Les 53 pays dAfrique ont été regroupés en sept régions présentant une cohérence climatique et géographique qui influe fortement sur la problématique de lirrigation.
Ces régions (figure 5) et les pays inclus dans chaque région sont:
Nord: Algérie, Égypte, Jamahiriya arabe libyenne, Maroc, Tunisie;
Région Soudano-sahélienne: Burkina Faso, Cap-Vert, Djibouti, Érythrée, Gambie, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad;
Golfe de Guinée: Bénin, Côte dIvoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Nigéria, Sierra Leone, Togo;
Centre: Angola, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe;
Est: Burundi, Éthiopie, Kenya, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Rwanda;
Sud: Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe;
Îles de locéan Indien: Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles.
Elles sont identiques à celles du précédent rapport «Lirrigation en Afrique en chiffres» (FAO, afin de permettre la comparaison avec les anciennes données. Cette synthèse présente les caractéristiques marquantes émanant des nouvelles données recueillies à léchelle nationale pour les thèmes abordés dans les monographies par pays. Lintérêt de cette nouvelle enquête est lactualisation des données, mais aussi lévolution des tendances sur les dix dernières années.
La superficie totale de lAfrique est de 30 millions de km2, soit 22 pour cent des terres émergées. Les cinq pays les plus grands (Soudan, Algérie, République démocratique du Congo, Jamahiriya arabe libyenne et Tchad par ordre décroissant) représentent 34 pour cent de ce territoire, alors que les cinq plus petits (tous des îles: Cap-Vert, Comores, Maurice, Sao Tomé-et-Principe, Seychelles) en constituent à peine plus de 3 pour cent (tableaux 1 et 22). Les superficies cultivées totalisent environ 211 millions dhectares, soit 27 pour cent des superficies cultivables du continent. La région Soudano-sahélienne est celle qui possède le potentiel de terres cultivables le plus important, mais en exploite seulement 19 pour cent contre plus de 40 pour cent dans le Nord, le golfe de Guinée et les îles (tableau 1).
Le climat de lAfrique est influencé par léquateur et les deux tropiques qui la traversent, et par ses deux grands déserts (le Sahara dans lhémisphère nord, et le Kalahari dans lhémisphère sud). Des climats très divers se juxtaposent donc, allant de laride très sec à léquatorial humide en passant par des climats plus tempérés (figure 6).
La population africaine sélevait à 868 millions dhabitants en 2004, représentant environ 14 pour cent de la population mondiale (tableaux 2 et 32). Le Nigéria, situé dans le golfe de Guinée, est le pays le plus peuplé, hébergeant à lui seul 15 pour cent de la population africaine (tableau 23 et figure 1). La part de la population vivant en milieu rural (61 pour cent) est supérieure à la moyenne mondiale (51 pour cent). Ce taux connaît cependant des extrêmes très distincts entre le Nord où le pourcentage est inférieur à la valeur mondiale (48 pour cent) et lEst qui détient le plus fort taux du continent (76 pour cent). La densité moyenne de 29 habitants/km2 est elle aussi très hétérogène selon les pays et les régions (figure 7). Les cinq pays les plus densément peuplés sont Maurice, les Comores, le Rwanda, le Burundi et les Seychelles, avec respectivement des densités nationales de 604, 354, 322, 254 et 182 habitants/km2 (tableau 23). À léchelle du continent, une forte concentration est à noter dans le golfe de Guinée (93 habitants/km2), alors que la région Soudano-sahélienne nest guère peuplée dans lensemble (13 habitants/km2). En 2000, 300 millions dAfricains navaient pas accès à leau potable, soit plus dun quart de la population totale. La même année lespérance de vie moyenne y était de 41 ans.
TABLEAU 1
Distribution régionale des superficies
cultivables et cultivées
Région |
Superficies cultivables |
Superficies cultivées 2002 |
|
|
|
Superficie |
en % des superficies cultivables |
|
(ha) |
(ha) |
(%) |
Nord |
65 320 000 |
28 028 178 |
43 |
Soudano-sahélienne |
208 256 000 |
38 764 012 |
19 |
Golfe de Guinée |
119 860 000 |
54 964 000 |
46 |
Centre |
173 060 000 |
21 303 000 |
12 |
Est |
82 853 400 |
30 869 000 |
37 |
Sud |
113 678 650 |
32 950 000 |
29 |
Îles de locéan Indien |
8 307 000 |
3 795 000 |
46 |
AFRIQUE |
771 335 050 |
210 673 190 |
27 |
TABLEAU 2
Distribution régionale de la superficie
et de la population
Région |
Superficie |
Population 2004 |
|||||
|
km² |
% de |
Habitants |
% de |
% vivant |
densité |
% des actifs |
Nord |
5 752 890 |
19 |
152.4 |
18 |
48 |
26 |
28 |
Soudano-sahélienne |
8 587 030 |
28 |
113.0 |
13 |
66 |
13 |
72 |
Golfe de Guinée |
2 119 270 |
7 |
196.1 |
23 |
54 |
93 |
40 |
Centre |
5 328 660 |
18 |
94.5 |
11 |
62 |
18 |
62 |
Est |
2 924 970 |
10 |
184.8 |
21 |
76 |
63 |
79 |
Sud |
4 736 260 |
16 |
107.3 |
12 |
57 |
23 |
46 |
Îles de locéan Indien |
591 760 |
2 |
20.0 |
2 |
72 |
34 |
69 |
AFRIQUE |
30 040 840 |
100 |
868.1 |
100 |
61 |
29 |
55 |
FIGURE 1 |
La région du Nord, constituée de lAlgérie, de lÉgypte, de la Jamahiriya arabe libyenne, du Maroc et de la Tunisie, sétend sur près de 6 millions de km2, soit 19 pour cent du continent (tableau 1). LAlgérie représente à elle seule 40 pour cent de la superficie de cette région (tableau 22). Chacun des pays de la région dispose dun accès à la mer Méditerranée. Sur les 65 millions dhectares cultivables, seuls 28 millions sont cultivés, soit 43 pour cent du potentiel.
Cette région est délimitée au nord par la mer Méditerranée et au sud par le désert du Sahara, les deux ayant une forte influence sur le climat: beaucoup plus tempéré au nord, il devient très aride au sud. Les précipitations moyennes annuelles sur la région natteignent que 96 mm (Sahara occidental non inclus), variant de 750 mm à lextrême nord-ouest du Maroc à près de 0 mm dans le sud de lÉgypte.
