III. Réalisations et résultats obtenus

EMPRES

31. EMPRES est l'élément principal du programme de la FAO en matière de santé animale, depuis la décision prise par le Conseil en 1994 d'en étendre les travaux. Le programme vise à promouvoir la lutte contre les maladies épizootiques du bétail les plus redoutables et les maladies nouvelles, et leur maîtrise effective, à travers leur élimination progressive à l'échelon régional et mondial grâce à la coopération internationale dans les quatre domaines suivants:

  1. Alerte rapide: il s'agit d'activités de lutte contre les maladies (reposant essentiellement sur la surveillance épidémiologique) qui permettent une meilleure connaissance de la distribution des maladies, et donc de prévoir l'évolution d'une épidémie;
  2. Réponse rapide: il s'agit de la maîtrise rapide et efficace des cas de maladie, pour en limiter la diffusion et les effets. Ces activités prévoient également la planification de mesures d'urgence et la prévention des situations d'urgence;
  3. Recherche à vocation pratique: la collaboration entre la FAO et des centres scientifiques d'excellence oriente les travaux de recherche vers la solution des problèmes survenant dans la lutte contre les maladies transfrontières; et
  4. Coordination: il s'agit d'activités internationales et régionales de lutte contre les maladies, coordonnées au moyen d'une série de mécanismes, dont le principal est le PMEPB.

Réalisations du programme

Alerte rapide

32. L'élément central de l'activité d'alerte rapide d'EMPRES a été la gestion de l'information sur les maladies (collecte, évaluation et prise de décisions). Un outil important à cette fin a été le logiciel mis au point pour TADinfo. Ce programme permet d'enregistrer et d'analyser les informations sur les maladies recueillies à partir de rapports sur les poussées épidémiques, d'exercices structurés de surveillance et d'autres sources.

33. Les pays qui ont identifié la nécessité d'une base de données sur les maladies, ont plusieurs possibilités, parmi lesquelles celle de mettre en place leur propre base de données ou bien de modifier un autre produit existant. TADinfo offre aux pays l'avantage notable de pouvoir disposer d'un système sur mesure qui sera entretenu et mis à jour à un coût minimum pour eux, étant donné que l'essentiel du travail sera effectué par la FAO.

34. TADinfo a été adopté par divers pays comme base de données nationale sur les maladies animales, et notamment par la République-Unie de Tanzanie, le Malawi, la Namibie, le Ghana, le Pakistan et l'Arabie saoudite. D'autres pays envisagent ou sont sur le point de l'adopter, en particulier l'Ouganda, le Kenya, la Thaïlande et le Viet Nam. Une version régionale et une version nationale du programme sont en cours de réalisation; celui-ci est déjà utilisé comme système central au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et sera également appliqué dans un réseau de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), dans les deux cas avec le soutien financier du PCT. Il est actuellement traduit en français, ce qui devrait faciliter son adoption par les pays d'Afrique de l'Ouest. Bien que la normalisation présente un intérêt au niveau régional et international, il n'est toutefois pas essentiel pour le succès de TADinfo que celui-ci soit universellement adopté, car les informations peuvent circuler entre différentes bases de données. TADinfo représente une contribution importante aux systèmes d'alerte rapide.

35. Le personnel d'EMPRES sait depuis longtemps que la collecte de données sur le terrain est de loin le principal défi, surtout dans les pays en développement. La mise en place de systèmes de surveillance passive et active a été encouragée, notamment dans le cadre du PMEPB, lorsque les pays sont momentanément exempts de maladies, mais n'en restent pas moins exposés à une éventuelle réintroduction, ou à une propagation à partir de foyers résiduels, et que la détection précoce s'avère essentielle. Ces activités s'inscrivent dans la composante Épidémiologie du programme PACE, financée par l'UE et mise en œuvre par la FAO, et elles ont occupé une place de premier plan dans les projets du PCT pour l'éradication de la peste bovine. Les systèmes de surveillance ont aussi figuré en bonne place dans d'autres activités du PCT, notamment dans la lutte contre la fièvre aphteuse. Le programme EMPRES a produit une quantité considérable de matériel de haut niveau concernant la surveillance des maladies, une ressource précieuse pour les pays qui ont d'ordinaire du mal à accéder aux informations courantes.

36. Plusieurs pays ont été aidés à installer des systèmes d'alerte rapide. L'activité de mise en œuvre a consisté le plus souvent à rechercher des moyens adéquats pour la collecte et la notification d'informations sur les maladies, notamment par le biais de programmes qui encouragent la prestation privatisée de services de santé animale de base là où la fourniture publique de ces services est faible et surtout dans les zones où le nomadisme entrave l'accès aux animaux d'élevage. Dans ces programmes, la collecte et la transmission d'informations sur les maladies à une unité centrale de planification doivent être considérées comme un service essentiel, à financer par des fonds publics. Il ne faut pas s'attendre à ce que des services vétérinaires de base privatisés se chargent de recueillir les informations requises sans compensation.

37. Un élément clé de l'alerte rapide est le réseau RADISCON. Il a été établi en 1996 par la FAO, en partenariat avec le Fonds international de développement agricole (FIDA), pour permettre une surveillance plus efficace des maladies et une meilleure communication à cet égard, dans et entre les pays. Renforcé aujourd'hui par l'introduction de TADinfo, il se trouve néanmoins sous la menace d'un financement incertain, étant financé au titre d'un Don de service technique du FIDA, non renouvelable.

Réponse rapide

38. Les activités dans ce domaine ont mis l'accent sur la promotion des principes de la planification de mesures d'urgence et de la prévention des situations d'urgence, pour la mise en place d'une capacité d'intervention rapide en cas de poussée épidémique. D'excellents guides ont été préparés pour l'élaboration de plans d'intervention d'urgence généraux et de plans d'intervention d'urgence concernant spécifiquement la peste bovine et la peste porcine africaine. Un logiciel multimédia, disponible sur le Web et sur CD-ROM, intitulé Bonnes pratiques de gestion des situations d'urgence, a récemment été lancé et distribué aux directeurs des services vétérinaires des pays membres de la FAO. Ce logiciel vise à promouvoir un code de conduite EMPRES pour le traitement des situations d'urgence en matière de santé animale. Des ateliers sur la planification de mesures d'urgence ont été organisés en Afrique, en Europe centrale et en Asie, tandis qu'une aide a été fournie pour la préparation de plans d'intervention d'urgence relatifs à la peste bovine, dans le cadre de divers projets du PCT concernant cette maladie, mis en œuvre notamment en Ouganda, au Kenya et en République-Unie de Tanzanie. Dans certains des pays visités, les plans d'intervention d'urgence ont été renforcés. En Afrique du Sud, les récentes épidémies de fièvre aphteuse ont contraint les autorités nationales et provinciales à réviser leurs plans d'intervention d'urgence. En Thaïlande, la nécessité d'un plan d'intervention d'urgence concernant la fièvre aphteuse a été reconnue, malgré le caractère endémique de cette maladie; le plan prévoit des mesures de parade face à l'introduction d'un nouveau type de virus ou à une recrudescence de la maladie à des niveaux épidémiques.

