L'un de principaux défis des décennies à venir sera de parvenir à distribuer efficacement des produits alimentaires nutritifs et peu coûteux aux populations urbaines les plus démunies. |
Groupes de travail
Session 1: 15 avril 1997
Groupe 1.1: | Le consommateur urbain africain et les SADA |
Groupe 1.2: | La distribution alimentaire moderne en Afrique |
Groupe 1.3: | L'organisation des SADA dans les zones rurales |
Groupe 1.4: | Etat, collectivités locales et développement des SADA en Afrique |
Groupe 1.5: | Le secteur informel du commerce alimentaire en Afrique |
Groupe 1.6: | L'agriculture périurbaine et les SADA en Afrique |
Session 2: 16 avril 1997
Groupe 2.1: | La méthodologie d'analyse des SADA |
Groupe 2.2: | La planification urbaine de la distribution alimentaire en Afrique |
Groupe 2.3: | Les politiques et les programmes de développement des SADA |
Groupe 2.4: | Les femmes et le commerce alimentaire en Afrique |
Groupe 2.5: | Le transport alimentaire en Afrique |
Groupe 2.6: | Le cadre législatif et réglementaire du développement des SADA en Afrique |
Groupe 2.7: | La qualité alimentaire dans les SADA |
Animateurs
BIKORIMANA Nestor, CHEYNS Emmanuelle et PADILLA Martine
Participants
ANTOINE Philippe, BAILHACHE Robert, DIAGNE Thierno, FAROLFI Stefano, GUIRO Amadou, HASSABALLAH Mahamat Ali, KAMARA Bonafodé, KEBE Moustapha, KOUASSI Bernard, LEOLIN Nja Kwa, LO Serigne T., LY Ibrahima Amadou, MUKANKUSI Assumpta, ROSSETTI Dominique, TEME Bino
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
L'analyse des rapports entre les consommateurs urbains et les SADA a montré non seulement la complexité du sujet mais également qu'il n'existe pas un seul type de consommateur urbain. Il apparaît de ce fait impossible de dresser un «portrait robot» du consommateur.
L'analyse conduit à répertorier un certain nombre de variables pertinentes qui, selon les pays et les cas étudiés, sont autant de grilles d'entrée pour la connaissance des consommateurs urbains:
historique et géographique (périodes de migration, origine géographique, etc.);
conditions de vie en ville (éloignement du domicile au lieu de travail ou de scolarisation, activité à l'extérieur des femmes, journée continue, trafic, etc.);
démographique (composition et structure du ménage, etc.);
style alimentaire (importance respective de la consommation de groupe vs. individuelle, consommation familiale vs. extra-familiale, etc.);
socio-économique (pouvoir d'achat, gestion du budget alimentaire, accessibilité aux produits, etc.);
relations entre acteurs des SADA (en particulier, relations privilégiées ou non tissées entre consommateurs et commerçants);
culturelle (religion, etc.).
Même si la connaissance des consommateurs urbains progresse, celle-ci est encore très limitée. Une meilleure approche est nécessaire dans la mesure où les consommateurs se situent en aval des SADA et interagissent avec eux de manière différente.
Principales difficultés et contraintes
Le consommateur urbain: acteur individuel
En ce qui concerne l'évolution des modes de consommation et l'environnement du consommateur urbain, les tendances suivantes sont observées:
l'accroissement de la restauration de rue comme mode d'alimentation des urbains;
les problèmes de disponibilités et d'approvisionnement des aliments;
les problèmes d'accessibilité monétaire aux produits;
la crise énergétique et le recours accru au bois de chauffage;
les problèmes de qualité des produits.
Enfin on relèvera, en particulier pour les pays dans lesquels les céréales locales fournissent encore une part prépondérante de la base alimentaire, les difficultés d'usage de ces produits: on peut se demander si leur mode de commercialisation actuel répond à l'évolution des conditions de vie des ménagères. N'y a-t-il pas un risque de recours accru aux céréales importées plus commode d'usage?
Ce dernier point conduit à soulever deux questions fondamentales quant à l'évolution du rôle des femmes dans l'alimentation domestique en milieu urbain:
les femmes, dans quelques années, accepterontelles de passer autant de temps à l'approvisionnement et à la préparation des repas? Y aura-t-il autant de «domestiques» pour se charger de la préparation ou de certaines opérations culinaires?
comment vont évoluer les savoirs culinaires? Est-ce qu'il y aura autant de femmes qui maîtriseront les savoirs culinaires traditionnels? Comment va évoluer la connaissance des consommateurs sur les produits et les plats?
Le consommateur urbain: acteur collectif
On note le développement des associations de consommateurs dans de nombreux pays africains avec des formes nouvelles d'action et d'organisation. D'une part, aux actions de lobbying propres aux associations de première génération sont venues s'ajouter aujourd'hui des interventions visant l'organisation de centrales d'achat ou de stocks de sécurité; d'autre part, l'organisation même du mouvement associatif tient compte beaucoup plus de la base sociale. Leur action parait primordiale; elle est cependant entravée par différentes contraintes (variables selon les cas):
le manque de compétence dans divers domaines, notamment juridique et technique;
une connaissance encore insuffisante de leur base sociale;
ces associations ne sont pas assez spécialisées;
elles ont encore du mal à se faire entendre des structures publiques (bien qu'une reconnaissance de leur action par l'Etat se fasse graduellement);
l'opposition des commerçants;
un accès difficile au crédit, pourtant rendu nécessaire par le type d'action engagée.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Toute action doit aller dans le sens d'une reconnaissance du consommateur comme acteur, d'où la nécessité de favoriser des démarches «rechercheaction» auxquelles les acteurs participent et soient réellement associés.
Les politiques et activités de développement concernées sont les suivantes:
le renforcement des organismes de contrôle de la qualité des produits alimentaires et l'harmonisation de ces systèmes de contrôle;
l'information et la sensibilisation du consommateur à son statut et à ses droits. Les lois et procédures actuelles permettent-elles de faire valoir ces droits?;
l'information et la sensibilisation aux valeurs nutritives des produits alimentaires. Dans une perspective de valorisation de produits locaux, il ne suffit pas d'insister sur l'aspect nutritif du produit pour qu'il soit consommé, mais il est nécessaire parfois de mettre d'autres aspects en avant:
Thèmes de recherche
Ils concernent trois domaines:
l'aspect méthodologique qui consiste à développer des méthodes d'analyse permettant aux intéressés de disposer d'outils d'analyse du comportement du consommateur;
la connaissance des consommateurs urbains en tant qu'acteurs individuels et collectifs pour approfondir leur perception des différents lieux de vente, ainsi que les relations entretenues avec les commerçants. En particulier:
Un numéro spécial de la Revue ou de la Collection «Aliments dans les villes» pourrait être proposé sur les consommateurs urbains à partir des documents déjà disponibles dans le cadre de la Revue ou de la Collection «Aliments dans les villes», et de ceux qui seront réalisés sur d'autres thèmes de réflexion ou de recherche.
Animateurs
BARRE Philippe, TOLLENS Eric et WILHELM Laurence
Participants
AGUIE Amoffon Germain, ANOH Kouassi Paul, BONI Anet, DIOP Mamadou Salif, DIOUF Mamadou, DIOUF Samba, KOUASSI Andon Kouakou, MOREL François André, NADO Christophe Ottey, NALOUROUGO Soro, NANE Lorougnon, OULD TAR Sidaty, SOUMARE Harouna, TRAORE Youssouf
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
Tout en étant conscients des multiples problèmes qui se posent au niveau de la distribution alimentaire, les participants ont estimé nécessaire d'axer leur réflexion sur le commerce de gros.
En distinguant la fonction de gros de l'espace où elle a lieu, on constate que la fonction de gros est assurée dans toutes les villes et que, suivant les types de produits, les lieux et les conditions d'exercice, ces activités diffèrent. En particulier:
l'activité des grossistes de céréales s'exerce dans des magasins concentrés dans un quartier ou à proximité des grands marchés de consommation, ou encore dispersés dans la ville;
en revanche, dans le cas des produits vivriers périssables (banane plantain, produits maraîchers, fruits et légumes, etc.), l'activité de gros, même si elle s'exerce dans des endroits bien identifiés - sur ou à côté des places de marchés, aux carrefours, sur des plates-formes en terre battue, etc. - ne bénéficie d'aucun aménagement adéquat et se déroule partout dans des conditions très défectueuses, comme c'est le cas pour les grossistes d'Abobo à Abidjan, ou ceux de Bouaké et de Bamako.
on constate également que la situation est identique pour le poisson, par exemple à Dakar, avant la construction du nouveau marché.
Alors que l'idée de la réalisation de marchés de gros se développe de plus en plus en Afrique, est-ce qu'un même type d'infrastructure pourrait constituer la réponse à toutes les situations?
L'analyse a souligné que, dans le cas de Bouaké, les besoins des grossistes ayant été très tôt pris en compte, et ces opérateurs ayant été associés à toutes les étapes du projet, il était permis de penser que le type d'équipement réalisé pouvait constituer une première réponse à leurs préoccupations.
Dans d'autres cas, des infrastructures de types différents pourraient correspondre aux exigences de la modernisation.
Principales difficultés et contraintes
Etant donné la nature des produits en question, les conditions actuelles dans lesquelles se déroulent les activités des grossistes représentent de véritables dangers pour l'hygiène et la santé de tous, avec des risques économiques de performance médiocre.
Les conséquences sociales de ces dysfonctionnements appellent des solutions politiques nationales et locales.
Des équipements modernes sont donc nécessaires pour développer la concurrence entre opérateurs.
Au stade actuel du développement des pays africains, il est nécessaire d'introduire des mécanismes modernes de distribution. En particulier, il est nécesaire de distinguer entre les stades de gros et de détail et de réaliser des infrastructures spécifiques pour l'un et l'autre.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Les Autorités doivent prendre conscience que les conditions actuelles d'exercice des opérateurs grossistes seront la cause de risques graves pour la collectivité toute entière en matière de santé et d'hygiène et entraîneront des conséquences économiques.
Elles doivent aussi prendre conscience que l'on ne peut pas faire évoluer les opérateurs dans le cadre actuel et qu'il est nécessaire par conséquent de différencier les marchés de détail de ceux de gros en réalisant des équipements adaptés à chaque fonction et physiquement séparés.
Elles doivent en outre prévoir des surfaces d'extension suffisantes pour assurer le développement et la diversification des activités.
