On trouvera ci-après le rapport final du séminaire national sur les politiques et la planification du développement des pêches à Madagascar, tenu à Antananarivo du 15 au 19 octobre 1990. Ce séminaire a été préparé par la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture du Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts et par le projet PNUD/FAO/ MAG/85/014 “Assistance à l'Administration des pêches et de l'Aquaculture”.
Le présent rapport a été élaboré sur la base de tous les documents produits pendant le séminaire, notamment : (i) les procés-verbaux adoptés au séminaire, (ii) les notes des membres du sécrétariat du séminaire, et (iii) les exposés présentés au séminaire.
Les objectifs du séminaire étaient les suivants:
générer un échange d'informations et d'idées sur tous les aspects de la pêche maritime et continentale, ainsi que sur l'aquaculture;
identifier les activités prioritaires et les moyens de leur réalisation;
formuler une stratégie de développement du secteur;
proposer un programme d'action et des projets à mettre en oeuvre à court et à moyen terme.
La préparation et l'organisation du séminaire national sur les politiques et la planification du développement des pêches à Madagascar ont été précédées par une série de six séminaires régionaux (mars-juin 1990), et par la réalisation de plusieurs études ponctuelles ainsi que par l'élaboration et la rédaction d'un bilan diagnostic réalisés dans le cadre du projet MAG/85/014 - “Assistance à l'administration des pêches et de l'aquaculture”. Les chiffres, les conclusions et les recommandations tirés de tous ces documents ont servi dans la plupart des cas, de base d'élaboration des exposés présentés au cours du séminaire national. Si la majorité des exposés était présentée par les techniciens de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture, cela correspond à l'un des objectifs du projet : formation sur le tas des cadres de la DPA.
Presque la totalité des exposés était polycopiée avant le séminaire et distribuée dès l'ouverture du séminaire, ce qui a permis de limiter le temps de présentation des papiers et favoriser d'avantage les discussions. Durant le séminaire, 4 films préparés spécialement pour le séminaire ont été projetés. Ce fut une occasion de visualiser et de mieux saisir les problèmes et contraintes de la pêche (particulièrement importants pour les participants des différents ministères et d'autres institutions liés directement ou indirectement avec la pêche). Ce fut également l'occasion de compléter et d'illustrer les exposés sur la pêche dans les faritany et sur la mariculture des crevettes. Notons que deux de ces films ont été également projetés à la télévision malgache (RTM) au moment où se déroulait le séminaire. Cela a permis à la population malgache de se familiariser avec les différents aspects de la pêche et de l'aquaculture, de découvrir les problèmes et contraintes de ce secteur et aussi les avantages qu'il procure. (liste des films en annexe 5 du présent rapport).
Le séminaire a réuni 130 personnes provenant des différents sous-secteurs des pêches (pêche traditionnelle, artisanale, industrielle, aquaculture et commerce), des représentants des institutions de recherche et de formation halieutique ainsi que des projets de développement en cours d'exécution ; des représentants des banques et des différents ministères concernés par le développement des pêches, enfin, des représentants des agences internationales de financement ou d'assistance technique. La moitié des participants était constituée par les cadres de la DPA (27%) et les opérateurs du secteur des pêches (22%). La liste complète des participants se trouve en annexe l du présent rapport.
Le séminaire a élu M. RAMAMONJISOA Joseph, Directeur des Etudes, de la Programmation et du Financement au Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts et M. ANDRIANAIVOJAONA Charles, Directeur de la Pêche et de l'Aquaculture, présidents du séminaire. Les vices-présidents étaient choisis pour différentes sessions parmi les participants du séminaire.
La cérémonie d'ouverture présidée par le Conseiller Suprême de la Révolution M. TIANDRAZA Rémi, président de la comission agriculture, dirigée par M. ZAFERA Maxime, Ministre de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts qui a ouvert le séminaire, a été rehaussée par la présence de M. RALAMBOFIRINGA Arsène, Sécrétaire Général du Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts, M. RAZAFINDRAKOTO Charles, Secrétaire Général du Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement, M. RAMAROKOTO, Secrétaire Général du Ministère de la Production Agricole et du Patrimoine Foncier, M. HARASHIMA, Ambassadeur du Japon, M. ISRACHMAT, Ambassadeur de l'Indonésie, M. LACHAPELLE, Consul du Canada, M. FRIPPIAT Jules, Représentant résident du PNUD, M. LEPISSIER Jacques, représentant de la FAO, M. CARRE, représentant de l'Ambassade de France, M. E. PANAOIN, représentant de l'Ambassade de l'URSS, M. CISSE Babacar et Mme RAMANARIVO Lalao, chargés de programme au PNUD.
M. le Conseiller Suprème de la Révolution, M. le Ministre du MPAEF ainsi que les représentants du PNUD et de la FAO ont prononcé des allocutions à l'occasion de cette cérémonie d'ouverture du séminaire.
Pour M. TIANDRAZA, c'est un honneur pour lui de présider la cérémonie d'ouverture du séminaire. Il a indiqué que Madagascar, île continent avec ses 5000 Km de côtes avait toujours sous-estimé le sous-secteur pêche dans la mesure où c'est seulement au milieu des années 80 que le petit service pêche des différents Ministères d'Agriculture s'est érigé en Direction de la Pêche et de l'Aquaculture. Il a également indiqué que le séminaire est important, car il génère un échange d'informations et d'idées sur tous les aspects de la pêche maritime et continentale, échanges d'autant plus nécessaires que le ressources halieutiques se sont déjà hissées au 3ème rang des produits d'exportation de Madagascar. Le Conseiller Suprême de la Révolution a également fait observer que les différentes pêcheries devaient s'organiser pour permettre la réalisation des objectifs fondamentaux suivants : approvisionnement protéinique de la population, offre maximal d'emplois, apports de devises à l'économie nationale. Toutes ces actions doivent être cohérentes et consistantes. Il a terminé son discours en annonçant que le séminaire arrivait à point nommé parce que non seulement l'unité de Pêche et Froid d'Antsiranana sera opérationnelle l'année prochaine mais en plus il existe un foisonnement de PME et PMI dans le secteur pêche.
En prenant la parole, M. ZAFERA, Ministre de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts a souhaité la bienvennue à tous les participants. Le Ministre a tout de suite précisé que la politique générale du Ministère consiste à “protéger, développer, et produire sans détruire”. Il a poursuivi en disant qu'à la différence des autres sous-secteurs Elevage et Forêts, les ressources-cibles du milieu aquatique ne sont ni visibles ni constatés directement. Ce qui complique les modes d'aménagement et de gestion de leur exploitation. Considérant, les objectifs macro-économiques du pays, il a souligné que le secteur halieutique participe, pour une large part, non seulement à l'autosuffisance alimentaire, par l'apport de protéine animale halieutique, mais aussi, à l'équilibre de la balance commerciale, par l'apport de devises, à travers les exportations des produits de pêche, et à la création d'emplois. Le Ministre a mentionné que les résultats du séminaire permettront de prioriser les activités et les projets à mettre en oeuvre à court et à moyen termes et que le séminaire constitue également une plate-forme d'une importance capitale, dans laquelle, tous les participants auront à échanger leurs points de vue, à s'informer mutuellement de tous les aspects du développement de la pêche. Le Ministre a également souligné la situation des pêcheries crevettières et langoustières pour lesquelles les efforts de pêche doivent être gelés en attendant une meilleure connaissance des stocks. Enfin, il a adressé ses remerciements les plus sincères au PNUD et à la FAO pour leur assistance financière et technique dans l'organisation de ce séminaire.
M. FRIPPIAT, représentant résident du PNUD, s'est déclaré honoré de participer aux réflexions sur les politiques et la planification du développement d'un secteur tel que la pêche au moment même où Madagascar s'ouvre à l'économie de marché. Des problèmes existent certes, a-t-il ajouté, c'est pourquoi ces réflexions et redéfinitions des politiques s'imposent dans la plupart des grands secteurs économiques. Il a souhaité que ce séminaire soit suivi par d'autres du même genre dans d'autres secteurs.
M. LEPISSIER, représentant de la FAO a quant à lui situé le contexte de la collaboration FAO avec le Gouvernement dans le secteur pêche, qui joue un rôle important dans l'économie du pays. Il a indiqué que les possibilités de développement de la pêche traditionnelle aux poissons, orientée vers la commercialisation interne de produits et de la pêche aux crustacés, orientée vers l'exportation existent. Parmi les activités qui connaitront prochainement un développement, M. LEPISSIER a cité l'aquaculture marine qui pourrait augmenter la production des crevettes. Il a précisé que la FAO et le PNUD participent à l'analyse de ces possibilités.
Les textes complets des allocutions figurent à l'annexe 3 du présent rapport.
La plupart des thèmes touchant directement le développement de la pêche et de l'aquaculture à Madagascar ont été abordés et regroupés dans six sessions :
Session I | : | Introduction sur les pêcheries nationales. |
Session II | : | Ressources et leur niveau d'exploitation. |
Session III | : | Amélioration des méthodes d'exploitation des principales pêcheries. |
Session IV | : | Valorisation et commercialisation des produits halieutiques. |
Session V | : | Supports institutionnels du secteur des pêches. |
Session VI | : | Propositions pour une stratégie du développement et un programme d'actions pour le secteur des pêches. |
Une large place était accordée aux discussions, menées en général en séance plénière afin de donner la possibilité à tous les participants de s'exprimer sur tous les sujets abordés.
La possibilité de créer des commissions spécifiques pour certains sujets avait été envisagée dès l'ouverture du séminaire. C'est ainsi qu'une commission sur l'aménagement de la pêche crevettière industrielle et artisanale a été mise en place pour débattre à fond de ce problème. Cette commission regroupait aussi bien les opérateurs privés, les chercheurs, les cadres de la DPA, que les experts de la FAO.