39. La promotion du principe de la planification de mesures d'urgence n'a pas été facile. Dans les pays pauvres en ressources et dotés de faibles structures de planification et de gestion, les préoccupations prioritaires sont en général à très court terme. Les exemples de plans d'intervention d'urgence qui ont pu être observés par la mission d'évaluation, étaient généralement établis sur le modèle d'EMPRES, qui est présenté comme une situation d'intervention idéale et ne tient pas compte des contraintes manifestes rencontrées par les autorités vétérinaires dans les pays en développement. Cela donne à penser que dans bien des pays, le personnel n'a pas véritablement saisi l'essence de la planification de mesures d'urgence comme un processus dynamique prévoyant l'identification des contraintes, leur classement par ordre de priorité, puis leur résolution progressive, pour une capacité d'intervention renforcée.

Recherche à vocation pratique

40. L'évaluation ayant été concentrée principalement sur le terrain, les possibilités de procéder à un examen détaillé de cette composante ont été limitées. Toutefois, il apparaît clairement que le soutien de la FAO à la recherche sur les maladies prioritaires et l'aide fournie aux laboratoires de référence dans les programmes de lutte contre les maladies, sont très appréciés par les pays qui mènent des activités de lutte contre les maladies. Le rôle de l'Institute for Animal Health, à Pirbright (Royaume-Uni), comme laboratoire mondial de référence pour la peste bovine et la fièvre aphteuse, est particulièrement important, car il sert de source de vérification pour les essais nationaux en laboratoire, et facilite l'application de l'épidémiologie moléculaire pour le traçage de la propagation des agents pathogènes. Le laboratoire du Département d'élevage et de médecine du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD-EMVT), à Montpellier (France), a été désigné comme le laboratoire mondial de référence pour la péripneumonie contagieuse bovine (PCB), et il a travaillé avec le Centre panafricain de vaccins vétérinaires (PANVAC) à la normalisation de nouvelles souches de vaccins pour la PPR et la PCB. Un projet financé par le Japon a permis à EMPRES, par le biais du PANVAC, de promouvoir les principes du transfert de technologies vaccinales, de la normalisation et de l'assurance de qualité pour les vaccins en Afrique. Le PANVAC a récemment publié une méthode pour la production avantageuse de vaccins thermostables. Bien que cette technologie soit particulièrement intéressante pour l'Afrique et l'Asie méridionale, la participation du PANVAC à ces travaux risque d'être compromise par le manque de ressources, le financement du Japon prenant fin en 2001.

41. La FAO a également établi une liste d'autres instituts et laboratoires fournissant un soutien scientifique et technique à EMPRES et aux pays membres, en qualité de laboratoires de référence ou de centres de collaboration pour certaines maladies ou disciplines.

42. AGE a largement contribué à l'introduction de capacités de diagnostic, et à leur renforcement, dans les pays en développement, en mettant initialement l'accent sur le diagnostic de la peste bovine et sur le dosage immunoenzymatique (ELISA) comme technologie appropriée. Le programme a ensuite été élargi à d'autres maladies, comme la PPR, la fièvre aphteuse, la PCB, la peste porcine. La gamme des technologies de diagnostic a été élargie elle aussi, notamment aux techniques de réaction en chaîne de la polymérase (PCR) pour la détection et la caractérisation des agents pathogènes. Les activités d'AGE ont été menées en coordination étroite avec le soutien au programme, de sorte que l'introduction de capacités de diagnostic en laboratoire a été directement liée à la réponse aux besoins de lutte contre les maladies. Le programme tend d'ordinaire à soutenir un seul laboratoire dans chaque pays, ce qui donne la meilleure garantie de durabilité. Il s'agit d'une mesure opportune car les opérations de laboratoire sont généralement entravées par des frais de fonctionnement élevés et un manque d'effectifs qualifiés.

Activités de coordination

43. L'élément principal du programme étant l'éradication de la peste bovine à l'échelon mondial, le Secrétariat du PMEPB a été le principal organisme de coordination. La FAO fournit également un service de secrétariat pour l'EUFMD. En Asie, la FAO coordonne l'APHCA, en assurant des ateliers et d'autres moyens de communication au sein de la région Asie, et en servant de source d'information concernant la production et les maladies animales. En Asie du Sud-Est, l'OIE joue un rôle de coordination pour la lutte contre la fièvre aphteuse, et la FAO travaille en relation étroite avec cette unité pour la promotion d'une stratégie régionale dans ce domaine. Suite aux travaux du RADISCON, une Commission de la santé animale pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord sera bientôt mise en place.

PMEPB

44. La coordination du PMEPB a été à juste titre un élément central de l'activité d'EMPRES. La mise en place du programme a marqué un tournant décisif vers la conversion d'initiatives distinctes d'éradication de la peste bovine à l'échelon régional, en un programme doté d'une véritable vision mondiale. En plusieurs occasions, des fonds du PCT ont été utilisés avec des effets remarquables en termes de maîtrise rapide et efficace des épidémies de peste bovine. Peu d'autres donateurs ont une telle capacité d'intervention rapide, une fonction qui est très appréciée dans les pays bénéficiaires. Grâce aux projets du PCT, il a été possible de circonscrire et d'éliminer la peste bovine à partir de foyers localisés au Kenya et dans les régions septentrionales de la République-Unie de Tanzanie (dans ce dernier cas, avec l'ajout de fonds du PNUD), ainsi qu'en Afghanistan en 1996-97. Un autre projet du PCT a permis d'améliorer très nettement la situation au Pakistan (qui est désormais en bonne voie vers l'éradication) avec des fonds additionnels de l'UE pour la réalisation d'études épidémiologiques concernant la peste bovine. Le PCT a également aidé l'Ouganda à rester indemne de la maladie clinique et à s'acheminer vers le statut de pays provisoirement indemne. D'autres foyers d'infection résiduels, effectifs ou potentiels, ont été localisés au Soudan et en Somalie, et malgré les conditions difficiles, des plans sont mis en place pour les maîtriser.

45. LA FAO a également eu des responsabilités opérationnelles dans la mise en œuvre de la Campagne panafricaine de lutte contre la peste bovine (PARC) et de la Campagne panafricaine contre les épizooties (PACE). Ces activités ont consisté notamment en la fourniture d'un soutien épidémiologique et d'une assistance technique au PANVAC. La complexité des relations entre l'UE en sa qualité de donateur, l'OUA-BIRA comme organisme d'exécution, et la FAO comme fournisseur d'assistance technique à ces deux programmes, a mené à des discussions concernant les responsabilités de gestion. Le maintien de bonnes relations entre les institutions est bien entendu essentiel pour la réussite du PMEPB.

