COAG/2003/INF/6


COMITÉ DE L’AGRICULTURE

Dix-septième session

Rome, 31 mars – 4 avril 2003

Rapport sur le domaine prioritaire pour une action interdisciplinaire en matière d’agriculture biologique

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. La quinzième session du Comité de l'agriculture a recommandé l'élaboration d'un programme d'agriculture biologique intersectoriel et intéressant l'ensemble de l'Organisation. Les activités initiales de ce programme, coordonnées par le Groupe de travail interdépartemental sur l'agriculture biologique ont fait l'objet d'un compte-rendu présenté en 2001 à la seizième session du Comité de l'agriculture. Le programme d'agriculture biologique a été ensuite approuvé dans le cadre du Plan à moyen terme 2002-2007 en tant que domaine prioritaire pour une action interdisciplinaire en matière d'agriculture biologique (DPAI/ORGA).

2. Le DPAI sur l’agriculture biologique vise à renforcer le soutien apporté par la FAO à tous les pays membres en matière d'agriculture biologique et, en particulier, à accroître leur capacité de production, entreposage, transformation, inspection, certification et commercialisation efficaces des produits alimentaires et des fibres issus de la production biologique.

II. APERÇU DES ACTIVITÉS EN MATIÈRE D'AGRICULTURE BIOLOGIQUE EN 2001-2002

3. Les activités sont présentées ci-dessous en reprenant les trois orientations principales du DPAI sur l’agriculture biologique.

A. RENFORCER LA BASE D'INFORMATIONS ET
LES PARTENARIATS SUR LES QUESTIONS IMPORTANTES POUR L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE.

4. Coordination et partenariats. Le DPAI sur l’agriculture biologique coordonne les réponses apportées par la FAO aux pays membres ainsi que les échanges d'informations et la coopération avec divers organismes des Nations Unies, y compris le Fonds international de développement agricole, le Centre du commerce international, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), des établissements de recherche et la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique. La coordination avec les donateurs est assurée par le biais de la participation de la FAO aux tables rondes tenues annuellement par l'Agence allemande de coopération technique (GTZ), plate-forme d’échange d'informations et d'établissement de partenariats entre donateurs pour la réalisation de projets d'agriculture biologique.

5. Soutien aux réseaux nationaux. La FAO assure le secrétariat du Groupe de travail sur l'aquaculture biologique de la Commission européenne consultative pour les pêches dans les eaux intérieures, qui a organisé en février 2002 un atelier de définition de mandat. Le bureau régional pour l'Europe continue de coordonner les activités du Groupe de travail du Système européen de réseaux coopératifs de recherche en agriculture (ESCORENA) en matière de méthodologies de recherche sur l'agriculture biologique, dont les travaux sont actuellement axés sur la recherche en participation. La recherche concernant la production et la commercialisation de produits biologiques a été incorporée au mandat de plusieurs autres réseaux de l’ESCORENA (ovins et caprins, pâturages et cultures fourragères par exemple). Le bureau régional pour le Proche-Orient apporte un appui à la Ligue des États arabes pour l'organisation, en avril 2003, d'une conférence régionale sur l'agriculture biologique.

6. Diffusion de l'information. Les activités du programme d'agriculture biologique ainsi que leurs résultats sont diffusés à travers le site Internet de la FAO (http://www.fao.org/organicag/default-f.htm). Les sites Internet des divisions techniques présentent de nouveaux supports d'information tels que la base de données sur les engrais organiques et les produits à capacité de rétention d'eau (http://www.fao.org/ag/AGL/agll/orgfert/default.htm); en outre FAOLEX, la base de données législatives de la FAO, comporte plus de 150 textes juridiques touchant la production biologique dans une trentaine de pays (http://www.fao.org/Legal/index_fr.htm). Par ailleurs, un dossier de sensibilisation du public, composé de dix-huit fiches d'information touchant les différents aspects de l'agriculture biologique, a été établi. Au niveau national, la FAO apporte son soutien à la Fondation pour le renouveau de la tradition locale en matière de soins de santé, dont le siège se trouve à Bangalore (Inde), pour la rédaction d'un bulletin d'information intitulé « Production biologique de plantes médicinales et aromatiques et de teintures naturelles ».

B. ÉLABORER ET INCORPORER DES APPROCHES D'INTÉGRATION DANS LE CADRE DE SYSTÉMES DE PRODUCTION AGRICOLE BIOLOGIQUES ET HOLISTIQUES, AVEC PRIORITÉ AUX SYSTÉMES AGRICOLES À FAIBLES RESSOURCES.