Pour chaque session, un comité de rédaction était désigné. Un sécrétariat général du séminaire était responsable de la supervision des procès verbaux et de tous les textes produits pendant le séminaire. Il était également chargé de préparer les conclusions et les recommandations générales du séminaire ainsi que l'ébauche de stratégie et du programme d'action de développement du secteur pêche. Il est à signaler toutefois, que la nouvelle stratégie des pêches et de l'aquaculture était préparée à la base des conclusions du bilan diagnostic, des priorités et des recommandations des séminaires régionaux et des conclusions et les recommandations des travaux du séminaire national. Il convient de signaler que ce document n'est pas statique et n'a pas repris de façon systématique toutes les recommandations des séminaires régionaux, ou du séminaire national. Il est le résultat d'un travail de longue haleine, qui a retenu et discerné uniquement certaines actions jugées prioritaires à réaliser à court et à moyen termes. Des projets joints à ce document seront complétés par d'autres et doivent permettre la réalisation pratique de cette nouvelle conception du développement de la pêche et de l'aquaculture à Madagascar.
Après avoir pris connaissance de la situation actuelle de la pêche et de l'aquaculture, ayant débattu des différentes contraintes qui freinent le développement de ces ativités et compte tenu des nouvelles orientations préconisées pour l'essor de l'économie nationale, le séminaire national sur les politiques et la planification du développement des pêches à Madagascar, tenu à Antananarivo du 15 au 19 octobre 1990, a conclu que :
la pêche maritime traditionnelle peut et doit produire davantage, compte tenu de son dynamisme d'une part, et de la disponibilité en ressources halieutiques côtières peu ou pas exploitées d'autre part;
les possiblités de développement de la pêche continentale sont très limitées du fait que la production globale approche la prise maximale équilibrée et que certains plans d'eau principaux sont déjà surexploités ;
la pêche artisanale reste difficile à promouvoir compte tenu du coût élevé des investissements et du fait qu'elle demande une gestion rigoureuse aux plans techniques et financiers ;
la pêche industrielle ne doit plus se limiter à l'exploitation des crevettes car il existe d'autres ressources non exploitées ou mal exploitées dans la zone économique exclusive malgache ;
l'aquaculture marine, notamment la crevetticulture peut et doit apporter une production importante permettant, par son exportation, des rentrées de devises fort appréciables ;
l'aquaculture en eau douce, à croissance très lente, nécessite un effort accru au niveau de la vulgarisation et de l'encadrement.
En conséquence,
pour répondre aux objectifs ci-après :
augmentation des disponibilités locales en produits halieutiques,
amélioration de la balance commerciale,
désengagement du secteur public des opérations de production,
le séminaire recommande la stratégie et le programme de développement de la pêche et de l'aquaculture, pour la période 1991–1996, à axer sur :
L'ACCROISSEMENT DE L'APPROVISIONNEMENT DU MARCHE LOCAL EN POISSON DE MER
LA DIVERSIFICATION ET LE DEVELOPPEMENT DES PRODUITS MARINS D'EXPORTATION, ET
L'AMELIORATION DE L'APPUI DE L'ADMINISTRATION AU SECTEUR PRIVE.
Pour y parvenir les actions recommandées sont de :
Développer en priorité les pêcheries traditionnelles maritimes en
favorisant l'extension de la collecte du poisson par l'intensification de l'appui du secteur artisanal à la pêche traditionnelle, et l'encouragement de l'approvisionnement des pêcheurs en matériel de pêche,
introduisant au niveau de communautés villageoises sélectionnées, un programme intégré composé d'un réseau de petits projets relativement uniformes et bien coordonnées visant à augmenter la production et le bien-être des pêcheurs, en collaboration avec les ONG.
Accroître la contribution de la pêche industrielle et artisanale dans l'approvisionnement du marché local, urbain notamment, en
encourageant les débarquements des poissons d'accompagnement de la pêche crevettière industrielle,
incitant la création d'une flotille semi-industrielle aux poissons,
favorisant la rentabilité des activités de pêche artisanale orientée vers le poisson par l'extension aux opérateurs des avantages fiscaux (détaxes, code des investissements) reconnus à la pêche industrielle et aux petites et moyennes entreprises ainsi que par l'élargissement de leur accès aux produits nobles.
Diversifier et développer les produits marins destinés à l'exportation, en
améliorant l'aménagement de la pêche crevettière et en stimulant la crevetticulture,
développant une activité thonière malgache, notamment par la création de sociétés mixtes et le renforcement de la coopération sous-régionale en matière d'accès aux zones de pêche et d'aménagement de la pêcherie,
diversifiant géographiquement l'exploitation des langoustes et en améliorant les techniques de capture,
cherchant des marchés extérieurs intéressants pour le crabe de mangrove.
Améliorer l'appui de l'Administration au secteur privé, en
consolidant le rôle et le fonctionnement de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture (DPA),
rationalisant la gestion des différents stocks exploités,
désengageant la DPA des activités de production (vente de matériel de pêche, cession d'alevins, …),
améliorant la formation,
adaptant la recherche aux besoins du secteur,
renforçant la coordination entre les institutions responsables du développement du secteur,
facilitant l'accès au crédit,
améliorant les infrastructures portuaires, routières, de stockage de produits etc…
Cette stratégie et cette orientation du programme d'action serviront de base pour l'élaboration par la DPA, avant fin 1990, du plan de développement de la pêche et de l'aquaculture.
Compte-tenu des orientations actuelles données à l'économie nationale le MPAEF devrait axer ses efforts pour la réalisation des objectifs généraux ci-après :
augmentation de la consommation locale du poisson
amélioration de la balance commerciale du pays
poursuite du désengagement du secteur public des opérations de production.
Ainsi, la stratégie de la DPA serait de :
STRATEGIE
ACCROITRE L'APPROVISIONNEMENT DU MARCHE LOCAL EN POISSON DE MER.
DIVERSIFIER ET DEVELOPPER LES PRODUITS MARINS D'EXPORTATION.
AMELIORER L'APPUI DE L'ADMINISTRATION AU SECTEUR PRIVE.
PROGRAMMES D'ACTION
1. Développer en priorité les pêcheries traditionnelles
1.1. Favoriser l'extension de la collecte du poisson en intensifiant l'appui du secteur artisanal à la pêche traditionnelle et en encourageant l'approvisionnement des pêcheurs en matériel de pêche
1.1.1. Etendre géographiquement la collecte du poisson aux zones enclavées ou difficilement accessibles. Etudier à cette fin la possibilité d'un statut et de dispositions légales et fiscales plus favorables pour les collecteurs.
1.1.2. Encourager autant que possible les collecteurs à participer à l'approvisionnement des pêcheurs en matériel de pêche.
1.2. Introduire un programme intégré au niveau de communautés villageoises sélectionnées composée d'un réseau de petits projets relativement uniformes et bien coordonné visant à augmenter la production et le bien-être des pêcheurs, en collaboration avec les ONG.
1.2.1. Mettre en oeuvre un projet pilote intégré visant à favoriser l'épargne et l'investissement en mileu pêcheur et à servir de centre de vulgarisation type. (Projet No1, a)
1.2.2. Etendre le modèle de formation sur le tas de jeunes pêcheurs (exemple projet GTZ de Nosy-Be ou d'autres modèles similaires) par la mise en oeuvre d'un projet pilote type. (Projet No1, d)
1.2.3. Favoriser la production villageoise de filet de pêche. (Projet No1, c)
1.2.4. Prolonger la durée de vie des pirogues traditionnelles par l'introduction ou le transfert d'une région à l'autre de techniques améliorées simples et étudier les possibilités d'une utilisation plus rationnelle du bois de construction des pirogues et vulgariser les résultats. (Projet No1,b)
1.3. Faire respecter les mesures législatives et règlementaires visant à protéger les activités des pêcheurs traditionnels.
2. Accroître la contribution de la pêche industrielle et artisanale dans l'approvisionnement du marché local urbain
2.1. Encourager les débarquements des poissons d'accompagnement de la pêche crevettière industrielle.
2.1.1. Inciter le secteur privé à créer progressivement un circuit de distribution du poisson d'accompagnement.
2.1.2. Etudier toutes les possibilités techniques de récupération de poisson et favoriser l'adoption de celle d'entre-elles économiquement plus appropriée.
2.1.3. Mettre en place une organisation permettant de stocker et commercialiser les poissons de rebus des thoniers (projet No9).
2.2. Encourager la création d'une flotille semi-industrielle aux poissons à Toamasina (Proposition de projet No2).
2.3. Favoriser la rentabilité des activités de pêche artisanale orientée vers le poisson en étendant aux opérateurs les avantages fiscaux (détaxes, code des investissements) reconnus à la pêche industrielle et aux petites et moyennes entreprises ainsi qu'en élargissant leur accés aux produits nobles (projet No3).
3. Diversifier et développer les produits marins destinés à l'exportation
3.1. Pêche crevettière
3.1.1. Améliorer la rentabilité économique des chalutiers industriels par la rationalisation des mesures d'aménagement visant à assurer d'une manière stable un effort de pêche optimum en tenant compte des interactions entre les trois pêcheries concernées. (Projet No4)
3.1.2. Favoriser l'élargissement des activités des pêcheurs artisanaux aux régions enclavées peu ou pas exploitées.
3.1.3. Encourager la crevetticulture de type semi-intensif par le lancement d'une ferme industrielle intégrée en fonction des résultats concernant l'aliment (projet MAG/88/006), et des études de factibilité. (Projet No8)
3.2. Pêche thonière
3.2.1. Développer une activité thonière malgache en favorisant la création des sociétés mixtes ;
3.2.2. Favoriser le développement d'un complexe industriel de transbordement, de stockage et de tranformation des produits pêchés dans le Sud-Ouest de l'Océan Indien ;
3.2.3. Intensifier la coopération sous-régionale en matière d'aménagement et de contrôle de la pêcherie ;
3.2.4. Créer une cellule de gestion composée de scientifiques et de cadres spécifiquement formés pour le suivi des activités thonières à Madagascar et dans la région. (Projet No4) ;
3.3 Langouste et crabe
3.3.1. Formuler et faire appliquer des mesures d'aménagement pour la langouste du Sud, fondé en particulier sur un meilleur contrôle de la taille des produits exportés. Diminuer la mortalité des langoustes au moment du transport et de l'exportation ;
3.3.2. Diversifier géographiquement l'exploitation des langoustes et améliorer les techniques de captures (proposition de projet No5) ;
3.3.3. Rechercher de nouveaux marchés et rentabiliser le système de collecte avant d'envisager l'augmentation des capacités de capture et de traitement du crabe des mangroves. Poursuivre l'analyse des données récoltées, et entreprendre un complément d'étude socio-économique des populations intéressées par la collecte afin de confirmer les résultats obtenus.
