CCP: CI 03/2


COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LES AGRUMES

Treizième session

La Havane (Cuba), 20-23 mai 2003

PROJECTIONS DE LA PRODUCTION ET DE LA CONSOMMATION MONDIALES D’AGRUMES JUSQU’EN 2010



Table des matières


I. INTRODUCTION

1. Les projections présentées dans ce rapport sont fondées sur un modèle mathématique du marché mondial des agrumes qui a été mis au point à l’Université de Floride, puis modifié en fonction de l’avis d’experts et d’autres études sur les agrumes.

2. La production et la consommation mondiales d’agrumes sont en forte progression depuis le milieu des années 80. La production d’oranges, de tangerines, de citrons et de limes augmente rapidement. Cette croissance est encore plus sensible pour les produits transformés à base d’agrumes, car les progrès réalisés dans le domaine du transport et de l’emballage ont permis de baisser les coûts et d’améliorer la qualité de ce type de produits.
3. Si la production d’oranges et de pomelos a augmenté rapidement, la demande n’a pas progressé au même rythme, ce qui a eu pour effet de faire baisser les prix de ces deux fruits, à l’état frais ou transformés. On a enregistré un ralentissement de la création de nouvelles plantations et les taux de croissance de la production et de la consommation prévus pour la prochaine décennie devraient être inférieurs à ceux de la décennie écoulée.
4. São Paulo (Brésil) et la Floride (États-Unis) resteront les deux grands producteurs mondiaux d’oranges transformées. La consommation de clémentines devant augmenter, l’Espagne devrait accroître sa production de tangerines (principalement les variétés de clémentines). On prévoit également une augmentation de la production et de la consommation d’oranges et de tangerines en Chine. En Amérique latine, l’Argentine, le Mexique, Cuba, le Belize, et le Costa Rica vont sans doute continuer à augmenter leur production, mais à un rythme moins soutenu.

5. La production et la consommation d’agrumes devraient également augmenter en Asie, mais la consommation sera cependant satisfaite principalement par la production intérieure. De nombreux pays d’Asie continuent à appliquer des droits d’importation élevés sur les agrumes. En Afrique, la production devrait augmenter uniquement dans les pays riverains de la Méditerranée et en Afrique du Sud.

6. Ce document présente les récentes projections de la FAO concernant la production et la consommation d’agrumes frais et transformés. Quatre grandes variétés ont été retenues: les oranges, les pomelos, les tangerines et les citrons et les limes.

II. ORANGES

7. La consommation mondiale d’oranges a augmenté au rythme de 3,5 pour cent entre 1987-1989 et 1997-1999. La consommation d’oranges fraîches a augmenté de 2,8 pour cent par an, celle d’oranges transformées de 4,4 pour cent. L’augmentation de la consommation mondiale est essentiellement due à la hausse de la consommation d’oranges transformées en Europe. Dans la Communauté européenne, la consommation par habitant d’oranges fraîches est tombée de 12,6 à 9,5 kg; en revanche, la consommation d’oranges transformées a plus que doublé (28 kg par habitant en équivalent fruits frais). La consommation d’oranges transformées a également augmenté au Canada et aux États-Unis, ce qui a permis de compenser le recul de la consommation d’oranges fraîches enregistré au Canada. Les États-Unis sont un des rares pays développés à avoir enregistré une légère augmentation de leur consommation d’oranges fraîches.

8. La consommation d’oranges transformées est concentrée dans les pays développés d’Amérique du Nord et d’Europe, qui, réunis, représentent plus de 90 pour cent de la consommation mondiale. Des marchés sont en train de s’ouvrir pour les produits dérivés dans d’autres régions, en particulier en Amérique latine. La consommation d’oranges transformées a augmenté d’environ 70 pour cent au Mexique; la consommation du Brésil a enregistré une hausse de 54 pour cent entre 1987-1989 et 1997-1999.

9. La consommation d’oranges fraîches, en recul dans de nombreux pays développés, a augmenté dans de nombreux pays en développement, notamment au Mexique, en Inde, en Argentine et au Brésil. On a également noté une forte croissance de la consommation en Chine. Le recul constaté dans les pays développés s’explique par deux raisons; d’abord, les oranges fraîches sont remplacées par le jus d’orange (pur jus direct dont le goût est très proche de celui de l’orange fraîche pressée mais qui est plus pratique); ensuite, les progrès des transports et du stockage font que les agrumes frais sont de plus en plus concurrencés par d’autres fruits, comme les bananes, les raisins et les fraises.