Les relations entre opérateurs économiques et Autorités (élus) ont besoin d'être décrispées et moins électoralistes de façon à permettre une meilleure appréciation de l'intérêt général. C'est pourquoi les Autorités doivent s'impliquer dans la réalisation et la gestion de ces équipements.
Quel que soit le type d'infrastructure à réaliser, il apparaît indispensable pour la conception du projet de prendre en considération les préoccupations des professionnels par la concertation, l'information et la sensibilisation afin que l'équipement réalisé soit adapté aux besoins et à la capacité financière des opérateurs.
Après la réalisation de l'équipement, il est nécessaire de procéder à la formation des opérateurs pour son utilisation, son entretien et sa gestion auxquels ils devront être étroitement associés.
Il faut trouver le type d'organisation propre à la nature de l'activité des grossistes concernés qui leur permettront de tirer le meilleur parti des investissements réalisés.
Il est important d'étudier avec les opérateurs les innovations technologiques qui leur permettront d'améliorer leur compétitivité (par exemple normalisation, conditionnement, manutention, etc.).
Afin d'offrir les meilleures chances de réussite des équipements à réaliser, il importe de favoriser les rencontres entre praticiens - opérateurs comme techniciens - des différents pays pour confronter leurs expériences.
Thèmes de recherche
Les thèmes de réflexion et de recherche futures devront prendre en compte les préoccupations des praticiens et des gestionnaires des marchés de la ville afin d'en garantir la pertinence.
En rapport avec la problématique de la distribution moderne, des études devraient être menées, notamment sur les différents modes de gestion des marchés les plus adaptés aux activités concernées et aux réalités socio-économiques de chaque pays.
Animateurs
SNRECH Serge et TERPEND Noëlle
Participants
DIOP Assane, ESSOH Georges, FALL Babakar, GBEBOUTIN Epiphane, HAUSER Eberhard, JOST Stéphane, MUJAWAYEZU Prisca, ROBERTS Richard, SANOGO Bakary, SORGHO Sineon
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
La problématique considère le point de vue des acteurs en début de la chaîne des SADA: les producteurs.
Deux questions de fond ont orienté la réflexion du groupe de travail:
comment faire pour que les attentes des ruraux en matière de revenus et de sécurité soient satisfaites dans un équilibre favorable aux urbains, et à l'économie en général (volumes importants, marges limitées) et non pas dans un équilibre inférieur (volumes faibles, marges élevées)?
pour ce faire, comment limiter les divers risques (en particulier le risque commercial) auxquels sont exposés les opérateurs afin de les amener à réduire leurs marges?
Principales difficultés et contraintes
Les contraintes relèvent:
Pour les producteurs
L'environnement même des marchés vivriers qui ne permet ni de prévoir les volumes pouvant être vendus (conditions climatiques et leurs effets sur les rendements), ni les prix qui pourront être obtenus (conditions des marchés vivriers hautement volatiles);
les modes d'épargne fortement liés au système de production et contrariant l'optimisation économique (bétail);
l'absence de systèmes de financement et de crédit adaptés au risque agricole;
les facteurs techniques inadéquats: stockage, conditionnement, conservation;
les relations entre commerçants et producteurs (avances des produits aux commerçants et paiement du producteur au retour du marché supposant la confiance);
l'absence d'informations sur les marchés vivriers urbains.
Pour les commerçants
Le manque de professionnalisme lié à une forte pluri-activité;
les problèmes financiers (faiblesse des fonds de roulement, difficultés d'obtenir des crédits bancaires, de faire fonctionner des systèmes financiers collectifs du fait d'une forte concurrence au sein du groupe);
les conditions de transport défectueuses;
les différentes taxes sauvages sur les axes routiers et droits de passage perçus par les communes avant d'avoir accès aux grands marchés;
la désorganisation des opérateurs (individualisme).
A moyen terme, en l'absence de toute intervention, les conséquences majeures se feront sentir essentiellement au niveau de la production, la commercialisation s'adaptant (certes dans un équilibre inférieur) si le marché est raisonnablement libre.
En tout état de cause, l'évolution de la situation dépendra principalement des facteurs suivants:
du pouvoir d'achat des urbains (plus celui-ci augmente, plus il favorise une diversification alimentaire qui permet à chaque paysan de trouver son créneau):
de l'évolution des marchés mondiaux (achat et vente).
Le rôle de l'Etat n'apparaît pas décisif mais il peut permettre des évolutions plus harmonieuses, limiter les excès dans les deux sens, les emballements et les retours en arrière.
L'Etat doit avant tout se concentrer sur ses fonctions régaliennes (justice, police, infrastructures, taux directeur du crédit, régulation commerciale au travers d'une politique d'import-export, etc.). En particulier, il a un rôle principal en matière de régulation et de stabilisation du marché, mais doit s'abstenir d'intervenir par le biais des subventions. Un des facteurs essentiels à la régulation des marchés est l'information de l'ensemble des acteurs (la presse privée peut jouer un rôle important de médiateur et de garant de la transparence). L'Etat doit enfin susciter les discussions et négociations directes entre les divers acteurs: producteurs, commerçants, consommateurs.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
En direction des producteurs
Travailler sur les intrants et le crédit;
régler les problèmes du foncier pour développer l'investissement privé dans les infrastructures de production;
encourager les liens directs entre ruraux et entrepreneurs privés;
créer des routes et des pistes pour l'écoulement de la production.
En direction des commerçants
Développer des crédits adaptés à la commercialisation;
encourager la spécialisation progressive des opérateurs privés afin d'augmenter leur professionnalisation, mais aussi afin de mieux les identifier;
former les commerçants (groupes bien ciblés), en particulier les femmes.
En direction des autorités
Donner un cadre légal clair pour des opérations correspondant avec les intérêts des producteurs et des consommateurs;
réguler les plus grands excès; en particulier, éviter les cartels et les monopoles;
améliorer la connaissance du marché mondial pour tenter d'ajuster les économies nationales aux fluctuations prévisibles à moyen terme;
développer une politique de crédit et de financement;
améliorer la concertation et le suivi des filières agroalimentaires.
Les actions d'information et de formation ainsi que l'élaboration des outils méthodologiques jouent un rôle important pour la réalisation de ces objectifs.
Information
Favoriser les échanges entre les sytèmes d'information régionaux afin de parvenir à des comparaisons entre pays (notamment sur les coûts de commercialisation);
améliorer les informations sur les marchés mondiaux;
harmoniser les méthodes des statistiques agricoles, les simplifier, recourir aux moyens électroniques afin d'améliorer les échanges d'information et confronter les informations afin de dépister les incohérences;
élargir les bilans de campagne aux produits maraîchers. Cela pose nécessairement des problèmes méthodologiques étant donné la rareté et faiblesse des statistiques concernant ces produits;
améliorer la compréhension et l'utilisation, par tous les bénéficiaires, des informations fournies par les Services d'information sur les marchés (SIM);
renforcer la multidisciplinarité et l'interdisciplinarité des analyses.
Formation
Former les opérateurs économiques aux techniques de lobbying et de planification stratégique;
mieux intégrer dans l'enseignement, à tous les niveaux, des notions de base sur le marketing mais aussi sur les logiques sociales et leur importance;
renforcer les contacts entre opérateurs économiques Sud-Sud et Nord-Sud.
Thèmes de recherche
Les facteurs de commercialisation: marges commerciales et structures de prix, stratégies de mise en marché et calcul du disponible mis en marché dans divers contextes (produits et pays);
les flux des produits dans l'espace et leurs déterminants;
l'identification et l'étude de formes contractuelles originales entre offre et demande;
les méthodes de conservation traditionnelles peu coûteuses (poursuivre ce qui existe déjà au niveau de la FAO);
des études de cas de pays spécifiques (par exemple le Nigéria), afin d'en dégager les leçons et expériences.
L'information disponible sur les aspects spécifiquement ruraux des SADA ne permet pas à court terme de préparer un numéro spécial de la Revue et Collection «Aliments dans les villes», en dépit de l'intérêt évident du thème. Cela sera peut-être possible si les études de cas suggérées aboutissent.
Animateurs
BADIANE Alioune et GNAMMON-ADIKO Agnès
Participants
BIBI Antonine Rose, DE LARDEMELLE Lucien, DIALLO Youssoupha, IMBESI Giuseppe, KONARE Nafissatou, NTAGANIRA Justin, SALL Farba Lamine, SONON Cyprien, SYLLA Yatma, TRAORE Alphamoye, ZORDANE Fathi
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
Rôle des collectivités locales dans les SADA
Ce rôle suppose au préalable que l'Etat joue le jeu de la décentralisation et respecte les attributions des différents acteurs, et que soient donnés aux municipalités les bases et le pouvoir de décision.
L'organisation, la création, la gestion des marchés de détail et des marchés terminaux sont du ressort des collectivités locales. Elles ont donc un rôle décisif pour que la croissance des équipments soit en rapport avec le développement des SADA et dans le respect de la réglementation qui les concerne.
Les politiques urbaines que les collectivités locales sont appelées à mener dans le cadre des SADA concernent plus spécifiquement en matière de planification:
la programmation des équipements marchands et des infrastructures futures en rapport avec la croissance urbaine et celle du secteur marchand de l'approvisionnement (ce qui suppose une maîtrise du foncier et/ou une répartition entre domaine public de l'Etat et de la commune);
la conception de marchés spécialisés pour certains types de produits (poisson, viande, marchés mixtes), d'infrastructures et services (eau, voirie, éventuellement chambres froides, etc.) et la localisation des marchés.
A cette fin, les collectivités locales sont appelées à engager des modes de partenariat et de concertation avec les associations de commerçants et/ou le secteur privé sur des sujets tels que la conception du marché en réponse aux besoins des usagers, la gestion, la maintenance, éventuellement leur participation au financement des superstructures (boutiques, hangars, etc).
A cet égard, différentes reponsabilités dans la gestion, la construction, les services, peuvent être transférées à des privés qui sont soit les usagers commerçants, soit des entreprises locales (les concessionnaires). La privatisation des services peut notamment fournir l'opportunité de mobiliser des ressources financières, accélérer les réalisations, améliorer l'efficacité des SADA, alléger les responsabilités des collectivités locales libres de mobiliser leurs ressources dans d'autres secteurs, améliorer le niveau de ces services et réduire leurs coûts.
Une action importante de réglementation dans le cadre des SADA
Cet aspect peut être analysé aux niveaux complémentaires suivants:
l'accès à l'espace urbain (l'agglomération);
la police de circulation et la facilitation de l'accès (horaire d'entrée et de sortie);
la police pour contrôler la qualité des produits qui arrivent sur les marchés.