4. Améliorer l'appui de l'Administration au secteur privé
4.1. Consolider le rôle et le fonctionnement de la DPA (Projet no12)
4.1.1. Achever la restructuration des services décentralisés de la DPA notamment par la simplification des structures hiérarchiques, la redéfinition des attributions et la rationalisation des allocations budgétaires afin de favoriser le développement des activités et des pêcheries économiquement prioritaires ;
4.1.2. Assurer le suivi et l'évaluation de la mise en oeuvre du plan sectoriel, notamment en créant un poste d'économiste des pêches au sein de la DPA et en développant le processus de planification au niveau provincial ;
4.1.3. Mettre en place un système statistique centralisé au niveau de la DPA, basé sur deux composantes :
la réalisation d'enquête cadre tous les cinq ans ;
le suivi permanent des principales ressources jugées importantes pour l'économie malgache tels que crevettes, thons, langoustes, crabes et certaines espèces de poisson.
4.1.4. Créer un Fonds de développement de la pêche alimenté par diverses sources (par exemple : pourcentage des produits des amendes, pourcentage des licences de concession aquacole, pourcentage sur les droits d'accès pour la pêche crevettière chalutière et la pêche aux langoustes, vente de dons, etc… ;
4.1.5. Créer un centre de documentation et d'information sur les pêches ;
4.2. Rationaliser la gestion des stocks
4.2.1. Réaliser une étude bio-économique intégrant toutes les données actuellement disponibles concernant les pêcheries artisanale, industrielle et traditionnelle à la crevette afin d'optimiser le rendement des différentes espèces.
4.2.2. Maitriser la prolifération du Fibata (Ophicephalus sp.) sur la base des études biologiques appropriées et la mise au point des techniques de capture et d'utilisation (projet No6).
4.2.3. Formuler des plans d'aménagement pour les principaux lacs (Alaotra, Itasy, Mantasoa) montrant des signes de surexploitation.
4.2.4. Formuler les textes d'applications réglementaires nécessaires à l'aménagement des pêcheries prioritaires et veiller à leur application.
4.3. Désengager la DPA des activités de production
4.3.1. Abandonner définitivement les stations piscicoles secondaires et envisager la privatisation progressive de certaines autres ;
4.3.2. Poursuivre la privatisation de la production d'alevins, tout en intensifiant la vulgarisation auprès des pisciculteurs (projet No13 et 15).
4.3.3. Transférer à d'autres institutions ou opérateurs la station ostréicole de Sarodrano (Toliara) et celle de chanos-chanos/ crevettes de Mahajanga ;
4.3.4. Abandonner l'opération de vente aux pêcheurs des matériels de pêche et monétariser les dons éventuels pour alimenter le Fonds de développement des pêches ;
4.4. Améliorer la formation
4.4.1. Donner la priorité à la formation et au recyclage de techniciens et adjoints techniques (en particulier les vulgarisateurs/enquêteurs) destinés à assurer des tâches de terrain au sein de la DPA et à intégrer le secteur privé (projet No14) ;
4.4.2. Doter les centres de formation de pêche (UFSH, ENEM, EASTA) de corps permanent d'enseignants spécialisés et des équipements didactiques nécessaires ;
4.4.3. Reformuler à cette occasion les programmes de formation afin de répondre aux besoins effectifs du secteur, y compris en gestion de petites entreprises ;
4.4.4. Favoriser la formation sur le terrain de jeunes professionnels (Projet No1, d et No11) ;
4.4.5. Assurer le recyclage et la formation de nouveaux producteurs d'alevins pour la pisciculture (Projet No13 et 15).
4.5. Adapter la recherche aux besoins du secteur
4.5.1. Prioriser la recherche appliquée ayant un lien direct avec les besoins de la DPA et des opérateurs économiques dans le cadre des orientations du plan directeur des pêches ;
4.5.2. Améliorer la diffusion des informations scientifiques ;
4.5.3. Rationaliser l'utilisation des faibles moyens humains et matériels à la disposition des institutions de recherche ;
4.6. Renforcer la coordination entre les institutions responsables du développement du secteur
4.6.1. Elargir les compétences et la composition de la commission interministérielle des pêches au secteur de la pêche continentale et à l'aquaculture et créer en son sein des comités techniques restreints.
4.6.2. Instituer des Conseils de pêche pour chaque Faritany et organiser tous les deux ans des séminaires provinciaux sur la planification du développement du secteur ;
4.6.3. Intensifier les mécanismes de coopération et renforcer le flux d'informations entre l'administration des pêches, la recherche, la formation et les professionnels.
4.7. Autres supports
4.7.1. Crédit
4.7.1.1. Favoriser le développement du crédit communautaire dans le cadre d'un projet intégré pilote (projet No1, a).
4.7.1.2. Encourager l'accès au crédit institutionnel notamment en préparant des contrats-types, en améliorant l'information halieutique des cadres de la banque et en vulgarisant les conditions des prêts.
4.7.2. Infrastructure
4.7.2.1. Affecter des emplacements spécifiques pour les bateaux de pêche dans le ports existants, notamment à Toamasina et les doter des équipements adéquats.
4.7.2.2. Inciter les autorités provinciales à réhabiliter ou construire des halles aux poissons et emplacements spécifiques couverts sur les principaux marchés (eaux, électricité, facilité de stockage et glace).
4.7.2.3. Créer à Antananarivo un complexe de stockage et de distribution de poissons frais. (Projet No7).
1o) | Programme intégré au niveau des communautés villageoises de pêche traditionnelle | |
a | - | projet pilote intégré (crédit communautaire) |
b | - | Programme pirogue améliorée |
c | - | Fabrication de filets de pêche par les villageois |
d | - | Formation sur le tas de jeunes pêcheurs. |
2o) | Développement d'une flotille semi-industrielle au poisson sur la côte-Est. | |
3o) | Développement de la pêche artisanale sur la côte Nord-Est. | |
4o) | Aménagement des pêcheries crevettière et thonière. | |
5o) | Diversification géographique de l'exploitation des langoustes et amélioration de leurs techniques de captures. | |
6o) | Exploitation du Fibata | |
7o) | Complexe de stockage et de distribution du poisson frais à Antananarivo. | |
8o) | Lancement d'une ferme industrielle d'élevage de crevette. | |
9o) | Récupération des poissons de rebus des thoniers | |
10o) | Lancement d'une flotille de thonniers canneurs |
Extension des projets en cours
11o) | Projet GTZ Nosy-be | (Formation des pêcheurs) |
12o) | Projet MAG/85/014 | (Assistance à l'administration des pêches et de l'aquaculture) |
13o) | Projet MAG/88/005 | (Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins) |
14o) | Projet MAG/84/002 | (Formation d'ingénieurs halieutes) |
15o) | Projet FED | (Vulgarisation de la pisciculture et de la rizipisciculture) |
SESSION I : INTRODUCTION SUR LES PECHERIES NATIONALES
(Proposition des recommandations des Chefs SPPA)
1. Ressources et production
Evaluation du stock de tout produit exploitable.
Valorisation des poissons d'accompagnement.
Continuation du programme relatif au réseau d'approvisionnement en matériel de pêche par l'Etat ou d'autres opérateurs.
Lutte contre la prolifération du fibata (Ophicephalus sp.) et l'envahissement par les plantes aquatiques de certains plans d'eau.
Création et/ou réhabilitation des stations piscicoles en vue de la continuation de la production d'alevins.
Encouragement de l'exploitation de certains produits peu/ou non valorisés.
Amélioration des techniques relatives aux moyens d'exploitation.
Suppression des droits d'amodiation en matière de pêche continentale.
Extension de l'intervention du projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et la privatisation de la production d'alevins” dans les autres Faritany.
Recherche d'un financement pour l'ouverture des embouchures ensablées du Canal des Pangalanes et l'élaboration d'un projet de texte sur la règlementation de l'utilisation des barrages à poissons.
Promotion de la construction d'embarcations améliorées.
Etude du développement de la mytiliculture surtout dans la région de Tolagnaro en vue de support de la pêche à la langouste.
2. Commercialisation
Création des marchés de produits halieutiques répondant aux normes de salubrité.
Amélioration de la transformation des produits, surtout pour les villages enclavés.
Réglementation des poids de produits exportés à titre de consommation familiale par les voyageurs.
Invitation des opérateurs à l'exploitation, au transport et à la vente des produits frais d'eau douce.
Invitation des exportateurs à respecter les normes de qualité des produits pour ne pas ternir l'image de marque des produits malgaches sur le marché extérieur.
Pour Antsiranana, mise en place d'une organisation orientant les écarts de triage de la production thonière vers un circuit commercial exclusif de celui suivi par les captures des pêcheurs locaux et ne concurrençant par ceux-ci sur le marché intérieur.
Etude de la création de ports de pêche.
Instauration d'un système de collecte de données statistiques.
3. Support institutionnel
Recrutement et/ou affectation de personnel selon l'organisation de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture tout en les dotant d'infrastructures et de moyens nécessaires.
Formation et recyclage à court terme des agents de terrain.
Création d'un crédit de pêche.
Création et/ou soutien des centres de formation des pêcheurs à l'instar du projet GTZ/RDM à Nosy-Be.
Mise à jour des textes règlementant les activités de pêche.
Institution dans chaque faritany d'un comité de pêche regroupant les professionnels de la pêche.
SESSION II : RESSOURCES ET LEUR NIVEAU D'EXPLOITATION
1. Potentiel des ressources halieutiques marines et leur niveau d'exploitation
Les conditions de milieu sont peu favorables à un grand développement halieutique :
L'Océan Indien est pauvre comparativement à l'Océan Atlantique et à l'Océan Pacifique ;
les eaux tropicales chaudes sont reconnues être moins riches que les eaux des hautes latitudes.
D'un autre côté, Madagascar est situé dans la zone d'actions des cyclones tropicaux, qui rendent difficiles toutes opérations maritimes en certaines saisons ; par ailleurs, la non délimitation de la zone économique exclusive malgache ne peut qu'être défavorable à tout programme de développement hauturier.
