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E   X   T   R   A   I   T   S

D   E   S

E   X   P   O   S   E   S


SITUATION DES ACTIVITES HALIEUTIQUES DANS LE FARITANY

(par M. RAZAFIMBELO H. - Chef SPPA d'Antsiranana)

I. PRESENTATION DU FARITANY

Avec une superficie de 49.000 Km2 environ, et une population autour de 1.044.000 habitants, le Faritany d'Antsiranana possède neuf (9) Fivondronana) dont le classement par ordre décroissant de l'effectif de la population est le suivant : Sambava, Andapa, Ambilobe, Vohémar, Antalaha, Ambanja, Antsiranana I, Antsiranana II et Nosy-Be.

La côte Est est caractérisée par:

La côte Ouest est caractérisée par :

II. LES ACTIVITES DE PECHE

II. 1. L'administration de la pêche et de l'aquaculture

Au niveau du Faritany se trouve le SPPA.2 qui se divise en trois (3) CIRPA :

Par ailleurs, une Brigade de la Pêche et de l'Aquaculture devrait exister à Ampisikinana. Le tableau no1 donne un résumé de la structure du SPPA.2. Pour le personnel, le tableau no2 en montre la situation.

II. 2. Les activités de pêche maritime

Les trois (3) sortes d'activités de pêche maritime existent au niveau du faritany :

La pêche traditionnelle

Sur la côte-Est, c'est la forme d'activité prédominante caractérisée par l'emploi de méthodes et d'engins très simples.

Le tableau no3 donne l'effectif des pêcheurs et d'engins utilisés (d'après les résultats de l'enquête cadre effectuée en 1988).

A partir de ce tableau, on peut tirer le tableau no4 qui donne les différents pourcentages de répartition.

D'une manière générale, cette pêche traditionnelle rencontre les mêmes problèmes que l'on trouve partout ailleurs en commençant par la précarité des moyens de production, en terminant par l'aval de cette production qui n'est pas organisée. C'est pour briser ce carcan qu'a été mis en place le projet de coopération RDM/RFA (GTZ) à Nosy Be. Le projet du Collège Saint Jean d'Antalaha répond également à cet objectif.

Au plan particulier de la pêche crevettière, il faut noter l'abondance des “valakira” dans la région d'Ambilobe et d'Ambanja et dont l'existence et entretenue par le jeu de la concurrence entre les sociétés de collecte basées à Nosy Be et à Antsiranana.

La pêche artisanale

Sa définition étant fort discutée actuellement, il faudrait entendre par pêche artisanale celle utilisant une embarcation motorisée aussi bien pour le chalutage que pour d'autres méthodes de pêche.

Sauf dans de très rares exeptions, le problème de maintenance et d'entretien fagote ce secteur d'activité.

L'utilisation du moteur comme moyen de propulsion des embarcations se développe surtout dans la pêche crevettière (pêche, collecte). Peu d'initiatives sont observées dans la pêche d'autres ressources.

Le tableau no5 donne la situation des embarcations motorisées dans le faritany

La pêche industrielle

Pêche crevettière à Nosy Be, pêche thonière dans la ZEE Malgache avec transbordement de thon et conserverie de thon à Antsiranana, telles sont les activités de pêche industrielle dans le faritany d'Antsiranana.

Pêche crevettière

Pour la pêche industrielle crevettière, les PNB (société existant depuis les années 70) disposent d'une flotille de seize (16) chalutiers dont huit (8) glaciers et huit (8) congélateurs et d'un navire-mère. Elle possède également des installations à terre pour le traitement et le conditionnement des produits avant leur exportation.

Pêche thonière

Depuis quelques années (1986 – 1987), les thoniers senneurs européens fréquentent le port d'Antsiranana pour diverses raisons :

Indubitablement la ville d'Antsiranana tire beaucoup d'avantages économiques générés par la présence de ces thoniers. Cependant, un petit problème subsiste quant à la concurrence menée par le poisson non accepté par les thoniers (poissons d'accompagnement et thon blessé). Dans un récent reportage économique sur la ville d'Antsiranana, la Radio Nationale n'a pas manqué de souligner ce problème qui sera beaucoup plus accentué lorsque le fonctionnement de la conserverie attirera davantage les thoniers à venir à Antsiranana.

En parlant de cette usine qui est la plus grande dans la région, elle sera fonctionnelle d'ici la fin de l'année et l'effet induit qu'elle engendrera sur l'économie de la ville est attendu avec beaucoup d'espoir selon les Autorités.

III. LA PECHE CONTINENTALE - LA PISCICULTURE

La pêche continentale dans le faritany n'est pas assez développée dans le sens où on la compare à ce qui existe dans d'autres faritany des hautes terres.

Cependant des possibilités de relance de cette activité ne sont point à écarter notamment sur la côte Est oú elle peut constituer un supplément d'apport alimentaire pour la population. Nous pensons en particulier à la région de Sambava, d'Antalaha et d'Andapa.

Dans le temps, deux stations piscicoles étaient fonctionnelles dont l'une à Antalaha et l'autre à Andapa que nous avons visitées recemment. La station d'Andapa fait actuellement l'objet d'une étude de réhabilitation dans le cadre d'un vaste programme de développement de cette région. Pour Antalaha, sa remise en service n'est point impossible. Dans l'un comme dans l'autre cas, il faudrait étudier et préciser les objectifs :

Le problème commun à ces deux scénarios réside dans la présence du FIBATA et les lamentations des pêcheurs d'Andapa et de Sambava sont interminables à ce sujet. A Andapa plus particulièrement, une région à vocation rizicole, les paysans éprouvent le besoin de voir réapparaître les espèces de la faune piscicole comme les tilapia qui se raréfient dangereusement depuis l'apparition de ce FIBATA qui a été introduit depuis Sambava par quelqu'un qui en faisait l'élevage familial. Une grande inondation vers 1982 n'a fait que propager ce poisson. Actuellement, la situation est des plus alarmantes.

L'anguille est également présente dans le faritany mais sa consommation est “fady” pour une bonne partie de la population. Par contre, sa capture ne fait pas l'objet d'un quelconque interdit.

A un moment donné, certains opérateurs ont fait l'exploitation des cuisses de nymphe à partir des captures venant de la région d'Ambanja. Il semble que cette activité s'est estompée au profit d'autres plus lucratives telles que les crevettes.

D'une manière générale, un vaste programme devrait être mis en oeuvre pour bien cerner la pêche continentale et la pisciculture dans le faritany afin qu'elles ne soient pas l'enfant pauvre du domaine halieutique.

La mariculture

Dans le cadre d'un projet antérieur (MAG/76/002) on a démontré la possibilité d'élever le Chanos chanos dans les bassins de la société salinière.

