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3. PROPOSITION D'UNE METHODOLOGIE POUR UNE MEILLEURE COLLECTE DES DONNÉES SUR LES PFNL

3.1. Introduction et objectif

La loi N° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche définit, dans ses articles 9 (alinéas (1), (2) et (3)), 56 (alinéas (1) et (3)), 61 (alinéa (1)), 62, et 97, la politique nationale de gestion des PFNL au Cameroun. Le problème actuel est le décret fixant les modalités d'application de cette loi et l'élaboration des stratégies de sa mise en oeuvre en ce qui concerne particulièrement ces PFNL.

Dans le contexte camerounais actuel et compte tenu de l'état des lieux et du statut des PFNL au Cameroun, l'objectif principal de la méthodologie élaborée dans le cadre de la présente étude est de suivre de façon permanente un produit, de la forêt jusqu'au consommateur final, afin de collecter pendant un temps précis, qui serait par exemple une année, des données clés sur les aspects suivants:

• Distribution du produit;

• Potentiel disponible;

• Production (quantités collectées);

• Consommation nationale (quantités consommées localement);

• Exportation (quantités exportées);

• Eventuellement importation (quantités importées).

La méthodologie proposée dans le présent document vient donc à propos. En effet, les données ciblées dans cette méthodologie sont nécessaires sinon indispensables à l'estimation de la production, de la consommation domestique et de l'exportation au niveau national. Ces dernières représentent les paramètres clés pour l'élaboration des stratégies de la mise en oeuvre d'une politique nationale de gestion durable des PFNL au Cameroun.

La maîtrise du suivi et de l'évaluation de la chaîne de ces maillons-clés peut permettre aux décideurs de mieux organiser la chaîne d'un PFNL au bénéfice de tous les acteurs.

Une analyse approfondie de ces données collectées grâce à la méthodologie proposée, permettra de faire des recommandations pertinentes en s'appuyant sur des résultats concrets à plusieurs niveaux.

3.2 Distribution

La distribution d'un produit est un aspect indispensable dans la collecte de n'importe quel type de données sur les PFNL. Il s'agit de déterminer la distribution du produit au niveau national (les zones de collecte). En d'autres termes: où trouve t-on le produit à l'état sauvage? Où se collecte t-il? Pour ce maillon, on est souvent aidé par la bibliographie et la phytogéographie de l'espèce qui est généralement bien décrite dans diverses productions entre autres, Letouzey (1958, 1968, 1985 a&b), de nombreuses monographies.

A l'aide d'une carte, retrouver les différentes zones de production et les circonscrire. Les cartes au 1/500 000 et 1/200 000 sont disponibles au niveau de l'Institut National de Cartographie (INC) de Yaoundé. Les cartes au 1/50 000 sont disponibles au niveau du Centre de télédétection et de Cartographie Forestière (CETELCAF) de l'Office National de Développement des Forêts (ONADEF) à Yaoundé.

3.3 Potentiel disponible

D'une manière générale, l'évaluation du potentiel disponible se fait sous forme d'inventaires dans les zones de distribution des différents produits. Ces inventaires peuvent concerner une seule ressource ou alors être multi-ressources (Wong, 2000). Au Cameroun, les inventaires qui sont faits par l'ONADEF ne considèrent que les arbres et le protocole est conçu pour l'évaluation des volumes de bois d'oeuvre . Pour ce qui est des PFNL, il existe déjà quelques initiatives çà et là (voir chapitre 8.1.4 et 8.1.5).

Il serait plus utile, pour une bonne évaluation du potentiel disponible en PFNL, d'adapter le protocole d'inventaire à chaque type de PFNL, comme le souligne déjà Wong (2000). En effet, le protocole élaboré pour l'évaluation du volume d'écorce ne sera pas forcément celui conçu pour l'évaluation du volume de feuilles ou de lianes entre autres. A ce sujet, il est donc recommandé à tous les réalisateurs d'inventaires, de réfléchir au protocole le plus adapté à chaque type de PFNL.