Les différents stocks sont passés en revue et les informations sont fournies sur leur niveau actuel d'exploitation. D'après les conclusions tirées, la pauvreté halieutique des eaux marines profondes malgaches est toute relative :
il existe des phénomènes locaux d'enrichissement (les mangroves des fonds de baies sont riches en crustacés, …) ;
à quelques excéptions près, les stocks sont insuffisamment exploités ou non exploités, et offrent de ce fait, des rendements élevés ;
la dimension de l'Economie malgache est faible et les volumes des stocks exploitables, même s'ils sont modestes, ne sont pas négligeables (avec 8.000 t/an de production, l'industrie crevettière se situe en 3ème rang en matière de devises à l'Economie Nationale, …).
Les discussions et demandes complémentaires d'informations ont porté sur :
les possibilités d'augmentation de la production crevettière ;
le développement de la pêche aux requins ;
la situation des stocks de mollusques (coquillages à nacre, huîtres perlières, …) ;
les statistiques de production de poissons d'accompagnement des stocks crevettiers ;
etc…
Par ailleurs, le séminaire a examiné les possibilités de mise en valeur (marchés, technologie de pêche, technologie de traitement, …) ; de différents stocks (coquillages, requins, trépangs, crevettes profondes, …) et il semblerait qu'à court et moyen terme, seules les ressources suivantes méritent l'attention :
2. Les ressources en pêche dans les grands plans d'eau continentaux
Pauvreté de la faune piscicole naturelle malgache par rapport à celle du continent africain et des Indes.
Surface d'eaux douces exploitées estimée à 150.000 – 160.000 ha soit 0,27% seulement de la superficie de l'île.
Inexistence de chiffres fiables sur la production et les potentialités. La production totale de la pêche continentale oscillerait actuellement entre 28.000 et 30.000 tonnes/an.
Prédominance dans les captures de la carpe et du tilapia, espèces introduites au détriment des espèces autochtones.
Poussée alarmante du fibata (Ophicephalus sp.), espèce carnivore stricte, occupant actuellement la troisième place en poids parmi les espèces les mieux représentées et pouvant perturber l'équilibre ichtyologique des plans d'eau.
Existence dans des zones bien detérminées de ressources peu exploitées, considérées comme produits de cueillette : caridines ou patsa ou tsivakiamena, camarons ou crevettes d'eaux douce et saumâtre, genre Macrobachium, écrevisses ou orana genre Astacoîdes. La production et la potentialité restent inconnues.
3. Les potentialités en aquaculture marine et continentale
Il existe, à Madagascar, plus de 900.000 ha de rizières dont au minimum 10% seraient appropriées à la culture simultanée du riz et du poisson, soit plus de 150.000 ha potentiellement capables de produire à long terme 30.000 tonnes de poissons par an. La production actuelle oscille aux environs de 100 tonnes pour la rizipisciculture. En plus des rizières, il faut noter la possibilité d'élevage de poisson en étangs dont la production actuelle est en dessous de 100 tonnes. Cette dernière production est toujours en baisse car, elle se situait en 1960, à 800 tonnes.
Dans le domaine de l'aquaculture côtière, une étude très récente fait état de l'existence de 55.000 ha de sites propices à la crevetticulture. Ces sites sont localisés sur l'ensemble des côtes Nord-Ouest de Madagascar, entre Antsiranana et Morondava.
4. L'exploitation des grands plans d'eau et l'aménagement de la Pêche continentale à Madagascar.
Les plans d'eau continentaux et saumâtres de Madagascar peuvent être classés en deux groupes bien distinctes : ceux des zones de production principale et ceux des zones de production secondaire.
Les zones de production principales incluent les plans d'eau qui sont situés généralement près des voies d'évacuation des produits ou à proximité des grands centres de consommation. L'évolution de la pêche dans ces eaux intérieures a été exposée brièvement : cas de l'Alaotra, Itasy, Kinkony … Au stade actuel, la pratique de la pêche commerciale frise la surexploitation pour diverses raisons notamment le non respect des dispositions légales en la matière et surtout l'accroissement rapide de l'effort de pêche.
Les zones de production secondaires qui, quoique poissonneuses restent encore sous-exploitées à cause de leur enclavement (lacs de la région de Maintirano et Antsalova, rivières Itomampy etc …). A moyen terme, la pêche continentale doit être abordée sous l'angle de rationalisation et non plus en terme d'augmentation de l'effort de pêche.
Les autres produits dulcaquicoles comme les écrevisses, camarons d'eau douce, batraciens et les anguilles font actuellement l'objet de demandes importantes sur le marché extérieur et une étude sur leur biologie et le potentiel devrait être effectuée.
Les points suivants ont été particulièrement débattus :
amodiation de droit de pêche : les dispositions des textes afférents ne répondent plus au contexte économique et social actuel ;
fibata (Ophicephalus striatus) : prédateur qui tendrait à détruire particulièrement les poissons au stade juvénile et qui semblerait être l'une des causes de la baisse de la production pisicole des eaux intérieures infestées ;
jacinthes d'eau (Eichornia crassipes) : une plante aquatique très envahissante qui réduit la superificie des eaux libres, la productivité des eaux et entraves l'activité des pêcheurs ;
taxes (ristournes) : certains représentants des Collectivités Décentralisées sembleraient abuser sur le taux appliqué aux ristournes issus des produits ichtyques notamment lors de la migration des pêcheurs quittant les lacs tarissables.
Recommandations :
Inviter les opérateurs à approvisionner les pêcheurs en matériel de pêche pour assurer la relève de la DPA.
Réviser les textes concernant les amodiations de droit de pêche.
Prélever systématiquement les jacinthes d'eau et chercher éventuellement des systèmes de valorisation (fertilisant, alimentation animale, source de biogaz, etc …).
Elaborer d'urgence un projet sur le fibata qui aura pour objectifs :
l'étude biologique de l'espèce et son influence sur les autres populations ichtyques ;
la mise au point des techniques de capture, de traitement, de conservation et de préparation culinaire ;
la recherche d'autres moyens visant à réduire sa prolifération.
Inviter le ministère de tutelle des Collectivités Décentralisées à prendre des dispositions nécessaires pour éviter les abus concernant les ristournes et prélèvements.
Promouvoir l'exploitation rationnelle et contrôlée des autres produits d'eau douce non exploités de certaines zones (crustacés, batraciens, anguilles) en commençant par l'étude de leur potentiel et les moyens de leur commercialisation.
Entreprendre d'urgence des études monographiques nécessaires à l'aménagement des plans d'eau des zones de production principales.
Envisager à plus long terme le repeuplement et le suivi de certains plans d'eau.
A la lumière des différents échanges de vues, il est proposé de considérer comme base de travail, sinon comme chiffres officiels, les évaluations ci-après des stocks exploitables.
R e s s o u r c e s | Potentiel exploitable(T) | Niveau d'exploitation | O b s e r v a t i o n s |
- Crevettes néritiques (industrielles) | 8.000 | Optimale | Probable possibilité d'augmentation de production par aménagement (distribution temporelle de l'effort) |
- Crevettes néritiques (traditionnelles) | 1.600 | ? | |
- Crevettes profondes | 1.000 | non-exploitées | Rendements relativement peu intéressants d'après les les professionnels. |
- Crabes de palétuvier | 7.500 | sous-exploités | |
(Scylla serrata) | ? | non-exploités | |
- Langoustes rouges australes | 340 | méséxploitées | Stocks de l'Androy délaissés actuellement ; capture maximale. |
- Langoustes vertes | 1.000 | sous-exploitées | |
- Langoustes de profondeur | ? | sous-exploitées | Début de mise en valeur actuellement |
- Poissons d'accompagnement des stocks crevettiers | 20.000 | mésexploités | 2.000 tonnes consommables débarqués par la pêche industrielle. Forte partie non consommable. |
- Autres poissons de chalut du plateau continental | >15.000 | non-exploités | Estimation faite sur la côte-Est seulement. |
- Poissons de chalut du | ? | non-exploités | |
talus continental | |||
- Poissons de fonds durs | ? | sous-exploités | Surexploités sur des aires restreintes |
- Petits poissons pélagiques | 160.000 | non-exploités | Une partie en espèces non commercialisables |
- Thons | 51.600 | sous-exploités | 11.000 tonnes en 1975 8.000 tonnes en 1989 |
- Autres gros pélagiques | ? | sous-exploités | |
- Requins | ? | sous-exploités | |
- Trépangs | 460 | surexploités | Production maximale |
- Algues rouges | 3.600 | sous-exploitées | Production maximale |
- Mollusques divers | ? | surexploités |
5. Aquaculture
4.1. Aquaculture en eau douce
Concernant le potentiel aquacole en eau douce, Madagascar dispose d'environ 150.000 ha de rizière aménageables en rizipisciculture pouvant produire 30.000t/an. De plus, cette activité concernerait plus de 400.000 familles. Cependant, seule 0,5% de ce potentiel est exploitée actuellement.
L'importance de cette production piscicole, si petite soit-elle, réside dans le fait qu'elle contribue à l'apport de protéine animale dans les zones rurales à forte densité démographique et déficitaire en produits de pêche.
La spéculation rizipiscicole ne requiert pas de frais d'investissements majeurs mais rencontre quelques contraintes pour son développement :
la méconnaissance des techniques d'élevage appropriées par les paysans;
le coût de production et de distribution des alevins trop lourd pour le service étatique d'encadrement ;
et surtout le manque d'alevins en milieu rural qui sont indispensables au démarrage et au maintien d'une exploitation piscicole.
En plus de ces contraintes majeures, certains facteurs limitants ont été mentionnés au cours des débats :
l'insuffisance d'encadreurs techniques ;
la faible disponibilité en matériel piscicole localement ;
la baisse de performance des souches de carpe royale actuellement ;
l'absence d'autonomie de gestion des stations piscicoles ne facilite pas leur exploitation.
L'élevage de poissons en eau douce, autant en rizière qu'en étang n'a jamais démarré de façon substantielle et durable car le développement de la pisciculture jusqu'à présent a été tributaire d'une action de distribution d'alevins menée par le service étatique.