L'organisation des marchés
La réglementation concernant les horaires, les emplacements des stationnements et des marchands, la sécurité incendie, l'interdiction des branchements frauduleux (eau, électricité, etc.), l'utilisation du feu, l'hygièegrave;ne et la salubrité des lieux et des marchandises, la transformation des marchés en lieux d'habitation, etc.
La gestion de l'espace marchand
Elle concerne:
la gestion des lieux:
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Planification urbaine
Une planification qui doit mieux anticiper le développement des besoins futurs de la ville et organiser le cadre de concertation avec les acteurs.
Les marchés
Trouver des moyens alternatifs à la gestion directe des marchés par les Autorités;
favoriser le partenariat avec le secteur privé, y compris avec les marchands eux-mêmes (syndicats, associations, partenariat avec le milieu bancaire et celui des assurances, etc.);
intéresser le secteur financier par des actions d'information et de sensibilisation.
L'information et l'organisation des acteurs
informer les producteurs sur la demande des marchés urbains;
sensibiliser les marchés sur les disponibilités des produits;
informer les consommateurs sur la tendance des prix et la qualité disponible;
encourager la création et le fonctionnement des associations de défense des intérêts des consommateurs;
obtenir des moyens de l'Etat, des collectivités locales, des associations de commerçants et de consommateurs;
recueillir des informations auprès des institutions internationales (FAO, USAID, etc.) et de l'Etat sur les pénuries.
Contrôle de qualité
Mise en place de laboratoires pour le contrôle de la qualité des produits alimentaires importés.
Thèmes de recherche
Les rapports entre les collectivités locales et l'Etat pouvant faire l'objet d'autres études de cas;
des recherches comparatives sur:
Animateurs
GOOSSENS Frans et KANE DEVAUTOUR Kadidia
Participants
AFOUDA Ola Yves, ARAGRANDE Maurizio, COQUERY Michel, COULIBALY Hélène Assita, COULIBALY Nessan Desiré, DEMBELE Seydou, DIOUF Mathieu, EGOUNLETY Moutaïrou, FALL Babakar, HIRZEL Gilles, LE RENARD Thibault, NDIAYE Cheikh, NDIR Babacar, NUNO-AMARTEIFIO Nat, ROUX Bruno
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
Le secteur informel du commerce alimentaire étudié désigne ici:
le secteur alimentaire traditionnel, c'est-à-dire: les denrées alimentaires de base et la transformation alimentaire, ainsi que les prestations de services;
l'alimentation de rue telle que définie par la FAO: «Les aliments et les boissons prêts à être consommés, préparés ou vendus par des vendeurs et des marchands ambulants, spécialement dans les rues et dans les lieux publics analogues».
Les objectifs du groupe de travail étaient:
de répondre aux questions suivantes:
de définir à l'horizon de l'an 2015 les conséquences prévisibles d'un manque d'intervention;
d'identifier à la lumière des expériences dans les pays de la sous-région, les modes d'interventions pertinents en insistant sur la nature des actions: possibles, aléatoires, nuisibles à l'efficacité du système;
de définir, compte tenu de l'évolution du secteur, des axes de réflexion futurs.
Clarification du concept
La complexité des pratiques et des comportements des acteurs de l'approvisionnement et de la distribution alimentaires des villes de l'Afrique francophone a conduit à s'interroger sur la pertinence du terme «informel». Il a été unanimement reconnu que les opérateurs/acteurs du secteur paient toujours une redevance, soit à un collecteur de taxes municipales ou communales, soit à un propriétaire des lieux de vente (droits d'occupation de l'espace, même public). Sur cette base, on peut considérer que ces acteurs du commerce alimentaire, même s'ils ne sont pas répertoriés dans les statistiques officielles, sont repérés et connus: certains sont même assistés techniquement par les pouvoirs publics (ex.: les groupements villageois de transformation alimentaire au Bénin).
Ce terme, qui exprime une idée de marginalisation des opérateurs et de non-conformité du secteur à un idéal d'activités reconnues par l'Etat, s'il se justifiait dans les années 1970 (période où le terme a été employé pour la première fois), n'a plus sa raison d'être de nos jours, compte tenu du paradoxe évoqué. C'est en effet l'Etat qui qualifie d'informel tout ce qu'il ne peut pas nommer, catégoriser ou circonscrire (la complexité des acteurs, les enjeux des pouvoirs, les déterminants socioculturels, etc.).
La réflexion doit donc se poursuivre pour trouver une appellation conforme et appropriée.
Genèse et importance du secteur informel en Afrique
La genèse
Les pratiques et les comportements qualifiés d'informels se développent dans les villes et les campagnes africaines, à tous les niveaux de la chaîne alimentaire, pour tous les types de produits distribués (les fruits et légumes, les produits halieutiques, les produits de l'élevage en zone soudano-sahélienne, les céréales, les racines, les tubercules, les plantains et les oléagineux dans les zones humides) et dans toutes les filières d'approvisionnement, qu'elles soient locales, nationales, trans-frontalières ou d'importation. Ce phénomène s'est accentué ces dernières années avec l'apparition d'un nouveau secteur marchand, en particulier celui du commerce alimentaire de rue et avec la systématisation du double emploi chez les populations (travail salarié dans le secteur formel, activité génératrice de revenus dans l'informel).
Ces pratiques et ces comportements sont engendrés par:
la forte urbanisation, résultat de la croissance naturelle de la population, de l'exode rural et du flux migratoire inter-africain;
la précarité économique des populations résultant de la dévaluation du franc CFA (baisse du pouvoir d'achat), de l'éclatement de la solidarité familiale et communautaire (femmes chefs de ménage) et de la nouvelle donne économique (chômage);
les logiques sociales et les jeux de rôle auxquels chacun participe dés sa naissance (stratification sociale, castes, ethnies, rapports de pouvoir, etc.).
Ces activités informelles se reconnaissent surtout à la nature de leurs relations avec l'Administration (refus de l'autorité fiscale, non-respect des règles administratives) et à leurs stratégies de survie économique (innovations technologiques, organisationnelles et financières, etc.).
L'importance
Le secteur est générateur d'emplois et de revenus non négligeables. On a pu dénombrer, par exemple en 1984, prés de 20000 à 30000 personnes dans le secteur alimentaire traditionnel au sud et au centre du Bénin, dont 2500 femmes dans la seule filière du maïs à Cotonou; 40000 à 50000 femmes dans la transformation alimentaire artisanale à Dakar; 4000 femmes dans la production de l'attiéké (couscous de manioc) à Abidjan et 600 femmes dans la production de dolo (bière de sorgho) à Ouagadougou. En 1989, on estime le chiffre d'affaires du secteur informel à Cotonou à 9 milliards de francs CFA avec un bénéfice brut de 2 milliards de francs CFA. Parallèlement, la production du woagachi (fromage local), estimée à 2250 tonnes en 1993, a fourni un chiffre d'affaires de prés de 2 milliards de francs CFA aux productrices - vendeuses.
Dynamisme du secteur informel
Dans un contexte de forte croissance urbaine et de désorganisation des pouvoirs publics, qui pénalise les pauvres et invente chaque jour de nouvelles difficultés à de nouveaux citadins plus dépourvus que jamais, et plus dépendants qu'hier lorsqu'ils vivaient encore dans un milieu rural, à quoi peut-on bien se raccrocher pour ne pas disparaître économiquement, socialement et culturellement? Ces hommes et ces femmes qui n'attendent rien de l'Etat se replacent instinctivement dans un mode de fonctionnement familier, dans des usages qui les installent, par un double réflexe de survie et de groupe, dans ce qu'on qualifie aujourd'hui de réseaux informels. Mais, en fait, ce fonctionnement n'est rien d'autre qu'un ensemble de bonnes habitudes prises et conservées en communauté, sous la forme de règles dites et non dites qui permettent leur vie sociale (conserver un statut), financière (obtenir un prêt d'une tontine), commerciale (accéder aux clients), éducative (bénéficier d'un apprentissage). Il y a, de façon claire, un mode de fonctionnement agréé, une répartition des rôles et des jeux des acteurs suivant des critères sociaux connus de tous, ainsi qu'un mode de contrôle des activités sans équivoque. Le secteur informel est donc l'expression de l'adaptation d'une mentalité à des activités qui «rapportent», de l'adaptation d'activités à des besoins, de l'adaptation du système à luimême puisque c'est l'informel qui produit et qui vend pour l'informel qui consomme.
Ces pratiques qui continuent à satisfaire tant bien que mal les producteurs, les commerçants et les consommateurs qui s'y tiennent, ne reposent en rien sur un fond passéiste ou traditionaliste. Du passé, seul l'utile survit (cependant la notion d'utilité mériterait d'être discutée selon les critères locaux). Il y a, nécessairement, adaptation de la tradition, mais adaptation sans trahison.
C'est pourquoi un progrès ne peut être considéré comme admis avant d'être passé plusieurs fois au crible de cette économie du mouvement qu'esquissent les activités informelles. Et puisque ce secteur ne cherche qu'à s'adapter à des circonstances extérieures qu'il ne souhaite ni dominer, ni même contrarier, il peut sembler judicieux d'intervenir à son endroit en prenant les mêmes précautions.
Principales difficultés et contraintes
Les limites du secteur informel
Les contraintes auxquelles fait face le secteur informel se résument comme suit:
le niveau d'instruction des opérateurs constitue souvent un frein fondamental à l'épanouissement du secteur (accès au crédit et à la formation). En Afrique de l'Ouest, les principaux acteurs du secteur informel sont souvent illettrés et cette lacune ne permet pas toujours d'apprécier les risques de leurs pratiques;
les opérateurs informels n'ont souvent ni droits ni garanties: cette vulnérabilité est préjudicable aux investissements;
le chômage dans le secteur formel est souvent une barrière pour ceux qui désirent sortir du secteur informel. Il en résulte, dans le secteur informel, une faible productivité de la main-d'œuvre et un revenu de travail souvent réduit;
les activités du secteur informel ne se développent pas, elles se multiplient.
Les menaces et les opportunités
A terme, la prédominance du secteur informel vis-à-vis du secteur formel, en l'absence de mesures d'intervention spécifiques, entraîne:
une insalubrité et une occupation anarchique croissantes de l'espace public;
des problèmes sanitaires dus au non-respect ou à l'ignorance de règles d'hygiène, de conservation des aliments, etc.;
une déstabilisation du secteur formel car la concurrence déloyale du secteur informel décourage l'investissement et l'innovation et encourage la fraude fiscale;
un affaiblissement de l'Etat (déséquilibres financiers, établissement de mesures gouvernementales erronées sur la base de statistiques non fiables, difficultés de financer le service public) car la croissance du secteur informel de l'alimentation pourrait s'accompagner de taxations déguisées de la part de groupes de pressions, taxations qui ne profitent pas à l'Etat et qui pervertissent le système.