Etablissement des correspondances: Conditionnement-Prix-Poids/Volume

Pour avoir une estimation assez juste des quantités, collectées, vendues ou exportées il est nécessaire de prendre le temps de faire des mesures exactes ramenées à une unité internationale de poids ou de volume.

Pour ce qui est du poids, il est suggéré de peser systématiquement les différents conditionnements sous lesquels le produit est présenté, lorsqu'il sort de la forêt, et est vendu au marché du coin, de la ville ou au marché frontalier et les ramener au kg (exemple: le tas, le paquet, le sac, le filet, la bassine, le seau de 10l, le seau de 15l, la hotte, etc.).

En ce qui concerne les volumes, il est proposé de ramener les différents conditionnements au m³ pour les produits solides et au litre pour les produits liquides (exemple: le paquet, le fagot, la perche, etc.).

Une fois ce travail effectué, on peut établir un «tableau de correspondance: conditionnement-prix-poids-volume (voir tableau 10). Ce tableau est l'outil de base et de référence pour toute évaluation de quantité du produit à réaliser plus tard quelle que soit la localité ou l'aspect abordé: production, consommation, commercialisation, importation, pertes ou exportation.

Tableau 10. Correspondance: conditionnement-prix-poids-volume

Lieu

Conditionnement

Prix (FCFA)

Poids ou volume

Prix au kg ou m³

 

Tas de 10 F

     
 

Tas de 25 F

     
 

Tas de 100 F

     
 

Tas de 500 F

     
 

Verres
Seau de 5 l
|Seau de 10 l

     
 

Filet riz de 50 kg

     
 

Paquet

     
 

Filet de riz de 25 kg

     
 

Filet d'oignons

     

3.4 Production

La méthodologie proposée dans le cadre de la présente étude pour l'évaluation de la production a pour objectif de déterminer, de façon assez significative et sur une base scientifique, les données sur la production. Ces données représentent les quantités produites, c'est-à-dire qui sortent de la forêt dans une localité, qui proviennent d'une zone, d'une région ou qui sortent du territoire national.

Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de passer par les étapes suivantes:

Première étape: Localisation des zones de production (collecte)

Faire une enquête préliminaire dans chaque zone pour ressortir les localités où se collecte fréquemment le produit. Cette enquête peut être faîte auprès des détaillants et grossistes au niveau des grandes villes sur l'origine du produit vendu.

Au Cameroun cette étape n'est plus nécessaire car l'origine de beaucoup de produit a déjà été déterminée par des études réalisées par de nombreux organismes entre autres: ECOFAC, CIFOR, CERUT, WWF, ICRAF, les Universités d'Etat, CIEFE, CED (cf. Bibliographie).

Deuxième étape: Evaluation de la production des ménages et estimation de la production des localités

Pour cela, échantillonner une à trois localités (villages) dans chaque zone d'origine du produit. Les localités choisies doivent être impliquées dans la collecte du produit.

Dans chaque localité, échantillonner les ménages impliqués dans la collecte du produit. Donner à chaque ménage ou groupe de ménages (ceci dépend des conditions rencontrées sur le terrain; en effet, en ce qui concerne les PFNL, il peut arriver que pour un village donné, trois ménages seulement s'intéressent au produit sous étude. Dans ces conditions, il faut tous les échantillonner; toutefois pour des besoins de statistiques, on pourra échantillonner 60-70 pourcent des ménages s'intéressant au produit sous étude pour des résultats fiables) un cahier comportant trois colonnes suivant le tableau 11.

Tableau 11. Données collectées sur les ménages

Date

Nombre de conditionnements collectés

Nombre de conditionnements vendus (consommés ou autres usages)

     

 

 

A partir des quantités collectées au niveau des ménages on pourra estimer la production locale.