Afin de limiter les contraintes mentionnées ci-dessus, une nouvelle stratégie de développement de la (rizi) pisciculture basée sur deux phases de développement a été mise au point et expérimenté par le projet RDM/PNUD/FAO-MAG/88/005 dans les régions de Vakinankaratra et de Fianarantsoa. La première phase est axée sur la sensibilisation/vulgarisation de la (rizi) pisciculture par le biais d'un réseau de vulgarisateurs piscicoles.
Une deuxième phase est caractérisée par la mise en place d'un réseau autonome et indépendant de producteurs d'alevins en milieu rural et par le remplacement progressif des actions des vulgarisateurs piscicoles par ces derniers.
Dans cette stratégie, le rôle du Gouvernement se limite pour chacune des phases à :
Phase 1 :
sélectionner, former, installer et encadrer les vulgarisateurs piscicoles ;
produire et distribuer des alevins aux (rizi)pisciculteurs.
Phase 2 :
identifier, former et encadrer des producteurs privés ;
produire et distribuer des alevins jusqu'à ce que les producteurs d'alevins auront pris la relève.
A la fin de cette deuxième phase, le rôle d'encadrement des (rizi)piscicultures familiaux est requis par les producteurs d'alevins, on assisterait ainsi à un système de développement (rizi)piscicole autonome.
Le rôle de l'Etat pourrait alors se concentrer sur :
le maintien, voir l'amélioration de la qualité de production (souche de géniteurs, intrants piscicoles, techniques d'élevage) ;
le recyclage et la formation de nouveaux producteurs d'alevins.
Recommandations :
Prolonger le projet actuel afin de permettre la confirmation des résultats déjà obtenus et la finalisation des activités en cours de réalisation.
Attendre la confirmation de cette nouvelle stratégie de développement avant de l'appliquer dans les autres régions à vocation piscicole.
Inciter le secteur piscicole, autant producteurs d'alevins que producteurs de poissons de consommation, à devenir autonome sur le point de vue production.
Réviser les objectifs des stations piscicoles principales restant sous la responsabilité de l'Etat, il serait impératif de les doter d'un statut juridique leur donnant une certaine autonomie financière.
Etudier la reprise des stations piscicoles secondaires par un ou plusieurs producteurs d'alevins encadrés par le projet.
Renouveler les souches de géniteurs des stations piscicoles étatiques afin de remplacer les souches actuelles peu perfomantes.
Assister les producteurs d'alevins dans leurs demandes de crédit nécessaire au financement de leur exploitation.
Les deux dernières recommandations sont en cours de réalisation au sein du projet mentionné ci-dessus.
4.2. L'aquaculture en eau côtière et développement de l'élevage de la crevette de mer
La ferme pilote de crevette à Nosy Be, demarrée en Septembre 1988 a atteint au bout de deux ans une grande partie des objectifs qui lui avaient été désignés ; à savoir :
le choix de l'espèce et de la filière d'élevage (P. monodon en semiintensif) ;
la reproduction contrôlée de cette espèce en écloserie ;
la formation d'un personnel d'encadrement : biologistes, techniciens et ouvriers.
Les points qui feront l'objet d'études complémentaires plus précises d'ici la fin du projet en septembre 1991 concernent l'alimentation contenant le maximum d'ingrédients locaux et l'obtention de crevettes de grandes tailles (> à 30g).
Parallèlement, l'étude du potentiel aquacole réalisée depuis 1988 a pre-selectionné les principales zones aménageables. Le potentiel et les principales contraintes ont été présentés.
Compte-tenu de ces contraintes (accessibilité, environnement économique, …) seuls des projets industriels de grande dimension seront susceptibles de supporter dans une phase initiale les coûts d'infrastructure de base. Le schéma de développement proposé est donc le suivant :
réalisation par le secteur privé national ou étranger de projet industriel intégré comprenant les unités de base indispensables: route, port, aérodrome, village …, écloserie industrielle pour un approvisionnement fiable en post-larves, unités de conditionnement permettant l'évacuation du produit dans des conditions optimales, unités de stockages de l'aliments, bassins d'élevages et batiments de services et d'exploitation.
Ces unités jouant un rôle de “nucleus”, permettront à terme la réalisation de fermes de type artisanal et semi-industriel qui pourront bénéficier des infrastructures existentes mises en place par la ferme industrielle.
Recommandations :
La ferme pilote ayant joué son rôle d'initiateur, il ne sera plus utile de poursuivre les expérimentations au-delà de septembre 1991. Il a été rappelé que l'affectation des installations sera définie entre le Gouvernement malgache, le PNUD/FAO et les Pêcheries de Nosy-be, telle que définie dans le document de projet.
Les opérateurs privés et les ministères concernés devraient débattre des différents problèmes relatif en particulier aux questions foncières, à l'agrément en régime de zone franche industrielle, aux modalités générales de financement, à l'aide de l'Etat et à la définition de règles qui fixeront les conditions de mise en place de ces fermes afin d'éviter un développement anarchique et préjudiciable à long terme.
Parmi les autres formes possibles d'aquaculture, l'élevage de la crevette d'eau douce (Macrobrachium rosenbergii) pourrait être envisagé. En matière de conchyliculture, l'étude plus approfondie des espèces locales doit être encouragée pour la consommation locale et éventuellement régionale. L'expérience de culture de la moule verte (Perna viridis) ayant été couronnée de succès dans d'autres pays, son introduction, avec toutes les précautions nécessaires, pourrait être envisagée.
La culture des algues qui présentent un intérêt agro-alimentaire au niveau mondial pourrait être développé.
SESSION III : AMELIORATION DES METHODES D'EXPLOITATION DES PRINCIPALES PECHERIES
1. Le système de collecte des données statistiques
L'actuel système de collecte de données statistiques de l'Administration des pêches malgaches repose principalement sur l'envoi des renseignements disponibles auprès des agents de terrain et/ou des opérateurs économiques. Le traitement de ces données a été effectué à différents échelons par chaque service respectif. Compte tenu des résultats obtenus d'un système test mis en place en 1989, un nouveau système de collecte de traitement et de diffusion des données statistiques unique, durable et évolutif est proposé. Ce système aura deux composantes :
Suite à cette proposition, les débats ont surtout porté sur la nature et l'utilisation des données statistiques demandées aux opérateurs. Il a été fait remarquer que l'exigence de prélèvements fiscaux sur la collecte des produits risque d'inciter les opérateurs à faire des fausses déclarations.
2. La pêche maritime
2.1. Les pêcheries crevettières
Un résumé des connaissances disponibles sur les ressources crevettières malgaches et l'exploitation de celles-ci, ainsi que les résultats d'une récente évaluation des stocks sur les côtes Nord-Ouest et Ouest, a été présenté par le Centre National de Recherches Océanographiques (CNRO).
Il a été reconnu au cours des débats qui ont suivi l'exposé que la connaissance sur les potentialités sont encore insuffisantes pour affiner la gestion des pêcheries crevettières malgaches. Par ailleurs, les informations sur les branches traditionnelle et artisanale de l'exploitation, ainsi que sur l'aspect économique de la pêche industrielle sont incomplètes.
Les résultats du “séminaire sur l'aménagement des pêcheries de crevettes côtières du Nord-Ouest de Madagascar” ont été rappelés : il y aurait possibilité d'augmenter de 100 tonnes/an les captures de la zone I en ajustant la période de fermeture et en redistribuant rationnellement dans l'espace et dans le temps l'effort de pêche consenti (réduction de la pression en début de campagne …) ; cette mesure permettrait par ailleurs, de réduire le coût d'exploitation. L'application de telles dispositions a été suggéré pour les autres zones de pêche.
Certains participants au séminaire sont pour le maintien des “valakira” en argant que les stocks qu'ils exploitent sont différents de ceux pêchés par les chalutiers tandis que d'autres sont contre ces arts fixes suspectés d'avoir des effets négatifs sur la pêcherie dans sa globalité ; l'abandon des “valakira” au profit des sennes de plage a été aussi proposé:
Il a été admis que de telles mesures ayant des implications socioéconomiques profondes, ne devraient être décidées qu'après étude et avec prudence. A mentionner que d'après le séminaire sus-cité, les “valakira” de la zone I exploiteraient des stocks différents de ceux qui sont chalutés par la pêche industrielle.
La prise maximale équilibrée (P.M.E) nouvellement établie par le C.N.R.O pour la zone VII semble irréaliste : elle est trop élevée comparativement :
Une erreur due au modèle utilisé a été reconnue ici et de nouveaux calculs ont été jugés nécessaires.
Les recommandations qui se dégagent à l'issue des débats sont les suivantes :
refaire les études de stocks, notamment pour les zones 7 à 10, avant de changer le système d'aménagement actuel ;
pour ces études intégrer les données concernant les pêches traditionnelle et artisanale ;
étudier la biologie des Penaeus indicus dans les zones autres que la baie d'Ambaro et celle des autres espèces dans toutes les zones.
2.2. Les poissons d'accompagnement
Des quantités importantes de poissons d'accompagnement sont chalutées avec les crevettes (50–83%). Malgré les efforts de débarquement déjà réalisés, ceux-ci restent faibles et les rejets sont importants.
Au cours des discussions, les représentants des sociétés ont attiré l'attention sur les obstacles qui s'opposent au débarquement de poissons d'accompagnement. Ils ont surtout mentionné le problème de rentabilité de cette opération et l'espace de conservation limité à bord de leurs bateaux ainsi que le peu de motivation des marins à ramasser des produits à faible valeur commerciale.
Une société a réussi à surmonter les différents obstacles relatifs au débarquement de poissons et déclare faire des bénéfices satisfaisants. A la lumière de cette réussite, il a été recommandé aux autres sociétés (même si elle ne sont pas situées sur la côte Est ou les poissons sont plus abondants) d'étudier la possibilité de débarquer le maximum de poissons, d'autant plus que les licences attribuées aux société crevettières sont gratuites. D'ailleurs, il a été suggéré que l'Administration fixe un quota de débarquement par société.
D'autres suggestions ont été également faites :
faire des essais de chalut sélectif qui permet de réduire la quantité de faux poissons capturés.
étudier la possibilité de mise en place des sociétés de collecte en mer des faux poissons.