Actuellement un projet entre la RDM, le PNUD et les PNB met en oeuvre un élevage de crevettes à Nosy Be. Est-ce la solution de demain pour l'exploitation des crevettes dont la demande est toujours assez forte sur le marché mondial ? Est-ce que son développement futur ne risque-t-il pas de porter atteinte aux mangroves et ainsi renverser certain équilibre écologique? Telles sont les questions qui méritent d'être posées afin que l'économie et l'environnement aillent de pair et d'une façon complémentaire.

C O N C L U S I O N

Sur le plan de la ressource :

La méconnaissance des certaines ressources, sinon la plupart, semble à l'origine de l'inexistence d'initiative d'exploitation. Les pêches d'essai ou d'exploration ne tentent pas trop les opérateurs qui raisonnent tout de suite en terme de rentabilité immédiate. Le législateur, quant à lui, devant cet amas d'imprécision, ne peut agir efficacement. D'où la situation suivante ou les réglementations n'existent pas ou elles ne sont pas adaptées. Conséquence : l'Administration se voit amputée d'une bonne partie de sa capacité, celle de gérer la ressource, de conseiller les opérateurs ; en d'autres termes jouer le rôle de pilote des pêches. C'est valable aussi bien en pêche maritime qu'en pêche continentale.

Sur le plan des moyens d'exploitation

Un gouffre très profond sépare les moyens mis en oeuvre par la petite pêche par rapport à ceux utilisés par la pêche industrielle.

Le petit pêcheur d'Ankazomborona continuera d'utiliser les valakira et les sociétés ou opérateurs plus nantis progressent dans les techniques modernes et la complémentarité n'est pas évidente, du moins pour le moment.

Sur le plan de la commercialisation

Tout le monde cherche actuellement à exploiter les produits exportables dits générateurs de devises, au détriment du ravitaillement du marché local ou intérieur. Plus spécialement pour Antsiranana, les voies de communication sont des plus difficiles.

Sur le plan institutionnel

Au niveau du faritany, les acteurs du secteur halieutique n'ont pas souvent l'occasion de se concerter si bien que tout le monde est d'abord mal informé des problèmes de la pêche, ensuite chacun agit à sa manière croyant que ce qu'il fait est une activité indépendante de ce que font ou pensent les autres.

Tableau No1 : STRUCTURE DU SPPA.2.

SPPA.2CIRPASECPABRIPA
ANTSIRANANANAAntsirananaAntsiranana*Bobasakoa
Ambilobe*
Nosy BeAmbanja*Néant
SambavaVohémarAmpisikinana*
Antalaha*
Andapa*

* non fonctionnelle

Tableau No2 : LE PERSONNEL DU SPPA.2

NIVEAUTECHNICIENSADMINISTRATIFSOBSERVATEURS THONIERSENQUETEURSMARINTOTAL
SPPA.2489--21
CIRPA.2122-3-7
CIRPA.2233-258
CIRPA.23-2-2-4
SECPA - VOHEMAR1--1-2
T O T A L101598547

Tableau No3 : PECHEURS TRADITIONNELS

EAUXFIVONDRONANAPECHEURS 1988PIROGUES 1988FILETS MAILLANTS 1988SENNES 1988LIGNES 1988HARPONS/NASSES 1988BARRAGES 1988
DOUCESNOSY BE0000000
AMBANJA0000000
AMBILOBE27507033000
ANTS. I et II5067078100
VOHEMAR853246829280
SAMBAVA2107810391101081
ANTALAHA10026211261864
 SOUS-TOTAL720142184185733325
ESTUAIRESNOSY-BE0000000
AMBANJA1.3437634371121.04486393
AMBILOBE1.015635309581.069438211
ANTS.I et II1847836131591947
VOHEMAR32122425829273202
SAMBAVA21192141368650
ANTALAHA19810910022063539
 SOUS-TOTAL3.2721.9011.2812172.8191.758362
MARINESNOSY-BE1.271717143121.3907269
AMBANJA591389150461.0765560
AMBILOBE331243920373120108
ANTS.I et II1.10955225030881535141
VOHEMAR12144599101340
SAMBAVA40158050100
ANTALAHA50926329906171.01744
 SOUS-TOTAL3.9722.2231.0013754.4222.814202
 TOTAL FARITANY7.9644.2662.4666107.8144.904569

Tableau No4 : REPARTITION DES PECHEURS



EAUX DOUCES
FARITANYFIVONDRONANA

7 2 0
  %
NOSY-BE00
AMBANJA00
AMBILOBE27538,2
ANTSIRANANA I et II507
VOHEMAR8511,8
SAMBAVA21029,1
ANTALAHA10013,9
ESTUAIRES3 2 7 2NOSY-BE00
AMBANJA1.34341
AMBILOBE1.01531
ANTSIRANANA I et II1845,6
VOHEMAR3219,8
SAMBAVA2116,4
ANTALAHA1986,2
EAUX MARINES3 9 7 2NOSY-BE1.27132
AMBANJA59115
AMBILOBE3318,3
ANTSIRANANA I et II1.10928
VOHEMAR1213
SAMBAVA401
ANTALAHA50912,7

Tableau no5 : EMBARCATIONS MOTORISEES DANS LE FARITANY

LOCALISATIONUTILISATIONNOMBRE
CIRPA
ANTSIRANANA
Pêche
Collecte
15
6 (collecte de crevettes)
CIRPA
NOSY-BE
Pêche
Collecte
18
9
CIRPA
SAMBAVA
Pêche
Collecte
Néant
3 (à Antalaha)

RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LE FARITANY D'ANTSIRANANA

(par M. RALISON, Directeur à la SOMAPECHE)

INTRODUCTION

Le développement de la pêche dans une aire maritime donnée est subordonné à l'injection d'hommes, de capitaux et de technologie appropriée selon un dosage tenant compte de multiples considérations dont certaines à caractère économique et / ou politique. L'injection de ces facteurs de développement est déclenchée, sinon stimulée, par la connaissance préalable de l'existence en quantité exploitable d'espèces-cibles dans l'aire maritime considérée.

On passera donc en revue ci-après les prospections halieutiques et pêches expérimentales passées et on rappelera leurs résultats. Auparavant un rappel des conditions hydrométéorologiques influençant la pêche sera fait.

I. CONDITIONS DE MILIEU

Le faritany d'Antsiranana situé à l'extrémité Nord de Madagascar est baigné par l'Océan Indien sur sa côte Est et par les eaux du Canal de Mozambique sur sa côte Ouest. Sa façade maritime, limitée au Sud-Est par le Cap Masoala et au Sud-Ouest par l'entrée de la baie de la Sahalava est longue de 800 Km environ.