Troisième étape: Suivi

Collecter régulièrement les données recueillies auprès des ménages échantillonnés.

Pour les produits récoltés de façon permanente, les passages peuvent se faire une ou deux fois par mois en tenant compte de l'éloignement par rapport au centre de traitement des données.

Quant aux produits saisonniers, le passage devrait être plus régulier pendant la saison de production (deux fois par mois ou une fois par semaine).

Quatrième étape: Evaluation de la production nationale

Une fois la production, au niveau des différentes localités de collecte, d'un produit est évaluée, deux approches peuvent être utilisées pour l'évaluation de la production nationale.

Première approche: Banque de données centralisée

La somme des productions locales donne une estimation de la production nationale. Les données collectées au niveau de chaque localité sont directement envoyées au niveau de la Banque de Données Nationale (BDN) (fig. 10).

Figure 10. Schéma de collecte des données sur les PFNL au niveau national

(banque de données centralisée)

Les avantages de cette approche sont:

• Le risque de perte des informations est moindre parce que la chaîne de transmission de l'information est courte et ne comporte que deux maillons: les localités et la structure nationale de traitement des données;

• Les données collectées parviennent non traitées au niveau de la structure nationale de traitement des données;

• L'analyse des données est plus efficace et permet d'évaluer plusieurs paramètres à la fois.

Les inconvénients sont:

• Onéreuse parce que nécessitant beaucoup de moyens matériels et humains. Il faudrait au moins une personne rémunérée à temps plein par localité (au même moment) ou tout au moins pour deux ou trois localités assez proches. Les localités de collecte des PFNL étant généralement situées dans des zones difficilement accessibles, la nécessité de moyens de transports adéquats s'imposent (véhicules 4x4, location de véhicules 4x4, transport et hébergement et perdiem des collecteurs de données);

• Absence de collaboration avec les organisations et structures gouvernementales (Services de l'ONADEF et du MINEF);

• Ponctuel et par conséquent manque de suivi.

Deuxième approche: Banque de données décentralisée

La production nationale sera évaluée à partir de la production des différentes unités administratives: le district, l'arrondissement, le département, la province:

• La production d'un district sera la somme des productions locales;

• La production d'un arrondissement sera la somme des productions des différentes localités si l'arrondissement n'est pas subdivisé en districts ou de ses différents districts si ces derniers existent.

• Celle d'un département sera la somme des productions de ses différents arrondissements;

• La production d'une province sera la somme des productions des différents départements.

• La production nationale est la somme des productions provinciales que l'on transmettra à la Banque des Données Nationale.

Cette approche se rapproche de celle élaborée par Temple (2000).

Pour un produit donné, il faudrait par conséquent:

• Déterminer, grâce aux données bibliographiques les aires de répartition du produit;

• Dénombrer par ordre hiérarchique, les différentes unités administratives couvertes par l'aire de répartition du produit;

• Dénombrer les différentes localités de collecte du produit dans les plus petites unités administratives que sont le district et l'arrondissement.

• Utiliser les services forestiers compétents installés dans chaque unité administrative pour la collecte des données (fig. 11).

Figure 11. Schéma de collecte des données sur les PFNL au niveau national

(banque de données décentralisée)

Les avantages de cette approche sont:

• Pas très onéreuse, parce qu'elle utilise les structures et personnels des services forestiers du Ministère de Tutelle en place dans chaque unité administrative.

• Implication directe des organismes gouvernementaux de tutelle.

• Meilleure prise de conscience du gouvernement en ce qui concerne les PFNL.

• Disponibilité des données à tous les niveaux et à tout moment.

• Suivi assuré parce que la collecte des données se fait de manière permanente.

Les inconvénients sont :

• Risque de pertes de l'information élevé parce que la chaîne de transmission de l'information est très longue avec plus de 5 maillons: localités-District-Arrondissement-Département-Province-Banque de données.