La proposition de projet d'usine de farine pour les poissons d'accompagnement a été jugée non appropriée à cause de sa rentabilité non démontrée et aussi à cause du fait que la farine de poisson ainsi produite a une faible valeur nutritive pour la ferme aquacole de crevettes.
Le problème le plus important soulevé au cours du débat concerne la commercialisation des poissons d'accompagnement :
éloignement des zones de débarquement par rapport au grand centre de consommation ;
concurrence avec les mises à terre des pêcheries traditionnelles.
Toutefois, certaines sociétés de collecte sont disposées à récupérer et à commercialiser les poissons ainsi capturés pour peu que le prix soit incitatif.
2.3. L'exploitation des Thonidés
Le séminaire a revu l'état d'exploitation des thonidés à Madagascar. On a remarqué que Madagascar n'intervenait plus dans l'exploitation proprement dite.
La vente de licences par le biais d'accords intergouvernementaux (CEE) ou avec des sociétés privées étrangères permet une rentrée de devises auxquelles s'ajoutent les bénéfices sociaux et économiques liés au transbordement et bientôt au traitement d'une partie des captures à Antsiranana.
Sur la base des conclusions de l'étude de faisabilité de la création d'une société d'armement à la pêche au thon de droit malgache des essais de pêches commerciales seront entrepris sous peu ; celles-ci seront orientées sur la pêche à l'appât vivant.
Le manque de données statistiques sur les prises des bateaux étrangers effectuées dans la zone économique exclusive malgache et les besoins d'avoir des observateurs nationaux à bord des navires ont été soulevés.
Il a été souligné que du fait de la grande mobilité des thoniers, on est dans l'obligation dans beaucoup de cas, soit de débarquer les observateurs loin de leur base avec comme corrolaire leur rapatriement onéreux par voie aérienne, soit de faire revenir systématiquement les thoniers à grands frais au point d'embarquement des observateurs après chaque mission de ceux-ci.
L'embarquement d'observateurs chargés de mission de contrôle est délicat : il leur est humainement difficile d'accomplir isolement dans un milieu fermé et étranger pendant de longues semaines, des missions à caractère coercitif. De ce fait les observateurs doivent être chargés de mission purement scientifique.
Les recommandations suivantes ont été avancées :
utiliser au maximum les cadres institutionnels, en particulier la commission des pêches pour l'Océan Indien en matière d'aménagement des ressources, la nouvelle organisation récemment proposée par les Seychelles pour la gestion de la pêcherie ; ainsi que le projet thon régional au sein de la commission de l'Océan Indien.
renforcer l'expérience des scientifiques malgache en les intégrant dans les projets régionaux où travaillent des spécialiste de renommée internationale ;
continuer à vendre des licences aux bateaux étrangers tant que l'on n'arrive pas à mettre en place des sociétés de droit malgache capable d'exploiter les ressources disponibles ;
construire des infrastructure de stockage et de transformation pour fixer les flottes étrangères dans la région tout en développant l'industrie thonière locale ;
conclure les accords de pêche avec les pays voisins pour pouvoir faire travailler les bateaux des sociétés de droit malgache dans toutes les zones de la sous-région ;
continuer à améliorer les services d'entretien et de réparation des bateaux, de transbordement et de ravitaillement, ceux relatifs à la relève des équipages…
2.4. L'exploitation et l'aménagement concernant les langoustes et les crabes
Les travaux de deux séminaires tenus à Antananarivo du 10 au 12 octobre 1990 sur les différentes alternatives d'aménagement concernant ces deux espèces ont été présentés.
En ce qui concerne la langouste au Nord de Tolagnaro les principales recommandations sont que la réglementation sur les tailles minimales devait être mise en application effective ; par contre les dispositions concernant les femelles ovées devraient être abrogées.
Il a été déterminé que la période de fermeture n'avait aucune justification biologique. Il est donc suggéré que l'UFSH entreprenne une étude supplémentaire sur les conséquences socio-économiques d'un changement de la durée ou de la période de fermeture de la pêcherie. Des recherches additionnelles étaient également nécessaires concernant les autres espèces de langoustes et les autres zones de pêche à Madagascar.
Concernant les crabes de mangroves, le séminaire a constaté que l'effort de pêche actuel est bien inférieur au potentiel existant mais que l'exploitation de cette espèce souffrait des prix faibles à l'exportation.
En outre les prix offerts aux pêcheurs étaient peu motivants et ne permettent pas d'assurer un approvisionnement régulier de l'usine de crabe. Une pêche en eau profonde devrait être envisagée ainsi que la collecte d'autres produits comme la crevette en complément du crabe afin de rentabiliser l'opération. Une étude de marché au niveau international aiderait à mieux déterminer le type de produit adapté à l'entreprise concernée.
Quoiqu'il en soit, l'aménagement de la pêcherie ne s'avère pas nécessaire actuellement mais, il faudrait néanmoins, poursuivre l'analyse des données récoltées sur une deuxième année et entreprendre un complément d'étude socio-économique des populations intéressées par la collecte afin de confirmer les résultats obtenus.
2.5. L'exploitation du poisson et des autres produits marins
2.5.1. La pêche traditionnelle :
Il a été constaté que cette branche d'activité qui a connu un essor important ces dernières années et qui contribue pour une large part au ravitaillement du marché intérieur en produits halieutiques peut et doit encore d'avantage développé.
Les principaux problèmes qui ont été soulevés se rapportent à :
l'insuffisance d'approvisionnement en matériel et engin de pêche ;
la durée de vie très limitée des pirogues ;
la raréfaction des troncs d'arbres pour la fabrication des pirogues ;
la difficulté pour le pêcheur d'investir dans le domaine de la pêche (pas d'épargne, absence de sources de financement) ;
la concurrence avec les faux poissons débarqués par les bateaux industriels au détriment des captures de la pêche traditionnelle vendues sur le marché ;
non respect de la zone de 2 miles ;
Les recommandations émises ont été les suivantes :
le désengagement de la DPA de la vente de matériel de pêche ;
l'encouragement des collecteurs à contribuer à l'approvisionnement des pêcheurs en matériels et équipements de pêche en finançant éventuellement l'opération ;
la vulgarisation de méthodes simples utilisées pour la protection du bois (enduit de goudron, huile de vidange de foie de requin, …) ;
l'étude de la vulgarisation d'un essai et de la fabrication d'embarcation à partir du tronc de cocotier ;
l'étude d'un essai et de la vulgarisation d'une technique plus rationnelle de la fabrication d'une pirogue à l'aide d'un tronc d'arbre (utilisation d'un tronc pour donner deux fonds de pirogue, les bordées étant en planches) ;
l'extension de la formation des jeunes pêcheurs à l'instar de ce qui se fait par le projet GTZ/RDM à Nosy Be ;
l'étude des impacts au niveau de la production industrielle de l'application intégrale des dispositions concernant la zone des 2 miles.
2.5.3. La pêche artisanale
Il a été constaté que la pêche artisanale n'arrive pas à se développer et regresse même. Sa production reste très infime par rapport à le production globale.
Les contraintes majeures pour son développement relevées par les participants sont :
les coûts assez élevés des investissements qui ne sont pas à la portée des pêcheurs ;
les charges d'exploitation assez importantes qui nécessitent une gestion technique et financière souvent non maîtrisée par les pêcheurs ou armateurs ;
la pénurie et la chereté des pièces de rechange rendant couteuse et difficile la maintenance ;
la rentabilité supérieure de la pêche traditionnelle représente un des facteurs limitant l'évolution des pêcheurs traditionnels vers la pêche artisanale de poissons.
Tout en reconnaissant d'une part, qu'il est difficile de développer rapidement la pêche artisanale et que d'autre part, que l'on peut accéder à des zones et des fonds de pêche non accessibles à la pêche traditionnelle et n'intéressant pas la pêche industrielle, le séminaire recommande :
d'octroyer un régime préférentiel pour les investissements dans le domaine de la pêche artisanale (exonération des taxes d'importations) ;
de détaxer les carburants utilisés ;
d'inciter les sociétés industrielles à contribuer au développement de cette activité (financement des investissements, assistance à la maintenance, achat de la production, etc …) ;
de former les armateurs à la pêche artisanale, à la gestion technique et financière de l'exploitation d'une embarcation motorisée ;
d'autoriser si possible les embarcations artisanale pour la pêche aux poissons à s'adonner en plus à l'exploitation de produits plus lucratifs comme la crevette.
SESSION V: SUPPORTS INSTITUTIONNELS DU SECTEUR DES PECHES
1. Rôle de la recherche
Le rôle de la recherche est de fournir aux responsables compétents des informations et des données fiables leur permettant de définir des orientations et des priorités pour le développement du secteur pêche.
En outre, la recherche se propose de fournir les données sur les ressources à exploiter et contribue au perfectionnement des méthodes et techniques d'exploitation et aborde le problème inhérent à la valorisation des produits.
Ce rôle est assuré par des institutions de recherche dont les plus importantes sont : le CNRO, le Département des Recherches Forestières et Piscicoles (DRFP), les universités, notamment l'UFSH.
Les discussions ont porté essentiellement sur les point suivants :
insuffisance de moyens humains et matériels pour la réalisation du programme de recherches ;
importance de la recherche appliquée ainsi que d'une approche multidisciplinaire de la recherche ;
intérêt d'inclure les problèmes/questions provenant des opérateurs privés dans les thèmes de recherche ;
manque de coordination des activités citées ci-dessus entre ces institutions.
le CIEO, un bailleur de fonds canadien qui finance des projets concernant la gestion des océans a informé l'assistance de son intention de financer au nom du CNRO des études socio-économiques et biologique de la pêche artisanale et traditionnelle ; cet organisme se propose de financer d'autres projets/études qui répondent aux priorités de la DPA.
Recommandations :
Encourager les efforts sur la recherche appliquée et sur la recherche de développement ;
Identifier impérativement les priorités de recherche ; redéfinir les rôles de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée.
Affecter la station piscicole d'Analamazaotra à la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture.
Les recommandations concernant la coordination seront formulées en paragraphe V.3.
2. La formation halieutique à Madagascar
La création de la DPA en 1985 traduit la prise de conscience du Gouvernement malgache de l'importance du secteur halieutique. Développer ce secteur exige la présence des cadres et de main-d'oeuvre qualifiés d'où l'importance de la formation.