Le Nord avait, en 2004, 153 millions dhabitants, à 48 pour cent ruraux (tableau 2). LÉgypte héberge la moitié dentre eux (tableau 23). La densité moyenne de 26 habitants/km2 pour la région est égale à la densité moyenne du continent, mais la population se concentre principalement sur les côtes de la Méditerranée et dans le delta et la vallée du Nil. La densité peut y atteindre 1 165 habitants/km2, alors que le désert est pratiquement inhabité. La croissance démographique annuelle, 1.9 pour cent sur la période 1994-2004, est faible dans lensemble: elle varie entre 1.2 pour cent en Tunisie et 2.2 pour cent en Jamahiriya arabe libyenne; et est réduite par rapport à la décennie précédente (2.5 pour cent en 1984-1994).
Elle est constituée de douze pays: Burkina Faso, Cap-Vert, Djibouti, Érythrée, Gambie, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Somalie, Soudan et Tchad. Elle sétend sur une superficie de 8.6 millions de km2, soit 28 pour cent du continent (tableau 1). Le Soudan, le plus grand pays du continent, représente à lui seul 29 pour cent de ce territoire (tableau 22). Quatre de ces pays sont totalement enclavés: le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad. En 2000, les superficies cultivables couvraient 208 millions dhectares (dont 50 pour cent au Soudan) et les cultures près de 39 millions dhectares, soit près de 19 pour cent des superficies cultivables.
Cette région sétend du nord du désert du Sahara jusqu'à la région du golfe de Guinée plus arrosée au sud. Le climat est donc aride dans lensemble, de type sahélien ou soudano-sahélien et caractérisé par deux saisons. Les précipitations moyennes annuelles de la région sélèvent à 311 mm, avec cependant des variations allant de 25 mm dans le nord du Soudan à plus de 1 600 mm au sud de ce même pays. Lévapotranspiration moyenne est denviron 2 000 mm/an, mais elle peut atteindre 8 000 mm/an dans le bassin du Gash Barkar en Érythrée.
Près de 113 millions de personnes vivaient dans la région en 2004, soit une densité de 13 habitants/km2, la plus faible du continent (tableau 2). Les densités moyennes nationales varient cependant entre 3 habitants/km2 en Mauritanie et 129 habitants/km2 en Gambie (tableau 23). Cette population est rurale à 66 pour cent, pourtant 84 pour cent des habitants de Djibouti se concentrent en milieu urbain, en particulier dans la capitale. La croissance démographique annuelle régionale de 3.2 pour cent sur la période 1994-2004 est la plus élevée du continent. Elle a peu évoluée par rapport à la période 1984-1994 où elle atteignait presque 3.3 pour cent par an.
Neuf pays composent cette région: le Bénin, la Côte dIvoire, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Nigéria, la Sierra Leone et le Togo. Ils couvrent une superficie totalisant 2.1 millions de km2, soit 7 pour cent du continent, et le Nigéria compte pour 44 pour cent de cette superficie (tableaux 1 et 22). Sur les 120 millions dhectares cultivables, près de 55 millions dhectares étaient cultivés en 2002 (46 pour cent du potentiel).
La région est délimitée au nord par la région Soudano-sahélienne et au sud par locéan Atlantique. Le climat est soudanien au nord à tropical chaud et humide au sud. Les précipitations moyennes annuelles de la région atteignent 1 356 mm, avec cependant des variations entre les pays: de 1 039 mm/an au Bénin à 2 526 mm/an en Sierra Leone. Lévapotranspiration saccroît passant de 1 500 mm/an au sud du Togo à 5 200 mm/an au nord du Nigéria.
La population atteignait 196 millions dhabitants en 2004, dont 65 pour cent vivaient au Nigéria (tableau 2). La densité moyenne, 93 habitants/km2 est la plus forte du continent, cependant elle connaît de très importantes variations entre les pays et au sein même de chaque pays; elle va de 31 habitants/km2 au Libéria à 138 habitants/km2 au Nigéria, et de 16 habitants/km2 à Beyla dans la province de la Guinée forestière en Guinée à 2 429 habitants/km2 dans sa capitale Conakry (tableau 23). La population est rurale à 54 pour cent. La croissance démographique annuelle atteint à peine 1.7 pour cent au Ghana, alors quelle sélève à 2.9 pour cent en Guinée-Bissau, avec une moyenne régionale sur la période 1994-2004 de 2.8 pour cent par an, contre 3.4 pour cent par an entre 1984 et 1994.
Cette région regroupe huit pays: Angola, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo et Sao Tomé-et-Principe. Ils couvrent une superficie totale de 5.3 millions de km2, soit 18 pour cent du continent (tableau 1). Les superficies cultivées en 2002 sétendaient sur environ 21 millions dhectares, soit 12 pour cent des 173 millions dhectares de la superficie cultivable (tableau 22).
La République centrafricaine est le seul pays de la région complètement enclavé. Le climat varie de tropical sec ou humide à équatorial, selon les pays. Les précipitations moyennes (1 425mm/an) ont leurs extrêmes à Sao Tomé-et-Principe: de 900 mm/an au nord-est à 6 000 mm/an au sud-ouest, alors quà léchelle nationale, les moyennes sétalent entre 1 010 mm/an en Angola et 3 200 mm/an à Sao Tomé-et-Principe. Lévapotranspiration s'échelonne de 1 200 mm/an à 2 200 mm/an.
La région héberge 94.5 millions dhabitants, soit 11 pour cent de la population africaine, dont 56 pour cent vivent en République démocratique du Congo qui est aussi le pays le plus étendu (44 pour cent de la superficie régionale). La densité très faible, 18 habitants/km2, varie cependant entre 5 habitants/km2 au Gabon et 172 habitants/km2 à Sao Tomé-et-Principe (tableaux 2 et 23). La croissance démographique annuelle est comprise entre 1.5 pour cent en République centrafricaine et 3.3 pour cent en République démocratique du Congo, soit une moyenne régionale de 2.7 pour cent entre 1994 et 2004 et une baisse importante par rapport à la décennie écoulée (3.6 pour cent).
La région de lEst comprend six pays: Burundi, Éthiopie, Kenya, Ouganda, République-Unie de Tanzanie et Rwanda, totalisant près de 3 millions de km2, soit 10 pour cent de lAfrique (tableau 1). LÉthiopie et la République-Unie de Tanzanie constituent 70 pour cent du territoire de cette région (tableau 22). Le Burundi, lÉthiopie, le Rwanda et lOuganda sont enclavés. Les superficies cultivables couvrent 83 millions dhectares et les superficies cultivées 37 pour cent de ces dernières.