• Les données ne parviennent pas forcément brutes au niveau de la Banque nationale de données; elles peuvent être traitées au niveau de chaque maillon de la chaîne.

• Risque de pertes de l'information à cause du laxisme du personnel des services forestiers compétents des différentes unités administratives, d'où la nécessité de motiver ledit personnel.

3.5 Consommation nationale

L'objectif général de la collecte des données sur la commercialisation des PFNL dans les marchés intérieurs est l'estimation de manière assez significative des quantités de produits destinées à la consommation domestique. En d'autres termes, quelles sont les quantités de PFNL utilisées au niveau national?

Les objectifs spécifiques sont:

• L'évaluation des quantités achetées et revendues par les détaillants et les grossistes dans les différents marchés intérieurs

• L'évaluation de la contribution des PFNL aux revenus des commerçants impliqués dans la filière.

• L'identification des différents acteurs et des différents maillons du circuit de commercialisation pouvant faire l'objet de taxations formelles.

La consommation domestique regroupe les quantités consommées par les ménages en zone rurale et en milieu urbain.

3.5.1 Au niveau des ménages en zone rurale

La consommation domestique dans les ménages en zone rurale est estimée par la même méthodologie qui concerne la production. Les données concernant ce paramètre peuvent être collectées en même temps que les données sur la production.

Pour estimer la quantité du produit qui sort des différentes localités à destination des centres urbains, il est nécessaire de passer par les étapes suivantes:

Première étape: Organisation de la filière

Afin d'organiser la filière pour la commercialisation, il faudra créer au niveau de chaque zone des lieux de rassemblement du produit -des «dépôts»- d'où le produit sera exporté vers les villes. Ces dépôts doivent être des endroits accessibles aux véhicules par routes ou tout au moins des pistes carrossables.

Deuxième étape: Collecte des données au niveau des dépôts

Au niveau de chaque dépôt, un responsable du dépôt devrait être désigné. Un cahier devrait être remis à chaque responsable pour y transcrire les données nécessaires sous forme d'un tableau à cinq colonnes (voir tableau 12).

Tableau 12. Données collectées au niveau des dépôts

Date

Origine du produit

Nombre de conditionnements

Prix du jour

Destination

         

Troisième étape: Suivi

Il est proposé de passer régulièrement pour collecter les données. La fréquence de passage sera adaptée à chaque situation, au degré de confiance établi entre l'enquêteur et le responsable du dépôt.

Quatrième étape: Analyse des données auprès de la BDN

Finalement, les données collectées devraient être intégrées dans la BDN.

3.5.2 Au niveau des zones urbaines

L'évaluation des quantités de produit vendues par ces détaillants passe par les étapes suivantes.

Première étape

Grâce aux enquêtes menées au niveau des «dépôts», on peut déjà déterminer les villes qui reçoivent le produit de telle ou telle région et même les marchés collecteurs ainsi que les distributeurs du produit.

Deuxième étape

Dans les villes impliquées dans la commercialisation du produit, il est proposé de faire des observations préliminaires sur le nombre de commerçants intervenant dans la filière. On devrait échantillonner trois ou quatre marchés dignes d'intérêt pour l'étude du produit concerné.

Troisième étape

Dans chaque marché, on devrait sélectionner à la deuxi`me étape (voir ci-dessus), on devrait échantillonner dix détaillants et dix grossistes s'intéressant au produit. D'une manière générale et en ce qui concerne le Cameroun, la filière étant nouvelle, deux ou trois grossistes s'intéressent réellement à un PFNL dans un marché.

On devrait remettre à chaque détaillant (tableau 13) et grossiste (tableau 14) un cahier dans lequel les données seront reportées suivant les tableau ci-dessous, à cinq et quatre colonnes respective.