La proximité d'une multitude d'îles dépendant d'Etat tiers ou sur lesquelles les souverainetés exercées sont encore litigieuses ne rend pas applicable sans restriction le principe des 200 milles de zone économique exclusive défini par le Nouveau Droit de la mer :

Le principe de la ligne médiane est donc appliqué ici mais l'absence de négociations formelles avec les pays voisins fait que jusqu'à présent la limite de la Z.E.E. malgache dans cette partie de l'Océan Indien, n'est pas déterminée avec exactitude (il convient d'insister sur ce point qui risque de constituer un obstacle juridique au développement des futures activités thonières nationales…).

Le plateau continental est étroit sur la côte Est (3–5 milles), mais est relativement large par contre sur la côte Ouest (40 milles). La baie d'Ambaro et ses baies annexes d'une superficie totale de 250 milles carré, constituent ici l'ensemble le plus intéressant sur le plan halieutique.

Les côtes malgaches sont soumises dans leur ensemble à l'alternance de la mousson de Nord-Ouest de Novembre à Mai (saison humide ou été austral), et de la mousson de Sud-Est ou alizé de Mai à Septembre (saison sèche ou hiver austral).

Sur la côte Est toutefois, les alizés dominent pendant toute l'année : les effets de la mousson d'été austral et des vents locaux (brises de terre et de mer) y sont faibles.

L'exposition directe de la côte est à la houle Indo-Océanienne et aux alizés, y rend la navigation difficile ; la situation inverse s'observe sur la côte Ouest, MOAL (1974) dénombrait ainsi 20 jours/an avec vents de vitesse inférieure à 10 Km/heure à Antalaha, contre 220 jours/an à Nosy-Be. Sur la côte Nord-Est malgache, et plus précisement dans la région du Cap Masoala - Ile Sainte Marie, bute le courant Sud Equatorial (C.S.E) et l'hypothèse de l'existence dans cette zone d'un Upwelling a été émise par plusieurs auteurs (SCHOTT, 1943; DEFANT, 1961; OVTCHINNIKOV, 1961 ; MENACHE, 1961). Si cette hypothèse n'a pas été vérifiée d'une manière définitive jusqu'à présent, signalons par contre que les concentrations importantes de poissons plantonophages (Sardinella spp), ont été enregistrées durant certaines époques de l'année dans la région d'Antalaha.

Le Courant Sud Equatorial se divise en 2 branches après avoir heurté la côte malgache et la branche septentrionale après avoir longé la côte Nord-Est contourne le Cap d'Ambre, où il donne de violents courants, avant de se diriger vers les côtes somaliennes.

On admet que les eaux qui baignent les côtes malgaches sont chaudes et pauvres en éléments nutritifs dissous; cette idée est à manipuler avec précaution en ce qui concerne le faritany d'Antsiranana car en plus de l'hypothétique Upwelling de la côte Nord-Est, il est démontré que les baies de sa côte Ouest sont très riches : grâce à un système de circulation à deux couches, elles fonctionnent comme des trappes à matières organiques, qui s'accumulent et se minéralisent à ras de côte (d'où probablement la forte productivité de crevettes Peneides constatée dans la région…). Les rares tirs de bathythermographes effectués dans la région ont permis de constater que la thermocline, quand elle existe, est peu marquée et se situe vers 150m pour la côte Ouest, sur la côte Est elle est très accentuée et se situe vers 100m.

II. LES RESSOURCES HALIEUTIQUES

2.1. Les ressources exploitées

Il existe dans le faritany d'Antsiranana, notamment sur sa côte Ouest, une pêcherie traditionnelle s'adressant à des espèces-cibles variées et utilisant des techniques de captures très diversifiées ; parmi ces dernières, la pêche aux “valakira” mérite une mention à part vu son importance socio-économique.

Tableau 1 : Evolution de la pêche traditionnelle.

 1969–71
(1)
1981
(2)
1987–88
(3)
Pirogues9529904.264
Pêcheurs1.1982.2807.964
“Valakira”35 (4)153 (4)326 (5)

- (1) données de Collart (1972);
- (2) données de REY (1982);
- (3) données provisoires de la D.P.A.(1989), après son enquêtecadre;
- (4) données de RASOARIMIADANA (1985);
- (5) données de RABARISON (1990);

Il est difficile et fastidieux d'établir une liste exhaustive des espèces exploitées par les pêcheurs traditionnels ; ceux qui sont intéressés par le sujet, du moins pour ce qui est des poissons, peuvent s'adresser aux ouvrages spécialisés dont le récent et remarquable "Guide des poissons commerciaux de Madagascar" de BAUCHOT et BIANCHI (1989). Le tableau 2 inventorie les espèces majeures capturées par méthode et engin de pêche.

Les pêcheries artisanales motorisée et industrielle sont développées dans le Faritany. Si l'éventail d'espèce-cibles de ces sous-secteurs est restreint, chaque espèce contribue par contre massivement aux captures :

-Penaeus monodon ou CamaronCrevettes ou Makamba
-Penaeus indicus
-Penaeus semisulcatus
-Penaeus japonicus
-Metapenaeus monoceros

Il convient de citer l'existence de 1972 à 1975 d'une pêcherie bonitière basée à Nosy-Be et mettant à terre avec 9 canneurs 11.000 T/an de listao (Katsuwonus pelamys). La relève de cette activité est assurée en quelques sortes à l'heure actuelle par des senneurs de la C.E.E opérant tant dans les eaux internationales que dans celles des pays insulaires de l'Océan Indien du Sud-Ouest ; les captures déclarées dans les eaux territoriales malgaches, qui sont composées essentiellement de listao et de thon jaune (Thunnus albacares) ont été de 7.576 T/an en 1988.

2.2Les ressources exploitables ou peu exploitées

A.POISSONS DE CHALUT

Les captures en crevettes Peneides du chalutage industriel et artisanal dans la baie d'Ambaro oscillent actuellement autour de 1.600 T/an de crevettes entières et sur la base d'un rapport de 1 kg de crevettes pour 5 kg de poissons d'accompagnement, on peut établir une capture théorique de 8.500 T/an. En supposant que 25% seulement de ces captures sont constitués de poissons de table, on peut espérer si les problèmes d'espace de conservation à bord des crevettiers ainsi que les problèmes de stockage à terre et de commercialisation sont résolus, une mise à terre effective de 2.100 T/an. Notons que RAVELOSON (1985) avait estimé à 55,9 kg/h, le rendement horaire en poissons demersaux d'un chalut de 24 m de corde de dos et de 20 mm de côte de maillage de cul opérant en baie d'Ambaro durant la période 1983–84.

Par le biais de pêches d'échantillonnage et en faisant varier le coefficient de mortalité M entre 0,5 et 0,7, RAZAFINDRAINIBE (1985) obtenait toujours en baie d'Ambaro entre l'isobathe 10m et le rebord du plateau continental, un MSY compris entre 1.430 T/an et 2.000 T/an. Les poissons les plus importants, tant par leur fréquence dans les prises que par le tonnage capturé sont les Leiognathidae (Leignathus equula, L. splendeus…), les Mullidae ou Rougets-barbets (Upeneus sulphureus, U. moluccencis, U. viatus…), les clupes et surtout le marquereau-indien, Rastrelliger kanagurta qui a un comportement benthique dans les zones côtières.