10. Les projections concernant les oranges laissent entrevoir un ralentissement de la production et un recul de la consommation par habitant. Deux facteurs expliquent ce phénomène: les graves problèmes de maladie qui ont touché les plantations du Brésil et de la Floride, et le ralentissement de la création de nouvelles plantations dans les autres pays occidentaux, encore sous l’effet du recul des prix enregistrés ces dernières années.

11. Pour être plus précis, la production d’oranges devrait atteindre 66,4 millions de tonnes en 2010, ce qui représente une hausse de 14 pour cent par rapport au volume enregistré pendant la période 1997-1999. Le taux de croissance annuel prévu est de 1,12 pour cent, soit beaucoup moins que le niveau de 3,46 pour cent atteint entre 1987-1989 et 1997-1999. Le volume d’oranges consommées à l’état frais devrait atteindre 36,3 millions de tonnes, celui des oranges destinées à être transformées devrait enregistrer une légère hausse et s’établir à 30,1 millions de tonnes.

12. Dans les pays développés, la production d’oranges devrait progresser à un rythme annuel de 0,6 pour cent, cette progression étant essentiellement attribuable aux États-Unis. La production européenne ne devrait pas connaître de grands changements, la légère hausse prévue pour l’Espagne devant être annulée par une baisse en Italie et en Grèce. La production de l’Afrique du Sud devrait continuer de croître, ce pays restant avantagé par le fait qu’il peut approvisionner les pays de l’hémisphère nord hors saison. En Israël, la production va continuer de se heurter à la croissance démographique, à cause de la concurrence qu’elle implique avec les plantations d’agrumes et les autres cultures agricoles pour le partage des terres et de l’eau. La production du Japon, en recul depuis des décennies, devrait continuer à baisser en raison de la hausse des importations.

13. Selon les projections, la production des pays en développement devrait enregistrer une croissance annuelle de 1,23 pour cent. Il est probable que la production du Brésil subisse une forte contraction dans les dix années à venir, en raison des maladies et du bas niveau des prix à la production; elle devrait toutefois, vers 2010, atteindre de nouveau les niveaux enregistrés à la fin des années 1990 et permettre au Brésil de conforter sa position dominante sur le marché mondial des oranges transformées. La production du Mexique est fragilisée par le virus tristeza qui a déjà sévi dans la péninsule du Yucatan. Les producteurs mexicains, qui ont généralement de petites exploitations, n’ont pas su tirer profit des conditions préférentielles d’accès au marché des États-Unis dont ils bénéficient dans le cadre de l’Accord de libre-échange pour l’Amérique du Nord (ALENA).

14. Dans l’hémisphère occidental, de plus petits exportateurs comme l’Argentine, Cuba, le Belize et le Costa Rica devraient trouver des débouchés, en raison des ajustements opérés actuellement dans les grandes régions de production. Malgré l’embargo imposé par les États -Unis, Cuba a accru à la fois ses capacités de traitement et sa production d’oranges. Au Belize et au Costa Rica, le regroupement opéré dans le secteur de la transformation devrait permettre une réduction des coûts.

15. Les pays d’Asie devraient continuer à accroître leur production, dont la plus grande partie sera absorbée par les marchés intérieurs. La Chine et l’Inde vont rivaliser, respectivement, avec le Mexique et l’Espagne pour l’obtention de la troisième et de la cinquième places parmi les producteurs mondiaux. Les marchés intérieurs de ces deux pays sont immenses et devraient absorber la quasi-totalité de la production. La Turquie fait exception car par sa position géographique et les liens qu’elle entretient avec la Communauté européenne – concrétisés par une union douanière –, elle est devenue compétitive sur le marché européen. L’Egypte et le Maroc devraient également bénéficier de leur proximité avec l’Europe.

16. L’augmentation prévue de la production, relativement peu importante, va soutenir une faible hausse de la consommation d’oranges fraîches et transformées. En Amérique du Nord et en Europe, la consommation par habitant ne devrait guère s’écarter de son niveau actuel; son taux de croissance est faible, ce qui s’explique d’une part par le ralentissement de la croissance de la production intérieure, d’autre part par la faible augmentation prévue chez les deux principaux fournisseurs de produits à base d’oranges, à savoir le Brésil et les États-Unis. Les hausses de consommation les plus sensibles devraient être enregistrées chez les pays en développement producteurs d’agrumes comme l’Inde, la Chine, le Mexique, le Brésil et le Pakistan.