Tableau 13. Données collectées auprès des détaillants

Date

Nombre de conditionnements achetés

Recettes

Dépenses

Prix d'achat du conditionnement

         

NB: Les détaillants indiqueront aussi lors des interviews informelles l'origine du produit, les différentes taxes formelles ou informelles relatives à la commercialisation du produit.

Tableau 14. Données collectées auprès des grossistes

Date

Nombre de conditionnements achetés

Dépenses

Quantités exportées

       

NB: Les grossistes indiqueront aussi lors des interviews informelles l'origine du produit et sa destination ainsi que les différents taxes formelles ou informelles relatives à la commercialisation du produit.

Quatrième étape

On devrait passer régulièrement collecter les données. Il faut noter qu'il est très difficile de travailler avec les détaillants parce qu'ils sont très instables et la plupart s'intéressent aux PFNL par hasard et y exercent en amateurs. Il est par conséquent recommandé d'avoir beaucoup de patience pour avoir des données.

Cinquième étape

Finalement, les données collectées auprès des détaillants et des grossistes devraient être intégrées dans la BDN.

3.6 Exportation

L'objectif général de la collecte des données sur l'exportation est d'estimer des quantités destinées à l'exportation ou réellement exportées. Les objectifs spécifiques sont:

• L'évaluation des quantités réellement exportées;

• L'évaluation de la valeur économique de ces quantités;

• L'évaluation des différents maillons de la chaîne de commercialisation pouvant faire l'objet de taxes réglementaires.

Pour atteindre ces objectifs la démarche suivante est proposée:

Première étape

Au Cameroun, il n'existe pas encore de structure au niveau national chargé des statistiques sur la majorité des PFNL. En l'absence d'une stratégie de mise en oeuvre de la politique de gestion des PFNL au Cameroun, tout se déroule de manière informelle.

La DCSN s'occupe surtout des produits agricoles, du bois, et de quelques produits de la faune. On peut trouver quelques données chiffrées dans les services des douanes.

Compte tenu de ce qui précède, la seule façon d'évaluer les quantités de PFNL exportées pour le moment consiste à fréquenter les marchés frontaliers périodiques, et les services de fret ou forestiers installés au niveau des aéroports internationaux.

Grâce aux résultats de l'enquête informelle sur l'origine et la destination auprès des responsables des «dépôts» dans la zone de collecte et des grossistes dans les marchés intérieurs, on pourra déterminer les marchés frontaliers vers lesquels le produit est écoulé vers l'extérieur du pays ainsi que les lieux où il est exporté.

Deuxième étape

Mener une enquête informelle auprès des grossistes sur l'existence d'un point de rassemblement du produit prêt à l'exportation. Dans l'affirmative, inventorier tous les grossistes exportateurs du produit. Remettre à chacun un cahier sur lequel on transcrira les données sur un tableau à trois colonnes (tableau 15).

Tableau 15. Données collectées au niveau de la zone de rassemblement du produit prêt à l'exportation

Date

Origine

Nombre de conditionnements exportés

     

Dans la négative, on devrait initier au niveau des stations de pesage le long de l'itinéraire du produit vers les marchés frontaliers des blocs notes à souches ou des cahiers. Dans chaque bloc ou cahier les données seront inscrites sur un tableau à trois colonnes (tableau 15).

Tableau 16. Données collectées au niveau des stations de pesage

Date

N° du véhicule

Poids total

Poids véhicule

       

Troisième étape

On devrait passer régulièrement pour collecter les données. La fréquence des passages sera adaptée à chaque situation. A chaque niveau, on devrait noter auprès des grossistes les différentes taxes formelles ou informelles relatives à la commercialisation du produit.

Quatrième étape

Au niveau de chaque marché frontalier, on devrait échantillonner tous les exportateurs opérant dans la filière. Il est proposé de remettre à chacun un bloc à souches ou un cahier où seront inscrites les données sur un tableau à deux colonnes (tableau 17).

