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5. CONCLUSIONS GENERALES

5.1 Atteinte des objectifs généraux

Il est estimé, dans leur globalité, que les objectifs visés par l'étude pilote et inscrits dans les Termes de Référence de notre contrat ont été atteints:

• L'état des lieux de la collecte et l'analyse des données statistiques sur les PFNL au Cameroun. On connaît déjà de façon non exhaustive ce qui a déjà été fait, sur quoi, où, par qui et comment (cf. Chapitres 1 et 2) ;

• Les PFNL nécessitant d'être soumis à un meilleur processus de suivi et d'évaluation ont été identifiés (cf. Chapitre 3) ;

• Une méthodologie adaptée au cas du Cameroun a été proposée, discutée et testée sur le terrain avec des résultats discutables (Chapitres 4 et 5).

5.2 Méthodologies utilisées au Cameroun

Lors de la journée de réflexion en mars 2001 avec les différents acteurs qui s'intéressent aux PFNL, d'une manière générale, il s'est dégagé les constats et conclusions suivants en ce qui concerne les méthodologies déjà utilisées au Cameroun (voir chapitre 2 et l'annexe).

5.2.1 Evaluation du potentiel disponible

La méthodologie la plus utilisée jusque là pour l'évaluation du potentiel disponible reste les inventaires. Ces derniers sont réalisés par l'ONADEF. Ceux sont généralement des inventaires à un pourcent qui ne considèrent que les arbres et le protocole conçus pour l'évaluation des volumes de bois d'oeuvre destiné à l'exploitation forestière. Concernant les PFNL, les inventaires n'ont été réalisés que sur Prunus africana dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Certains sont actuellement menés dans la région de l'Adamaoua. De nos discussions personnelles avec les responsables des inventaires de l'ONADEF, un protocole est entrain d'être mis en place pour les inventaires multi-ressources qui tiendraient compte des PFNL. Les quelques inventaires effectués çà et là par les projets et programmes se limitent généralement à un seul type de végétation (forêt primaire au Mont Cameroun, Champs vivriers par l'ICRAF). Par conséquent, les données enregistrées sous-estiment le potentiel disponible.

5.2.2 Evaluation de la production

Il n'existe pas encore de méthodologie ayant fait des preuves et permettant de quantifier la production aussi bien à l'échelle locale qu'a l'échelle nationale. Chacun tente ce qu'il peut et de façon ponctuelle. La formule du CRBP/CIRAD semble pratique. En effet, elle a été appliquée au Cameroun sur l'ensemble de la production des fruits et des légumes dont Dacryodes edulis et Cola spp. Elle est reconnue sur le plan scientifique et publiée dans le dernier numéro de la revue Cahiers d'Agriculture. Son application reste cependant tributaire de l'existence d'une enquête budget-consommation suffisamment fine.

5.2.3 Contribution des PFNL aux revenus des ménages

Ici, comme dans le cas de la commercialisation et de la production, les chiffres obtenus ne sont généralement pas basés sur des mesures scientifiques rigoureuses. Ils sont souvent obtenus sur la base d'estimations très discutables, parce que provenant de réponses aux questions d'interviews. Très peu ou pas d'acteurs prennent la peine de prendre de véritables mesures (par exemple peser) pour partir de données fiables.

Des enquêtes ont rarement été menées sur l'apport des autres produits pourvoyeurs de revenus tout au long de l'année. Il devient par conséquent difficile d'évaluer l'apport des PFNL dans le revenu d'un ménage.

5.2.4 Commercialisation

Le problème reste l'évaluation des quantités sur la base de mesures scientifiques et non sur les estimations. En outre, il se pose le problème de représentativité de l'échantillonnage des marchés. Enfin, tous les participants ont été unanimes sur le fait qu'il est difficile de travailler avec les détaillants qui sont très instables et très irréguliers dans les marchés.

5.3 Méthodologie proposée

Dans sa globalité, l'objectif principal de la méthodologie élaborée a été atteint: évaluer, pendant un temps précis, la production, la consommation domestique et l'exportation de Gnetum spp., au Cameroun. Des retombées positives peuvent se dégager de cette étude.