17. Au Brésil et au Mexique, l’usage le plus courant est d’acheter des oranges fraîches et de préparer le jus d’orange chez soi. Avec la hausse des revenus, on tend cependant à acheter des jus d’orange déjà préparés.

18. L’accord commercial récemment conclu entre la Chine et les États-Unis a ouvert le marché chinois aux importations d’agrumes frais et transformés. Des problèmes d’infrastructure limitent toutefois le développement à grande échelle des importations d’oranges fraîches ou transformées, ce qui ne devrait pourtant pas empêcher les consommateurs (notamment la nouvelle classe moyenne) des grandes villes d’accéder aux agrumes importés.

19. Dans les autres pays d’Asie de l’Est, la consommation d’oranges fraîches et transformées est freinée par le recul de la production intérieure ainsi que par d’importantes entraves au commerce qui entraînent une hausse du prix à la consommation. Le marché japonais des oranges transformées a déçu les espoirs qu’avait fait naître la signature, en 1986, d’un accord entre les États-Unis et le Japon sur le boeuf et les agrumes. En Asie de l’Est, la consommation d’agrumes est également limitée par l’éloignement des principaux producteurs de l’hémisphère occidental1. La consommation d’oranges par habitant devrait malgré tout enregistrer une progression, faible ou modérée, dans presque tous les pays d’Extrême-Orient. Cette progression sera principalement due à une augmentation de la production intérieure.

III. TANGERINES

20. La quasi-totalité de la production de tangerines est destinée au marché de produits frais. Les principaux producteurs sont la Chine, l’Espagne et le Japon, suivis par le Brésil, l’Italie, l’Égypte, les États-Unis, le Maroc, l’Argentine, la Turquie, la République de Corée et le Pakistan. Les variétés de clémentines sans pépins lancées par l’Espagne sont très appréciées en Europe, et depuis peu, aux États-Unis. L’Espagne assure plus de 50 pour cent des exportations mondiales de tangerines fraîches. Les autres principaux exportateurs sont le Maroc et la Chine. Le Maroc approvisionne surtout le marché intérieur de produits frais, mais exporte également vers l’Europe, le Canada et les États-Unis. D’une manière générale, les tangerines sont consommées dans le pays producteur.

21. Il est difficile d’obtenir un profil précis de la consommation de tangerines transformées. La plupart de temps, le jus des tangerines est mélangé avec du jus d’orange. L’Espagne, le Japon et la Chine ont des entreprises de découpage des tangerines. Lors du colloque sur les agrumes qui a réuni en 2001 la Chine et la FAO, il a été signalé que la Chine produit annuellement 250 000 tonnes de quartiers de tangerines. La Chine est le plus gros producteur. La Chine, le Japon et l’Espagne exportent en Amérique du Nord et en Europe des quartiers de tangerines en conserve.

22. La production mondiale de tangerines devrait atteindre 17 millions de tonnes en 2010, contre 15 millions de tonnes pendant la période 1997-1999. Le taux de croissance annuel prévu (1,07 pour cent) est nettement inférieur à celui qui a été enregistré entre 1987-1989 et 1997-1999 (4,31 pour cent). La production de tangerines devrait progresser en Espagne, en Chine, au Maroc, au Brésil et en Argentine. Au Japon, le secteur devrait continuer de régresser. La production des États-Unis va probablement diminuer, en raison de la concurrence exercée par les importations et par les autres variétés de fruits frais.

23. La consommation de tangerines fraîches bénéficie du succès que connaissent certaines variétés de clémentines sans pépins cultivées aujourd’hui en Espagne et au Maroc. Leur consommation s’est considérablement accrue aux États-Unis au cours des cinq dernières années. Les enfants, séduits par leurs nombreuses qualités (elles sont de petite taille, faciles à peler, dépourvues de pépins) en sont particulièrement friands.