46. En prévision d'une surveillance sérologique au niveau mondial qui permette d'attester la disparition de la maladie, une tâche qui s'annonce de grande ampleur, il a été reconnu que les problèmes de sécurité existant dans certaines régions empêcheront toute avancée selon le processus indiqué par l'OIE pour l'établissement de leur statut de zones indemnes de la maladie, conformément aux exigences du commerce international. Plutôt que de procéder à un tel contrôle à l'échelle nationale, il a été proposé d'identifier sept zones agro-écologiques qui serviraient de base pour attester l'éradication de la maladie.

47. Le Secrétariat du PMEPB a élaboré un plan d'action visant à établir la disparition définitive de la maladie à l'échelle de la planète, qui devrait permettre d'atteindre l'objectif de l'éradication d'ici à l'année 2010. Ce plan prévoit plusieurs composantes, notamment pour l'élimination des réservoirs résiduels d'infection, la gestion de l'arrêt des vaccinations et la mise en place du processus de contrôle. Une sensibilisation intensive du public est un élément essentiel dans les derniers stades de la vérification. La FAO et l'OIE ont récemment accepté le caractère complémentaire - et non pas substitutif - de l'approche régionale par rapport au processus à orientation nationale indiqué par l'OIE. Celle-ci permettra d'assurer que la vérification progressive de la disparition de la peste bovine à l'échelle de la planète ne fasse pas d'impasse du fait de l'exclusion de certains pays en développement.

48. Le PMEPB est entré dans une phase critique, avec d'une part la nécessité d'une action ciblée pour l'élimination des trois foyers résiduels de peste bovine présumée, et de l'autre celle de conduire un programme sur six ans pour le contrôle international de la disparition de la peste bovine à l'échelle mondiale. Si les fonds destinés au premier de ces objectifs sont en voie d'acheminement, en revanche il n'existe pas de financement assuré pour le second.

APHCA

49. La FAO assure le secrétariat de l'APHCA par le biais du Bureau régional pour l'Asie et le Pacifique à Bangkok. La Commission est en partie financée par des contributions des pays participants (de 3 000 à 9 000 dollars E.-U., selon l'importance du cheptel national). Cela montre bien l'importance que les pays membres attachent à l'APHCA, qui a été établie dans le but de servir de forum pour la coordination régionale des activités concernant la santé et la production animales. Le budget annuel de la Commission pour 2000-2001 est de 228 100 dollars E.-U., dont 75 900 dollars E.-U. proviennent des contributions des membres et le reste de la FAO. La contribution de la FAO de 152 200 dollars E.-U. est constituée de 89 200 dollars E.-U. en temps de travail et de 63 000 dollars E.-U. de ressources hors personnel. Les pays membres de l'APHCA sont généralement représentés par des directeurs généraux de services vétérinaires. Les réunions de la Commission sont annuelles, les délégués bénéficiant d'un certain parrainage de la FAO, en dehors du budget du fonds fiduciaire.

50. Ces dernières années, une série d'ateliers, de consultations, d'échanges et de programmes de formation ont été organisés pour traiter les questions prioritaires du programme de travail de l'APHCA. Les domaines ainsi couverts ont été la santé animale, la production animale, le développement du secteur de la viande et du lait, ainsi que la biotechnologie, avec notamment la production de médicaments vétérinaires et de vaccins et leur homologation. Une publication, Asian Livestock, qui était au départ mensuelle, paraît aujourd'hui sous forme électronique, tous les trois mois. Le bureau de la FAO assure également un service important aux membres du réseau, en leur fournissant les informations publiées sur les maladies et la production animales, pour venir en aide aux pays dont l'accès à ces ressources est limité.

EUFMD

51. L'EUFMD a été créée en 1954 en tant qu'organe spécial de la FAO pour la lutte contre la fièvre aphteuse en Europe et pour la coordination des programmes nationaux de lutte contre cette maladie. La Commission, qui compte aujourd'hui 33 pays membres, généralement représentés par des directeurs de services vétérinaires, se réunit tous les deux ans pour recueillir des informations et définir l'orientation de ses travaux pour la période suivante. À la Commission proprement dite et à son secrétariat au sein de la FAO, s'ajoutent un comité exécutif composé de huit membres et chargé de la gestion de la Commission entre les sessions générales, un groupe de recherche et (à ce jour) deux groupes tripartites (EUFMD/UE/OIE), l'un pour les Balkans et l'autre pour les pays transcaucasiens.

52. La Commission a pour rôle de coordonner les activités des pays membres en matière de contrôle et de prévention de la fièvre aphteuse. Elle offre un soutien aux pays membres dans la surveillance de la maladie, diffuse des informations sur la situation épidémiologique (notamment en cas de menace pour l'Europe) et donne aux pays qui en font la demande, des conseils sur les divers aspects de la prévention et de la lutte contre la fièvre aphteuse. L'EUFMD organise des séances de formation et des ateliers sur des techniques épidémiologiques ou de laboratoire spécifiques. Elle prépare également des directives concernant certains aspects de la lutte contre la fièvre aphteuse.

53. Les dépenses administratives de l'EUFMD sont financées par les pays membres, selon une formule qui tient compte à la fois du revenu national et du cheptel. Les pays sont classés en quatre catégories: les contributions annuelles varient de 2 600 à 26 000 dollars E.-U. par an, selon la catégorie. Des fonds fiduciaires distincts ont été constitués pour financer d'autres activités, comme les travaux des deux groupes tripartites. La Commission bénéficie d'un solide soutien de la part des pays membres, et aucune modification à son mode de fonctionnement actuel n'est nécessaire.

Activités de terrain

54. Sur les 23 projets du PCT liés à EMPRES, 19 sont des projets d'urgence, qui répondent à la nécessité d'une intervention rapide face à une maladie transfrontières du bétail - peste bovine, PPR, PCB, fièvre de la Vallée du Rift, dermatose nodulaire, peste porcine africaine, maladie de Newcastle, fièvre aphteuse et rage. Des trois projets non liés à des urgences, l'un concernait la lutte contre la peste bovine au Pakistan où cette maladie est endémique mais devait néanmoins être traitée en vertu du processus d'éradication à l'échelon mondial, et les deux autres la lutte contre la fièvre aphteuse, là aussi dans une situation d'endémie, mais présentant un degré de pertinence élevé avec les priorités d'EMPRES.

