname a fortement diminué ou évolué vers des variétés plus rustiques (Dioscorea alata) ou encore s’est maintenue avec difficulté.

Dans les quelques décennies à venir, si l’urbanisation se poursuit, il est très probable que la demande en igname continue de s’accroître en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, en raison notamment du prestige dont jouit ce produit dans l’alimentation. Les études prospectives prévoient une croissance annuelle de la consommation de 2,7 pour cent en Afrique subsaharienne.

Cette croissance due à la demande commerciale est liée au défrichement des dernières zones encore boisées de la sous-région, avec son impact préjudiciable sur l’environnement, et se poursuivra probablement pendant encore quelques décennies. Au Bénin, le développement de la production commerciale par des agriculteurs allogènes est déjà un problème préoccupant pour l’environnement dans plusieurs régions, notamment le Département des collines. L’augmentation de la pression démographique au Bénin, pays de plus de 6 millions d’habitants avec un taux d’accroissement de la population de 2,8 pour cent par an et où 65 pour cent de la population vit sur 15 pour cent du territoire au sud du pays, ne peut qu’aggraver la situation de la protection de l’environnement et de la biodiversité.

Si aucune solution de rechange technique n’est proposée aux agriculteurs, la production d’igname risque de régresser, au profit tant de produits moins nobles et plus pauvres au plan alimentaire, que de variétés d’ignames plus rustiques mais de moindre qualité organoleptique et moins rentables.

En tout état de cause, une dégradation importante du milieu naturel est destinée à sévir et on aboutira à des systèmes de cultures appauvris en terme quantitatif (rendement) aussi bien que qualitatif, et en particulier à l’érosion de la diversité variétale.

Parmi les espèces d’ignames alimentaires du genre Dioscorea cultivées en Afrique de l’Ouest, le complexe Dioscorea cayenensis - Dioscorea rotundata reste le plus répandu, en raison essentiellement de ses qualités organoleptiques, et il représente plus de 90 pour cent de la production totale.

Malgré l’importance des connaissances et du savoir-faire traditionnels, rares sont les informations systématiques accumulées sur ce complexe. La présente étude contribue à combler cette lacune pour le Bénin. Elle a pour objectifs de:


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