Le Tableau de correspondance Conditionnement-Prix-Poids a été établi pour le produit sous test (Tab. 20). Grâce à ce tableau tout enquêteur qui s'intéressent aux prix et quantités de Gnetum spp., quelque soit la localité peut faire des évaluations justes et fiables. On est donc plus obligé de recommencer des pesées, facilitant ainsi l'analyse des données.

Ayant suivi pendant la même période la production dans la zone d'Elig-Nkouma où le produit sort de la forêt, la consommation domestique dans les marchés de Yaoundé et de Douala et l'exportation au niveau du port d'Idenau, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper (Tab. 26) que:

• En six semaines, il a été collecté environ 488.571 t de Gnetum spp. au Cameroun;

• La seule zone d'Elig-Nkouma a produit 4.154 t soit 0.85 pourcent de la production;

• En faisant des projections et en extrapolant un peu, les arrondissements d'Obala et d'Okola auraient produit 112.158 t soit 23 pourcent de la production;

• 446.571 t ont été exportées vers le Nigeria et l'Europe, soit 91.4 pourcent de la production;

• Les quantités exportées, 445.532 t ont été exportées vers le Nigeria soit 99.8 pourcent de l'exportation;

• La consommation domestique dans les villes de Yaoundé et Douala a utilisé 22.296 t soit 4.6 pourcent de la production.

• A partir de ces résultats de base on peut faire toutes les projections possibles.

Tableau 28. Production, consommation domestique et exportation de Gnetum spp. en six semaines

 

Production àElig-Nkouma

Consommation domestique à Yaoundé et Douala

Exportation

Production totale

Quantités (t)

4 154

22 296

446 571

488 571

% de la production

0.85

4.6

91.40

100

NB: En supposant que la consommation domestique dans les autres localités est aussi insignifiante que celle d'Elig Nkouma I (1.5 kg en six semaines).

En outre, beaucoup d'autres paramètres on pu être évalués entre autres: le nombre de commerçants impliqués dans la filière, les différents petits emplois créés, les différentes taxes formelles ou informelles, l'organisation de la filière «Gnetum» au Cameroun.

Il est vrai qu'il serait un peu prématuré de tirer des conclusions en ce qui concerne les aspects écologiques et socio-économiques étant donné que les données n'ont été collectées que pendant six semaines et dans une seule localité. Toutefois, on peut, en faisant des projections et en extrapolant, relevés quelques faits caractéristiques.

5.3.1 Aspects écologiques

Une conclusion-clé concerne la méthode de récolte de Gnetum spp., qui n'est pas durable. Les tiges sont arrachées de terre, ce qui ne favorise pas le renouvellement naturel de la ressource.

Le produit est collecté tous les jours et tout le long de l'année, avec une collecte de 488.87 t en six semaines, soit environ 4 237 t par an. Sans toutefois connaître le potentiel existant, lorsqu'on sait qu'il n'existe encore aucun dispositif de renouvellement artificiel de la ressource, il y a lieu de s'inquiéter sur la disponibilité de Gnetum à longs termes et même à courts termes. Il serait donc temps sinon urgent, de penser à l'élaboration de programmes d'inventaire du potentiel existant et de renouvellement de ce PFNL.

5.3.2 Aspects socio-économiques

Gnetum spp., qui rentre dans l'alimentation aussi bien en zone rurale qu'en milieu urbain, contribue déjà de façon non négligeable à l'équilibre alimentaire des camerounais, toutes couches sociales confondues.

Les revenus provenant de la commercialisation de ce produit contribuent aussi de façon non négligeable aux revenus de nombreux ménages aussi bien en zone rurale qu'en milieu urbain. De nombreux ménages vivent exclusivement de la commercialisation de Gnetum spp: les détaillantes qui coupent les feuilles en fines lanières et les revendent, les grossistes et les exportateurs.