24. L’Espagne devrait rester le principal exportateur de tangerines (clémentines et mandarines). Le succès remporté par les variétés de clémentines que nous venons d’évoquer lui permettra de conforter sa position dominante sur le marché des exportations de tangerines fraîches, où elle est suivie par le Maroc. Des problèmes phytosanitaires empêchent le Mexique et le Brésil de grossir les rangs des exportateurs de tangerines fraîches. La mouche des fruits continue de sévir dans la principale région de production d’agrumes, dans l’est du Mexique. L’apparition récente au Brésil du chancre des agrumes va restreindre les possibilités d’augmenter sensiblement les exportations de tangerines et d’autres variétés d’agrumes.

25. La répartition entre consommation à l’état frais et transformation devrait rester inchangée, avec plus de 90 pour cent de la production totale destinée au marché des produits frais. Les tangerines sont impropres à la production de jus: c’est un fruit peu juteux, dont la récolte est onéreuse et qui produit un jus souvent peu savoureux. Les tangerines transformées sont celles qui ne sont pas calibrées pour le marché de frais et celles qui permettent de répondre à la demande des consommateurs pour les quartiers de tangerines.

IV. POMELOS

26. On observe un ralentissement de la croissance de la production mondiale de pomelos. Entre 1987-1989 et 1997-1999, elle est passée de 4,55 à 5,45 millions de tonnes, ce qui représente un taux de croissance annuel de 1,8 pour cent. Les vagues de froid qui ont sévi au début des années 80 ont fortement réduit la production des États-Unis; c’est à cette époque que Cuba est devenu un des principaux fournisseurs des marchés traditionnels d’agrumes des États-Unis. Vers le milieu des années 90, la production mondiale est revenue à un niveau comparable à celui des années 70. Les exploitants des trois principaux pays producteurs – les États-Unis, Israël et Cuba – connaissent une période difficile, marquée par la stagnation de la demande de pomelos frais et transformés. On observe actuellement une contraction de la production de pomelos en Floride, où les producteurs exportent la production. Le virus de la tristeza devrait détruire des millions d’arbres. Les cours du pomelo sont pour l’instant trop bas pour que les producteurs songent à remplacer les arbres détruits par la maladie.

27. Le pomelo est le seul des principaux agrumes à être utilisé pour la transformation dans des proportions comparables à celles de l’orange. Pendant la période 1997-1999, 3,5 millions de tonnes ont été consommées à l’état frais et 1,9 million de tonnes ont été transformées (ce qui représente 36 pour cent de l’utilisation totale). A Cuba, le volume de pomelos destiné à la transformation a fortement augmenté (90 pour cent de la production en 1999).

28. Les États-Unis sont le plus gros producteur de pomelos et le plus gros exportateur de pomelos frais (avec environ 40 pour cent de l’ensemble des exportations mondiales de fruits frais). L’Afrique du Sud et Israël occupent la deuxième et la troisième places parmi les principaux exportateurs. La Turquie vient de grossir les rangs des exportateurs de pomelos frais. Cuba, en revanche, ne disposant plus de conditions d’accès préférentielles pour les marchés des pays du bloc socialiste, a vu ses exportations de produits frais diminuer sensiblement. La plus grande partie de la production est cependant consommée dans le pays producteur puisqu’au total moins de 40 pour cent de la production mondiale sont exportés. Les États-Unis, Israël et Cuba sont les plus gros fournisseurs de jus de pomelos sur le marché mondial. La moitié environ de la production mondiale de pomelos transformés est exportée.

29. La production mondiale de pomelos devrait atteindre 6,23 millions de tonnes en 2010, ce qui représente une hausse de 14 pour cent par rapport à la moyenne de la période 1997-1999. Cette progression sera due, pour l’essentiel, aux pays en développement. La production devrait rester inchangée aux États-Unis et en Israël et enregistrer une légère hausse à Cuba, au Mexique, en Argentine et en Afrique du Sud. La Turquie, qui vient de créer de nouvelles plantations, va sans doute voir sa production augmenter et pouvoir concurrencer Israël et les États-Unis sur le marché européen.

30. Dans les pays développés, la consommation de pomelos frais va se heurter aux mêmes difficultés que la consommation d’oranges et de tangerines. La concurrence accrue des autres fruits frais va entraîner une baisse de la consommation par habitant. L’ouverture de marchés d’importations devrait faire sensiblement augmenter la consommation par habitant en Chine.

31. La consommation par habitant de pomelos transformés devrait également enregistrer une baisse. Les oranges et les pomelos sont les principaux rivaux sur le marché des fruits transformés. Dans les pays développés, une demande de plus en plus forte pour le jus d’orange au détriment du jus de pomelos contraint les producteurs de ce dernier à trouver de nouveaux marchés et/ou de nouveaux produits.