Madagascar possède tous les atouts pour développer la pêche et l'aquaculture : l'étendue de son territoire maritime et continental ; l'importance de ses ressources halieutique et humaines et l'existence des institutions de formation (ENEM, UFSH, EASTA, Centres de Formation des Pêcheurs). Excepté la DPA, peu de services (ministères, banques, assurances, sociétés de pêche) utilisent à présent la compétence de ces cadres spécialisés.
Ainsi on assiste à :
une mauvaise gestion des petites entreprises artisanales ;
des problèmes de qualité des produits dans le circuit commercial se posent ;
un manque de compétitivité des produits sur le marché international ;
un manque chronique d'encadrement au niveau des pêcheurs, etc …
On constate que les nationaux commencent à investir dans la pêche depuis peu de temps seulement.
Recommandations :
Péréniser la formation halieutique.
Encourager en priorité la formation de techniciens et techniciens supérieurs.
Organiser périodiquement des stages de recyclage et des séances de vulgarisation.
Améliorer les performances des différents instituts de formation.
Créer des centres de formation des pêcheurs dans les principales localités ayant une importante activité halieutique.
Adapter constamment la formation au contexte socio-économique national et international.
Encourager le secteur privé et le service public à utiliser la compétence des cadres qualifiés.
Favoriser la coopération entre les différents instituts d'une part et entre les formateurs et les utilisateurs d'autre part.
3. La coordination des activités entre les institutions concernées par le développement des pêches.
Afin de remédier à l'insuffisance d'informations et de concertation, la coordination des activités des institutions concernées (de la recherche, de la formation, …) s'avère opportune afin d'accélérer le développement du secteur halieutique malgache. Ainsi, les discussions y afférentes ont porté sur les points suivants :
l'opportunité d'amélioration de fonctionnement des organes de coordination existants ;
l'inexistence de coordination des activités des entités de recherche telles le CNRO, l'UFSH, le FOFIFA et les Universités ;
le manque d'échanges d'informations scientifiques entre d'une part, les institutions de recherche et d'autre part celles-ci et l'Administration ;
la participation du secteur privé dans les comités de coordination ;
l'inactivité de certaines entités de concertation (ex : le Conseil Supérieur pour la protection de la faune) ;
l'amélioration de la collaboration et de la coordination entre les institutions de recherche.
Recommandations :
Elargir la compétence de la commission inter-ministérielle au domaine de la pêche continentale et de l'aquaculture et créer en son sein des sous-comités resteints.
Créer un comité technique halieutique permanent qui voit la participation des plus concernés tels la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture, la Direction de la Marine Marchande, la Direction de l'Enseignement Supérieur et la Direction de la Planification et de la Coordination des Recherches afin d'améliorer la coordination de leurs activités.
Renforcer la capacité matérielle et budgétaire des services de documentation des Instituts de recherche et de formation pour qu'ils puissent faire une large diffusion des résultats de nouvelles recherches.
4. Projet d'Ordonnance règlementant la pêche et l'aquaculture
La DPA assistée par le Bureau Juridique de la FAO a élaboré un projet d'ordonnance qui définit les principes de base devant présider à la gestion rationnelle des pêches et de l'aquaculture à Madagascar.
Cette ordonnance comporte huit titres :
Le titre I précise le champ d'application de l'ordonnance, définit un certain nombre de termes techniques et classe les navires de pêche ainsi que les différents types de pêche.
Le titre II traite de la gestion des pêcheries en posant le principe d'un plan d'aménagement et de conservation des pêcheries. Il prévoit également la création d'un conseil consultatif au niveau des collectivités.
Le titre III détermine les conditions d'exercice de la pêche.
Le titre IV définit le régime juridique de la pêche et de l'aquaculture : si l'exercice de la pêche dans les eaux maritimes et continentales est soumis à l'obtention préalable d'une autorisation, une dérogation est toutefois accordée à la pêche traditionnelle. Une innovation mérite d'être signalée au sujet de l'aménagement ; ainsi compte-tenu des avantages qu'il représente, le système du contrat de concession sera instituée à la place de l'amodiation.
Le titre V prévoit les dispositions sur le contrôle de la salubrité et de la qualité des produits de la pêche et de l'aquaculture.
Le titre VI définit les conditions d'exercice de la police de pêche et de l'aquaculture en précisant les agents habilités à rechercher et à constater les infractions.
Le titre VII énumère les types d'infractions et fixe les sanctions qui devront être prononcées.
Les dispositions finales font l'objet du titre VIII.
Recommandations :
Activer l'adoption du projet d'ordonnance afin de pouvoir finaliser les textes d'application qui devront être élaborés avec soin, en tenant compte des facteurs, non seulement biologiques (les ressources), mais aussi socio-économiques.
Inviter les ministères concernés à consolider sous législation par des textes appropriés le statut du marin pêcheur.
5. Système de crédit pour la pêche
La BTM institution bancaire préposée à financer les opérations agricoles intervient également dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture. La stratégie de la banque est orientée sur :
le financement des investissements ;
l'encouragement de l'épargne ;
les avances de fonds et les facilités de caisse pour les opérations courantes de gestion.
Les éventuels bénéficiaires de crédit sont les pêcheries industrielle, artisanale et traditionnelle ainsi que l'aquaculture. Cependant, pour les pêcheries traditionnelles, l'octroi de crédit aux groupements est préferé. Le représentant de la BTM a expliqué les procédures appliquées aux crédits de pêche à court ou moyen terme qui sont tous deux caractérisés par un taux d'intérêt inférieur au taux du marché.
Les crédits aux pêcheries industrielle et artisanale ont pour objet, l'armement et le traitement/conditionnement ; ceux des pêcheries traditionnelles, l'équipement et ce de l'aquaculture, le fonds de roulement, l'équipement et les frais d'investissement.
Cependant, les montants octroyés jusqu'à présent au secteur pêche restent insuffisants. Deux exemples d'intervention spécifiques de la banque ont été cités (projet GTZ/RDM, Nosy-Be et PNUD/FAO Antsirabe/Fianarantsoa). Ces projets ont démontré la bancabilité du secteur pêche.
Toutefois, certains facteurs limitant les crédits ont été cités :
encadrement des crédits par la BTM ;
insuffisance et/ou inadéquation des ressources pour les financements démandés ;
difficultés d'accès au crédit selon les opérateurs ;
manque d'informations concernant les conditions de prêts.
Recommandations :
Encourager l'accès au crédit institutionnel aussi bien pour le pêcheur individuel que pour les groupements.
Vulgariser les conditions du prêt auprès des pêcheurs/aquaculteurs.
Améliorer l'information halieutique des cadres de la banque afin de mieux apprécier et juger les dossiers présentés.
Faciliter l'accès au crédit, notamment en préparant des contrats-types incluant la demande de crédit et la reconnaissance de dette.
6. Le support international pour le développement de la pêche à Madagascar.
L'aide extérieure allouée au sous-secteur pêche pendant la période 1985–1988 représentait 3–10% du montant revenant au secteur de l'agriculture qui était de 1.187.960.500$ U.S.
Compte-tenu des tendances des quatre dernières années du support international pour le développement de la pêche à Madagascar, les ressources sont de deux sortes :
les subventions et les dons destinés à appuyer les actions de renforcement institutionnel, de formation, de vulgarisation et de recherche. Ces ressources se rapportent aux investissements publics et ont été fournies par la CCCE, le PNUD, la FAO, la RFA, la France, le Japon, le FED à la pêche continentale et à la pêche maritime artisanale ;
les prêts directs et les retrocessions à des entreprises privées dans lesquels l'Etat n'intervient pas. Les financements sont consentis à la pêche industrielle par la CCCE, le PNUD/ONUDI, le PNUD/FAO, la CEE.
SESSION VI : PROPOSITIONS POUR UNE STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT ET UN PROGRAMME D'ACTIONS POUR LE SECTEUR DES PECHES
1. Expériences dans le domaine de la planification du développement du secteur des pêches en Afrique.
L'évolution de la planification du secteur pêche, en particulier en Afrique a été revue. On a noté qu'il s'agissait d'un phénomène relativement nouveau, lié notamment à une méconnaissance dans beaucoup de pays de l'importance nutritionnelle et socio-économique de ce secteur.
On constate que l'approche qui consistait à formuler quelques projets souvent sans véritables liens et à énoncer de nombreux objectifs parfois contradictoires, tend à faire place à un véritable processus de planification respectant les séquences nécessaires de l'étude du secteurs, son diagnostic, l'élaboration des objectifs sectoriels en fonction des objectifs macro-économiques et de la politique du Gouvernement, la formulation d'une statégie supposant la définition de priorités et le choix d'instruments de politiques pour mettre en oeuvre un programme d'action composés de projets visant à atteindre les objectifs fixés. Enfin, la mise en place d'un mécanisme de suivi et d'évaluation.
Une des raisons des insuffisances du passé tenait à l'absence de cadres spécialistes de la planification sectorielle. Il en résultait entre autres une dépendance quant au choix des actions prioritaires par rapport aux bailleurs de fonds qui en définitive tendait à freiner le développement du secteur.
Les activités d'agences, telles que la FAO pour remédier à cette situation ont été présentées. En particulier, l'approche de planification “participative” choisie par les autorités malgaches qui permet d'associer tous les intéressés (secteur public et privé) à la réflexion nécessaire sur les orientations du développement avec notamment l'organisation des séminaires provinciaux et national. Cette approche qui favorise la formation des cadres semble être adoptée par de nombreux pays africains. Elle suppose que soient réunies toutes les compétences multidisciplinaires disponibles.
On a toutefois noté que le processus de planification devait être une action permanente et ne s'achevait pas, par conséquent avec le document constituant le plan sectoriel.
Il a été, dès lors recommandé que :
les activités mises en oeuvre avec le projet MAG/85/014 soient poursuivies afin de consolider les acquis ;
un poste d'économiste des pêches soit crée au sein de la DPA afin d'assurer le suivi et l'évaluation permanent du plan sectoriel ;
soit poursuivi le processus de planification au niveau des faritany.