55. Les appréciations que les missions ont données aux projets, sont récapitulées au tableau 5 ci-après.

Tableau 5: Récapitulatif des résultats des projets du PCT liés à EMPRES

Numéro du projet

U*

Titre du projet

Appréciation

     

Pertinence

Conception

Exécution

Résultats

Impact

TCP/KEN/6612

 

Diagnostic en laboratoire de la peste porcine africaine

2

1

2

1

1

TCP/KEN/6613

U

Lutte contre la peste bovine

3

3

3

3

3

TCP/KEN/6714

U

Lutte contre la peste bovine

3

3

3

3

3

TCP/KEN/7821

U

Lutte contre la fièvre de la Vallée du Rift

2

2

2

2

2

TCP/UGA/4554

U

Lutte contre la PCB

3

2

2

2

2

TCP/UGA/6716

U

Lutte contre les maladies épizootiques (peste bovine et PCB)

3

2

2

2

2

TCP/URT/4553

U

Lutte contre la PCB

3

3

1

1

1

TCP/URT/6714

U

Lutte contre la peste bovine

3

3

3

3

3

TCP/URT/7821

U

Surveillance et lutte contre la fièvre de la Vallée du Rift

2

2

2

2

1

TCP/ZIM/4553
TCP/ZIM/7821

U

Lutte contre la maladie de Newcastle

2

1

2

1

1

TCP/RAF/8821

U

Lutte contre la fièvre de la Vallée du Rift

2

2

3

3

2

TCP/GHA/8925

U

Lutte contre la peste porcine africaine

2

2

2

2

+

TCP/TOG/8822

U

Lutte contre la peste porcine africaine

3

2

2

1

1

TCP/BEN/6715

U

Lutte contre la peste porcine africaine

3

2

2

2

3

TCP/MLI/4552

U

Lutte contre la dermatose nodulaire

3

2

2

2

2

TCP/RAF/7822

U

Lutte contre la peste porcine africaine

3

1

2

2

1

TCP/AFG/0065

U

Lutte contre les maladies transfrontières du bétail (peste bovine et PPR

3

2

3

+

+

TCP/AFG/4551

U

Lutte contre la rage

2

1

2

3

1

TCP/AFG/6611

U

Lutte contre la peste bovine

3

3

3

3

3

TCP/PAK/8923

 

Lutte contre la peste bovine

3

3

3

3

3

TCP/THA/4452

 

Contrôle des déplacements du cheptel (fièvre aphteuse)

2

2

2

2

3

TCP/RAS/6611

 

Lutte contre la fièvre aphteuse

3

2

3

3

2

   

Score moyen

2,64

2,09

2,32

2,19

2,00

1 = faible;
2 = satisfaisant;
3 = bon;
* U = urgence;
+ = trop tôt pour pouvoir donner une évaluation.

56. Tous les projets EMPRES ont été considérés comme pertinents, voire particulièrement pertinents, par rapport aux besoins nationaux; cela n'a rien de surprenant dans la mesure où la plupart des projets répondaient à une poussée épidémique. Ils présentaient une bonne uniformité de conception, prévoyant la fourniture de vaccins d'urgence ou de médicaments préventifs, et une assistance technique, ce qui a été jugé approprié. Ils comportaient souvent des composantes pour la formation et l'alerte ou la réponse rapide, comme le renforcement de la surveillance ou la préparation de plans d'intervention d'urgence, et cela a été considéré comme tout à fait approprié. Certains projets présentaient toutefois des problèmes notables au niveau de la conception qui ont fait chuter le score final à un niveau à peine plus que satisfaisant, indiquant ainsi la nécessité d'une amélioration dans ce domaine. Ainsi, par exemple, les concepteurs d'un projet pour le diagnostic en laboratoire de la peste porcine africaine au Kenya, auraient dû tenir compte du fait que l'installation n'était alimentée ni en eau, ni en électricité, et partant soit concevoir le projet d'une autre façon, soit en reporter la réalisation en attendant la résolution de ces problèmes. Le projet de lutte contre la rage mis en œuvre en Afghanistan, prévoyait la vaccination systématique des chevaux et des ânes, mesure inopportune qui n'a heureusement pas été mise en application. Le projet du PCT de lutte contre la maladie de Newcastle au Zimbabwe, présentait un défaut de conception car il comportait un plan pour l'expérimentation d'une nouvelle stratégie de vaccination, ce qui n'était pas opportun dans une situation d'urgence.

57. La qualité de l'exécution du projet, y compris la prestation de services de consultation nationaux et internationaux, a en général été élevée. L'identification de bons consultants, répondant aux conditions requises, a constitué un élément de force de la mise en œuvre des projets du PCT concernant la santé animale.

58. La plupart des projets du PCT ont été mis en œuvre avec en toile de fond des services vétérinaires mal équipés. De ce fait, il y a souvent eu des limites à ce qui a pu être réalisé pendant la courte durée d'un projet du PCT, avec une intervention extérieure relativement limitée, des ressources très réduites et avec une infrastructure nationale faible. Dans de telles circonstances, les projets ont eu en général un bon niveau d'exécution et dans certains cas les résultats qui ont pu être obtenus en une brève période de temps et dans des conditions très difficiles, ont vraiment été remarquables. La mise en œuvre réussie des activités de lutte contre la peste bovine, notamment en Afghanistan et au Pakistan, mais aussi en Afrique orientale, a été particulièrement digne d'éloges.

59. Le problème le plus grave dans la réalisation des activités de santé animale a été rencontré dans le projet de lutte contre la PCB en République-Unie de Tanzanie et avec le projet de lutte contre la maladie de Newcastle au Zimbabwe. Il s'agissait dans les deux cas de projets d'intervention d'urgence, mais le vaccin utilisé, acheté par la FAO, s'est révélé inefficace, de sorte qu'au bout du compte les projets n'ont pas donné de résultats positifs. Dans les deux cas, le problème de la mauvaise qualité du vaccin aurait pu être évité, et le fait qu'il se soit posé dans deux projets constitue un sujet de préoccupation.

60. Il convient de noter que les sept projets concernant la peste bovine ont reçu de loin des scores plus élevés que tout autre projet lié à EMPRES. Il y a à cela plusieurs raisons liées entre elles, notamment le degré de priorité élevé que les gouvernements donnent à la lutte contre une maladie qui a pu être éradiquée dans certains pays, et la réponse extrêmement rapide de la FAO face aux épidémies, surtout par rapport aux interventions des autres donateurs. L'engagement de la FAO pour l'élimination de la peste bovine a joué un rôle déterminant, en encourageant les gouvernements à demander de l'aide et l'Organisation à intervenir rapidement et avec des résultats positifs.