La région de lEst délimitée au nord-ouest, nord et nord-est par la région Soudanosahélienne, à lest par locéan Indien, au sud par la région du Sud, et à louest par la région du Centre. Le climat est donc très diversifié: aride dans certaines parties dÉthiopie et du Kenya, il devient équatorial en Ouganda, tropical à louest du Burundi dans la plaine de lImbo près du lac Tanganyika, et tropical tempéré en altitude au Rwanda et en République-Unie de Tanzanie. Les précipitations annuelles moyennes réparties sur une seule ou deux périodes sont de 920 mm, mais varient de moins de 100 mm dans le nord-est de lÉthiopie à 3 000 mm dans certaines régions de République-Unie de Tanzanie.
La population sélève à 185 millions dhabitants, soit 21 pour cent de la population africaine (tableau 2). La densité de 63 habitants/km2 va de 40 habitants/km2 en République-Unie de Tanzanie à 322 habitants/km2 au Rwanda (tableau 23). La croissance démographique annuelle de cette région sur la période 1994-2004 atteignait 2.9 pour cent, mais était comprise entre 1.8 pour cent et 3 pour cent par an sur les dernières années selon les pays.
Le Sud se compose de neuf pays: Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie et Zimbabwe. Sa superficie atteint 4.7 millions de km2, cest-à-dire 16 pour cent du continent (tableau 1). LAfrique du Sud, la Namibie et le Mozambique réunis en couvrent plus de 60 pour cent (tableau 22). Les cultures sétendent sur environ 33 millions dhectares, soit 29 pour cent des superficies cultivables qui totalisent 114 millions dhectares.
La région est délimitée au nord-ouest par la région du Centre, au nord-est par celle de lEst, et à louest, au sud et à lest par les océans Atlantique et Indien qui se rejoignent au Cap de Bonne Espérance. Trois seulement de ces pays se partagent laccès aux océans: la Namibie, lAfrique du Sud et le Mozambique, tous les autres étant enclavés. Les plaines côtières, le désert broussailleux du Kalahari dune superficie totale denviron 500 000 km2 (couvrant une large part du Botswana et sétendant vers la Namibie et lAfrique du Sud), et le grand Rift africain sont les principaux paysages rencontrés dans la région. Aride dans les déserts et tempéré en altitude (Lesotho), le climat est tropical-subtropical dans le reste de la région. Les pluies se produisent principalement en été austral, cest-à-dire doctobre à avril, sauf près du Cap en Afrique du Sud où le climat est méditerranéen et les pluies surviennent en hiver. Les précipitations moyennes annuelles de la région sélèvent à 659 mm avec des variations importantes: de moins de 100 mm dans le désert à plus de 2 000 mm au nord du Mozambique. Le pays le plus arrosé est le Malawi avec des précipitations moyennes de 1 181 mm/an, et le moins humide la Namibie où ne tombent que 285 mm/an. Lévapotranspiration peut dépasser 3 700 mm/an dans certaines zones de la Namibie.
La région accueille une population totale de 107 millions dhabitants, à 57 pour cent ruraux (tableau 2). La densité globale est donc assez faible avec 23 habitants/km2 et va de 2.4 habitants/km2 en Namibie à 104 habitants/km2 au Malawi (tableau 23). La croissance démographique est aussi limitée: elle est inférieure ou égale à 2 pour cent par an pour tous les pays. Au cours des deux dernières décennies, elle a fléchi, passant de 2.8 pour cent par an en 1984-1994 à 1.7 pour cent par an en 1994-2004, du fait de la prévalence très élevée du VIH/SIDA (de 12.2 pour cent au Mozambique à 38.8 pour cent au Swaziland fin 2003 parmi les personnes âgées de 15 à 49 ans) qui a provoqué en outre une forte réduction de lespérance de vie moyenne de la région qui est tombée de 48 ans en 1970 à 38 ans en 2003 (tableau 23).
Madagascar représente plus de 99 pour cent des 591 760 km2 de cette région à laquelle appartiennent les Comores, Maurice et les Seychelles (tableaux 1 et 22). Les 3.8 millions dhectares de cultures, dont une très importante partie revient à Madagascar, couvrent 46 pour cent des superficies cultivables (8.3 millions dhectares).
À Madagascar, le climat varie de semi-aride à tropical humide, alors quil est dans lensemble tropical humide aux Seychelles et aux Comores, et sub-tropical à maritime tempéré à Maurice. Les précipitations annuelles moyennes sélèvent à 1 510 mm, avec cependant de grandes différences entre les îles: 900 mm pour les Comores à 2 040 mm pour lIle Maurice.
La population totale des quatre îles totalise 20 millions dhabitants, malgaches à 90 pour cent (tableaux 2 et 23). La densité globale est assez faible (34 habitants/km2) mais de grandes disparités se présentent entre Madagascar (30 habitants/km2) et les trois autres îles (446 habitants/km2 en moyenne). La croissance démographique de la région a reculé, passant de 3.2 pour cent par an en 1984-1994 à 3 pour cent par an en 1994-2004. Cependant dimportantes disparités entre les îles la caractérise puisque les Seychelles ont la plus faible croissance démographique nationale du continent (1 pour cent par an) et les Comores lune des plus importantes (2.9 pour cent par an).
La pauvreté est fréquente et parfois extrême en Afrique: 34 des 49 pays les moins avancés (PMA) sont africains et 315 millions de personnes, soit 36 pour cent de lensemble de la population, survivent avec moins dun dollar EU par jour. La somme des PIB nationaux en 2003 sélevait à 641 000 millions de dollars EU, soit 5 pour cent à peine du PIB des seuls États-Unis. Elle correspond à un PIB par habitant de 738 dollars EU en moyenne, valeur qui est très inégale selon les pays: lÉthiopie na que 91 dollars EU/habitant, alors quaux Seychelles cette valeur atteint 8 890 dollars EU/habitant. Lindice de développement humain (IDH compris entre 0 et 1) varie de 0.273 en Sierra Leone à 0.853 aux Seychelles (35ème sur un total de 177 pays), alors que les 19 pays ayant le plus faible IDH sont africains. LIDH pour le Libéria et la Somalie nest pas connu.