D'où la nécessité d'une mise en transparence des jeux de rôle des acteurs des SADA.
Dans un contexte de libéralisation des économies des marchés où l'on constate les difficultés du secteur privé formel (plutôt tourné vers les importations de produits) à prendre le relais de l'Etat, le secteur informel a démontré la réussite de ses stratégies pour la satisfaction des besoins du ménage. Il y a là des opportunités offertes à l'Etat pour le transfert au niveau macro-économique de ces mouvements et de ces dynamiques. Il y a là surtout des leçons à tirer de la capacité de ces activités informelles à coller aux besoins en produits alimentaires des populations, à s'adapter spontanément à tous les changements et à cumuler aisément un rôle social et un rôle économique.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Les règles d'intervention à respecter - surtout lors-qu'on touche des réalités étroitement mêlées au tissu social et traditionnel de la vie - sont comparables à celles des naturalistes: ne pas essayer de briser pour mieux comprendre, ne pas risquer de rompre les équilibres mais tenter de favoriser l'ensemble. Appuyer ce genre d'activité, c'est chercher à diminuer les contraintes extérieures au système en se gardant bien de modifier les rapports de forces internes (même lorsqu'ils paraissent douteux).
Autrement dit, c'est faire preuve de réalisme (voire de pragmatisme) et appliquer la politique du moindre mal. C'est aussi faire preuve de modestie, parce que si l'économie du secteur étudié peut être qualifiée d'informelle, c'est que leurs partenaires économiques officiels ne disposent pas encore d'outils scientifiques ou administratifs pour les comprendre, et pour les nommer d'une autre manière. Et si des injustices, des inégalités, des manquements graves, des accidents, ou des corruptions sont à déplorer, c'est que les voies de communication et les carrefours d'activités attirent souvent les brigands, etc. C'est la rançon du succès, mais c'est aussi l'échec de la réglementation.
Une fois admis les échecs des politiques d'industrialisation alimentaire en Afrique (toutefois, l'apport exogène, bien qu'envisageable, devra être minutieusement étudié) et les échecs des tentatives à caractère technocratique et unilatéral de formalisation du secteur, les principales leçons à tirer des expériences d'intervention sont:
la nécessité de s'appuyer sur les groupes sociaux et sur leurs modes de fonctionnement;
la mobilisation des acteurs dans une approche de type participative pour mieux les connaître et répondre à leurs attentes d'information, d'éducation et de communication;
la nécessité de valoriser ce secteur à travers sa reconnaissance et la création d'organisations interprofessionnelles;
l'implication des autorités locales et municipales dans l'organisation des espaces de vente et de tout ce qui relève du domaine public.
En conclusion, les règles d'intervention à respecter, lorsqu'on touche le secteur informel de l'alimentation qui est étroitement lié au tissu social et traditionnel sont simples:
ne pas risquer de rompre les équilibres mais tenter de favoriser l'ensemble;
diminuer les contraintes extérieures au système en se gardant bien de modifier les rapport de force internes;
faire preuve de réalisme.
Thèmes de recherche
Les déterminants socioculturels par filière;
les stratégies endogènes par filière;
les innovations technologiques à partir de procédés traditionnels;
les mécanismes de contrôle au sein du secteur informel d'alimentation;
les innovations juridiques à partir des règles informelles;
l'organisation des réseaux informels;
l'influence des jeux de pouvoir des acteurs des SADA informels sur l'alimentation.
Animateurs
MARGIOTTA Mario et MOUSTIER Paule
Participants
BALBO Marcello, CIPARISSE Gérard, FOMBA Youssouf, GIRON Yan, LAMBERT Jean-Claude, LOMBARD Jérome, PATASSINI Domenico, SMITH Ola, WANE Oumar
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
L'agriculture périurbaine (AP) est relativement méconnue alors qu'elle joue désormais un rôle clé dans l'approvisionnement des grandes métropoles africaines. La part du périurbain, de 10 pour cent (cas du lait), arrive à satisfaire entre 20 et 50 pour cent (cas du maraîchage) des besoins totaux des consommateurs urbains en produits frais, bon marché et à la portée des citadins à faible pouvoir d'achat.
L'agriculture périurbaine englobe des activités diverses qui vont de l'aquaculture à l'elevage, de l'horticulture à l'agro-foresterie. Parmi les produits alimentaires les plus importants, signalons les légumes, les fruits, le lait et les oeufs, les fourrages, les poissons et la viande.
L'agriculture périurbaine dans la région de Dakar
L'agriculture périurbaine possède son propre système de production et de distribution et les flux de commercialisation échappent souvent à tout recensement. La part de la production destinée à l'autoconsommation est importante.
Les produits commercialisés sont souvent écoulés de manière informelle et font l'objet de transactions très courtes, voire directes, entre producteurs et consommateurs: la commercialisation du producteur au consommateur a facilité l'émergence de marchés périphériques et/ou de quartiers. Les producteurs préfèrent vendre directement sur les nombreux nouveaux marchés qui se créent spontanément à la périphérie des grandes villes ou confier les produits à de petits détaillants (souvent des femmes).
L'AP joue un rôle fondamental en matière de sécurité alimentaire (une grande diversité des espèces et des variétés, des qualités nutritionnelles, etc.) et de protection de l'environnement (une utilisation rationnelle des ordures ménagères, des déchets des agro-industries, des eaux usées recyclées, etc.).
L'AP est grande utilisatrice de main-d'oeuvre et contribue à réduire le chômage.
Malgré cette importance, l'absence d'informations fiables est dommageable et retarde la mise en place de politiques de maintien et/ou de développement d'activités pourtant créatrices d'emploi.
Nombreuses ont été les questions posées pour définir les limites spatiales du périurbain. Tout d'abord, on ne peut pas définir une séparation nette entre le périurbain, l'urbain et le rural. Outre une caractérisation géographique, on doit prendre en compte tout un ensemble de critères et, notamment, la compétition entre usages agricoles et urbains, la détérioration des produits concernés et la spécificité des pratiques commerciales.
Par rapport à l'agriculture en zone rurale, l'AP se distingue par au moins deux aspects: d'une part, elle est en compétition avec d'autres activités pour l'espace urbain et, d'autre part, elle revêt un caractère intensif. L'AP ne se subsitue pas à la production des campagnes, mais elle est complémentaire tout en la diversifiant.
Les faibles coûts de commercialisation, la proximité des marchés de consommation, la bonne circulation de l'information entre opérateurs, l'accès à des sources de matière organique diversifiées et bon marché (ordures ménagères, déchets des agroindustries), l'implication de professionnels, etc., sont les principaux aspects positifs qui ont facilité le développement de l'AP. Ces avantages expliquent son maintien dans le temps, surtout dans les situations où le transport vers les zones rurales est difficile.
Principales difficultés et contraintes
La forte insécurité foncière (caractérisant la production comme la commercialisation) génère une atomisation des lieux de vente et de production et entraîne des déplacements fréquents des opérateurs concernés.
Si dans certaines villes, des organisations publiques, des groupements de producteurs et des associations de commerçants (souvent des femmes) ont permis un maintien et un développement harmonieux de l'AP (cas de Brazzaville, Bissau), dans d'autres situations (Dakar, Pointe Noire) l'absence de régulation institutionnelle a conduit à des situations de crises, conflits et tensions sociales (sur l'accès à l'eau et à la terre surtout) dommageables à l'approvisionnement des consommateurs.
Ces comparaisons indiquent les conséquences négatives d'un «laissez-faire». Il ne s'agit pas de créer ex nihilo ou de conserver de manière figée des activités qui se développent et s'adaptent avec une grande souplesse, mais plutôt d'accompagner les dynamiques existantes en s'inspirant des expériences réussies.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Il apparaît fondamental d'accompagner les dynamiques d'évolution du périurbain:
en convainquant les autorités publiques de l'importance de l'AP;
en inscrivant l'AP dans plans d'urbanisme;
en définissant et collectant des indicateurs de suivi de l'AP;
en anticipant et en gérant les crises et conflits des acteurs autour de l'accès aux ressources urbaines;
en valorisant les complémentarités plutôt que les concurrences entre le périurbain et le rural, et en appuyant les producteurs et les commerçants;
en mobilisant de manière croisée une démarche horizontale de gestion d'un espace bien défini avec une démarche de type sectorielle qui favorise les concertations entre acteurs autour d'un même produit.
Thèmes de recherche
Une première étude devrait s'appuyer sur la diversité des situations urbaines. Elle devrait prendre en compte différents critères sur les plans géographique, socio-économique et institutionnel, pour parvenir à une définition pertinente et fonctionnelle de l'agriculture périurbaine;
des analyses historiques comparatives sur les dynamiques d'évolution du périurbain dans différentes situations devraient mettre en évidence les facteurs de régression, de stabilisation et de développement: facteurs physiques, démographiques, socio-économiques et institutionnels.
Plusieurs situations intéressantes de développement du périurbain (Brazzaville, Bangui, Bissau, Harare, Antananarivo et Bamako) ont été citées pour des études comparatives, car elles montrent l'enjeu clé des organisations publiques et privées dans la stabilisation ou le développement de ces activités.
Les résultats de ces thèmes de recherche pourraient être publiés dans la Revue et Collection «Aliments dans les villes» et être discutés dans le cadre de séminaires rassemblant des acteurs privés et publics.
Animateurs
ARAGRANDE Maurizio, GIRON Yan et SECK Pape Abdoulaye
Participants
AFOUDA Ola Yves, D'NJA KWA Leolein, FAROLFI Stefano, GIRON Yan, JOST Stéphane, KEBE Moustapha, KOUASSI Bernard, LE RENARD Thibault, MARGIOTTA Mario, SORGHO Simeon, SOUMARE Harouna, TRAORE Youssouf
Suite aux discussions issues du séminaire et aux réflexions préalables faites par les animateurs, le groupe de travail s'est penché sur les sujets de réflexion suivants:
l'identification de la problématique;
l'opportunité d'un système général de suivi des SADA.
L'esprit de ce groupe de travail n'était pas de revenir sur les acquis du guide méthodologique (GM) rédigé par M. Aragrande, mais plutôt d'ouvrir de nouvelles voies de réflexion en vue d'améliorer son utilisation.
Le guide méthodologique: un outil technique et opérationnnel
Le GM est un outil technique et opérationnel au service d'une volonté de résoudre les problèmes des SADA des zones urbaines.