Tableau 2 : Quelques espèces cibles de la pêcherie traditionnelle

ENGINS/METHODES
(groupe zoologique)
NOMS SCIENTIFIQUESNOMS LOCAUX
VALAKIRA  
  (Crevettes)Penaeus indicusAkamba
Panaeus monodon
Penaeus semisulcatus
Metapenaeus monoceros
Metapeaneus stebblingii
  (Poissons)Leignathus equulaLily
Therapon therapsDrihy
Chorynemus toolAmpandro (juvénile)
Caranx tilleLanora (juvénile)
Sardinella gibbosaMarotaolana
Mugil strongylocephalusBika
Rastrelliger kanagurtaMahaloky
TRAINE  
  (Poissons)Scomberomorus commersonniiAngoho
CASIER  
  (Poissons)Siganus oramiiHenjy
PECHE A PIED  
(Mollusques)Crassostrea cucculataSaja
Anadara sppKodiva
Octopus sppOrita
  (Crabe)Scylla serrataDrakaka
PLONGEE EN APNEE  
  (Langoustes)Panulirus pennicillatusKomajiva
Panulirus versicalor
Panulirus dasypus
FILET MAILLANTS  
  (Poissons)Chanos chanosVango
Liza sppTorovoka

Pour sa part RABARISON (1986) en utilisant un chalut à grande ouverture verticale de 52m de corde de dos et de maillage de cul de 20mm de côté, obtenait les potentiels exploitables en poissons demersaux suivants dans ladite baie en prenant M = 0,5 : 1.170 T en saison sèche et 1.268 T en saison humide.

B.LES POISSONS DE RECIFS

Un récif barrière immergé court le long de la côte Nord-Ouest sur le bord du plateau continental. En se basant d'une part sur la similarité de la productivité globale des récifs entre le Cap Saint Sébastien et les Iles Radama, RAZAFINDRAINIBE (1985), avançait l'existence d'un potentiel exploitable de 800T/an composés essentiellement de Lutjanidae (Lutjanus bohar, L. rivalatus…) et de Serranidae. Les prises par unité d'effort en utilisant une simple ligne à main sont :

SECTEURPIECES/HKGS/H
Mitsio813,4
Iranja516,2

Tableau 3 : Rendements de la ligne à main.

C.LES LANGOUSTES

Quatre (4) espèces de Langoustes se rencontrent sur les fonds récifaux tant sur la côte-Ouest que sur la côte-Est du Faritany où elles font l'objet d'une pêche par plongée : Panulirus versicolor ; P. ornatus ; P. japonicus et P. dasypus (cette type dernière est typique à la région septentrionale malgache …). La qualité médiocre de la chair de ces Crustacés, leur trop grande taille et leur refus d'entrer dans les casiers, font qu'ils sont moins recherchés que les langoustes rouges australes malgaches. Le marché de ce produit étant porteur toutefois, un certain développement dans sa pêche est attendu ; surtout si les expériences actuelles de la coopération technique allemande (G.T.Z.) à Nosy-Be pour mettre au point un filet adapté aux conditions de milieu sont couronnées de succès.

Notons que GUIDICELLI (1984) avait émis, en référence au contexte écologique général des eaux du plateau continental malgache qui est identique à celui des eaux de beaucoup de pays tropicaux producteurs de langoustes néritiques, l'hypothèse de l'existence entre 0 et 40m dans l'ensemble des eaux malgaches de 21.000 Km2 de zones rocheuses et coralliennes susceptibles de soutenir une production de 1.000 T/an de langoustes.

D.LES CRABES

La baie d'Ambaro est tapissée, sauf dans ses parties Sud et Nord, par une épaisse forêt de palétuviers longue de 160 Km et pouvant atteindre par endroit 7 Km de large. Pour une superficie évaluée à 50.000 ha, l'existence d'un stock exploitable de 1.250 T/an de Scylla serrata est du domaine du possible.

E.LES POISSONS PELAGIQUES

E.1.Les petits pélagiques

Pour se procurer des appâts vivants les bonitiers mentionnés au paragraphe 2.1. avaient utilisé des “boke-ami” (nappes carrées de 30 m de côté avec des mailles de 5 m de côté, incluant une poche de capture de 10 × 15 m avec des mailles de 2,5 m de côté …). Les rendements mensuels moyens oscillèrent entre 400 et 570 Kg/nuit et les espèces capturées furent (DUPONT et RALISON, 1973 ; STEQUERT et AL, 1975) :

Des calculs de biomasse et de potentiel de production ont été effectués en utilisant à partir des données de ce projet, l'équation de BEDDINGTON et COOKE (1983) reliant la biomasse vierge et le MSY et en prenant M=0,8 ; K=0,5 et 1 an comme âge de premier recrutement. Le taux d'exploitation est égal à 23% de la biomasse.

Z O N E SMOISSURFACE
km2
BIOMASSEMSY
(T)
-Pointe d'Angadoka à Cap d'Ambre (côte Ouest)…Mai12.707249.42859.000
-Cap d'Ambre à Cap Masoala (côte-Est)Nov/Déc-négligeable-

Tableau 4 :Ressources en petits poissons pélagiques (d'après ANONYME, 1985).

Concernant spécifiquement la baie d'Ambaro et en utilisant le chalut décrit plus haut, RABARISON (1986) évaluait le potentiel exploitable en petits poissons pélagiques en prenant M = 0,65, à 2.250 T pendant la saison sèche et à 1.360 T durant la saison humide.

E.2.Les gros pélagiques

Les gros pélagiques autres que les thonidés avaient fait l'objet de prospections par pêche à la traîne de 1965 à 1968 sur la côte Nord-Ouest : 2 bâteaux mouillant chacun 6 lignes de traînes avaient pêché pendant 646 heures dans les fonds de baie d'une part et sur les récifs immergés du large d'autre part. L'unité d'effort étant 10 heures de traîne par un bateau de 6 lignes, il avait été calculé une prise par unité d'effort de 38 pièces de poids moyen 4,6 kg dans les baies et de 30 pièces sur les bancs; le reste du plateau était jugé peu intéressant (CHABANNE, 1970).

Les captures étaient composées d'une trentaine d'espèces dont 11 Carangidae constituant 67,9% des prises (Caranx ignobilis, C. melampygus et C. sexfasciatus, notamment…), 4 Scombridae pour 19,8% des prises Scomberomorus commerson essentiellement…), 5 Sphyraenidae pour 8,8% des prises, 3 Lutjanidae pour 3,1% des prises (Aprion viresceus…).