La valeur ajoutée du secteur primaire (agriculture) contribuait en 2003 pour 2.5 pour cent au PIB au Botswana et pour 60.8 pour cent en République centrafricaine, avec une moyenne pour lensemble de lAfrique de 17.7 pour cent. Le secteur agricole occupe plus de la moitié des actifs africains (tableau 2). Les régions du Nord (28 pour cent), du golfe de Guinée (40 pour cent) et du Sud (46 pour cent) font cependant exception. Au Nord, plus développé, on trouve moins dagriculture et plus dindustries et de services. Le Nigéria, grand pays pétrolier, influence les données de la région du golfe de Guinée. Enfin, lAfrique du Sud (dont le développement est très marqué), la Namibie et le Botswana, trois pays où a régné lapartheid, sont responsables de ce pourcentage réduit dactifs agricoles. À léchelle des pays, le Burundi et le Rwanda où 90 pour cent des actifs sont occupés dans le secteur primaire sont les pays où les superficies cultivables par habitant sont les plus limitées du continent (moins de 0.2 hectare par personne). Inversement, la Namibie et le Gabon disposant des plus grandes superficies cultivables par personne (12.4 et 11.2 hectares respectivement) emploient dans le secteur primaire moins de 40 pour cent de leurs actifs. La Jamahiriya arabe libyenne avec 5 pour cent de ses actifs en agriculture est le pays qui en affecte le moins à ce secteur, près de 23 hectares étant cultivés par actif agricole.
La pandémie du VIH/SIDA (tableau 23) a pris une telle ampleur quelle influence désormais léconomie des pays les plus touchés. Près des deux tiers (64 pour cent) de toutes les personnes atteintes du SIDA vivent en Afrique subsaharienne, de même que plus des trois quarts (76 pour cent) de toutes les femmes du monde ayant contracté cette maladie. La prévalence dans cette région avoisinait 7.4 pour cent fin 2004. La région du Nord a un taux de prévalence inférieure à 0.3 pour cent pour les personnes de 15-49 ans, le Mozambique avec 12.2 pour cent étant le pays le moins touché de la région du Sud. Quatre pays de la région du Sud ont un taux de prévalence compris entre 20 et 30 pour cent: la Namibie, lAfrique du Sud, le Zimbabwe et le Lesotho par ordre croissant; au Botswana et au Swaziland les taux sont encore plus élevés: 37.3 et 38.8 pour cent respectivement. Entre ces deux extrêmes, se répartissent les autres régions: le taux de prévalence national va de 0.6 à 4.8 pour cent dans la région Soudano-sahélienne, de 1 à 7 pour cent dans le golfe de Guinée, de 4.1 à 8.8 pour cent dans lEst, et de 3.9 à 13.5 pour cent dans le Centre. Seul le taux de prévalence de Madagascar est connu (1.7 pour cent) dans la région des îles de locéan Indien.
Cette maladie cause une augmentation significative de la pauvreté rurale et de la malnutrition, deux fléaux déjà largement répandus en Afrique. Elle aggrave les difficultés pour les femmes rurales; en effet, les taux dinfection peuvent être de 3 à 5 fois plus élevés chez les femmes que chez les hommes. Enfin, la maladie exerce un impact défavorable notable sur la sécurité alimentaire des foyers, ainsi que sur la production alimentaire nationale du fait de la perte de travailleurs agricoles, notamment dans les pays où lagriculture contribue de façon marquée au PIB. En effet, le plus grand nombre de personnes infectées se trouvent dans la tranche dâge de 15 à 49 ans, cest-à-dire le groupe le plus productif de la population. De ce fait, la composition de la population sest modifiée aboutissant à une situation où prédominent les personnes âgées et les jeunes. Quand est atteint un membre de la famille, celle-ci doit non seulement compenser le manque à gagner mais prendre aussi soin du malade.
La FAO estimait en 2004 que dans les 25 pays les plus touchés dAfrique, environ 7 millions de travailleurs agricoles avaient été victimes du SIDA depuis 1985; 16 millions de plus pourraient lêtre avant 2020. Les pays africains les plus touchés pourraient perdre jusquà 26 pour cent de leur force de travail au cours des deux prochaines décennies. Lespérance de vie moyenne en Afrique subsaharienne est maintenant de 47 ans, alors quelle aurait été de 62 ans sans le SIDA. Au Botswana, lespérance de vie à la naissance est tombé pour atteindre son niveau de 1950; le Zimbabwe a accusé la chute la plus brutale, son espérance de vie passant de 55 ans en 1970 à 33 ans en 2003.
Les précipitations annuelles en Afrique totalisent 20 360 km3 environ, soit une moyenne à léchelle du continent de 678 mm (figure 6). Là encore les disparités entre pays et régions sont très importantes. Le pays le moins arrosé est lÉgypte avec 51 mm/an en moyenne, suivi de près par la Jamahiriya arabe libyenne (56 mm/an) et lAlgérie (89 mm/an), ce qui donne limpression que le Maroc (346 mm/an) et la Tunisie (207 mm/an) sont très avantagés dans cette région du Nord (tableau 24). Cette dernière est la moins arrosée du continent avec une moyenne de 96 mm/an. Les pays ayant des précipitations dépassant les 2 000 mm/an (Sao Tomé-et-Principe avec 3 200 mm/an, Sierra Leone 2 526 mm/an, Seychelles 2 330 mm/an, Libéria 2 390 mm/an, Guinée équatoriale 2 156 mm/an, Maurice 2 041 mm/an) appartiennent aux régions du golfe de Guinée, du Centre et des îles de locéan Indien qui sont les plus pluvieuses (tableau 3). La région du Centre avec plus de 7 500 km3/an, reçoit 37 pour cent des précipitations de lAfrique sur une superficie comptant pour moins de 20 pour cent. À lopposé, la région du Nord, dune superficie proche de celle du Centre, en reçoit moins de 3 pour cent.
Les ressources en eau renouvelables de lensemble de lAfrique totalisent 3 931 km3 environ, soit moins de 9 pour cent des ressources renouvelables mondiales (figure 8 et tableau 32). La région du Centre est la mieux dotée avec 48 pour cent des ressources du continent pour seulement 18 pour cent de sa superficie (figure 2). Avec 24 pour cent des ressources africaines, le golfe de Guinée est lui aussi bien approvisionné en eau. En revanche, la région du Nord est la plus désavantagée avec moins dun pour cent des ressources renouvelables pour une superficie équivalente à 19 pour cent de lAfrique. La République démocratique du Congo qui détient 900 km3 de ressources renouvelables internes représente, à elle seule, 23 pour cent des ressources africaines. La Jamahiriya arabe libyenne, quant à elle, ne peut se prévaloir que de 0.01 pour cent de celles-ci.