2. Ebauche d'une stratégie et d'un programme d'actions pour le développement de la pêche et de l'aquaculture.
Le Ministère de l'Economie et du Plan prépare actuellement le plan 1991–1995. Ce plan tiendra compte des résultats du Programme d'Ajustement Structurel mis en application durant le plan 1986–1990.
Une ébauche de stratégie et d'un Programme d'actions pour le développement de la pêche et de l'aquaculture a été présentée.
Le Ministère de l'Economie et du Plan a confirmé qu'il sera intégré dans le plan national et il fait l'objet des conclusions et recommandations du séminaire.
La commission composée des personnes suivantes s'est réunie le 17 octobre à Antananarivo :
M. RABENOMANANA D. | DPA |
M. RABENEVANANA M.W | UFSH |
M. DESFOSSET Y. | REFRIGEPECHE OUEST |
M. BOSWELL L. | PNB |
M. IMAMURA H. | SOPEBO/SOMAPECHE |
M. RALISON A. | SOPEBO/SOMAPECHE |
M. BONZON A. | FAO, Siège |
M. ARDILL D. | FAO/OISO |
Description de la pêcherie
La pêcherie crevettière industrielle basée essentiellement sur la côte Ouest et Nord-Ouest de Madagascar a produit depuis 1985, un tonnage passant de 6.158 tonnes à 7.855 tonnes. En 1987, les captures totales ont régressé à 6.963 t. Sur la même période, l'effort de pêche a augmenté régulièrement passant de 185, 3×103 HPP à 248,4 × 103 HPP.
La pêcherie de la côte Ouest est répartie sur 10 zones de pêche, choisie en fonction de stocks discrets. Cinq de ces zones sont attribuées en exclusivité à trois sociétés industrielles de pêche, tandis que les zones VI à X sont exploitées par quatre sociétés, auxquels l'Etat vient d'autoriser une cinquième, les deux citées ci-dessus incluses.
D'autres mesures d'aménagement en vigueur concernent une limitation du nombre et de la puissance motrice des chalutiers industriels engagés dans cette pêcherie. La pêcherie artisanale qui exploite les mêmes ressources (notamment de crevettes blanches en raison de leur incapacité de chalutier de nuit) est limitée en nombre. La législation limite aussi leur puissance motrice à 25 CV.
Dans les discussions de la Commission, il y avait un accord général que les baisses de rendement et de calibre, enregistrées actuellement concernent essentiellement ces zones communes. Il est également reconnu que cette situation est due à un effort de pêche exclusivement pendant les périodes de recrutement des crevettes en début et en fin de saison.
Par ailleurs, la Commission accepte les principales conclusions de séminaire CNRO/OISO sur l'aménagement des pêcheries crevettières de la zone I de Madagascar à l'effet que :
l'attribution de cette zone en exclusivité à la société Pêcherie de Nosy-Be a eu comme résultat de permettre à cette société, par un dosage judicieux de l'effort de pêche en début de saison, d'augmenter les captures annuelles équilibrées par une centaine de tonnes.
ces captures seraient susceptibles d'une augmentation supplémentaire de cent tonnes en modulant l'ouverture de la pêcherie en début de saison en fonction de la taille des petites crevettes.
cette augmentation concerne essentiellement la crevette blanche : les crevettes brunes exploitées surtout après Mai sont sous-exploitées, toutefois, leur exploitation demanderait une augmentation importante de l'effort qui ne serait probablement rentable que si elle pouvait s'exercer sans investissement nouveaux.
Modèles d'aménagement considérés
1. Contrôle de l'effort
Ce modèle est employé actuellement assorti à l'attribution en exclusivité des zones I à VI. L'effort est déterminé par la puissance motrice. Les inconvénients sont que :
La puissance motrice ne détermine que partiellement la capacité de capture d'un bateau. D'autres facteurs peuvent être : le nombre de chaluts, l'effescience des panneaux, les matériaux du filet, l'usage d'une tuyère sur l'hélice, une plus grande autonomie à la mer, l'emploi de sonars plus perfomants…. Cela stimule une société qui à pour objectif de prendre une part maximale de la ressource à investir à une course à l'armement. L'effort augmente, mais pas les captures qui sont limitées par la ressource.
Il est difficile à l'administration de déterminer en fonction des avances technologiques, l'effort optimum. Aussi, ces progrès technologiques demanderaient une réduction progressive des puissances motrices, ce qui est difficile à concevoir sans rachat de quota.
2. Contrôle par fermeture
Ce modèle est indispensable dans une pêcherie crevettière pour protéger les petites crevettes en début de saison. Toutefois, il n'est pas associé à d'autres mesures s'il ne peut suffire seul pour gérer la pêcherie.
Nous avons vu dans la zone I que la modulation de la date d'ouverture, associée à un effort modéré en début de saison produit les captures maximales. Ce contrôle exercé par la société de pêche est efficace. Par contre, l'Etat peut difficilement recueillir suffisament de données sur dix zones pour moduler la date d'ouverture sur plus ou moins quinze jours.
3. Contrôle par attribution de zones exclusives en zone I à V et par quota individuels transférables en zones VI à X.
La pêcherie pourrait être optimisée par ce modèle si on accepte que les zones exclusives sont bien gérées par les sociétés concernées.
L'Etat devrait assumer la responsabilité de gestion des zones libres. Cela exigerait la mise en place d'une unité de gestion pour cette zone qui aurait la responsabilité de déterminer le quota total de la zone tous les ans et de moduler l'ouverture et la fermeture de la pêcherie.
Toutefois, l'inconvénient de ce système est que les sociétés qui possèdent des zones exclusives pourraient déclarer des captures provenant de la zone libre comme ayant été pêchés dans leurs zones exclusives. Par ce moyen, elle obtiendraient une part plus importante de la production de la zone libre, le contrôle risque d'être impossible sans employer de grands moyens.
4. Contrôle par quota individuels transférables
Ce modèle est considéré comme l'idéal dans beaucoup de pêcheries. Il exige toutefois une capacité de suivi biologique important de la part de l'administration qui doit pour chaque zone et chaque année déterminer les captures maximales autorisées et les dates idéales d'ouverture et de fermeture de la pêcherie.
Par ailleurs, à Madagascar, les opérateurs de chalutiers congélateurs seraient tentés de pêcher fortement en début de saison sur les zones accessibles aux glaciers, de façon à bénéficier de meilleurs calibres plus tard dans les zones hors de portée de ces derniers.
5. Contrôle par attribution de zones exclusives
La Commission s'est accordée que ce modèle est le meilleur pour Madagascar. Il permet aux sociétés qui possèdent le maximum d'informations de part de leurs activités, de moduler la production au mieux. Aucun contrôle d'effort n'est nécessaire et les sociétés devraient être libre de moduler les dates d'ouverture et de fermeture à leur guise.
Le problème, toutefois, demeure celui d'une attribution équitable des zones entre les sociétés. Cette attribution doit tenir compte des bases à terre des sociétés, de la composition de leur flotte (rayon d'action), de la ressource disponible dans chaque zone et aussi de sa ventilation en espèces et en saisonnalité.
6. La pêcherie artisanale
Les zones accessibles à la pêche artisanale, en raison du faible rayon d'action des mini-chalutiers sont bien déterminées. Aussi, une flotte de mini-chalutier n'est pas capable d'utiliser la totalité de la ressource dans une zone. Il n'est donc pas possible à ce stade de réserver une zone à l'usage exclusif des mini-chalutiers. Par ailleurs, même si cela était possible une flotte appartenant à plusieurs armateurs serait en compétition pour les parts de leur ressource et ne pourraient vraisemblablement pas la gérer sur le modèle des zones exclusives.
La solution préconisée serait d'attribuer des quota individuels transférables aux armements, basées sur leurs captures actuelles. Le quota total serait fixésdéfinitivement.
A partir de ce moment, le contrôle par puissance motrice n'est plus justifiée, et cette législation devrait être abrogée afin de permettre aux armements de mieux moduler leur puissance de pêche.
Au moment de l'attribution des zones exclusives aux sociétés industrielles, le quota des chalutiers de la flotte artisanale seraient alors déduits du potentiel de la zone concernée. Il est à envisager que ces quota soient déterminés uniquement en fonction des crevettes blanches. Cela aurait pour effet de stimuler l'exploitation des crevettes brunes, ressource qui est reconnue comme étant sous-exploitée.
Il est reconnu que cette mesure figera le rapport pêcherie industrielle/pêcherie artisanale. La Commission n'est pas habilitée à déterminer si cela est conforme à la politique gouvernementale.
Recommandations :
Il est recommandé qu'il yait un gel immédiat dans l'attribution de toute nouvelle autorisation de chalutage à la crevette sur la côte Ouest de Madagascar. Par la suite, il est recommandé que :
L'aménagement des pêcheries crevettières industrielles soit effectué par l'attribution de zones en exclusivité aux sociétés de pêche.
Cette attribution soit faite en tenant compte de la ventilation actuelle de la puissance motrice et du rayon d'action des chalutiers de la flotte industrielle, de la localisation des bases à terre, du potentiel de chaque zone en tonnage et en taux de capture et de l'attribution d'une part de ce potentiel à la pêcherie artisanale.
Chaque société soit libre de déterminer la composition de sa flotte et les dates d'ouverture et de fermeture de la pêcherie.
L'aménagement de la pêcherie artisanale soit effectuée par le moyen de quota individuels transférables attribués aux armements actuels en fonction de la moyenne des captures depuis trois ans, le quota total pour chaque zone étant fixé définitivement.
Une étude soit entreprise dans les délais les plus brefs, basée dans la mesure du possible, sur le potentiel des zones VI à X et sur les spécificités des autres zones. Cette étude devra se pencher sur les facteurs économiques et opérationnelles qui favoriseraient l'attribution de zones à des sociétés spécifiques. Elle devra présenter à l'administration malgache un plan motivé de répartitions de zones entre les sociétés existantes. Cette étude devrait être conduite sous l'égide d'uneagence internationale dont l'indépendance serait reconnue.
Les armements présents se sont engagés en attendant la mise en oeuvre de ces recommandations de fermer la pêcherie de façon anticipée à partir de l'année prochaine. Cette mesure est proposée en raison de la capture d'importantes quantités de crevettes blanches de petit calibre à partir de novembre.