V. CITRONS ET LIMES

32. Les citrons et les limes sont des agrumes acides qui, à la différence des autres variétés d’agrumes, sont généralement consommés associés avec d’autres aliments. Ils sont généralement destinés au marché des fruits frais, le jus des citrons et des limes étant surtout utilisé comme aromatisant les boissons. Les citrons sont généralement cultivés dans des pays au climat relativement froid – partie occidentale des États-Unis, Espagne, Italie et Argentine – mais s’adaptent également au climat sec de pays comme l’Egypte et l’Iran. L’Inde est également un gros producteur. Les limes sont en revanche extrêmement vulnérables au froid et sont cultivés exclusivement dans les pays tropicaux. Les principaux producteurs sont le Mexique et le Brésil.

33. Pendant la période 1997-1999, la production de citrons et de limes a atteint 9,04 millions de tonnes, dont 7 millions de tonnes pour le marché des produits frais et 2,04 millions de tonnes pour le secteur de la transformation. L’Espagne, l’Argentine et le Mexique sont les plus gros exportateurs; les deux premiers dominent le marché mondial des exportations de citrons frais, le Mexique étant de loin le plus gros exportateur de limes frais. Approximativement 20 pour cent des fruits frais sont exportés, contre plus de 50 pour cent pour les fruits transformés. L’Argentine et l’Italie sont les principaux fournisseurs de jus de citron sur le marché mondial.

34. Les importations de citrons et de limes représentent approximativement 27 pour cent de la consommation mondiale. On consomme des citrons et des limes dans les pays développés d’Amérique et d’Europe, mais également en Europe orientale ainsi que dans des pays producteurs en développement comme l’Inde, l’Iran, le Mexique, le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, le Pérou et la Jamaïque. La consommation par habitant est aussi relativement élevée dans des pays du Proche-Orient comme la Jordanie, Chypre, le Liban et l’Égypte.

35. La production mondiale de citrons et de limes devrait atteindre 10,34 millions de tonnes en 2010, ce qui représente une hausse de 14 pour cent par rapport au niveau de la période 1997-1999. Conséquence de la baisse des prix, le taux de croissance annuelle prévu (1,12 pour cent) est nettement inférieur à celui qui a été enregistré entre 1987-1989 et 1997-1999 (3,6 pour cent).

36. On prévoit une légère progression de la consommation par habitant sur tous les principaux marchés. L’Espagne, l’Argentine et le Mexique vont rester les principaux exportateurs de citrons frais. Compte tenu du recul de la production de limes en Floride et de la stagnation de la production de citrons en Californie et en Arizona, les États-Unis vont devenir le plus gros importateur de citrons et de limes frais. De par leur mode de consommation, les citrons et les limes sont moins menacés par la concurrence des autres fruits que les autres variétés d’agrumes.

37. Le partage entre consommation à l’état frais et transformation devrait être à peu près le même que celui qui a été régulièrement enregistré.

VI. PROJECTIONS DES PRIX DES AGRUMES EN 2010

A. JUS D’ORANGE OBTENU à PARTIR DE CONCENTRéS

38. Une estimation des effets les plus prévisibles des maladies et des prix de soutien accordés aux producteurs brésiliens permet de penser qu’en 2010 les prix du JOCC brésilien à 65 Brix devraient s’établir à 1 200 dollars E.-U., fob Rotterdam, soit environ 3 dollars la caisse pour les produits livrés aux installations de transformation de São Paulo.

39. En ce qui concerne le jus en provenance de Floride, les résultats dépendront en grande partie du maintien ou du retrait des entraves commerciales. Si aucun changement n’intervient à ce niveau, et si le jus d’orange ne provenant pas de concentrés continue de gagner des parts de marché, les prix à la production pourraient se chiffrer en 2010 à environ 4,25 dollars E.-U. la caisse de 90 livres, soit à peu près 1 500 dollars E.-U. la tonne, à 65 Brix, aux États-Unis.