TABLEAU 3
Distribution régionale des ressources
en eau
Région |
Précipitations annuelles |
Ressources en eau renouvelables internes annuelles |
|||
|
Hauteur |
Volume |
Volume |
en % de |
par habitant |
Nord |
96 |
549 959 |
46 842 |
1 |
307 |
Soudano-sahélienne |
311 |
2 671 364 |
159 600 |
4 |
1 413 |
Golfe de Guinée |
1 356 |
2 873 971 |
951 940 |
24 |
4 853 |
Centre |
1 425 |
7 592 517 |
1 876 180 |
48 |
19 845 |
Est |
920 |
2 665 720 |
285 260 |
7 |
1 544 |
Sud |
659 |
3 110 159 |
270 130 |
7 |
2 518 |
Îles de locéan Indien |
1 510 |
895 250 |
340 951 |
9 |
17 042 |
AFRIQUE |
678 |
20 358 940 |
3 930 903 |
100 |
4 528 |
FIGURE 2 |
Les ressources renouvelables internes par habitant ont diminué depuis la précédente enquête dAQUASTAT pour atteindre en 2004 une moyenne de 4 530 m3/habitant, variant au niveau des régions entre 307 m3/habitant dans le Nord et 19 845 m3/habitant dans le Centre. À léchelle des pays, les extrêmes se situent en Égypte avec 25 m3/habitant et au Gabon avec 121 392 m3/habitant (tableau 24). Cependant la distribution des ressources renouvelables totales est différente du fait des bassins internationaux et interrégionaux, des extrêmes se rencontrant en Jamahiriya arabe libyenne avec 106 m3/habitant et au Congo avec 217 915 m3/habitant. En effet, grâce à un accord avec le Soudan, lÉgypte bénéficie dapports extérieurs (du Nil) très importants; de même, le Congo profite des ressources du fleuve Congo provenant des pays en amont, contrairement à la Jamahiriya arabe libyenne et au Gabon qui ne disposent daucune ressource externe. Lindice de dépendance, qui permet de quantifier la portion des ressources renouvelables générée en dehors du pays et, dès lors, la dépendance du pays vis-à-vis des ressources extérieures, est donc nul pour ces deux derniers pays (tableau 24).
Le tableau 4 présente les ressources en eau renouvelables internes et totales relatives à sept pays pour lesquels les ressources par habitant sont très réduites. En ce qui concerne les ressources en eau renouvelables internes, les sept pays ont actuellement des ressources inférieures au seuil critique de 500 m3/habitant par an, alors quen 1994 Djibouti dépassait légèrement ce seuil. Compte tenu des fleuves internationaux dont les ressources sont partagées avec les pays en amont, lÉgypte, la Mauritanie et le Niger, grâce au Nil, au fleuve Sénégal et au fleuve Niger respectivement, sétablissent au-dessus de ce seuil pour les ressources en eau renouvelables totales. Seuls lAlgérie, Djibouti, la Jamahiriya arabe libyenne et la Tunisie demeurent en dessous ne bénéficiant pas (indice de dépendance nul pour Djibouti et la Jamahiriya arabe libyenne) ou bénéficiant peu (indice inférieur à 10 pour cent pour lAlgérie et la Tunisie) dapports extérieurs. Il faut souligner le cas particulier de lÉgypte qui, de 25 m3/habitant de ressources internes en 2004, voit ses ressources totales sélever à près de 800 m3/habitant en 2004, grâce aux eaux du Nil. Son indice de dépendance est donc très élevé (97 pour cent), mais une large part de cet apport (55.5 km3 soit 98 pour cent) est sécurisée par un traité avec le Soudan, en amont du Nil.
TABLEAU 4
Pays ayant des ressources en eau
inférieures à 500 m³/habitant par an
Pays |
Ressources en eau renouvelables |
Ressources en eau renouvelables |
||
|
1994 |
2004 |
1994 |
2004 |
Algérie |
411 |
348 |
427 |
361 |
Djibouti |
537 |
421 |
537 |
421 |
Égypte |
30 |
25 |
964 |
794 |
Jamahiriya arabe libyenne |
129 |
106 |
129 |
106 |
Mauritanie |
178 |
134 |
5 087 |
3 826 |
Niger |
401 |
282 |
3 852 |
2 710 |
Tunisie |
476 |
422 |
521 |
462 |
Les grands bassins internationaux sont par ordre décroissant de superficie: le Congo (Zaïre), le Nil, le lac Tchad, le Niger, le Zambèze, lOrange, le Sénégal, le Limpopo, et la Volta. Ces neufs bassins couvrent près de la moitié du continent (tableau 5 et figure 9).
La gestion de leurs eaux, partagées entre plusieurs pays, se réalise à travers des organisations de bassin regroupant lensemble ou une partie des pays inclus dans un même bassin. Parmi ceux cités précédemment seul le bassin du fleuve Congo ne dispose pas de ce type dorganisation pour la coordination des actions liées aux ressources hydriques des neuf États compris dans son bassin, bien quil sagisse du plus grand bassin fluvial africain. Les organisations gérant les autres bassins sont:
LInitiative du bassin du Nil ou Nile Basin Initiative (NBI), créée en 1999 à linitiative du Conseil des ministres des ressources hydriques des États du bassin du Nil (Nile COM), fait suite à un premier accord en 1959 entre lÉgypte et le Soudan sur les eaux du fleuve, puis au Comité de coopération technique pour la promotion du développement et de la protection environnementale du bassin du Nil (TECCONILE) en 1993. Parmi les dix pays compris dans le bassin du Nil (Burundi, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Ouganda, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Rwanda et Soudan), seule lÉrythrée ne fait pas partie de la NBI, mais en est un «membre éventuel». Elle participe toutefois au dialogue du Nile COM en tant quobservateur. Linitiative cherche à réaliser un développement socioéconomique durable à travers lutilisation des ressources en eau du bassin du Nil et le partage équitable de leurs bénéfices. Ses principaux objectifs sont donc de: (i) développer les ressources hydriques du Nil dune manière équitable et durable pour assurer la prospérité, la sécurité et la paix pour les habitants; (ii) garantir une gestion efficace de leau et un usage optimal des ressources; (iii) promouvoir la coopération et laction concertée entre les pays membres; et (iv) viser léradication de la pauvreté et lintégration économique.
La Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) a été créée le 24 mai 1964 par la volonté des Chefs dÉtats riverains du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad). La République centrafricaine deviendra le cinquième État membre en 1994. LAlgérie et le Soudan, inclus eux aussi dans le bassin du lac, ne font pas partie de ce «bassin conventionnel». Les principaux objectifs de la CBLT sont: (i) la préservation des ressources limitées en eau; (ii) la restauration du niveau du lac Tchad qui constitue une des plus grandes zones humides dAfrique; (iii) la lutte contre la désertification par la fixation des dunes; (iv) la lutte contre lérosion et la conduite de programmes de régénération végétale; et (v) et la collecte des données sur les ressources pour une gestion efficace du bassin.