Les thonidés constituent de toute évidence avec les crevettes, le deuxième produit-pilier d'une économie halieutique orientée vers l'exportation. Du fait du caractère migratoire de ces poissons d'une part et du faible volume de données fiables disponibles d'autre part, il est assez difficile toutefois de présenter des estimations de stocks susceptibles d'attirer les nouveaux investisseurs. Il n'en demeure pas moins qu'une part nonnégligeable des stocks pêchés actuellement avec beaucoup de profit par les flottes non-riveraines à la région, pourraient de droit être réservés ultérieurement à une flotte nationale.

S U G G E S T I O N S

  1. Encourager les armateurs industriels et artisanaux de la pêcherie crevettière à solutionner les différents problèmes qui s'opposent à la mise en valeur des stocks de poissons d'accompagnement.

  2. Encourager la mise en valeur des ressources ichthyques récifales, en s'inspirant éventuellement de l'organisation et des méthodes appliquées à l'endroit des stocks de poissons des bancs océaniques de Salha de Maya par les Mauriciens.

  3. Vulgariser le modèle de filet à langoustes conçu par la Coopération Technique Allemande, dans la mesure où les premiers essais effectués avec ledit filet sont positifs.

  4. Encourager la participation nationale dans la pêche thonière en tirant profit notamment de l'expérience COMANIP de 1972–1975 et des premiers résultats des essais de D.C.P., et amorcer les négociations voulues pour délimiter d'une manière définitive la Z.E.E. malgache.

  5. Réaliser les études biologiques et de dynamiques de populations nécessaires à l'aménagement à termes des stocks de ressources exploitées et /ou exploitables suivants :

LES ACTIVITES DE LA PECHE ET DE L'AQUACULTURE DANS LA CIRPA D'ANTSIRANANA

(Par M. RAKOTONDRASOA M.J. Chef CIRPA Antsiranana)

I.La pêche maritime

La CIRPA d'Antsiranana assure administrativement la couverture de trois (3) Fivondronana : Antsiranana I, Antsiranana II, Ambilobe. Elle possède une façade maritime importante, tant sur la côte Nord-Ouest que sur la côte Est.

La côte Nord-Ouest s'étend de la rivière Ambazoany (limite entre le Fivondronana d'Ambanja et celui d'Ambilobe) jusqu'au Cap d'Ambre. Cette zone est très riche en ressources halieutiques : crevettes, poissons, crabes…

Sur la côte Est, la côte s'étend du Cap d'Ambre jusqu'à la baie de Lokio (délimitation du Fivondronana d'Antsiranana).

La pêche maritime est très développée dans la région, elle est surtout caractérisée par la pêche crevettière (dans la baie d'Ambaro surtout), la pêche aux poissons, la pêche aux crabes. La pêche aux langoustes est plutôt limitée.

Chaque village a ses propres habitudes dans la pêche, si certains se spécialisent dans la pêche aux crevettes, d'autres ne pêchent que des poissons.

Les principaux villages producteurs des crevettes sont :

Toutefois ces villages produisent aussi des poissons, crabes, crevettes.

Par ailleurs, on peut citer quatre villages qui ne produisent que du poisson :

Pour la côte Est les villages dIvovona, Ambolobozikely sont des zones productrices qui assurent en plus de Ramena et d'Ampasindava, le ravitaillement de la ville d'Antsiranana.

Le résultat de l'enquête-cadre en 1989 a fait ressortir des villages de pêcheurs au niveau de la CIRPA d'Antsiranana avec 2.964 pêcheurs.

L'embarcation la plus utilisée est toujours la pirogue monoxyle à balancier ; 1.514 pirogues ont été recensées lors de l'enquête, prenant en compte la nature du bois, si elle est taillée, le prix varie de 50.000 Fmg (Pamba ou Kapotiers) à 300.000 Fmg (taille à partir d'un bois dur).

Les embarcations motorisées sont aussi adoptées par quelques villages tels que Ampasindava et Ramena qui les utilisent pour la pêche aux poissons. Mais dans les régions crevettières, les embarcations motorisées servent à la collecte des crevettes.

On a recensé 22 embarcations motorisées dans la CIRPA d'Antsiranana qui se répartissent comme suit :

La plupart de ces embarcations appartiennent à un patron et les pêcheurs ne font que les utiliser en groupe. Quant à la rénumération, elle se fait par part.

Les engins de pêche varient suivant les espèces cibles. Pour la pêche crevettière, le valakira est surtout utilisé mais certains villages commencent à se tourner vers l'utilisation des filets.

Pour la pêche aux poissons on utilise la ligne, les filets maillants, les sennes de plage.

Les produits sont en majeure partie collectés à l'état frais, vu l'existence d'une voie de desserte dans les principaux villages. Toutefois les modes de conservation courants sont utilisées par les pêcheurs en cas d'absence de collecteurs :

La collecte est assurée par les collecteurs et mareyeurs. Huit (8) sociétés de collectes basées à Antsiranana sont titulaires de décision d'exploitation des produits visés par l'arrêté No1093/86 du 05 mars 1986. Ce sont :

Mais actuellement c'est la société Tsaralaoka qui est en activité, ainsi que la SOPEMA dont l'avenir est encore plus ou moins flou étant donné que les matériels du dons japonais lui sont retirés. Un nouvel opérateur MAHAMODO est aussi en activité et sa décision est en cours.

Ces trois (3) sociétés effectuent surtout la collecte de crevettes. Deux (2) autres sociétés effectuent la collecte et la pêche de coquillages destinés à l'exportation (HASIKIN et Monsieur FENO)

Suivant les espèces et le mode de conservation, les produits sont destinés soit à la consommation locale, soit à l'expédition hors fivondronana, soit à l'exportation.

Les produits frais sont généralement soit amenés directement au marché pour la consommation locale (village à proximité des centres de consommation), soit conservés sous glace et collectés par les sociétés par l'intermédiaire des mareyeurs.

Les produits salés séchés sont surtout expédiés vers d'autres fivondronana ; les crevettes sont destinées surtout à l'exportation pour leur haute valeur commerciale. Ce qui fait que bien que produites dans la région, elles sont considérées comme produits de luxe.

Antsiranana est aussi une ville où s'effectue pour une bonne période de l'année généralement de fin Mars au début Juillet, le transbordement de thon.

II.La pêche continentale et la pisciculture

La CIRPA d'Antsiranana possède quelques plans d'eau continentaux; selon Kiener (1963) 31 lacs et étangs d'une superficie de 1.410 ha se trouvent dans deux fivondronana soit 409 ha dans le fivondronana d'Antsiranana II et 1.001 ha dans celui d'Ambilobe, cependant la pêche continentale est une activitè très peu pratiquée.