7. Développement durable. La publication « Agriculture biologique, environnement et sécurité alimentaire », (FAO, Rome, 2002), explore les possibilités d’adopter plus largement l'agriculture biologique, en s'appuyant sur un grand nombre d'expériences concrètes et sur le patrimoine commun de connaissances des experts et des instituts de recherche. Le document « Agriculture mondiale: horizon 2015/2030 » contenait, pour la première fois, une analyse de l'évolution possible de la demande et de la production agricole biologique à l’appui de l'agriculture durable. En collaboration avec l'Institut kényan d'agriculture biologique, la Deccan Development Society de l’Inde conduit actuellement des tests portant sur une « Méthodologie d'études comparatives de systèmes d’agriculture biologique, conventionnelle et traditionnelle dans des zones à faible potentiel ». Cet instrument sera parachevé en mai 2003.

8. Biodiversité. Cinq études de cas ont été commanditées et 38 autres études de cas déjà publiées ont été passées en revue afin d'évaluer les perspectives et les contraintes que présente l'agriculture biologique pour la diversité biologique, dans les publications « L'agriculture biologique dans les zones protégées et dans les zones tampons », « La gestion écologique en agriculture » et « L’agriculture biologique et les ressources génétiques pour l'alimentation et l’agriculture ». Cette dernière publication a été distribuée lors de la neuvième session ordinaire de la Commission des ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture, qui a recommandé que la FAO « étudie de façon plus approfondie la compétitivité de l'agriculture biologique ».

9. Lignes directrices techniques pour les filières de production en agriculture biologique. La conférence électronique sur le recyclage biologique et les méthodes de fabrication de compost à la ferme s’est tenue entre mai et décembre 2002. L’initiative concernant le Mécanisme mondial de protection intégrée contre les ravageurs intitulée « Conversion agricole 2015: désintoxiquer la protection contre les ravageurs » passe actuellement en revue la lutte biologique contre les ravageurs ainsi que différents produits non toxiques ou à faible toxicité employés dans ce domaine. Afin d'aider les pays en développement à mettre sur pied des systèmes efficaces de production horticole biologique, une réunion a été organisée à Kuala Lumpur, du 22 au 26 juillet 2002, pour identifier les besoins et élaborer des lignes directrices techniques portant sur un choix de produits (ananas, agrumes, mangues). En coopération avec l'Institut néo-zélandais pour la recherche sur les plantes cultivées et les aliments, des lignes directrices ont été établies concernant la manutention et la transformation des fruits et légumes de l’agriculture biologique dans les pays en développement.

10. Valorisation des prairies. La FAO a parrainé la tenue du Colloque international de la Fédération européenne des herbages sur la production biologique d’herbages, qui s'est tenu à Witzenhaussen, en Allemagne, du 10 au 12 juillet 2001. Un manuel est en préparation sur les herbages biologiques, y compris les différentes solutions en matière de certification de réseaux de pâturages communaux pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Des lignes directrices sont en cours d'élaboration, en coopération avec les gouvernements de Jordanie et de Syrie, sur la production herbagère biologique sur les terrains de parcours communaux arides et semi-arides.

C. FAVORISER L'ÉTABLISSEMENT D’UN CADRE JURIDIQUE ET DE POLITIQUES POUR LA COMMERCIALISATION DE PRODUITS CERTIFIÉS DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE

11. Normes. Les lignes directrices du Codex Alimentarius pour la production, la transformation, l'étiquetage et la commercialisation de produits alimentaires biologiques ont été révisées en 2001 afin d'y incorporer des dispositions touchant l’élevage et l'apiculture. Le comité du Codex sur l'étiquetage des produits alimentaires a entrepris de réviser les critères régissant la liste des substances permises dans le cadre des lignes directrices; un projet de critères est aujourd'hui disponible et le document devrait être parachevé en 2003, à la prochaine session du Comité du Codex Alimentarius.

12. Réglementations. La FAO a coparrainé avec la CNUCED la Conférence de l’IFOAM sur l'harmonisation et l’équivalence à l’échelle internationale en agriculture biologique, qui s'est tenue du 17 au 19 février 2002 à Nuremberg, en Allemagne. Cette Conférence a constitué un forum unique pour le dialogue entre les institutions publiques et privées sur les réglementations régissant l'agriculture biologique. Le rôle de la FAO dans la poursuite d'un processus conduisant à l'harmonisation des réglementations en matière d’agriculture biologique contribue de façon déterminante à éviter la constitution de barrières aux échanges commerciaux. La création d'un groupe spécial a été proposée en vue de travaux ultérieurs.