LAutorité du bassin du Niger (ABN) créée en 1980, a pris la relève de la Commission du fleuve Niger créée elle-même en 1964. Sur les dix pays inclus dans le bassin (Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte dIvoire, Guinée, Mali, Niger, Nigéria, Tchad), seule lAlgérie ne fait pas partie de lABN. LAutorité a pour objectif «de promouvoir la coopération, entre les pays membres et dassurer un développement intégré du bassin dans tous les domaines par la mise en valeur de ses ressources, notamment en matière dénergie, dhydraulique, dagriculture, délevage, de pêche, de pisciculture, de sylviculture, dexploitation forestière, de transport et communication et dindustrie». Pour ce faire, il faudra réaliser les trois objectifs suivants: (i) harmoniser et coordonner les politiques nationales de mise en valeur des ressources du bassin; (ii) planifier le développement du bassin en élaborant et en exécutant un «Plan de développement intégré du bassin»; et (iii) concevoir, réaliser, exploiter et entretenir des ouvrages et des projets communs.
La Zambezi Watercourse Commission (ZAMCOM) a été signée en 2004 par les huit pays compris dans le bassin du Zambèze: Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, République-Unie de Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Les négociations pour la création de cet organisme de bassin datent des années 1980, mais ont été interrompues au début des années 1990 pour permettre les discussions sur le Protocole des fleuves partagés du SADC signé en 1995. Lobjectif de cette commission est de promouvoir lutilisation équitable et raisonnable des ressources en eau du Zambèze, ainsi que leur gestion efficace et le développement durable. La «Zambezi River Authority» (ZRA) regroupe les gouvernements de la Zambie et du Zimbabwe pour la gestion conjointe du fleuve, mais se concentre plus particulièrement sur la gestion du barrage Kariba, situé sur la frontière tracée par le fleuve lui-même.
La Commission du fleuve Orange-Senqu (ORASECOM) créée en 2000 par les quatre États inclus dans le bassin: Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, et Namibie. Elle est chargée de prendre les mesures nécessaires pour étudier le potentiel des ressources du bassin. En même temps, les capacités humaines et institutionnelles doivent être renforcées pour faciliter la gestion intégrée et efficace des ressources en eau qui rendra possible le développement durable de chacun des pays du bassin.
LOrganisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) créée en 1972 comprend le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. La Guinée, bien quelle partage les eaux du bassin, nen est pas membre sétant retirée de la précédente organisation (Organisation des États riverains du Sénégal de 1968). LOMVS a pris la relève de précédentes organisations, à savoir la Mission détudes et daménagement du fleuve Sénégal (MEAF) créée en 1934, la Mission daménagement du fleuve Sénégal (MAS) en 1938 qui devient en 1959 un organe commun de mise en valeur du fleuve au service des trois États autonomes, le Comité inter-États en 1963 incluant aussi la Guinée, et enfin lOrganisation des États riverains du fleuve Sénégal en 1968. Sa mission est: (i) de réaliser lobjectif dautosuffisance alimentaire pour les populations du bassin et de la sous région; (ii) de sécuriser et daméliorer les revenus des populations de la vallée; (iii) de préserver léquilibre des écosystèmes dans la sous-région et plus particulièrement dans le bassin; (iv) de réduire la vulnérabilité des économies des États membres face aux aléas climatiques et aux facteurs extérieurs; et enfin (v) daccélérer le développement économique des États membres.
En 2002, les quatre pays riverains du Limpopo (Afrique du Sud, Botswana, Mozambique et Zimbabwe) semployaient à mettre en place la Commission du Basin du Limpopo (LIMCOM) qui devait remplacer le comité technique permanent du bassin du Limpopo.
Un organisme nexiste pas encore pour le bassin de la Volta, mais sa création semble imminente. Parmi les six pays du bassin (Bénin, Burkina Faso, Côte dIvoire, Ghana, Mali et Togo), le Ghana et le Burkina Faso ont déjà renforcé leur concertation pour la gestion de leurs ressources en eau partagées au titre du Projet damélioration de la gouvernance de leau dans le bassin de la Volta (PAGEV) lancé en juillet 2004. La première session du Comité technique du bassin de la Volta (CTBV), regroupant des experts des ministères chargés de leau des six États partageant le bassin de la Volta, sest tenue en mars 2005. Elle a permis ladoption du règlement intérieur et lélection du bureau CTBV dont la mission est doeuvrer pour la mise en place dun organisme du bassin de la Volta.
TABLEAU 5
Les neuf grands bassins
internationaux
Bassin |
Superficie |
Pays inclus |
|
|
km² |
% de lAfrique |
|
Congo/Zaïre |
3 789 053 |
12.5 |
Angola, Burundi, Cameroun, Congo, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Zambie |
Nil |
3 112 369 |
10.3 |
Burundi, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Ouganda, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Soudan |
Lac Tchad |
2 381 635 |
7.8 |
Algérie, Cameroun, Niger, Nigéria, République centrafricaine, Soudan, Tchad |
Niger |
2 273 946 |
7.5 |
Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte dIvoire, Guinée, Mali, Niger, Nigéria, Tchad |
Zambèze |
1 340 291 |
4.5 |
Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, République-Unie de Tanzanie, Zambie, Zimbabwe |
Orange-Senqu |
896 368 |
3.0 |
Afrique du Sud, Botswana, Lesotho,Namibie |
Sénégal |
483 181 |
1.6 |
Guinée, Mali, Mauritanie,Sénégal |
Limpopo |
412 938 |
1.3 |
Afrique du Sud,Botswana, Mozambique, Zimbabwe |
Volta |
394 196 |
1.3 |
Bénin, Burkina Faso, Côte dIvoire, Ghana,Mali, Togo |
TOTAL |
15 083 977 |
42.3 |
|
La capacité des barrages en Afrique est de 798 km3 dont 726 km3 concernent 53 grands barrages installés dans 22 bassins hydrographiques (tableau 25). Sur les neuf grands fleuves internationaux indiqués au tableau 5 sont construits 31 grands barrages dune capacité de 643 km3. Les capacités des barrages connaissent de grandes variations entre les régions. Le Sud renferme plus dun tiers de la capacité des barrages du continent (39 pour cent), suivi des régions du golfe de Guinée (29 pour cent) et du Nord (24 pour cent), alors que les régions du Centre et des îles, les plus arrosées du continent, ont une très faible capacité (tableau 6). Les cinq principaux barrages (situés dans les trois régions dotées de la majeure capacité du continent) totalisent 565 km3 de capacité, soit 71 pour cent de la capacité totale de lAfrique (tableau 7); celui ayant la plus grande capacité est le barrage de Kariba (188 km3) partagé par la Zambie et le Zimbabwe. Plus de la moitié des barrages sont situés dans la région du Sud du fait, probablement, que linventaire des barrages sud-africains est plus précis car il tient compte même de ceux de faible capacité.