En effet, il est rare de trouver des poissons d'eau douce dans le marché d'Antsiranana, ceci est peut être dû à l'habitude de la population locale de consommer des produits marins qui sont écoulés en grande quantité sur le marché d'une part et d'autre part à l'existence d'un certain fady pour les anguilles.

Des sociétés ont effectué dans les années antérieures des essais de commercialisation d'anguilles fraîches ou fumées pour l'expédition vers Antananarivo (SOPEMA en 1987) et pour l'exportation (LA PESCA en 1989) mais il n'y a pas eu de suite.

La collecte des grenouilles et crapauds pour l'obtention de cuisse de nymphe est effectuée par quelques sociétés. En 1989, la SOPEMA a collecté 100 Kg, la PESCA 128 Kg et la société TSARALAOKA 2.306 paires. Suivant les statistiques, la période de production est la saison de pluie.

En ce qui concerne la pisciculture, une vulgarisation n'est pas encore nécessaire étant donné l'importance des produits marins dans la région. Toutefois, si le tourisme se développe dans la région il serait envisageable de faire l'élevage de truite dans le montagne d'Ambre.

LES ACTIVITES DE LA PECHE MARITIME DANS LA CIRPA DE SAMBAVA

(Mme RAHANTALISOA H. - Chef de Division de la pêche artisanale)

La CIRPA de Sambava couvre 4 fivondronana dont Sambava, Vohémar, Antalaha et Andapa. La façade maritime s'étend entre la baie de Lokia au Nord et la baie d'Ankazofotsy au Sud.

Le fivondronana d'Andapa n'est pas concerné par la pêche maritime. Pour les 3 autres, aucune activité de pêche industrielle n'est entreprise.

Pour la pêche artisanale, 3 opérateurs (Mr. ROGER, Mr. AH TOY et Frère FELIX Mejia) sont titulaires d'une décision d'exploitation de produits visés par l'arrêté 1.093.

En ce qui concerne la pêche traditionnelle, la saison du varatraza, qui commence vers mi-Mai pour se terminer en octobre, limite considérablement la production. La pirogue monoxyle sans balancier est caracteristique de cette côte Est où la mer est agitée. Le coût moyen d'une pirogue est de 35.000 Fmg, avec une durée de vie de 4 ans. L'essence utilisée pour la fabrication est principalement le VINTANO (Callophyllum parviflorum).

Le tableau nous montre la répartition des pêcheurs, ainsi que des engins de pêche utilisés par fivondronana. Nous avons tiré ces chiffres à partir des résultats de l'enquête cadre 1988 réalisée par le projet FAO/MAG/85/014.

Tableau 1 : Répartition des pêcheurs et des engins par fivondronana

 SAMBAVAANTALAHAVOHEMARTOTAL
Nbre de pêcheurs2517074421.400
Nbre de pirogues107372268747
Filet maillant149399317865
Filet senne323843
Ligne1188233741.315
Harpon/Nasse751.370541.499
Moustiquaire15--15
Epervier10-414

Source : Résultats de l'enquête cadre 1988.

Ce tableau nous montre que l'activité de pêche est peu importante dans le fivondronana de Sambava. En effet, la nature de la côte et la mauvaise tenue de la mer ne se prêtent pas à une exploitation optimum des ressources avec les engins traditionnels utilisés par les pêcheurs. De même aucune société de pêche n'opère dans ce fivondronana qui s'approvisionne en produits de pêche à partir de Vohémar d'Antalaha et même d'Ambilobe.

De ce tableau, nous pouvons déduire que les engins les plus rarement utilisés sont: les filets maillants, les lignes, les harpons et nasses. La pêche à la ligne ne se pratique essentiellement que pendant la saison calme (sans varatraza).

Le tableau 2 fait apparaître les principaux produits pêchés par fivondronana.

Tableau 2: Les prinicipaux produits pêchés par fivondronana

SAMBAVAVOHEMARANTALAHA
PoissonPoissonPoisson
CrevetteCrevette
LangousteLangouste
CalmarCrabe

A Sambava les produits sont tous consommés sur place. Il y a même des problèmes de ravitaillement du marché local (2.000 à 2.500F/Kg) qui n'arrive pas à satisfaire les demandes. Les produits provenant de Vohémar sont surtout sous forme sechées ou fumées.

Les produits sont collectés par des mareyeurs qui assurent leur transformation (séchage-fumage) avant de les écouler sur le marché.

Dans le cas où les villages sont assez proches du marché les produits sont vendus par les pêcheurs même notamment par leurs femmes.

A Vohémar, l'opérateur sur place fait la collecte des produits de certains villages ce qui assure leur écoulement.

Le problème majeur des pêcheurs est l'approvisionnement en matériel de pêche car ils ne trouvent les matériels dont ils ont besoin que rarement sur le marché local et à prix très élevé.

Par ailleurs, leur sortie en mer est limitée par l'embarcation utilisée qui ne leur permet qu'un faible rayon d'action, d'autant plus qu'ils ne sont pas équipés en moyen de conservation des produits à bord (glace…).

Il faudrait donc songer à développer la pêche traditionnelle et artisanale dans cette Circonscription car c'est quand même anormal d'acheter des produits à prix élevé alors qu'on se trouve si près de la ressource.

Poisson : Familles des:

Les Pêcheries de Nosy Be

(Par M. BOSWELL, Directeur aux PNB)

Les pêcheries de Nosy Be sont l'une des trois principales sociétés de pêche crevettière de Madagascar.

Elles disposent d'une flotte de 16 chalutiers dont 8 glaciers : bateaux de 15 et 17m de long et 8 congélateurs; bateaux de 25 et 27m de long; puissances 400 et 500 CV, plus un cargo frigorifique de 45m de long et deux larges porte-contenairs de 19m.

Elles ont réalisé en 1989 des captures de 2.450 T de crevettes entières pour un chiffre d'affaires de 14 milliards Fmg. Les prévisions pour 1990 sont 2.500 Tonnes pour un chiffre d'affaires de 18 milliards Fmg. Environ 60% des captures de 1989 étaient pêchées dans la région de Nosy Be et la baie d'Ambaro soit 1.450 tonnes, plus 50 tonnes de pêche minimale, environ 40% au Sud de Cap Saint André et les régions de Maintirano, Tsiribihina et Morondava soit 1.000 tonnes.

Rappeler que les exploitations de crevettes constituent la 3ème source de dévises à l'exportation de Madagascar.

L'effectif maximum de la société en pleine saison (Février-Mai) atteint 1.500 travailleurs dont 400 marins et 300 saisonniers à terre. La masse salariale en 1989 s'est élevée à 2 milliards Fmg.

Le capital est en cours d'augmentation à 2,6 milliards et l'actif net au 31 Décembre 1989 est de 10,6 milliards.