Les actions préalables à son utilisation sont:
l'identification d'une problématique générale en rapport avec la sécurité alimentaire des zones urbaines;
la formulation d'un cadre général de termes de référence pour une étude de cas des SADA d'une zone urbaine.
Pour rendre ce processus plus efficace et plus juste afin de répondre aux exigences ressenties par les populations, il est souhaitable d'impliquer les acteurs concernés par le fonctionnement du SADA. Cela peut se faire par un réseau de concertation informel qui comprendrait les élus, les représentants des acteurs impliqués (consommateurs, commerçants, grossistes, etc.), et les partenaires au développement.
Ce travail préalable permettrait la mise en oeuvre d'une étude de cas à travers l'utilisation du GM.
Nécessité d'un système général de suivi des SADA
Le GM a une portée générale et vise l'analyse des SADA des zones urbaines à un moment donné. Son utilité dans le diagnostic est donc limité dans le temps. D'où la nécessité d'un système général de suivi (SGS) des SADA qui permettrait de suivre dans le temps des indicateurs d'état des SADA et d'être rapidement au courant des problèmes éventuels à partir desquels des décisions opérationnelles pourraient être dégagées.
La logique de cet outil répond plutôt au principe d'un système d'alerte rapide conçu par rapport aux problématiques des SADA urbains, qui pourrait suivre l'étude de cas et s'insérer aussi dans le cadre du GM.
Organisation d'un système général de suivi
L'organisation et la mise en place du SGS devrait se baser sur une structure légère. Il faudrait alors adopter la démarche de la coordination des ressources et de la gestion des données existantes, plutôt qu'envisager la création d'un service et/ou d'une structure administrative spécifique.
Indicateurs à élaborer
Au niveau technique, la réalisation du SGS nécessite la résolution de bon nombre de problèmes méthodologiques. Ces problèmes concernent l'identification d'un ensemble d'indicateurs qui permettent d'illustrer des aspects importants du fonctionnement des SADA, afin de mettre en évidence, même de façon générale et tendancielle, les situations éventuelles de crises, les problèmes, les dynamiques dangereuses, etc.
L'objet du groupe de travail n'était pas de faire une liste exhaustive des indicateurs, mais plutôt d'identifier les grands domaines auxquels ils se rattachent et de les proposer pour une réflexion éventuelle.
Dans cet esprit, les indicateurs suivants ont été identifiés:
démographiques: croissance urbaine et niveau de population;
disponibilité des produits: origine, structure de l'offre, aide alimentaire;
politiques économiques: taux de change, taxes, etc.;
socio-économiques: emploi, prix de certains biens, modèles de consommation, revenus, etc.;
infrastructures: infrastructures des marchés, organisation, etc.;
nutritionnels: indicateurs d'efficacité nutritionnelle.
Animateurs
BALBO Marcello, COQUERY Michel et IMBESI Giuseppe
Participants
BIBI Antonine Rose, DEMBELE Seydou, DIALLO Youssoupha, DIOP Mamadou Salif, DIOUF Samba, FALL Babacar, FOMBA Youssouf, HAUSSER Eberbard, NADO Christophe Ottey, ROSSETTI Dominique, TRAORE Alphonse
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
Planification et gestion urbaines: avec référence au suivi et à l'évaluation des actions à engager. Préalable: évaluation de la capacité d'intervention des pouvoirs publics et optique d'une gestion participative;
les SADA inhérents à une dynamisation actualisée de la planification urbaine, dans une démarche mobilisant les acteurs.
Si planifier veut dire prévoir, le thème est pertinent. Par planification, on entendra aménagement spatial et gestion urbaine, termes à la fois plus concrets et plus larges, incluant une dimension essentielle: le suivi, l'évaluation et l'éventuel réajustement des actions à engager ou engagées.
Les villes sont des organismes vivants, des organisations complexes, en permanente évolution, qui ne sauraient se réduire à quelques indicateurs globaux (chiffre de population totale, etc.).
Par référence à une démarche de prévision, l'approvisionnement et la distribution comportent des paramètres qui peuvent être pertinents (marchés de gros, marchés et commerces de détail réglementés) et d'autres pouvant par nature être source de problèmes (ampleur des activités dites informelles, mais ancrées dans les réalités sociales et économiques quotidiennes de la ville).
Si la ville est appréhendée comme l'expression d'un système économique, la distribution des produits alimentaires est bien une composante pertinente de ce système. Mais la ville est aussi le foyer d'enjeux sur l'utilisation de sols, de stratégies d'acteurs, parfois convergentes, souvent contradictoires, appelant comme telles des arbitrages, de nature diverse et souvent étalés dans le temps: la ville se construit, se développe en se gérant. Cette gestion est donc, souvent, le fruit de compromis.
Le groupe s'est ainsi interrogé sur la pertinence d'une démarche attentive à la prise en compte de zones d'activités telles que représentées par les cultures maraîchères intra et périurbaines, par référence à des processus (planifiés ou non) d'extension ou de restructuration urbaines et à certaines logiques d'aménagement (difficultés d'assainissement, non constructibilité de zones de bas-fonds, etc.).
La question clé est vite apparue comme étant celle de la capacité d'aménagement et de planification des autorités locales. Une chose est d'affecter un espace à une fonction, une autre est le contrôle et la garantie de l'usage des sols. Le préalable est bien l'évaluation de la capacité d'intervention des pouvoirs publics, l'identification des complémentarités et des outils de gestion, la possibilité de changer les outils d'intervention, notamment dans l'optique d'une gestion participative reposant sur des pratiques de concertation avec les acteurs de la maîtrise d'oeuvre économique et sociale le plus souvent non encore intégrés dans la gestion urbaine, ou opérant cette gestion pour leur propre compte. Il s'agit bien de trouver les compromis acceptables, par concertation, pour l'aménagement et l'utilisation du sol.
C'est par référence à ces préalables que la pertinence du thème abordé par le groupe peut être reconnue et que peut s'engager une réflexion sur le fonctionnement et l'amélioration de l'approvisionnement et de la distribution des produits alimentaires dans les villes. Il s'agit moins de cristalliser l'attention sur l'urbanisme comme tel (discours, pratiques, dérives) que de cerner une approche d'interactions, impliquant suivi et repositionnements, et permettant d'identifier les questions sur lesquelles il est possible d'intervenir efficacement: en d'autres termes, une planification urbaine réaliste ne peut être envisagée et conduite qu'à cette condition et à l'échelle de chaque ville envisagée (petite ou moyenne, grande ou très grande).
La question de savoir si l'on abordait les SADA par le marché et ses opérateurs (une gestion urbaine à l'écoute des marchés) ou par les consommateurs (une gestion urbaine à l'écoute de la consommation), n'en est pas moins restée ouverte, ce qui est aussi une autre façon d'aborder la problématique: l'angle d'attaque, le point de contact est-il surtout le marché (aspect formel dominant) ou la sécurité alimentaire (aspects formels et informels)? Sans trancher définitivement, le groupe de travail a néanmoins suggéré qu'il ne lui revenait pas prioritairement d'aborder les problèmes des producteurs mais que, par contre, une attention soutenue devait être portée aux consommateurs urbains.
Principales difficultés et contraintes
Les principales difficultés et contraintes sont:
d'ordre institutionnel (inégale sensibilisation-implication des structures étatiques et des collectivités locales);
les modalités d'accès aux acteurs;
d'ordre technique (transports);
d'élaboration d'outils appropriés.
Il est apparu pertinent de ne pas disjoindre les potentialités des difficultés et contraintes ou dysfonctionnements. Plusieurs types de classement des contraintes sont concevables.
Une planification technocratique n'apparaît d'évidence pas adaptée aux SADA; c'est cependant au niveau institutionnel que naissent nombre de conflits. Les pouvoirs publics restent le moteur d'une démarche de planification, et leurs priorités ne sont pas, à première vue, les SADA. Ils ne peuvent les prendre en compte que si les acteurs font pression: grossistes et détaillants le savent et sont déjà parfois engagés dans de telles démarches; c'est beaucoup moins évident pour les consommateurs.
Il apparaît aussi qu'une gestion urbaine ouverte aux préoccupations d'approvisionnement et de distribution des produits alimentaires, pour atteindre quelque efficacité, doit être conduite au niveau de la collectivité locale, ce qui pose la question des rapports entre pouvoirs municipaux et pouvoirs de l'Etat, garants du cadre légal d'ensemble. Les situations peuvent différer plus ou moins sensiblement d'un pays à un autre, voire à l'intérieur d'un même pays, selon les villes. Dans l'optique d'une gestion participative, rigidité ou perméabilité des structures et des pratiques institutionnelles sont à repérer comme contraintes et potentialités.
Cela conduit à l'examen des difficultés inhérentes à la prise de contact avec les acteurs et intervenants. S'agissant des citoyens urbains (consommateurs), ces postes d'accès sont multiples, peuvent être ambiguës, d'autant qu'il existe un éventail diversifié de consommateurs et de leurs besoins. Il est sans doute plus aisé de cerner les acteurs de la distribution, c'est-à-dire les commerçants urbains, qui disposent souvent, même dans l'informel, d'associations représentatives, ce qui peut être aussi une possibilité d'appréhender les besoins des consommateurs. Même si, dans d'autres domaines (assainissement de quartier par exemple), ont été expérimentées des pratiques efficaces de concertation, des difficultés inhérentes à la démarche subsistent (pour engager une concertation, il faut réunir les conditions favorables à la rencontre des acteurs, à la coordination de telles réunions, à l'énoncé même de propositions d'actions). Mais, pour engendrer une sorte de régulation acceptée de tous, le parcours (même adapté à chaque situation) est difficile entre anarchie et dirigisme.
Bien sûr, des difficultés et des contraintes d'ordre technique existent aussi, par exemple, celles liées aux transports et à l'accessibilité dans les villes en expansion rapide. On pourrait même en faire une priorité qui ne concernerait pas seulement les SADA. Cependant, malgré le permanent retard de l'offre de transport (et infrastructures routières associées), la dynamique de croissance urbaine, même mal maîtrisée, offre des potentialités de renforcement des SADA.
Décentraliser ou créer des marchés de détail dans les périphéries urbaines est aussi une manière d'organiser la ville, même si la contrainte majeure demeure celle de leur financement. La question est bien celle de la valorisation des externalités produites par les SADA, outils favorables ou susceptibles de favoriser le potentiel de transformation urbaine et d'améliorer l'environnement, notamment à la périphérie. Cependant, certaines difficultés majeures inhérentes aux formes de congestion (transport, accès) liées aux grands marchés polyfonctionnels des centres-villes persistent.