61. Les projets de terrain EMPRES qui ne concernaient pas la peste bovine, ont eu des résultats plus mitigés. Cinq d'entre eux portaient sur la peste porcine africaine. Ils ont été utiles pour éveiller les consciences, mais la lutte contre cette maladie est complexe et dépend de facteurs qui échappent aux projets du PCT (par exemple, le dédommagement des propriétaires d'animaux abattus et le contrôle des déplacements du bétail). Cette complexité a pesé dans le résultat final de certains de ces projets.

62. Trois des projets étaient centrés sur la fièvre de la Vallée du Rift et d'autres maladies liées aux inondations, après le phénomène El Niño de 1998. Les deux projets réalisés dans des pays ont fini par ne pas s'occuper de la fièvre de la Vallée du Rift, car l'urgence avait cessé avant qu'ils n'aient pu être mis en œuvre. Les fonds ont donc été utilisés pour combattre d'autres maladies (par exemple, la dermatose nodulaire et la PCB).

Lutte contre la fièvre aphteuse aux Philippines

Avec une contribution de 4,37 millions de dollars E.-U. provenant d'un fonds fiduciaire de l'Agence australienne de développement international, la FAO a mis en œuvre un projet de lutte contre la fièvre aphteuse aux Philippines, à partir de 1996. Le projet prévoyait une phase d'exécution initiale de trois ans, puis une période de consolidation d'une durée de deux ans. En octobre 2001, une mission tripartite (FAO/donateur/gouvernement) a procédé à l'évaluation finale du projet.

La mission a conclu que le projet avait obtenu des résultats tout à fait positifs. Toutes les régions du centre et du sud ont maintenu leur statut de zones indemnes de fièvre aphteuse, avec la reconnaissance officielle par l'OIE de la région de Mindanao (et bientôt de celle des Visayas) comme étant indemne de la maladie. Le projet a introduit de nouveaux éléments importants pour le traitement d'éventuelles épidémies à venir, avec notamment:

  • la constitution de groupes d'intervention pour la fièvre aphteuse réunissant toutes les institutions gouvernementales concernées, y compris les services de police et les agences d'information, ainsi que les éléments intéressés du secteur privé;
  • un programme de formation complet, qui a instauré un niveau de confiance élevé concernant la détection des cas de maladie et les mesures correctes à prendre;
  • l'élaboration et la distribution de directives et de procédures opérationnelles concernant la fièvre aphteuse, et leur adoption par les services gouvernementaux concernés et leur personnel, qui ont pu en vérifier l'efficacité par exemple lors d'une épidémie de fièvre aphteuse dans les Visayas;
  • une intense campagne de sensibilisation du public, qui a suscité une bien meilleure appréciation de la part du grand public (et des petits agriculteurs) de la nature et des effets de la fièvre aphteuse et donc, une plus prompte acceptation et compréhension des mesures de lutte nécessaires; et
  • la prise en charge graduelle par les services nationaux, régionaux, provinciaux et municipaux, de fonctions jusque là assurées et/ou financées par le projet.

La mission a noté qu'il restait nécessaire de documenter les coûts et les avantages économiques de la lutte contre la fièvre aphteuse et des mesures d'éradication de la maladie, aux fins des décisions stratégiques futures, et de préparer des plans d'intervention d'urgence systématiques. Elle a formulé des recommandations au gouvernement concernant les prochaines mesures à prendre pour renforcer la lutte contre la fièvre aphteuse, et à la FAO et à l'Agence australienne pour une prolongation d'un an du projet dans les limites du budget actuel.

 

AUTRES SECTEURS DE LA SANTÉ ANIMALE

Maladies parasitaires

63. Dans les autres secteurs de la santé animale, la FAO se concentre sur l'élaboration de normes et de mesures de contrôle de qualité concernant les interventions contre les maladies parasitaires. Les principaux outils utilisés à cette fin sont les alliances internationales, les réseaux et les groupes de travail scientifiques.

Maîtrise écologique des maladies transmises par des insectes

64. L'activité la plus importante en matière de maîtrise écologique des maladies transmises par des insectes, est l'élaboration de normes scientifiques pour la lutte contre les glossines et la trypanosomose. Le PLTA a démarré en 1995 et a été entériné par la Conférence de la FAO en 1997. Il a pour objectif de mettre au point des solutions au problème des glossines et de la trypanosomose, animale et humaine, dans le contexte plus général de la sécurité alimentaire, de la santé, du développement rural et de l'agriculture durable. Le PLTA est une alliance interinstitutions entre la FAO, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'AIEA et l'OUA-BIRA. Il bénéficie, sur le plan scientifique, de l'appui d'un Groupe consultatif de coordonnateurs (un organe statutaire de la FAO). La fonction de ce groupe est notamment de fournir des avis scientifiques sur certains aspects techniques et scientifiques spécifiques des glossines, de la trypanosomose et du développement rural; d'offrir, par le truchement de ses membres, des points de coordination pour un ou plusieurs thèmes spécifiques en relation avec le programme, et de favoriser les échanges sur ces questions; et de diffuser les informations recueillies lors des réunions annuelles et par le biais des rapports annuels présentés par les points de coordination sur des thèmes particuliers. Le PLTA s'appuie également sur un comité du programme, chargé d'examiner l'avancement des travaux et d'ouvrir la voie aux programmes de terrain concertés.

65. Les plans d'action, les stratégies et les principes directeurs élaborés pour la maîtrise des ravageurs, sont recueillis dans une base de données sur les glossines et la trypanosomose (PATT-IS), dans la publication trimestrielle Tse-Tse and Trypanosomiasis Information Quarterly, dans les manuels de formation, et dans les documents de principe du PLTA. PATT-IS est dotée d'un système d'information géographique (SIG) qui fournit les cartes et les données nécessaires pour l'élaboration de plans de prévision d'impact, et donne accès à l'ensemble des publications et des feuilles de renseignements par pays du PLTA.

66. Deux éléments importants sont mis en relief pour ce qui concerne le PLTA:

  1. une prise de conscience politique accrue et une meilleure sensibilisation du public quant à l'impact des glossines et de la trypanosomose sur la santé humaine et le développement agricole; et
  2. le lancement d'un programme connexe, la Campagne panafricaine d'éradication des glossines et de la trypanosomose (PATTEC).

67. Le PLTA a joué un rôle important dans la sensibilisation du public au sujet des incidences des glossines et de la trypanosomose, et a encouragé des appels à l'action. Le soutien financier a été renforcé ces derniers temps grâce à une intense collaboration secteur public-secteur privé entre l'OMS et Aventis, visant à assurer la fourniture de médicaments et un appui dans la lutte contre la trypanosomose. L'AIEA a par ailleurs annoncé un soutien futur à partir de ses fonds pour la coopération technique.