TABLEAU 6
Distribution régionale des
barrages
Région |
Capacité des barrages |
Nombre de |
|
|
km³ |
% Afrique |
|
Nord |
194.03 |
24.3 |
230 |
Soudano-sahélienne |
30.13 |
3.8 |
90 |
Golfe de Guinée |
234.62 |
29.4 |
126 |
Centre |
4.74 |
0.6 |
45 |
Est |
27.06 |
3.4 |
33 |
Sud |
306.51 |
38.4 |
723 |
Îles de locéan Indien |
0.59 |
0.1 |
24 |
AFRIQUE |
797.68 |
100 |
1 271 |
TABLEAU 7
Les cinq plus grands barrages
africains
Barrage |
Fleuve |
Capacité |
Principales utilisations |
Pays |
Kariba |
Zambèze |
188 |
Hydro-électricité |
Zambie et Zimbabwe |
Aswan |
Nil |
162 |
Irrigation, hydro-électricité et contrôle des |
Égypte |
Akosombo |
Volta |
148 |
Hydro-électricité |
Ghana |
Chahora |
Zambèze |
39 |
Irrigation, hydro-électricité et contrôle des |
Mozambique |
Koussou |
Bandama |
28 |
Hydro-électricité |
Côte dIvoire |
TABLEAU 8
Distribution régionale des ressources
en eau non conventionnelles et leurs utilisations
Région |
Eaux usées produites |
Eaux usées traitées |
Eaux usées traitées réutilisées |
Eau dessalée |
|
(millions de m3) |
|||
Nord |
5 963 |
3 199 |
3 032 |
155.2 |
Soudano-sahélienne |
24 |
1.8 |
0.7 |
3.6 |
Golfe de Guinée |
- |
- |
- |
- |
Centre |
- |
- |
- |
- |
Est |
- |
- |
- |
- |
Sud |
3 255 |
3 217 |
- |
18 |
Îles de l'océan Indien |
8.8 |
21.6 |
0.01 |
1 |
TOTAL |
9 250.8 |
6 439.4 |
3 032.71 |
177.8 |
Les données concernant les eaux non conventionnelles ne sont disponibles que pour 15 pays. Ce sont en particulier ceux dont les ressources renouvelables sont limitées et qui utilisent déjà une part très importante de leurs eaux. Le tableau 8 montre quils appartiennent principalement à la région du Nord et beaucoup moins à celle du Sud. La réutilisation des eaux usées traitées et le dessalement de leau sont principalement le fait des pays arides ayant des ressources limitées et cherchant un moyen de les accroître. On peut citer parmi les principaux pays pratiquant le dessalement: lÉgypte, lAfrique du Sud, la Jamahiriya arabe libyenne, lAlgérie, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie, le Cap-Vert, les Seychelles, le Soudan et Djibouti par ordre décroissant de production deau dessalée. Quelques pays ont également initié des projets de périmètres irrigués où lutilisation des eaux usées traitées est orientée principalement vers lagriculture urbaine et périurbaine.
Labsence de données sur les quantités deaux usées produites et/ou traitées dans les régions du golfe de Guinée, du Centre et de lEst reflète le manque, dans de nombreux pays, de systèmes dassainissement et de traitement des eaux usées ou leur inefficacité.
Les données sur les prélèvements en eau indiquent la quantité brute deau extraite annuellement pour un usage donné. Le tableau 9 présente la distribution des prélèvements en eau par région pour les trois grands secteurs consommateurs: lagriculture (lirrigation et labreuvement du bétail), lapprovisionnement des populations (consommation par les collectivités) et lindustrie. Les besoins en eau à des fins énergétiques (hydro-électricité), pour la navigation, la pêche, les mines, lenvironnement et les loisirs, bien que pouvant mobiliser une part significative des écoulements, ont un faible taux de consommation nette. Cest pourquoi ils ne sont pas inclus dans le calcul des prélèvements régionaux, mais apparaissent dans les monographies par pays lorsque linformation est disponible.
TABLEAU 9
Distribution régionale des
prélèvements en eau
Région |
Prélèvements annuels par secteur |
||||||||||
|
Agriculture |
Collectivités |
Industrie |
Total |
|||||||
|
millions |
% du |
millions |
% du |
m³ par |
millions |
% du |
millions |
% de |
m³ par |
% des |
Nord |
79 657 |
85 |
8 837 |
9 |
58 |
5 395 |
6 |
93 889 |
43.7 |
616 |
200 |
Soudano-sahélienne |
52 369 |
95 |
2 133 |
4 |
19 |
445 |
1 |
54 948 |
25.7 |
486 |
34 |
Golfe de Guinée |
8 821 |
71 |
2 459 |
20 |
13 |
1 115 |
9 |
12 395 |
5.8 |
63 |
1.3 |
Centre |
1 114 |
56 |
640 |
32 |
7 |
239 |
12 |
1 993 |
0.9 |
21 |
0.1 |
Est |
12 445 |
88 |
1 549 |
11 |
8 |
221 |
1 |
14 215 |
6.6 |
77 |
5 |
Sud |
15 134 |
70 |
5 194 |
24 |
48 |
1 330 |
6 |
21 657 |
10.0 |
202 |
8 |
Îles de locéan Indien |
14 809 |
94 |
650 |
4 |
32 |
258 |
2 |
15 717 |
7.3 |
786 |
4.6 |
AFRIQUE |
184 349 |
86 |
21 462 |
10 |
25 |
9 003 |
4 |
214 814 |
100.0 |
247 |
5.5 |
Pour la plupart des pays, les méthodes de calcul ou de mesure utilisées pour lobtention des valeurs des prélèvements ne sont pas précisées. Pour les pays dont les données récentes nétaient pas disponibles ou nétaient pas fiables, on a utilisé les estimations de prélèvement calculées par AQUASTAT pour lannée 2000.