B. ORANGES FRAÎCHES

40. Il est quasiment impossible de prévoir l’évolution des cours sur le marché des produits frais jusqu’en 2010, étant donné l’importance des variations annuelles de production chez les principaux producteurs. La consommation de jus d’oranges obtenu à partir de concentrés va vraisemblablement s’accentuer dans certains pays en développement, mais, d’une manière générale, l’orange restera dans les régions de production un fruit qui se consomme à l’état frais. Compte tenu de la croissance démographique de certains pays producteurs, les prix en valeur réelle pourraient rester stables ou enregistrer une légère hausse. Sur les marchés des pays développés, on constate une demande de plus en plus forte pour les petits agrumes, ce qui devrait faire baisser le prix des oranges vendues pour être consommées à l’état frais. Il est en définitive peu probable que les prix en valeur réelle se modifient profondément d’ici à 2010.

C. POMELOS FRAIS ET TRANSFORMÉS

41. La consommation de pomelos, frais ou transformé, devrait diminuer. La production de la Floride va continuer à ralentir, sans que celle de Cuba puisse combler ce déficit. Dans les pays méditerranéens, la production de la Turquie pourrait compenser la baisse de performance d’Israël et de Chypre. Globalement, les prix en valeur réelle pourraient ne pas changer d’ici à 2010.

D. TANGERINES FRAÎCHES ET TRANSFORMÉES

42. En Espagne et en Chine, la croissance de la production ralentira sensiblement d’ici à 2010, mais l’intérêt des consommateurs pour les diverses variétés de clémentines et de mandarines va sans doute continuer de croître, notamment dans les marchés en transition d’Europe de l’Est et aux États-Unis. Une offre plus abondante équilibrera sans doute la hausse de la demande, de sorte qu’une modification sensible des prix en valeur réelle reste peu probable.

E. CITRONS ET LIMES

43. L’importance du volume de citrons et de limes (frais et transformés) exportable venant surtout d’Argentine, d’Espagne et de Turquie, devrait empêcher une hausse des cours pendant la quasi- totalité de la période couverte par les projections. La baisse du prix des citrons pendant la première partie de cette période pourrait favoriser l’utilisation du jus de citron pour la préparation des boissons et aliments industriels. Au terme de la période considérée, le prix en valeur réelle des citrons devrait revenir à un niveau proche de celui de la période de référence.

44. Une évolution analogue est envisageable pour les limes, compte tenu de l’importance des plantations effectuées au cours de la dernière décennie au Mexique et ailleurs. Les cours vont sans doute rester stables car l’intérêt des consommateurs pour les limes ne semble pas devoir diminuer.

VII. RÉSUMÉ

45. Après une période de croissance rapide de la production, les producteurs d’agrumes du monde entier doivent logiquement s’attendre à une baisse des prix. Presque toutes les cultures agricoles sont soumises aux cycles des prix et de la production. Pour les cultures pérennes comme celles des agrumes, les cycles des prix s’étendent sur plusieurs années en raison du décalage important entre les signaux donnés par les prix et la réaction de la production. Des événements imprévisibles – gel, sécheresses, ravageurs et maladies – ont provoqué d’importantes contractions de l’offre et contribué ainsi à freiner la production.

46. L’analyse présentée dans ce document repose sur l’hypothèse suivante: confrontés au ralentissement de la croissance de la production d’agrumes et à la baisse des prix qui en résulte, les producteurs vont créer moins de nouvelles plantations, ce qui aura pour effet de freiner la croissance de la production. Étant donné la concentration géographique de la production d’agrumes, il se peut qu’un événement fortuit entraîne une forte réduction de la production et soit l’amorce d’un nouveau cycle d’expansion de la production. Si aucun péril majeur ne vient paralyser la production, la première décennie du XXIème siècle sera marquée par un repli et des fusions, ce qui permettra aux prix de repartir à la hausse. La hausse des pris sera le moteur de l’expansion des plantations.

47. Les agrumes sont des fruits dotés de nombreuses qualités pour les consommateurs attentifs aux questions de santé, qui souhaitent un produit prêt à consommer et pour lesquels la sécurité alimentaire constitue une priorité. Grâce au progrès continu des transports, les exportateurs vont pouvoir approvisionner les marchés en agrumes frais d’excellente qualité pendant toute l’année. Les producteurs d’agrumes transformés seront eux aussi en mesure d’écouler dans le monde entier des produits peu onéreux et immédiatement consommables. Tout permet donc de penser que la demande mondiale pour les agrumes va continuer de progresser et que les perspectives d’avenir restent donc favorables pour les producteurs.

1 L’Autralie a récemment réussi à trouver des marchés en Asie de l’Est pour ses produits frais et transformés.