Au niveau des services de douanes, collecter des données relatives à la filière PFNL, lorsqu'elles existent. L'enquêteur pourra en même temps se renseigner sur les quantités importées.

Tableau 17. Données marché frontalier

Date

Nombre de conditionnements exportés

   

NB. L'enquêteur notera au passage la destination du produit, les prix à l'extérieur du pays et les différentes taxes informelles ou formelles relatives à l'exportation du produit.

Cinquième étape

Analyser les résultats au niveau de la banque des données nationale.

3.7 Pertes

L'évaluation des pertes s'avère nécessaire pour réduire ces dernières et optimiser le rendement économique. Il existe trois types de pertes:

• Les pertes qui ont lieu avant la récolte par les producteurs;

• Les pertes physiques qui ont lieu entre la récolte et l'assiette du consommateur; et

• Les pertes qui sont liées à la diminution de la valeur marchande du produit en raison de sa dégradation qualitative.

Le deuxième et le troisième type peuvent avoir pour cause le conditionnement, le transport, le vol et les conditions de conservation. Ces pertes sont estimées au niveau local et au niveau des marchés nationaux.

Pertes au niveau local

Elles représentent les quantités de produit qu'on n'a pas réussi à écouler vers les centres urbains pour une raison ou une autre et qui se sont par conséquent détériorées. Elles peuvent se produire soit chez les collecteurs, soit au niveau des dépôts, lieux oú est rassemblé le produit pour l'écoulement vers l'extérieur.

Pertes au niveau des marchés nationaux

Dans ces lieux les pertes ont généralement pour causes la détérioration du produit pendant le transport et le vol qui peut survenir avant l'embarquement pour l'exportation.

3.8 Autres paramètres

En marge des principaux paramètres que sont la production, la consommation domestique et l'exportation, on peut tout au long de l'enquête et grâce à l'analyse des données de base, évaluer des paramètres socio-économiques non moins importants pour la prise de décision. Il s'agit entre autre:

• De la contribution au revenu des ménages en milieu rural et urbain;

• De la contribution à l'emploi en milieu rural et urbain;

• De la marge de bénéfice nette par commerçant détaillant ou grossiste;

• Des différentes taxations le long de la chaîne de traçabilité;

• De l'origine et la destination du produit;

• Du cours du produit dans les marchés internationaux.

En effet, tout au long des enquêtes, on devrait demander régulièrement l'origine et la destination du produit aux différents acteurs de la filière, à tous les niveaux: local, «dépôt», marchés internes, marchés frontaliers. Le recoupement de toutes les informations permet de retracer l'itinéraire suivi par le produit.

Tout au long de l'enquête, l'enquêteur devra se renseigner sur toutes les dépenses formelles ou informelles effectuées par les acteurs de la filière, tout au long de la chaîne de traçabilité du produit.

Ces différentes informations permettent aux décideurs de bien organiser la filière et la chaîne en formalisant ou en supprimant tout simplement ces dépenses. Ces dépenses peuvent être formalisées sous forme de taxes reversées au Trésor public.

3.9 Schématisation simplifiée des différentes étapes

Dans le souci de mieux clarifier la séquence des différentes activités, nous avons tenté de schématiser de façon assez simple les différentes étapes relatives à la collecte des données statistiques sur les PFNL au Cameroun (figure 12).

3.10 Importance des données clés pour les différents acteurs

L'importance des données-clés pour les différents acteurs est présentée dans le tableau 18 et les commentaires ci-dessous.

Tableau 18. L'importance des données-clés collectées pour les différents acteurs

Acteurs

Production

Consommation domestique

Exportations

Décideurs:

e.g. gouvernements, bailleurs de fonds

- Incitation a la réalisation d'inventaires;

- Définition et orientation des stratégies de gestion durable;

- Justification de la politique du gouvernement et de sa mise en oeuvre auprès des bailleurs de fonds.