Les prélèvements totaux annuels de lAfrique sélèvent à 215 km3, soit à peine 5.5 pour cent des ressources renouvelables du continent (tableau 9). Ils représentent moins de 6 pour cent des prélèvements mondiaux (tableau 32). À léchelle du continent, 86 pour cent des prélèvements recensés sont destinés à lagriculture, valeur supérieure aux prélèvements agricoles mondiaux (70 pour cent). Cependant ce chiffre varie de manière très marquée: la région Soudano-sahélienne et les îles de locéan Indien ont les prélèvements agricoles les plus importants (95 pour cent et 94 pour cent respectivement des prélèvements régionaux totaux), alors que la région du Centre ne destine que 56 pour cent de ses prélèvements à lagriculture. Les précipitations annuelles de cette dernière région lui permettent en effet des cultures pluviales, qui ne sont pas réalisables dans les pays arides. Dune manière générale, comme en 1995, ce sont ces pays qui prélèvent le plus deau; en effet, dans le Nord et la région Soudano-sahélienne se concentrent près de 70 pour cent des prélèvements africains. Ces deux régions couvrent près de la moitié du continent (48 pour cent) et possèdent les deux tiers des superficies irriguées (67 pour cent).
En réalité, à léchelle régionale, ces valeurs sont fortement influencées par quelques pays: lÉgypte dans la région du Nord (73 pour cent des prélèvements de la région), le Soudan pour la région Soudano-sahélienne (67 pour cent), le Cameroun pour le Centre (49 pour cent), lÉthiopie et la République-Unie de Tanzanie de manière égale pour lEst (76 pour cent), le Nigéria pour le golfe de Guinée (65 pour cent), et lAfrique du Sud pour le Sud (58 pour cent) (tableau 26). À eux seuls, ces sept pays totalisent 64 pour cent des prélèvements africains, mais ils hébergent aussi 47 pour cent de la population et 67 pour cent des superficies irriguées, bien quils noccupent que 27 pour cent de la superficie du continent.
Les prélèvements par habitant atteignent 247 m3/an, mais cette moyenne cache dimportantes variations à léchelle régionale, ainsi quau sein dune même région; elles vont de 21 m3/an dans la région du Centre (avec 6 m3/an en République centrafricaine et 7 m3/an en République démocratique du Congo) à 786 m3/an par habitant dans les îles (figure 10). Ces régions correspondent en effet à celles dont le taux de prélèvement, en fonction des ressources renouvelables internes en eau, est le plus faible pour le Centre (0.1 pour cent), et le plus élevé pour le Nord (200 pour cent) (figure 11). Ce dernier taux sexplique par lapport et lutilisation de ressources en eau extérieures à la région (eaux du Nil en Égypte), et dans une moindre mesure par lutilisation de ressources non renouvelables (Algérie, Jamahiriya arabe libyenne).
Les prélèvements domestiques par habitant sont largement inférieurs avec 25 m3/an sur lensemble du continent et des variations régionales et nationales assez faibles par rapport aux prélèvements agricoles: de 7 m3/habitant dans le Centre à 58 m3/habitant dans le Nord. Les Somaliens sont ceux qui utilisent le moins deau pour leurs besoins domestiques (moins de 1.5 m3/an par habitant), alors que la consommation domestique annuelle de Maurice dépasse 173 m3 par habitant, valeur très certainement influencée par le tourisme.
Le tableau 10 présente les potentiels dirrigation par bassin hydrographique. Grâce à cette distribution par bassin, les ressources en eau partagées par plusieurs pays, notamment les fleuves internationaux, ne sont comptabilisées quune seule fois. Le potentiel dirrigation prend généralement en compte à la fois les terres irrigables et les ressources renouvelables disponibles. Toutefois, les méthodes destimation à léchelle nationale sont variables et diverses estimations sont parfois disponibles pour un même pays, suivant les facteurs pris en considération (ressources, techniques, économie, environnement, etc.).
Le potentiel dirrigation du continent est estimé à plus de 42.5 millions dhectares, compte tenu du potentiel dirrigation par bassin et des ressources en eau renouvelables (figure 12). Un tiers de ce potentiel se concentre dans deux pays très humides: lAngola et la République démocratique du Congo. Il faut aussi noter que pour deux pays le potentiel dirrigation est inférieur aux superficies en contrôle de leau (voir la section suivante): lAlgérie où ces dernières constituent 112 pour cent du potentiel et la Jamahiriya arabe libyenne 1 175 pour cent (tableau 28). Ces pays utilisent également leau de nappes fossiles non renouvelables pour lirrigation, tandis que le chiffre sur le potentiel dirrigation considère uniquement les ressources en eau renouvelables. Ils sont aussi au nombre des pays ayant développé les ressources en eau non conventionnelles.
TABLEAU 10
Distribution par bassin du potentiel
dirrigation
Bassin |
Potentiel dirrigation |
% du potentiel africain |
Régions |
Congo/Zaïre |
9 800 000 |
23 |
Centre, Est, Sud |
Nil |
8 000 000 |
19 |
Nord, Soudano-sahélienne, Centre, Est |
Niger |
2 816 510 |
7 |
Nord, golfe de Guinée, Centre, Soudano-sahélienne |
Zambèze |
3 160 380 |
7 |
Centre, Sud, Est |
Lac Tchad |
1 163 200 |
3 |
Nord, Centre, Soudano-sahélienne, golfe de Guinée |
Rift Valley |
844 010 |
2 |
Soudano-sahélienne, Est |
Sénégal |
420 000 |
1 |
Golfe de Guinée, Soudano-sahélienne |
Volta |
1 487 000 |
3 |
Golfe de Guinée, Soudano-sahélienne |
Orange-Senqu |
390 000 |
1 |
Sud |
Shebelle-Juba |
351 460 |
1 |
Soudano-sahélienne, Est |
Limpopo |
295 400 |
0.5 |
Sud |
Okavango |
208 060 |
0.5 |
Centre, Sud |
Intérieur Sud |
54 000 |
0 |
Centre, Sud |
Côte Nord |
2 199 050 |
5 |
Nord, Soudano-sahélienne, Est |
Côte Ouest |
6 268 650 |
15 |
Soudano-sahélienne, golfe de Guinée, Centre, Sud |
Côte Sud |
1 584 200 |
4 |
Sud |
Côte orientale centrale |
1 927 460 |
4.5 |
Soudano-sahélienne, Est, Sud |
Madagascar et îles |
1 534 990 |
3.5 |
Îles de locéan Indien |
AFRIQUE |
42 504 370 |
100 |
|