68. Un autre mécanisme pour les activités opérationnelles de lutte contre les glossines et la trypanosomose, est la campagne PATTEC. Cette initiative a pour objectif à long terme l'éradication en Afrique de la trypanosomose transmise par les glossines. Elle a reçu en juillet 2000 l'approbation de l'Assemblée des chefs d'État et de gouvernement africains de l'OUA. Celle-ci a félicité les pays africains qui ont commencé à adopter la technique de l'insecte stérile (TIS) et a accueilli favorablement la constitution du Forum panafricain sur cette technique, "un mécanisme qui rend possible l'éradication durable des glossines à l'échelon régional".

69. Une réunion postérieure du Groupe consultatif de coordonnateurs du PLTA a affirmé son soutien de principe à la PATTEC. Elle a toutefois souligné que les progrès sur la voie de l'éradication différeront d'un pays à l'autre et qu'ils devraient se concentrer sur les régions où l'éradication est susceptible d'apporter les bénéfices les plus grands en termes de santé humaine, de bien-être et de développement économique. Elle a indiqué que l'éradication devrait être un processus par étapes, la maîtrise de la maladie et l'élimination des glossines devant être acquises avant l'éradication définitive. Dans le cas de la trypanosomose humaine, la lutte devra rester fondée dans un avenir prévisible sur la surveillance de la maladie et son traitement, avec l'élimination des glossines en tant qu'outil complémentaire. La réunion a reconnu par ailleurs que la technique de l'insecte stérile constituait la méthode la plus appropriée dans la phase finale de l'éradication, mais que l'élimination des glossines était plus importante pour l'atténuation immédiate des problèmes dans les zones prioritaires, et qu'elle constituait un préalable essentiel à l'éradication de la maladie.

70. Des débats sur le PLTA et la PATTEC se sont déroulés en septembre et octobre 2001, aboutissant à la reconnaissance de la part de l'OUA des critères techniques du PLTA pour les interventions contre les glossines et la trypanosomose. Le PLTA servira de forum par lequel la FAO, l'OMS, l'AIEA et l'OUA-BIRA pourront harmoniser leurs efforts contre les glossines et la trypanosomose, tandis que la PATTEC s'occupera de la mobilisation et de la coordination des efforts des États membres de l'OUA dans la lutte et l'éradication définitive des glossines et de la trypanosomose à l'échelle du continent. L'accord sur la lutte et l'éradication définitive est considéré comme important. La Conférence de la FAO de 2001 a approuvé une résolution de soutien au PLTA et à la PATTEC.

71. Bien que des progrès notables aient été réalisés, de nouveaux efforts demeurent néanmoins nécessaires pour une meilleure harmonisation concernant les rôles et les responsabilités spécifiques de chacun. Il sera important à cet effet de reconnaître les avantages comparatifs inhérents au PLTA et à la PATTEC, et d'établir comment les traduire par la suite en des programmes opérationnels.

Lutte intégrée contre les parasites et résistance aux médicaments

72. La mise au point d'agents antiparasitaires relativement bon marché, efficaces et faciles à utiliser, a été un élément central de la lutte contre les maladies parasitaires au cours du vingtième siècle. Si la possibilité de prévenir ou de soigner des maladies de grande importance économique a certainement constitué un bond en avant, cela a eu cependant des effets au point de vue de la résistance aux médicaments, des déséquilibres écologiques et des résidus dans le lait, la viande et la laine. Le développement d'une résistance est lié à la fréquence accrue des traitements et à l'augmentation des dosages. La résistance a une incidence sur les échanges commerciaux entre les pays du fait de la possibilité d'introduire des parasites résistants à l'occasion du transport ou de l'importation d'animaux vivants. Plus de la moitié des pays membres de l'OIE ont signalé une résistance à un ou plusieurs groupes de parasites. Dans les pays en développement, il devient de plus en plus difficile de poursuivre une stratégie de prévention et de lutte fondée sur des agents antiparasitaires, du fait du niveau élevé des coûts de recherche-développement de nouveaux médicaments, et des difficultés que présente le maintien d'un niveau d'homologation et de contrôle de qualité adéquat dans les pays en développement.

73. Dans les pays en développement, il est nécessaire d'aborder le problème de la résistance sur quatre fronts, à savoir: a) le diagnostic de la résistance, à l'aide de techniques normalisées; b) la connaissance de l'épidémiologie des parasites locaux; c) la lutte intégrée contre les parasites, à l'aide d'une combinaison de techniques de lutte chimique et non chimique de manière à déstabiliser les populations de parasites présentant un pourcentage plus important d'individus génétiquement résistants aux composés antiparasitaires - ce stade prévoit la mise au point et la validation de nouvelles méthodologies durables de lutte; et d) l'homologation et le contrôle de qualité des agents antiparasitaires. Toutes ces étapes nécessitent un personnel dûment formé, en mesure de mener à bien les recherches appliquées requises.

74. La FAO s'intéresse depuis 195610 aux mesures de lutte contre les ectoparasites et les endoparasites. Plus récemment, l'Organisation s'est occupée plus spécifiquement de la question de la résistance par le biais du Groupe de travail sur la résistance des parasites constitué en 1997. Ce groupe recueille, organise et analyse les informations sur l'épidémiologie, le diagnostic et la maîtrise des parasites et sur la gestion de la résistance aux parasites, et il aide la FAO à préparer des directives sur la question. Il travaille en collaboration avec l'industrie pharmaceutique par le truchement d'un groupe de contact FAO/industrie. L'industrie est représentée par un groupe consultatif spécialisé de la Confédération mondiale de l'industrie de la santé animale (COMISA), le Groupe de la résistance des parasites aux médicaments vétérinaires, qui compte parmi ses membres des représentants des dix principales firmes s'occupant de recherche-développement sur les agents antiparasitaires. Ces deux groupes se réunissent au même moment; la réunion la plus récente s'est tenue en octobre 2001. Le fait que des experts individuels et des représentants de l'industrie se rencontrent sous l'égide de la FAO, est bien la preuve du rôle impartial que l'Organisation peut jouer dans ce domaine.

75. La FAO a mis en place, sur recommandation du Groupe de travail sur la résistance des parasites, deux laboratoires de référence régionaux pour le diagnostic et la lutte contre les tiques et les maladies qu'elles transmettent: l'un pour l'Amérique centrale et les Caraïbes, situé à Cuernavaca, au Mexique (CENAPA), et l'autre pour l'Amérique du Sud, installé à Montevideo, en Uruguay (DILAVE). L'un et l'autre ont été établis avec un capital initial limité (10 000 dollars E.-U. chacun) provenant des fonds du Programme ordinaire. Ils ont été mis en place pour reprendre une partie des activités préalablement menées par le Centre mondial de référence sur la résistance aux acaricides de la FAO, qui se trouve à Berlin, et leurs travaux devraient s'étendre à d'autres parasites ayant une importance économique (mouche des cornes, helminthes, gale et acariens). Une démarche analogue est prévue pour l'Afrique australe.