Le capital est reparti comme suit:

Le conseil d'administration est composé de 5 membres dont 2 représentent l'état Malgache et le groupe SOCOTA.

Les Pêcheries de Nosy Be sont en train de faire un programe de remplacement de 3 de ses vieux bateaux et certaines améliorations à terre pour le traitement et le stockage des crevettes.

Le financement de ce programe a été assuré au moyen de prêts à long terme de la SFI de la DEL et de la Caisse Centrale.

Les PNB ont également participé dans un programe d'aquaculture avec le PNUD et l'Etat Malgache.

La production mondiale de crevettes en 1989 était de 2.500.000 tonnes y compris la part des eaux froides et l'aquaculture, dont 7.500 tonnes pour Madagascar soit 3/1000.

Notre souci est de parvenir à l'expansion de l'aquaculture à l'exemple des pays d'Asie du Sud Est Asiatique, la Chine continentale et l'Amerique centrale et Latine.

La production mondiale pêchée en mer est déjà à la limite de 2.000.000 de tonnes, mais la croissance de production d'aquaculture est pour le moment presque exponentielle et la Banque Mondiale a prévu une croissance de 8% en tonnage par an sur le 2.500 pêchés et l'augmentation de demande seulement 3% par an. Donc, d'après eux, une detérioration de 35% en prix moyen sur le 8 ans à venir.

Le 7.500 tonnes pêchés par Madagascar ne peuvent pas jouer un rôle sur ces prix et c'est seulement les sociétés qui ont parfaitement maîtrisé leurs coûts et qui peuvent produire les produits de forte valeur ajoutés et de haute gamme qui peuvent survivre les années à venir et malheureusement, on ne pense pas que les crevettes en général pour l'année 2000 ne seront pas considérées comme les produits de luxe c'est déjà le cas aujourd'hui.

Précoopérative d'Antalaha

(Par Frère Felix MEJIA)

La précoopérative de pêche du Collège Saint Jean d'Antalaha continue de se développer et beaucoup de jeunes cherchent à y adhérer. Le travail en équipe est obligatoire. Chaque équipe doit prendre de temps en temps un jeune stagiaire et lui apprendre la pêche aux langoustes. L'épargne est obligatoire et les produits de pêche sont commercialisés dans le cadre de la précoopérative.

La précoopérative a actuellement un capital de 40 millions FMG dans lequel est incluse l'épargne des pêcheurs et matelots. Chaque membre peut débloquer son épargne pour achat de matériel, de terrain ou construction de maison. La précoopérative peut également prêter à ses membres un capital égal au montant de son épargne à un taux de 2% par an. La précoopérative met à la disposition de ses membres, bateaux, matériel et installation frigorifique.

Les pêcheurs établissent leurs campements dans différents endroits sur 150 Km de côte. La nuit, ils pêchent les langoustes (à la main) qui sont mises dans des viviers jusqu'au passage des bateaux de la précoopérative; la journée, ils pêchent les poissons à la ligne et au filet. Les poissons sont commercialisés salés ou fumés, tandis que les langoustes sont congelées et expédiées par avion aux opérateurs, grands hotels et restaurants d'Antananarivo.

Par observation du taux de langoustes ovées dans les captures, les précoopérateurs avaient senti le besoin d'une fermeture de la pêche en Novembre-Décembre de chaque année. Ils déplorent toutefois que les autres opérateurs ne respectent par cette mesure.

PROMOTION DE LA PECHE TRADITIONNELLE ET ARTISANALE DANS LA REGION NORD-OUEST DE MADAGASCAR

(Projet Commun de la CIRPA et de la GTZ)

Le présent exposé vise essentiellement à présenter d'une manière succinte les activités du Projet bilatéral Germano-Malagasy, intitulé : “Promotion de la Pêche Maritime Traditionnelle et Artisanale dans le Nord-Ouest de Madagascar”, projet réalisé conjointement avec le Ministère de la Production Animale (Elevage et pêche) et des Eaux et Forêts (MPAEF) d'une part, et la Deutsche Gesellschaft for Technische Zusammenarbeit (GTZ) d'autre part. Il s'est fixé comme objectif l'augmentation de la production de poissons dans la région d'Ambanja et de Nosy Be, lieu d'implantation du Projet, contribuant ainsi à assurer l'approvisionnement en protéine animale de la population malgache. Cet objectif ne peut cependant être réalisé que par le biais de la formation, à savoir initier les pêcheurs aux techniques de captures plus efficaces, qui seront mises en application après un stage de formation, qui se déroulera dans un Centre de Formation, installé à Hell-Ville (Nosy-Be).

1.Formation des Pêcheurs

Campagne d'Information

Afin d'informer et de sensibiliser les pêcheurs, qui constituent le groupecible du Projet, des tournées d'informations ont été organisées dans les villages situés dans le Fivondronana de Nosy-Be et d'Ambanja. Une tournée préliminaire aété effectuée pour prendre contact avec les élus du village et à diffuser des affiches, fixer une date pour une réunion d'information avec les pêcheurs. Lors de la deuxième campagne de tournées, les pêcheurs ont été informés sur les activités du Projet et ceux qui étaient intéressés ont été invités à repondre à un questionnaire préparé exclusivement à cet effet.

Ainsi à la veille du début de la formation près de 300 pêcheurs ont été enregistrés.

Mode de recrutement des stagiaires

Le nombre de stagiaires initialement fixés à 20 par stage n'a jamais pu être respecté, dû au fait les élus du village qui reçoivent et diffusent les convocations des stagiaires ont toujours envoyé une ou deux personnes en supplément.

Les pêcheurs ont été sélectionnés selon des critères déterminés au préalable, afin d'offrir une opportunité aux plus démunis de participer à la formation et d'être ensuite opérationnels dans le domaine de la pêche traditionnelle.

Stage de formation

Chaque cycle de stage de formation s'étale sur une période de 6 semaines, où une partie des stagiaires est hebergée dans un dortoir situé dans l'enceinte du Centre de Formation, ayant une capacité d'accueil de dix personnes et une autre partie habite à l'hotel. Les frais de restauration et de séjour sont exclusivement à la charge du Projet pendant la période de déroulement du stage de formation. Une navette est organisée à chaque début et fin de semaine pour transporter les stagiaires du Centre de Formation à leur village, pour qu'ils puissent rendre visite à leur famille et viceversa.

Le nombre de participants aux trois stages qui se sont déroulés au Centre de Formation s'élève respectivement à 21 pour les premier et deuxième stage et 25 pour le troisième stage. Le programme de formation a été élaboré, en tenant compte du degré d'instruction des pêcheurs. Les cours sont orientés en majeure partie sur les travaux pratiques ayant trait à la manipulation des engins de pêche, à savoir le montage et la répartition des filets entre autres, ainsi que des exercices sur les différents noeuds et épissures etc; le stage comporte des notions élémentaires sur la biologie, le traitement des captures, le système de crédit et d'épargne, le secourisme, la navigation et l'arithmétique. Les cours théoriques sont dispensés à raison d'une heure par jour pendant la matinée, afin que les stagiaires ne soient pas surchargés de notions théoriques.