Une difficulté constante réside dans la capacité ou l'incapacité à contrôler et à maintenir l'affectation d'un espace à une fonction déterminée, lorsqu'elle a été annoncée, ou décidée, notamment pour une activité commerciale de distribution.
Cela n'est pas anormal a priori: une ville est un organisme vivant. Au fil des ans, l'affectation du sol peut changer si la population et les collectivités locales ont d'autres valeurs et formulent d'autres projets. La flexibilité dans le temps, d'est aussi cela la planification. Pour peu qu'un usage des sols ait été décidé d'en haut, technocratiquement, il n'y a pas lieu de s'étonner des dérives et détournements.
La seule parade est donc bien une démarche participative, impliquant acteurs et habitants dans la formulation d'une affectation de l'usage des sols (un marché, par exemple, ou un espace réservé aux ruptures de charges) et dans la responsabilisation acceptée des acteurs pour le contrôle et le maintien de l'espace ainsi affecté.
Pour résumer, les difficultés majeures concernent:
l'identification des interlocuteurs, notamment ceux qui ont une stratégie véritable, grossistes et commerçants, formels ou informels, modernes ou non, et leur capacité d'expression;
l'élaboration d'outils efficaces de négociation: l'aménageur (institutionnel) peut certes jouer le rôle d'animateur, mais cela suffit-il?;
la mise en oeuvre de nouvelles «codifications» dans le contexte d'une répartition des pouvoirs. Le plus souvent, les réglementations actuelles ne sont pas adaptées; lorsque les collectivités locales en appellent aux autorités centrales, celles-ci ne peuvent répondre qu'en référence à d'anciennes codifications ou prérogatives.
Les conséquences possibles d'un manque d'intervention
Le groupe estime que c'est une question scolaire. En effet, d'ici 2015, il est bien évident que d'autres stratégies d'acteurs apparaîtront dans les différents champs constitutifs de la ville (habitat, activités, etc.). L'évolution ne manquerait pas de faire apparaître:
le retard aggravé de la prise de conscience des consommateurs par les intervenants;
la congestion urbaine;
la croissance de l'informel.
Si la prise de conscience liée aux SADA manque, le changement ne se fera pas correctement, les conflits entre les acteurs ne feront que s'exacerber.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Les points clé:
les SADA: occasion d'un réexamen des méthodes et pratiques de la planification;
les instances d'arbitrages;
les modes d'intervention/partenariat;
l'identification des espaces sensibles.
La prise en compte des problèmes liés à l'approvisionnement et à la distribution des produits alimentaires offre l'occasion de renouveler les méthodes et les pratiques de la planification urbaine (leur ignorance aggrave la coupure entre planification et évolution concrète de la ville). C'est l'occasion de renouveler la question des pouvoirs, et surtout de leur mise en oeuvre effective, dans le contexte de transition lié à la décentralisation.
La préoccupation principale consiste à créer (ou renforcer) les conditions propices à la concertation entre acteurs et intervenants, institutionnels et privés. La priorité est l'identification de cadres où puissent s'exprimer les stratégies d'acteurs. Si l'amélioration des SADA représente une priorité, la mise en place de cadres de concertation paraît incontournable.
La démarche de concertation participative, à l'échelle de collectivités décentralisées, ne peut pas faire l'économie d'instances d'arbitrages ni de la référence à l'Etat de droit. Le problème de la protection juridique ne peut en aucun cas être évacué. Il convient donc de réfléchir à des mécanismes décentralisés d'arbitrage, dans le cadre de l'Etat de droit.
Il convient de demeurer vigilant face au risque de dérapage de la notion de SADA vers une acception abstraite, voire bureaucratique. Sous ce concept sont mobilisées des réalités et des dynamiques concrètes, évolutives. On peut se demander si la notion tient compte du pouvoir d'achat des populations urbaines, ou se limite strictement à l'approvisionnement et à la distribution.
Une réflexion doit être conduite sur les modes d'intervention, qu'il s'agisse de créer des centres d'activités commerciales destinés à suivre la croissance urbaine et à contrebalancer la monopolarité, ou de réexaminer la gestion des marchés existants. Il faut se référer à des principes d'aménagement visibles et viables (économiquement et socialement), ce qui implique le réexamen (coût, rentabilité) du rôle de chaque intervenant et le caractère, significatif ou non, des plus-values engendrées par ces aménagements ou réaménagements.
La question des partenariats apparaît cruciale et peut contribuer au renouvellement des méthodes et de l'objet même de la planification. La démarche, expérimentée sur d'autres fronts (environnement, assainissement) pourrait être élargie aux SADA. Sinon le risque est évident d'en rester à des normes d'équipement non adaptées (et du reste souvent non appliquées) au détriment d'une identification des espaces et zones sensibles pour l'approvisionnement et la distribution. Une démarche linéaire, à l'occidentale, ne paraît d'évidence pas adaptée. Il faut pouvoir réajuster en cours d'action: cela facilite les arbitrages qui sans cela seront éludés, au risque de dysfonctionnements incontrôlables.
On ne peut pas tout faire et il faut donc comprendre ce qu'on peut faire, et mobiliser la capacité d'autoévaluation, en se rappelant que les acteurs directs (les commerçants) sont en permanence sanctionnés par le marché, ce qui n'est pas le cas d'un fonctionnaire.
Propositions d'activités d'information et de sensibilisation des acteurs
Déficit (apparent) notable de sensibilisation auprès des techniciens de l'urbanisme et faisabilité d'une démarche informative claire auprès des intervenants (brochure, session formation/information);
importance du recueil des savoirs opérationnels.
Le déficit de sensibilisation/information sur la sécurité alimentaire et sur les consommateurs urbains est notable, surtout au sein des administrations et parmi les techniciens de l'urbanisme. Les priorités d'une Direction de l'urbanisme et de l'habitat concernent l'habitat et les équipements, tandis que celles des collectivités locales concernent les marchés.
Il y a lieu d'informer les acteurs (producteurs, commerçants, consommateurs) sur leurs droits et devoirs.
L'expérience a montré qu'on peut faire passer une information auprès des administrateurs et techniciens (par exemple sur les questions de l'environnement). La démarche pourrait s'appliquer aux SADA, sous forme simple, concrète, soulignant importance, caractéristiques, fonctions, enjeux et incidences des dysfonctionnements. L'information peut aussi être destinée aux intervenants et acteurs directs de la distribution. Il s'agit bien, à ce stade, de ne pas enfermer le concept de SADA dans un langage abstrait ou technocratique, mais au contraire d'en décliner clairement les aspects les plus concrets et immédiatement compréhensibles par tous.
Les difficultés rencontrées par les acteurs des SADA, dans un contexte d'expansion urbaine, ne sont pas encore perçues comme un domaine d'intervention prioritaire, ce qui peut rapidement devenir un problème important pour la sécurité alimentaire de tous.
Il faut donc s'investir dans des actions d'information et de sensibilisation qui doivent être complétées par la formation des cadres moyens et supérieurs des institutions étatiques, des Chambres consulaires et des organismes privés, en prenant bien soin d'appréhender préalablement les compétences et connaissances déjà existantes. Dans ce cadre, il paraît utile de multiplier des études de cas des SADA des villes répondant à des critères différents.
Le dossier sur les SADA de Dakar, réalisé pour le séminaire en est une preuve évidente. Il convient d'en faire émerger d'autres, pour l'intérêt de tous les acteurs, ce qui enrichirait l'appréhension des problèmes liés à l'approvisionnement et à la distribution, dans leurs rapports au développement urbain et à une certaine maîtrise de ce développement. En d'autres termes, si des chercheurs et leurs institutions peuvent apporter leur contribution, les praticiens et les acteurs détiennent des savoirs qu'il importe de restituer et de vulgariser, notamment sur la réalité des conflits, des stratégies et des arbitrages. Leur expérience, leur aptitude à l'action doivent pouvoir être mobilisées. Il y a besoin de cette «fertilisation croisée» sur le thème retenu ici.
Animateurs
BADIANE Alioune, PADILLA Martine et TERPEND Noëlle
Participants
BAILHACHE Robert, DIAGNE Thierno, DIOP Assane, FALL Babacar, GOOSSENS Frans, LY Ibrahima Amadou, PATASSINI Domenico, ROUX Bruno, SNRECH Serge, SONON Cyprien, SYLLA Yatma
Rappel du contexte
Stratégies de libéralisation
Elles ont pour but de réduire la pression sociale et d'assainir les gestions économiques et financières. Elles sont l'occasion de responsabiliser les acteurs et de favoriser les initiatives. Si la libéralisation est nécessaire, elle doit toutefois être organisée et progressive.
Rôle de l'Etat et relations avec les acteurs des SADA
Les politiques à mettre en oeuvre impliquent une claire appréciation du rôle de l'Etat et de la nature de ses relations avec les différents acteurs des SADA.
L'Etat a un rôle de régulateur, de médiateur entre groupes de pression et de contrôleur. Il fixe le cadre économique dans lequel les acteurs évoluent librement, et agit comme facilitateur des grandes dynamiques du marché tout en infléchissant les tendances lourdes au profit de la collectivité toute entière. Dans son rôle de médiateur, il est appelé à arbitrer entre les groupes de pression et à gérer les conflits d'intérêt qui surgissent. Enfin, il est le garant des règles qui s'imposent à tous (sanctions).
Il en découle que l'Etat n'a pas nécessairement de rôle direct dans les relations entre acteurs des SADA, si ce n'est celui, fondamental, de facilitateur et d'arbitre.
Information
Dans le cadre de sa réflexion, le groupe a analysé en particulier le rôle important de l'information pour les différents acteurs des SADA. Définie comme «un service public», l'information est une aide à la prise de décision. Au niveau des acteurs ruraux, elle permet de mieux produire et de mieux diffuser la production; à celui des consommateurs comme des responsables, l'information aide à la compréhension et à une meilleure maîtrise des enjeux de la politique de sécurité alimentaire.
Secteur informel
La place du secteur informel dans les évolutions actuelles a été étudiée. Ses caractéristiques - secteur très flexible, s'adaptant aux besoins des urbains, présent dans les activités où les volumes traités sont faibles avec des marges commerciales le plus souvent limitées, actif dans les secteurs traditionnels mais aussi dans ceux capables d'innovation - en font une composante importante des SADA et appellent des mesures spécifiques à son égard.