13. Certification. Le bureau régional de l'Amérique latine et des Caraïbes s’est engagé, en collaboration avec Ecocert, dans un programme de certification de produits alimentaires biologiques. En 2001, une réunion a été organisée au Chili sur ce thème, de même qu'une conférence électronique sur la certification des produits alimentaires orientée vers les labels de qualité en Amérique latine (http://www.rlc.fao.org/foro/alimentos/). En 2002, des réunions nationales se sont tenues en Argentine, au Paraguay et en Uruguay, et un programme de formation a été élaboré par Ecocert dans les pays du Mercosur.

14. Améliorer le système de garantie des produits biologiques. Un examen de la législation en matière d'agriculture biologique a été entrepris afin de mieux cerner les améliorations susceptibles d'apporter une meilleure assistance aux pays membres. En Colombie, un projet financé par la Banque mondiale est en cours; il vise à aider le gouvernement à élaborer le cadre institutionnel et réglementaire de l'agriculture biologique. Un projet de coopération technique en matière d'agriculture biologique a été approuvé pour la Tunisie, et un autre est en préparation pour la Croatie. Différents programmes de certification et d'étiquetage, notamment en matière de protection des forêts, de commerce équitable, de déontologie et d’agriculture biologique, le tout appliqué aux produits forestiers non ligneux, est à l’examen par le biais d'études pilotes en Bolivie, au Ghana, au Mali, en Namibie et au Viet Nam, afin d'évaluer leur incidence sur l'utilisation durable de produits forestiers non ligneux.

15. Commercialisation et échanges commerciaux. Une étude de marché de grande envergure portant sur dix-neuf pays a été publiée sous le titre « Les marchés mondiaux des fruits et légumes biologiques » et présentée à une conférence sur « L’appui à la diversification des exportations dans la région Caraïbes/Amérique latine à travers le développement de l'horticulture biologique », qui s'est tenue à Trinité-et-Tobago, du 8 au 10 octobre 2001. Des conférences analogues seront organisées pour la région Asie et Pacifique (Bangkok, du 3 au 5 novembre 2003) et en Afrique.

16. Des documents thématiques et des réunions portant sur des denrées spécifiques de production biologique sont en cours de préparation, parallèlement aux réunions ordinaires des groupes intergouvernementaux concernant les produits. Un symposium consacré aux marchés de la viande et des produits laitiers biologiques, et aux débouchés possibles pour les pays en développement, s’est tenu à Rome le 29 août 2002. Par ailleurs, avec le concours de la FAO, un groupe de travail ad hoc sur la production et le commerce socialement et écologiquement responsables des denrées horticoles s’est tenu à San José, au Costa Rica, les 10 et 11 décembre 2001. Des études ont été menées concernant les coûts et les avantages de la production durable; elles ont porté, entre autres, sur l’agrumiculture et la caféiculture biologiques. La faisabilité de la culture du thé biologique en Chine et en Inde a été évaluée en vue de la réunion de janvier 2003 du Comité consultatif. Des communications consacrées aux résultats économiques et financiers comparatifs des systèmes de culture biologiques et conventionnels en Espagne, et aux débouchés pour les agrumes et les jus d'agrumes de l’agriculture biologique, ont été préparées en vue de la réunion de 2003 du Groupe intergouvernemental sur les agrumes.

III. LES PERSPECTIVES D'AVENIR

17. Les demandes d'information et d'assistance techniques concernant l'agriculture biologique dépassent aujourd'hui les moyens alloués au Programme ordinaire de la FAO. L'agriculture biologique est une activité territorialement circonscrite et à assises locales; à ce titre, elle nécessite un renforcement substantiel des connaissances, notamment chez les petits exploitants des pays en développement. Bien que le secteur public comme le secteur privé n’allouent que de maigres ressources à l'agriculture biologique, il demeure possible de réaliser des progrès considérables avec un financement relativement limité. En octobre 2001, la FAO a élaboré, en vue de son examen par les donateurs, une proposition de programme sur l'agriculture biologique (Réf. 28929) visant la création d'un fonds fiduciaire pour l'agriculture biologique.

18. La croissance du commerce des produits agricoles biologiques et la prolifération des règlements et des critères qui conditionnent l'accès aux marchés internationaux confrontent les pays à des difficultés croissantes et à des coûts élevés de conformation à ces exigences. La FAO possède un avantage comparatif, celui d’offrir une enceinte où peuvent se tenir des débats entre le secteur public et le secteur privé afin d'explorer les modèles possibles d'équivalence de normes, de modalités d'inspection, de certification et d'accréditation en matière d'agriculture biologique. L’on prévoit de constituer un groupe spécial de travail FAO/CNUCED/IFOAM sur les équivalences entre systèmes de garantie des produits biologiques; ce groupe serait composé d'experts gouvernementaux et de représentants du secteur privé.