A la fin du stage chaque participant reçoit deux filets, qu'ils auront à exploiter dans leur village respectif. Il est à souligner qu'ils sont distribués à titre de prêt. Ils ne peuvent donc ni les céder à des tiers, ni les vendre.

Campagne de suivi

Les pêcheurs encadrés au Centre de Formation sont ensuite contrôlés dans leur village lors de la mise en opération des filets. Un calendrier de suivi a été établi à cet effet, concordant aux périodes de la marée qui permettent la pose des filets à l'eau. Les pêcheurs opèrent par équipes de deux ou de quatre personnes. Afin de mieux contrôler l'évolution de leur travail un questionnaire a été élaboré. Lors du déplacement des responsables du Projet sur le terrain, des conseils pratiques ayant trait aux différents aspects techniques sont prodigués à l'endroit des pêcheurs, tels que la localisation des endroits de passage de poissons, l'entretien et la réparation des filets, le traitement des captures afin de préserver la qualité du produit. Ils sont également assistés dans le relevage des filets accrochés aux coraux, ou dans la recherche des filets entraînés par le courant. A chaque passage de l'équipe de vulgarisateurs du Project dans les villages des pêcheurs, les fiches d'enregistrement de captures sont ramassées, et sont traitées d'une maniére analytique permettant ainsi d'observer l'évolution de la production des pêcheurs.

2.La Production - Résultats Provisoires

Au mois de Janvier 1990 les 4 premiers groupes ont commencé à être opérationnels. Pendant les mois suivants leur nombre est augmenté à 5, 13, 15 et finalement à 16 groupes qui ont été actifs au mois de Mai. En Janvier les groupes n'étaient pas encore régulièrement actifs, mais à partir du mois de Février les groupes ont suivi un rythme des jours de sortie assez régulier (20–25 jours par mois) et raisonnable, c'est à dire ils ont pris en considération les grandes marées comme appris pendant la formation (cf: Tableau 1 et 2). L'ensemble des jours de sortie est remonté de 15 jours en Janvier à 47, 90, 155 et enfin 158 jours au mois de Mai. Dans la même période le volume global mensuel des captures est monté graduellement de 1,375 tonne en Janvier à 13,512 tonnes en Mai, cependant les captures quotidiennes par équipe étaient relativement constantes et oscillaient autour de 130 Kg (cf: Tableaux 1 et 2).

Les pêcheurs ont atteint dans la période Janvier 90 - Mai 90 un volume de capture global équivalent à 39,936 tonnes dont la majeure partie se compose de requins, scomberomorus et Chanos chanos (88%). La plupart des autres espèces se composent de raies, carangides et bonites (cf: Tableau 3). Le type de filet mis en opération permet une sélection des captures notamment des espèces matures (Chanos Chanos : 10 Kg, scomberomorus : 5 Kg, carangides : 5 Kg) ne détériorant pas ainsi le stock.

Contrairement aux estimations antérieures la proportion de scomberomorus est plus grande que celle de Chanos chanos. Vu sa valeur commerciale supérieure à celle de Chanos chano, le scomberomorus se vend mieux sur le marché et par conséquent plus lucratif pour les pêcheurs ce qui les incite à produire d'avantage. La vente des requins également ne pose pas de problèmes aux pêcheurs. Evidement la capacité d'absorption du marché local à Nosy-Be a été sous-estimée. Jusqu'à maintenant la vente des captures se déroule d'une facon satisfaisante ne nécessitant pas une grande intervention du projet.

A présent il y a encore des grandes variations concernant les volumes de captures entre les différents groupes des pêcheurs, certainement à cause de la performance de travail qui est différente d'un groupe à l'autre mais probablement aussi à cause de notre base de données qui n'est pas encore entièrement représentative. En dépit de tout cela nos données provisoires indiquent qu'un groupe standard actuel (2 pêcheurs equipés avec 4 filets) puisse s'attendre à obtenir environ 100 Kg par jour de sortie. Etant donné la composition des espèces capturées, cela signifie un revenu moyen de 35.000 FMG par jour de sortie et par pêcheur. En effect, la plupart des pêcheurs du project obtiennent un revenu oscillant autour de cette somme-là (cf. Tableaux 4 et 5). Considérant la moyenne présente de 5 jours de sortie par mois et par pêcheur, il y a donc lieu de s'attendre à un revenu brut approximatif de 175.000 FMG par tête.

3. Perpectives prochaines - La possibilité d'autofinancement

Dans les conditions actuelles de travail les pêcheurs peuvent obtenir environ 2.000.000 FMG /an. Les coûts d'amortissement pour les engins de capture s'élèvent à 400.000 FMG ; d'autres coûts et dépenses sont négligeables.

Pour le moment les engins de captures sont prêtés par le projet sans aucun coût pour les pêcheurs. sous des conditions économiques réalistes pourtant il faut qu'on prenne en considération non seulement les coûts d'amortissement mais aussi les dépenses pour rembourser un crédit permettant l'achat d'équipement initial.

Considérant un crédit de 1.500.000 FMG (2 filets : 1.000.000 FMG, 1 Pirogue : 400.000 FMG, divers : 100.000 FMG) avec une durée de 3 ans et un taux d'intérêt de 13% l'an (195.000 + 130.000 + 65.000 = 390.000/3 ans ou 130.000/an) le pêcheur devrait rembourser 630.000 FMG/an pendant les trois premières années d'opération.

C'est à dire qu'il va obtenir un revenu net de 970.000 FMG l'an ou 81.000 FMG par mois pendant cette première phase ; un montant certainement suffisant pour soutenir une famille moyenne.

La possibilité objective d'autofinancement est pourtant empêchée par une insuffisance de prise de conscience économique des pêcheurs. Evidemment ils ne sont pas encore habitués à épargner pour certains réinvestissements qui seront indispensables dans l'avenir, et ils ne sont pas conscients de cette nécessité jusqu'à maintenant.

C'est la raison pour laquelle à présent les vulgarisateurs font beaucoup d'efforts pendant le suivi pour sensibiliser les pêcheurs dans ce domaine important. Ainsi pendant les cours de formations suivants l'équipe de projet se concentrera plus qu'auparavant sur le renforcement de la conscience économique, essentiellement concernant les coûts d'amortissement des engins prêtés par le projet.

Si on réussissait à atteindre ce but, les perspectives futures des pêcheurs seraient tout à fait encourageantes. La technologie est simple, pas trop chère, adaptée à être appliquée avec les pirogues, et les revenus qui en découleraient seront remarquables.


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