Politiques et programmes de développement des SADA
Les axes principaux concernent les domaines suivants:
Dans le cadre des filières agroalimentaires
Appuyer l'utilisation des contrats d'approvisionnement entre producteurs et commerçants et développer les contrats à double intérêt (produits contre intrants) avec, entre autre, l'activité de transformation (producteurs, transformateurs);
créer une interprofession pour faire connaître aux responsables de l'Administration les besoins en législation, financement, formation, etc.;
développer l'information et des formes de supports par le canal des radios rurales, principalement en langue vernaculaire et locale, par le biais des journaux et de la télévision, des tableaux mensuels sur les marchés, de la diffusion des pratiques et des échanges d'expérience et d'innovations.
Vis-à-vis du secteur informel
Favoriser le passage de ce secteur à une certaine formalisation (normalisation);
permettre à ce secteur de se diversifier, soit par l'acquisition de technologies, soit par l'innovation permettant la fabrication de nouveaux produits;
appuyer la création d'organisations professionnelles de vendeurs informels.
Politiques sectorielles d'appui aux SADA
Politique d'appui à la transformation et à la distribution adaptée aux besoins des consommateurs urbains;
politique d'innovations (nouveaux produits);
développement de crédits adapté aux différents acteurs et aux différents besoins;
politique foncière dans les zones périurbaines et urbaines;
recherche.
Composantes macro-économiques
Les politiques dans ce domaine visent deux grands objectifs:
l'aide à la conquête ou à la reconquête de marchés en fonction de la demande;
la réduction de la dépendance économique et la stimulation d'un dévelopement endogène.
Elles devront consister de ce fait en:
la stimulation de la production sous des formes nouvelles et la modernisation des filières aval;
la maîtrise des secteurs concurrentiels dans l'intégration sous-régionale;
l'optimisation des secteurs productifs en limitant les entraves à la circulaion des produits;
la mise en place d'une politique de protection limitée pour l'ensemble sous-régional.
Thèmes de recherche
Simplification des réglementations dans la sousrégion;
évaluation de l'informel et de son poids économique;
réglementation et réalités sociales: les voies d'une adaptation;
rapports entre les prix de l'alimentation et les performances économiques.
Animateurs
GNAMMON-ADIKO Agnès et KANE DEVAUTOUR Kadidia
Participants
ANTOINE Philippe, BIBI Antonine Rose, EGOUNLETY Moutaïrou, ESSOH Georges, KOUASSI ANDON Kouakou, NDIAYE Cheikh, NTAGANIRA Justin, NUNO-AMARTEIFIO Nat, SMITH Ola, SONOGO Bakary, TEME Bino
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
Les femmes représentent la principale force de travail dans le commerce alimentaire avec, cependant, des nuances régionales. Dans beaucoup d'Etats, elles sont visibles dans les espaces marchands. Dans d'autres, elles contribuent à créer des emplois dans les SADA.
Les secteurs d'activité concernés sont très nombreux: d'où la nécessité d'identifier et de dénombrer au préalable:
les secteurs qu'elles dominent et ceux où elles sont moins nombreuses;
les domaines traditionnels, les champs nouveaux et les perspectives;
l'existence des commerçants professionnels et occasionnels;
leur spécialisation en fonction des produits (secs, frais, artisanat alimentaire, restauration populaire, etc.), des ethnies et des zones géographiques.
Le niveau d'activité varie selon les produits. On note que beaucoup de grossistes, mais surtout des détaillantes, sont en relation directe avec les consommateurs. On relève aussi une caractéristique dominante de l'activité des femmes: leur pluri-fonctionnalité.
L'activité s'exerce aussi bien dans l'approvisionnement - et ce, à différentes échelles (locale, périurbaine, milieu rural proche, etc.), régionale (entre les différentes régions, départements ou provinces d'un même Etat), nationale, voire interétatique - que dans la distribution: commerce de proximité, (plats cuisinés, condiments), commerce interquartier, etc.
Les espaces marchands où s'exercent les activités des femmes sont:
publics (marchés de détail, etc.);
spontanés, tolérés ou non: chantiers de construction, lieux de grands rassemblements, entrées des services administratifs, points de rupture de charge, pas-de-porte des maisons;
aux domiciles ou habitations: vente de produits dérivés du lait, restauration populaire, etc.
Principales contraintes et difficultés
Elles sont liées:
à la précarité de l'occupation spontanée des espaces marchands;
aux difficiles conditions d'exercice de l'activité (aspect environnemental, hygiène de l'équipement, services offerts (eau, électricité, etc.);
à la légalité de l'activité (santé, autorisation, documents administratifs, taxes d'occupation, etc.);
à la sécurité des commerçants comme des consommateurs;
aux rapports conflictuels avec les collectivités locales (déguerpissement, manque d'entretien des équipements ou des espaces de travail par les collectivités locales, qui entraînent les grèves de commerçants, etc.);
à l'accès difficile aux crédits formels, voire impossible: on note la diminution de l'apport financier familial et le développement de stratégies de financement informelles qui, d'une part, ne satisfont pas toujours les besoins de financement des femmes, d'autre part, comportent des risques d'aliénation.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Elles doivent se concevoir à différents niveaux:
Organisation des activités de commercialisation
Disposer de l'information sur les marchés de production et assurer une coordination entre les différents acteurs de la filière (encourager les pratiques qui permettent d'approvisionner régulièrement les villes et assurent des revenus permanents aux femmes);
former les femmes aux prises de décisions concernant les nouveaux systèmes de conservation et la vulgarisation de la technologie;
encourager les transactions groupées (achats, transport, etc.),
encourager et sensibiliser les femmes à procéder à des négociations directes avec les producteurs ou distributeurs.
Fnancement des activités
Développer les crédits adaptés qui amèneront les femmes à améliorer les SADA.
Différents systèmes peuvent coexister:
pour les activités précaires: possibilité de prise en charge par les associations et mutuelles;
pour les activités d'envergure: accès aux crédits formels, mais avec des exigences adaptées.
Conditions d'exercice sur les espaces marchands en milieu urbain
Les collectivités locales doivent:
développer des politiques d'aménagement adaptées aux activités exercées dans les villes, des politiques d'identification et de dénombrement des opératrices;
faciliter l'accès aux espaces marchands publics par l'augmentation de leur capacité d'accueil, par des constructions nouvelles et un coût d'accès réduit (problème des déguerpissements).
développer des politiques de transport spécifiques, en accord avec les sociétés de transport urbain, afin de faciliter la redistribution urbaine.
Politiques des pouvoirs publics
Réduire les aspects contraignants et même contradictoires des politiques urbaines et nationales;
sensibiliser les commerçantes sur les lois qui régissent la pratique de l'activité commerciale pour leur éviter d'être exposées aux excès des agents de l'ordre public (information) et qu'elles s'assurent, dans la mesure du possible, du bon état des véhicules utilisés qui doivent posséder les documents indispensables;
appliquer les conventions internationales de la libre circulation des personnes et des biens;
développer des politiques énergétiques alternatives applicables;
promouvoir des politiques sociales en faveur du travail de la femme dans les SADA (alphabétisation, aides familiales, crêches dans les marchés et espaces de travail, etc.) afin de lever les barrières actuelles (famille, ethnie, religion, etc.).
Formes de coopération à promouvoir
Les collectivités locales, l'Etat et les différentes associations doivent promouvoir les organisations féminines participatives qui pourront influencer positivement les politiques urbaines et nationales.
Il est nécessaire d'encourager:
la participation aux instances de négociation avec les décideurs (bailleurs de fonds);
les échanges entre organisations professionnelles dans les espaces de travail ou dans les quartiers, et entre les pays;
les organisations marchandes et non marchandes, notamment encourager les femmes à accroître leur participation aux associations de consommateurs (pour faire face aux problèmes de prix);
les organisations de femmes à s'auto-discipliner (police sur la qualité, l'hygiène et le prix de leurs activités);
les incursions dans d'autres secteurs qui sont porteurs de l'alimentation, dans une perspective de modernisation des activités des femmes.
Thèmes de recherche
Une revue de la littérature (par pays);
un bilan sur le déroulement des activités de crédits accordés aux femmes par l'Etat, les ONG ou autres;
les femmes et la distribution alimentaire dans les villes;
les femmes et les stratégies d'approvisionnement dans les villes.
Animateurs
LOMBARD Jérome, TOLLENS Eric et WILHELM Laurence
Participants
ANOH-KOUASSI Paul, BONI Anet, DIOUF Mathieu, GBEBOUTIN Epiphane, HIRZEL Gilles, KAMARA Bana Fodé, MUKANKUSI Assumpta, MUJAWAYEZU Prisca, NALOUROUGO Soro
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
La croissance démographique et spatiale des villes en Afrique subsaharienne implique le développement des SADA et des flux de trafics de marchandises, en particulier vivrières. Cette évolution de l'approvisionnement alimentaire des villes se répercute sur les systèmes de transport, leur dynamique et leurs limites.
Les SADA comportent le déplacement de personnes et de marchandises, ce qui implique:
Principales difficultés et contraintes
Le éléments caractérisant le déplacement des marchandises présentent à la fois des limites et des potentialités de développement, à plusieurs niveaux:
Les moyens de transport
Il existe une extrême variation de l'offre de transports - souvent vétustes - selon les zones géographiques, les saisons et les produits. Cette irrégularité de l'offre signifie aussi une souplesse d'adaptation des systèmes de transport aux situations géographiques, économiques et sociales.
Les infrastructures
En général, l'offre en réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux existe dans nombre de pays mais est insuffisante dans d'autres. L'entretien des réseaux constitue aussi une limite au développement des SADA.
Les opérateurs de transport
Il existe une multitude d'acteurs du transport - groupements de producteurs, sociétés agro-industrielles, commerçants, transporteurs proprement dits, dont une majorité de petits transporteurs routiers peu formés. Cette diversité rend compte de la divergence des intérêts des opérateurs de transport mais aussi de la multiplicité des relations qu'ils tissent entre eux.
Les marchandises
L'équilibre entre fret aller et fret retour est nécessaire pour le bon fonctionnement des systèmes de transport et passe par une connaissance des zones d'approvisionnement et des marchés, en particulier urbains.
Les conditions économiques du transport
Les prix du transport sont élevés et varient selon les saisons, l'accessibilité des zones d'approvisionnement et des marchés, les véhicules et les types de produits vivriers.
Le cadre institutionnel
Les réglementations et tarifications, nécessaires pour réguler les systèmes de transport, posent la question du rôle des institutions publiques à toutes les échelles géographiques.
