Cette étude a permis de caractériser les ignames du complexe D. cayenensis - D. rotundata cultivées de manière traditionnelle au Bénin.
Elle a révélé les potentiels importants que détiennent les paysans par leur savoir-faire, ainsi que les faiblesses de certaines pratiques.
Pour des raisons de sécurité alimentaire, la culture de ligname au Bénin mérite dêtre soutenue, ce qui, par ailleurs, correspond à un souhait explicite des paysans attachés à cette ressource.
En matière de protection des cultures, les priorités sont les suivantes:
Identifier les champignons pathogènes (en particulier les champignons du sol ou "soil-born fungi") responsables de dégâts sur ligname.
Déterminer, parmi ces champignons, quels sont les plus nuisibles et leurs aires de répartition.
Identifier les espèces de nématodes et les souches virales nuisibles à ligname.
Identifier les variétés les mieux adaptées pour résister aux attaques pathogènes.
Procéder à la sélection de nouvelles variétés intéressantes.
Identifier la cause du problème de défoliation rencontré dans la zone de Bassila.
Soutenir une dynamique de sélection variétale et envisager des méthodes de lutte intégrée applicables en milieu paysan pour lutter contre les cochenilles.
Le développement de la filière "cossettes" est prometteur et mérite dêtre soutenu par les actions suivantes:
Répertorier et caractériser les plantes à pouvoir insecticide utilisées en milieu paysan lors des processus de fabrication des cossettes en vue de la protection contre les charançons.
Étudier limpact de lutilisation de ces plantes sur la santé humaine.
Identifier les espèces de charançons et étudier leur biologie.
Proposer des méthodes de lutte intégrée contre les charançons.
Identifier les variétés les plus résistantes aux attaques de charançons (variétés tardives rassemblées sous lappellation Kokoro) et promouvoir les génotypes les plus performants.
Étudier les méthodes traditionnelles de stockage des cossettes et proposer des améliorations.
Lérosion de la diversité cultivée et sauvage est importante. En vue de renverser cette tendance, un faisceau dactions convergentes est proposé:
Intensifier les échanges variétaux entre les différentes régions productrices du pays.
Mettre en place un programme de sélection participatif basé sur lutilisation de graines issues de la fécondation libre dans les champs.
Élaborer et mettre en place un programme de conservation variétale à la ferme.
Étudier de manière approfondie les techniques de domestication pratiquées pour lobtention de cultivars au départ de souches sauvages. Collecter, caractériser et évaluer les variétés nouvellement domestiquées.
Conduire une prospection écogéographique en vue de protéger in situ diverses formes sauvages dignames. Ces populations sauvages constituent en effet un réservoir de gènes nécessaire aux développements variétaux futurs de ligname.
Lenquête a montré que la culture dengrais verts est lune des techniques les plus efficaces pour maintenir la fertilité des sols cultivés et limiter ainsi la destruction des savanes par le défrichement de nouvelles parcelles. Un programme de vulgarisation portant sur ces plantes devrait être lancé.
Enfin, on sait que le Nigéria constitue le centre de la diversité des ignames cultivées en Afrique de lOuest. Cette richesse importante reste cependant mal connue. Son étude pourrait mener à la diffusion de variétés et de techniques susceptibles daméliorer les performances de la culture de ligname sur lensemble de lAfrique de lOuest. Cest la raison pour laquelle, parallèlement aux propositions envisagées ci-dessus pour le Bénin, celles formulées ci-dessous sont faites pour le Nigéria. Il sagit de propositions en matière de collecte, de caractérisation et de conservation de la biodiversité de ligname (complexe D. cayenensis - D. rotundata):
Répertorier et récolter les variétés cultivées du complexe D. cayenensis - D. rotundata dans les différentes zones de production du Nigéria. Des discussions avec les paysans permettraient de caractériser chaque variété en ce qui concerne divers paramètres tels que lorigine, les caractéristiques agronomiques et les qualités culinaires.
Etudier le savoir-faire paysan en matière de gestion de la diversité variétale en vue délaborer un éventuel programme de multiplication et de conservation à la ferme.
Etudier et cartographier la distribution écogéographique du complexe D. cayenensis - D. rotundata au Nigeria en comparaison avec la distribution des formes sauvages apparentées (D. abysinica, D. praehensilis, D. burkilliana), et étudier les conséquences en termes de flux de gènes, dévolution et de conservation in situ de ces formes sauvages.
Evaluer la diversité génétique et caractériser les variétés sur le plan morphologique ainsi que par marqueurs des isozymes et AFLP.
Déterminer le niveau de ploïdie des différentes variétés identifiées et analyser les variations de contenu en ADN nucléaire au sein de ces variétés par la méthode du flux cytométrique. Rechercher les relations possibles entre le contenu en ADN et certains caractères agronomiques ou physiologiques.
Identifier les doublons et établir une collection centrale guinéo-nigérienne dignames.
Construire un répertoire des ignames guinéonigériens et concevoir un modèle participatif pour leur conservation in situ.
Les propositions faites pour le Bénin sont le fruit dune étude approfondie basée sur lidentification des priorités et des besoins des paysans. Elles doivent être considérées comme prioritaires en ce qui concerne la recherche et le développement liés à la culture de ligname dans ce pays.