Du point de vue de la contribution à l'emploi, le nombre de petits emplois créés le long de la chaîne de commercialisation du Gnetum, est considérable. Comme il a été signalé au chapitre 4, il est créé tout le long de la chaîne de commercialisation de ce produit de nombreux petits emploi ne nécessitant pas une formation particulière ni de diplôme particulier. Tous ces emplois contribuent à la réduction de la pauvreté. A titre d'exemple, dans la ville de Yaoundé et les seuls marchés de Mvog-Mbi, Mokolo et Mfoundi, nous avons dénombré environ 170 détaillantes, trois grossistes tirant leurs revenus exclusivement du commerce de Gnetum. Pour ce qui est de l'exportation, au moins une dizaine d'acteurs tirent leurs revenus de l'exportation de ce PFNL.

Quant à la valeur économique, en six semaines, 445.53 t ont été exporté vers le Nigeria au niveau du port d'Idenau, soit une exportation annuelle de 3 861 t, ce qui correspond à une valeur économique certaine pour le Cameroun. Compte tenu des différentes taxations le long de la chaîne de commercialisation de Gnetum, l'Etat pourraient rentrer plus de devises en formalisant la filière. En effet, tout ceci serait plus rentable, au bénéfice de tous les acteurs, si la filière était formellement organisée.

5.3.3 Difficultés rencontrées

D'une manière générale, nous avons eu une coopération sans faille avec des personnes impliquées. Toutes ont été réticentes au début. Après leur avoir expliqué le pourquoi et le bien fondé de l'étude, elles sont devenues très coopératives. Toutefois, à tous les niveaux, tous les acteurs se sont plaints en rétorquant qu'ils ont souvent répondu à de nombreuses questions mais que les résultats desdites enquêtes ne leur ont jamais été communiqués. Ils aimeraient par conséquent prendre connaissance des résultats de la présente étude.

Au niveau local

A ce niveau, la plus grande difficulté reste l'accès aux sites de collecte. Les routes sont impraticables ou tout au plus, on y accède à l'aide d'un véhicule tout terrain. A titre d'exemple, le produit en provenance d'Evodoula est le meilleur en qualité, ses paquets pèsent plus que les autres mais coûtent moins chers que les autres (Tableau 30). L'inaccessibilité de la zone est à l'origine de cette situation.

Au niveau des marchés des centres urbains

La plus grande difficulté à ce niveau est la collecte des données auprès des détaillantes. La majorité sinon toutes, exercent en amateurs. Elles ne sont pas stables. Pendant la durée de notre test, elles se rendaient de temps en temps dans leur village car c'était la période des semailles. Il existe aussi un certaine paresse à remplir les cahiers à elles remis au début du test.

Au niveau de la station de collecte de Boum-Nyebel

Nous n'avons pas rencontré de véritables difficultés à ce niveau sauf la réticence des exportateurs au début de l'étude.

Au niveau de l'Aéroport international Yaoundé-Nsimalen

A ce niveau, les agents du MINEF du poste forestier ont exposé les problèmes suivants:

• Vols tardifs;

• Expéditions non contrôlées à cause de la perturbation du calendrier des vols de la Cameroun Air;

• Expéditions qui ne transitent pas toujours par le poste forestier. Les expéditeurs de connivence avec les agents de la Compagnie aérienne, s'arrangent à apporter le produit en l'absence des agents du MINEF;

• Quantités déclarées au niveau du poste forestier sont largement en dessous des quantités réellement exportées. Ceci à cause du laxisme de certains agents qui ont créé un réseau de combines avec les expéditeurs (contre pourboires, les quantités exportées ne sont pas déclarées pour réduire les taxes). Exemple dans la journée du 6 mai 2001, 178 kg ont été pesés en présence de notre enquêteur, seulement 77 kg ont été déclarés par l'agent en poste.

• Seul la Compagnie aérienne nationale, la Cameroun Air, transporte le produit vers l'étranger. Les autres compagnies ne le transportent plus parce que pendant le vol, il dégage un gaz qui déclenche les systèmes d'alarme.

Au niveau du port d'Idenau

A ce niveau, les personnes ont été très coopératives. La même plainte que celle entendue à Boum-Nyebel a été réitérée.

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