- Connaissance des différents acteurs;

- Prévision des différentes taxes;

- Prévisions des petits emplois;

- Prévoir les recettes dans le budget de l'Etat.

Prévision des recettes dans le budget de l'Etat

Communautés locales

Prise de conscience sur la nécessité d'un prélèvement durable

Nutrition, médecine, artisanat et autres usages,

- Augmentation ou diminution de l'intérêt pour les PFNL

- Réorientation des activités génératrices de revenus

ONG et autres programmes

- Meilleur appui aux communautés locales et aux décideurs

- Outils d'appui aux stratégies de sensibilisation des décideurs

- Connaissance de tous les acteurs

- Connaissance de tous les prix

- Appui aux acteurs pour une meilleure valorisation du produit

- Connaissance des prix

- Appui aux acteurs locaux

- Outils d'appui aux stratégies de sensibilisation des décideurs

Les décideurs

La mise à la disposition des décideurs des données sur les quantités produites peut accélérer la réalisation d'inventaires pour évaluer le potentiel disponible en vue de la fixation des quotas d'exploitation conformes au prélèvement durable. Ces données peuvent également alarmer et amener à faire des inventaires pour savoir ce qui existe réellement, le niveau de prélèvement (quantités produites) actuel, si ce dernier est durable et permet un renouvellement naturel de la ressource la rendant par conséquent toujours disponible.

La connaissance des acteurs impliqués au maillon Consommation Domestique et aux circuits y relatifs permet aux décideurs de savoir qui fait quoi, où, comment et pourquoi. Des réponses fiables à ces questions leur permettront de:

• Prévoir le nombre de petits emplois;

• Connaître les différents maillons taxables le long de la chaîne et formaliser certaines taxes ou supprimer d'autres;

• Prendre connaissances des différentes activités génératrices de revenus le long de la chaîne et de formaliser certaines et supprimer d'autres;

• Prendre connaissance des recettes générées à chaque niveau.

La connaissance des quantités exportées permet aux décideurs de:

• Prévoir les recettes rentrant dans le budget de l'Etat;

• Orienter les stratégies de mise en oeuvre de la politique de l'Etat vers une gestion durable

Un exemple bien connu est l'exportation des écorces de Prunus africana.

Les communautés locales

La connaissance des quantités produites par les communautés locales peut tirer la sonnette d'alarme dans les consciences de ces dernières et leur permettre de comprendre que la ressource n'est pas éternelle d'où la nécessité de réduire le prélèvement et de trouver des alternatives (régénérer par exemple).

La connaissance des proportions, quantités consommées et quantités vendues permet de montrer aux populations locales que le produit concerné n'est pas un simple produit de rente, étant donné qu'il peut être consommé localement et en même commercialisé au niveau national et international. Sa valeur commerciale ne dépendra dont pas toujours des caprices des consommateurs. Il pourra être consommé en cas de non vente ou de mévente. Participant d'une autre manière au bien être des familles.

La connaissance, par les communautés locales, des quantités exportées amène ces communautés à évaluer l'apport du produit concerné au revenu du ménage. Ayant pris connaissance de cette donnée, leur intérêt pour les PFNL augmentera ou diminuera, ce qui a pour conséquence une:

• Réorientation des activités génératrices de revenus;

• Possibilité de gagner sa vie grâce aux emplois créés par l'exportation du produit;

• Augmentation du revenu des ménages sans réduction considérable du temps imparti à leurs activités principales (culture vivrières et de rente) grâce aux emplois à mi-temps créés par l'exportation du produit.

Les ONG et autres programmes

En effet, grâce aux données sur les quantités produites, les ONG et autres programmes qui travaillent sur le terrain pourront les utiliser pour sensibiliser les décideurs et les amener à élaborer ou accélérer à courts termes l'élaboration des stratégies de mise en oeuvre de la politique nationale sur la gestion des PFNL.