76. La FAO a également établi trois réseaux pour la diffusion des informations fournies par les laboratoires de référence régionaux, l'organisation de conférences électroniques et la production de publications électroniques. Chaque réseau dispose d'un site Web recueillant à l'intention des membres et des visiteurs toutes les informations régionales disponibles, et doté d'un système d'affichage électronique. Deux de ces réseaux se trouvent en Amérique latine: l'un (CORPOICA) concernant les tiques et les maladies qu'elles transmettent, est installé à Bogota (Colombie), tandis que l'autre (INTA) sur les helminthes, se trouve à Castelar (Argentine). Un autre réseau sur les helminthes a été mis en place par l'Université de Pretoria, à Onderstepoort (Afrique du Sud), où un projet du PCT sur le même sujet a été réalisé avec des résultats tout à fait positifs. Une réalisation importante prévue pour 2002 est une publication électronique sur le diagnostic et la maîtrise de la résistance des parasites.

77. La FAO contribue actuellement au thème important de la résistance (on estime à 3,7 milliards de dollars E.-U. le total des dépenses consacrées chaque année aux produits chimiques contre les ectoparasites et les endoparasites) en tant que forum de discussion et de coordination. À cet égard, la participation de l'industrie est particulièrement importante. Toutefois, contrairement à EMPRES et aux activités concernant les maladies transmises par des insectes, les travaux sur la résistance n'apparaissent pas clairement dans les documents de planification du programme de la FAO. Ils ne sont pas mentionnés dans le Plan à moyen terme pour 2002-2007, et on ne trouve qu'une brève référence générale dans le Programme de travail et budget pour 2002-03, ce qui donne à penser que les travaux sur la résistance n'ont qu'une faible priorité. De plus, il n'y a pas de vision convenue quant à la façon dont ces travaux devraient être conduits à l'avenir, si ce n'est les recommandations du Groupe de travail sur la résistance des parasites. Il semble que cela soit subordonné en grande partie à un financement additionnel de la part de l'industrie.

Services vétérinaires

78. Les travaux relatifs aux services vétérinaires ont été regroupés sous un projet du Programme ordinaire concernant la surveillance et la lutte contre les maladies infectieuses et celles qui affectent la production11. Les politiques et les services assurés par les prestataires publics de soins de santé humaine ont été réorientés, avec pour les particuliers la nécessité de prendre en charge une partie de plus en plus importante de leur propre santé. Toutefois, les économies d'échelle et le nombre limité des points d'entrée dans la chaîne alimentaire humaine où les zoonoses puissent être attaquées de façon efficace, requièrent une gestion prioritaire et ciblée des services vétérinaires publics. Les travaux du Programme ordinaire ont eu pour but de mettre au point des orientations stratégiques et techniques qui permettent aux gouvernements de renforcer les programmes de santé vétérinaire publique et d'assurer une livraison efficace des biens de santé vétérinaire publique prioritaires.

79. GAH a par ailleurs apporté une contribution aux travaux d'AGA concernant la focalisation des activités des services vétérinaires nationaux sur certaines initiatives de l'OMC, susceptibles d'accroître les effets positifs du commerce du bétail et des produits de l'élevage, de protéger les industries nationales du bétail contre les maladies et, d'une façon générale, de tirer parti du processus de mondialisation. Des directives analysant l'Accord SPS de l'OMC ont été préparées à l'intention des directeurs des services vétérinaires et des responsables commerciaux. Elles montrent comment les dispositions de l'Accord SPS peuvent être respectées et utilisées par les gouvernements, sur la base de trois scénarios commerciaux différents: dans les pays qui souhaitent exporter des produits de l'élevage; dans les pays qui souhaitent importer des produits de l'élevage; et dans les pays qui n'ont pas l'intention pour le moment d'importer de produits de l'élevage.

80. Ces directives, dont l'élaboration a été effectuée sur une période de trois ans, seront publiées sur le site Web de la Division AGA et sur le portail de la biosécurité de la FAO.

81. L'un des produits du projet technique 213A8 est le soutien au transfert de technologies pour une prestation plus efficace de services vétérinaires et de soutien à la production animale. À cet égard, la FAO s'est efforcée d'évaluer et d'indiquer comment les pays peuvent décider quels biens et services vétérinaires peuvent être fournis de la meilleure façon par le secteur public, et quels sont ceux dont il convient en revanche de prévoir la prestation par le secteur privé. Ces travaux entendent apporter une réponse à la tendance générale à la privatisation des services vétérinaires cliniques. De par cette nouvelle orientation, bon nombre des biens et des services qui étaient précédemment pris en charge par le secteur public, ne sont plus assurés aujourd'hui, à l'exception notable des campagnes de vaccination financées par des donateurs dans certains pays.

82. Les activités concernant les services vétérinaires ont démarré par l'organisation en 1997 d'une conférence électronique sur les principes régissant la fourniture rationnelle de services vétérinaires publics et privés, et toujours en 1997, d'une consultation technique sur le même sujet, pour l'Afrique. Au titre du Programme ordinaire, les pays ont également bénéficié d'une assistance technique consultative pour la réorganisation des structures et des accords de collaboration pour les services vétérinaires, notamment en Jordanie (dans le cadre d'un projet financé par le DFID), en Azerbaïdjan (dans le cadre d'un projet financé par la Banque mondiale) et en Afghanistan (dans le cadre d'un projet financé par le PNUD).

83. Par le passé, la réforme des services vétérinaires publics constituait un élément important des travaux de la FAO en matière de santé animale, et prévoyait notamment un soutien à des projets de renforcement des institutions. Par suite de la récente tendance à la privatisation des services vétérinaires cliniques, les activités de ce type sont aujourd'hui très peu nombreuses, du fait de l'importance donnée aux activités normatives et de la faible demande de soutien pour des projets de renforcement des institutions publiques. Les activités relatives aux services vétérinaires publics ont changé, et les ressources allouées à cet élément du programme de santé animale ont été réduites. On estime à peut-être 30 000 dollars E.-U. seulement par an les fonds hors personnel du Programme ordinaire destinés aujourd'hui au renforcement des services vétérinaires publics.

Projets de terrain

84. Neuf des projets du PCT évalués par les missions concernaient des secteurs du programme de santé animale de la FAO non couverts par EMPRES. Parmi ces projets, trois portaient sur la lutte contre les parasites, deux sur les glossines et la trypanosomose, deux sur la prestation participative de services à la production animale, un sur le renforcement de la production de vaccins destinés à la volaille, et un sur l'élevage de lapins.