L'accroissement des besoins, et donc des difficultés d'approvisionnement des villes, apparaît inévitable. Les déséquilibres entre zones d'approvisionnement et centres urbains vont aller en s'accélérant et se traduiront notamment par l'augmentation de la congestion sur certains axes, dans certaines villes par l'enclavement persistant de régions de production, et par la non réhabilitation d'axes routiers, ferrovières et fluviaux.
Ces perspectives ne doivent pas occulter le rôle joué par les acteurs du transport dans la régulation des SADA.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
Développer l'information sur les frets disponibles (selon les saisons, les productions) auprès des acteurs du transport;
favoriser l'organisation et la formation des opérateurs de transport et, notamment, des transporteurs;
trouver un système de taxation adapté aux systèmes de transport;
développer les infrastructures à différentes échelles géographiques.
Thèmes de recherche
Il s'agit de mieux connaître:
les relations entre réseaux d'infrastructures et SADA;
les circuits de produits et les systèmes de transport entre zones d'approvisionnement (y compris périurbaines) et marchés urbains;
les connexions entre systèmes de transport alimentaire interrégional et systèmes de transport alimentaire urbain;
les besoins en infrastructures (gares, parkings, axes de communication).
Animateur
CHAPELLE Jean Marie
Participants
AGUIE Amaffon Germain, BARRE Philippe, BIKORIMANA Nestor, DE LARDEMELLE Lucien, DIOUF Mamadou, KONARE Nafissatou, LOROUGNON Nané, MOREL François-Andre, OULD TAR Sidaty, ROBERTS Richard, SOUMARE Harouna
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
Le cadre législatif et réglementaire du développement des SADA en Afrique doit être appréhendé à différents niveaux.
Le rôle de l'Etat
Il concerne la détermination du cadre législatif général et les modalités d'intervention de ses administrations centrales et/ou principales dans l'élaboration, l'application et le suivi de la réglementation.
Il est de sa responsabilité de légiférer sur les usages, les coutumes et les règlements concernant les polices, l'administration, la fiscalité, etc., en particulier dans le cadre des SADA, afin de stabiliser et de sécuriser les relations entre les opérateurs et les autorités.
Les champs d'application du pouvoir réglementaire des collectivités locales
Ils concernent prioritairement les conditions d'exercice des SADA:
au niveau de l'organisation de l'espace urbain: les occupations spontanées du domaine public, les espaces d'activités économiques au sens large, tout ce qui a trait au problème foncier et à l'organisation de l'espace urbain d'une manière générale;
la réglementation relative aux normes de qualité et d'hygiène sur les marchés urbains;
l'organisation des acteurs et leur implication (avec une concertation préalable indispensable), l'organisation des groupements et associations;
l'élaboration de la réglementation interne des différents marchés: gros, détail, etc.
Principales contraintes et difficultés
Pour l'Etat
Le manque de cadres juridiques compétents (spécialisation des magistrats);
les abus de pouvoir des agents de certaines administrations;
les problèmes d'échanges inter-pays.
Pour les collectivités locales
Le problème foncier;
l'absence de moyens (logistiques et ressources humaines) pour la gestion des marchés et de l'environnement;
le manque d'information pour les opérateurs qui ne sont pas instruits au sens «occidental» du principe: «Nul n'est censé ignorer la loi», mais quelle loi?;
le problème de la représentativité réelle des associations de commerçants et chambres de commerce;
la méconnaissance ou le refus des opérateurs d'utiliser un minimum de règles de gestion, comptabilité, etc.
Conséquences envisageables de la situation actuelle:
une diminution de l'efficacité des SADA;
des risques et, par conséquent, des coûts élevés pour la collectivité.
En conclusion, la libéralisation et la démocratisation ne peuvent pas signifier laisser-faire et anarchie. Il est nécessaire de rétablir l'autorité de l'Etat; en ce qui concerne les SADA, le besion d'intervention et d'appui minimum de l'Etat est manifeste.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
La problématique est celle du rôle nouveau à définir pour l'Etat appliqué aux SADA des villes et dans les conditions actuelles de libéralisation, ce qui implique l'élaboration et l'harmonisation des réglementations, en particulier:
l'harmonisation de la réglementation dans le cadre de l'UEMOA et la CEDEAO;
la recherche sur les types de Sociétés de gestion d'économie mixte (ex. Tunisie) pour appuyer et conseiller les opérateurs;
l'élaboration d'un code d'usage au niveau de la profession et de l'interprofession;
l'information, la formation et la sensibilisation des acteurs, notamment:
Thèmes de recherche
Recherches d'ordre général
Une étude de droit comparatif, droit traditionnel, droit colonial importé, droit national nouveau;
la normalisation des produits;
la recherche sur le caractère informel afin de clarifier le concept illégalité ou non-légalité.
Recherches appliquées et opérationnelles
Une typologie des spécificités des marchés selon leur dimension (gros-détail) et leurs lieux d'implantation;
des canevas d'organismes de gestion et les rapports entre les opérateurs et l'organisme de gestion;
les comportements de survie et les installations spontanées et anarchiques.
Un volume de la Collection «Aliments dans les villes» pourrait être préparé rassemblant des études portant sur:
une recherche bibliographique;
un bilan des besoins de l'approvisionnement et de la distribution;
l'analyse de l'organisation réglementaire des marchés;
une étude sur l'encadrement juridique des acteurs publics et privés.
Animateurs
BIKORIMANA Nestor et NDIAYE Cheikh
Participants
CHEYNS Emmanuelle, COULIBALY Hélène Assita, COULIBALY Nessan Désiré, GUIRO Amadou, HASSABALLAH Mahamat Aly, LAMBERT Jean-Claude, LO Sérigne T., MOUSTIER Paule, N'DIR Babacar, SALL Farba Lamine, WANE Oumar
Principaux aspects du thème et pertinence par rapport aux SADA
La qualité d'un aliment peut être perçue sous plusieurs angles: qualité nutritionnelle, hygiénique, sanitaire, qualité dans la commodité d'usage (valorisation des produits locaux), etc.
Le terme qualité a été considéré ici dans sa globalité, en conformité avec l'Organisation internationale des standards (ISO) qui définit la qualité comme «l'aptitude à satisfaire des besoins explicites ou implicites».
Dans l'ensemble, la maîtrise de la qualité des aliments dans les SADA est une préoccupation urgente et prioritaire pour l'ensemble des acteurs des pays africains. De nombreux besoins ont été exprimés et résultent des nouvelles exigences des consommateurs en matière de qualité, tant en ce qui concerne les produits locaux qu'importés.
La nécessité de faire face à une dure compétition et de créer les conditions d'une concurrence loyale sur le marché intérieur pour ne pas pénaliser la production locale, dans le contexte de la libéralisation que connaissent ces pays, fait apparaître sans détour l'importance de la maîtrise de la qualité des produits, locaux et importés, vendus sur le marché national.
Dans plusieurs pays, des organisations civiles (associations ou ligues de consommateurs) ont vu le jour et peuvent être un canal à explorer.
Principales difficultés et contraintes
Les activités de contrôle de qualité dans le secteur agroalimentaire sont, d'une manière générale, éparpillées entre diverses structures (quand elles existent), travaillant sur la demande d'organismes publics ou privés et ayant à charge la gestion d'une ou plusieurs filières.
Des textes sur la qualité qui soient adaptés aux contextes africains sont insuffisants. Les législations existantes sont de portée générale, et celles spécifiques au secteur agroalimentaire présentent des lacunes, quand elles existent.
Axes de réflexion pour la définition de politiques, programmes et activités de développement
L'urgence et l'importance de mettre en place un système de maîtrise de la qualité ont été soulignées, ce qui rend nécessaire un système de contrôle.
Les interventions sont à mener dans plusieurs domaines.
Législation et qualité alimentaire
Les textes garantissant la qualité des aliments doivent être mieux explicités, souples et s'adapter aux réalités africaines et aux secteurs agroalimentaires. Il faudrait développer des services de conseil auprès des producteurs.
Il convient de mettre en place des réglementations incitatrices à une production qualitative, et éliminer celles qui constituent des entraves à l'émergence de la production intérieure.
Information - Education - Formation
L'information est à la base de toute action. Elle doit pouvoir entraîner les acteurs à changer leur comportement afin d'offrir la garantie de qualité recherchée dans le secteur. Toutefois, il est très important de noter que la délivrance de toute information doit aller de pair avec des mesures d'accompagnement, si l'on tient à un changement de comportement des acteurs; par exemple:
les acteurs producteurs doivent être sensibilisés aux bonnes pratiques agricoles pour mettre à la disposition des transformateurs des produits de qualité satisfaisante;
les acteurs de la transformation doivent être éduqués aux règles d'hygiène et de salubrité, et être sensibilisés sur les maladies à transmission alimentaire:
les consommateurs, qui constituent une force le plus souvent non utilisée, devraient être sensibilisés et éduqués. Les associations et les ligues de consommateurs peuvent êtres utilisées à cette fin;
les services d'hygiène publique qui, faute de ressources humaines et matérielles, sont perçus comme purement répressifs, peuvent jouer un rôle de sensibilisation.
Un diagnostic préalable à toutes ces formations est nécessaire pour identifier les principaux acteurs et choisir des supports pédagogiques idoines.
La principale contrainte relative à l'éducation et à la formation est leur coût. Pour lever cette contrainte, il convient de régionaliser la formation et d'agir aussi sur la formation de formateurs.
Les sources de financement des actions d'éducation et de formation pourront provenir des taxes perçues par les collectivités locales.
Les infrastructures marchandes, en particulier les marchés de gros
Ce sont les pôles de convergence des acteurs de la distribution et les lieux par excellence des restaurations collectives. Il convient alors d'assurer aux acteurs et aux aliments un environnement sain en procédant à des aménagements, tels que:
Le coût serait supporté par la collectivité.
Les laboratoires de contrôle de la qualité
Il est, à l'heure actuelle, important d'organiser et d'équiper les structures de contrôle et de les doter d'un personnel bien formé et compétent qui puisse jouer un rôle dans le développement économique.
Les laboratoires peuvent être publics ou privés mais doivent, dans tous les cas, être équipés pour satisfaire aux exigences du marché local.
Les contraintes souvent observées dans ces structures (même bien équipées au départ) relèvent des déficiences de la maintenance et du bas niveau de formation du personnel devant utiliser les appareils; elles sont la cause de frais de fonctionnement élevés.
Le personnel doit donc être formé à l'utilisation et au maintien (entretien) des appareils, alors que les frais de fonctionnement pourront être supportés par les collectivités, la municipalité et les opérateurs privés, premiers bénéficiaires des prestations de ces structures de contrôle.