La connaissance des quantités consommés localement peut aider les ONG et autres programmes qui s'intéressent aux PFNL à mieux connaître les différents acteurs, les différents prix; ce qui va leur permettre d'apporter un meilleur appui aux différents intervenants à tous les niveaux de la chaîne pour une meilleure valorisation du produit. Les mêmes données peuvent être une aide considérable aux décideurs pour une meilleure organisation de la commercialisation dans les marchés intérieurs.

La connaissance des quantités exportées par les ONG et autres organismes qui s'intéressent aux PFNL permettra d'avoir les outils nécessaires et surtout convaincants pour amener les décideurs à prendre conscience de la nécessité d'intégrer à court terme le produit dans la planification du gouvernement en matière de gestion des PFNL.

3.11 En quoi une telle méthodologie est-elle appropriée et applicable au Cameroun?

La nécessité d'élaboration d'une méthodologie de collecte des données statistiques relatives aux PFNL

Il est approprié pour le Cameroun d'élaborer une telle méthodologie afin de:

• Coordonner les activités de collecte des données menées par les différents acteurs sur le terrain. En effet, il n'existe aucune coordination entre les différentes activités relatives aux PFNL au Cameroun. Chacun travaille dans son coin et ne cherche pas toujours à savoir ce que fait l'autre;

• Standardiser les paramètres de collecte afin de faciliter l'analyse des données;

• Viser les mêmes objectifs dans le temps et dans l'espace. Pour un produit donné, cibler un objectif précis à un moment précis et pouvoir aboutir à des résultats significatifs et utilisables;

L'applicabilité de la méthodologie proposée au Cameroun

La méthodologie proposée dans le cadre de la présente consultation est bien applicable dans le cadre actuel pour plusieurs raisons, entre autres:

• Le Cameroun dispose déjà d'un cadre juridique favorable à l'applicabilité d'une telle méthodologie (Loi 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche). Cette loi montre la volonté de la politique gouvernementale pour une bonne gestion des PFNL. La création d'une Sous-Direction des PFNL au MINEF vient une fois de plus démontrer l'intérêt que le Cameroun port à ce secteur.

• Au Cameroun de nombreux organismes s'intéressent déjà au Secteur PFNL et ont déjà collecté des données de base en ce qui concerne certaines étapes de la méthodologie proposée. Il s'agit notamment des données sur la distribution, les zones de collecte et les circuits de commercialisation de certains PFNL.

• Les communautés locales sont favorables à collaborer à la collecte des données contre très peu de rémunération. Le plus souvent, il suffit du savoir-faire de l'enquêteur qui doit leur montrer le bien fondé de leur collaboration et l'apport pour le développement de leur localité. A cela on peut ajouter juste une petite motivation financière.

Les éventuels utilisateurs de la méthodologie

L'utilisation de la présente méthodologie par des personnes physiques ou morales dépend des objectifs visés.

Si l'objectif visé est l'élaboration des stratégies de mise en oeuvre de la politique nationale régissant les PFNL au Cameroun, cela signifie que tous les établissements ministériels impliqués dans le secteur PFNL devront appliquer ladite méthodologie. Dans ces conditions, il faudrait:

• Budgétiser la collecte des données statistiques relatives à un ou plusieurs PFNL/an compte tenu des moyens disponibles;

• Mettre à la disposition des services du MINEF et autres établissements ministériels concernés, dans les différentes unités administratives, le matériel nécessaire: balance, cahier ou blocs note avec souches, moyens de locomotions.

• Organiser la filière en sites de collecte ou «dépôts».

Si l'objectif visé est l'obtention de certaines données clés pour aider le gouvernement ou les communautés locales à gérer durablement les PFNL ou alors soumettre des projets de développement auprès des bailleurs de fonds; tous les acteurs acquis à cette cause peuvent appliquer la présente méthodologie, y inclut les ONG, les programmes ainsi que les projets de recherche nationaux ou internationaux.

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