Tableau 6: Récapitulatif des résultats des projets non EMPRES du PCT en matière de santé animale

Numéro du projet

Titre du projet

Évaluation

     

Pertinence

Conception

Exécution

Résultats

Impact

TCP/KEN/8822

Lutte contre les parasites

2

2

1

2

1

TCP/SAF/4551

Lutte contre les glossines

3

3

3

3

3

TCP/SAF/8821

Lutte contre les parasites

3

2

2

3

2

TCP/BEN/6714

Maladie hémorragique du lapin

1

2

1

1

3

TCP/MLI/4553

Lutte contre les glossines et la trypanosomose

2

1

2

1

1

TCP/EGY/4554

Vaccins pour la volaille

3

2

2

1

1

TCP/AFG/4553

Participation des agriculteurs - PIHAM

2

2

3

2

2

TCP/LAO/8821

Participation des agriculteurs - APHIM

1

2

2

1

2

TCP/VIE/4451

Lutte contre les parasites

2

1

1

1

1

  

Scores moyens

2,11

1,89

1,89

1,67

1,78

85. Certains des projets individuels ont obtenu une bonne évaluation globale: par exemple, les projets sur les parasites et sur les glossines réalisés en Afrique du Sud et le projet PIHAM mis en œuvre en Afghanistan. Dans l'ensemble, toutefois, les appréciations données par les missions d'évaluation aux projets hors EMPRES ont été nettement inférieures à celles des projets qui portaient sur les thèmes d'EMPRES. Dans le cas des projets sur les parasites et les glossines, l'un des principaux problèmes tenait au fait que la limite maximale de deux ans imposée aux projets du PCT n'était pas suffisante pour assurer une conclusion logique aux travaux. Les projets réalisés en Afrique du Sud ont donné des résultats positifs parce que l'intérêt et le suivi du gouvernement étaient assurés, tandis qu'au Kenya, au Mali et au Viet Nam ce n'était pas le cas. Le projet concernant la production de vaccins destinés à la volaille mis en œuvre en Égypte, n'avait pas tenu compte des contraintes existantes et des attentes nationales, qui auraient dicté une approche autre que l'amélioration de l'équipement prévue. Le renforcement de la vulgarisation par le biais des modules pour l'amélioration de la santé et de la production animales (utilisés en Afghanistan et en République démocratique populaire lao) a été contesté pour des raisons de coût et de reproductibilité. On attendait une maîtrise efficace des zoonoses alors que les capacités techniques des opérateurs étaient gravement limitées. Cette approche convenait mieux à des problèmes de production animale et d'élevage qu'à des problèmes vétérinaires.

86. Un autre facteur important expliquant la différence entre les projets EMPRES et les autres, est le niveau d'intérêt et de soutien de la part des gouvernements. Étant donné que les projets EMPRES étaient liés à des poussées épidémiques réelles ou possibles, les gouvernements accordaient une grande importance à leur réussite. Cela n'était pas le cas pour les projets hors EMPRES, dont certains avaient été lancés par des fonctionnaires techniques de la FAO. Les projets hors EMPRES tendaient par ailleurs à avoir des objectifs moins précis et excessivement ambitieux, par rapport aux résultats susceptibles d'être obtenus compte tenu des délais prévus et des ressources disponibles.

IV. Effets et impact

87. À partir de 1994, le programme de la FAO en matière de santé animale s'est concentré sur EMPRES. Du point de vue de l'évaluation, les principaux résultats d'EMPRES ont été les travaux relatifs à la mise en œuvre du PMEPB et à l'élaboration et la diffusion de TADinfo. Le PMEPB prévoyait un plan d'action précis en vue de l'obtention par tous les pays, d'ici à 2010, du statut de zone indemne de peste bovine. Les objectifs du PMEPB ont été établis pour la période 1998-2003, et les progrès peuvent être mesurés sur cette base. Les travaux ont été réalisés dans les délais prévus, voire en avance sur le calendrier, dans toutes les régions géographiques, à la seule exception de la Somalie méridionale - un résultat remarquable.

88. TADinfo constitue une autre réalisation importante en vue d'une meilleure notification des maladies et pour le renforcement des capacités d'alerte rapide dans les pays en développement. Ce système a déjà été adopté par certains pays et il comble un grave déficit dans les pays en développement auquel il fournit un logiciel efficace pour la quantification et la gestion des maladies animales. Il s'agit d'un système flexible, qui repose sur les mécanismes de notification généralement existants dans les pays en développement. Son principal avantage tient peut-être au fait que l'entretien est assuré par la FAO, d'où l'excellent rapport coût-efficacité du système.

89. Si des résultats tout à fait positifs ont été obtenus dans la promotion de la planification des mesures d'urgence et la prévention des situations d'urgence, les progrès en matière de réponse rapide n'ont toutefois pas été aussi importants que pour d'autres composantes d'EMPRES. L'équipe d'évaluation estime que les avancées dans ce domaine nécessitent une collaboration plus étroite et plus directe avec les pays.

90. La plupart des éléments hors EMPRES du programme de santé animale ont actuellement une visibilité plutôt réduite (à l'exception des activités concernant les glossines et la trypanosomose). Malgré quelques produits pertinents et intéressants, la plupart des activités n'ont pas atteint la masse critique nécessaire et leur importance stratégique n'apparaît pas clairement. Toutefois, les travaux sur la résistance des parasites aux médicaments font l'objet d'un important partenariat entre la FAO et le secteur privé. Le volume des activités concernant les services vétérinaires a sensiblement diminué ces dernières années, à la suite de l'élimination progressive des projets de renforcement des services vétérinaires publics mis en œuvre par la FAO.

91. Le PLTA a constitué un cadre utile pour les travaux de la FAO sur les glossines et la trypanosomose, l'Organisation jouant un rôle important dans ce programme interinstitutions. Le PLTA est une alliance internationale à caractère normatif, mais il devrait jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de la PATTEC, si des donateurs peuvent être mobilisés.

92. Les questions de parité font partie intégrante du programme de la FAO sur la santé animale, où une place importante est réservée au petit bétail, qui présente un intérêt particulier pour les femmes dans les pays en développement. Les projets du PCT concernant la prestation de services de santé animale comportaient des composantes spécifiquement axées sur les besoins des femmes, et ces principes sont appliqués dans la formation donnée au personnel des services vétérinaires après la conclusion des projets.

 

____________________________

10 Date de la première Consultation d'experts sur les tiques et les maladies qu'elles transmettent.

11 Ces travaux font l'objet de deux projets techniques pour l'exercice biennal 2002-2003: 213A6 (Gestion de la santé publique vétérinaire et sécurité des produits d'alimentation humaine et animale), et 213A8 (Technologies et systèmes d'utilisation efficace des ressources naturelles pour les productions animales).

 

 


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